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Full text of "Revue Zoologique par La Société Cuvierienne"

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REVUE 


PAR 


LA  SOCIÉTÉ  CUVIERIENNE. 


Année    18&5. 


PARIS.-  IMPIIIMEIUE  DE  FAIN  ET  TIIUNOT, 

RUE   RACirsK,    28,    PRÈS   DE   l'ODKOW- 


RKVUK 


ZOOLOGIQUE, 

PAR 

LA   SOCIÉTÉ   CUVIEUIENNE; 

ASSOCIATION  UNIVERSEI.X.B 

l'OUR 

L'AVAINCEMEINT    DK    LA   ZOOLOGIE  ,   DE    L'AINATOMIE 
COMPARÉE    ET   DE    LA   PALiEONTOLOGlE  ; 

Journal  mensuel . 

PUBLIE    SOUS    LA    DIRECTION 
»B  M.  F.-S.  aUERIN.MÉl«EVII.IJB. 


PARIS, 

AU  BURKAL  DE  LA  REVUE  ZOOUOGIQUE 

Rue    de*    Beaux-Arts  ,    4. 

1845. 


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BUITIÈME  ANNÉE.  —  JANVIER  1845. 


1.    TRAVAUX    INEDITS. 


Mélanges  orîsitholOgiques  par  F.  de  Lafresnaye. 

Sur   le  genre  Picumne  ,   de  Temminck ,   pi.   coloriées. 

11  est  évident  que  dans  le  genre  Picumnus,  fondé  par  Tem- 
minck sur  une  petite  espèce  de  grimpeur  d'Amérique ,  placée 
auparavant  dans  les  pics,  les  torcols  et  même  les  manakins,  cette 
espèce  type,  le  Picus  minutus ,  Lat. ,  Vunx  minutissimus , 
L.  Gmel.,  et  une  ou  deux  autres  espèces  de  celles  qu'on  lui  a 
réunies  depuis ,  ont  donné  lieu  à  plusieurs  erreurs  de  synonymie, 
répétées  par  la  plupart  des  auteurs.  Nous  allons  essayer  de  les 
rectifier  autant  que  notre  éloignement  des  musées  publics  nous 
le  permettra. 

D'abord ,  l'espèce  type,  le  petit  pic  de  Cayenne  [Picus  cayen- 
nensisminor),  Brisson,  t.  4,  p.  83,  que  nous  reconnaissons  bien, 
avec  quelques  auteurs,  comme  synonyme  du  Picus  minutus  , 
Lat. ,  Funx  minutissimus ,  L.  Gmel. ,  ne  nous  paraît  nullement 
l'être  du  très-petit  pic  de  Cayenne ,  décrit  et  figuré  par  Buffon, 
pi.  enl.  786,  f.  1 ,  quoique  cet  auteur  l'y  ait  indiqué  comme  tel, 
et  après  lui  la  plupart  des  auteurs,  tels  que  Gmelin  ,  Vieillot, 
Cuvier,  Lesson  ,  Temminck,  etc.  Le  professeur  Lichtenstein  est 
le  premier  qui  ait  émis  des  doutes  sur  cette  synonymie  dans  son 
Catalogue  de  vente  du  Mus.  de  Berlin,  et  nous  sommes  pleine- 
ment de  son  avis.  A  l'appui  de  notre  opinion,  nous  citerons  la 
diagnose  des  différents  auteurs. 

Dès  1760,  Brisson,  avec  l'exactitude  qui  lui  est  particulière  , 
décrivait  son  petit  pic  de  Cayenne  {Picus  cayennensis  minor) , 
comme  ayant  3  p.  3  1.  de  long,  «  le  sommet  de  la  tête  rouge, 
»  l'occiput  noir,  marqué  de  petits  points  blancs,  ses  côtés  bruns 
»  également  marqués  de  petits  points  blancs,  tout  le  dessus  du 
»  corps  d'un  gris  tirant  sur  le  roux  ,  le  dessous  d'un  blanc  rous- 
»  sâtre,  avec  les  plumes  bordées  de  brun ,  les  rémiges  primaires 
»  d'un  gris  tirant  sur  le  roux ,  les  moyennes  ayant  leurs  bords 
»  d'un  blanc  roussâtre,  la  queue  de  dix  pennes,  dont  les  quatre 
»  médianes  brunes,  les  autres  moitié  brunes  et  blanc-roussatre 
»  dans  le  sens  de  leur  longueur,  avec  le  bec,  les  pieds  et  les 

Tome  VIII.  Année  1845.  1 


2  REvuK  zooLOGiQOE.  {Janvier\8^5.) 

»  ongles  gris.  »  Brisson  ne  citait  aucune  synonymie,  mais  ajoutait 
que  cet  individu  avait  été  envoyé  de  Cayenne  à  M.  de  Réaumur. 
II  est  facile  de  reconnaître  ,  par  la  description  ci-dessus ,  que 
l'espèce  de  Brisson  a  vertex  rouge  ,  avec  l'occiput  noir  pointillé 
de  blanc  (caractère  commun  aux  mâles  de  presque  toutes  les 
espèces  du  genre)  ,  n'offrait  sur  tout  le  reste  de  la  partie  supé- 
rieure qu'une  teinte  uniforme  d'un  gris  roux ,  relevé  seulement 
par  les  bordures  blanc  roussâtre  des  rémiges  moyennes  et  d'une 
partie  des  rectrices  ,  et  n'était  pas  encore  adulte,  d'après  la  colo- 
ration des  parties  inférieures.  Vingt-trois  ans  plus  tard  ,  en  1783, 
Buffon,  dans  ses  pi.  enl.,  décrivait ,  sous  le  nom  de  très-petit 
pic  de  Cayenne ,  et  figurait  dans  sa  pi.  n"  786 ,  f.  1 ,  une  espèce  à 
laquelle  il  donnait  pour  synonyme  le  Picus  cayennensis  minor 
de  Brisson ,  mais  il  la  décrivait  comme  «  ayant  le  cou  et  la  poi- 
»  trine  ondes  distinctement  de  zones  noires  et  blanches ,  le  dos 
»  brun  tacheté  de  gouttes  blanches  ombrées  de  noir ,  ces  mêmes 
*  taches  beaucoup  plus  serrées  et  plus  fines  sur  le  beau  noir  du 
»  haut  du  cou,  la  tête  dorée  comme  celle  du  Roitelet,  tout  le 
»  blanc  du  plumage  étant  couvert  d'une  ombre  jaunâtre,  surtout 
»  vers  la  queue  et  jusque  sur  le  brun  des  ailes  et  du  dos.  »  Il  y  a 
visiblement  dans  ces  deux  descriptions  des  différences  si  notables 
que  nous  ne  concevons  pas  que  Buffon  ait  cité  celle  de  Brisson  et 
sa  diagnose  latine  entière  ,  comme  synonyme  de  la  sienne  et  de 
sa  figure,  qui  représente  l'oiseau  tout  couvert,  en  dessus,  de 
taches  blanc  jaunâtre ,  ombrées  de  noir ,  conformes  à  sa  des- 
cription. Nous  ne  doutons  pas, d'après  la  disparité  évidente  des 
deux  descriptions  jointes  à  la  figure  de  Buffon,  que  ces  deux  oi- 
seaux n'appartiennent  à  deux  espèces  distinctes,  et  le  professeur 
Lichtenstein  émet  la  même  opinion  dans  son  catal.  des  doubles 
du  Mus.  de  Berlin  1823,  p.  12.  Cependant  la  plupart  des  auteurs, 
copiant  la  citation  erronée  de  Buffon,  n'ont  fait  qu'une  espèce 
de  ces  deux  oiseaux ,  les  présentant  de  plus  comme  synonymes 
du  Ficus  minutus  Lath.,  Yunx  minutissimus  L.  Gmel. ,  tandis 
que  l'espèce  seule  de  Brisson  devait  être  réunie  à  ceux-ci. 

En  1823  ,  le  professeur  Lichtenstein ,  dans  son  catal.  des  dou- 
bles du  Mus.  de  Berlin,  p.  1 1  ,  indiquait  déjà  quatre  espèces 
distinctes  du  genre  Picumnus  ,  qu'il  signalait  de  la  manière  sui- 
vante : 

\°  Picus  minutus  Lat. ,  Pipra  minuta  Lin.—  yunx  minutis- 


TRAVAUX    INÉDITS.  3 

Hma,  Lui. ,  Gmel.— Pîcu«  minutissimus  P&Wàs—  Charpentier 
nain  Azara  2G0  (de  Bahia).  Il  n'en  donnait  point  la  description, 
n'indiquant  que  la  différence  du  rouge  à  la  tête  chez  le  mâle,  et 
la  présence  d'une  tache  ferrugineuse  sur  la  nuque  des  adultes 
des  deux  sexes. 

2°  Picus  exilis ,  Licht. ,  è  provincia  San  Paulo.  «P.  olivaceus , 
»  Laete  viridi  indutus ,  subtus  viridi-albo  nigroque  undulatus  , 
»  longit.  3  p.  1/2  statura  prœcedentis  sed  rostrum  pro  mole  bre- 
»  vins ,  differentia  sexualis  eadem.  » 

3°  P.  Pigmœus ,  Licht.  «  P.  fuscus,  dorso  et  abdomine  toto 
albo  guttatis  »  ,  è  Brasilia. 

4»  «  Ad  harum  neutram  icon  Buffonii ,  le  très-petit  pic  de 
»  Cayenne,  pi.  enl.  786,  f.  1 ,  referenda  videtur ,  quartam  exhi- 
»  bens  sj)eciejn.  » 

Temminck ,  dans  ses  pi.  col. ,  après  avoir  formé  le  genre  Pi- 
cumnus^  synonyme  d'Jlsthenurus,  Swainson,  Piculus,  Is.  Geof., 
et  avoir  cité  comme  espèce  type  le  Picus  minutus  Lat.,  et  comme 
synonymes  le  très-petit  pic  de  Cayenne,  Buff. ,  pi.  enl.,  et  le 
Torcol  de  Cayenne ,  V»'.  Gai. ,  pi.  28,  lui  donne  le  nom  de  Pi- 
cumne  minule  ,  Picumnus  minutissimus ,  à  tort,  selon  nous, 
cardes  1760,Brisson  Pavait  désigné  sous  le  nom  de  Picus 
cayennensis  minor  ^  petit  pic  de  Cayenne,  nom  spécifique  qui 
doit  d'autant  plus  lui  être  conservé  ,  qu'outre  qu'il  est  le  plus  an- 
cien ,  il  exprime  la  localité ,  patrie  de  l'espèce,  et  que  les  noms 
de  minutus ,  minutissimus ,  minute  enfin ,  qui  pouvaient  lui 
convenir  lorsqu'on  le  rangeait  avec  les  Pics  ou  les  Torcols,  de- 
viennent insignifiants  et  inexacts  du  moment  où  il  devient  le 
type  du  genre  picumne,  et  où  il  figure  comme  une  des  plus 
grandes  espèces.  Ce  sera  donc  pour  nous  Picumnus  cayennensis, 
Nob  Picus  cayennensis  minor ,  Brisson.  Temminck ,  après  avoir 
cité  cette  espèce  type  ,  à  laquelle  il  donne  pour  patrie  la  Guyanne 
française,  décrit  deux  nouvelles  espèces,  la  première  sous  le 
nom  de  Picumne  à  toupet  {Picumnus  cirratus)  Temn.,  pi.  col. 
371  ,  f.  1 ,  différant  de  l'espèce  type,  selon  l'auteur,  par  des 
dimensions  un  peu  plus  grandes  ,  par  un  bec  gros  et  fort  d'un 
blanc  bleuâtre  à  pointe  noire ,  une  touffe  de  longues  plumes 
noires,  terminées  par  une  petite  tache  blanche  sur  l'occiput ,  un 
^ris  olivâtre,  légèrement  onde  de  brun  et  sans  mouchetures  sur 
ies  parties  supérieures,  et  deux    petite*    bandes  en  forme  de 


4  lucvDE  zooLOGiQDE.  {Jmivier  1845.) 

taches  roussatres  pâles  coupant  l'aile  ,  dont  les  secondaires  sont 
lisérées  de  blanchâtre.  Long. ,  à  peu  près  4  p.  ïemminck  rap- 
porte kcelte  espèce  le  Charpenliernain  deAzara,  260  comme  Q^, 
et  lui  donne  pour  habitat  le  Brésil  et  le  Paraguay.  Il  est  évi- 
dent qu'ici  Temminck  n'a  établi  sa  comparaison  qu'avec  l'espèce 
de  Buffbn,  qu'il  regardait  comme  identique  avec  l'espèce  type. 
Il  décrit  encore,  et  figure,  même  pi.  f.  2,  sous  le  nom  de 
Picumne  mignon  (Picummts  exilis) ,  une  autre  espèce  voisine , 
mais  différant  de  celle-ci  par  son  bec  plus  petit ,  entièrement 
noir ,  sauf  une  tache  blanche  à  la  mandibule  inférieure  (caractère 
commun  à  la  plupart  des  espèces) ,  par  ses  plumes  courtes  du 
sommet  de  la  tête,  par  la  teinte  rousse  du  front ,  des  lorum,  des 
joues  et  de  la  nuque ,  par  un  peu  de  roussâtre  à  la  gorge ,  et 
l'absence  des  deux  petites  bandes  transversales  sur  l'aile.  Du 
reste ,  le  dessin  de  la  queue  et  tout  le  dessous  rayé  de  bandes 
transversales  sont  absolument  les  mêmes ,  et  la  couleur  supé- 
rieure est  d'un  brun  mêlé  d'ocre ,  long.  3  p.  6  lig. 

Temminck  décrit  et  figure  cette  espèce  sans  rouge  à  la  tête ,  et 
comme  les  cinq  individus  du  Musée  de  Hollande  avaient  tous  la 
tête  noire  piquetée  de  blanc  sans  rouge  antérieurement,  il  sup- 
pose que  ,  dans  cette  espèce  ,  le  mâle  en  est  privé  ;  mais  il  en  est 
autrement.  Nous  possédons  les  deux  sexes  de  cette  espèce,  dont 
le  mâle  offre  la  même  coloration  rouge  frontale  que  chez  la  plu- 
part des  autres  espèces.  L'auteur  cite  comme  synonyme  de  cette 
espèce  le  Picus  exilis  de  Lichtenstein ,  cat.  de  vente,  pi.  Il, 
HP  80 ,  qu'il  traduit  par  Picumne  mignon.  Nous  en  avons  cité 
plus  haut  la  diagnose  de  Lichtenstein  ;  ce  rapprochement  ne  nous 
paraît  pas  exact ,  car  en  jetant  les  yeux  sur  la  diagnoSe  du 
P.  exilis  de  Licht.,  qui  est  «  P.  olivaceus ,  lœte  viridi  indutus , 
»  subtus  viridi  albo  nigroque  undulatus  »  ,  on  est  loin  de  re- 
trouver la  couleur  brun  mêlé  d'ocre  ,  indiquée  et  figurée  par 
Temminck  et  il  n'est  pas  probable  que  le  professeur  Lichtenstein , 
qui  dans  ses  courtes  diagnoses  avait  néanmoins  remarqué  et  in- 
diquée une  tache  ferrugineuse  sur  la  nuque  du  P.  mintitus 
adulte,  n'eût  pas  signalé  cette'teinte  rousse  ocreuse  du  front ,  du 
lorum,  des  joues  et  de  la  nuque  ,  si  remarquable  chez  l'espèce 
de  Temminck. 

Nous  pensons  donc  qu'il  y  a  erreur  dans  ce  rapprochement,  et 
qu'en  laissant  à  l'espèce  de  Lichtenstein,  décrite,  antérieurement 


TRAVAUX    INKDITS.  9 

le  nomd''exUis  ,  donné  par  cet  auteur,  celle  décrite  sous  ce  nom 
par  Temminck ,  et  reconnue  comme  distincte ,  doit  en  recevoir 
un  autre. 

Vieillot,  plaçant  comme  Linné  et  Gmelin  ,  les  Picumnes  avec 
les  Torcols,  décrivait,  en  1819,  dans  le  N.  Dict.  d'hist.  nat., 
sous  le  nom  de  Torcol  de  Cayenne  (  Funx  minutissima,  Gmel. 
Picus  minutus  ,  Lath.),  enl.  786-1 ,  un  oiseau  parfaitement  con- 
forme à  celui  de  Brisson  et  de  Latham  ,  mais  fort  différent  de 
l'espèce  de  Bufîon  ,  qu'il  citait  à  tort  comme  synonyme.  Il  décri- 
vait ensuite  ,  sous  le  nom  de  Torcol  du  Paraguay  (l%ria?  minutus^ 
Vieillot),  l'espèce  décrite  par  Azara  sous  le  nom  de  Charpentier 
nain,  et  que  Temminck  cite  comme  synonyme  de  son  Picumne 
à  toupet. 

Nous  avons  décrit  nous-méme ,  dans  notre  travail  de  collabo- 
ration avec  M.  A.  d'Orbigny  sur  les  Oiseaux  de  son  voyage  en 
Amérique ,  sous  le  nom  de  Ficumnus  albo-squamatus ,  une 
espèce  nouvelle  ,  dont  la  diagnose  est  ci-après  au  n.  6. 

De  ces  diverses  observations  sur  l'inexactitude  de  plusieurs  sy- 
nonymies de  plusieurs  auteurs ,  ainsi  que  de  plusieurs  noms  don- 
nés à  des  espèces  qui  en  avaient  déjà,  nous  pensons  que  l'on 
peut  déduire  les  raisonnements  suivants  : 

1°  L'espèce  type  du  genre  Picumnus  de  Temminck,  qu'il  indi- 
que lui-même  comme  étant  le  Picus  minutus  de  Latham ,  le 
Yunx  minutissima  L.  Gmel.  étant  réellement  identique  avec  le 
Ficus  cayennensis  minor  de  Brisson,  décrit  dès  1760,  et  non 
avec  l'espèce  de  Buffon,  elle  doit  prendre  le  nom  de  Picus  cayen- 
nensis, au  lieu  de  celui  de  Picumnus  minutissimus  (Temminck), 
qui  lui  est  de  beaucoup  postérieur ,  et  le  Picumne  à  Toupet  de 
cet  auteur  nous  paraît  au  contraire  identique  de  description  et 
de  figure  avec  le  vrai  Picus  minutus  Lat. ,  Picus  cayennensis 
minor  Brisson. 

2»  L'espèce  décrite  et  figurée  par  Buffon  ,  PI. enl.  786 — 1,  sous 
le  nom  de  très-petit  pic  de  Cayenne,  et  à  laquelle  cet  auteur  rap- 
portait à  tort  le  Picus  cayennensis  minor  de  Brisson  ,  comme 
l'ont  fait  depuis  tous  les  auteurs  qui  l'ont  copié ,  constituant  une 
espèce  distincte ,  doit  changer  de  dénomination,  et  nous  propo- 
sons de  lui  donner  celle  de  Picumnus  Buffonii. 

3°  LePiculus  exilis  de  Temminck,  PI.  col.  371 — 2,  que  cet  au- 
teur rapporte  au  Picus  exHis  de  Lichtenstein,  cat.  des  D.  du  M. 


6  REVUE  zooLOGiQDE.  (Jauvier  1845.) 

de  B.  P.  1 1 ,  paraissant  au  contraire  une  espèce  distincte,  d'après 
les  différences  marquées  des  deux  descriptions  jointes  à  la  figure 
de  Temminck ,  doit  changer  au  moins  de  nom  latin ,  et  nous 
proposons  de  lui  donner  celui  de  Picumnus  TemmincTiii  N . 
Picumne  Mignon  Temn.  ou  Picumne  du  Paraguay  (Torcol  du 
Paraguay,  Vieillot,  N.  Dict.  d'hist.  nat.). 

4°  Quoique  les  diverses  descriptions  que  Vieillot  a  faites  de  son 
Torcol  de  Cayenne,  Yunœ  minutissimus,  dans  leN.  Dict.,  dans  sa 
Gai.  du  mus. ,  et  dans  l'Encyclopédie,  soient  parfaitement  confor- 
mes à  celle  du  Picus  cayennensis  minor  de  Brisson ,  nous  n'o- 
sons citer  à  l'appui  la  figure  qui  l'accompagne  dans  sa  Galerie, 
PI.  28;  car  d'après  sa  coloration  olivâtre,  les  taches  blanches 
qu'on  aperçoit  sur  les  couvertures  alaires ,  elle  semble  repré- 
senter plutôt  l'espèce  de  Buflbn  que  celle  de  Brisson.  Du  reste  , 
l'irrégularité  des  bandes  ventrales  est  une  indication  que  l'indi- 
vidu n'était  pas  encore  adulte. 

Par  suite  de  ces  observations,  nous  pensons  que  l'on  pourrait 
établir  de  la  manière  suivante  la  synonymie  des  espèces  appar- 
tenant au  genre  Picumne  de  Temminck,  ou  au  moins  des  huit 
espèces  dont  nous  avons  connaissance  et  dont  nous  possédons 
quatre ,  en  ayant  toutefois  six  sous  les  yeux. 

G.  Picumne  ,  Picumnus,  Temn.  PI.  col.  Asthenurus  Swainson, 
Piculus  ,  Is.,  Ôeofî'.  St-Hilaire. 

I.  Espèces  colorées  en  dessus  d'une  teinte  uniforme  dans  l'adulte 
et  rayées  transversalement  en  dessous  de  bandes  de  deux 
couleurs. 

\°  Picumnus  cayennensis  ^oh.  —  Picus  cayennensis  minor 
Brisson,  t.  4,  p.  83  (1760),  Picus  minutus  Latham,  Yunx  mi- 
nutissimaL.  Gmél.— Yunx  minutissima  Vieillot,  N.  Dict.  d'Hist. 
nat.,  id.  Gai.,  texte  (PI.  28  )?  id.  Encyc.  —  Picumnus  minutis- 
simus  Temn. ,  PI.  col.  art.  G.  Picumnus  et  Picumne  à  toupet , 
Picus  cirratus  id.  ibid. ,  col.  37 1 ,  f.  1 . 

2»  jP.  Temminckii  ^oh.  — Picumnus  exilis  Temn.,  col.  371 
—  2.  Picumne  du  Paraguay,  Torcol  du  Paraguay  Vieillot. 

3*»  P.  exilis,  Lichtenst.,  cat.  desD.  du  M.  de  B.  P.  Il,no80, 
Picumnus  Lichtetisteinii  Nob. 

II.  Espèces  tachetées  en  dessus  dans  Vétat  adulte  et  rayées 

transversalement  en  dessous. 
i*  p.  Buffonii  ^oh,— Le  très-petit  pic  de  Cayenne  ^  Bufl"»  enl. 


TRAVAUX    INÉDITS.  7 

78(i — 1^  rapporté  à  tort  par  Buffon  et  la  plupart  des  auteurs  à 
l'espèce  type ,  le  Picus  minulus  Lat. ,  Vunx  minutissimus  L. 
Gmel.,  petit  Pic  de  Cayenne  Brisson. 

m.  Espèces  tachetées  en  dessus  et  en  dessous, 
5"  P.  pygmœus  Nob. — Picus  Pygmœus  Licht.  cat.  d.  D.  du  M. 
deB.  P.  11  et  12. 

IV.  Espèces  à  teinte  uniforme  en  dessus  et  non  rayées  trans- 
versalement en  dessous. 

6o  P.  albo-squamatus  d'Orb.  et  de  Lafr.  Voy.  en  Amérique. 
PI.  64 — f.  2.  «  Supra  fusco-brunneus ,  pileo  caudaque  de  moro 
»  coloratis ,  tectricibus  majoribus  et  minoribus  aise  remigibusque 
j>  secundariis  albo-rufescenlemarginatis  ,  tectricibus  mediis  hoc 
»  colore  terminatis  ;  subtus  sordide  albo-rufescens  ,  gutturis , 
B  colli  antici  pectorisque  pennis  totis  albis  fusco  circumdatis  , 
»  squames  forraibus.   » 

7"  P.  olivaceus  Nob.  «  P.  supra  fusco-olivaceus  pileo  caudaque 
»  ut  rite  coloratis;  alis  fusco -ni  gris ,  secundariis  olivaceo-albes- 
»  cente  marginatis  ;  subtus ,  collo  antico  et  pectore  sordide  et 
»  pallide  grisescentibus ,  gutture  albido  ,  pennis  sœpius  fusco 
»  marginatis  ;  ventre  et  abdomine  albido-flavescentibus,  flammu- 
»  lis  fuscis  striatis  ;  rostrum  totum  nigrum  unicolor,  pedes  plum- 
»  bei.  Statura  eadem  ac  in  fere  omnibus.  Habit,  ad  Bogotam, 
»  in  Colombiâ.  »  (È  mus.  Masséna.) 

8o  P.cinnamomeus  Nob.  «  P.  totus  rufo-cinnamomeus  ,  alis 
»  fusco-adumbratis,  tectricibus  rufo,  remigibus  griseo  extus  mar- 
»  ginatis  ;  cauda  de  more  colorata  ;  pileo  nigro ,  punctis  lineari- 
»  bus  flavo-sericeis  maculisque  nuchalibus  albis  et  majoribus 
»  notato;  fronte  sordide  albescente,  plumulis  piliformibus  rigi- 
»  dissimis  obtecto  ;  rostrum  totum  nigro -corneum.  Habit,  ut  ve- 
»  risimile  in  America.  »  (  È  museo  Masséna.) 

Cette  espèce,  dont  nous  devons  la  communication  ainsi  que  de 
la  précédente  à  Tobligeance  du  prince  d'Essling,  est  tout  à  fait 
remarquable  dans  le  groupe  des  Picumnes  américains  ,  par  sa 
teinte  uniforme  d'un  roux  vif  qui  rappelle  le  Picumne  abnorme 
de  rinde,  et  par  ses  plumes  frontales  piliformes,  rigides  et  rele- 
vées comme  chez  certains  Fourmiliers. 

9**  P.  d' Orbignyanus  Nob.  «  Parvulus  ,  statura  eadem  ac  in 
»  P.  Buffoni  nob. ,  aut  P.  exiUs  Licht.,  sed  pictura  P.  cayen- 


8  REVUE  zooLOGiQUE.  {Janvier  i 8^5.) 

y>  neusis  nob.  Supra  griseo-rufescens  aliquot  maculis  pallidiori- 
»  bus  vix  conspicuis,  pileo  higro,  albo  punctulato,  uti  inomni- 
»  bus  fteminis  ;  subtus  collique  lateribus  albus  plumis  totis  nigro 
»  fimbriatis  aut  maculatis ,  uti  in  junioribus.  » 

Cette  petite  espèce  faisant  encore  partie  de  la  collection  Mas- 
sëna,  est ,  sans  nul  doute,  un  individu  femelle  en  livrée  de  passage, 
et  ne  peut  appartenir  aux  huit  espèces  précédentes  d'après  les 
comparaisons  minutieuses  que  nous  en  avons  faites.  Comme  elle 
provient  du  voyage  d'Orbigny,  nous  supposions  d'abord  que  ce 
pouvait  être  un  jeune  de  son  P.  squamiger,  mais  outre  qu'elle 
diffère  beaucoup  par  la  coloration ,  elle  paraît  plus  petite  que  ce 
dernier  d'après  la  figure  2  de  la  planche  4  ,  du  Voyage. 

Quoique  le  docteur  Lichtenstein  ait  regardé  l'espèce  figurée 
par  Buffon  comme  distincte  de  son  P.  exilis  ,  tous  deux  étant 
d'un  olive  jaunâtre  avec  des  bandes  inférieures  noires  et  blanches 
verdâtres,  le  croupion  d'un  jaunâtre  plus  vif ,  selon  Buffon,  nous 
serions  bien  tentés  de  croire  ,  d'après  les  nombreuses  livrées  dif- 
férentes auxquelles  sont  soumises  les  espèces  de  ce  genre,  que  le 
P.Buffonii,  ordinairement  couvert  sur  le  dos  de  taches  blanches 
jaunâtres  ombrées  de  noir,  ainsi  que  sur  les  couvertures  alaires, 
en  est  dépourvu  dans  quelque  livrée  particulière  qui  serait  alors 
celle  de  Y  exilis  de  Lichtenstein.  Cet  auteur  d'ailleurs  ne  dit  rien 
de  détaillé  sur  la  coloration  supérieure. 

Chez  les  8  ou  9  espèces  que  nous  venons  de  signaler,  excepté 
chez  le  P.  cinnamomeus  ,  il  est  bien  remarquable  que  la  colo- 
ration souvent  fort  différente  chez  quelques-unes ,  soit  chez 
toutes  entièrement  semblable  sur  la  tête ,  noire ,  ponctulée  de 
blanc,  avec  le  front  rouge  chez  les  mâles,  et  que  celle  de  la  queue 
soit  également  mi-partie  noire  et  blanche  chez  toutes.  Ce  fait  ne  se 
rencontre  peut-être  dans  aucun  autre  genre.  Chez  les  Pics^  genre 
voisin  ,  il  n'y  a  pas  cette  uniformité  entre  les  espèces.  Chez 
notre  P.  cinnamomeus ,  si  différent  de  coloration  ,  la  queue  est 
toute  semblable,  et  si  la  tête  noire  n'offre  pas  les  petits  points 
ronds  et  blancs  des  autres  espèces  ,  elle  est  toutefois  couverte  de 
petites  taches  anguleuses  jaunes,  mais  blanches  sur  la  nuque. 

Le Picuscayennensis  Nob.,  Picus  cayennensis  minor  Brisson, 
l'espèce  la  plus  grande  et  figurée  par  Temminck,  est  aussi  l'espèce 
la  plus  commune  au  Brésil  et  à  Cayenne.  Elle  nous  a  présenté  les 
différentes  livrées  suivantes  : 


TRAVAUX    INÉDITS.  0 

Chez  les  individus  que  nous  regardons  comme  adultes ,  le  des- 
sus est  d'une  teinte  à  peu  près  uniforme  gris-souris,  sauf  les  bords 
plus  clairs  des  rémiges  secondaires,  le  dessous  barré  régulière- 
ment de  noir  et  de  blanc. 

Chez  d'autres  ,  entièrement  semblables  du  reste  ,  le  dessus  est 
ondulé  de  brun  noirâtre  et  de  roux  clair. 

Chez  d'autres ,  le  dessus  est  visiblement  tacheté  de  blanc  rous- 
sâtre ,  et  le  dessous  ,  au  lieu  de  bandes  régulières  ,  présente  de 
larges  taches  d'un  blanc  roussâtre  bordées  de  noirâtre ,  comme 
écaillées. 

D'autres  enfin  ont  la  coiffe  noire  ou  noir-brun ,  sans  taches 
blanches  ou  rouges.  Ce  dernier  caractère,  qui  est  sans  nul  doute 
une  des  livrées  du  jeune  âge  ,  puisque  chez  quelques-uns  nous 
iavons  aperçu  une  ou  deux  taches  rouges  ou  blanches  au  milieu 
du  noir,  se  retrouve  encore  chez  le  P.  pygmœus  deLichtenstein, 
et  nous  supposons  qu'il  en  est  de  même  pour  les  autres  espèces. 

Le  Picumnus  Buffonii  Nob.  ,  très  petit  Pic  de  Cayenne  ,  Buff. 
enl.,  bien  reconnaissable  à  sa  teinte  olive  jaunâtre ,  à  ses  taches 
d'un  blanc  jaunâtre  ombrées  de  noir  sur  le  dos  et  les  couvertures 
des  ailes,  en  est  quelquefois  privé  sur  le  dos,  et  présente  alors  en 
cette  partie,  et  surtout  vers  le  croupion,  un  jaune  olive  très-vif 
parsemé  de  taches  noirâtres  seulement.  C'est  peut-être  dans  cet 
état  que  Lichtenstein  l'a  décrit  sous  le  nom  d'Exilis.  Tout  nous 
porte  à  croire  qu'en  observant  soigneusement  la  coloration  des 
Picumnes  ,  depuis  celle  du  nid  jusqu'à  celle  de  l'adulte ,  on  y  re- 
connaîtrait quatre  à  cinq  livrées  diverses  ,  ce  qui  en  rend  la  dis- 
tinction des  espèces  fort  difficile. 

Chez  les  P.  cayennensis  Nob.,  Temminckii  Nob.,  pygmœus 
Licht.,  Bufjfonii  Nob.,  le  bec  paraît  d'un  noir  bleu  et  blanchâtre 
vers  sa  base;  chez  le  P.  olivaceus  Nob.  et  le  P.  cinnamomeus 
Nob.,  il  paraît  d'un  noir  bleu  uniforme,  mais  on  ne  peut  en  juger 
que  par  conjectures  sur  des  peaux  desséchées. 

Nous  invitons  les  ornithologistes  qui  liront  cet  article  à  consi- 
gner dans  un  prochain  numéro  leurs  propres  observations  ,  tant 
sur  les  espèces  de  Picumnes  que  nous  avons  citées,  que  sur  celles 
qui  nous  sont  inconnues  et  qu'ils  pourraient  connaître  ou  possé- 
der. Ce  petit  genre  américain,  beaucoup  plus  voisin  des  Pics  que 
des  Torcols  ,  peut  néanmoins  être  considéré  comme  un  véritable 
groupe  de  transition  des  uns  aux  autres  ;  mais  nous  pensons , 


10  REVUE  zooLOGiQDE.   [Janvier  1845.) 

comme  Swainson,  que  le  Picumne  abnorme  de  Temn.,  pi.  col.  de 
l'ancien  continent,  ne  peut  leur  être  réuni ,  et  constitue  plus  na- 
turellement un  genre  de  transition  dans  la  famille  des  Barbus  , 
indiens  comme  lui. 


Mélanges  ornithologiques  ,  par  M.  de  Lafresnaye. 

Sur  le  Fournier  Rosalbin,  Furnarius  roseus  Lesson ,  Illustrations 

de  zoologie. 

En  1831,  M.  Lesson  décrivit  et  fit  figurer  dans  les  lUustr.  zool., 
sous  le  nom  de  Fournier  rosalbin ,  Furnarius  roseus ,  une 
espèce  dont  la  description  était  très-exacte,  mais  dont  la 
figure,  quoique  de  M.  Prêtre j  donne  réellement  une  fausse  idée  du 
bec  de  cet  oiseau  et  a  besoin  de  rectification  sur  la  planche. 
Effectivement  ce  bec  est  très-grêle  et  assez  sensiblement  arqué 
dans  le  même  sens ,  en  dessous  comme  en  dessus ,  depuis  la 
moitié  de  sa  longueur  à  peu  près ,  comme  chez  les  Souimangas 
et  la  plupart  des  Philédons ,  tandis  que,  dans  la  nature,  il  est  de 
grosseur  moyenne  ,  droit ,  très-légèrement  arqué  vers  la  pointe 
en  dessus  seulement ,  et  que  ,  vers  cette  partie  ,  la  mandibule 
inférieure  est  légèrement  retroussée  comme  chez  les  Merles  et  la 
plupart  des  Passereaux  dentirostres.  Nous  pensons  que  cette 
inexactitude  très-marquée  de  la  figure  dans  la  forme  du  bec 
provient  plutôt  du  graveur  que  du  dessinateur,  connu  depuis  si 
longtemps  par  l'exactitude  scrupuleuse  de  ses  dessins  en  histoire 
naturelle.  Sur  la  même  planche  toutes  les  parties  de  l'oiseau , 
colorées  en  rouge  ,  telles  que  les  lorum ,  la  gorge  ,  le  devant  du 
cou ,  le  milieu  de  la  poitrine  et  du  ventre  et  les  sous-caudales , 
au  lieu  d'être ,  comme  dans  la  nature ,  du  rose  vif  le  plus  pur, 
paraissent  d'un  rouge  un  peu  briqueté ,  ce  qui  peut  encore  pro- 
venir de  l'enlumineur. 

M.  Lesson  donne  pour  patrie  à  cet  oiseau  le  Brésil  et  le  district 
peu  connu  de  San- José.  La  Colombie ,  cette  terre  promise  de 
l'ornithologie,  paraît  être  sa  vraie  patrie,  car  nous  en  possédons 
trois  qui  en  viennent ,  et  sur  ces  trois  individus ,  un  nous  a  pré- 
senté une  teinte  d'un  roux  cannelle  ,  partout  exactement  où  les 
deux  autres  sont  roses.  Il  a ,  comme  eux  toutefois ,  une  bande 
sourcillière  blanche  depuis  l'œil  seulement ,  les  lorum  étant 
roux.  Nous  ne  doutons  pas  que  cette  coloration  différente  ne  soit 
une  livrée  du  jeune  âge,  d'autant  plus  qu'au  milieu  de  ces  plumes 


ANALYSES   d'oUVKAGES  ISODVKAUX.  1  1 

rousses ,  il  se  trouve  çà  et  là  quelques  petites  mèches  roses  an- 
nonçant le  commencement  d'une  nouvelle  livrée  de  cette  der- 
nière couleur. 

Quant  à  la  place  plus  ou  moins  naturelle  de  cet  oiseau  dans 
le  genre  Fournier,  nous  pensons  qu'il  est,  sans  nul  doute,  espèce 
de  transition  qui ,  malgré  sa  grande  analogie  avec  les  Fourniers, 
en  diffère  néanmoins  par  une  coloration  toute  différente  et  l'ab- 
sence de  bande  transverse  rousse  sur  les  ailes,  par  un  bec  échan- 
cré  à  la  pointe  et  beaucoup  moins  grêle ,  nullement  infléchi 
comme  chez  eux,  droit  et  tendu  au  contraire  et  paraissant  lon- 
gicône,  si  on  le  regarde  de  profil;  par  des  ailes  plus  courtes,  plus 
obtuses  et  plus  faibles ,  les  tertiaires  étant  aussi  longues  que  les 
primaires.  Cette  faiblesse  apparente  du  système  alaire,  jointe  à  la 
force  des  pieds  et  du  pouce ,  indiquent  un  oiseau  essentiellement 
buissonnier  et  probablement  marcheur. 


II.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Revue  critique  des  Oiseaux  d'Europe,  par  le  docteur  H.  Schle- 
GEL,  conservateur  du  Musée  des  Pays-Bas  à  Leyde  ,  etc.  1  vol. 
in-S»,  1844.  Leyde,  (A.  Arnz.  Leipsik ,  Fr.  Fleischer.  Paris, 
Roret.) 

Voici  un  ouvrage  attendu  avec  impatience  par  les  ornitholo- 
gistes ,  et  qui  leur  sera  indispensable  comme  résumant  les  con- 
naissances acquises  en  dernier  lieu  sur  les  Oiseaux  d'Europe. 

Il  est  dédié  à  M.  Temminck,  l'auteur  de  l'excellent  Manuel 
d'Ornithologie  qui  a  si  bien  éclairci  l'histoire  des  oiseaux  de 
cette  partie  du  monde,  et  le  livre  que  nous  annonçons,  écrit 
sous  ses  yeux  et  en  partie  avec  les  matériaux  recueillie  par  le  sa- 
vant directeur  du  Musée  des  Pays-Bas ,  forme ,  en  quelque  sorte  , 
le  cinquième  volume,  la  suite  et  le  complément  du  Manuel 

Cette  Revue  est  également  destinée  ,  comme  nous  le  dit  l'au- 
teur, à  servir  de  catalogue  raisonné  ,  précédant  le  texte  des  Oi- 
seaux d'Europe ,  figurés  à  Darmstadt  par  M.  Susemihl ,  texte  dont 
la  rédaction  a  été  cédée  à  M.  ïemminck.  11  est  juste  d'ajouter 
que  M.  Schlegel  n'a  publié  qu'après  avoir  comparé  un  grand 
nombre  d'oiseaux  dans  les  principaux  Musées  nationaux  et  dans 
les  collections,  particulières  et  après  avoir  examiné  les  derniers 
puvrages  sur  la  matière. 


12  HKVUE  ZOOLOGIQUE.  [Janvier  1845.) 

Le  livre  est  divisé  en  deux  parties;  le  texte  à  deux  colonnes  est 
en  français  d'une  part,  en  allemand  de  l'autre.  La  première 
partie  contient  les  espèces  d'Oiseaux  que  M.  Schlegel  reconnaît 
pour  européens.  Il  donne  leur  synonymie  essentielle  etleur  habi- 
tat. On  remarquera  comme  espèces  nouvelles  ou  à  peu  près 
nouvelles  pour  l'Europe  : 

1 .  Falco  gyrfalco  (distinct  du  Candicans,  du  Sacer  et  du  La- 
narius)  de  Suède. 

2.  Falco  lanarius  Klein.  Buffon  (distinct  du  Sacer  et  du  La- 
narius)  de  Dalmatie. 

3.  Falco  sacer  Buff.  (Lanarius  Tem.)  de  la  Russie  méridionale. 

4.  Astur  gabar  Daud.  (Erythrorhynchos  Sw,)  d'Afrique  et  de 
Grèce. 

5.  Haliœtos  vocifer  Levaill.  d''Afrique  et  de  Grèce. 

<i.  Ficedula  ambigua  Schl.  de  Grèce.  Voisine  de  V Hippolais. 

7.  Salicaria  familiaris  Ménétr.  de  Grèce,  définitivement  dis- 
tincte du  S.  galactodes. 

8.  Lusciola  erythrogastra  Guldenst.  de  Crimée ,  confondue 
avec  la  L.  aurorea. 

9.  Turdus  solitarius  ff^ils.  (T.  minor  Brehm)  d'Amérique, 
pris  une  fois  en  Allemagne. 

10.  Coccothraustes  caucasiens  Guldenst.  du  Caucase. 

1 1 .  Emberiza  pusilla  Pall.  —  De  la  Sibérie ,  pris  une  fois  en 
Hollande. 

12.  Passer?  pusillus  Pall.  du  Caucase. 

13.  Tetraogallus  caucasiens  Pall.  du  Caucase. 

14.  Ardea  bubulcus.  Du  nord  de  l'Afrique  et  du  midi  de 
l'Europe. 

15.  Puffînus  fuliginosus  Strickl.,  regardé  jusqu'ici  comme 
P.  major  femelle. 

Je  ne  citerai  pas  beaucoup  d'autres  espèces  qui  n'ont  pu  être 
mentionnées  dans  le  manuel  de  M.  Temminck ,  mais  qui  ont 
été  signalées  depuis  en  Europe  par  MM.  Keyzerling  et  Blasius  et 
par  M.  Von  der  Miihle.  Les  naturalistes  qui  n'auraient  pas  connais- 
sance des  ouvrages  allemands  de  ces  auteurs  ,  trouveront  le  résu- 
mé de  leurs  découvertes  dans  celui  de  M.  Schlegel.  Il  en  est  de 
même  pour  les  Oiseaux  signalés  en  Italie  par  le  prince  Charles 
Bonaparte  dans  sa  Fauna  Italica. 

Le  nombre  des  espèces  d'Oiseaux  est  porté  à  488 ,  non  compris 


ANAI.YSKS   I)'()UVHA(;KS   nouvkaux.  1  .'J 

les  suivantes  qu'on  a  coutume  d'admettre  comme  espèces ,  mais 
(fu'il  ne  présente  qu'à  titre  de  Races  locales  ,  en  ajoutant  une 
({ualiBcation  au  nom  spécifique  : 

1.  Falço  candicans  Islandicus  (F.  islandicus  Auct.). 

2.  Circus  cmer  acens  pallidus  {C.  paWïdus  S  y  kes). 

3.  Gypaetos  barbalus  meridionalis  (G.  méridionalis  Kûst.). 

4.  Vulturfulvus  occidentalis  (\ .  Kolbiï  Tem.). 

5.  Strix  noctua  meridionalis  (S.  glaux  Savigny). 

fi.  Hirundo  rustica  orientalis  {H.  Riocourii /^î'eîï/.  H.  Boisso- 
neauti  Tem.). 

7.  Lusciola  cyanecula  orientalis  (L.  cœrulecula  Pall.  L.  sue- 
cica  L.). 

8.  Anthus  pratensis  rufigularis  (A.  rufigularis  Tem.). 

9.  Motacilla  alba  lugubris  (M.  Yarrelli  Bonap.). 

10.  Motacilla  flava  Rayi  (M.  flaveola  Tem.). 

1 1 .  Motacilla  flava  cinereocapilla  (M.  cinereocapilla  Savi.). 

12.  Motacilla  flava  me/anocepAa^a  (M.  melanocephala  Zic/t^). 

13.  Corvus  monedula  nigra  (G.  spermologus  Fieill.). 

14.  Garrulus  glandarius  me/anoc&p^a/t(5  (G.  melanocephalus 
Gêné). 

15.  Sturnus  vulgaris  timcoior  (S.  unicolor  Marmora). 

16.  Passer  domesticus  Cisalpinus  (Fr.  cisalpina  Tem.  F.  ita- 
liae  Fieill.). 

17.  Pyrrhula  serinus /s;and/cws(Fr.  islandica  Faber). 

18.  Tetrao  saliceti  Scoticus  (T.  scoticus  Auct,). 

19.  Tetrao  lagopus  Islandicus  (T.  Islandorum  Faber). 

20.  Tringa  cinclus  minor  (T.  Schinzi  Brehm). 

21.  Podiceps  cornutus  arcticus  (P.  arcticus\Èfo2e). 

22.  Uria  troile  leucophthalmos  (U.  ringvia  Lrûnn.  U.  lacry- 
mans  ^a^). 

23.  Vria  gryWe  Mandtii  (U.  Mandtii  Licht.). 

24.  Cygnus  olor  im»mta6î7îs  (G.  immutabilis  Yarrell). 

25.  Cygi^s  musicus  minor  (G.  Bewicki  Yarrell). 

26.  Carbo  graculus  mediterraneus  (G.  Desmaresti  Auct.). 

27.  Larus  ridibundus  mmor(L.  capistratus  Tem.). 

28.  Anas  marila  Americana  (A.  mariloides  Yarrell). 

Ce  n'est  certainement  pas  moi  qui  blâmerai  M.  Schlegel  d'avoir 
appliqué  cette  innovation,  que  j'ai  proposée  en  principe  en  1842 
dans  l'avant- propos  page  YIl  de  la  Faune  Belge ,  et  je  suis  heu- 


14  REVUE  ZO0I.OGIQUE.  [Janviev  1845.) 

reux  de  le  voir  entrer  dans  cette  voie  qui  seule  peut,  selon  moi , 
simplifier  la  question  si  difficile  de  l'espèce  en  zoologie,  et  j'ajou- 
terai que  je  suis  d'accord  avec  lui  sur  la  plupart  des  faits.  Mais  je 
regrette  qu'il  ne  se  soit  pas  toujours  borné  à  ajouter  au  nom  de 
l'espèce  type  celui  sous  lequel  la  race  a  été  d'abord  décrite  et  que 
sur  28  il  en  ait  changé  10. 

En  fait  de  nomenclature ,  je  pense  qu'il  faut  respecter  le  droit 
de  priorité  dans  toutes  ses  conséquences.  Je  constaterai  d'ailleurs 
avec  bonheur  que  M.  Schlegel  s'y  est  rallié  pour  tous  les  noms 
spécifiques  (1)  :  ce  droit  de  priorité  est  un  terrain  sur  lequel  tous 
les  bons  esprits  devaient  se  rencontrer  :  soulever  cette  question 
c'était  la  résoudre  ,  car  c'est  certainement  faute  d'avoir  songé  à 
l'anarchie  scientifique  produite  par  les  noms  divers  donnés  à  la 
même  espèce,  que  plusieurs  naturalistes,  recommandables  d'ail- 
leurs ,  se  sont  laissé  entraîner  à  admettre  comme  étant  sans 
grande  importance  des  changements  de  ce  genre. 

Les  genres  sont  au  nombre  de  112,  c'est  dire  qu'il  a  accepté 
la  plupart  de  ceux  que  les  progrès  de  la  science  rendent  néces- 
saires. Il  a  indiqué  en  outre  tous  les  démembrements  proposés 
par  les  auteurs  qui  préfèrent  une  plus  grande  quantité  de  divi- 
sions génériques.  Ils  forment  49  familles  et  celles-ci  5  ordres.  La 
série  suivie  est  ecclectique  ,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi  ;  elle  par- 
ticipe en  partie  de  plusieurs  méthodes  sans  ressembler  exacte- 
ment à  aucune.  Je  me  permettrai  toutefois  (sans  avoir  l'espace 
nécessaire  pour  justifier  mon  dire)  d'avancer  que  M.  Schlegel , 
même  à  son  point  de  vue ,  aurait  peut-être  dû  transposer  quel- 
ques genres  pour  perfectionner  la  série  ,  diminuer  le  nombre 
des  familles  dans  les  Passereaux  et ,  parmi  les  échassiers  ,  subdi- 
viser celle  des  Hérons. 

La  seconde  partie  de  l'ouvrage  consiste  en  notes  critiques  sur 
les  espèces  nouvelles  ,  sur  celles  qui  ne  sont  que  des  races  loca- 
les ,  gur  les  espèces  douteuses  ,  enfin  sur  les  Oiseaux  qu'il 
a  exclus  comme  n'ayant  pas  été  observés  dans  les  limj^es  géogra- 
phiques de  l'Europe  ,  ou  bien  comme  n'existant  point.  Cette 
partie  est  de  nature  à  intéresser  au  plus  haut  degré  les  Ornitho- 
logistes. J'ai  remarqué  particulièrement  les    articles    étendus 

(1)  Il  y  a  bien  cinq  ou  six  espèces  pour  lesquelles  M.  Schlegel  n'a  pas  adopté  le  nom 
le  plus  ancien.  Par  exemple  Sax.  cachinnans.—Tetrao  saliceti—Tringa  platyrhyncha. 
Mais  d'après  le  principe  adopté  partout  ailleurs  ,  je  suppose  que  ces  noms  sont  restés  eu 
<qnelque  sorte  par  inadvertance, 


AIVAI.YSliS    D  OUVRAGES    ÎMOUVKAUX.  15 

sur  les  Faucons  ,  sur  les  quatre  espèces  exotiques  d'hirondelles , 
confondues  souvent  avec  Y  H.  rufula  d'Europe, — sur  les  Emhe- 
riza  fucala  et  pusilla,  sur  la  Lusciola  erythrogaslra,  les 
Lanius  tchagra  et  rufiis ,  le  Ficedula  amhigua ,  la  Salica- 
ria  caligata  ,  le  Falcinellus ,  genre  fondé  sur  deux  Oiseaux 
fabriques,  les  grands  Hérons  blancs  d'Europe,  l'Albatros,  etc. 

M.  Schlegel  écarte  les  espèces  exotiques  suivantes  comme 
n'ayant  été  admises  que  par  erreur  parmi  les  Oiseaux  d'Europe. 

1 .  De  r Afrique  tropicale  ou  méridionale  :  Falco  concolor. — 
Falco  peregrinoïdes. — Anser  gambensis. — Sula  melanura. 

2  De  VAsie  orientale  :  Salicaria  certhiola. — Lusciola  aurorea. 
— Motacilla  lugens. — Turdus  Sibiricus.  —  Cinclus  Pallasii. — 
Pyrrhula  Sibirica.— Emberiza  rutila. 

3.  De  VAsie  méridionale:  Columbarisoria, — Phasianuspictus. 
— Ardea  russata. — Carbo  graculus  Tem.  (C.  sulcirostris  ^rand<). 
— Scolopax  saturata. 

4.  De  V Amérique  boréale  :  Aquila  leucocephala. — Strix  nebu- 
losa. — Muscicapa  ruticilla. — Sylvia  anthoides. — Turdus  rufus.  — 
Parus  bicolor. — Loxia  leucoptera. — Emberiza  hyemalis. — Ardea 
herodias. — Anas  sponsa. — Larus  argentatoïdes. 

5.  De  V  Amérique  tropicale'.  Ciconia  americana  (maguari). — 
Carbo  graculus  Gould  (C.  brasiliensis  Brandi). 

Les  espèces  regardées  comme  non  authentiques  et  à  supprimer 
sont  : 

1.  Ficedulia  icterina  Tem.(  nec  Vieillot). — Le  même  que 
F.  Trochilus. 

2.  Salicaria  saliceti  Naum. — Livrée  de  noces  de  S,  aquatica 

3.  Cinclus  melanogaster  Brehm. — Variété  de  C.  aquaticus. 

5.  Alauda  Kollyi  Tem. — Variété  d'A.  brachydactyla. 

6.  Tetrao  brachydactylus  Tem. — Tetrao  saliceti  très- vieux. 

6.  Limosa  Meyeri  Leisl.  — Limosa  rufa.  Un  peu  plus  grande. 

7.  Scolopax  peregrina  Brehm.  —  Pygmaea  Baill.  —  Lamotti. 
— Baill. — BrehmWKaup. — Sont  à  peine  des  variétés  de  Se.  Gai- 
linago. 

8.  Pelecanus  minor. — P.  onocrotalus  un  peu  plus  petits. 

Je  terminerai  ici  ce  compte  rendu  ,  déjà  long,  et  dans  lequel 
cependant  je  n'ai  pu  faire  ressortir  toutes  les  qualités  que  ren- 
ferme le  livre  excellent  de  M.  Schlegel.  Bientôt  il  sera  dans  les 
mains  de  tout  le  monde  et  l'examen  en  détail  que  chacun  en  fera 


Î6  RFvuK  /.ooLoc.ujVE.  {  Jonvier  1845.  j 

ne  pourra  qu'augmenter  l'estime  publique  envers  l'auteur  ;  car 
il  est  de  ceux  qui  gagnent  sans  cesse  à  être  connus. 

(Edm.  deSelys  Longchamps.) 


m.  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  &  janvier  1845.  M.  Tavignot  iàit  part  des  résultats 
auxquels  il  est  arrivé  dans  des  expériences  sur  la  greffe  des  cor- 
dons nerveux. 

A  l'occasion  de  cette  communication ,  M.  Flourens  rappelle 
qu'il  a  publié,  il  y  a  déjà  plusieurs  années ,  des  expériences  sem- 
blables et;  des  résultats  tout  pareils.  Ces  faits  sont  consignés 
dans  les  Mémoires  de  V Académie  des  sciences,  t.  XIII,  p.  14,  et 
dans  les  Recherches  expérimentales  sur  les  fonctions  du  système 
nerveux ,  etc.,  p.  272  et  suivantes. 

Séance  du  1  ^janvier.  —  M.  Gaudichaud  présente  un  mémoire 
de  M.  Souleyet  ayant  pour  titre  :  Observations  anatomiques  et 
physiologiques  sur  les  genres  Actéon ,  Éolide ,  Fénilie ,  Cal- 
liopée,  TergipCj  etc.,  et  l'honorable  académicien  demande  qu'il 
en  soit  donné  lecture. 

Nos  confrères  ont  été  tenus  au  courant  de  la  discussion  impor- 
tante qui  a  eu  lieu,  devant  l'Académie  des  sciences,  entre 
MM.  de  Quatrefages  et  Souleyet  ;  ils  savent  qu'elle  porte  sur  les 
fondements  même  de  la  zoologie  comme  science ,  et  que  les  idées 
de  M.  de  Quatrefages,  sentinelle  perdue  d'une  école  nouvelle  ^ 
ne  tendent  à  rien  moins  qu'à  mettre  en  question  certaines  lois 
naturelles  qui  forment  les  vraies  bases  de  la  zoologie ,  telle  que 
nous  l'a  laissée  Cuyier.  Un  recueil  qui  a  pris  le  nom  de  Cuvier 
pour  titre,  ne  pouvait  rester  indifférent  à  une  telle  lutte  sur  une 
question  toute  Cuvierienne ,  et  nous  avons  mis  sous  les  yeux  de 
nos  lecteurs,  avec  impartialité  et  courage  (car  la  question  intéresse 
des  personnes,  autres  que  MM.  de  Quatrefages  et  Souleyet,  qui 
sont  très- vindicatives  et  très-influentes  )  toutes  les  pièces  du  pro- 
cès; voici  enfin  le  travail  que  M.  Souleyet  avait  promis  et  qu'il  n'a 
pu  présenter  plus  tôt ,  à  cause  de  deux  candidatures  (  chimie  et 
zoologie)  qui  ont  absorbé  tout  le  temps  de  l'Académie,  et  d'une 
maladie  très-grave  dont  ce  jeune  anatomiste  est  à  peine  conva- 
lescent. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  17 

l)ans  une  note,  en  date  du  12  août  dernier,  j'ai  contesté 
Texaclitude  de  plusieurs  faits  énoncés  par  M.  de  Quatrefages  sur 
l'organisation  de  certains  Mollusques  gastéropodes,  faits  sur  les- 
quels ce  naturaliste  établit  des  théories  qui  me  paraissent  con- 
traires aux  véritables  principes  de  la  zoologie.  Je  viens  aujour- 
d'hui mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  préparations 
anatomiques,  des  dessins  et  des  descriptions  qui  ne  laisseront, 
je  l'espère,  aucun  doute  sur  la  vérité  de  mes  assertions. 

Je  ne  suivrai  pas  ici  M.  de  Quatrefages  dans  des  considérations 
générales  (1)  qui  finiraient  par  nous  entraîner,  malgré  nous, 
dans  les  subtilités  de  la  théorie  On  est  trop  exposé ,  en  .suivant 
cette  méthode  ,  à  discuter  longtemps  sans  aborder  les  diftîcultés 
sérieuses  du  problème  à  résoudre;  on  peut  même  les  éluder 
toujours.  Mais  il  est  une  voie  plus  sûre  ,  mieux  tracée  ,  et  dans 
laquelle  seulement  nous  pourrons  fournir  à  l'Académie  tous  les 
éléments  dont  elle  a  besoin  pour  motiver  le  jugement  qu'elle 
doit  por-ter;  c'est  celle  qui  consiste  à  soumettre  la  lbéori«  à 
l'épreuve  de  l'observation  directe  ,  à  faire  juger  les  principes  par 
les  faits  qui  leur  servent  de  base. 

11  ne  s'agira  donc  ici  que  d'une  question  de  faits,  puisque  , 
dans  ce  débat ,  la  question  de  faits  entraîne  nécessairement  avec 
elle  la  question  de  principes. 

Cependant,  comme  M.  de  Quatrefages  a  été  conduit,  par  ses 
observations  sur  les  Mollusques  qui  font  l'objet  de  cette  discus- 
sion, à  substituer  à  des  principes  généralement  admis  et  recon- 
nus en  zoologie  d'autres  principes  tout  à  fait  contraires ,  je  crois 
devoir  exposer  ici  en  peu  de  mots  les  uns  et  les  autres  ,  pour  que, 
en  les  mettant  ensuite  en  présence  des  faits,  on  puisse  juger 
plus  facilement  quels  sont  ceux  de  ces  principes  qui  doivent 
prévaloir. 

1°  On  peut  considérer,  je  crois ,  comme  un  axiome  en  zoologie, 
que  les  diverses  parties  de  l'organisation  animale  sont  toujours 
entre  elles  dans  une  harmonie  rigoureuse,  dans  une  corrélation 
nécessaire  (?)  ;  d'oVi  il  résulte  qu'un  organe  ne  peut  se  modifier 

(1)  Voir  la  réponse  de  M.  de  Quatrefages;  Comptes  rendiis  dn  ?t  octobre  18»4,  tome 
XIX,  page  807. 

(2)  «  Il  est  évident,  dit  Ciivier,  que  l"liarmouio  convenable  entre  les  organes  qui  agissent 
»  les  uns  sur  les  autres  ebt  une  condition  nécessaire  de  l'existence  de  l'être  auquel  ils  ap- 
1»  partieunent ,  et  que  si  une  de  ses  fonctions  était  modifiée  d'une  manière  Incompatible 
»  avec  les  modiflcations  des  autres,  coi  être  iie  pourrait  pas  exister  >■  {  Anatomic  com- 
parée ,  tome  I,  page  M).  ) 

Tome  VIII.  Année  1845.  2 


18  RKVUK  zooLOGK>uK.  { Janvier  iS^b .  ) 

d'une  manière  notable  ,  se  dégrader^  sans  que  des  modifications 
analogues  ,  des  dégradations  correspondantes  n'aient  lieu  dans 
tes  autres,  et,  par  conséquent ,  que  la  dégradation  ne  peut  se 
faire  que  dans  l'ensemble  de  l'organisation  et  non  pas  seulement 
dans  quelques-unes  de  ses  parties. 

M.  de  Quatrefages  n'admet  pas  cette  conséquence  du  principe 
que  je  viens  d'énoncer,  et  il  pense  que ,  dans  un  animal ,  cer- 
tains organes  peuvent  se  modifier  de  la  manière  la  plus  profonde, 
sans  que  l'ensemble  éprouve  un  changement  notable;  par 
exemple,  qu'un  mollusque  gastéropode  peut,  en  conservant 
extérieurement  tous  les  traits  caractéristiques  des  animaux  de  ce 
type  .  présenter  intérieurement  la  simplicité  d'organisation  des 
derniers  zoophytes. 

2°  On  admet  encore  généralement,  je  crois  ,  en  zoologie,  que 
certaines  parties  de  l'organisation  ont,  sur  presque  toutes  les 
autres,  une  prééminence  telle,  qu'elles  entraînent  toujours* 
dans  les  variations  qu'elles  subissent ,  ces  modifications  générales 
et  déterminées  qui  ont  servi  de  base  aux  grandes  divisions  du 
règne  animal ,  désignées  sous  le  nom  de  classes. 

Or  ,  tous  les  zoologistes  qui,  comme  G.  Cuvier ,  ont  accordé 
une  importance  de  cet  ordre  aux  organes  de  la  circulation  et 
de  la  respiration ,  et  qui  l'ont  caractérisée  en  désignant  ces 
organes  sous  le  nom  d'organes  dominateurs  ,  seraient  entière- 
ment dans  l'erreur,  d'après  M.  de  Quatrefages;  car  les  faits 
énoncés  par  ce  naturaliste  tendent  à  établir  que ,  dans  une  fa- 
mille naturelle  et  même  dans  un  genre  (1),  certaines  espèces 
pourraient  avoir  des  organes  pour  la  respiration ,  un  cœur,  des 
artères,  etc.,  tandis  que  d'autres  espèces,  placées  à  côté  des 
précédentes  ,  n'offriraient  plus  aucune  trace  des  mêmes  organes. 

3**  Enfin,  je  regarde  également  comme  un  principe  généra- 
lement admis  et  reconnu  en  zoologie  que  des  animaux  ,  sembla- 
bles par  l'ensemble  de  leurs  caractères  extérieurs ,  ne  peuvent 
pas  différer  d'une  manière  notable,  radicale  ,  dans  leur  organi- 
sation intérieure. 

Ce  principe,  qui  n'est  qu'un  corollaire  des  précédents,  et  qui 
sert  de  base,  on  peut  le  dire,  à  la  classification  des  corps  orga- 
nisés ,  ne  serait  cependant  encore  qu'une  troisième  erreur  aux 

(1)  Quelques-uns  des  Mollusques  décrits  par  M.  de  Quatrefages  sous  des  noms  génériques 
nouveaux  doivent  rentrer  dans  les  genres  connus ,  ainsi  que  je  crois  l'établir  dans  mon 

Mémoire. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  1^ 

yeux  de  M.  de  Quatrefages.  Ce  naturaliste  croit,  en  eiîct,  que, 
dans  une  infinité  de  cas  y  la  forme  extérieure  et  Vorgammlion 
intérieure  sont  tout  à  fait  indépendantes  Vune  de  Vautre  (1); 
que  des  animaux  entièrement  analogues  extérieurement  peuvent 
cacher,  sous  cette  identité  de  formes,  des  différences  organi- 
ques si  considérables  que ,  dans  la  classe  des  Gastéropodes  par 
exemple  ,  les  espèces  appartenant  à  un  ordre ,  et  même  à  une 
famille  naturelle,  pourraient  offrir  toute  la  série  de  dégrada- 
tions qui  séparent  ces  Mollusques  des  derniers  zoophytes. 

Ainsi,  M.  de  Quatrefages  soutient  que  des  mollusques  gastéro- 
podes ,  que  tous  les  zoologistes  ont  considérés  ou  auraient  cou- 
sidérés  comme  tels,  et  qui  ont,  en  effet,  tous  les  caractères 
extérieurs  des  animaux  de  ce  type ,  en  différeraient  cependant 
d'une  manière  si  radicale  par  leurs  caractères  anatomiques , 
qu'il  faudrait  les  exclure  sous  ce  rapport ,  non-seulement  de  la 
classe  des  Gastéropodes ,  mais  encore  de  V embranchement  des 
Mollusques  (2).  Ce  naturaliste  affirme  que  les  Actéons  et  d'au- 
tres Gastéropodes  classés  jusqu'à  présent  parmi  les  Nudibranches, 
au  lieu  d'offrir ,  comme  tous  les  autres  Mollusques  leurs  sem- 
blables ,  des  branchies ,  un  cœur,  des  artères ,  des  veines ,  ne 
présenteraient  plus  aucune  trace  de  ces  organes  qui  seraient 
remplacés  dans  leurs  fonctions  par  le  tube  digestif,  dégradation 
organique  qui  n'avait  été  observée,  jusqu'à  ce  jour,  que  dans 
les  derniers  animaux  de  la  série,  par  exemple  chez  les  Médu- 
ses. Enfin,  la  simplification  organique  serait  poussée,  pour 
ainsi  dire,  jusquà  ses  dernières  limites  dans  ces  Mollusques  , 
puisque  M.  de  Quatrefages  est  très-porté  à  croire  que^  chez 
quelques-uns,  l  appareil  digestif  ne  serait  plus  qu'aune  cavité  à 
une  seule  ouverture  et  que  les  résidus  de  la  digestion  seraient 
rejetés  par  la  bouche  (3). 

Le  seul  énoncé  de  ces  faits  me  semble  démontrer  suffisamment 
qu'ils  sont  en  opposition  avec  toutes  les  notions  acquises  sur 
l'organisation  des  Mollusques  ;  M.  de  Quatrefages  le  reconnaît 
du  reste  lui-même  (4),  et,  puisqu'à  tous  les  faits  connus,  ce 
naturaliste  oppose  ainsi  des  observations  qui  ne  conduiraient  à 

(1)  Voir  \&  réponse  de  M.  de  Quali-efages  ;  éomples  rendus  ,  tome  XIX  ,  page  808. 

(2)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlébentérés  ;  Annales  des  Sciences  naturelles,  3'  sé- 
rie ,  tome  I,  page  168. 

(3)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  plilébenlérés  ;  pages  148,  149  et  173. 
^4)  Comptes  rendus ,-  tome  XIX  ,  page  809. 


'20  RKVUE  ïooLor.igDF..  (  Janvier  1845.) 

lien  moins  qu'au  renversement  de  tous  les  principes  admis  ,  il 
faut  croire  sans  doute  que  ces  observations  reposent  sur  des 
preuves  assez  nombreuses  et  assez  positives  pour  ne  laisser  au- 
cun doute  sur  leur  exactitude  :  c'est  ce  que  je  dois  donc  d'abord 
examiner  ici 

I.  D'après  M.  de  Quatrefages,  les  organes  de  la  circulation 
disparaîtraient  complètement  chez  les  Actéons  ,  et  dans  cinq 
autres  genres  de  Mollusques  gastéropodes  que  ce  naturaliste  a 
décrits  sous  les  noms  de  Zéphyrine  ,  d'Actéonie  ,  d'Amphorine  , 
de  Pavois  et  de  Chalide.  Or,  voici  les  preuves  données  à  l'appui 
de  ce  fait  : 

r  Dans  les  Zéphyrines ,  après  une  description  fort  succincte  de 
ce  genre,  après  avoir  reconnu  que  plusieurs  détails  lui  ont 
échappé  et  qu'il  n'a  pas  une  certitude  entière  relativement  à 
d'autres,  ce  naturaliste  s'exprime  ainsi  au  sujet  des  organes  de 
la  circulation  :  «  Je  n'ai  riea  vu  dans  la  Zéphyrine  qui  pût  être 
»  considéré  comme  représentant  l'appareil  circulatoire.  Je  n'y 
w  ai  distingué  ni  cœur,  ni  artères,  ni  veines,  quelque  soin  que 
»  j'aie  mis  à  les  chercher.  Si  ce  fait  était  isolé ,  je  pourrais 
»  croire  que  Vopacité  des  parties  a  dérobé  ces  organes  à  mes 
»  recherches  ;  mais  nous  le  verrons  se  reproduire  dans  d'au- 
»  très  Mollusques  voisins  qui  laissaient  peu  à  désirer  sous  le 
»  rapport  de  la  transparence.  Je  crois  donc  pouvoir  affirmer 
»  que  Vappareil  circulatoire  manque  ici  totalement  (1).  » 

Ainsi,  pour  ce  premier  genre ,  M.  de  Quatrefages  reconnaît 
que  l  opacité  des  parties  peut  avoir  dérobé  les  organes  de  la 
circulation  à  ses  recherches ,  et  il  n'est  conduit  à  nier  l'existence 
de  ces  mêmes  organes  que  <\^aprés  les  preuves  plus  certaines 
qui  doivent  se  produire  dans  les  genres  suivants. 

2»  Dans  les  Actéons ,  qui  viennent  après  les  Zéphyrines,  M.  de 
Quatrefages  ne  s'exprime  cependant  pas  sur  ce  point  d'une  ma- 
nière plus  positive  ;  car,  après  une  description  également  fort  in- 
complète de  ces  Mollusques ,  il  dit  encore  :  a  Vopacité  des  parois 
»  du  corps  m'a  empêché  de  porter  plus  loin  ces  observations  : 
V  toutefois  je  crois  être  certain  qu'il  n'existe  chez  les  Actéons  ni 
»  cœur,  ni  vaisseaux ,  ni  oi  ganes  respiratoires  proprement 
»  dits  (2).  » 

(1)  Mémoire  sur  les  Gnsléropode»  phléberilérés  ;  page  136. 

(2)  Loc.  cit..  page  142. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  21 

3°  Dans  les  Amphorines  ,  M.  de  Quatrefages  ne  parle  plus  des 
organes  de  la  circulation  que  d'une  manière  tout  à  fait  accessoire, 
à  propos  du  système  nerveux  ,  et  il  se  borne  à  dire  qu'iV  n'en  a 
trouvé  aucune  trace,  sans  entrer  dans  des  explications  plus  satis- 
faisantes à  ce  sujet  (1). 

4"  filnfin ,  ce  naturaliste  ne  fait  même  plus  mention  de  ces 
organes  dans  les  trois  autres  genres,  c'est-à-dire  dans  les  Actéo- 
nies,  les  Pavois  et  les  Chalides  (2). 

M.  de  Quatrefages  affirme  donc  que  cet  appareil  manque  chez 
les  Zéphyrines  et  les  Actéons,  d'après  des  observations  qu'il 
donne  lui-même  comme  incomplètes,  douteuses,  et  qui  ne  peu- 
vent que  l'être,  puisqu'il  résulte  des  citations  ci-dessus  ,  qu'elles 
ont  été  faites  sur  des  animaux  opaques  observés  par  transpa- 
rence (3). 

Il  affirme  que  le  même  appareil  manque  chez  les  Amphorines, 
d'après  des  observations  qui  ne  peuvent  offrir  plus  de  certitude, 
puisqu'elles  n'ont  été  faites  que  sur  un  seul  individu^  de  taille 
microscopique  (4). 

Quant  aux  observations  relatives  aux  Actéonies ,  aux  Pavois  et 
aux  Chalides,  on  doit  conclure  du  silence  que  M.  de  Quatrefages 
garde  au  sujet  des  organes  qui  nous  occupent,  qu'elles  ne  sont 
ni  plus  complètes  ni  plus  certaines  que  les  précédentes. 

En  définitive ,  ce  naturaliste  paraît  donc  nier  les  organes  de  la 
circulation  dans  les  Mollusques  gastéropodes ,  non  pas  parce 
qu'il  se  serait  assuré  d'un  fait  aussi  exceptionnel  d'une  manière 
directe  et  positive,  mais  seulement  parce  que,  chez  des  animaux 
de  ce  type  qu'il  n'a  pu  étudier  la  plupart  que  d'une  manière  fort 
incomplète ,  il  n'aurait  pas  reconnu  l'existence  de  ces  mêmes 
organes. 

Les  faits  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  prouvent,  en 
effet  : 

1°  Que  l'appareil  circulatoire  existe  complètement  chez  les 


(1)  Loc.  cit.,  page  ISO. 

(5)  Loc.  cit.,  pages  144,  153  et  185. 

(3)  M.  de  Quatrefages  a  reconnu  lui-même  riuexactUude  de  ses  observations  sur  tes 
Zéphyrines  ,  depuis  l'apparition  de  ma  Note .  puisqu'il  dit  dans  sa  réponse  ne  plus  com- 
prendre ces  Mollusques  daiis  sou  ordre  des  Phlébenlérés.  (  Comptes  rendus ,  tome  XIX  , 
page  814.) 

(4)  Loc.  cit.,  page  H6.  (L'individu  obserTé  par  M.  de  Quatrefages  n'avait  guère  plus  de 
i  millimètre  de  longueur  ). 


22  REVUE  zooLOGiQOE.  {Janvier  1845.) 

Zéphyrines  ou  Vénilies  (1),  et  que  ces  Mollusques  ne  diffèrent  pas, 
sous  ce  rapport,  des  Éolides; 

2°  Que  cet  appareil  existe  aussi ,  d'une  manière  complète , 
chez  les  Actéons  ;  d'où  il  faut  conclure  qu'il  en  est  de  même  chez 
les  Acte'onies,  si,  comme  le  dit  M.  de  Quatrefages,  ces  Mollus- 
ques ne  diffèrent  pas  des  Actéons  par  leur  structure  anato- 
mique{2). 

3°  Que  les  organes  de  la  circulation  existent  également  chez 
les  Tergipes,  Mollusques  qui  ne  me  paraissent  pas  différer  des 
Amphorines,  ainsi  que  j'ai  cherché  à  l'établir  dans  mon  mé- 
moire ; 

4»  Enfin ,  que  ces  organes  existent  encore  dans  un  Mollusque 
gastéropode  que  j'ai  pu  me  procurer  depuis  ma  première  commu- 
nication à  l'Académie ,  et  qui  m'a  offert  les  plus  grands  rapports 
avec  les  genres  Pavois  et  Chalide. 

Les  faits  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  démontrent 
encore  l'existence  de  l'appareil  circulatoire  chez  les  Cavolines , 
les  Calliopées  et  les  G laucus ,  genres  de  Mollusques  que  M.  de 
Quatrefages  n'a ,  du  reste ,  pas  observés  ,  et  n'a  rapportés  à  son 
ordre  des  Phlébentérés  que  par  analogie  (3). 

Je  puis  de  plus  ajouter  ici  que  mes  observations  sur  ces  Mollus- 
ques s'accordent  avec  celles  de  plusieurs  autres  naturalistes. 
Ainsi ,  MM.  Aider  et  Hancock  ont  signalé  le  cœur  chez  les  Véni- 
lies (4)  ;  MM.  Cantraine ,  Quoy  et  Gaymard  ont  bien  reconnu  cet 
organe  chez  les  Actéons  (5)  ;  M.  de  Blainvillel'a  décrit  chez  les 
Glaucus  (6)  ;  enfin ,  M.  Vérany,  qui  s'occupe  depuis  longtemps  de 
l'étude  des  Mollusques,  et  dont  les  observations  offrent  un  degré 
de  précision  assez  rare  dans  cette  partie  de  la  zoologie,  M.  Vérany 
a  même  compté  les  pulsations  du  cœur  dans  la  plupart  des  genres 

(1)  M.  de  Quatrefages  a  rapporté  le  genre  qu'il  avait  établi  sous  le  nom  de  Zéphirine, 
au  genre  Vénilie  de  MM.  Halder  et  Hancock  ;  mais  il  me  paraît  beaucoup  plus  probable  que 
le  Mollusque  décrit  sous  ce  nom  par  ce  naturaliste  n'était  autre  chose  qu'une  Éolide  ,  car 
le  seul  caractère  qui  distingue  nettement  les  Vénilies  des  Éolides ,  la  position  de  l'anus , 
n'est  donné  que  d'une  manière  extrêmement  douteuse  dans  les  Zéphyrines  ,  et  l'on  peut 
même  dire  que  la  place  que  M.  de  Quatrefages  assigne  à  cet  orifice  ,  au-dessus  du  pied, 
ne  serait  pas  possible. 

(2)  M.  do  Quatrefages  n'a  pu  observer  que  d'une  manière  fort  incomplète  les  Actéonies, 
et  il  se  borne  presque  à  dire  que  la  structure  anatomique  de  ces  Mollusques  lui  a  paru 
entièrement  semblable  à  celle  des  Actéons.  Il  faut  donc  croire  que  c'est  seulement  d'après 
celte  analogie  présumée  que  ce  naturaliste  nie  les  organes  de  la  circulation  dans  les  Ac- 
téonies. 

(3)  Le  genre  Cavoline  ,  fort  mal  déHni  par  les  auteurs,  doit  être  réuni  au  genre  Eolide. 

(4)  Annal,  and  Magaz.  ofnat.  htst.,  tomexill,  page  163. 

(5)  malacologie  méditerranéenne,  page  fi».  —  Voyage  de  l'Astrolabe,  tome  II.  page  317, 
(fi)  Dictionnaire  des  Sciences  nalureUcs .  tome  XIX,  page  36. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  23 

que  je  viens  de  citer  ,  et  dans  des  communications  que  ce  natu- 
raliste a  bien  voulu  m'adresser,  je  trouve  que  le  nonibre  de  ces 
pulsations  est  de  quarante- cinq  à  cinquante  par  minute  chez  les 
Vënilies,  les  Calliopées,  les  Tergipes  et  les  Actëons  ou  Élisies, 
comme  chez  les  Éolides. 

Ainsi  les  assertions  de  M.  de  Quatrefages ,  sur  l'absence  des  or- 
ganes de  la  circulation  dans  les  Mollusques  prétendus  phlében- 
iérés^  se  trouvent  détruites  par  des  observations  plus  complètes 
et  plus  exactes  faites  sur  ces  mêmes  Mollusques. 

Mais  depuis  ,  M.  de  Quatrefages  dit  avoir  constaté  le  même  fait 
(l'absence  de  l'appareil  circulatoire)  chez  plusieurs  autres  Gasté- 
ropodes du  même  groupe.  Dans  sa  lettre,  écrite  de  Messine,  ce 
naturaliste  annonce  que,  dans  vingt  et  une  espèces  étudiées  par 
lui  dans  les  plus  grands  détails,  il  a  pu  s'assurer  que  cet  appa- 
reil n'^eœislait  pas,  même  à  Vélat  rudiment  aire ,  dans  le  plus 
grand  nombre  (1).  On  trouve  même  ,  dans  cetle  communication, 
une  assertion  tout  à  fait  nouvelle,  celle  de  l'existence,  dans 
quelques  espèces,  d'mi  cœur  seulement,  sans  artères  ni  veines, 
disposition  qui  se  rapprocherait,  par  conséquent,  de  celle  que 
présentent  les  organes  circulatoires  chez  les  insectes.  Mais  M.  de 
Quatrefages  s'étant  borné  jusqu'à  présent  à  signaler  ces  faits  d'une 
manière  générale ,  sans  faire  connaître  les  Mollusques  sur  les- 
quels il  les  a  observés,  on  comprendra  qu'il  ne  m'est  pas  pos- 
sible d'opposer  ici  à  ces  nouvelles  observations  mes  observations 
particulières.  J'espère  donc  que  ce  naturaliste  ne  tardera  pas  à 
les  publier  plus  complètement ,  et  qu'il  s'empressera  surtout  de 
mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  ces  nouveaux  faits  qui  parais- 
sent l'avoir  convaincu  de  Vabsence  complète  du  système  vascu- 
laire  dans  ces  Mollusques  (2). 

II.  Je  passe  à  une  autre  assertion  de  M,  de  Quatrefages ,  Vab- 
sence de  veines,  dans  des  Mollusques  qui  auraient  un  coeur  et 
des  artères.  En  effet,  dans  la  théorie  que  propose  ce  naturaliste, 
Tappareil  de  la  circulation  ne  disparaîtrait  pas  brusquement 
dans  les  Mollusques  prétendus  phlébentérés ,  mais  cet  appareil 
présenterait  une  dégradation  progressive  qui  commencerait  par 
le  système  veineux,  et  c'est  ce  genre  de  dégradation  qui  aurait 
lieu  chez  les  Éolides. 

Cl)  Comptes  rendus  ,  tome  XIX  .  pages  190 ,  isi  et  19!. 
(2)  Comptes  rendus  ,  tome  XIX  ,  pagre  8i;. 


2%  REVDE  ZOOLOGIQUE.  {  Jativiev  \ 8^5  ) 

J'ai  déjà  fait  remarquer,  dans  ma  note ,  qu'en  niant  le  sys- 
tème veineux  dans  des  Mollusques  qui  ont  un  cœur  et  des  artères, 
M.  de  Quatrefages  était  conduit  à  admettre,  pour  expliquer  la 
circulation,  que  le  sang  passait  des  extrémités  artérielles  dans 
la  cavité  abdominale  et  de  là  dans  le  ventricule  (1) ,  hypothèse 
qui  est  contraire  aux  notions  les  plus  élémentaires  de  la  phy- 
siologie; mais  il  est  de  plus  très-facile  de  prouver  qu'elle  est  en- 
tièrement erronée.  11  suffît,  en  effet,  d'ouvrir  une  Éolide  par  la 
face  inférieure  ou  par  le  pied  pour  s'assurer  que  ,  chez  ces  Mol- 
lusques, le  cœur  est  disposé  comme  chez  les  autres  Nudibranches, 
c'est-à-dire  que  ta  communication  de  cet  organe  avec  la  cavité 
viscérale ,  communication  décrite  et  figurée  par  M.  de  Quatre- 
fages (2) ,  et  sur  laquelle  repose  toute  sa  théorie,  n'existe  en 
aucune  manière.  On  peut  se  convaincre  de  ce  fait  plus  directe- 
ment encore,  en  injectant,  comme  je  l'ai  déjà  indiqué  ,  l'oreil- 
lette par  le  ventricule;  on  voit  alors  le  liquide  injecté  passer  de 
l'oreillette,  non  point  dans  la  cavité  viscérale,  mais  dans  trois 
grands  vaisseaux,  l'un  postérieur  et  médian ,  les  deux  autres 
antérieurs  et  latéraux,  vaisseaux  auxquels  vient  aboutir  tout  le 
système  veineux  des  branchies  Ces  détails ,  que  l'on  voit  dis- 
tinctement sur  les  dessins  et  sur  les  préparations  anatomiques 
que  je  soumets  à  l'Académie,  mettent  donc  hors  de  doute  l'exis- 
tence d'un  système  veineux  branchial  chez  les  Éolides. 

Il  n'est  également  pas  très-diffîcile  de  démontrer  la  présence 
du  système  veineux  général  chez  ces  Mollusques.  Dans lesgrandes 
espèces  d'Eolides,  en  effet,  on  peut  isoler  les  veines  qui  se  por- 
tent, comme  chez  les  autres  Nudibranches,  des  organes  intérieurs 
vers  la  peau  pour  se  rendre  aux  branchies.  Parmi  ces  veines,  on 
en  distingue  surtout  deux  assez  considérables  qui  rapportent  le 
sang  de  la  masse  buccale  et  qu'on  peut  considérer  comme  les  sa- 
tellites de  l'aorte  antérieure,  ce  que  montrent  encore  mes  des- 
sins et  mes  préparations  anatomiques. 

Du  reste,  dans  de  nouvelles  observations  faites  depiti s  Vappa- 
rition  de  ma  note ,  M.  de  Quatrefages  me  paraît  avoir  reconnu 
lui-même  une  partie  de  la  vérité  sur  ce  point  de  la  discussion, 
puisqu'il  dit  avoir  vu,  sur  des  individus  parfaitement  transpa- 
rents ,  les  globules  du  sang  arriver  en  arriére  du  cœur,  dans 

(1)  Mémoire  sur  rÉolidiue  ;  An.  des  Se.  nat.,  2"  série  ,  tome  MV,  page  29*. 

(2)  J.of„  cit.,  page  290 ,  PL  XI,  fig.  3. 


*  SOCIÉTÉS    SAVANTES.  25 

un  grand  sinus  médio- dorsal.  Seulement ,  ce  naturalisle  com- 
met encore  l'erreur  de  faire  communiquer  ce  sinus  avec  la  cavité 
viscérale  (1  j.  Je  suis  convaincu  que  si  M.  de  Quatrefages  eût  em- 
ployé, comme  je  l'ai  fait,  la  dissection  et  les  injections,  au  lieu 
d'étudier  seulement  ces  animaux  par  transparence,  il  eût  très- 
bien  reconnu  la  véritable  disposilion  de  ce  sinus  ou  vaisseau 
médio-dorsal ,  car  on  peut  l'injecter,  l'ouvrir  dans  toute  sa  lon- 
gueur et  reconnaître  très-distinctement  les  nombreux  orifices  des 
veines  branchiales  qui  s'y  rendent. 

Mieux  éclairé,  sans  doute,  par  ces  nouvelles  observations, 
M.  de  Quatrefages  veut  bien  même  faire  des  concessions  à  ce  su- 
jet :  après  avoir  nié,  d'une  manière  absolue,  le  système  veineux 
chez  les  Éolides ,  ce  naturaliste  croit  devoir  faire  une  réserve 
importante  pour  Vappareil  vasculaire  hranchio cardiaque  qu'il 
comprend  très-bien  pouvoir  exister  dans  ces  Mollusques  (2). 
Je  ne  doute  donc  point  qu'après  une  nouvelle  étude  de  ces  ani- 
maux ,  M.  de  Quatrefages  ne  finisse  par  reconnaître  la  vérité  tout 
entière,  c'est-à-dire  que  les  Eolides  ne  diffèrent  pas,  sous  le  rap- 
port du  système  veineux,  des  autres  Nudibranches  et  de  tous  les 
autres  Mollusques  (3). 

m.  Après  avoir  démontré  que  les  organes  delà  circulation 
existent  dans  les  Mollusques  prétendus  phlébentérés  ,  comme 
dans  tous  les  autres  animaux  du  même  type ,  je  pourrais  peut- 
être  me  dispenser  de  poursuivre  cette  démonstration  pour  les 
organes  de  la  respiration ,  puisque  la  disparition  de  ces  derniers 
ne  serait  qu'une  conséquence  de  celle  des  premiers,  d'après  les 

(1)  Comptes  rendus,  tome  XIX,  page  8t4. 

(2)  Comptes  rendus,  tome  XIX,  page  8lS. 

(3)  Je  crois  devoir  rappeler  de  nouveau  ici  que  l'erreur  commise  par  M.  de  Quatrefages. 
en  niant  le  système  veineux  dans  des  Mollusques  gastéropodes,  provient  probablement 
de  l'idée  inexacte  que  ce  naturaliste  s'est  faite  de  cette  partie  de  l'appareil  circulatoire 
chez  les  animaux  de  ce  type.  M.  de  Quatrefages  parait  croire  que  le  système  veineux  se 
présente  toujours  sous  la  forme  de  vaisseaux  bien  distincts,  tandis  qu'il  n'en  est  généra- 
lement pas  ainsi.  En  effet,  dans  presque  tous  les  Mollusques  et  dans  les  Nudibranebes  en 
particulier,  les  veines  n'ont  celle  forme  que  dans  les  principaux  troncs  qui  rapportent  le 
sang  des  viscères  ou  qui  se  rendent  aux  organes  respiratoires;  les  autres  vaisseaux  vei- 
neux sont  plutôt  des  canaux  creusés  dans  l'épaisseur  ou  dans  l'interstice  des  organes ,  en 
un  mot,  des  trajets  veineux  que  des  vaisseaux  proprement  dits,  particularité  qui  n  été 
bien  reconnue  par  les  anatomistes  qui  se  sont  occupés  des  Mollusques  ,  et  surtout  par 
M.  de  Blainville  {Voir  le  Traité  de  Malacologie,  page  130).  La  distinction  que  l'on  a 
voulu  établir  sous  ce  rapport  entre  les  Mollusques  et  les  Crustacés  n'est  donc  pas  fondée 
uar  celte  forme  du  système  veineux  parait  être  un  fait  général  chez  les  animaux  infé- 
rieurs ;  on  la  retrouve  même  chez  les  animaux  supérieurs  dans  l'épaisseur  des  organe» 
et  des  parenchymes  ,  et  l'embryogénie  nous  démontre  encore  que  c'est  là  la  forme  pri- 
mitive du  sy^icmc  vasculaire,  forme  qui  serait  transitoire  dans  les  uns,  tandis  qu'elle 
deviendrait   permanente  chez  d'autres  animaux  placés  plu."»  bo;-  dam  la  série  zooiogique. 


26  RKVUK  ZOO  LOGIQUE.  (Janvief  1845.) 

idées  théoriques  de  M.  de  Quatrefages  ;  je  vais  cependant  entrer 
dans  quelques  détails  à  ce  sujet. 

.l'ai  déjà  dit ,  dans  ma  note  ,  que  ces  organes  étaient  bien  réel- 
lement représentés  par  les  appendices  dorsaux  chez  les  Éolides 
et  dans  tous  les  autres  genres  qui  appartiennent  à  la  même  fa- 
mille. On  peut  s'en  assurer  en  injectant  le  système  veineux  bran- 
chial et  en  étudiant  ,  par  des  coupes  transversales,  la  structure 
de  ces  appendices.  Si  l'on  emploie  ces  moyens  sur  les  grandes 
espèces  ,  sur  l'Éolide  de  Cuvier  par  exemple,  on  reconnaît  faci- 
lement qu'il  existe,  à  la  surface  de  ces  espèces  de  cirrhes,  un 
réseau  vasculaire  émanant  de  deux  troncs  principaux  qui  régnent 
sur  les  côtés  et  dans  toute  leur  longueur,  et  que  l'on  doit  consi- 
dérer comme  appartenant  aux  divisions  de  l'artère  et  de  la  veine 
branchiales  (1)  ;  c'est  ce  que  mettent  encore  en  évidence  les  pré- 
parations que  je  présente  à  l'académie. 

Quant  aux  Actéons  qui  ne  peuvent,  sous  ce  rapport,  comme 
sous  presque  tous  les  autres ,  être  rapprochés  des  Éolides  ,  je  ferai 
voir  bientôt  aussi  qu'ils  sont  pourvus  également  d'un  appareil 
respiratoire  complet,  tout  à  fait  analogue  à  celui  de  certains  au- 
tres Mollusques. 

IV.  Je  viens  de  prouver  que ,  contrairement  aux  assertions  de 
M.  de  Quatrefages ,  les  organes  de  la  circulation  et  de  la  respira- 
tion existent  dans  les  Mollusques  prétendus  phlébentérés  ;  il  me 
reste  à  faire  voir,  comme  conséquence  nécessaire ,  que  ces  fonc- 
tions ne  peuvent  être  dévolues  à  d'autres  organes  chez  ces. 
Mollusques  ,  ainsi  que  le  prétend  ce  naturaliste. 

En  admettant ,  en  effet ,  la  disparition  des  appareils  circula- 
toire et  respiratoire  dans  les  Mollusques  gastéropodes,  M.  de 
Quatrefages  en  trouve  la  raison  dans  l'existence ,  chez  ces  Mollus- 
ques ,  d'un  appareil  gastro-vasculaire ,  c'est-à-dire  d'un  appa- 
reil vasculaire  émané  de  l'estomac  et  qui  servirait  à  la  fois , 
comme  chez  les  Méduses ,  à  soumettre  au  contact  de  l'air  et  à 
porter  dans  les  diverses  parties  du  corps  les  fluides  élaborés  par 
cet  organe.  Ainsi  ,  pour  me  servir  des  expressions  mêmes  de  ce 
naturaliste ,  la  fonction  de  la  digestion  se  confondrait  ici  avec 
celles  de  la  respiration  et  de  la  circulation  (1) ,  genre  de  dégra- 

(1)  La  disposition  de  ces  vaisseaux  paraît  être  cependant  un  peu  variable  suivant  les 
espèces  ;  ainsi,  dans  une  espèce  que  j'ai  recueillie  dans  les  mers  de  la  Chine,  les  appen- 
dices branchiaux  présentent  une  dilatation  membraneuse  qui  paraît  être  le  siège  principal 
de  la  respiration. 

(1)  Compte»  rendus,  tome  XIX,  page  19;? 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  27 

dation  qui  n'avait  été  observé  jusqu'à  ce  jour,  et  qu'on  n'avait 
cru  possible  que  dans  les  derniers  animaux  de  la  série. 

Mais  une  objection  se  présente  immédiatement  à  cette  théo- 
rie ,  c'est  que  cet  appareil  gastro-vasculaire  qui  formerait  le 
caractère  essentiel^  dominateur  des  phlébentérés  {\  ,  n'existe 
pourtant  pas  dans  tous  ces  Mollusques  ;  et  même,  par  une  contra- 
diction frappante  que  j'ai  déjà  signalée  ,  cet  appareil  manquerait 
précisément  dans  des  phlébentérés  qui  n'offrent  plus  ,  d'après 
M.  de  Quatrefages ,  aucune  trace  des  organes  de  la  circulation  et 
de  la  respiration,  c'est-à-dire  des  organes  qu'il  devrait  suppléer 
dans  leurs  fonctions ,  tandis  que  le  même  appareil  atteindrait , 
au  contraire  ,  son  plus  haut  degré  de  développement  dans  ceux 
de  ces  Mollusques  qui  ont  encore  un  cœur,  un  système  artériel 
complet,  et  des  organes  spéciaux  pour  les  fonctions  respira- 
toires (2). 

La  théorie  proposée  par  M.  de  Quatrefages  est  donc  fausse  au 
point  de  vue  logique  ou  en  principe  ;  il  me  sera  facile  de  faire 
voir,  en  outre ,  qu'elle  n'est  pas  plus  vraie  en  fait .  c'est-à-dire 
qu'il  est  impossible  d'expliquer  comment  les  fonctions  de  la  res- 
piration et  de  la  circulation  pourraient  être  exécutées  par  ce  pré- 
tendu appareil  gastro-vasculaire. 

i°  Pour  la  circulation  ,  il  est  évident  que  l'appareil  chargé  de 
cette  fonction  ne  pourrait  être  remplacé  que  par  un  appareil  dis- 
posé d'une  manière  analogue  ,  c'est-à-dire  pouvant  porter  dans 
toutes  les  parties  du  corps  les  matières  nutritives,  comme  cela 
a  iieu  chez  les  Méduses.  Mais  en  est-il  de  même  chez  les  prétendus 
phlébentérés  ,  et  peut-on  considérer  comme  un  appareil  gastro- 
vasculaire  ^  d'après  le  sens  que  M.  de  Quatrefages  attache  à  ce 
mot ,  un  système  de  canaux  qui ,  de  V estomac  vont  seulement 
dans  le  foie,  et  se  trouvent  même  entièrement  contenus  dans 
V épaisseur  decet  organe  chez  quelques-uns  de  ces  Mollusques  i3)? 
Une  pareille  supposition  est  bien  évidemment  inadmissible. 

Du  reste  ,  M.  de  Quatrefages  paraît  avoir  reconnu  lui-même 

(1)  Comptes  rendus,  t.  XIX,  p.  192. 

(S)  On  peut  s'assurer,  en  outre,  dans  le  Mémoire  même  de  M.  de  Quatrefages,  que 
chez  ces  Mollusques  (les  Éolides)  le  prétendu  appareil  gastro-vasculatre  est  tout  à  fait 
étranger  aux  fonctions  de  la  circulation  et  de  la  respiration.  (Voir  le  Mémoire  sur 
lEolidinn.) 

(3)  Voir  les  dessins  de  M.  de  Quatrefages.  Il  n'est  question  ici  ,  et  dans  la  suite  de  ce 
paragraphe ,  que  des  Éolides  et  des  autres  genres  de  la  même  famille  ,  les  genres  PaTois 
et  Chalidè  n'ayant  pas  d'appareil  gastro-vasculaire ,  et  M.  de  Quatrefages  ayant  pris 
pour  tet  appareil ,  chez,  los  Aciéons ,  le  véritable  appareil  respiratoire. 


28  RKVDK  zooi,oGiQUE.  (Janvier  1845.) 

combien  sa  théorie  était  ici  en  défaut ,  puisqu'il  répond  à  mes 
objections  sur  ce  point  en  citant  les  Entomostracés ,  les  Acariens, 
les  Escharres,  les  Flustres,  etc.,  et  ajoutant  qu'en  présence  de 
tous  ces  animaux  qui  n'offrent  plus  aucune  trace  d  appareil  vas- 
culaire ,  Vahsence  de  veines  ,  de  cœur  et  d'artères  chez  quelques 
Gastéropodes  n'a  plus  rien  d^ étrange  que  d'être  signalée  pour 
la  première  fois  (l  .  D'où  il  faut  conclure  qu'après  avoir  cherché, 
avec  raison  sans  doute  ,  mais  inutilement ,  à  expliquer  l'absence 
des  organes  de  la  circulation  chez  les  phlébentérés  ^  ce  natura- 
liste en  est  venu  à  croire  que  cette  explication  n'est  plus  même 
nécessaire  ;  mais  seulement ,  comme  dans  les  exemples  cités  par 
M.  de  Quatrefages,  savoir  :  les  Escharres,  les  Flustres,etc.,  l'ab- 
sence d'un  appareil  circulatoire  est  le  fait  normal ,  en  rapport 
avec  tout  le  reste  de  l'organisation ,  tandis  que  c'est  tout  le  con- 
traire chez  des  Mollusques  gastéropodes  ,  le  mode  de  raisonne- 
ment employé  ici  par  ce  naturaliste  revient  à  dire  ,  en  l'interpré- 
tant logiquement,  que  les  organes  de  la  circulation  pourraient 
bien  disparaître  chez  des  animaux  supérieurs  ,  puisqu'on  trouve, 
dans  les  derniers  degrés  de  la  série  zoologique ,  des  animaux , 
tels  que  lesEscharresetlesFlustres,quin'enofrrentplusde  traces. 

2°  Il  est  tout  aussi  difficile  d'expliquer  comment  ce  prétendu 
appareil  gastro-vasculaire  pourrait  servir  à  la  respiration  chez 
les  Mollusques  phlébentérés ;  mais,  avant  de  cherchera  le  dé- 
montrer, je  dois  entrer  ici  dans  quelques  détails  préliminaires. 
En  effet,  d'après  M.  de  Quatrefages,  je  n'aurais  pas  bien  saisi 
le  sens  de  ce  qu'ail  a  dit  relativement  à  la  respiration  chez  ces 
phlébentérés  2  ,  et  comme  ce  naturaliste  n'a  cependant  pas  jugé 
à  propos  d'expliquer  sa  manière  de  voir  sur  ce  point  important 
de  la  discussion,  je  me  trouve  obligé  de  suppléer  à  son  silence 
sur  ce  sujet. 

Dans  son  premier  Mémoire  relatif  à  l'Éolidine ,  Mollusque  chez 
lequel  V appareil  gastro-vasculaire  atteindrait  son  plus  haut 
degré  de  développement  (3),  M.  de  Quatrefages  ne  fait  cependant 
jouer  aucun  rôle  à  ce  même  appareil  dans  l'acte  de  la  respira- 
tion ,  puisque  cette  fonction  s'exécuterait  dans  les  appendices 
dorsaux,  à  travers  la  peau  de  ces  appendices. 

(1)  Complet  rendus,  t.  XIX,  p.  815. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  XIX ,  p.  815. 

(3)  Rapport  (le  M.  Milne  Edwards  :  Annales  des  Sciences  naturelles,  3*  série,  t.  F.  p.  16. 


SOClÉriÉS    SAVA.MKS.  29 

Plus  laid,  dans  U-s  Comptes  rendus  de  la  Société  philouinlique, 
M.  de  Qnaliefages  exprime  une  autre  opinion  à  ce  sujet;  ce  n'est 
plus  la  peau  seulement  qui  est  le  siège  de  la  respiration  .  mais  , 
pour  me  servir  des  expressions  mêmes  de  ce  naturaliste,  les  or* 
ganes  chargés  de  cette  fonction  sont  formés  par  deux  poches  con- 
centriques appartenant  l'une  au  tube  digestif,  Vautre  au  système 
tégumentaire{\). 

Dans  son  Mémoire  sur  les  Mollusques  phlébentéréSyM.àe  Qua- 
trefages  émet  encore  une  opinion  différente  ;  ce  n'est  plus  dans 
ces  deux  poches  concentriques  formées  par  la  peau  et  par  Vin- 
testin  (\\xQse  fait  la  respiration,  ma\s  cette  fonction  semble  en- 
tièrement dévolue  au  tube  digestif  âans  la  plupart  de  ces  Mol- 
lusques (les  Éolides,  les  Zéphyrines,  les  Actéons,  les  Actéoniesj, 
tandis  quechezquelquesautres  (les  Pavois  etlesChalidesi,  lapeau 
seule  en  resterait  chargée  (2). 

Enfin  ,  après  de  nouvelles  recherches,  M.  de  Quatrefages  donne 
une  quatrième  opinion  et  dépossède  tout  à  fait  la  peau  des  fonc- 
tions respiratoires  pour  en  charger  exclusivement  le  tube  diges- 
tif (3),  opinion  que  l'on  doit  considérer  comme  celle  à  laquelle 
s'est  arrêté  définitivement  ce  naturaliste  et  qui  est  la  seule  qui 
s'accorde  en  effet  avec  sa  théorie. 

Mais  de  quelle  manière  M.  de  Quatrefages  explique-t-il  la  fonc- 
tion de  la  respiration  ainsi  transportée  dans  le  tube  digestif?  Je 
ne  puis  mieux  faire  encore  ici  que  de  laisser  parler  ce  naturaliste 
lui-même  :  «  Les  organes  respiratoires,  dit-il ,  sont  suppléés  par 
»  un  tube  intestinal  qui  n'est  plus  chargé  seulement  d'extraire 
»  des  aliments  un  chyle  propre  à  enrichir  le  sang  appauvri,  mais 
»  qui  doit  en  outre  faire  subir  au  produit  de  la  digestion  un  de- 
»  gré  de  plus  de  préparation  et  le  soumettre  immédiatement  au 
»  contact  de  Vair  (4)  »  La  même  opinion  se  trouve  reproduite 
dans  le  Rapport  fait  sur  les  travaux  de  M.  de  Quatrefages:  on  lit 
en  effet  dans  ce  rapport  que  «  la  nature  supplée  ,  chez  ces  Mol- 
»  lusques,  à  l'absence  des  vaisseaux  branchiaux ,  en  introduisant 
»  dans  l'économie  une  combinaison  organique  que,  jusqu'en  ces 
»  derniers  temps,  l'on  croyait  appartenir  exclusivement  auxMé 
»  duses  et  à  divers    Helminthes.  En  effet,  la  cavité  digestive 

(1)  Journal  Vlnstilut,  I8ii.  p  33. 

(2)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlébeiilérés ,  pages  167  et  168.  ^ 

(3)  Comptes  rendus,  tome  XIX,  pa^o  192.  * 

(4)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phicbentérés  ,  paçe  167. 


30  RKViJK  zooLOGiguK,   {Jauvier  1845.) 

»  donne  alors  naissance  à  un  système  de  canaux  dont  les  ra- 
»  meaux  pénètrent  dans  les  appendices  branchiformes  du  dos  de 
y>  l'animal  et  y  portent  directement  les  matières  nutritives  qui  , 
»  après  y  avoir  subi  Vinftuence  de  Vair,  doivent  se  distribuer 
)'  dans  les  diverses  parties  du  corps  et  y  servir  à  l'entretien  de  la 
»  vie(l).  » 

Il  résulte  donc  bien,  des  deux  citations  qui  précèdent,  que  la 
respiration  se  ferait  chez  les  Phi  él)  enter  es  dans  les  ramifications 
du  prétendu  appareil  âffls^ro-vascwZmre,  et  que  ces  ramifications 
remplaceraient  les  organes  de  la  respiration,  en  soumettant  im- 
médiatement au  contact  de  Vair  les  matières  nutritives  ;  mais 
comme  ces  mêmes  ramifications  se  trouvent  séparées  de  la  peau  pat* 
le  parenchyne  dufoie  qui  les  enveloppe  de  toutes  parts,  il  faudrait 
admettre ,  comme  je  l'ai  déjà  dit  dans  ma  Note  ,  que  la  respi- 
ration ou  l'oxygénation  des  matières  nutritives  se  ferait  à  tra- 
vers cet  organe ,  ce  qui ,  quels  que  soient  les  'principes  qu'on 
puisse  avoir  en  zoologie  (2),  me  paraît  bien  évidemment  inad- 
missible. 

Le  tube  digestif  ne  peut  donc  pas  plus  être  chargé  de  la  fonc- 
tion de  la  respiration  que  de  celle  de  la  circulation  dans  les  Mol- 
lusques prétendus  phlébentérés  ;  il  ne  peut  pas  plus  l'exercer  en 
totalité  qu'en  partie. 

Enfin ,  si  l'on  se  dégage  de  toute  préoccupation  systématique 
à  ce  sujet ,  j'ai  déjà  fait  voir  qu'il  était  possible  d'assigner  un  rôle 
beaucoup  plus  naturel  à  ce  prétendu  appareil  gastro-vasculaire; 
j'ai  déjà  dit  que  des  canaux  qui  vont  de  V estomac  dans  le  foie , 
et  qui  sont  même  entièrement  contenus  dans  cet  organe  chez  quel- 
ques-uns de  ces  Mollusques,  ne  pouvaient  être  ni  des  organes  de 
circulation,  ni  des  organes  de  respiration,  et  qu'il  était  beaucoup 
plus  simple  de  les  considérer  comme  des  canaux  biliaires.  L'ana- 
logie vient  encore  tout  à  fait  à  l'appui  de  cette  détermination  ; 
car,  chez  les  Doris ,  ces  canaux  biliaires  offrent  un  calibre  si  con- 
sidérable et  s'ouvrent  dans  l'estomac  par  des  orifices  si  larges , 
ainsi  que  le  représentent  les  planches  de  Cuvier  relatives  à  l'ana- 
tomie  de  ces  Mollusques,  que  cette  particularité  a  même  étonné 
cet  illustre  naturaliste  (3). 

(1)  Rapport  d€  M.  Milne  Edwards  ;  Annales  des  Sciences  naturelles,  3'  série ,  tome  I , 
pafe  16. 

(2)  Comptes  rendus,  tome  XIX  ,  page  815. 

(3)  Mémoire  sur  le  genre  Doris ,  page  15  ,  PI.  1,  fig.  3. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  31 

Qu'il  me  soit  maintenant  permis  de  résumer  ici  en  peu  de  mots 
ce  point  capital  de  la  discussion ,  afin  de  pouvoir  apprécier  la 
théorie  proposée  par  M.  de  Quatrefages  sous  la  dénomination  nou- 
velle de  phlébentérisme  (1). 

Dans  un  premier  Mémoire  ,  ce  naturaliste  signale  une  analogie 
complète  entre  le  tube  digestif  des  Méduses  et  celui  desÉolides; 
et  cependant  cette  analogie  n'entre  pour  rien  dans  les  considéra- 
tions physiologiques  qu'il  donne  ensuite  sur  ces  Mollusques  (2). 

Après  de  nouvel  les  recherches,  M.  de  Quatrefages  établit  une 
théorie  entière  sur  cette  même  analogie ,  en  réunissant  tout  un 
groupe  de  Mollusques  sous  le  nom  de  Phlébentérés  (3);etcepen- 
dant  ce  naturaliste  se  trouve  encore  ici  en  contradiction  formelle 
avec  sa  théorie,  puisque  l'intestin  resterait  tout  à  fait  étranger  à 
la  fonction  de  la  circulation  ,  et  ne  participerait  même  que  par- 
tiellement à  celle  de  la  respiration  dans  ces  mêmes  Mollusques. 

Plus  tard ,  M.  de  Quatrefages  formule  sa  théorie  d'une  ma- 
nière plus  logique,  en  disant  que  ,  chez  tous  les  Mollusques  qu'il 
désigne  sous  le  nom  de  Phlébentérés,  la  fonction  de  la  digestion 
se  confond  avec  celles  de  la  respiration  et  de  la  circulation,  et 
que  c'est  là  le  caractère  dominateur  de  ce  groupe  (4);  et  cepen- 
dant la  modification  du  tube  digestif  ou  le  prétendu  appareil 
gastro-vasculaire  qui  représenterait  ce  caractère  dominateur , 
n'existe  pas  même  dans  tous  ces  Mollusques. 

M.  de  Quatrefages  établit,  dans  cette  théorie,  que  la  dégrada- 
tion des  organes  de  la  circulation  et  de  la  respiration  se  trouve 
liée  à  l'existence  de  cet  appareil  gastro-vasculaire  qui  doit  en 
effet  remplacer  ses  organes  dans  leurs  fonctions ,  et  il  signale  en- 
suite une  analogie  complète  entre  la  circulation  de  certains  jP^ie- 
bentérés  et  celle  des  Crustacés  qui  n'ont  pourtant  point  d'appa- 
reil ^asfro-vasctt/aire  (5).  En  même  temps,  ce  naturaliste  retire 
de  son  ordre  des  Phlébentérés  les  Mollusques  qu'il  y  avait  d'abord 
rangés  sous  le  nom  de  Zéphyrines,  Mollusques  chez  lesquels  il  a 
pourtant  décrit  ce  prétendu  appareil  gastro-vasculaire  {'6). 

Enfin ,  après  avoir  reconnu  sans  doute  que  ce  même  appareil 

(1)  Je  ne  puis  discuter  ici  cette  théorie  que  dans  l'application  que  M.  de  Quatrefages  en 
a  faite  aux  Mollusques  qui  font  le  sujet  de  cette  discussion  ;  j'espère  pouvoir  lexaminer 
plus  tard  dans  les  autres  animaux  auxquels  vient  de  l'étendre  ce  naturaliste. 

(2)  Mémoire  sur  TÉolidine  ,  page  292. 

.   (3)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlébentérés. 
(♦)  Comptes  rendus,  tome  XIX  ,  p.  192. 
(8)  Comptes  rendus,  tome  XIX,  p.  815. 
(6)  Comptes  rendus,  tome  XIX  ,  page  8U  (en  note). 


3-2         "       REVUK  zooLOGiQUK.  { Junvier  iSiô.) 

^ttitiro-V(t,^Culaire  ne  pouvait  être  chargé  des  fonctions  qu'il  lui 
avait  assi|;nées,  M.  de  Quatrefages  paraît  abandonner  sa  théorie 
du  phlébenlérisme ,  puisqu'il  compare  les  Mollusques  dont  il  s'a- 
git ici  aux  Escharres,  aux  Flustres,  etc.;  et ,  peu  de  jours  après  , 
il  revient  à  cette  théorie ,  et  soutient  de  nouveau  que  l'appareil 
gastrovasculaire  des  Fhlébentérés  remplit  à  la  fois  le  rôle  d'or- 
gane digestif  et  celui  d'organe  circulatoire  (1  ). 

Toutes  ces  variations  et  toutes  ces  contradictions  ne  prouve- 
raient-elles pas  suffisamment  déjà  que  les  faits  avancés  parM^de 
Quatrefages  ne  se  trouvent  plus  dans  les  limites  de  la  vérité ,  et 
qu'il  en  est  par  conséquent  de  même  des  théories  établies  sur  ces 
faits  par  ce  naturaliste?  ne  viennent-elles  pas  entièrement  à  l'ap- 
pui des  principes  que  j'ai  énoncés  en  commençant ,  savoir  :  que 
des  dégradations  organiques  qui  sont  possibles  dans  certains 
points  de  la  série  deviennent  toutà  fait  impossibles  dans  d'autres; 
que  des  Mollusques  gastéropodes,  par  exemple,  ne  sauraient 
avoir  l'organisation  deZoophytes;  par  conséquent ,  que  des  ani- 
maux semblables  extérieurement  ne  peuvent  pas  différer  d'une 
manière  radicale  dans  leur  structure  intérieure  ?  enfin ,  ne  dé- 
montrent-elles pas  encore  toute  la  vérité  de  ces  paroles  de  l'un 
des  plus  grands  zoologistes  de  notre  époque  :  «  La  nature  ,  dit 
»  Cuvier,  inépuisable  dans  sa  fécondité  et  toute-puissante  dans 
»  ses  œuvres,  si  ce  n'est  pour  ce  qui  implique  la  contradiction , 
B  n'a  été  arrêtée  dans  les  innombrables  combinaisons  de  formes 
»  d'organes  et  de  fonctions  qui  composent  le  règne  animal  que 
»  par  les  incompatibilités  physiologiques  ;  elle  a  réalisé  toutes 
»  celles  de  ces  combinaisons  qui  ne  répugnent  pas  ^  et  ce  sont 
»  ces  répugnances ,  ces  incompatibilités ,  cette  impossibilité 
»  de  faire  coexister  telle  modification  avec  telle  autre ,  quiéta- 
»  blissent  entre  les  divers  groupes  d'êtres  ces  séparations,  ces 
»  hiatus  qui  en  marquent  les  limites  nécessaires  et  qui  consti- 
»  tuent  les  embranchements,  les  classes,  les  ordres  et  les  familles 
»  naturelles  (2)  ?  » 

V.  Il  me  reste  à  répondre  sur  quelques  faits  dont  je  ne  pour- 
rai parler  que  brièvement  ici ,  mais  que  j'ai  exposés  avec  tous  les 
détails  nécessaires  dans  mon  Mémoire. 

{"  J'ai  dit,  dans  ma  Note,  que  ,  dans  tous  les  Mollusques  dé- 

(i)  Moniteur  du  17  norembre  1844. 

(J)  Anatomie  comparée,  tome  I.  page  64. 


SOCIÉTÉS  sjlva;sti-:s.  3S 

«ignés  par  M.  de  Quatrefages  sous  le  nom  de  PhlébentérèSy  Vin* 
testin  proprement  dit  avait  échappé  aux  recherches  de  ce  na- 
turaliste,  ce  qui  lui  avait  fait  assigner  une  position  fausse  à 
Vanus  ou  l'avait  conduit  à  méconnaître  Vtxistence  de  cette 
ouverture  (1). 

En  effet,  dans  les  Éolides  ,  M.  de  Quatrefages  a  pris  pour  l'in- 
testin la  partie  du  tube  digestif  qui  donne  naissance  aux  canaux 
biliaires  (appareil  gastro-vasculaire  de  ce  naturaliste),  c'est-à- 
dire  la  poche  stomacale  ;  ce  qui  lui  a  fait  placer  l'anus  à  l'extré- 
mité postérieure  de  l'animal ,  sur  la  ligne  médiane  (?).  Or  l'in- 
testin ,  très-gros  et  très-facile  à  reconnaître,  est  placé  du  côté 
droit  et  vient  s'ouvrir  du  même  côté,  vers  le  milieu  de  l'animal , 
sur  la  face  dorsale  (3). 

Dans  les  Vénilias  (Zéphyrines),  après  avoir  dit  que  ses  obser- 
vations sur  le  tube  digestif  n'ont  pu  s'étendre  au  delà  de  l'oeso- 
phage ,  M.  de  Quatrefages  parle  d'un  cloaque  situé  en  arrière  de 
la  cavité  abdominale^  et  qui  lui  paraît  être  une  dépendance  de 
V appareil  digestif;  il  dit  avoir  cru  reconnaître  à  ce  cloaque 
un  orifice  ^^'ouvrant  postérieurement  au-dessus  du  pied  (4),  et 
qui  serait  l'orifice  anal ,  détermination  qui  lui  semble  confirmée 
par  ses  observations  sur  les  Actéons  et  les  Actéonies,  et  par  celles 
de  M.  Milne  Edwards  sur  les  Calliopées  (5);  et  cependant  l'exis- 
tence de  cette  ouverture  est  ensuite  tout  à  fait  révoquée  en  doute 
dans  les  conclusions  du  Mémoire ,  puisque  ,  d'après  ce  qu'on  lit 
dans  ces  conclusions,  Vestomac  aveugle  des  Zéphyrines ,  etc., 
rapellerait  exactement  celui  de  la  plupart  des  Médusaires  (fi, . 

(1)  Comptes  rendus,  tome  XIX,  page  365. 

(î)  Mémoire  sur  TÉolidlne,  pages 284,  285;  PI.  AI .  fig.  S.  Du  reste  ,  M.  de  Quatrefapes 
parait  avoir  reconnu  lui-même  son  erreur  sur  ce  point .  depuis  l'apparition  de  ma  Note , 
quoiqu'il  s'exprime  à  ce  sujet  d'une  manière  peu  claire,  dans  une  note  de  sa  réponse. 
{Comptes  rendus,  tome  XIX,  page  811.) 

(3)  Cette  première  erreur,  commise  par  M.  de  Quatrefages,  l'a  conduit  à  une  seconde, 
celle  de  prendre  la  cavité  buccale  pour  l'estomac  ,  ainsi  que  l'ont  observé,  arec  juste 
raison ,  MM.  Halder  et  Hancock  ;  mais  je  ne  puis  mieux  faire  que  d«  citer ,  à  ce  sujet ,  ces 
deux  naturalistes.  «  La  position  ,  disent-ils ,  que  M.  de  Quatrefages  assigne  à  l'estomac ,  en 
»  avant  des  tentacules  dorsaux ,  est  «elle  ou  nous  trouvons  la  cavité  buccale  des  Ëolides. 
»  M.  de  Quatrefages  dit  s'être  assuré  que  c'était  bien  l'estomac  ,  car  il  a  vu  dans  le  même 
«•organe,  chez  un  animal  analogue  à  l'Éolidine,  l'épine  dorsale  d'un  petit  poisson.  Mais 
»  plus  récemment,  dans  la  description  de  l'Acléon  élégant,  M.  de  Quatrefages  dit,  en  par- 
»  tant  de  la  langue  de  ce  Mollusque  .  qui  ressemble  tout  a  fait  à  celle  de  l'Éolide,  qu'il 
»  l'avait  d'abord  prise  pour  une  épine  dorsale  de  petit  poisson.  En  rapprochant  ces  deux 
»  observations,  ne  peut-on  pas  supposer  que  M.  de  Quatrefages  a  réellement  pris  la 
»  bouche  pour  l'estomac?  »  {Annals  andMagaz.  of  nat.  hist. ,  août  i84t.J 

(4)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlébentérés,  page  136.  J'ai  déjà  fait  remarquer  qve 
celte  position  de  l'anus,  au-dessus  du  pied  ,  n'était  pas  possible. 

(6)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlébentérés,  pages  137  et  144 
(6)  I.0C.  cit. ,  page  ns. 

Tome  VIll.  Année  1845.  A 


34  REVUR  zooLor.iQUK.  (Janvier  1845.) 

Or  il  n'existe  dans  ces  Mollusques  rien  d'analogue  à  ce  que  ce 
naturaliste  désigne  sous  le  nom  de  cloaque,  et  les  doutes  qui  se 
trouvent  ensuite  émis  sur  l'existence  de  l'intestin  et  de  l'anus 
n'ont  également  rien  de  fondé ,  cette  partie  du  tube  digestif  étant 
entièrement  semblable  à  ce  que  l'on  voit  chez  les  Éolides;  seu- 
lement ,  l'intestin  se  porte  un  peu  plus  en  arrière  ,  et ,  au  lieu 
de  rester  latéral ,  il  vient  s'ouvrir  sur  la  ligne  médiane. 

Dans  les  Amphorines ,  tout  le  tube  digestif  se  réduirait  à  la 
cavité  buccale  ,  d'après  M.  de  Quatrefages.  Ce  naturaliste  dit , 
en  effet ,  que  Vestomac  n'existe  pas  dans  ces  Mollusques,  et  que 
ce  viscère  est  remplacé  dans  ses  fonctions  par  cette  cavité  buc- 
cale (1).  C'est  dans  cette  même  cavité  buccale  qu'il  fait  aboutir 
les  canaux  biliaires  (l'appareil  gastro-vasculaire)]  enfin,  il  as- 
sure n^avoir  pu  reconnaître  la  moindre  trace  d'ouverture 
postérieure  à  Vappareil  digestif,  et  il  est,  par  suite,  très-porté 
à  croire  que  les  Amphorines  manquent  d'anus  et  que  les  rési- 
dus de  la  digestion  sont  rejetés  par  la  bouche  (2).  Or  la  dispo- 
sition du  tube  digestif  dans  les  Tergipes ,  et  la  terminaison  que 
M.  de  Quatrefages  assigne  aux  canaux  biliaires  (appareil  gastro- 
vasculaire)  dans  la  cavité  buccale  ,  prouvent  encore  ,  d'une  ma- 
nière évidente ,  que  ce  naturaliste  a  pris  l'estomac  pour  cette 
cavité  ,  et  qu'il  n'a  pas  reconnu  l'intestin  dans  ces  Mollusques. 

Dans  les  Pavois  et  les  Chalides ,  l'intestin  manquerait  égale- 
ment ,  d'après  les  descriptions  et  les  figures  données  par  M.  de 
Quatrefages ,  et  ce  naturaliste  dit  encore  qu'î7  est  très-porté  à 
croire  qu'il  n'y  a  pas  d'ouverture  anale  (3).  Or,  dans  le  Mol- 
lusque que  je  crois  pouvoir  rapporter  à  ces  genres  (4) ,  il  est 
très-facile  de  reconnaître  l'intestin  qui  vient  s'ouvrir,  comme 
dans  les  Doris ,  à  la  partie  postérieure  de  la  face  dorsale  de 
l'animal  et  sur  la  ligne  médiane. 

Enfin ,  dans  les  Actéons ,  M.  de  Quatrefages  a  également  dé- 
crit à  la  partie  postérieure  du  corps  un  cloaque  analogue  à 
celui  qu'il  avait  signalé  dans  les  Zéphyrines  ;  il  lui  a  semblé 
y  reconnaître  aussi  une  ouverture  s' ouvrant  en  arrière  entre 
les  replis  branchiaux.  Il  dit  ailleurs  que  cette  ouverture  ,  qui 

(1)  Loc.  cit. ,  page  173. 

(2)  Loc.  cit. ,  page  U9. 

(3)  Loc.  cit. ,  pages  183  et  156. 

(V)  Ces  deux  genres  me  parai^isont ,  en  effel.  deroir  #lre  réunis  *n  «n  seul,  lorwiu'il» 
seront  connns  d'nno  manière  plus  exncle 


SOniÉTÊS     SAVANTES.  55 

sfîrait  l'anus,  est  placée  à  la  partie  postérieure  et  médiane  du 
corps  ;  enfin  ,  il  a  cru  distinguer  un  canal  étroit  et  sinueux  se 
rendant  de  la  poche  stomacale  à  V organe  quHl  désigne  sous  le 
nom  de  cloaque  (1).  Or,  comme  je  Tai  déjà  dit  dans  ma  Note  , 
aucun  de  ces  détails  n'est  exact ,  et  la  courte  description  que  je 
vais  bientôt  donner  du  tube  digestif  dans  les  Actéons  prouvera  , 
ce  que  j'ai  avancé  dans  cette  Note  ,  que  cet  appareil  a  presque 
entièrement  échappé  aux  recherches  de  M.  de  Quatrefages. 

Il  résulte  donc  de  ce  qui  précède  que,  dans  tous  les  Mollusques 
prétendus  phlébentérés^  W.  de  Quatrefages  n'avait  donné  sur  l'in- 
testin, et  même  sur  d'autres  parties  de  l'appareil  digestif,  que  des 
déterminations  inexactes ,  ou  bien  avait  émis  a  ce  sujet  des  doutes 
qu'il  était  important  de  faire  disparaître.  Or,  en  rectifiant  ou  en 
complétant  les  observations  de  ce  naturaliste  sur  ce  point ,  com- 
ment puis-je ,  ainsi  qu'il  le  dit  dans  sa  réponse ,  n'avoir  fait 
que  reproduire  ce  qui  était  déjà  imprimé  dans  ses  propres  Mé- 
moires (2)? 

On  voit  aussi ,  par  les  détails  que  je  viens  de  donner,  coiribien 
sont  peu  fondées  toutes  ces  analogies  que  M.  de  Quatrefages 
a  signalées ,  sous  ce  rapport ,  entre  les  prétendus  Phlébentérés 
et  les  Annelés,  les  Nymphons,  les  Planaires,  les  Sangsues,  etc.  (3)  ; 
ces  analogies  ne  reposant  en  effet,  comme  je  crois  le  démontrer 
dans  mon  Mémoire  ,  que  sur  des  hypothèses ,  des  doutes  ou  des 
assertions  erronées. 

7°  J'ai  dit  aussi  dans  ma  Note  que  la  description  donnée  par 
M.  de  Quatrefages  de  l'apparei)  gastro-biliaire  (appareil  gastro- 
vasculaire  de  ce  naturaliste)  dans  les  Éolides ,  était  tout  à  fait 
inexacte,  et  que  les  canaux  partis  de  la  cavité  stomacale  n'abou- 
tissaient jamais  à  ce  canal  marginal ,  qu'il  a  figuré  et  qu'il  com- 
pare à  celui  des  Méduses.  BI.  de  Quatrefages  n'ayant  rien  ré- 
pondu à  mes  observations  critiques  sur  ce  point,  je  dois  en 
conclure  qu'il  s'est  assuré  qu'elles  étaient  fondées. 

3**  .l'ai  également  avancé  que  la  conformation  des  organes  de 
la  génération  ne  ressemblait  en  rien  ,  chez  les  Mollusques  j^^i/e*'- 
bentérés,  à  la  description  que  M.  de  Quatrefages  en  a  donnée.  On 
ne  trouve  en  effet  dans  aucun  de  ces  Mollusques  le  tube  ovarien 
et  le  sac  testiculairt  dont  parle  ce  naturaliste  ;  cette  disposition 

(f)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlébentérés  ,page  l«. 

(S)  Complet  rendus .  tome  XIX  ,  page  810. 

(S)  Mémoire  sur  les  Gastéropodes  phlt^bentérés  ,  pape  176 


36  REVUE  zooLOGiQCB.  { /awvîcr  1845.  ) 

de  l'appareil  générateur  n'a  même  pas  été  observée  jusqu'à  pré- 
sent dans  les  animaux  de  ce  type. 

Chez  les  Éolides,  et  dans  tous  les  genres  de  la  même  famille  , 
cet  appareil  est  entièrement  analogue  à  celui  des  autres  Mol- 
lusques nudibranches. 

H  se  compose,  pour  le  sexe  femelle,  d'un  ovaire  en  grappe (1), 
d'un  premier  oviducte  naissant  par  des  ramifications  de  cet 
ovaire,  et  d'un  second  oviducte  plus  large ,  à  parois  gélatineuses 
et  comme  boursouflées  dans  la  dernière  partie  de  son  trajet , 
réuni  par  des  circonvolutions  très-serrées  en  un  organe  globu- 
leux qui  occupe  la  partie  antérieure  de  la  cavité  abdominale  (2). 
Ce  second  oviducte ,  que  l'on  désigne  aussi  sous  le  nom  de  ma- 
trice ,  reçoit ,  près  de  sa  terminaison ,  le  canal  d'une  vésicule 
analogue  à  celle  que  l'on  trouve  dans  la  plupart  des  Mollusques , 
et  qui  est  connue  sous  les  noms  de  vésicule  de  la  pourpre,  vési- 
cule copulatrice,  etc.,  mais  dont  les  fonctions  n'ont  pas  encor» 
été  bien  déterminées. 

Le  sexe  mâle  est  représenté  par  un  tube  entortillé  qui  s'abou- 
che avec  le  premier  oviducte  par  une  de  ses  extrémités,  et  qui 
aboutit  par  l'autre  à  la  verge.  Celle-ci  est  formée  par  un  organe 
creux  et  exsertile ,  comme  dans  beaucoup  d'autres  Mollusques. 

Les  deux  orifices  de  cet  appareil ,  celui  de  la  verge  et  celui  de 
l'oviducte,sont  ordinairement  placés  sur  un  tubercule  commun, 
situé  du  côté  droit.  Les  Calliopées  font  exception  à  cette  disposi- 
tion ,  ainsi  que  l'a  ,  le  premier,  observé  M.  Vérany  ;  ces  deux  ou- 
vertures sont ,  en  effet,  séparées,  celle  de  l'oviducte  restant  à  sa 
position  normale  ,  tandis  que  celle  de  la  verge  se  trouve  un  peu 
plus  en  avant ,  à  la  base  du  tentacule. 

La  communication  que  j'ai  signalée  entre  le  sexe  mâle  et  le 
sexe  femelle,  communication  qui  paraît  exister  dans  tous  le» 
Mollusques  hermaphrodites,  mais  qui  n'avait  été  indiquée  jus- 
qu'à présent  que  d'une  manière  fort  vague ,  prouverait  que  ces 
Mollusques  peuvent  se  féconder  eux-mêmes ,  quoique  ayant  be- 
soin ,  pour  cela  ,  d'un  accouplement  réciproque. 

4°  Enfin  ,  les  faits  que  j'expose  dans  mon  mémoire  prouveront 

(1)  La  situation  de  cet  oTaire  à  la  partie  postérieure  de  la  cavité  abdominal»  me  porta 
a  eroire  que  c'est  cet  organe  que  M.  de  Quatrefagea  désigne  sous  le  nom  de  cloaque  dan» 
la  plupart  de  ces  Mollusques. 

(«)  Cette  partie  de  l'appareil  générateur  me  parait  être  celle  que  CuTier  a  prise  poar  If 
testicule  dans  les  Tritonies  et  quelques  autres  Mollusques  nudibranches. 


SOCIÉTÉt    SAVANTES.  37 

«Acore ,  j'espère ,  que  les  assertions  de  M.  de  Quatrefages  sont 
inexactes  sur  plusieurs  autres  points  de  l'anatomie  des  prétendus 
Phlébentérés,  et  notamment  sur  les  organes  de  la  circulation 
chez  les  Éolides,  ainsi  que  sur  le  système  nerveux  qui  est  aussi 
parfait  et  aussi  compliqué  dans  ces  Mollusques  que  dans  tous  les 
autres  Gastéropodes  (1). 

VI.  J'ai  réservé,  dans  les  paragraphes  précédents,  les  faits  re* 
latifs  à  l'anatomie  du  genre  Actéon  ;  ici ,  en  effet ,  comme  dans 
ma  note ,  je  crois  devoir  consacrer  un  paragraphe  spécial  à  ce 
curieux  Mollusque. 

D'après  M.  de  Quatrefages,  mes  observations  critiques  sur  ce 
genre  Actéon  ne  seraient  nullement  fondées ,  et  le  peu  de  faits 
que  f  ai  exprimés  à  ce  sujet  manquerait  d'exactitude  (2).  Il  est 
cependant  à  remarquer  que  ce  naturaliste,  qui  dit  posséder  une 
anatomie  très-dét aillée  de  ce  Mollusque^  n'ait  répondu  par  au- 
cun fait  précis  à  mes  assertions  et  à  mes  critiques.  Je  vais  donc 
compléter  ici ,  autant  que  me  le  permettent  les  limites  de  cet  ex- 
trait de  mon  travail,  les  détails  que  j'ai  déjà  donnés  dans  ma 
note. 

1«>  La  poche  dorsale  que  M.  de  Quatrefages  a  prise  pour  l'esto- 
mac n'a,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  aucune  communication  avec  le 
tube  digestif  ;  c'est  une  poche  pulmonaire  tout  à  fait  analogue  à 
celle  des  Mollusques  terrestres,  ce  qui  s'accorde  entièrement  avec 
les  habitudes  des  Actéons,  habitudes  qui  rappellent  celles  des 
Pulmonés  fluviatiles,  lesLymnées,  les  Planorbes,  les  Physes. 
Par  conséquent,  les  canaux  ramifiés  qui  partent  de  cette  poche, 
et  dont  M.  de  Quatrefages  fait  son  appareil  gastro-vasculaire  ^ 
sont  des  canaux  aériens  dont  j'ai  cherché  à  expliquer  l'usage  dans 
mon  mémoire. 

2"  L' Actéon  a  un  appareil  circulatoire  complet.  Le  cœur  est 
situé  en  avant  de  la  poche  pulmonaire  ,  sur  la  ligne  médiane,  et 
occupe  ,  par  conséquent ,  la  même  place  que  chez  les  Éolides  et 
les  autres  Nudibranches.  Il  adhère  en  arrière  par  son  oreillette  à 
la  paroi  supérieure  de  la  cavité  pulmonaire ,  et  donne  naissance 
en  avant  à  l'aorte  qui  se  porte  vers  la  partie  antérieure  de  l'ani- 
mal ,  traverse  le  collier  nerveux  et  se  perd  dans  la  masse  buccale , 
après  avoir  fourni ,  dans  son  trajet ,  une  branche  profonde  pour 

(1)  Rapport  d«  M.  Milne  Edwards  déjà  cité  ,  page  1«. 
(1)  Comptes  rtnduê  ,  tome  XIX  ,  page  817. 


38  REvoE  zooLOGiQDE.  {Janvier  1845.) 

les  viscères.  Cet  organe  est  contenu  dans  un  péricarde ,  et  offre 
la  même  forme  et  la  même  structure  que  dans  tous  les  autre» 
Mollusques  gastéropodes  (1). 

3°  J'ai  dit,  dans  ma  note  ,  que  tout  le  tube  digestif,  à  partir 
de  la  cavité  buccale  (2),  avait  échappé  aux  recherches  de  M.  de 
Quatrefages  ;  voici  quelques  détails  à  ce  sujet  :  après  avoir  tra- 
versé l'anneau  nerveux,  l'œsophage,  d'un  très-petit  calibre, 
offre  une  petite  dilatation  arrondie  qui  forme  comme  un  premier 
estomac  ;  presque  immédiatement  après ,  il  se  dilate  de  nouveau 
en  une  poche  stomacale  beaucoup  plus  considérable,  profondé- 
ment située  au-dessous  de  la  partie  antérieure  de  l'appareil  géné- 
rateur, à  peu  près  au  niveau  du  cœur.  De  la  partie  supérieure  de 
cette  poche ,  et  près  du  point  où  aboutit  l'œsophage ,  part  l'intes- 
tin qui  se  porte  d'abord  un  peu  en  avant ,  contourne  l'appareil 
de  la  génération  et  se  dirige  ensuite  en  arrière ,  et  du  côté  droit , 
pour  venir  s'ouvrir  du  même  côté,  non  loin  de  la  ligne  médiane» 
Cette  ouverture ,  marquée  par  un  petit  tubercule  saillant ,  se 
trouve  placée  uji  peu  en  avant  de  l'orifice  pulmonaire. 

Le  foie  est  formé  par  une  matière  verdâtre  qui  se  trouve  ré- 
pandue partout  sous  la  peau  et  dans  Finterstice  des  organes  ; 
c'est,  par  conséquent,  au  foie  qu'est  due  la  couleur  verte  de  ce 
Mollusque.  Lorsqu'on  étudie  une  partie  de  ce  viscère  à  un  faible 
grossissement ,  on  voit  qu'il  est  formé  de  petits  cœcums  ramifiés 
qui  ont  assez  bien  l'apparence  de  certains  végétaux  inférieurs. 
Les  principaux  canaux  qui  en  résultent  viennent  se  rendre  dans, 
deux  canaux  plus  considérables  qui ,  de  l'extrémité  postérieure 
du  corps  de  l'animal ,  se  portent  en  avant,  de  chaque  côté  de  la 
ligne  médiane ,  pour  venir  s'ouvrir  dans  la  poche  stomacale. 

4'*  Enfin,  l'appareil  reproducteur,  composé  des  deux  sexes 

,•^1)  Les  pièces  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  prouveront,  d'une  manière  évi- 
(leiUe ,  que  je  n'ai  pris  pour  le  cœur ,  dans  l'Actéon  ,  ni  la  vésicule  copulatrice  ,  ni  la 
vésicule  séminale  .  dont  parle  M.  de  Quatrefages  (voiries  Comptes  rendus  ,  tome  XIX  . 
page  817);  ce  qui  ressort,  dn  reste,  suflisamment  des  détails  que  je  viens  de  donner  sur 
ce  point.  Outre  qu'il  me  sera  facile  de  démontrer  que  ces  deux  vésicules  n'existent  pas. 
riiez,  l'Actéon  (du  moins  à  la  position  qu'indique  M.  de  QuatrofaRes  pour  la  première)  .  le 
cfBurs'en  distingue  si  facilement  sous  tous  les  rapports  .  et  surtout  par  ses  connexions, 
que  je  comprends  difficilement  que  ce  naturaliste  ait  pu  maltribuer  une  erreur  sem- 
blable. Il  suflit .  en  effet,  d'avoir  vu  une  seule  fois  le  cœur  d'un  Mollusque  gastéropode 
pour  qu'il  soit  impossible  de  le  confondre  avec  une  vésicule  quelconque ,  pourvu  louJe- 
fois  qu'on  no  se  borne  pas  à  reconnaître  ces  parties  par  tran,sparence. 

(2)  I.a  description  que  M.  de  Quatrefages  donne  de  celle  cavité  buccale  et  la  position 
qu'elle  aurait  d'après  ses  figures,  diffèrent  encore  tellement  de  ce  que  j'ai  vu  moi-même  , 
que  je  suis  iras-portc  a  croire  que  cette  portion  du  tube  digestif  a  aussi  échappé  à  ses 
îocljenhes. 


SOCIETES    SAVANTES.  39 

comme  chez  les  Pulmonés  et  les  Nudibranches  ,  offr«  la  disposi- 
tion suivante  chez  les  Actéons  ; 

L'ovaire  est  formé  par  un  grand  nombre  de  petits  corps  ar- 
rondis, vësiculeux,  disposés  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane 
en  une  grappe ,  ayant  entièrement  l'apparence  d'une  grappe  de 
raisin  (1).  L'oviducte  unique  qui  en  résulte,  après  avoir  traversé 
un  renflement  ovoïde,  se  continue  avec  un  second  oviducte 
analogue  à  celui  dont  j'ai  déjà  parlé  à  propos  des  Éolides ,  etc. , 
mais  off"rant  un  nombre  de  circonvolutions  beaucoup  moins  con- 
sidérable. Cette  espèce  de  matrice .  après  avoir  reçu  également 
Iç  canal  d'une  vésicule  (vésicule  de  la  pourpre) ,  s'ouvre  du  côté 
droit ,  dans  un  sillon  qui  descend  du  tubercule  de  l'anus  vers  la 
lace  inférieure  de  l'animal. 

La  partie  mâle  est  également  formée  de  deux  parties  similaires, 
situées  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane  ,  et  ayant  une  dispo- 
sition ramifiée.  Le  canal  déférent  qui  en  part,  après  avoir  com- 
muniqué avec  le  premier  oviducte,  se  dirige  en  avant  pour  s« 
rendre  à  l'extrémité  de  la  verge  qui,  comme  je  l'ai  déjà  indiqué, 
est  située  du  côté  droit,  à  la  base  du  tentacule  (2). 

D'après  les  détails  que  je  viens  de  donner  sur  l'organisation 
des  Actéons ,  détails  que  mettent  en  évidence  les  préparations 
que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie ,  on  peut  voir  que  ce 
genre  de  Mollusques  ressemble  fort  peu  aux  descriptions  qu'en 
ont  données  les  divers  naturalistes  qui  s'en  sont  occupés,  ce  qui 
a  dû  nécessairement  induire  en  erreur  sur  ses  affinités  zoolo- 
giques (3).  En  effet,  il  me  paraît  s'éloigner  également  des  Aply- 

(1)  Ce  sont  ces  corps  vésiculcux  que  M.  de  Qualrefages  a  considéré  comme  une  dépen- 
dance de  son  appareil  gastro-vasculaire ,  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  caecums  bran- 
chiaux; miiis,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  ces  prétendus  cœcums  ne  communiquent  nulle- 
ment avec  les  ramincations  de  la  pucbe  pulmonaire,  et  n'offrent  également,  en  aucune 
manière  ,  la  disposition  que  ce  naturaliste  leur  assigne  dans  ses  flgures. 

(S)  La  partie  mâle  de  l'appareil  générateur  me  parait  être  celle  que  M.  de  Quatrefages 
désigne  en  dernier  lieu  comme  l'ovaire  (Comptes  rendus,  t.  XIX,  p.  191).  autant  qu'il 
est  possible  d'en  juger  par  le  seul  détail  qu'il  donne  a  ce  sujet ,  en  disant  que  les  ovaires 
pénètrent  entre  les  deux  lames  des  rames  respiratriccs  latérales  ,  et  que  leurs  ra- 
mincations se  mêlent  à  celles  de  V appareil  gastro-vasculaire.  Quant  aux  organes  mft- 
les  ,  ce  naturaliste  se  borne  à  indiquer  leur  position  dans  le  corps  proprement  dit,  ce 
qui  suffit  cependant  pour  faire  voir  qu'il  a  encore  confondu  ces  organes  m&les  avec  le  se- 
cond oviducte  ou  la  matrice. 

{^)  Les  caractères  zoologiques  de  l'Actéon  n'ont  même  été  donnés  jusqu'à  présent  que 
d'une  manière  fort  inexacte.  Je  dois  cependant  dire  de  nouveau  que  M.  Vérany  avait  par- 
faitement reconnu  ces  caractères  ,  et  même  l'orifice  de  la  poche  pulmonaire  ,  bien  avant 
que  j'eusse  fait  l'anatomie  de  ce  Mollusque.  M.  le  professeur  Allman  a  présenté  ,  le  30  sep- 
tembre dernier,  à  la  section  de  Zoologie  et  de  Botanique  de  l'Association  britannique  ,  un 
Mémoire  sur  l'anatomie  de  l'Actéon.  Voici  la  «eule  note  que  renferme,  a  ce  sujet ,  le  jour- 
nal lAtheHCBum  du  19  octobre  :  «  Sur  l'anatomie  de  VActeon  viridts  .  par  M.  le  profee- 


-ÎO  REVCE  zooLOGiQtË.  [Janckf  1845.; 

siens ,  parmi  lesquels  l'ont  rangé  le  plus  grand  nombre ,  cît?» 
Planaires  avec  lesquelles  Délie  Chiaje  a  cru  lui  trouver  de  Ta- 
nalogie,  et  des  Éolidiens  dont  l'a  rapproché  en  dernier  lieu 
M.  de  Quatrefages.  La  disposition  de  l'appareil  respiratoire  doit 
!e  faire  placer  à  coté  des  Mollusques  pulmonés  fluviatiles,  et  sur- 
tout auprès  des  Onchidies.  Les  Actéons  se  rattacheraient  cepen- 
dant aux  Nudibranches  par  quelques  points  de  leur  histoire  ; 
car  ,  d'après  des  observations  fort  intéressantes  faites  par  M.  Yé- 
lany,  qui  a  bien  voulu  me  les  communiquer,  ces  Mollusques 
offriraient,  dans  le  premier  âge,  la  particularité  observée  par 
MM.  Sars  et  Yan  Beneden  chez  les  Éolides,  les  Doris  ,  les  Trito- 
uies  ,  les  Aplysies,  etc. ,  c'est-à-dire  d'être  contenus  dans  une 
coquille  nautiloïde  et  operculée. 

En  terminant  cet  extrait,  auquel  l'obligation  de  répondre  à  la 
note  lue  le  21  octobre  dernier  par  M.  de  Quatrefages,  m'a  fait 
donner  une  étendue  plus  considérable  que  je  n'aurais  désiré ,  je 
rappellerai  ce  que  je  disais  en  commençant,  que  la  question  qui 
fait  le  sujet  de  la  discussion  actuelle  ,  et  que  l'Académie  est  ap- 
pelée à  juger  ,  est  avant  tout  une  question  de  faits  et  non  une 
question  de  théories. 

Il  s'agit  de  savoir  si  les  appareils  de  la  respiration  et  de  la  cir- 
culation peuvent  disparaître  complètement  ou  partiellement 
chez  des  Mollusques  gastéropodes; 

vSi,  chez  ces  animaux,  ces  mêmes  appareil»  peuvent  être  rem- 
placés dans  leurs  fonctions  par  le  tube  digestif,  ainsi  que  cela  a 
lieu  chez  les  plus  simples  presque  des  Zoophytes. 

Enfin  ,  si  la  simplification  organique  peut  être  même  poussée 
si  loin  dans  ces  mêmes  Mollusques,  que  des  Gastéropodes  se 
trouveraient  abaissés-  au  rang  des  organismes  les  plus  dégradés. 
Les  faits  que  je  soumets  à  l'Académie  me  paraissent  détruire 
d'une  manière  complète  toutes  ces  assertions  de  M.  de  Quatre- 
fages. Cependant  ce  naturaliste  a  promis,  lui  aussi,  de  présenter 
des  preuves  à  l'appui  de  ces  mêmes  assertions  ;  j'espère  qu'il 
reinplira  sa  promesse ,  et  alors  l'Académie  pourra  juger  en  un 
instant  de  quel  côté  se  trouve  la  vérité. 

)»  seur  Allraan.  —  L'anleiir  contredit  les  assertions  de  M.  de  Oualrefages  relativement  s 
*  de  nombreux  points  de  l'anatomie  de  ce  petit  Mollusque ,  et  à  la  place  qui  lui  a  été  assi- 
»  gnée  par  le  naturaliste  français  dans  son  nouvel  ordre  des  Phlébentérés.  »  Je  ne  puis 
donc  savoir  jusqu'à  quel  point  mes  observations  concordent  avec  celles  de  M.  le  professear 
Allmsn  ;  je  vois  seulement  que  je  me  trouve  tout  à  fait  d'accord  avec  le  naturaliste  anglfti*, 
3i«l»Uvem9nl  au  travail  de  M.  de  Quatrefages  tur  le  même  sujet 


SOCIÉTÉS    SAVAiNTKS.  M 

Pendant  la  lecture  d'une  grande  partie  de  ce  travail ,  on  a  mis 
60US  les  yeux  des  membres  de  l'Académie  de  magnifiques  plan- 
ches représentant  les  faits  énoncés  par  M.  Souleyet,et  Ton  voyait 
sur  le  bureau  les  bocaux  contenant  les  diverses  dissections  et  pré- 
parations des  Mollusques  étudiés  par  cet  habile  anatomiste. 

Les  observations  de  M.  Souleyet,  présentées  simplement  et  avec 
la  conviction  d'un  homme  consciencieux,  qui  a  vu  et  revu  avec 
grand  soin  tous  les  faits  qu'il  avance ,  ont  été  écoutées  avec  inté- 
rêt par  les  personnes  compétentes  qui  composent  l'Académie  des 
sciences  ou  assistent  à  ses  séances.  L'une  d'elles ,  le  rédacteur  du 
feuilleton  scientifique  du  JSational  (mercredi  15  janvier),  a 
formulé  d'une  manière  si  exacte,  si  claire  et  si  originale,  l'im- 
pression produite  par  ce  mémoire,  que  nous  croyons  ne  pouvoir 
mieux  faire  que  de  copier  cet  article. 

a  On  sait  qu'il  existe  entre  MM.  Souleyet  et  Quatrefages  un  dis- 
sentiment profond  touchant  l'organisation  de  ces  mollusques  que 
M.  Quatrefages  désigne  collectivement  sous  le  nom  de  phlében- 
térés,  lesquels,  suivant  ce  dernier,  seraient  plus  ou  moins  dé- 
pourvus d'organes  respiratoires  et  circulatoires  et  posséderaient 
un  tube  intestinal  qui  suppléerait  à  leur  défaut  ou  à  leur  imper- 
fection, amsi  que  cela  se  voit  chez  certains  animaux  très-infé- 
rieurs ,  tels  que  les  méduses.  M.  Quatrefages ,  dans  son  ardeur 
de  simplification ,  avait  même  été  jusqu'à  prétendre  que  chez 
quelques-uns  de  ces  mollusques  le  tube  digestif  n'avait  pas  d'ou- 
verture postérieure,  et  que  les  résidus  de  la  digestion  devaient 
être  rejetés  par  la  bouche;  d'où  l'auteur  concluait  que  la  classe 
des  gastéropodes,  au  lieu  d'offrir  un  type  organique  uniforme , 
présentait  toute  la  série  de  modifications  et  de  dégradations  or- 
ganiques qui  séparent  ces  mollusques  des  derniers  zoophytes, 
résultat  qui  conduisait  à  cette  autre  conclusion,  savon-  :  que  les 
rapports  admis  jusqu'à  ce  jour  entre  les  caractères  extérieurs  d'un 
animal  et  son  organisation  intérieure,  rapports  qui  servent  de 
base  à  la  zoologie  et  à  l'anatomie  comparée  ,  n'ofllrent  plus  aucune 
certitude  :  qu'un  mammifère  ,  par  exemple  ,  pourrait  offrir  l'or- 
ganisation d'un  oiseau ,  un  oiseau  celle  d'un  reptile,  d'un  pois- 
son, etc.;  enfin  on  ne  serait  jamais  certain  de  connaître  l'orga- 
nisation d'un  animal  sans  l'avoir  disséqué ,  et  l'on  ne  pourrait 
jamais  conclure  d'une  espèce  à  une  autre ,  et  même  aux  autres 
individus  de  la  même  espèce. 


42  REVUK  zooLOGiQuii.   {Janviev  1845.) 

»  Heureusement  que  les  études  de  M.  Quatrefages  n'étaient 
qu'incomplètes ,  et  l'Académie  a  pu  voir  dans  les  préparations  . 
que  lui  a  soumises  M.  Souleyet,  que  les  organes  de  la  circulation 
et  de  la  respiration ,  niés  par  M.  Quatrefages ,  existaient  au  plus 
haut  degré  dans  ces  mêmes  Mollusques ,  dits  phlébentérés.  Elle 
a  pu  se  convaincre  également  que  ces  fonctions  sont  toujours 
exécutées  par  des  appareils  particuliers ,  comme  dans  tous  les  au- 
tres Mollusques  ,  et  les  planches  de  M.  Souleyet  démontrent  que 
la  modification  du  tube  digestif,  à  laquelle  M.  Quatrefages  a 
donné  le  nom  d'appareil  gastro-vasculaire,  et  qui,  selon  lui, 
joue  le  rôle  d'organe  circulatoire  et  respiratoire,  n'est  autre  chose 
qu'une  série  de  canaux  qui  vont  de  l'estomac  dans  le  foie,  sont 
même  entièrement  contenus  dans  l'épaisseur  de  cet  organe  chez 
certains  Mollusques  ,  et  que  ce  sont  de  véritables  canaux  biliaires. 
Nous  faisons  grâce  aux  lecteurs  des  contradictions  qu'a  relevées 
M.  Souleyet,  et  desquelles  il  résulte  que  les  théories  imaginées 
par  M.  Quatrefages  ne  reposent  que  sur  des  erreurs  ;  nous  nous 
bornerons ,  pour  en  finir  sur  ce  point ,  à  rappeler  les  termes  dans 
lesquels  son  travail  a  été  apprécié  par  une  commision  de  l'Aca- 
démie dans  la  séance  du  15  janvier  1844. 

«  Les  recherches  de  M.  de  Quatrefages  sur  les  gastéropodes  phlé- 
bentérés conduisent,  comme  on  le  voit,  à  des  résultats  très-im- 
portants pour  l'histoire  des  Mollusques  ;  et ,  parmi  les  travaux 
dont  cette  branche  de  la  zoologie  s'est  enrichie  depuis  quelques 
années ,  il  n'en  est  peut-être  aucun  qui  renferme  un  nombre  plus 
considérable  de  faits  nouveaux  et  curieux...  Il  s'est  montré  (M. 
Quatrefages)  bon  observateur  et  anatomiste  habile.  Les  sujets  de 
ses  investigations  ont  été  heureusement  choisis,  et  les  conclusions 
qu'il  en  a  tirées  font  preuve  d'un  jugement  droit  et  de  connais- 
sances étendues.  Ses  travaux  lui  assurent  déjà  un  rang  des  plus 
élevés  parmi  nos  jeunes  naturalistes,  et  doivent  lui  valoir  des 
encouragements  de  la  part  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'ave- 
nir de  la  zoologie  physiologique  en  France.  La  commission  de- 
mande pour  lui  la  faveur  la  plus  grande  dont  l'Académie  puisse 
disposer,  c'est-à-dire  les  honneurs  de  l'impression  daiis  le  Recueil 
des  savants  étrangers,  » 

»  Et ,  dans  son  enthousiasme,  cette  même  commission  fit  donner 
à  M.  Quatrefages  des  fonds  pour  aller  faire  des  recherches  sur 
Tanatomie  et  la  physiologie  des  Mollusques  phlébentérés  de  la 


SOCikTÙâ   SAVANIES.  43 

Méditerranée.  Ceci  se  passait  le  16  janvier  1844.  Le  voyage  se  fit, 
et,  le  14  janvier  1845,  le  phlébentérisme  expirait  d'invraisem- 
blance devant  cette  même  Académie.  Nous  n'ajouterons  rien , 
pour  ne  pas  sortir  de  la  réserve  que  commande  la  plus  stricte 
impartialifé.  )> 

M.  Flourens  donne  lecture  de  quelques  passages  d'une  lettre 
que  nous  avons  adressée  à  l'Académie  pour  lui  annoncer  que 
nous  allions  publier  une  nouvelle  édition  de  notre  Iconographie 
du  règne  animal.  Nous  nous  proposons  de  faire  entrer  dans  cette 
édition  les  principales  acquisitions  qu'a  faites  la  science  depuis 
l'époque  où  l'illustre  naturaliste  a  mis  la  dernière  main  à  son 
ouvrage.  Notre  galerie  zoologique  ne  possédant  pas  certains  su- 
jets nouvellement  découverts  et  qui  sont  uniques  dans  les  Musées 
étrangers  ,  nous  avons  demandé  à  l'Académie  de  vouloir  bien 
nous  faciliter  les  moyens  d'aller  les  étudier  surplace,  afin  deles 
faire  entrer  dans  notre  ouvrage.  —  Commissaires,  MM.  Duméril, 
de  Blainville,  Flourens  eti.  Geoffroy-Saint-Hilaire. 

Séance  du  20  janvier.  —  M.  de  Quatrefages  adresse  à  l'Aca- 
démie une  Réponse  à  la  note  présentée  dans  la  séance  précé- 
dente par  M.  Souleyet ,  concernant  Vanatomie  et  la  physiologie 
des  Mollusques  phlébentérés. 

Toutes  les  personnes  qui  s'intéressent  à  la  grave  question  por- 
tée devant  l'Académie  ,  ont  été  peinées  de  voir  que  M.  de  Qua- 
trefages faisait  tomber  la  discussion  de  la  hauteur  scientifique  où 
elle  s'est  soutenue  jusqu'à  ce  jour.  En  effet,  M.  de  Quatrefages, 
au  lieu  d'apporter  des  preuves  et  des  faits  pour  combattre  les 
preuves  et  les  faits  présentés  par  M.  Souleyet,  s'est  contenté  de 
formuler  une  série  de  dénégations  absolues,  d'accusations  de 
mauvaise  foi,  etc.,  sans  apporter  devant  l'Académie  les  pièces 
d^un  procès  qui  ne  peut  plus  désormais  être  jugé  autrement. 
Nous  ne  reproduirons  donc  pas  cette  réponse,  qui  ne  modifie  en 
rien  la  question,  et  cela  autant  dans  l'intérêt  de  M.  de  Quatre- 
fages que  dans  celui  delà  vraie  dignité  de  la  science. 

Séance  du  27  janvier.  —  M.  Souleyet  adresse  une  Réponse  à 
la  nouvelle  note  de  M.  de  Quatrefages.  Il  témoigne  toute  la  répu- 
gnance qu'il  éprouve  à  suivre  son  antagoniste  sur  ce  nouveau 
terrain.  Dans  cette  réponse,  M.  Souleyet  détruit  une  à  une  les 
assertions  et  dénégations  de  M.  de  Quatrefages,  qui,  si  on  les 
considérait  comme  fondées,  tendraient  à  faire  croire  que  H.  Sou- 


4*  REVUE  zooLOGiQDE.  {Jauviev  1845.) 

leyet  a  commis  des  erreurs  inconcevables,  qu'mi  homme  tout  k 
fait  étranger  à  l'anatomie  ,  qu'un  enfant  même  ,  ne  pourraitcom- 
mettre.  Quoique  cette  réponse  soit  très-intéressante,  nous  ne 
nous  y  arrêterons  pas  plus  que  sur  la  note  qui  l'a  provoquée  si 
fâcheusement;  nous  attendrons  le  rapport  de  la  commission  qui 
doit  juger  la  question,  et  nous  nous  bornerons  à  clore  ici  la  dis- 
cussion en  reproduisant  encore  un  article  très-remarquable, 
qu'un  anatomiste  plein  de  savoir,  M.  le  docteur  Th.  Roussel,  a 
inséré  dans  le  feuilleton  du  journal  le  Courrier  Français  du 
28  janvier.  Indépendamment  du  mérite  de  Tà-propos ,  ce  travail 
en  a  un  autre  qui  nous  aurait  encore  engagé  à  l'insérer  ici ,  c'est 
celui  d'une  appréciation  éclairée ,  impartiale  et  résumée  avec 
lucidité,  de  cette  question  difficile  et  importante. 

«  M,  Arago  a  lu  hier  à  l'Académie,  sur  la  demande  de  M.  Milne- 
Edwards ,  une  réponse  de  M.  de  Quatrefages ,  aux  observations 
de  M.  Souleyet ,  dont  il  a  été  question  dans  notre  dernier  ar- 
ticle. Ainsi  qu'on  le  voit,  M.  de  Quatrefages  a  répondu  plus 
tôt  que  nous  ne  le  pensions  ;  nous  regrettons  qu'il  n'ait  pas  ré- 
pondu comme  nous  l'avions  espéré.  En  regard  des  faits  apportés 
par  M.  Souleyet ,  c'était  des  faifs  que  nous  attendions ,  c'était  par 
des  preuves  qu'il  fallait  combattre  les  preuves  ;  à  la  démonstra- 
tion anatomique  il  fallait  opposer  une  démonstration  anato-> 
niique ,  non  pas  des  allégations  et  des  attaques  détournées. 
Pourquoi  M.  de  Quatrefages  ,  dont  nous  nous  plaisons  à  appré- 
cier le  talent  et  le  savoir,  n'a-t-il  pas  adopté  le  seul  moyen  qui 
lui  reste  pour  la  défense  de  ses  idées?  Il  faut  bien  le  reconnaître, 
la  discussion  a  été  portée  par  M.  Souleyet  sur  un  terrain  solide, 
le  terrain  des  faits  ;  il  ne  peut  être  donné  à  personne  de  l'en 
faire  sortir.  Si  le  phlébentérisme  compte  encore  des  partisans  » 
c'est  dans  cette  arène  qu'il  faudra  qu'ils  descendent.  C'est  donc 
avec  regret  que  nous  ferons  entrer  nos  lecteurs  dans  un  débat 
où  nous  trouvons  en  face  deux  jeunes  naturalistes  pleins  d'ave- 
nir et  de  talent ,  mais  où ,  jusqu'ici  du  moins,  nous  avons  trouvé 
tous  les  faits  d'un  côté  et  rien  que  des  assertions  de  l'autre.  Nous 
voulons  encore  toutefois  faire  des  réserves  pour  l'avenir ,  car  il 
nous  paraît  impossible  que  M.  de  Quatrefages  veuille  attendre, 
dans  de  semblables  conditions  ,  un  arrêt  de  l'Académie.  Les 
pièces  anatomiques  qu'il  doit  à  la  commission  sont  longues  et 
délicates  à  préparer;  les  sujets  à  disséquer  vivent  pour  la  plu- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  45 

part  sur  des  rivages  assez  éloignés  :  nous  le  savons  et  c  'est  pour- 
quoi nous  espérons  encore.  En  attentiant  nous  allons  indiquer 
sommairement  le  fond  de  la  question  et  le  point  où  la  discus- 
sion s'est  arrêtée. 

*  Nous  avons  déjà  dit  que  les  faits  signalés  par  MW.  Milne- 
Edwards  et  de  Quatrefages  ,  et  récemment  érigés  en  théorie  par 
ce  dernier ,  sous  le  nom  de  phlébentérisme ,  ébranlaient  la  zoo- 
logie dans  ses  fondements,  et  pour  le  prouver  il  suffit  de  rappeler 
en  peu  de  mots  quelques  principes  jusqu'ici  reçus  presque 
sans  contestation. 

»  À  part,  en  effet,  quelques  naturalistes,  dont  les  opinions 
ont  trouvé  peu  de  crédit,  on  s'accordait  à  regarder  l'harmonie 
rigoureuse  des  organes  entre  eux  comme  une  loi  générale  pour 
la  série  animale  toute  entière.  «  La  nature  ,  avait  dit  Cuvier,  iné- 
»  puisable  dans  sa  fécondité  et  toute-puissante  dans  ses  œuvres 
»  (si  ce  n'est  pour  ce  qui  implique  contradiction),  n'a  été  arrêtée 
»  dans  les  innombrables  combinaisons  de  formes  d'organes  et  de 
»  fonctions  qui  composent  le  règne  animal ,  que  par  les  incom- 
>  patibilités  physiologiques;  elle  a  réalisé  toutes  celles  de  ces 
»  combinaisons  qui  ne  répugnent  pas ,  etc.  » 

»  De  plus,  parmi  les  appareils  d'organes  qui  constituent  cha- 
que animal,  les  naturalistes  avaient  remarqué  qu'il  en  est  plu- 
sieurs ,  tels  que  le  système  nerveux,  les  appareils  circulatoire 
et  respiratoire  ,  dont  l'influence  est  telle  que  leurs  modifications, 
leurs  dégradations  entraînent  toujours  dans  la  forme  extérieure 
et  dans  l'ensemble  de  l'économie  des  modifications  ,  des  dégra- 
dations correspondantes. 

»  C'est  à  l'aide  de  ces  grands  principes  qu'avait  été  fondée  la 
classification  des  animaux ,  et  que  tous  les  grands  zoologistes 
avaient  été  conduits  à  reconnaître  l'importance  de  la  forme  et 
des  caractères  extérieurs,  comme  traduisant  l'organisation  in- 
térieure et  signalant  les  afïinités  des  êtres  entre  eux. 

»  M.  de  Quatrefages  est  venu  attaquer  la  zoologie  dans  ces 
bases,  en  apparence  au  moins  si  solides;  après  avoir  publié 
dans  divers  mémoires  une  série  d'observations,  dont  quelques- 
unes  appartiennent  à  M.  Milne-Edwards  et  dont  la  plupart  lui 
.sont  propres,  ce  naturaliste  a  fini  par  formuler  une  théorie,  de 
laquelle  il  résulterait  que  dans  la  série  animale,  et  principale- 
ment chez  les  animaux  inférieurs,  l'harmonie,  la  corrélation 


4€  REVDK  zooLOGiQDE.  [Jauvier  1845.) 

à  laquelle  Cuvier  assujettissait  les  diverses  parties  de  l'organisme 
n'est  pas  un  fait  nécessaire  et  constant;  qu'un  organe,  qu'un 
appareil,  aussi  important  par  exemple  que  celui  de  la  respira- 
tion ou  de  la  circulation,  peut  se  dégrader,  disparaître  même  à 
peu  près  complètement ,  sans  que  l'ensemble  de  l'organisation 
soit  notablement  modifié ,  sans  que  les  caractères  extérieurs  et 
en  un  mot  ce  qui  constitue  le  type  de  l'animal  aient  éprouvé  une 
transformation  correspondante.  Ainsi,  M.  de  Quatrefages  annon- 
çait avoir  trouvé  que  dans  un  groupe  élevé  de  la  série  animale, 
{)armi  des  mollusques  gastéropodes ,  c'est-à-dire  chez  des  ani- 
maux qui  ont  un  cœur,  un  appareil  respiratoire  complet,  des 
artères, des  veines,  etc.,  il  existait  un  certain  nombre  de  genres 
ayant  tous  les  caractères  extérieurs  propres  aux  mollusques 
gastéropodes,  et  présentant  dans  leur  organisation  intérieure 
une  simplification  organique  telle  qu'on  ne  trouvait  plus  ni 
cœur,  ni  branchies,  ni  artères,  ni  veines.  A  la  place  de  ces  ap- 
pareils ,  M.  de  Quatrefages  trouvait  un  tube  digestif  ramifié  ,  ser- 
vant à  la  fois  à  la  digestion,  à  la  respiration ,  à  la  circulation, 
comme  dans  les  plus  bas  échelons  du  règne  animal ,  comme 
chez  les  derniers  zoophytes,  et  cet  appareil  nouveau,  il  le  dési- 
gnait sous  le  nom  d'appareil  gastro-vasculaire.  Les  animaux 
ainsi  organisés,  à  savoir  les  actéons  et  cinq  autres  genres  décrits 
par  M.  de  Quatrefages  sous  le  nom  de  zéphirine ,  d'actéonie , 
d'amphorine ,  de  pavois  et  de  chalide ,  appartiendraient  ainsi 
aux  mollusques  par  l'apparence  extérieure,  aux  zoophytes  par 
leur  organisation  intérieure. 

»  Telle  est  dans  ce  qu'elle  a  de  capital  ,1a  théorie  du  phlébenté- 
risme,  dont,  suivant  M.  de  Quatrefages,  on  trouverait  peut-être 
des  traces  jusque  dans  les  premières  classes  du  règne  animal , 
dont  on  ne  saurait  contester  l'existence  dans  un  très-grand  nom- 
bre d'invertébrés.  On  comprend  tout  d'abord  les  bouleversements 
qn'une  pareille  innovation  entraîne  dans  la  zoologie  ;  il  serait 
donc  possible  que  des  animaux  formant ,  par  l'ensemble  des  ca- 
ractères extérieurs  et  des  manifestations  vitales,  une  famille  natu- 
relle, s'éloignassent  les  uns  des  autres  par  lés  dispositions  inté- 
rieures ,  à  tel  point  que  les  uns  pourraient ,  sous  ce  dernier  poirit 
de  vue,  appartenirauxMollusqueset  même  aux  vertébrés,  tandis 
que  les  autres  ne  seraient  que  des  zoophytes.  Ainsi ,  la  forme 
deis  animaux ,  ce  cadre  de  la  vie ,  que  Cuvier  regardait  comme 
plus  important  que  le  fond  lui-même ,  la  forme  ne  serait  qu'un 
masque  trompeur,  qu'une  sorte  d'étiquette  mensongère ,  et  pour 
savoir  si  un  Mollusque  est  vraiment  un  Mollusque  ,  si  un  être  qui 
«  kps  traits  d'un  animal  supérieur  n'est  pas  en  réalité  un  zooDhvte, 


SOCIÉTÉS    SAVANTK3.  wf 

il  faudrait  mettre  à  mort  Tanimal ,  l'ouvrir,  placer  l'une  aprèi 
l'autre  toutes  ses  parties  sous  le  scapel  et  sous  la  loupe.  Nous 
croyons  n'être  pas  injuste  envers  le  phlébentérisme  en  regardant 
de  pareilles  extrémités  comme  ses  conséquences  légitimes  et  obli- 
gées ;  nous  faisons  même  l'aveu  que  ce  sont  ces  conséquences , 
si  opposées  à  ce  que  nous  croyons  solidement  établi  en  philoso- 
phie naturelle,  qui  nous  ont  fait  penser,  avant  même  d'avoir 
examiné  les  pièces  anatomiques  de  M.  Souleyet,  qu'une  pareille 
théorie  ne  pouvait  être  assise  sur  des  faits  bien  observés.  Les 
pièces  dont  nous  parlons  nous  ont  convaincu  en  effet  qu'elle  était 
basée  sur  des  erreurs  d'observation  ou  plutôt  sur  des  détermi- 
nations inexactes  d'organe  occasionnées  très-probablement  par 
des  procédés  défectueux  de  dissection  et  d'examen. 

»  Voici  maintenant  ce  que  M.  Souleyet  a  observé  en  étudiant 
les  Mollusques  gastéropodes  dont  il  s'agit ,  non  par  transparence, 
comme  paraît  l'avoir  fait  M.  de  Quatrefages,  mais  à  l'aide  d'une 
dissection  minutieuse  et  des  plus  fines  injections  :  1°  L'appareil 
circulatoire  existe  complètement  chez  les  zéphyrines  ou  vénilies, 
et  ces  Mollusques ,  chez  lesquels  M.  de  Quatrefages  n'a  distingué 
ni  cœur,  ni  artères,  ni  veines,  ne  diffèrent  pas  des  éolides  quant 
aux  organes  de  la  circulation  ;  2"  l'appareil  circulatoire  existe 
aussi  d'une  manière  complète  chez  les  actéons  et  chez  les  actéo- 
nies  ,  chez  les  tergipes  qui ,  d'après  M.  Souleyet ,  ne  diffèrent  pas 
des  amphorines  ,  et  enfin  dans  un  Mollusque  gastéropode  offrant 
les  plus  grands  rapports  avec  les  genres  pavois  et  chalide.  Le» 
pièces  de  M.  Souleyet  démontrent  encore  l'existence  de  l'appareil 
circulatoire  chez  les  cavolines  (genre  que  ce  naturaliste  réunit 
au  genre  éolide),  chez  les  calliopées  et  les  glaucus ,  Mollusques 
que  M.  de  Quatrefages  n'avait  pas  observés  lui-même  et  n'avait 
rapportés  à  son  ordre  des  phlébentérés  que  par  analogie. 

»  D'après  la  théorie  du  phlébentérisme  ,  les  appareils  de  la  cîr- 
culation  et  de  la  respiration  ne  disparaîtraient  point  toujbtifb 
brusquement  pour  faire  place  à  l'appareil  gastro-vasculaire.  Che^ 
certains  Mollusques  ,  tels  que  Véolide ,  le  système  veineux  dispa- 
raîtrait seul  ;  chez  d'autres,  que  M,  de  Quatrefages  a  observés  ré- 
cemment dans  un  voyage  en  Sicile ,  il  ne  resterait  plus  que  le 
cœur  sans  artères  ni  veines.  On  comprend  à  quelles  conséquences 
physiologiques  singulières  l'on  se  trouverait  conduit  en  admettant 
de  pareils  types  d'organisation.  Que  faire  d'un  cœur  sans  artères 
ni  veines?  d'autre  part,  comment  faire  revenir  sans  veines  le 
sang  des  artères  au  cœur?  Sur  le  premier  point  M.  de  Quatre- 
fages ne  s'est  pas  encore  expliqué  et  n'a  pas  fait  connaftre  les 
Jlollusques  soumis  à  .son  observation.  Sur  le  second,  il  acte  forcé 


48  REVUE  zooLociQUE.  (Janvier  1845). 

de  faire  passer  le  sang  des  extrémités  artérielles  dans  la  cavité 
abdominale  et  de  là  dans  le  ventricule.  Or,  sur  ce  point,  M.  Sou  . 
leyet  réfute  sa  manière  de  voir  en  démontrant  l'existence  d'un 
système  veineux  chez  les  éolides  et  les  autres  Mollusques,  et 
malgré  les  assertions  émises  par  M.  de  Quatrefages ,  dans  sa  note 
d'hier,  la  réfutation  restera  jusqu'à  ce  que  des  préparations  ana- 
tomiques  aient  prouvé  le  contraire.  Il  en  est  de  même  pour  les 
organes  de  la  respiration.  M.  Souleyet  fait  voir  que  chez  les  éolides 
et  tous  les  genres  de  la  même  famille ,  ces  organes  sont  repré- 
sentés par  les  appendices  dorsaux  qui  reçoivent  des  divisions  de 
l'artère  et  de  la  veine  branchiale  ;  chez  l'actéon  il  montre  que 
la  poche  dorsale ,  prise  par  M.  de  Quatrefages  pour  l'estomac,  n'a 
aucune  communication  avec  le  tube  digestif  et  qu'elle  est  une 
poche  pulmonaire  analogue  à  celle  des  Mollusques  terrestres. 
Quant  à  l'appareil  gastro-vasculaire  ,  dont  l'existence  aurait  en- 
traîné la  dégradation  des  organes  de  la  circulation  et  de  la  respi- 
ration ,  M.  Souleyet  fait  voir  comment  une  série  d'interprétations 
malheureuses  ont  conduit  M.  de  Quatrefages  à  l'admettre  ,  com- 
ment ,  par  suite  de  ces  interprétations ,  le  véritable  intestin,  l'ap- 
pareil biliaire,  la  position  et  même  l'existence  de  l'anus,  etc., 
ont  échappé  à  ce  naturaliste  ;  mais  nous  n'avons  pas  à  entrer  dans 
les  détails  de  la  question ,  ce  sera  l'œuvre  de  la  commission  aca- 
démique de  les  examiner  consciencieusement;  nous  y  revien- 
drons peut-être  alors.  En  attendant ,  nous  avons  dû  faire  connaî- 
tre ce  qu'était  devenu ,  à  sa  première  confpontation  avec  les  faits, 
une  théorie  brillamment  développée ,  dont  l'apparition  nous  avait 
frappé  d'étonnement  et  dont  les  connaissances  auraient  été  néces- 
sairement funestes.  Ceux  qui  savent  en  effet  combien  l'erreur  une 
fois  introduite  dans  la  science,  abritée  sous  un  nom  respectable, 
sanctionnée  par  l'autorité  des  académies,  se  prolonge  avec  facilité 
et  pousse  de  profondes  racines  ,  combien  il  faut  d'efforts  et  d'an- 
nées pour  l'extirper,  ceux-là  comprendront  l'importance  du  ser- 
vice rendu  par  M.  Souleyet,  dont  tous  les  travaux  portent  l'ini- 
mitable cachet  de  l'exactitude  et  de  la  probité. 

»  A  Dieu  ne  plaise  que  nous  refusions  ces  qualités  à  M.  de  Qua- 
trefages. Autant  que  personne ,  nous  avons  apprécié  ses  titres 
scientifiques,  son  savoir  et  la  distinctiop  de  son  esprit.  Mais  ce 
que  nous  sommes  forcés  d'avouer  jusqu'à  de  meilleures  preuves, 
c'est  qu'il  s'est  trop  hâté  de  voir,  de  conclure,  de  généraliser.  » 


HUITIÈME  ANNÉE.  —  FÉVRIER  1845. 


TIIAVAUX   INÉDITS. 


Description  de  quelques  espèces  nouvelles  d'Oiseaux  de  M.idagas* 

car,  par  M.  le  Docteur  Pucheran  ,  aide  de  zoologie  au  Musée 

de  Paris. 

G*est  en  grande  partie  aux  zoologistes  français  que  la  science 
est  redevable  depuis  quelques  années  de  la  connaissance  des 
objets  nouveaux  que  possède  Madagascar,  soit  en  mammalogie  , 
floit  en  ornithologie.  Ainsi,  je  rappellerai  à  ce  sujet  que  les  genres 
Galidie  et  Galidictis  ,  de  la  famille  des  Viverridés  ,  de  même  que 
le  genre  Euplère  ,  dont  la  place  dans  la  série  mammalogique  ne 
paraît  pas  encore  définitivement  fixée  ,  sont  dus  ,  les  deux  pre- 
miers à  M.  le  professeur  Geoffroy  Saint-Hilaire  fils  ,  le  second  à 
M.  Doyère.  En  ornithologie,  c'est  mon  illustre  maître  qui  a  créé 
les  genres  Oriolie  et  Phileppitte  ,  Falculie  et  Mésite,  et  M.  de  La- 
fresnaye  qui  a  établi  le  genre  BrachyptéroUe.  Je  viens  à  mon  tour 
ajouter  quelques  nouveaux  faits  à  ces  éléments  de  la  faune  de 
Madagascar,  et  décrire  quatre  espèces  d'Oiseaux  que  je  crois 
inédites  et  nouvelles  ;  car  c'est  vainement  que  ,  par  suite  des 
fonctions  que  je  remplis  au  Muséum  de  Paris  ,  j'ai  cherché  dans 
les  publications  les  plus  récentes  des  descriptions  qui  pussent 
convenir  à  ces  divers  types. 

J'espère  plus  tard  compléter  ces  premiers  documents  et  me 
livrer  à  la  comparaison  d€s  rapports  que  présente  la  création 
mammalogique  et  ornithologique  de  ce  cinquième  continent  avec 
celles  des  continents  européen  ,  asiatique ,  africain  d'une  part , 
américain  et  australasien  de  Pautre.  Déjà  M,  le  professeur  Geof- 
froy Saint-Hilaire  a  annoncé  que  pour  trouver  dans  d'autres  cli- 
mats les  genres  des  Mammifères  les  plus  rapprochés  par  leur 
organisation  de  ceux  de  Madagascar,  c'est  dans  l'Inde  continen- 
tale et  insulaire  qu'il  faut  les  chercher  (Ij.  On  arrive  au  même 
résultat  par  l'étude  des  races  humaines  :  on  sait,  en  effet,  que  tous 
les  anthropologisttjs  s'accordent  à  considérer  l'île  de  Madagascar 
comme  le  berceau  ,  le  point  de  départ  de  la  race  malaise  ,  dont 
la  dernière  étape  de  séjour  se  trouve  dans  la  presqu'île  de  Ma- 

(l)  Supplément  à  BufTon.  —  Zoologie  général*  ,  p.  442 

Tome  VIIT.  Année  1845.  4 


50  REVDE  zooLOGiQDE.  (Fdmer  1845.) 

lacca.  C'est  im  nouveau  fait  à  ajouter  à  tous  ceux  que  nous  espé- 
rons donner  ultérieurement  pour  prouver  la  concordance  qui 
existe  entre  les  lois  qui  président  à  la  distribution  géographique 
des  types  mammalogiques  et  celles  d'après  lesquelles  s'est  effec- 
tuée la  répartition  des  races  humaines  sur  la  surface  du 
globe  (1). 

Ces  préliminaires  établis,  et  ils  nous  semblent  de  nature  à 
expliquer  l'origine  et  le  premier  mobile  de  notre  publication  ac- 
tuelle, nous  passons  à  la  description  de  nos  quatre  espèces. 
Deux  d'entre  elles  appartiennent  au  type  de  Coucous  à  longs 
tarses  ,  que  Vaillant  et  M.  Cuvier  ont  isolé  du  genre  Cuculus  de 
Linné  sous  le  nom  de  Coua;  la  troisième  fait  partie  du  genre 
Glaréole  ;  la  quatrième,  des  petites  espèces  du  genre  Bouvreuil.  Je 
dédie  la  première  de  nos  deux  espèces  de  Coua  à  mon  oncle , 
M.  le  professeur  Serres,  si  connu  des  anatomistes  de  l'Europe 
par  ses  beaux  travaux  en  anatomie  transcendante  et  l'épithète 
spécifique  que  nous  avons  choisie  rappellera  à  la  mémoire  la 
dénomination  que  l'illustre  Meckel  avait  donnée  au  principe  du 
développement  centripète  des  organismes; la  deuxième,  au  célè- 
bre Jean  Reynaud  ,  que  l'on  considère  avec  juste  raison  comme 
l'intelligence   la  plus  encyclopédique  de  notre  époque  ;  et   la 

(1)  Nous  avons  déjà,  dans  la  partie  raammalogique  du  voyage  de  ta  Vénus,  à  l'occasion 
d'uQ  individu  appartenante  l'espèce  du  genre  Felis,  décrite  par  Guldensted  et  M.Temmincfe 
sous  le  nom  de  Fells  rufa,  dont  M.  le  professeur  Geoffroy  Saint-Hilaire  fils  nous  avait  confié 
la  description,  nous  avons  déjà  fait  application  à  l'anthropologie  des  deux  célèbres  principes 
de  géographie  zoologique  établis  par  notre  immortel  Bnffon.  Voici  comment  nous  non» 
sommes  exprimés  à  ce  sujet:  «  Aussi,  disons-nous  (p.  138),  tous  les  zoologistes  qui  ont 
B  suivi  Buflon  ont-ils  sanctionné  par  leur  approbation  les  vues  de  cet  homme  célèbre. 
B  Nous  dirons  même  que  la  distribution  géographique  des  races  humaines  concorde  par- 
»  faitement  avec  les  lois  de  distribution  géographique  que  Buffon  a  établies.  C'est  la  même 
«  race  qui,  dans  les  deux  continents,  en  Asie  et  en  Europe,  comme  en  Amérique  ,  habite 
»  les  latitudes  boréales.  Dans  les  latitudes  australes,  au  contraire,  qui  ne  sait  que  les  peu- 
«  plades  de  l'Amérique  du  sud  sont  diCférenles  de  celles  du  sud  de  l'Afrique?  Qui  ne  sait 
B  encore  que  les  nations  qui  peuplent  l'Asie,  les  divers  archipels  de  TOcéanie  et  le  vaste 
»  continent  de  la  Nouvelle-Hollande  ne  sout  point  les  mêmes  que  celles  qui  peuplent  le 
»  sud  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique?» 

Dumoulin  est  le  premier  observateur  moderne  qui  ait  entrevu  ,  du  moins  à  notre  con- 
naissance ,  la  concordance  entre  les  animaux  et  les  races  humaines  sous  le  point  de  vue 
de  leur  distribution  géographique.  11  fut  dès  lors  conduit  à  admettre  qu'il  y  avait  de» 
centres  particuliers  de  création  pour  les  races,  comme  il  y  en  a  pour  les  animaux  ,  mais 
comme,  à  l'époque  où  il  écrivait,  la  géographie  zoologique  était  peu  avancée  ,  il  n'essaya 
pas  de  déterminer  si  ces  centres  étaient  les  mêmes  et  pour  les  races  et  pour  les  animaux, 
}es  Mammifères  surtout.  C'est  ce  qui  nous  semble  exister,  cependant,  et  pour  en  citer 
quelques  exemples,  les  races  humaines  de  l'Amérique  du  sud  et  de  la  Nouvelle-Hollande, 
ne  sont-elles  pas  spéciales  à  ces  continents,  aussi  bien  que  les  Mammifères  qui  en  sont 
originaires?  N'en  est-il  pas  de  môme  pour  le  continent  asiatique  et  pour  l'Afrique  aus- 
trale? Nous  ne  faisons  ici  qu'énoncer  ces  principes,  car  leurs  développements  sont 
hérissés  de  difRcultés  ;  ils  n'exigent  rien  moins,  on  le  concevra,  que  la  détermination 
exacte  du  nombre  des  races  humaines  éparpillées  sur  la  surface  du  globe ,  problème  dont 
la  solution  n'a  entraîné ,  jusqu  Ici ,  de  la  part  des  anthropologistes ,  que  des  opinions 
dJvergonles. 


TRAVAUX    INÉDITS.  5i 

Glaréole  au  législateur  liiinéen  de  la  Tératologie ,  M.  le  professeur 
Geoffroy  Sain t-Hilaire  fils. 

1*  Coua  Serriana.  Brune  olivâtre  sur  les  parties  supérieures 
du  corps,  celte  espèce,  qui  a  la  taille  du  Coua  Taitsou,  à  la  gorge 
noire  et  le  thorax  rouge  bai,  de  même  que  la  partie  la  plus  supé- 
rieure de  l'abdomen.  Les  côtés  de  la  région  abdominale  présen- 
tent les  mêmes  teintes  que  le  dessus  du  corps  ;  ses  parties  mé 
dianes  inférieures  sont  cendrées,  ainsi  que  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue.  Les  pennes  caudales  sont  bleu  d'acier  en 
dessus  ,  noires  en  dessous. 

2®  Coua  Ileynaudii.  Vert  olivâtre  en  dessus,  grise  en  dessous, 
cette  espèce  est  principalement  caractérisée  par  la  calotte  rousse 
qu'elle  porte  sur  le  dessus  de  la  tête.  Elle  est  de  taille  moindre 
que  la  précédente  et  à  ces  différences  s'en  joignent  d'autres  dans 
la  forme  du  bec. 

La  dénomination  générique  que  nous  adoptons  indique  suffi- 
samment que,  comme  M.  G.  R.  Gray  l'a  déjà  fait(l),  nous  pen- 
sons qu'elle  doit  uniquement  s'appliquer  aux  espèces  de  Coucou 
à  longs  tarses  originaires  de  Madagascar.  Le  Coucou  de  la  Caro- 
line étant  le  type  du  G.  Coccyzus  de  Vieillot ,  et  le  bec  s*y  trou- 
vant différemment  conformé,  nous  pensons  qu'on  doit  réintégrer 
pour  les  espèces  analogues  le  nom  français  de  Coulicou.  Mais  de 
plus ,  la  forme  en  lame  de  conteau  de  la  mandibule  supérieure 
du  Coua  Geoffroy  ,  de  M.  Temminck,  nous  paraît  de  nature  à 
légitimer  la  création  d'un  genre  à  part  que  nous  désignerons  sous 
le  nom  de  Cultride  ,  et  l'espèce  unique  sous  celui  de  Cultride 
de  Geoffroy  {Cultrides  Geoffroy i,  n.),  de  sorte  qu'il  est  peu  de 
genres  dans  la  série  ornithologique  qui  présentent  autant  de 
différences  déterminées  par  les  différences  d'habitat. 

3°  Glareola  Geoffroy i.  Sauf  la  Glareola  Limbata  de  M.  Rup- 
pel ,  dont  nous  ne  connaissons  ni  les  caractères  ni  la  patrie,  la 
Glaréole  Geoffroy  est  bien  distincte  de  toutes  les  espèces  dont 
M.  Gray  a  récemment  donné  un  synopsis  (7).  Noire  sur  la  tête  , 
brune  avec  reflets  olivâtres  sur  le  dessus  du  cou  et  le  dos;  grise 
sur  le  thorax  ;  rougeâtre  sur  la  partie  supérieure  et  médiane  de 
l'abdomen ,  cette  espèce  est  bien  caractérisée  ,  en  outre ,  par  une 
ligne  blanche,  qui  partant  de  la  base  du  demi-bec  supérieur  s'ar- 

(1)  List  of  gênera  of  Bird»  ,  3«^  cdit. 

(2)  The  gênera  of  Bifds,  part,  l,  m«i  1R4». 


52  REVUK  ZOOLOGIQUE.  (  Février  1845.) 

réte  à  l'œil,  pour  se  continuer  ensuite,  dans  une  petite  étendue, 
en  arrière  de  cet  organe. 

40  Pyrrhula  nana.  Les  parties  supérieures  sont  brun  couleur 
de  terre,  la  gorge  noire,  le  dessous  couleur  de  litharge,  mais  très- 
effacée  et  les  plumes  du  croupion  et  des  couvertures  supérieures 
de  la  queue  terminées  par  une  zone  de  couleur  olive  à  reflets 
bronzés.  Par  sa  taille ,  le  Bouvreuil  nain  se  rapproche  des 
petites  espèces  de  la  famille  des  Pyrrhulince  ,  dont  M.  Swain- 
sona  fait  le  genre  Spermophila. 

Description  d'une  nouvelle  espèce  du  genre  Qarrulus;  par 
M.    Hartlaub. 

Cette  espèce  de  Geai  fut  découverte  dans  l'Altaï  par  M.  Èvers- 
mann  qui  en  tua  six  exemplaires,  et  qui  lui  a  donné  la  dénomi- 
nation systématique  de  Garrulus  Brandi  H,  en  Vhonneur  de  M.  J. 
G.  Brandt,  à  Hambourg,  marchand  naturaliste  bien  renommé  , 
qui  m'a  communiqué  le  bel  exemplaire  dudit  oiseau  dont  je  vous 
livre  la  description. 

Garrulus  Brandtii,  Eversm. — Dorso  ,  tergo  et  tectricibus  alae 
minoribus  pure  canis,  uropygii  plumis  nonnihil  isabellinO  tinc- 
tis  ;  pileo  toto ,  capitis  lateribus  colloque  superiore  et  laterali  lœte 
et  dilute  cinnamomeis ,  frontis  et  verticis  plumis,  ut  in  G.  glan- 
dario,  Iaxis,  longiusculis ,  medio  longitudinaliter  nigris;  stria 
utrinquepone  oris  angulum  infra  oculum  ducta  larga  caudaque 
tota  nigris  ;  rectricibus  basi  indistincte  et  interrupte  griseo  fas- 
ciatis  ;  tectricibus  caudae  superioribus  et  inferioribus  niveis;  alis 
ut  in  G.  glandario  pictis  ;  corpore  subtus  a  gula  ad  subcaudales 
usque  in  fundo  cano  dilute  cinnamomeo  lavato  ;  rostro  nigro, 
pedibus  nigricante-fuscis. —  StaturaG.  glandarii.  —  Hab.  Montes 
Altai. 

Les  espèces  du  genre  Garrulus  (sensu  strictiore)  sout  les  sui- 
vantes : 

1.  G.  glandarius,  L. 

2.  G.  airicapillus ,  Is.  Geoffr.  St-Hilaire:  Étud.  zoolog.  fas- 
cic.  IIL  —  Corvus  stridens,  Ehrenb.  Symb.  Physic.  Av.  dec.  1. 
—  G.melanocephalus  ,  Gêné  :  Ann.  de  l'Acad.  des  Se.  de  Turin  , 
vol.  37.  —  Habite  la  Syrie  :  Mont  Liban.  Jamais  vu  en  Grèce ^ 
suivant  V.  D.  Mûhle. 

3.  G.  ^ri/nîcA;«, KaleniczenkorBullet.  Mosc.  1839,  p.  319.  — 
Habite  le  Caucasus ,  la  Daurieet  l'Ukraine. 


TRAVAUX    INÉDITS.  53 

4.  G.  Brandtiij  Eversm.  —  Habite rAltaV. 

5.  bispecularis ^  yig. — G.  ornatus,  T.  E.  Gray,  Hardw.,  11- 
lustr.  of  Ind.  Ornith.  I.  pi.  10,    fig.  2  (?).  —  Habite  rHimaluja. 

6.  G.  îanceolatus, ^li^.  —  G.  Fî^'orsiï, Gray, Hardw.,  Illustr.ï. 
pi.  9.  —  Himalaja. 

7.  G.  gulariSji.  E.  Gray,  Hardw  ,  lllustr.  I.,  pi.  10. —  On  ne 
connaît  cette  espèce  que  par  la  figure  donnée  dans  les  Illustra- 
tions of  Indian  zoology,  du  général  Hardwicke.  Voici  une  descrip- 
tion faite  d'après  ladite  figure.  -  G.  Supra  vinaceo-cinerascens , 
subtuspallidior ,  in  rosaceum  vergens;  pileo  subcristato  cœru- 
lescente  atro  ;  gula,  colloantico  pectoreque  superiore nigricante- 
griseis,  maculis  longitudinal ibus  albis  ;  capitis  lateribus  nigris  ; 
scapularibus  ,  tectricibusque  minoribus  nigris  ,  majoribus  remi- 
gibusque  primariis  extus  laete  cœruleis ,  nigro  fasciolatis ,  his 
fascia  mediana  alba  notatis;  secundariis  margine  externo  albidis 
cauda  ex  lilacino  cœrulea,  nigro  fasciolata  ,apicepallida  ,longa, 
rostro  caerulescente.  —  Long,  circa  1 1"  —  Habite  l'Inde. 

8.  G.  albifronsj.  E.' Gray,  Hardw.,  lllustr.  II,  pi.  12.—  Es- 
pèce peu  connue  et  indécrite.  J'ajoute  une  description  faite  d'après 
la  figure  citée  *  —  G.  pileo  ,  collo ,  nucha  corporeque  subtus  pal- 
lide  ferrugineo  rufescentibus ;  fronte*et  superciliis  albidis,  rec- 
tricibus  pileo  concoloribus,  intermediis  magis  cinerascentibus  ; 
remigibus  nigris  ,  corpore  superiore  reliquo  brunneo-rufescente , 
dorso  maculis  nonnullis  longitudinalibus  obscurioribus;  rostro 
brunneo,  pedibus  corneis.  Long,  circa  1 4"  Hab.  l'Inde  :  Cawnpore. 


Nouvelle  espèce  de  Bulime,  décrite  par  M.  Petit  de  la  Saussaye. 

Bulimus  Caledonicus.Testdi  ovato  oblonga.crassaimperfora- 
ta,epidermide  olivaceo ,  aut  rufescente-aurantia,  longitudinaliter 
rugosiuscula,  transversius  obsolète  striata  ;  anfractibussenis,  con- 
vexo-depressis ,  infimo  spiram  superante  ;  spira  conica ,  apice 
obtusiuscula  ,  sœpius  decorticata;  apertura  augustata  ,  sinuata , 
intus  atro-purpurea  ;  peristomate  crasso  ,  eburneo  ;  labio  reflexo, 
adnato,  superne  uniplicato  ,  infra  septiformi  ;  labro  extra  com- 
presso ,  superne  valde  emarginato,  obtuso.  Hab.  la  Nouvelle-Ca- 
lédonie. 

Cette  espèce  qui  appartient  au  groupe  dans  lequel  rentre 
VAuricula  auris  bovinœ ,  est  remarquable  par  les  accidents  de 
l'ouverture  qui ,  au  premier  aspect,  donnent  à  cette  coquille  une 


54  REVUE  zooLOGiooE.  {Février  1845.) 

sorte  de  ressemblance  avec  quelques  Auricules ,  et  même  avec  le 
genre  Scarabus. 

Cette  coquille  sera  figurée  incessamment  dans  le  Magasin  de 
Zoologie. 

Vues  sur  la  classification  des  F'erSt  par  M.  Lereboullet  ,  doyen 
de  la  Faculté  des  Sciences  de  Strasbourg. 

Monsieur  le  prince  de  Canino  a  lu  au  congrès  scientifique  de 
Milan  le  travail  suivant ,  que  son  auteur  lui  avait  adressé.  Le 
prince  a  bien  voulu  nous  transmettre  cet  important  mémoire , 
que  M.  Lereboullet  destinait  à  la  Revue  Zoologique ,  et  noua 
aous  empressons  de  le  publier. 

Les  caractères  qui  seront  à  établir  les  types  ou  les  divisions 
primordiales  des  animaux  doivent  être  généraux ,  c'est-à-dire 
nets,  tranchés,  propres  sans  exception,  à  tous  les  êtres  qui  font 
partie  du  groupe  que  l'on  considère  :  telle  est ,  pour  les  ver- 
tébrés par  exemple  ,  la  disposition  du  système  nerveux  qui  four- 
nit un  caractère  plus  stable  encore  que  l'existence  du  squelette, 
puisque  celui-ci  finit  par  se  dégrader  au  point  d'être  réduit  à 
une  corde  membraneuse.  Si  des  animaux,  dont  la  place  est  in- 
certaine ,  présentent  dune  manière  nette  et  distincte  un  carac- 
tère qu'on  aura  reconnu  pour  être  particulier  à  un  type  et 
conséquemment  fondamental,  ces  animaux  devront  faire  par-^ 
iie  de  ce  même  type,  quand  bien  même  ils  se  rapprocheraient,  par 
quelques  points  de  leur  organisation  ,  d'autres  groupes  de  règne 
animal.  Je  crois  que  ces  principes  sont  admissibles  et  que  per- 
sonne n'en  niera  la  valeur. 

Le  type  des  animaux  articulés  présente  deux  caractères  géné- 
raux ,  savoir  : 

1*  La  position  extérieure  des  organes  passifs  du  mouvement 
qui  sont ,  par  suite  de  cette  position  même  ,  segmentés  et  mis  en 
mouvement  par  des  muscles  situés  à  l'intérieur  des  anneaux  ; 

2*  La  composition  et  la  situation  du  système  nerveux. 

La  disposition  du  squelette  tégumentaire  et  celle  des  muscles 
qui  en  meuvent  les  parties  ,  sont  bien  connues  chez  les  articulés 
proprement  dits.  Cette  disposition  n'est  pas  aussi  facile  à  constater 
chez  les  annélides  ;  du  moins  les  auteurs  qui  ont  décrit  l'organi- 
sation de  ces  animaux ,  n'ont  pas  exposé  d'une  manière  assez 
explicite  l'arrangement  des  couches  musculaires.  Il  s'agirait  de 


TRAVAUX    INÉDITS.  55 

vérifier  si ,  dans  les  véritables  annélides ,  les  muscles  forment 
des  faisceaux  qui  s'attachent  ù  chacun  des  segments  du  corps. 
Cette  disposition  me  paraît  exister  dans  le  Lombric  terrestre, 
d'après  la  description  que  donne  M.  Morren  du  système  muscu- 
laire de  ce  ver  ;  il  est  probable  qu'elle  existe  aussi  dans  les  autres 
annélides-.  Or,  s'il  en  est  ainsi ,  il  faut  considérer  la  peau  mem- 
braneuse de  ces  vers  comme  un  squelette  tégumentaire ,  tout 
aussi  bien  que  la  peau  cornée  ou  calcaire  des  articulés  propre- 
ment dits.  Les  annélides  auraient  donc  avec  Us  articulés  un 
premier  caractère  commun ,  caractère  que  nous  avons  reconnu 
comme  fondamental. 

Le  système  nerveux  va  nous  offrir  un  autre  caractère  plus 
important  encore,  parce  qu'il  est  plus  stable.  Ce  système  exerce  , 
comme  chacun  sait ,  la  plus  grande  influence  sur  la  vie  des  ani- 
maux ;  on  sait  aussi  qu'il  est  sujet  à  peu  de  variations,  et,  c'est 
pour  cela  même  qu'il  fournit  un  excellent  caractère  pour  l'éta- 
blissement des  types.  Voyez  en  effet  ce  qui  a  lieu  dans  les  verté- 
brés :  toujours  ,  chez  ces  animaux  ,  les  parties  centrales  du  sys- 
tème nerveux  cérébro-spinal  sont  situées  au-dessus  du  canal 
alimentaire ,  sous  la  forme  d'un  cordon  renfermé  dans  un  canal 
particulier  ;  cela  se  voit  même  chez  les  Ammocètes  et  lesMyxines, 
ces  poissons  dont  la  forme  rappelle  tant  celle  des  vers.  Ce  cordon 
nerveux  est  symétrique,  c'est-à-dire  formé  par  la  réunion,  dans 
le  sens  longitudinal,  de  deux  moitiés  semblables. 

Chez  les  articulés  ,  nous  trouvons  un  autre  arrangement  :  le 
cordon  nerveux  principal  est  également  symétrique  ,  formé  de 
deux  cordons  plus  ou  moins  confondus  entre  eux,  et  situé,  comme 
dans  les  vertébrés  ,  sur  la  ligne  médiane  du  corps  ;  mais  ce  cor- 
don est  ventral  au  lieu  d'être  dorsal,  il  est  au-dessous  du  canal 
alimentaire  au  lieu  d'être  au-dessus.  (Je  ne  parle  pas  des  gan- 
glions qui  l'interrompent  de  distance  en  distance  et  qui  peuvent 
devenir  tellement  petits  qu'ils  cessent,  pour  ainsi  dire ,  d'être 
distincts  lorsque  la  segmentation  du  corps  est  en  quelque  sorte 
infinie)  (Lombric  terrestre)»  Eh  bien  ,  cette  composition  et  cette 
disposition  du  système  nerveux,  si  constantes  dans  les  animaux 
articulés ,  existent  aussi  dans  les  annélides.  Foilà  donc  un  se- 
cond caractère,  la  disposition  du  système  nerveux ,  que  les 
annélides  ont  en  commun  avec  les  animaux  articulés. 

Ce  second  caractère  joint  au  premier  ne  suftit-il  pas  pour  faire 


56  REVUE  zooLOGiQDE.  {Février  iSib.  ) 

regarder  les  annélides  comme  de  vrais  articulés  ?  Comment  ? 
nous  établissons  un  type  ,  nous  lui  donnons  pour  signes  distinc- 
tifs  un  squelette  tégumentaire  ou  extérieur  et  un  système  ner- 
veux ganglionnaire  sous-abdominal,  et  nous  exclurions  de  ce 
type  des  animaux  qui  nous  présentent  les  mêmes  signes  distinc- 
tifs  ?  et  sur  quoi  motivera-t-on  cette  exclusion  ?  sur  l'absence 
de  membres  articulés  ?  sur  l'existence  d'une  peau  membraneuse? 
sur  la  composition  de  l'appareil  circulatoire  ?  sur  la  forme  du 
corps  ?  —  Ne  voit-on  pas  que  ce  sont  là  des  caractères  d'un 
ordre  ,  et  qu'au  milieu  de  cette  diversité  d'organisation  ,  il  y  a 
un  fait ,  un  grand  fait  qui  persiste  :  la  double  chaîne  nerveuse 
sous-abdominale  ?' 

Nous  nous  Croyons  donc  en  droit  de  déduire  des  réflexions  qui 
précèdent  cette  première  conclusion  :  Les  annélides  sont  de  véri- 
tables articulés  ;  elles  tiennent  à  ce  grand  embranchement  par 
tes  caractères  généraux  qui  le  distinguent  des  autres  types;  on 
ne  saurait  les  en  séparer  sans  s'écarter  des  principes  qui  font 
la  base  des  classifications  naturelles, 

11  nous  reste  à  examiner  maintenant  s'il  existe  encore  d'autre» 
animaux  vermifôrmes  qu'on  doive  réunir  aux  annélides.  Les^ 
Nématoïdes,  lesNémertes  et  d'autres  vers,  classés  jusqu'ici  parmi 
les  intestinaux,  formeront-ils  avec  les  annélides  un  groupe  parti- 
culier ?' 

Au  premier  abord  ,  la  question  paraît  facile  à  décider,  si  l'on 
a  égard  aux  caractères  généraux  énoncés  plus  haut.  Il  suffit ,  en 
effet,  de  rechercher  si  ces  vers  ont  les  muscles  disposés  comme 
ceux  des  annélides  et  si  leur  système  nerveux  consiste  également 
en  un  cordon  sous-abdominal  plus  ou  moins  noueux. 

Pour  ce  qui  est  du  premier  de  ces  caractères ,  je  ne  crois  pas 
qu'on  puisse  rien  dire  de  positif  dans  l'état  actuel  de  la  science. 
J'ignore  s'il  est  bien  constaté  que  les  Nématoïdes,  par  exemple, 
aient  des  faisceaux  musculaires  attachés  de  distance  en  distance 
sous  les  anneaux  du  corps ,  et  si ,  par  conséquent ,  la  peau  joue 
ici  le  rôle  d'organe  passif  du  mouvement  et  doit  être  considérée 
comme  un  squelette.  Si  cette  similitude  d'organisation  existait, 
il  ne  faudrait  pas  trop  se  hâter  de  conclure  à  une  communauté 
de  type ,  surtout  si  nous  trouvions  des  caractères  différentiels 
plus  importans.  Or,  ces  caractères  nous  les  trouvons  précisément 
4ans  une  disposition  différente  du  système  nerveux.  Je  ne  citerai 


TRAVADX    INÉDITS.  57 

pour  exemple  que  les  Pentastomes  et  \esNemertes  (  12*  livraison 
des  zooph.  du  R.  animal);  dans  ces  deux  vers  ,  le  système  nerveux: 
forme  deux  cordons  parallèles  qui  partent  chacun  d'un  gan- 
glion sus-œsophagien  et  régnent  sur  les  cotés  du  corps.  Ici 
la  symétrie  existe  encore  ,  mais  les  filets  nerveux  sont  simples, 
au  lieu  d'être  noueux  ;  ils  sont  séparés  ,  au  lieu  d'être  réunis  ; 
t75  sont  disposés  sur  les  parties  latérales  ,  au  lieu  d'occuper  la 
ligne  médiane  et  inférieure  du  corps.  C'est  là  un  plan  différent , 
les  animaux  qui  le  présentent  ne  sauraient  être  confondus  avec 
les  annélides.  Ce  plan  de  composition  du  système  nerveux  est 
aussi  celui  qu'on  a  trouvé  dans  les  Distomes  et  d'autres  Trématodes. 

Nous  pouvons  donc  déduire  cette  seconde  conclusion  :  Jl  n'est 
pas  encore  démontré  qu'on  doive  réunir  aux  annélides  certains 
vers  classés  jusqu'ici  parmi  les  intestinaux  :  la  disposition 
qu'affecte  le  système  nerveucc  chez  ces  vers  ne  permet  pas  cette 
réunion. 

Voyez  maintenant  ce  qui  arriverait ,  si  l'on  réunissait  en  un 
«eul  groupe  les  annélides  et  les  vers  dont  il  est  ici  question. 
Quels  caractères  généraux  donnera-t-on  à  ce  groupe?  On  n'en 
trouvera  ni  dans  la  disposition  du  système  nerveux,  ni  dans  celle 
des  téguments  ,  encore  moins  dans  les  organes  des  fonctions  de 
nutrition.  Que  sera  dès  lors  un  groupe  auquel  vous  ne  pourrez  as- 
signer d'autre  caractère  général  que  la  forme  du  corps?  ce  groupe 
incohérent  sera  composé  d'animaux  qui  se  rattacheront,  d'une 
part ,  aux  articulés ,  par  leur  cordon  nerveux  sous- abdominal ,  de 
l'autre ,  aux  entozoaires  parleur  système  nerveux  bilatéral.  Mais , 
dira-t-on ,  la  forme  allongée  et  annelée  du  corps  est  suffisante 
pour  caractériser  ces  vers.  C'est  là  précisément  un  point  de  vue 
erroné  que  je  ne  saurais  admettre.  La  forme  est  un  caractère 
trompeur,  parce  qu'il  est  trop  large  et  trop  exclusif.  C'est  la  con- 
sidération de  ce  caractère  qui  égarait  Linné  quand  il  plaçait  les 
Cétacés  parmi  les  poissons  ;  c'est  ce  caractère  superficiel  qui 
trompe  tous  les  jours  le  vulgaire  quand  il  prend  les  Ammocètes 
pour  des  vers ,  certaines  Couleuvres  pour  des  Anguilles,  etc.  La 
forme  générale  du  corps  donne  quelquefois  un  excellent  carac- 
tère quand  il  s'agit  d'établir  de  grandes  coupes  :  celle  des  ani- 
maux rayonnes  ,  par  exemple ,  et  celle  des  animaux  symétrique» 
ou  binaires  ;  mais  elle  est  insuffisante,  le  plus  souvent ,  quand  il 
s'agit  de  subdiviser  ces  coupes  primordiales.  A'ous  remarquerez 


58  REVDE  ZOOLOGIQUE.  (Février  1845.) 

d'ailleurs  que  le  système  nerveux ,  quand  il  existe ,  répète  la 
forme  du  corps  :  il  est  circulaire  dans  les  animaux  rayonnes,  il 
est  binaire  dans  les  animaux  symétriques.  Mais ,  dans  ces  derniers , 
le  système  nerveux ,  toujours  binaire ,  peut  varier  dans  sa  dispo- 
sition sans  que  la  forme  générale  du  corps  traduise  au  dehors  ces 
variations  :  ainsi  les  myriapodes  ,  les  annélides  ,  les  vers  ,  ont  la 
même  forme  générale ,  tandis  que  leur  système  nerveux  est  réuni 
en  un  seul  cordon  dans  les  uns ,  séparé  en  deux  cordons  dans 
les  autres.  Enfin  il  ne  faut  pas  oublier,  et  cela  ressort  déjà  de  ce 
que  j'ai  dit  plus  haut ,  que  les  mêmes  formes  se  répètent  quelque- 
fois dans  des  types  essentiellement  distincts  (Ammocètes ,  Myxi- 
mes,  Cétacés ,  etc.)  11  faut  donc  renoncer,  sous  peine  de  retomber 
dans  les  défauts  des  classifications  artificielles ,  à  employer  la 
forme  du  corps  comme  caractère  général  et  exclusif. 

Si  Ton  persiste  à  réunir  en  un  seul  groupe  tous  les  animaux 
vermiformes  ;  si  Ton  continue ,  comme  on  l'a  déjà  fait  dans  quel- 
ques ouvrages  classiques,  à  mettre  en  commun  Annélides,  Néma- 
toïdes,  Némcrtes  ,  Échiures ,  etc.,  je  ne  crains  pas  de  dire  qu'on 
tombera  dans  un  véritable  chaos ,  en  rompant  tous  les  liens  de  la 
méthode  naturelle. 

Telles  sont  les  considérations  que  je  crois  devoir  présenter  et 
soumettre  aux  réflexions  des  zoologistes  ;  elles  se  résument  en 
deux  propositions  : 

1°  Les  annélides  ne  doivent  pas  être  séparées  des  animaux  arti- 
culés, puisqu'elles  ont  en  commun  avec*  ces  animaux  :  —  a)  un 
système  nerveux  sous-abdominal  occupant  la  ligne  médiane  du 
corps  et  formé  de  deux  cordons  réunis  ; — b)  le  corps  divisé  en  seg- 
ments distincts,  mis  en  mouvement  par  des  muscles  qui  ont  leurs 
points  d'attache  en  dedans  de  ces  mêmes  segments. 

2°  Les  animaux  vermiformes  autres  que  les  annélides ,  chez 
lesquels  le  système  nerveux  est  binaire  et  consiste  en  deux  cor- 
dons séparés  et  situés  le  long  des  parties  latérales  du  corps  ,  ne 
doivent  pas  être  réunis  aux  annélides  ;  ils  constituent  un  groupe 
différent ,  ils  appartiennent  à.un  type  autre  que  celui  des  articu- 
lés ,  mais  dans  lequel  on  voit  se  répéter  certaines  formes  parti- 
culières à  ce  dernier  type. 


ANALYSES    D OUVRAGES   NODVBAUX.  59 

H.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Voyage  autour  du  monde  sur  la  frégate  la  Fénus,  Physique ,  par 
M.  DE  Tessan  ,  ingénieur  hydrographe. 

Cinq  volumes  d'observations  de  physique  sont  dus  à  cet  habile 
géomètre,  mais  dans  le  cinquième  se  trouvent  quelques  obser- 
vations de  zoologie,  que  nous  rapportons  ici  avec  d'autant  plus 
d'empressement  qu'elles  se  trouvent  dans  un  ouvrage  que  les 
toologistes  n'auront  peut-être  jamais  l'idée  ou  l'occasion  de 
compulser. 

Au  Gallao  et  Lima  l'auteur,  étant  dans  un  canot,  a  va  un 
poisson  volant  battre  d'abord  des  ailes  et  les  faire  vibrer  ensuite 
en  planant,  il  décrivit  une  courbe  à  l'avant  du  canot ,  peut-être 
la  queue  vibrait-elle  aussi,  mais  l'auteur  n'en  est  pas  certain; 
cette  observation  est  contraire  à  l'opinion  reçue ,  qui  n'admet 
les  ailes  du  poisson  volant ,  que  comme  faisant  les  fonctions  de 
parachute.  ' 

Au  Kamschatka  :  un  énorme  nid  placé  à  trois  à  quatre  mètres 
du  sol  sur  un  arbre,  ayant  attiré  Tattention,  on  reconnut  qu'il 
était  formé  de  branches  souvent  aussi  grosses  que  le  bras  ;  les 
habitants  interrogés ,  répondirent  que  c'était  un  nid  d'ours  ; 
peut-être  la  rigueur  du  climat,  qui  ne  permet  pas  de  creuser  des 
cavernes  ,  a-t-elle  forcé  ces  animaux  à  ce  m|)de  de  demeure.  A 
Monterey,  on  vit  un  jeune  ours  privé  allaité  par  une  chienne 
quatre  fois  plus  petite  que  lui ,  et  comme  il  ne  trouvait  pas 
toujours  le  lait  qu'il  désirait,  il  maltraitait  fort  sa  nourrice  qui 
n'opposait  aucune  défense. 

Iles  Charles  aux  Gallapagos  ;  sur  les  roches  de  la  côte  existe 
une  espèce  d'Iguane,  de  0™.  5  c.  de  longueur,  et  que  l'on  peut 
considérer  comme  amphibie  d'eau  salée  ,  car  quand  ces  sauriens 
sont  effrayés  ils  sautent  à  l'eau  et  se  cachent  sous  les  roches  ; 
(cette  observation  est  très-extraordinaire  :  ne  serait-ce  pas 
quelque  espèce  de  Triton  ou  genres  voisins)?  l'auteur  dit  n'avoir 
retrouvé  cet  animal  en  aucun  autre  endroit. 

Yol  des  oiseaux  :  l'auteur  ayant  eu  si  souvent  occasion  d'ob- 
server les  albatros  et  autres  oiseaux  qui  s'éloignent  à  de  si 
grandes  distances  de  terre,  en  est  venu  à  regarder  la  théorie  du 
vol ,  donnée  par  Cuvier,  comme  tout  à  fait  fausse,  et  il  en  doit 
être  ainsi  quand  l'on  considère  que  Navier ,  malgré  toutes  les  atté- 


60  REVUE  zooLOGiQOE.  {Février  1845.) 

nuations  qu'il  apporte  à  son  propre  calcul ,  atténuations  qui 
réduisent  l'effet  trouvé  au  dixième  de  ce  qu'il  devrait  être, 
admet  encore  que  la  force  musculaire  nécessaire  à  l'hirondelle 
pour  voler  est  égale  à  la  force  musculaire  d'un  homme.  En 
appliquant  les  calculs  de  ce  minimum  de  Navier,  au  vol  d'un 
albatros,  eu  égard  à  son  poids  et  à  son  envergure  il  faudrait, 
pour  Je  faire  mouvoir  ,  une  force  égale  à  celle  de  150  chevaux 
de  vapeur  m  L'auteur  donne  ensuite  le  poids  d'un  albatros  qui 
était  de  9  kilog.  et  la  mesure  très-exacte  de  toutes  les  parties , 
pour  aider  les  personnes  qui  voudraient  s'occuper  d'une  nou- 
velle théorie  ;  voici ,  quant  à  lui ,  l'idée  qu'il  émet  ;  quand  les 
albatros  volent,  les  ailes  parfaitement  roides  et  un  peu  concaves 
en  dessous,  font  tout  à  fait  l'effet  d'une  voile  offerte  au  vent, 
par  la  tranche  ,  il  est  probable  que  la  simple  inclinaison  à  droite, 
à  gauche, par  l'articulation  humérale,  suffit  pour  diriger  l'oiseau 
en  haut ,  en  bas,  à  droite  ou  à  gauche  ;  tous  les  deux ,  trois  ou 
cinq  minutes ,  l'oiseau  donne  un  coup  d'aile  ,'mais  ce  coup,  loin 
de  servir  à  le  faire  avancer,  doit  seulement  être  considéré 
comme  un  moment  de  repos  pour  les  muscles  pectoraux  qui 
tiennent  l'aile  tendue  ,  pour  s'opposer  à  l'effort  de  l'air  qui  tend 
toujours  à  les  rejeter  sur  le  dos  de  l'oiseau ,  dans  ce  moment 
l'aile  de  concave  devient  sinueuse  et  le  bout  se  relève  un  peu  ; 
la  partie  postérieure  de  l'aile  ,  quand  elle  est  tendue  ,  est  agitée 
d'un  mouvement  de  vibration  très-léger,  mais  qui,  peut-être  , 
n'est  que  l'effet  de  la  résistance  de  l'air  ;  cependant  c'est  dans  ce 
mouvement  que  l'auteur  pense  que  l'on  doit  chercher  la  solu- 
tion de  la  théorie  du  vol,  qui  ne  serait  alors  qu'une  direction, 
puisque  la  résistance  de  l'air  seul  suffirait  pour  porter  l'oiseau , 
comme  on  le  voit  pour  un  cerf- volant;  à  l'appui  de  cette  idée  , 
il  fait  remarquer  que  les  albatros  ne  peuvent  s'élever  du  pont 
d'un  navire  où  ils  sont  posés  ,  et  même  de  dessus  l'eau  en  temps 
calme  ;  que,  dans  les  temps  ordinaires,  quand  ils  veulent  prendre 
leur  vol,  ils  se  présentent  debout  au  vent  les  ailes  étendues, 
jusqu'à  ce  qu'ils  se  trouvent  au  sommet  d'une  vague,  qui  au 
moment  où  elle  les  abandonne,  les  laisse  en  l'air  et  leur  permet 
de  s'élever  (voir  pour  plus  de  détail  tout  ce  passage,  page  108  et 
suiv.,  et  d'autres  indiquées  à  la  table). 

Parmi  les  observations  thermomélriques ,   nous  trouvons  les 
suivantes  qui  sont  d'un  véritable  intérêt  pour  la  zoologie. 


ANALYSES  d'oUVRAGES  NOCVEAUX.  61 

Température  du  cœur  d'un  Thon.  190,0.  Tempér.  de  l'eau  à  la  surface  180,8. 

— -  170,3. 150,0. 

d'un  Pétrel  de  grande  espèce  38*, 3. 

-^-^       du  cœur  d'un  Requin  290,0. eau  à  la  surface  270,0. 

Le  cœur  de  ce  requin,  mis  à  sec  dans  un  vase  de  porcelaine, 
a  battu  encore  2  heures  30  minutes ,  dans  les  premiers  moment» 
les  contractions  se  succédaient  à  5"  6 ,  puis  elles  se  sont  ralentie» 
pour  cesser  enfin  complètement. 

Tempér.  du  cœur  d'un  Requin  commun,  femelle  3io,o  1  ^^^  ^  j^  surface  27*  8. 

—  —       à  peau  bleue,  mâle.  290,0  j  ' 

—  —    d'un  jeune   marsouin    370,0    eau  à  la  surface  110,0. 

—  —    de  plusieurs  marsouins  360,0    eau  à  la  surface  160,3. 

On  voit  par  le  peu  que  nous  citons,  que  les  zoologistes  trou- 
veront un  grand  avantage  à  consulter  ce  volume;  indépen- 
damment de  ce  qu^il  renferme  du  plus  haut  intérêt  pour  les 
jsciences  physiques.  A.  P. 

BÏAMMiFÈKES ,  classification  parallélique  de  M.  I.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  ,  d'après  laquelle  sont  rangés  les  mammifères  dans 
les  galeries  du  Muséum  d'histoire  naturelle.  Tableau  dressé  en 
1837,  et  retouché  pour  l'addition  des  genres  nouveaux  en  1845, 
par  M.  J.  Payer. 

Nous  avons  déjà  exposé  la  méthode  parallélique  de  M.  I. 
Geoffroy  Saint-Hilaire  dans  cette  Revue,  1838,  p.  217  à  221.  Son 
auteur  n'y  a  rien  changé  depuis  cette  époque,  il  l'a  suivie  dans 
ses  cours ,  si  goûtés  du  public  savant ,  et  c'est  pour  répondre  au 
voeu  des  nombreux  audi.teurs  de  M.  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire , 
que  l'un  d'eux,  M.  Payer,  a  eu  l'idée  de  publier  le  tableau  com- 
plet que  nous  annonçons  aujourd'hui. 

Ce  tableau  sera  très-utile ,  non-seulement  aux  personnes  qui 
suivent  le  cours  de  M.  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  mais  surtout 
aux  savants  de  tous  les  pays  qui  ne  peuvent  profiter  de  cet  avan- 
tage ,  aux  professeurs  des  facultés  des  sciences ,  ajix  voyageurs 
qui  veulent  avoir  une  idée  précise  des  objets  qu'ils  recueillent , 
sans  être  obligés  d'emporter  une  bibliothèque  complète,  etc.,  etc^ 
On  doit  donc  des  remercîments  à  M.  Payer,  pour  avoir  publié 
cet  utile  tableau.  (G.  M.) 


62  RRVCE  zooLOGii^OK.  {Février  1845.) 

<• 
Observations  sur  un  Mémoire  de  M.  Nicolcty  concernant  les 
PODURELLKS,  par  M.  l'abbé  Bourlet. 
Les  Podurelles  sont  peut-être  de  tous  les  Insectes  les  plus 
difficiles  à  étudier,  tant  sous  le  rapport  de  l'organisation  que 
BOUS  celui  des  mœurs.  Leur  exiguïté ,  la  mollesse  de  leur  corps , 
que  la  mort  ne  tarde  pas  à  déformer  et  à  rendre  méconnaissable, 
les  variations  de  taille  et  de  couleur  dans  les  mêmes  espèces , 
les  anomalies  dont  quelques-unes  sont  affectées ,  leur  vie  presque 
toujours  solitaire  et  cachée  ,  hérissent  à  chaque  pas  cette  étude 
des  plus  grandes  difficultés.  J'ai  consacré  plusieurs  années  à  l'ob 
servation  de  ces  insectes  ,  et ,  bien  que  j'aie  borné  mes  travaux  à 
leur  organisation  extérieure  et  à  quelques  recherches  sur  leurs 
habitudes,  je  sais  combien  les  quelques  notions  que  j'ai  obtenues 
à  cet  égard  m'ont  coûté  de  peine  et  de  temps.  C'est  que  je  suis 
convaincu  qu'en  histoire  naturelle  surtout,  aucun  fait  ne  doit  être 
avancé  qu'il  ne  soit  rigoureusement  exact  et  ne  puisse  être  faci- 
lement constaté,  Fitam  impenderevero  ,  telle  doit  être  la  devise 
de  tout  naturaliste  consciencieux.  Guidé  par  ce  principe,  j'ai  re- 
noncé à  décrire  les  organes  internes  des  Podurelles,  lorsqu'après 
beaucoup  d'essais  infructueux ,  beaucoup  de  temps  perdu ,  après 
m'être  aidé  des  meilleurs  instruments  et  avoir  employé  les 
moyens  les  plus  propres  à  assurer  le  succès  de  mes  observations, 
je  reconnus  l'impossibilité  de  débrouiller  cette  abstruse  et  im- 
perceptible organisation.  Grande  fut  donc  ma  surprise  quand  je 
lus  les  découvertes  anatomiques  publiées  sur  les  Podurelles,  par 
M.  Nicolet.  Me  défiant  de  moi-même ,  craignant  d'avoir  manqué 
de  'persévérance  ou  des  moyens  nécessaires  pour  réussir,  stimulé 
par  l'espoir  de  découvrir  enfin  quelques-uns  de  ces  organes  si 
bien  vus  par  M.  Nicolet,  je  repris  le  microscope,  et  longtemps 
je  me  fatiguai  la  vue,  variant  de  mille  manières  mes  observations 
et  mes  procédés  ;  eh  bien  ,  si  j'en  excepte  l'oviparisme  des  Podu- 
relles, désormais  positivement  constaté,  les  organes  buccaux  , 
un  peu  mieux  aperçus  ,  et  quelques  autres  particularités  peu  in- 
téressantes, cette  fois  encore  mes  efforts  furent  vains.  A  la  vérité 
j'ai  bien  aperçu  quelque  chose  qu'on  pourrait  prendre  pour  un 
tube  digestif,  quelque  autre  chose  ressemblant  un  peu  à  des 
filets  nerveux ,  certains  autres  filets  qu'on  pourrait  supposer  être 
des  trachées ,  sur  l'épiderme  quelques  dépressions  irrégulières 
ne  ressemblant  guère  à  des  stigmates,  etc.,  mais  aucune  de  ces 


ANALYSES   d'OOVRAGES  NOOVEAnX.  6S 

chosef  ne  se  présente,  je  dois  le  dire  ,  avec  assez  de  netiece  ec 
de  précision  pour  pouvoir  être  décrite  d'une  manière  exacte  ,  à 
moins  que  l'esprit  ne  supplée  par  l'analogie  à  ce  que  l'œil  ne  voit 
pas.  A  quoi  dois-je  imputer  ce  fâcheux  résultat?  Si  j'étais  étran- 
ger à  l'étude  des  Podurelles,  ou  novice  dans  l'art  de  manier  le  mi- 
croscope ,  si  j'avais  été  avare  de  temps  et  de  patience ,  avec  la 
même  franchise  qui  me  fait  avouer  ici  mon  insuccès,  je  confes- 
serais que  je  ne  dois  m'en  prendre  qu'à  mon  inhabileté.  Ne  pou- 
vant en  conscience  faire  un  pareil  aveu ,  mais  n'étant  pas  obligé 
non  plus  d'en  croire  sur  ^iàrole  M.  lSico\et(t estis  unus ,  iesiis 
nullus)y  d'un  autre  côté  ne  voulant  pas  mettre  en  dénégation 
ses  découvertes  ,  je  prends  un  parti  qui ,  je  l'espère ,  ne  lui  dé- 
plaira pas,  celui  d'en  appeler  au  jugement  des  ^entomologistes , 
de  ceux  surtout  qu'une  longue  habitude  a  familiarisés  avec  les 
observations  microscopiques. Si  M.Nicolet  a  foi  dans  les  siennes, 
non-seulement  il  ne  se  formalisera  pas  de  l'examen  vérificatif 
que  je  propose,  mais  il  le'provoquera  lui-même,  comme  pouvant 
seul  imprimer  aux  faits  observés  par  lui  ce  caractère  et  cette 
sanction  dont  ils  ont  besoin  pour  être  associés  au  domaine  de  la 
science. 

Quanta  sa  classification  spécifique,  c'est  autre  chose.  Après  un 
assez  grand  nombre  d'années  spécialement  consacrées  par  moi  à 
la  recherche  et  à  la  détermination  des  coupes  génériques  et  des 
espèces  de  cette  famille ,  je  crois  être  à  même  de  juger  de  la  légi- 
timité de  celles  créées  par  M.  Nicolet. 

Il  y  a  longtemps  que  l'avertissement  en  a  été  donné  par  plu- 
sieurs bons  esprits  ;  la  manie  de  multiplier  les  espèces  sans  raison 
et  sans  mesure  ne  peut  manquer,  si  elle  n'est  réprimée ,  de  jeter 
la  confusion  dans  les  sciences  naturelles.  Bientôt,  en  effet,  cet 
abus  continuant ,  ces  sciences  ne  se  présenteront  plus  que  comme 
un  immense  océan  où  Ton  ne  trouvera  ni  fond ,  ni  rive ,  et  sur 
lequel  le  plus  intrépide  naturaliste  ne  se  hasardera  plus  qu'en 
tremblant.  Le  seul  moyen  d'arrêter  ce  désordre ,  c'est  de  s'atta- 
cher désormais  à  restreindre  le  plus  possible  le  nombre  des  es- 
pèces ,  en  soumettant  à  un  examen  sévère  toutes  celles  créées  jus- 
qu'ici ,  et  de  n'en  admettre  de  nouvelles  qu'après  leur  avoir  fait 
subir  la  même  épreuve.  Dût- on  s'exposer  par  là  à  en  confondre 
plusieurs  en  une  seule  ,  le  mal  serait  moins  grave  ,  à  mon  avis , 
que  le  défaut  contraire ,  ce  défaut  pouvant  entraîner  dans  de 


64  REVUE  zooLOGiQDE.  (  Févricf  1845.) 

dangereuses  méprises  ,  et  compromettre  la  science,  notamment 
quand  il  s'agit  d'Insectes  aussi  exigus  et  aussi  variables  que  les 
Podurelles.  Véritables  protées  pendant  leur  jeunesse ,  ce  n'est 
que  dans  Tâge  adulte  que  les  caractères  spécifiques  de  ces  in- 
sectes se  révèlent ,  se  trouvent  fixés  et  peuvent  être  saisis  et  dé- 
crits.avec  certitude.  Il  faut  donc ,  avant  tout,  lorsqu'on  veut  dé- 
crire et  classer  une  Podurelle ,  s'assurer  qu'elle  est  entrée  dans 
la  seconde  période  de  sa  vie.  Mais  la  détermination  de  cette  épo- 
que offre  elle-même  d'assez  grandes  difficultés.  L'âge  adulte  est 
caractérisé  chez  les  Podurelles  par  la  cessation  de  la  mue  :  mais 
comment  s'assurer  qu'elles  ont  cessé  d'être  soumises  à  ce  phéno- 
mène? Nul  autre  moyen ,  je  pense  ,  que  celui  que  j'ai  employé  : 
il  faut  que  l'insecte,  recueilli  le  plus  jeune  possible,  ait  été  élevé, 
pour  ainsi  dire,  sous  les  yeux  de  l'observateur  ;  de  cette  ma- 
nière on  a  pu  en  étudier  toutes  les  variations,  et  les  suivre  jus- 
qu'à l'époque  où  on  les  a  vues  cesser  avec  le  phénomène  qui  les 
occasionnait.  J'ajouterai  qu'il  faut  en  outre  tenir  compte  de  cer- 
taines influences ,  telles  que  celles  qui  résultent  des  localités  et 
des  saisons.  VJEtheocerus  rufeseens,  par  exemple ,  est  plus  velu 
et  plus  brun  l'hiver  que  l'été  ;  le  Podura  cursitans  peut  se  trou- 
ver sur  les  murs,  dans  les  maisons ,  sous  l'écorce,  sous  le  feuil- 
lage des  arbres,  sur  les  champignons,  dans  les  lieux  secs,  dans 
les  lieux  humides,  etc.  Sa  coloration  est  différente  suivant  ces 
différentes  stations.  Aussi  cette  espèce  est-elle  si  variable  qu'à 
moins  qu'elle  ne  soit  adulte  ,  on  n'en  rencontre  jamais  deux  in- 
dividus exactement  semblables.  On  ne  doit  donc  pas  s'étonner 
que  M.  Nicolet  en  ait  fait  onze.  On  verra  que  c'est  ce  qui  lui  est 
arrivé  pour  bien  d'autres. 

Maintenant  je  vais  indiquer  quelques-unes  des  observations 
anatomiques  de  M.  Nicolet,  sur  lesquelles  j'appellerai  l'attention 
des  entomologistes.  Je  passerai  ensuite  à  l'examen  de  ses 
espèces. 

OEufs.  M.  Nicolet  a  vu  les  OEufs  des  Podurelles  composés  des 
parties  suivantes  :  1 .  La  vésicule  germinative.  2.  Le  jaune.  3.  La 
membrane  du  jaune.  4.  L'albumen.  5.  La  membrane  du  blanc. 
6.  L'enveloppe  externe,  laquelle  est  elle-même  composée  de  deux 
membranes.  Parmi  ces  OEufs  il  en  est  de  lisses  ,  de  pointillés,  de 
réticulés,  d'épineux,  de  velus.  La  matière  constitutive  du  jaune 
est  composée  de  petits  corps  globuleux,  qui  sont  des  cellules  em- 


ANALYSES    d'oUVKAGES    NOUVKAUX.  65 

bryonales  dont  le  centre  est  occupé  par  une  vésicule  blanche ,  le 
nucleus ,  autour  duquel  sont  répandus  les  corpuscules  nutritifs. 
Pag.  18  etsuiv. 

Téguments.  La  peau  des  Podurelles  est  composée  de  trois  cou- 
ches :  répiderme.  la  muqueuse  et  le  derme.  L'épiderme  est  percé 
d^une  infinité  de  trous  tantôt  ronds,  tantôt  carrés.  Pag,  22. 

Yeux.  Les  yeux  sont  situés  sur  des  plaques  composées  de  deux 
membranes ,  entre  lesquelles  se  trouve  une  bouillie  noire  et 
épaisse,  et  dont  la  supérieure  est  percée  d'une  infinité  de  pores 
rangés  par  compartiments.  Pag.  28. 

Système  nerveux.  Ce  système  se  présente  sous  la  forme  d'un 
double  cordon  médullaire  qui  s'étend  depuis  la  tête  jusqu'à  l'ab- 
domen et  se  termine  par  un  ganglion  ovoïde  duquel  partent  trois 
autres  cordons,  dont  l'un  se  rend  en  ligne  droite  à  l'extrémité 
postérieure  du  corps ^  et  les  deux  autres,  obliquant  à  droite  et  à 
gauche,  se  perdent  dans  le  premier  segment  abdominal.  Il  y  a 
trois  autres  ganglions,  dont  l'un  correspond  au  thorax,  et  les 
deux  autres  constituent  le  cerveau,  et  portent  les  nerfs  optiques 
et  les  nerfs  antennaires.  Pag.  44. 

Organes  digestifs.  Le  tube  digestif  se  compose  de  l'œsophage  j 
du  jabot,  du  ventricule  chilifique  (1),  des  vaisseaux  hépatiques, 
de  l'intestin  grêle  et  du  cœcum.  Suit  la  description  de  chacune, 
de  ces  parties.  Pag.  46. 

Organes  respiratoires  et  circulatoires.  Les  Podurelles  ont  huit 
stigmates  placés  sur  les  quatre  premiers  arceaux  de  l'abdomen. 
Les  trois  premiers  segments  portent  en  outre  chacun  quatre 
points  enfoncés,  que  M.  Nicolet  présume  être  des  ouvertures 
trachéennes ,  ce  qui  porterait  à  vingt  le  nombre  des  stigmates  des 
Podurelles.  Pag.  47. 

M.  Nicolet  a  vu  les  trachées  de  ces  insectes,  leur  forme,  leur 
position  ,  leurs  ramifications.  11  a  vu  également,  non-seulement 
la  circulation  du  sang ,  mais  la  composition  de  ce  fluide  lui- 
même,  dans  lequel  il  a  observé  des  globules  tantôt  gros  et  sphé- 
riques  ,  tantôt  ovoïdes  et  comprimés,  etc.  Le  mouvement  du  sang 
se  manifeste  par  celui  de  ces  globules  ,  et  s'opère  par  pulsations 
en  partant  de  la  tête  :  il  en  a  compté  jusqu'à  cent  soixante  par 
minute.  Vient  ensuite  la  description  du  vaisseau  dorsal  des 
Podurelles,  que  l'auteur  a  vu  composé  de  neuf  cellules^  séparées 

(i)  M.  Nicolet  écrit  partout  chtlifére. 

Tome  YlII.  Année  18^5.  5 


66  REVUE  ZOOLOGIQUE.  [Février  1845.  ) 

par  des  valvules  :  les  ouvertures  latérales  lui  ont  échappé,  mais 
il  ne  doute  pas  qu'elles  n'existent.  Ibid. 

Inutile  de  répéter  que  j'ai  eu  le  malheur  de  ne  pas  voir,  ou  de 
ne  voir  que  fort  confusément  toutes  ces  choses.  Mais  je  ferai  re- 
marquer, 1*  que  si  les  Podurelles  portaient  quatre  stigmates  sur 
chacun  des  trois  premiers  segments ,  comme  le  pense  l'auteur, 
cela  serait  contraire  à  la  loi  générale ,  chaque  segment  n'ayant 
jamais  chez  les  insectes  plus  de  deux  de  ces  ouvertures  ;  2®  que 
l'auteur,  en  faisant  mouvoir  le  sang  de  la  tête  vers  l'extrémité 
postérieure  du  corps  ,  est  en  contradiction  avec  tous  les  entomo- 
logistes qui  ont  observé  le  vaisseau  dorsal  des  insectes,  et  entre 
autres,  avec  M.  Lacordaire  {Introduction  à  l'entomologie ,  t.  2, 
pag.  72).  D'après  cet  auteur,  le  sang  circule  d'arrière  en  avant, 
en  passant  de  la  cavité  abdominale  dans  la  première  cellule  pos- 
térieure ,  et  de  celle-ci  successivement  dans  les  suivantes.  Du 
reste,  il  est  extrêmement  remarquable  que  tout  ce  que  dit 
M,  Nicolet  des  organes  internes  ainsi  que  de  plusieurs  des  parties 
externes  des  Podurelles,  offre  jusque  dans  les  termes  une  identité 
frappante  avec  les  descriptions  que  donne  de  ces  mêmes  organes 
pour  les  insectes  en  général ,  M.  Lacordaire  dans  l'ouvrage  pré- 
cité, au  point  qu'on  serait  porté  à  penser  que  les  descriptions  de 
M.  Nicolet  ont  pu  tout  aussi  bien  être  calquées  sur  celles  de 
M.  Lacordaire ,  que  tracées  d'après  nature.  C'est  une  idée  qui  ne 
peut  manquer  de  se  présenter  à  tous  ceux  qui  compareront  atten- 
tivement les  unes  et  les  autres. 

Espèces  établies  par  M.  Nicolet.  La  plupart  de  ces  espèces  ont 
été  formées  ,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  sur  les  variations  de  taille ,  de 
couleur,  de  faciès ,  que  présentent  les  Podurelles  dans  leur  jeu- 
nesse, variations  multipliées  dans  certaines  espèces  presque  à 
l'infini ,  et  qui ,  disparaissant  dans  l'âge  adulte ,  ne  sauraient 
constituer  de  véritables  caractères  spécifiques.  C'est  de  quoi 
pourra  se  convaincre  M.  Nicolet  s'il  continue  d'étudier  les  Podu- 
relles; il  ne  tardera  pas  à  reconnaître  qu'avec  de  pareils  carac- 
tères, il  pourrait  facilement  doubler,  quadrupler,  multiplier  à 
volonté  le  nombre  des  espèces.  Cette  méprise,  du  reste,  ne 
m'étonne  pas  ;  moi-même  je  l'avais  d'abord  partagée  ;  mais  m'en 
étant  aperçu  à  temps,  je  réformai  la  plus  grande  partie  de  mes 
espèces,  et,  quoique  celles  que  j'ai  données  dans  mon  premier 
mémoire  (en  1839)  me  parussent  alors  dûment  constatées,  on 


ANALYSES  d'OUVRAGES  NOUVEAUX,  67 

peut  voir  que  j'en  ai  encore  supprimé  plusieurs  dans  mon  second 
mémoire  (1)  (en  1842).  Je  me  bornerai  ici  à  indiquer  celles  de 
mes  espèces  auxquelles  se  rapportent  celles  de  M.  Nicolet. 

AcHORUTES.  A.  Tuberculatus,  esp.  n. 

Anarophorus.  a.  fimetarius  (2).  — Adicranus  fimetarius  y 
Bourlet.  A.  laricis.  —  Adicranus  corticinus  ,  Bourl. 

PoDURA.  P.  aquatica,  —  Hypogastrura  aquatica,  Bourl. 
P.  similata^  —  Hypogastrura  murorum,  jeune,  Bourl.  P. 
cyanocephala.,  — la  même,  jeune.  —  P.  cellaris,  —  la  même. — 
P.  armala,  —  Podura  palustris,  Bourl.  — P.  rufescens,— 
ff ijpo g astrur a  aquatica ,  jeune,  Bourl  (3). 

Desoria.  D.  glacialis,  esp.  n.  voisine  de  la  Podura  arborea, 
Bourl./?,  virescens,  —  Podura  trifasciata,  Bourl.  D.  tigrina^ 
—  la  même.  D.  fulvomaculata ,  —  Podura  bifasciata,  Bourl. 
J).  cinerea,  —  Podura  nivalis,  Bourl.  D.  cylindricay  —  Podura 
villosa,  Bourl.  D.  viaiica^  —  la  même.  D.  pallida,  —  la  même. 
/?.  ebriosa, —  la  même.  D.  annulât  a ,  Podura  annulata, 
Bourl.  D.  riparia,  —  Podura  palustris^  Bourl.  D.  fusca,  la 
même  plus  petite. 

Cyphodéirus.  C.  capucinus ,  —  Lepidocyrtus  curvicollis, 
jeune,  Bourl.  C.  gibbulus,  —  le  même,  plus  petit,  jeune.  C. 
Iignorum,\e  même.  C.  pusillus,  le  même.  C.  ceneus ,  le  même, 
un  peu  plus  âgé.  C,  agilis y  le  même,  d'une  teinte  brune,  due  à 
rage  ou  à  la  localité.  C.  parvuluSy  la  même.  C,  Albinos,-^ 
Lepidocyrtus  argentatus,^m\. 

ToMOCERus.  T.  plumbeus,  —  Macrotomu  plumbea.  (Cette 
espèce  ne  contourne  pas  ses  antennes  en  spirale ,  comme  le  dit 

(1)  C'est  à  quoi  n'a  pas  fait  attention  M.  Lucas,  qui,  dans  le  compte  qu'il  a  rendu  de  ce 
dernier  ouvrage  (Annales  de  la  société  Entomologique  de  France,  1843,  3*  et  W  tri- 
mestres), a  réuni  toutes  les  espèces  des  deux  mémoires.  J'avertis  que  je  ne  reconnais  que 
les  espèces  décrites  dans  mon  mémoire  de  1842. 

(2)  M.  Nicolet  dit  avoir  compté  vingt-huit  yeux  dans  cette  espèce  :  je  n'ai  pu  en  décou- 
vrir un  seul. 

(3)  C'est  en  tête  de  mon  genre  Hypogastrura  que  vient  se  placer  VAchorutes  Incla- 
nensisdc  M.  Waga,  espèce  extrcmeineiit  remarquable,  très-distincte,  longuement  et  fort 
bien  décrite  par  l'auteur,  et  dont  j'ai  tracé  ainsi  qu'il  suit  les  caractères  diagnostiques,  sur 
deux  individus  qui  m'ont  été  envoyés  vivants  par  H.  Guérin-Méneville.  en  septembre  1843  : 
2-3  mill.  corpore  nigro,  tarsis  albis,  caudœ  dentibus  albidis,  pilis  albis  ,  oculis  nullis. 
Même  couleur  et  même  forme  que  VUypog.  murorum,  mais  beaucoup  plus  grande,  nolr« 
«n  dessus,  blanch^lilre  en  dessous,  tarses  et  poils  blancs,  dents  de  la  fourche  blanchâtres, 
un  peu  plus  longues  que  dans  les  autres  espèces,  quelques  crénelures  à  l'extrémité  supé- 
rieure de  l'abdomeu,  pas  d'yeux  visibles. 

M.  Waga  dit  que  cette  espèce  est  cendré-hleuàtre  en  dessus.  Les  individus  que  j'ai  exa- 
minés .  et  qui  étaient  adultes,  étaient  noirs  en  dessus  ,  absolument  de  la  même  couleur 
ijue  YHyp.  tnurorum  ,  ce  qui  indiquerait  que  cette  espèce  passe  ,  avec  l'âge  ,  du  cendré- 
bl«uùtrc  au  noir. 


(j8  revue  zoologiqde,  (Février  1845.) 

M.  Nicolet  ;  cette  faculté  n'appartient  qu'à  l'espèce  que,  pour 
cette  raison,  j'ai  nommée  Spiricornis.)  T.  celer ^  le  même  plus 
jeune. 

Degecru.  Les  onze  prétendues  espèces  de  ce  genre  appartien- 
nent toutes  à  mon  espèce  Podura  cursitans,  laquelle,  ainsi  que  je 
l'ai  dit  plus  haut,  varie   de  mille   manières  dans  sa  jeunesse. 
«  Cette  espèce,  ai-je  dit  dans  mon  second  mémoire  sur  les  Podu- 
relles ,  varie  beaucoup,  et  pour  le  fond  de  la  couleur,  et  pour  le 
nombre  ,  la  forme  et  la  disposition  des  taches  :  elle  est  le  plus 
souvent  d'un  fauve  pâle,  quelquefois  d'un  gris  violet,   d'un  gris 
rougeâtre  ou  jaunâtre.  *  La.  Podura  ct^mfans  diffère  considéra- 
blement de  ses  congénères,  mais  pas  assez  pourtant,  selon  moi, 
pour   nécessiter   la   formation    d'un    nouveau    genre ,   n'étant 
réellement  distinguée  des  autres  Podura,  Bourl.,  que  par  ses 
antennes  plus  longues,  sa  tète  plus  petite,  son  corps  fusiforme  , 
le  plus  grand  développement  du  quatrième  segment  abdominal  , 
et  sa  couleur.  J'avais  cru  d'abord  pouvoir  distinguer  quatre  ou 
cinq  variétés  de  cette  espèce  ;  mais  je  me  suis  assuré  que  les  diffé- 
rences ,  dues  seulement  à  l'âge ,  aux  localités  ,  ou  à  d'autres  cir- 
constances fortuites,  se  rapprochent  et  se  confondent  de  manière 
à   ne    laisser  entre    elles   aucune   limite    caractéristique   bien 
marquée. 

Orchesella.  O.  melanocephala ,  —  Mthescerus  rufescens^ 
Bourl.  O.  villosa^  la  même,  un  peu  plus  brune  et  plus  velue* 
O.  fasCuosa,  —  Mtheocerus  pulchricornis ,  Bourl.  O.  unifas- 
data,  —  jEtheocerus  cinctus,  Bourl.  0,  sylvdtica, —  Mihto- 
cerus  rufescens,  Bourl.  Quand  les  taches  sont  plus  grandes  et 
plus  intenses ,  alors  elles  paraissent  constituer  le  fond  de  la  robo 
de  l'insecte,  et  le  jaune  former  les  taches.  O,  bifasciata, — 
mtheocerus  cinctus^  Bourl. 

Sminthurus.  s,  signatuSj  —  Dicyrtoma  dorsimaculata ,  va- 
riété, Bourl.  S,oblonguSy  esp.  n.*!  S.viridis,  —  Sminthurus 
mndî5, Bourl.  S,  fuscus,  —  Dicyrtoma  atropurpurea,  Bourl. 
S.  arnatus ,  —  autre  variété  du  Dicyrtoma  dorsimaculata.  S. 
Couloniiy  —  le  même.  l'abbé  Boublet. 

Douai,  23  janvier  1845. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  69 

m.  SOCIÉTÉS  SAVAIVTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  3  février  t845.  —  M.  Milne  Edwards  lit  un  mé- 
moire ayant  pour  titre  :  Recherches  zoologiques  faites  pendant 
un  voyage  sur  les  côtes  de  Sicile. 

Nous  n'entreprendrons  pas  d'analyser  ce  travail  qui  occupe 
17  pages  in-4'^  du  compte-rendu,  mais  nous  profiterons  de  l'ar- 
ticle qu'un  anatomiste  très-instruit,  M.  le  docteur  Théophile  Rous- 
sel ,  a  publié  à  son  sujet  pour  faire  connaître  les  tendances  d« 
ce  travail  et  sa  véritable  valeur  scientifique. 

<  Encore  le  phlébentérisme  !  nous  pensiops  en  avoir  fini  pour 
longtemps  avec  cette  théorie,  nous  pourrions  dire  avec  cette  illu- 
sion zoologique  ;  nous  nous  trompions.  Nous  avions  demandé  des 
faits  et  des  preuves;  c'est  enfin  avec  des  faits  et  des  preuves 
qu'elle  vient  de  reparaître  devant  l'Académie  ;  mais  ce  n'est  déjà 
plus  le  phlébentérisme  tel  que  nous  l'avons  présenté ,  tel  que 
nous  l'avons  critiqué  :  c'est  un  phlébentérisme  aux  proportions 
plus  exigujës,  aux  traits  plus  radoucis  ,  ne  heurtant  plus  de  front 
la  philosophie  zoologique  ,  cherchant  à  s'accommoder  avec  les 
idées  admises  et  s'appuyant  même  sur  l'autorité  de  Cuvier.  On 
pourrait  même  dire  que  ce  n'est  plus  le  phlébentérisme ,  car  ce 
mot  lui-même  est  évité  avec  le  soin  que  mettrait  un  théologien 
suspect  à  ne  point  prononcer  une  parole  hérétique. 

»  Pour  nous  cependant  il  y  a  un  lien  manifeste  et  intime  entre 
les  faits  et  les  théories  que  M.  Milne  Edwards  a  exposés  hier  à 
l'Académie  et  les  faits  et  les  théories  combattus  par  M.  Souleyet. 
Ceux-ci  ne  sont  qu'une  conséquence,  une  exagération  de  ceux-là, 
et  les  uns  sont  solidaires  des  autres.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  l'em- 
pressement même  avec  lequel  le  savant  académicien  est  monté 
sur  la  brèche  pour  relever  un  étendard  renversé  et  pour 
une  cause  qui  était  en  partie  la  sienne.  Nous  le  félicitons  d'avoir^ 
porté  le  débat  sur  le  terrain  que  nous  avons  indiqué  comme  le 
seul  où  il  soit  aujourd'hui  possible  de  combattre  ,  le  terrain  des 
faits;  d'être  arrivé  avec  des  pièces  anatomiques  et  des  dessins 
représentant  fidèlement  la  nature.  Ce  sont  là  les  véritables  élé- 
ments de  la  discussion  ;  nous  les  avons  examinés  avec  le  soin 
qu'ils  méritent ,  et  nous  dirons  franchement  ce  qu'ils  nous  pa- 
raissent établir  ;  mais  auparavant  nous   pouvons  affirmer  qu'ils 


70  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Février  1845.) 

ne  changent  rien  à  ce  que  nous  avancions  dans  notre  dernier 
article ,  qu'ils  n'ébranlent  aucune  des  observations  de  M.  Sou- 
leyet ,  qu'ils  ne  confirment  aucune  des  assertions  de  M.  de  Qua- 
trefages.  Au  reste  ,  cela  ne  pouvait  être  autrement,  puisque  les 
recherches  de  M.  Milne  Edwards  portent  sur  des  Mollusques 
différents  de  ceux  qui  ont  été  étudiés  par  ces  deux  naturalistes. 
Au  point  où  la  question  est  parvenue,  il  est  très-essentiel  de  dis- 
tinguer deux  choses  :  les  faits ,  et  les  tendances  ou  la  théorie.  Les 
tendances  de  MM.  Milne  Edwards  et  de  Quatrefages  sont  à  peu 
près  les  mêmes,  et  leur  théorie  diffère  peu,  quoique  beaucoup 
plus  acceptable  et  mieux  adaptée  à  l'observation  chez  l'un  que 
chez  l'autre.  Quant  aux  faits,  il  y  a  d'une  part  ceux  qui  ont  été 
allégués  en  faveur  du  phlébentérisme  proprement  dit;  ceux-là 
ont  été  réfutés ,  et  il  n'y  a  pas  eu  de  réplique  ;  il  y  a  ensuite  les 
faits  qui  se  présentent  aujourd'hui  en  faveur  d'un  phlébenté- 
risme  modifié;  ce  sont  des  faits  nouveaux,  et  ceux-là  seuls  doi- 
vent nous  occuper. 

»  Le  mémoire  dans  lequel  ces  faits  sont  rapportés  a  pour  titre  : 
Recherches  sur  la  circulation  chez  les  Mollusques. Y oic\  d'abord 
ïes  conclusions  pour  lesquelles  ils  servent  d'appui  : 

»  M.  Milne  Edwards  reconnaît  avoir  longtemps  partagé  avec  Cu- 
vier,  Meckel ,  M.  de  Blainville,  etc.,  cette  opinion,  qu'il  regarde 
aujourd'hui  comme  une  erreur,  à  savoir  que  chez  tous  les  Mol- 
lusques l'appareil  de  la  circulation  est  complet  comme  chez  tous 
les  Vertébrés.  II  croit  pouvoir  démontrer,  l*' que  l'appareil  vascu- 
laire  n'est  complet  chez  aucun  Mollusque  ;  2°  que  dans  une  por- 
tion plus  ou  moins  considérable  du  système  circulatoire,  les 
veines  manquent  toujours  et  sont  remplacées  par  des  lacunes  ou 
par  les  grandes  cavités  du  corps;  3°  que  souvent  les  veines  man- 
quent complètement ,  et  qu'alors  le  sang  ,  distribué  dans  toutes 
les  parties  de  l'économie  au  moyen  des  artères ,  ne  revient  vers  la 
surface  respiratoire  que  par  les  interstices  dont  il  s'agit. 

»  A  l'appui  de  ces  propositions,  M.  Milne  Edwards  cite  quelques 
expériences  faciles  à  répéter  et  qui  lui  paraissent  décisives.  Il 
injecte  du  lait  dans  la  cavité  abdominale  du  colimaçon.  «  Le 
lait,  dit-il ,  s'y  mêle  au  sang  veineux  arrivant  des  diverses  par- 
ties du  corps,  pénètre  avec  ce  liquide  dans  les  vaisseaux  affé- 
rents du  poumon ,  passe  dans  les  veines  pulmonaires  et  s'intro- 
4iiit  enfin  dans  le  cœur  qui  bientôt  le  chasse  dans  les  artères.  » 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  71 

11  répète  la  même  expérience  avec  une  dissolution  de  gélatine 
colorée  par  un  précipité  abondant  de  chromate  de  plomb ,  et 
arrive  aux  mêmes  résultats. 

»  Tout  le  monde  comprend  que  de  semblables  expériences 
n'ont  rien  de  décisif;  elles  n'ont  même  rien  d'inattendu.  On  sait 
que  non-seulement  chez  les  Mollusques,  mais  chez  les  Vertébrés, 
les  liquides  injectés  dans  la  cavité  du  péritoine  passent  dans  les 
veines,  parce  que  la  surface  péritonéale  est  à  la  fois  absorbante 
et  exhalante.  M.  Milne  Edwards  a  pressenti  cette  objection ,  et 
pour  démontrer  que  le  passage  dont  il  s'agit  n'est  pas  un  simple 
fait  d'absorption  ,  il  a  poussé  des  injections  colorées  dans  les 
vaisseaux,  et  a  vu  ces  matières  s'épancher  dans  la  cavité  viscé- 
rale ,  puis  arriver  au  poumon.  Mais  cette  épreuve  a-t-elle  la  va- 
leur que  lui  suppose  M.  Milne  Edwards?  Chez  les  animaux  supé- 
rieurs ,  on  a  fait  pleuvoir  sur  les  séreuses  le  mercure  injecté  dans 
les  vaisseaux ,  et  qui  ne  connaît  d'ailleurs  les  prodiges  opérés 
par  la  pompe  foulante  des  injecteurs  ?  Tout  au  plus  pourrait-on 
accorder  à  M.  Milne  Edwards  que  les  voies  de  communication 
entre  les  surfaces  séreuses  et  les  canaux  propres  du  fluide  nourri- 
cier sont  plus  largement  ouverts  chez  les  Mollusques  que  chez 
les  animaux  supérieurs ,  mais  ce  n'est  point  là  le  fond  de  la  ques- 
tion :  il  s'agit  desavoir  si  le  sang  des  artères  vient  se  réunir  dans 
l'abdomen  des  Mollusques  ,  baigner  immédiatement  les  viscères 
contenus  dans  cette  cavités  et  s'il  passe  de  là  à  l'appareil  respira- 
toire sans  l'mtermédiaire  des  veines.  Eh  bien!  sur  ces  deux 
points,  nous  avouons  que  les  pièces  et  les  dessins  de  M.  Milne 
Edwards  ne  prouvent  absolument  rien.  Ils  ne  prouvent  pas  qu'il 
n'existe  pas  de  canaux  veineux ,  puisque  les  canaux  se  voient 
fort  bien  injectés  et  sur  les  planches  et  sur  les  préparations  ana- 
lomiques  ;  ils  ne  prouvent  pas  davantage  que  la  cavité  abdomi- 
nale est  le  rendez-vous,  si  l'on  peut  parler  ainsi ,  du  fluide  nour- 
ricier, car  on  comprend  qu'une  semblable  démonstration  ne  peut 
«tre  fournie  que  sur  l'animal  vivant  lui-même  et  pendant  que  ce 
fluide  circule  encore.  M.  Milne  Edwards  le  comprend  bien, 
puisque  dans  une  note  marginale  il  dit  avoir  examiné  le  liquide 
contenu  dans  l'abdomen  et  celui  des  vaisseaux  et  l'avoir  trouvé 
composé  ,  dans  les  deux  cas ,  de  globules  en  apparence  identi- 
ques; nous  ne  nions  point  cette  similitude,  mais  suffit-elle  pour 
^transformer  la  cavité  du  péritoine  en  un  des  réservoirs  princi- 


72  REVUE  zooLOGiQDE.  {Février  1845.) 

paux  de  la  circulation  ?  Un  fait  aussi  grave  ne  devrait-il  pas  être 
examiné  de  nouveau  et  avec  le  plus  grand  soin,  et  les  preuves 
de  devraient-elles  pas  en  être  données  ailleurs  que  dans  une 
note  marginale? 

»  Revenons  aux  veines.  11  faut  reconnaître  que  les  recherches 
de  M.Milne  Edwards,  sur  V^plysie,  tendent  à  prouver  que  les  dis- 
positions du  système  veineux  éprouvent  chez  ce  Mollusque  de 
notables  modifications.  Déjà  Cuvier  avait  aperçu  que  la  cavité 
abdominale  de  l'Aplysie  n'était  point  tapissée  par  une  membrane 
péritonéale  continue ,  mais  que  cette  membrane  offrait  une  sorte 
de  sinus  criblé ,  communiquant  avec  d'autres  lacunes  sous-cu- 
tanées. Delle-Chiaje  avait  aussi  observé  le  même  fait  sans  lui 
chercher  de  signification  ;  mais  M.  Milne  Edwards ,  en  injectant 
sur  des  Aplysies  vivantes  des  liquides  colorés,  a  vu  que  cet  en- 
semble de  lacunes  tient  lieu  de  veines  et  transmet  directement 
le  liquide  nourricier  à  l'appareil  respiratoire.  Cette  disposition 
cellulaire  ,  caverneuse ,  si  l'on  peut  dire  ainsi ,  de  l'appareil  vei- 
neux de  TAplysie ,  est  en  rapport  avec  la  turgescence  remar- 
quable qu'on  observe  chez  ce  Mollusque  ,  mais  rien  que  nous 
sachions  n'autorise  à  conclure  que  les  autres  Mollusques  gastéro- 
podes présentent  les  mêmes  dispositions  au  même  degré,  et  à 
dire  que  chez  eux  la  circulation  est  semi-vasculaire  et  semi-la- 
cuneuse,  pour  nous  servir  des  expressions  de  M.  Milne  Edwards. 

»  Ce  n'est  pas  tout.  L'honorable  académicien  croit  pouvoir  prou- 
ver facilement  que  ,  chez  les  Mollusques  supérieurs,  les  Cépha- 
lopodes ,  de  même  que  chez  tous  les  autres,  la  cavité  viscérale 
sert  d'intermédiaire  entre  les  diverses  parties  de  l'appareil  vas- 
culaire,  et  constitue  réellement  une  portion  de  cercle  circulatoire 
parcourue  par  le  sang. 

«Mais  quoi  qu'il  paraisse,  les  faits  exposés  par  M.  Milne  Edwards 
ne  parlent  pas  un  langage  aussi  absolu ,  et  dans  les  détails  de  son 
Mémoire  ,  le  savant  académicien  est  fort  éloigné  de  nier  l'absence 
complète  des  veines  chez  les  Mollusques;  nous  avons  dit  qu'il  en 
figurait  dans  ses  dessins,  et  qu'on  en  trouvait  dans  ses  pièces, 
mais  lui-même,  il  les  admet  explicitement  dans  beaucoup  de 
cas  ;  c'est  ainsi  qu'il  dit  que  le  sang  passe  de  l'abdomen  dans  les 
canaux  veineux  qui  portent  le  sang  du  foie,  des  ovaires  et  des 
autres  organes  vers  V appareil  de  la  respiration.  Donc  tous  ces 
prganes  ont  des  veines  propres.  Il  reconnaît  même  que  chez  les 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  73 

Calmars,  les  lacunes  (c'est-à-dire  les  ouvertures  ou  les  cellules 
qui  établissent  communication  entre  l'abdomen  et  l'appareil  res- 
piratoire) ne  jouent  quun  petit  rôle.  Enfin ,  il  n'y  a  que  les 
Bryozoaires,  les  derniers  des  Mollusques  ,  auxquels  il  refuse 
complètement  des  veines ,  des  artères  et  un  cœur  ;  en  d'autres 
termes,  les  Bryozoaires  seuls  sont  pour  lui  de  vrais  Phlében- 
térës, 

»  Ainsi  réduites  à  leur  véritable  signification,  les  recherches  de 
M.  Milne  Edwards  ne  renversent  aucun  des  principes  établis. 
Elles  prouvent  que  le  système  des  cavités  destinées  à  contenir 
et  à  distribuer  le  fluide  nourricier,  n'offre  pas  une  organisation, 
une  délimination  aussi  parfaite  chez  les  Mollusques  que  chez  les 
Vertébrés ,  surtout  lorsqu'on  arrive  aux  Mollusques  inférieurs  ; 
que  les  veines  sont  la  portion  du  système  circulatoire  qui  se  dé- 
grade la  première  ;  que  cette  dégradation  se  manifeste  par  un 
développement  relativement  plus  considérable  que  chez  les  Ani- 
maux supérieurs,  d'un  tissu  vasculaire  spongieux,  érectile,  qui, 
dans  certains  organes  tels  que  le  pied  et  les  tentacules,  peut 
remplacer  entièrement  les  veines  proprement  dites,  comme  cela 
se  voit  chez  l'homme  lui-même  dans  les  parties  formées  par  le 
tissu  caverneux.  Que  le  développement  de  ce  tissu  érectile  est 
en  rapport  avec  certaines  particularités  physiologiques  propres 
aux  Mollusques  ;  enfin,  nous  admettons  encore  que  chez  ces  Ani- 
maux, d'après  les  observations  de  Cuvier  et  de  Delle-Chiaje  sur 
l'Aplysie ,  celles  de  Owen  et  Valenciennes  sur  le  Nautile  ,  et  sur- 
tout d'après  les  observations  de  M.  Milne  Edwards ,  il  paraît  que 
les  communications  entre  les  cavités  viscérales  et  les  voies  pro- 
pres de  la  circulation,  sont  plus  largement  ouvertes  que  chez  les 
autres  Animaux ,  saris  toutefois  que  rien  autorise  à  regarder  une 
cavité  viscérale  comme  un  véritable  organe  circulatoire. 

»  Ainsi  envisagées,  les  recherches  de  M.  Milne  Edwards  sont  loin 
de  manquer  d'importance  et  d'intérêt ,  elles  ajoutent  à  la  préci- 
sion de  nos  connaissances  sur  la  circulation  des  Mollusques ,  et 
d'autre  part ,  elles  suffisent  pour  expliquer  comment,  en  sui- 
vant cette  pente  de  l'exagération  sur  laquelle  l'esprit  glisse  avec 
tant  de  facilité,  deux  naturalistes  d'un  grand  mérite  ont  pu  être 
conduits  à  des  inductions  malheureuses.  Ce  court  épisode  du 
Phlébéntérisme  confirme  cette  pensée  d'un  ancien,  que  l'erreur 
emprunte  toujours  quelque  chose  à  la  vérité  [P artem  ver i  fabula 
semper  habet).  » 


74  REVUE  zooLOGiQDE.  { Février  iS^5 .  ) 

M.  Lar te t  adresse  un  mémoire  intitulé  :  Considérations  géo- 
logiques etpaléontologiques  sur  le  dépôt  lacustre  de  Sansans^et 
sur  les  autres  gisements  de  fossiles  appartenant  à  la  même  for- 
mation ,  dans  le  département  du  Gers.  On  sait  que  M.  Lartet 
s'occupe,  depuis  longtemps,  d'observations  géologiques  et  delà 
recherche  des  débris  fossiles  des  animaux  qui  ont  peuplé  ces 
contrées  sous-pyrénéennes.  Il  fait  connaître  aujourd'hui  à  l'Acadé- 
mie les  principaux  résultats  de  ces  travaux  et  annonce  que,  dans 
un  total  de  huit  à  dix  mille  échantillons  dont  se  compose  actuel- 
lement sa  collection,  il  est  possible  de  distinguer  les  restes  carac- 
téristiques de  98  genres,  sous-genres ,  ou  espèces  de  Mammifères 
et  de  Reptiles.  Sur  ces  98  espèces ,  19  ont  été  observées  dans  di- 
vers lieux  du  département  du  Gers ,  et  sur  quelques  points  limi- 
trophes des  départements  de  la  Haute-Garonne  et  des  Hautes- 
Pyrénées;  91  se  sont  trouvées  dans  le  local  si  connu  de  Sansans 
dont  la  20'' partie  seulement  (environ  40  ou  50,000mètres  cubes) 
a  été  fouillée.  Il  y  reste  encore  plus  de  800,000  mètres  cubes  de 
couches  ossifères  à  explorer. 

L'auteur  fait  remarquer  qu'aucun  des  animaux  perdus,  dé- 
couverts dans  cette  formation  zoologique  ne  peut  être  identifié 
spécifiquement  avec  ses  analogues  vivants.  Les  genres  nouveaux 
que  l'on  y  distingue  semblent  destinés  à  former  le  passage  entre 
d'autres  genres  existants  trop  distancés,  et  s'adaptent  en  quelque 
sorte  aux  lacunes  de  notre  série  animale. 

Séance  du  10  février.  —  M.  Lerehoullet  adresse  un  Mémoire 
sur  les  Crustacés  de  la  famille  des  Cloportides  qui  habitent  les 
environs  de  Strasbourg.  —  C'est  un  grand  et  beau  travail  zoolo- 
gique et  surtout  anatomique,  accompagné  d'excellents  dessins, 
contenant  d'abord  la  description  de  toutes  les  espèces  qui  se 
trouvent  dans  l'Alsace ,  et  dans  lequel  l'auteur  a  étudié,  avec  soin 
et  avec  le  talent  qu'on  lui  connaît,  la  composition  et  la  structure 
des  parties  de  la  bouche,  du  tube  digestif,  du  foie,  des  organes 
génitaux  et  du  système  nerveux. 

Ce  mémoire  a  été  renvoyé  à  l'examen  de  MM.  de  Blainville, 
Flourens  et  Milne  Edwards. 

M.  Pouchet  Adresse  une  Réclamation  de  priorité  relativement 
à  une  partie  des  faits  énoncés  par  M.  Milne  Edwards  dans  une 
'Communication  récente  sur  la  circulation  des  Mollusques.  — 
J^'auteur  dit  avoir  annoncé,  il  y  a  deux  ans,  que,  dans  lesMollus- 


SOCIÉTÉS     SAVANTES.  75 

ques  gastéropodes,  le  sang  s'épanche  dans  la  cavité  abdominale 
et  y  est  absorbé  par  les  extrémités  béantes  des  veines.  11  adresse 
comme  preuve  de  ce  qu'il  avance ,  un  passage  d'un  mémoire  qu'il 
a  publié  en  1842,  et  qui  a  pour  titre  :  Recherches  sur  l'anatomie 
et  la  physiologie  des  Mollusques. 

M.  Milne  Edwards  avoue  qu'il  ne  connaissait  pas  le  mémoire 
de  M.  Pouchet;  mais  il  voit  avec  bonheur  que  les  recherches  de 
ce  naturaliste  s'accordent  avec  les  siennes.  Il  pense  que  les  ob- 
servations phlébentériques  sont  destinées  à  subir  toutes  les  vi- 
cissitudes des  grandes  découvertes  dont  le  génie  de  quelques 
hommes  a  doté  les  sciences,  c'est-à-dire  qu'on  les  niera  d'abord 
et  qu'ensuite,  quand  on  comprendra  la  gloire  qu'elles  peuvent 
rapporter,  chacun  voudra  les  avoir  faites  avant  lui. 

Séance  du  17  février.  — M.  Joly  adresse  la  Description  d'un 
Agneau  derodyme ,  né  à  Toulouse.  Il  décrit  tous  les  organes  de 
cet  agneau  monstrueux,  né  mort  à  Toulouse ,  et  le  compare  aux 
autres  dérodymes  déjà  connus. 

Séance  du  24  février.  —  M.  A.  Richard  lit  un  rapport  très-fa- 
vorable sur  les  collections  zoologiques  et  botaniques  faites  en 
Abyssinie  sous  la  direction  de  M.  Lefebvre.  Suivant  ce  rapport, 
les  collections  zoologiques  comprennent  des  animaux  de  toutes 
les  classes.  Les  articulés  appartiennent  à  la  classe  des  Arachnides 
et  à  celle  des  Insectes  ;  ils  sont  au  nombre  de  400  individus  for- 
mant 180  espèces,  savoir;  8  Arachnides,  88  Coléoptères,  3  Or- 
thoptères ,  21  Hémiptères,  19  Hyménoptères,  37  Lépidoptères  et 
3  Diptères.  Sur  ce  nombre  il  y  en  a  70  tout  à  fait  nouvelles.  La 
classe  des  Reptiles  et  celle  des  Poissons  sont  peu  nombreuses. 
Parmi  les  Ratraciens  est  une  espèce  nouvelle  fort  remarquable 
par  l'élégance  de  sa  coloration  (VEucnemis  viridiflavus  ,  Dum. 
€t  Ribr.).  La  classe  des  Mammifères  offre  20  espèces.  De  toutes 
les  classes  ,  celle  des  Oiseaux  est  la  plus  riche,  car  la  collection 
de  M.  Lefebvre  en  comprend  200  espèces,  parmi  lesquelles  un 
certain  nombre  sont  nouvelles. 

La  collection  botanique  renferme  environ  1,500  espèces  parmi 
lesquelles  le  rapporteur  en  indique  environ  400  nouvelles. 

Un  magnifique  atlas  de  400  dessins  accompagne  ces  collections; 
il  y  a  des  cartes  ,  des  vues  de  pays,  des  armes,  costumes,  etc.^ 
de  la  zoologie  et  de  la  botanique. 

Voici  les  conclusions  de  ce  rapport  :  «  On  voit,  en  résumé,  que- 


76  REVDE  zooLOGiQU£.  {Février  1845.; 

ces  collections  ont  une  véritable  importance  pour  la  science.  lî 
est  donc  à  désirer,  et  la  commission  termine  par  ce  vœu,  que  le 
gouvernement  qui  a  ordonné  cette  expédition  scientifique,  four- 
nisse à  M.  Lefebvre  les  moyens  d'en  faire  connaître  les  résultats 
parla  voie  de  l'impression.  »  Ces  conclusions  sont  adoptées  par 
l'Académie  qui  décide  en  outre  que  copie  de  ce  rapport  sera  en- 
voyée au  Ministre  de  la  marine. 

M.  Duvernoy  présente  un  grand  mémoire  sur  le  système  ner- 
veux des  Mollusques  acéphales  bivalves  lamellibrqnches.  Ce 
beau  travail  est  accompagné  de  dessins  parfaits  représentant  les 
diverses  dispositions  du  système  nerveux  de  ces  Mollusques. 
M.  Duvernoy  insiste  surtout  sur  un  cordon  nerveux  qui  règne  le 
long  du  bord  du  manteau  des  Peignes,  et  qu'il  a  décrit  le  premier. 
J'ai  tout  lieu  de  croire ,  ajoute-t-il,que  ce  cordon  circulaire  existe 
chez  tous  les  Mollusques  qui  ont  le  manteau  largement  ouvert  par 
devant ,  comme  les  Peignes  ,  et  son  bord  libre  garni  d'organes 
tactiles.  M.  Duvernoy  est  parvenu  à  reconnaître  ce  cordon  cir- 
culaire dans  une  espèce  de  limé  (Lima  glacialis)  et  dans  l'huître 
comestible.  Dans  cette  disposition  singulière  du  système  nerveux , 
les  nerfs  qui  partent  des  ganglions  centraux  se  dirigent,  comme 
des  rayons,  vers  la  circonférence  du  manteau,  et  aboutissent  par 
leurs  dernières  divisions  dans  le  cordon  circulaire.  Dans  une 
autre  disposition  du  système  nerveux  des  Bivalves,  celle  qui  est 
la  plus  commune ,  l'action  nerveuse  circulaire  se  partage  dans 
les  deux  parties  du  manteau.  A  cet  effet ,  les  nerfs  que  M.  Du- 
vernoy appelle  palléal  antérieur  et palléal  postérieur  de  chaque 
côté,  contournent  par  leur  tronc  ou  par  une  branche  principale 
le  bord  du  manteau ,  à  la  manière  du  cordon  circulaire  du  Peir 
gne  ,  et  finissent  par  se  joindre.  C'est  du  moins  ce  qu'il  a  pu  con- 
stater dans  la  Moule  comestible.  Il  résulte  de  ce  fait  que  l'action 
nerveuse  est  divisée  ici  dans  un  double  circuit,  tandis  que  dans 
la  disposition  précédente  il  n'y  en  a  qu'un  seul  pour  toute  la  cir-r 
conférence  du  manteau. 

Suivant  M.  Duvernoy,  les  Mollusques  acéphales  bivalves  qui  ont 
le  manteau  largement  ouvert  et  garni  de  nombreux  appendices 
tactiles  et  de  tubercules  qui  paraissent  propres  à  la  vision,  sont 
les  plus  avancés  et  les  plus  élevés  dans  le  degré  d'animalité  ; 
tandis  que  ceux  qui  ont  le  manteau  complètement  fermé,  dont 
l'ouverture  antérieure  est  unique   pour   l'entrée  de  l'air  et  des. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  77 

aliments ,  et  qui  ont  les  deux  ouvertures  postérieures  des  tubeg 
respirateur  et  excréteur  des  fécés,  sont  les  plus  inférieurs. 

M.  Milne  Edwards  présente  un  travail  exécuté  par  son, 
aide-naturaliste  d'Entomologie  ,  pendant  son  voyage  en  Si- 
cile, sur  le  système  nerveux  de  quelques  Mollusques  bivalves. 
Il  dit  que  ces  anatom\es ,  faites  sur  des  animaux  vivants,  of- 
frent des  résultats  différents  de  ceux  qu'a  obtenus  M,  Duvernoy. 
Nous  croyons  savoir  que  les  observations  de  M.  Duvernoy ,  ou  du 
moins  la  majorité  d'entre  elles  ,  ont  aussi  été  faites  sur  des  ani- 
maux vivants,  et  que  l'on  peut  regarder  leurs  résultats  comme 
très-exacts  et  très-positifs.  La  publication  de  son  travail  permettra 
aux  anatomistes  d'en  apprécier  toute  la  valeur. 


Société  Entomologique  de  France* 
Séance  du  8  janvier  i  845.  —  La  société  procède ,  pour  la  qua- 
torzième fois  depuis  sa  fondation  ,  au  renouvellement  annuel  de 
son  bureau.  Ont  été  nommés  pour  l'année  1845  : 

Président.  M .  le  colonel  Goureau.  — Vice-président.  ^.Audi- 
net  Serville. —  Secrétaire.  U.  Eugène  Desmar est. —  Secrétaire- 
adjoint.  M.  Alexandre  Pierret. —  Trésorier.  M.  Lucien  Buquet. 
—  Trésorier-adjoint  M.  Léon  Pair  maire. —  Arcbiviste.  M.  Du- 
ponchel.  —  M.  Goureau  lit  une  note  sur  \e  Nyctophanes  can- 
dellaria  Reiche.  11  donne  la  description  du  mâle  de  cette  espèce 
et  fait  connaître  de  nombreux  détails  sur  les  larves  de  ce  Nycto- 
phanes ^  qui  ont  été  rapportées  à  M.  Reiche,  et  proviennent  de 
Bahia. — Le  même  membre  donne  lecture  d'un  travail  sur  le  Mi- 
crogaster  globatus.  11  fait  connaître  avec  soin  les  mœurs  de  la 
larve  de  cet  insecte  et  il  en  donne  la  description. — M.  Blanchard 
donne  des  détails  sur  le  genre  Diade  la  division  des  Eumolpites, 
et  il  en  fait  connaître  une  espèce  nouvelle  trouvée  en  Sicile. — Le 
même  membre  fait  passer  sous  les  yeux  de  la  société ,  des  larves 
et  des  insectes  parfaits  appartenant  à  une  nouvelle  espèce  du 
genre  Bruchus  et  provenant  de  Madagascar.  Cet  insecte  a  reçu  le 
nom  de  Bruchus  Pandanio  Blanchard. —  M.  Blanchard  montre 
la  larve  et  la  nymphe  du  Figulus  striatus ,  provenant  de  l'île  de 
France  ,   et  il  dit  que  cette  espèce  doit  être  rapportée  au  genre 
Dorcus. — Le  même  membre  communique  un  individu  de  la  larve 
et  de  la  nymphe  du  Batocera  rubus ,  provenant  de  Pondichéry. 
—M.  GuérinMéneville  dit  que  cette  larve  de  Batocera  rubus,  est 


78  REVUE  zooLOGiQDE.  (  Févrief  1845.  ) 

connue  et  que  la  description  en  a  été  donnée  par  un  naturaliste 
de  Calcutta. — M.  Guérin-Méneville  dit  que  M,  le  colonel  Goureau 
avait  appelé  son  attention  sur  le  Curculio  frumentarius  de  Lin- 
née.  M.  Goureau  pensait  que  la  description  de  cet  insecte  allait 
parfaitement  à  des  variétés  fauves  de  Curculio  granarius  et  que 
la  place  donnée  par  Linnée  à  cette  espèce ,  immédiatement  après 
le  Curculio  granarius  ,  était  une  preuve  qu'elle  était  au  moins 
très-voisine  de  celle-ci.  M.  Guérin-Méneville  a  voulu  s'assurer  de 
ce  rapprochement,  et  il  a  cherché  dans  les  bibliothèques  la  figure 
que  Linnée  cite  de  ce  Curculio  frumentarius  dans  les  Arcana 
naturœ  de  Leuwenhœck.  Après  huit  jours  de  recherches  dans 
les  bibliothèques;  après  avoir  reconnu  que  l'édition  de  cet  ou- 
vrage citée  par  Linnée  ,  n'existe  pas  à  Paris  (  il  y  a  sept  éditions  ; 
et  une  seule  a  été  trouvée  dans  notre  capitale),  M.  Guérin-Méne- 
ville a  rencontré  enfin  le  mémoire  de  Leuwenhœck  dans  lequel 
il  fait  connaître  le  Curculio  cité  par  Linnée.  L'auteur  hollandais 
l'a  vu  éclore  et  sortir  du  blé  qu'il  avait  renfermé  dans  un  tube 
de  verre ,  c'est  évidemment  la  Calandra  granaria ,  variété  fauve 
ou  morte  avant  d'avoir  acquis  toute  sa  coloration.  C'est  donc  à 
tort  que  De  Géer  a  donné  le  nom  de  Curculio  frumentarius  à  un 
Apion  rouge  ,  et  que  tous  les  auteurs  ont  copié  cette  faute  sans 
qu'un  seul  ait  eu  un  instant  l'idée  de  remonter  à  la  source  de 
cette  espèce.  Du  reste  ,  tous  les  entomologistes  savent  que  VApion 
frumentarium  ne  vit  pas  dans  le  blé. 

Séance  du  22  janvier  1845.  —  M.  le  colonel  Goureau  occupe 
ie  fauteuil  de  la  présidence  et  il  prononce  un  discours  d'instal- 
lation. Dans  ce  travail  l'auteur  cherche  à  démontrer  de  nouveau 
l'utilité  de  l'entomologie.  La  société  décide  que  ce  discours  sera 
imprimé  en  tête  de  ses  annales  pour  1845.  —  M.  Amijot  donne 
lecture  de  la  préface  d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  Hémiptères 
de  France  avec  les  principaux  types  exotiques  ,  méthode  mo- 
nonymique.  Dans  ce  travail  l'auteur  explique  ce  qu'il  entend  par 
méthode  mononymique. — M.  Guénée  lit  une  note  monographique 
et  rectificative  sur  le  genre  Talœporia  ZeUer  {S olenobia  Dupon- 
chel  ).  Après  avoir  donné  la  description  et  les  détails  de  mœurs 
sur  ce  genre  ,  il  indique  les  espèces  qui  y  entrent.  —  La  société 
procède  à  la  nomination  d'un  membre  honoraire.  M.  le  comte  Le- 
pelletier  de  Saint  Fargeau  est  nommé  à  la  grande  majorité  des 
suffrages.  (  E.  D.) 


MÉLANGES   ET  NOUVELLES.  79 

IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Notre  honorable  confrère  ,  M.  Pfeiffek  ,  de  Cassel ,  nous  prie 
d'annoncer  qu'il  va  publier  une  monographie  des  Hélices.  Il  en- 
gage les  malacologistes  de  tous  les  pays  à  lui  communiquer  les 
espèces  nouvelles  ou  peu  connues  qu'ils  possèdent ,  afin  que  ce 
travail  soit  aussi  complet  que  possible.  M.  Pfeiffer  s'engage  à  ren- 
voyer, dans  le  plus  court  délai ,  les  coquilles  qu'on  voudra  bien 
lui  communiquer.  Il  s'engage  aussi  à  laisser  aux  espèces  nou- 
velles les  noms  que  leurs  possesseurs  leur  auront  imposés  et  de 
nommer,  d'après  les  auteurs ,  les  espèces  qu'on  lui  prêtera  et  qui 
seront  déjà  publiées. 

Nous  ne  doutons  pas  de  l'empressement  avec  lequel  les  véri- 
tables naturalistes  fourniront  à  M.  Pfeiffer  les  matériaux  qu'il 
leur  demande,  car  ils  contribueront  à  la  perfection  d'un  travail 
très-difficile ,  très-utile  et  pour  l'exécution  duquel  M.  Pfeiffer  offre 
toutes  les  garanties  désirables. 

Ecrire  à  M.  le  docteur  L.  Pfeiffer,  à  Cassel. 


Nous  allons  publier,  dans  le  Magasin  de  Zoologie  ,  une  ana- 
lyse de  la  traduction  d'un  mémoire  fort  intéressant  de  MM.  Han- 
kock  et  Embleton  ,  sur  l'anatomie  du  genre  Eolis.  Dans  ce  tra- 
vail ,  ces  deux  anatomistes  sont  arrivés  à  des  résultats  contraires 
à  ceux  que  M.  de  Quatrefages  a  annoncés  dans  ses  diverses  com- 
munications sur  les  Phlébentér es  ;  mais  peut-être  cela  n'aura-t-il 
rien  d'étonnant  pour  les  adeptes  de  V École  physiologique,  puis- 
qu'ils admettent  sans  difficulté  que  des  espèces  de  la  Méditerra- 
née sont  organisées  tout  autrement  que  les  mêmes  espèces  prises 
dans  l'Océan.  En  admettant  ces  principes  nouveaux  (Voir  les 
Comptes  rendus  de  l'Acad.,  t.  XX,  p.  154  et  243),  pourquoi  se 
refuserait-on  à  croire,  par  exemple,  qu'une  Éolide  des  côtes 
d'Angleterre,  peut  différer  d'une  manière  considérable,  dans  son 
organisation  la  plus  essentielle,  de  la  même  espèce  prise  sur  la 
côte  opposée  de  la  Manche?  La  publication  du  travail  des  deux 
anatomistes  anglais  donnera  aux  naturalistes  des  éléments  posi- 
tifs pour  juger  cette  ingénieuse  manière  de  concilier  les  résultat» 
les  plus  opposés  auxquels  l'on  peut  arriver  par  la  Zoologie  phy^ 
Biologique. 


80 

BAISSE  CONSIDÉRABLE  DE  PRIX 

DE  L'ICONOGRAPHIE    DU   RÈGNE   ANIMAL 

DE  G.    CUVIER. 

Cet  ouvrage  est  terminé  et  se  compose  d'un  fort  volume  grand 
in-S*»,  petit-texte ,  de  près  de  900  pages  (  contenant  la  matière  de 
quatre  volumes  ordinaires),  et  de  450  planches  gravées  qui  con- 
tiennent plus  de  6,200  figures  et  représentent ,  dans  leur  ensem- 
ble ou  par  leurs  caractères  essentiels ,  tous  les  genres  et  sous- 
genres  du  règne  animal. 

Voulant  rendre  mon  ouvrage  plus  accessible  aux  vrais  travail- 
leurs ,  aux  professeurs  des  départements  et  aux  élèves  ,  qui  ne 
peuvent  se  passer  de  son  secours  pour  suivre  et  mieux  compren- 
dre le  texte  de  Cuvier ,  je  me  suis  décidé  à  en  baisser  le  prix 
de  MOITIÉ. 

Le  prix  de  souscription  était,  pour  un  exemplaire 
complet,  texte  et  planches,  in-8'',fig.  noires,  de  300  fr. 

11  est  actuellement  de 160  fr. 

On  peut  souscrire  et  recevoir  l'ouvrage  en  1 G  livrai- 
sons qui  paraîtront  de  quinzaine  en  quinzaine  ou  de  mois 
en  mois,  et  qui  seront  chacune  du  prix  de  10  francs 
(  et  25  fr.  fig.  color.). 

Le  volume  de  texte  (en  deux  parties),  qui  contient 
une  foule  de  descriptions  d'espèces  nouvelles  et  de  genres 
inédits  dans  le  groupe  des  Articulés  et  surtout  des  In- 
sectes ,  se  vend  séparément 24 

La  2'  partie  de  ce  texte  ,  contenant  les  Insectes  seu- 
lement, se  vend 16 

On  peut  se  procurer  séparément  le  texte  et  les  planches  rela- 
tifs aux  diverses  classes  du  Règne  Animal. 

Écrire  (franco)  au  bureau  de  la  Bévue  Zoologique  ,  rue  de» 
Beaux- Arts  ,  n'  4  ,  à  Paris. 


AVIS  ESSENTIEL. 

Baisse  de  prix  de  la  première  série  du  Magasin  de  Zoologie 
et  des  sept  premières  années  de  la  Bévue  zoologique. 

On  est  prié  de  voir  les  nouvelles  conditions  de  cette  souscrip- 
tion à  l'intérieur  de  la  couverture  de  la  Revue  zoologique  pour 
1845. 


HUITIEME  ANNEE.  —  MARS  1845. 


I.    TRAVAUX    INEDITS. 


Mélanges  oiinitoologiques.  Par  M.  F.  de  Lafresnaye. 
Comparaison  de  l'Ornithologie  des  régions  orientales  de  l'Amé- 
rique méridionale  avec  celle  des  régions  occidentales  du  même 
continent.  (Suite.) 

Après  avoir  comparé  dans  un  précédent  numéro  l'ornithologie 
de  la  Guyane  et  du  Brésil ,  à  l'est,  avec  celle  de  la  Colombie  et  du 
Pérou  septentrional ,  à  l'ouest ,  et  avoir  reconnu  que  ,  quoique 
situées  sous  le  même  parallèle  de  climat,  ces  deux  ornithologies 
différaient  presque  totalement ,  quant  aux  espèces ,  tout  en  ayant 
les  mêmes  genres  à  très-peu  d'exceptions  près ,  nous  avons  pensé 
que  l'on  pouvait  désigner  par  Ornithologie  brésilienne  celle  qui 
est  particulière  aux  Guyanes  et  au  Brésil  jusqu'au  Paraguay  et  à 
la  Plata ,  et  par  Ornithologie  colombienne  celle  qui  occupe  la  Co- 
lombie ,  la  Bolivie ,  le  Pérou  septentrional,  et  nous  devons  ajouter 
l'archipel  des  Gallapagos,  situé  sous  le  même  parallèle  ,  c'est-à- 
dire  sous  la  ligne. 

Éloigné  de  deux  cents  lieues  à  l'ouest  de  la  côte  de  Colombie , 
ce  groupe  d'îles  américaines  possède  une  ornithologie  toute  amé- 
ricaine ,  quant  aux  genres ,  mais  dont  les  espèces  diffèrent  tota- 
lement de  celles  du  continent  et  même  de  la  Colombie ,  dont  elle 
est  si  voisine;  ainsi,  dans  l'ordre  des  accipitres  une  espèce  inter- 
médiaire aux  Caracaras  et  aux  buses  a  paru  à  M.  Gould  devoir 
constituer  un  nouveau  genre ,  qu'il  a  établi  sous  le  nom  de  Cra- 
xirex,  et  dont  il  a  décrit  la  seule  espèce  connue  sous  celui  de 
Craxirex  Gallapagoensis  Gould,  Proceedings  1837,  p.  9 ,  et 
Beagle's  voyage ,  Birds ,  p.  23  ,  pi.  2.  Un  Hibou  nouveau,  égale- 
ment particulier  à  ces  îles,  a  été  nommé  par  lui  Otus  Gallapa- 
goensis Gould,  Proceed.  1837,  p.  10,  et  Beagle's  Yoy. ,  p.  32, 
pi.  3.  Un  Strix  l'a  été  par  G.  R.  Gray ,  Strix punctatissima  Gray, 
Beagle's  voy. ,  p.  34,  pi.  4.  M.  Gould  a  décrit  une  Hirondelle 
sous  le  nom  de  Progne  modesta  Gould,  Beagle's  voy. ,  pi.  5, 
de  plus  deux  Gobe-mouches  voisins  du  Gobe-mouche  rubin, 
Muscicapa  coronata  Gm. ,  sous  celui  de  Pyrocephalus  nanus 
id.  pi.  7  et  de  Pyrocephalus  dubius  ,  pi.  47.  Un  Tyrannula  sous 
celui  de  Tyrannula  magnirostris  id. ,  pi.  8.  Trois  Moqueurs 
Tome  Vin.  Année  18/15.  6 


82  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {MaTs  18^5.) 

remarquables  par  leur  bec  effilé  et  arqué  sous  ceux  de  Mimus 
tri'fasciatus ,  melanotis  etparvulus  id. ,  pi.  16,  1 7  et  lB,etPro- 
ceedings,  1837,  p.  27,  habitant  chacun  une  île  particulière  de 
cet  archipel,  et  une  Sylvicola  sous  celui  de  Sylvicola  auréola 
id.,pl.  28. 

Mais  ce  qui  est  surtout  remarquable  dans  l'ornithologie  de  cet 
archipel  américain,  c'est  un  groupe  nombreux  en  espèces  comme 
en  individus,  qui  paraît  lui  être  particulier  et  ne  pas  avoir  même 
de  représentants  sur  le  continent.  Ce  groupe  peut  être  considéré 
comme  une  famille  de  fringillidées  marcheurs,  graminicoles 
et  granivores ,  remarquables  par  des  ailes  et  une  queue  fort  cour- 
tes ;  par  un  plumage  généralement  noir  chez  les  mâles  de  pres- 
que toutes  les  espèces,  brun  flammèche  chez  les  femelles,  et  pré- 
sentant suivant  les  espèces,  dans  la  forme  et  la  dimension  de 
leur  bec ,  toutes  les  modifications  que  l'on  remarque  chez  celui 
des  Coccothraustinées  depuis  la  plus  volumineuse  et  même  pro- 
digieuse d'un  bec  de  Coccothraustes  jusqu'à  celle  atténuée  d'un 
Bengali. 

M.  Gould  a  nommé  Geospiza  ces  granivores  graminicoles  et 
les  a  subdivisés  en  Geospizas ,  Camarhynchus ,  Cactornis  et 
Ccrthidea  (Proceedings ,  1837  ,  p.  4)  et  Beagle's  Voyage  ,  pi.  36 , 
37,38,39,40,41,42,  43  et  44. 

Le  même  savant  a  nommé  une  colombe  Zénaïda  Gallapa- 
^oensis,Beagle's  voy.,  p.  115,  pi.  46.  Cette  espèce,  rapportée  par 
l'expédition  de  la  Yénus  qui  avait  été  reconnaître  ces  îles ,  a  été 
décrite  dans  la  Revue,  1840,  p.  290  par  M.  Néboux,  chirurgien- 
major  de  la  frégate,  sous  le  nom  de  Colombigalline  des  Gallapa- 
gos.  Ces  divers  oiseaux,  particuliers  à  ces  îles,  se  font  remarquer 
par  une  si  grande  familiarité  et  si  peu  de  frayeur  de  l'homme , 
qu'on  peut  en  tuer  un  assez  grand  nombre  en  très-peu  de  temps 
avec  un  simple  bâton. 

Parmi  les  Échassiers  et  les  Palmipèdes ,  dont  on  y  retrouve  un 
grand  nombre  des  espèces  du  continent ,  le  Totanus  fuliginosus, 
Gould ,  et  le  Zapornis  spilonota,  Beagle's  Voy.,  pi.  49  ,  sont  les 
deux  seules  espèces  nouvelles  d'Échassiers  particulières  à  ce 
groupe  d'îles. 

De  retour  sur  le  continent  américain  et  s'avançant  vers  le  sud , 
on  voit  les  deux  ornithologies  brésilienne  et  colombienne  pren- 
dre insensiblement,  et  chacune  de  son  côté ,  un  nouvel  aspect  à 


TRAVAUX    INÉDITS.  83 

mesure  qu'on  s'ëloigiie  de  la  zone  intertropicale.  On  voit  dispa- 
raître peu  à  peu  ces  nombreuses  et  brillantes  espèces  apparte- 
nant aux  familles  si  riches  des  Cotingas,   des  Tangards  ^  des 
Oiseaux-mouches,  et  des  ManaJdns  pour  faire  place  à  des  espèces 
et  à  des  genres  remarquables  au  contraire  par  des  teintes  obs- 
cures ,  mais  présentant  souvent  dans  leurs  mœurs ,  ou  dans 
quelque  particularité  de  forme ,  un  intérêt  réel  pour  l'étude. 
Ainsi  le  Paraguay  à  l'est,  et  le  Cbili  méridional  à  l'ouest,  nous 
offrent,  sous  la  même  latitude,  les  Phytotomes ,  ces  singuliers 
Tanagridécs  à  bec  garni  intérieurement  d'une  double  crête den- 
ticulée  qui  leur  sert  à  couper  les  tiges  des  jeunes  plantes  cultivées, 
ou  les  bourgeons  des  arbres  à  fruits.   Leur  anatomie  profonde 
est  modifiée  pour  ce  genre  de  nourriture  herbacée  ,  comme  on 
peut  s'en  convaincre  par  la  planche  86  de  la  Revue  Zoologique 
intitulée  anatomie  du  Phytotoma  rara  ,  par  MM.  Eydoux  et  Ger- 
vais.  Depuis  longtemps  l'abbé  Molina  en  avait  signalé  une  espèce 
particulière  au  Chili,  sous  le  nom  de  Phytotoma  rara  y  et  Azara, 
une  autre  au  Paraguay  ,  sous  celui  de  el  Dentato  ,  le  Denté ,  dont 
Vieillot  avait  fait  le  Phytotoma  rutila.  Dans  notre  collaboration 
avec  M.d'Orbigny,nous  en  avons  décrit  une  troisième  espèce,  sous 
le  nom  dePhytotoma  angustirostris ,  Synopsis  avium  Americ. , 
p.  37  ;  et  voy.  en  Amer.  pi.  29,  fig.  1  et  2.  Les  Rutila,  à  la  même 
latitude,  se  trouvent  aussi  sur  les  deux  côtes  opposées;  ces  espè- 
ces de  Tyrans  oU  Grands  gobe-mouches  marcheurs,  remarquables 
par  leur  plumage  varié  de  blanc  ,  de  gris  et  de  noir,  et  qu'Azara 
a  décrits  sous  le  nom  de  Pepoazas ,  qui  veut  dire  en  langue  gua- 
ranie,  aile  traversée,  parce  qu'elles  le  sont  souvent ,  en  effet , 
par  une  bande  de  couleur  différente.  Une  belle  espèce  différant 
des  autres  par  sa  coloration  brune  et  fauve  ,  lePepoaza  varie- 
gata  Nob.  Synops.,  p.  63  et  voy.  en  Amer.,  pi.  132  —  2  ;  et  Bea- 
gle's  voy.  pi.  2  ,  est  particulière  à  la  Patagonie. 

Les  Fourniers ,  les  Anumbis ,  et  un  grand  nombre  de  Syn- 
nalaœis  et  d' Anahatcs ,  tous  oiseaux  à  plumage  fauve  et  à  queue 
rousse,  viennent  peupler  le  pays  de  la  Plata.  Le  Chili  nous  pré- 
sente un  genre  analogue  et  fort  intéressant  comme  intermédiaire 
à  ceux-ci  et  aux  Sittines  dans  le  genre  Dendrodromus  leucoster- 
nus  (Gould  ,  Beagle's  Voy.  pi.  27  )  ;  tandis  que  le  type  du  genre 
Fournier  ,  le  Furnarius  rufus  ,  est  particulier  aux  rives  de  la 
Plata  et  est  représenté  au  Chili  par  le  Furnarius  cunicularius  ou 


S\  KEVUE  zooLOGiguK.   (  Tl/afs  1 845.  ) 

Alouette  mineuse  Azara  ,  qui ,  comme  lui  habitant  de  la  Plata  ,  se 
trouve  encore  à  l'est  depuis  le  30"  jusqu'au  40=  degré,  et  se  retrouve 
néanmoins  sur  la  côte  ouest  depuis  la  Conception  au  sud  jusqu'à 
Lima  au  nord.  Le  genre  Moqueur  { Orpheus)  compte  deux  espè- 
ces à  l'est  dont  l'une ,  V Orpheus  calandria  ,  sur  les  côtes  de  la 
Plata  ,  d'Orb.,  voy.  pi.  lO ,  t.  2  ;  l'autre  le  Patagonicus  sur  celles 
de  la  Patagonie,  id.,  pi.  2,  fig.  2  ;  à  l'ouest,  elles  sont  rempla- 
cées au  Chili  par  V Orpheus  ihenca  Molina,  d'Orb,  Voy.,  pi.  10  , 
fig.  3;  et  en  Bolivie  par  les  Orpheus  dorsalis  iricaudatus  Nob. 
Synops.,p.  ISetVoy.  en  Amér.,pl.  2, fig-  1  et  page  208. Un  autre 
genre  appartenant  évidemment  au  groupe  des  Tyrans  dont  nous 
avions  fait  nos  Pepoazœ  recifro^fres  Synops. , p.  64,  sont  re- 
marquables par  leurs  pattes  et  leurs  formes  robustes ,  la  lon- 
gueur et  la  force  de  leur  bec  droit ,  presque  cylindrique  et  très- 
crochu  à  l'extrémité,  et  par  suite,  par  leurs  habitudes  fier  es  et 
courageuses  ,  car  ils  attaquent  et  tuent  les  jeunes  oiseaux.  Ce 
sont  les  Agriornis  de  Gould  ,  qui  dans  le  Beagle's  Voyage,  en  a 
décrit  quatre  espèces  et  figuré  deux  sous  les  noms  de  Agriornis 
micropterus  et  leucurus  (  ou  plutôt  mariiimus  d'Orb.  de  Lafr. } , 
pi.  12  et  13. Dans  le  Synopsis,  nous  avions  décrit  page  64  et  65  , 
le  gutturalis  Nob.,  figuré  dans  le  Mag.  de  Zool.;  Voy.  de  la  Favo- 
rite, Ois.  pi.  63  ;  le  montana  et  le  maritima  Nob.  ou  leucurus 
Gould ,  ce  qui  porte  le  nombre  des  espèces  connues  à  cinq ,  par- 
mi lesquelles  le  striatus  et  le  micropterus  de  Gould  sont  par- 
ticuliers à  la  Patagonie,  le  gutturalis  Nob.  l'est  au  Chili  et  à  la 
Bolivie ,  le  montana  Nob.  à  la  Bolivie ,  et  le  maritima  Nob.  à 
la  Patagonie ,  au  Chili  et  à  la  Bolivie  ;  sous  le  même  parallèle  , 
mais  seulement  sur  la  côte  ouest ,  se  trouve  ce  singulier  Gobe- 
mouche  échassier  rappelant  par  ses  formes  le  genre  Grallarie 
de  Vieillot,  et  dont  nous  avons  fait  le  genre  Muscigral la  Synopsis, 
p.  61 ,  figuré  sous  le  nom  de  Muscigralla  brevicauda, \oy.  en 
Amer.,  pi.  39,  fig.  1. 

Nos  Muscisaxicola, Synopsis,  p.  65,  véritables  représentants 
en  petit  des  Pepoazas ,  quoique  différant  de  coloration ,  ont  des 
espèces  particulières  à  la  Patagonie  et  même  à  la  terre  de  Feu,  à 
l'est  et  à  l'ouest ,  au  Chili  et  à  la  Bolivie.  Le  genre  Lessonia  de 
Swainson,  formé  sur  l'alouette  à  dos  rouge  Azara ,  Alauda  rufa, 
Gmel.,  quoique  présentant  l'ongle  postérieur  allongé  des  Pipis, 
ne  peut  figurer  convenablement  avec  eux  ,  mais  appartient  évi- 


THAVAUX    INÉDITS.  85 

demment  au  groupe  des  Gobe-mouches  marcheurs  ,  et  doit  figu- 
rer comme  les  Muscisaœicola  à  la  suite  des  Pepoazas ,  dont  elle 
a  les  premières  rémiges  acuminées. 

Dans  le  genre  Fluvicola  de  Swainson  ,  composé  également  de 
Gobe-mouches  marcheurs ,  tandis  que  le  Cyanirostris  paraît 
confiné  au  Paraguay  ,  la  plupart  des  autres  espèces  comme  le 
perspicillata ,  le  nigerrima,  le  bicolor,  Victerophrys  se  re- 
trouvent à  l'ouest  en  Bolivie ,  comme  à  Test  à  la  Plata  et  même 
en  Patagonie. 

.  Au  milieu  de  ces  espèces  à  couleur  sombre  ,  on  voit  briller  au 
Paraguay,  comme  un  véritable  rubis ,  ce  charmant  petit  oiseau , 
à  couronne  dorée  et  noire ,  écarlate  au  centre  ,  nommé  par  Azara 
le  Tachurisroi;  par  Vieillot  Roitelet  omnicolor^  Galerie,  mais 
à  qui  on  devrait  conserver  son  premier  nom  ,  car  il  n'a  ni  les 
formes  ni  les  mœurs  d'un  roitelet.  C'est  un  véritable  gobe- 
mouche  de  la  section  des  fluvicolinées  de  Swainson. 

Ces  deux  ornithologies  dont  Tune,  à  Test,  suit  immédiatement 
la  brésilienne  ,  et  l'autre,  à  l'ouest,  la  colombienne,  peuvent  être 
désignées  la  première  par  le  nom  de  Guaranienne  ^  occupant  le 
Paraguay,  l'Uraguay,  Buenos-Ayres ;  la  seconde  par  celui  de 
Chilienne ,  occupant  le  Chili ,  la  Plata  et  la  Bolivie.  Elles  précè- 
dent l'une  et  l'autre  l'ornithologie  Pa^a^^omenne  occupant  à  elle 
seule  toute  la  pointe  méridionale  du  continent  américain  depuis 
Buenos-Ayres,  c'est-à-dire ,  la  Patagonie  et  le  Chili  méridional. 

En  avançant  dans  la  Patagonie,  vers  le  sud,  nous  trouvons 
VUppucerthia  dumelorum  Is.  Geof.  et  d'Orb.Mus.  de  Paris,  Sy- 
nopsis, 2*  part.,  p.  20  et  Beagle'sVoy.,Birds,pl.  19.  Elle  fréquente 
les  bords  du  Rio-Negro  ,  le  port  Désiré,  et  se  retrouve  à  l'ouest 
au  Chili  à  Coquimbo.  Diverses  espèces  à  plumage  analogue  et  que 
nous  avions  rangées  dans  le  même  genre,  tant  dans  le  Synopsis 
que  dans  le  Voy,  d'Orb. ,  où  elles  sont  figurées  sous  les  noms 
d'Uppucerthia  montana  etJndœcola,  pi.  56 , 1  et  2,  et  d''Uppu- 
cerihia  vulgaris  et  nigrofumosa ,  pi.  57, 1  et  2,  ont  reçu  le 
nom  d'Opetiorhynchus  de  Kittlitz;  elles  offrent  entre  elles  des 
difi'érences  de  mœurs  assez  marquées ,  quoique  d'ailleurs  elles 
ne  puissent  être  séparées  génériquement ,  vu  leur  parfaite  res- 
semblance dans  les  formes  comme  dans  la  coloration  ;  ainsi,  tandis 
que  notre  Uppucerlhia  vulgaris,  Synopsis,  part.,  2  ;  p.  23 ,  se 
rencontre  toujours  vivant  sur  le  sol  dans  les  plaines ,  souvent  sur 


86  REVDE  zooLOGiQDE.  { Mavs  1845.) 

les  plateaux  les  plus  élevés,  se  nourrissant  en  général  de  Coléop- 
tères coprophages  qu'elle  saisit  en  retournant  avec  son  bec  les 
excréments  desséchés  des  animaux,  comme  VUppucerthiadume- 
taria,  les  trois  espèces  suivantes,  V  Uppucerthia  rupestris  INob., 
Synops. ,  2«  part.,  p.  21 ,  Sylvia  Patagonica  Lat. ,  VUppucert.  ou 
Opetiorhynchus  antarticus  G.  R.  Gray,  Beagle's  Voy.  p.  67,  et 
VUppucerthia  nigro-fumosa  Nob.,  id.,  ibid.,  p.  23,  d'Orb.  Voy., 
pi.  57,  f.  2 ,  et  Beagle's  Voy. ,  pi.  20 ,  ne  quittent  jamais  les  riva- 
ges de  rOcéanI,  soit  à  l'est  soit  à  l'ouest  ;  elles  en  parcourent  sans 
cesse  les  bords ,  faisant  uniquement  leur  nourriture  de  petits 
crustacés  et  de  petits  mollusques  qu'elles  trouvent  dans  les 
fucus  rejettes  par  la  mer,  lors  de  la  marée  montante  ;  aux  îles 
Falkland ,  où  elles  ne  sont  pas  rares ,  on  les  voit  'souvent  mar- 
chant sur  les  feuilles  flottantes  du  Fucus  giganteus  à  quelque 
distance  du  rivage ,  et  en  cela  elles  imitent  complètement  les 
habitudes  de  quelques  espèces  de  Tringas.  Si  quelquefois  un 
couple  solitaire  est  rencontré  au  centre  du  Chili  ou  de  la  Pata- 
gonie  sur  les  bords  d'un  fleuve  ,  c'est  parce  que  ,  remontant  le 
fleuve  depuis  son  embouchure ,  elles  se  sont  en  quelque  sorte 
égarées  en  trouvant  sur  les  bords  une  nourriture  à  peu  près  ana- 
logue à  celle  que  les  rivages  marins  leur  offraient.  De  même  que 
les  oiseaux  des  Gallapagos ,  ces  trois  dernières  espèces  sont  singu- 
lièrement familières,  et  peu  effrayées  de  la  présence  de  l'homme, 
et  V Opetiorhynchus  antarticus  entre  autres,  particulier  aux 
îles  Malouines  ou  Falkland,  a  été  signalé  dès  1763,  par  Per- 
netty,  comme  étant  si  familier,  qu'il  venait  pour  ainsi  dire  se 
percher  sur  son  doigt,  et  qu'en  une  demi-heure  il  en  tua  une 
dizaine  avec  une  baguette. 

Nous  devons  observer  que  depuis  le  Paraguay  et  la  Plala,  où 
le  continent  d'Amérique  se  rétrécit  sensiblement,  les  mêmes  es- 
pèces se  retrouvent  souvent  sur  les  côtes  opposées  ;  mais  sur  la  côte 
ouest  elles  remontent  toujours  bien  plus  au  nord  que  sur  celles 
de  Test.  Ainsi  beaucoup  d'espèces  qui ,  à  l'est ,  ne  se  rencontrent 
pas  plus  au  nord  qu'au  Paraguay,  et  même  en  Patagonie,  ont  été 
retrouvées  à  l'est  sur  toute  l'étendue  du  Chili,  et  en  Bolivie  par 
M.  d'Orbigny. 

Un  genre  particulier  aux  côtes  orientales  de  la  Patagonie  ex- 
clusivement, est  la  Rhinomia  lanceolata,  Is.  Geof.  et  d'Orb., 
Mag.  de  Zool.  1832 ,  p.  1 1 ,  pi.  3  et  d'Orb. ,  Voy.  ,  pi.  7  ,  fig.  I . 


TRWAUX    INÉDITS.  87 

Elle  n'a  encore  élé  rencontrée  que  sur  les  bords  du  Rio-Negro 
dans  la  Patagonie  septentrionale  ,  soit  par  M.  d'Orbigny,  soit  par 
M.  Darwin,   le  naturaliste  attaché  à  l'expédition  du  Beagle,  Sur 
ces  rives  orientales  de  l'océan  Atlantique,  elle  semble  rempla- 
cer les  Megalonyx ,  Lcss.,  ou  Pteroptochos  (Rittlitz.),  qui  vi- 
vent à  l'ouest  sur  les  bords  de  l'océan  Pacifique  ;  leurs  mœurs 
sont  semblables.  Le  Pteroptochos  Tarnii,  on  M egalonyxr ufi- 
6*eps,Nob.,  Mag.  de  Zool., Synopsis,  1837, p.  15,  LeptonyxTar- 
nii  ,  d'Orb.,  Voy.,  pi  8,  fig.  ;  ainsi  que  plusieurs  autres  espèces  de 
ce  genre  sont  confinés  à  la  côte  ouest  de  l'Amérique  du  sud  ; 
ainsi  le  Pterot.  Tarnii  habite  depuis  la  province  de  la  Concep- 
tion au  sud,  vers  le  37"  degré  de  latitude  ,  jusqu'au  midi  de  la 
péninsule  de  Tresmontes ,  entre  le  41»  et  le  50'  degré.  11  ne  se 
rencontre  pas  à  la  terre  de  Feu,  mais  il  est  abondant  dans  l'île 
Chiloé ,  où  il  est  appelé  par  les  marins  anglais  the  lîarking  bird. 
Le  Pteroptochos  megapodius liïtlVitz^  Megalonyx  ruf us,  Les- 
son  ,  Cent,  zool.,  pi.  GG,  le  plus  anciennement  connu  ,  est  com- 
mun dans  les  contrées  arides  du  Chili  central  et  septentrional  , 
où  il  remplace  le  Pteroptochos  Tarnii,  habitant  des  régions 
boisées  méridionales.  Le  Pteroptochos  albicollis  Kittlitz,  d'Orb. 
Voy.,  pi.  8,  fig.  2.  Megalonyx  médius,  Lesson,  Illustr.,  zool., 
pi.  60 ,  appelé  par  les  Chiliens  Tapacolo  ,  très-commun  dans  le 
Chili  central ,  y  remplace  une  quatrième  espèce  ,  le  Pter.  rube- 
cula,  d'Orb.,  Voy.,  pi.  7,  fig.  3 ,  4 ,  habitant  comme  le  Pter.  Tar- 
nii des  forêts  méridionales. 

Quittant  enfin  l'ordre  des  Passereaux,  nous  trouvons  dans 
celui  des  Gallinacés  et  dans  le  groupe  des  Tinamidées  un  type 
tout  particulier  et  tridactyle,  dans  l'oiseau  envoyé  de  ces  contrées 
au  Muséum  par  M.  d'Orbigny,  et  qui  a  été  nommé  par  lui  et  M.  Is. 
Geof.  Eudromia  elegans,  Mag.  de  Zool.  où  il  est  figuré  ,  pi.  I. 
D'Azara  l'avait  déjà  signalé  comme-une  espèce  d'Ynambu  (Tina- 
mou  )  des  Pampas  ou  plaines  de  Buénos-Ayres ,  ne  se  rencontrant 
qu'au  delà  du  37«  degré  de  latitude  ,  appelle  Perdrix  à  aigrette 
à  cause  de  sa  huppe ,  comme  volant  mal  et  rarement ,  mais  cou- 
rant rapidement  et  se  cachant,  lorsqu'on  l'inquiétait ,  dans  les 
terriers  des  viscaches  et  des  tatous.  D'après  M.  D'Orbigny ,  elle 
habite  les  terrains  sablonneux  et  arides  qui  entourent  le 
grand  bassin  des  Pampas ,  depuis  le  38"  jusqu'au  46«  de  lati- 
tude, et  ne  commence  à  être  commun  que  dans  les  terrains 


88  REVUE  zooLOGiQUE.  (  Mavs  1845.) 

déserts  qui  se  trouvent  au  sud  du  Rio-Negro  en  Patagonie. 
M.  D'Orbigny  suppose  qu'elle  doit  habiter  la  Patagonie ,  depuis 
l'Atlantique  jusqu'aux  Cordillières. 

On  peut  regarder  comme  le  représentant  de  V Eudromia  ele- 
gans  à  l'ouest,  une  seconde  espèce ,  également  rapportée  par 
M.  d'Orbigny  ,  remarquable  par  ses  tarses  robustes ,  réticulés  ; 
ses  ongles  déprimés  et  élargis  comme  chez  les  Outardes,  et  dont 
Vigorsaformé  le  genre  Tinamotis  dans  les  Proceedings,  1836, 
p.  79  ,  la  considérant  comme  une  espèce  de  transition  des  Tina- 
mous  aux  Outardes;  il  la  nomme  Tinamotis  Pentlandii ,  comme 
ayant  été  recueillie  et  observée  pour  la  première  fois  par  le  na- 
turaliste et  voyageur  Pentland  ,  sur  un  plateau  élevé  des  Andes , 
d'où  il  l'avait  rapportée  en  Angleterre.  Ces  deux  genres,  particu- 
liers à  la  Patagonie  orientale  et  occidentale,  sont  bien  des  types 
caractéristiques  de  l'ornithologie  patagonienne.  Dans  la  même 
famille  le  genre  JVothura  de  Wagler,  démembré  de  Tinamus,  se 
trouve  sur  les  deux  côtes  opposées ,  mais  \eJSothura  perdicaria 
de  Kittlitz habite  le  versant  occidental  des  Cordillières,  où  il  est 
le  représentant  du  Nothura  major  Wagler  des  rives  nord  de  la 
Plata ,  et  du  Nothura  minor-,  id.  de  la  Patagonie  septentrionale. 

Les  genres  Attagis  ,  Tinochore  sont  encore  des  genres  parti- 
culiers à  cette  extrémité  sud  de  l'Amérique  méridionale.  V  Atta- 
gis de  Gay ,  Lesson,  Cent,  zool.,  pi.  47  ,  a  été  découvert  au  Chili 
par  M.  Gay,  voyageur  et  naturaliste  ;il  se  tient  sur  les  sommités 
des  Cordillières ,  dans  la  région  immédiatement  au-dessous 
des  neiges,  et  sur  un  sol  presque  dépourvu  de  végétation,  tandis 
que  V Attagis  Falklandica  G.  R.,  Gray,  Tetrao  Falklandicus , 
Gmel.  Caille  des  îles  Malouines^  BufF.,  enl.  222,  semble  oc- 
cuper le  dernier  poste  méridional  du  continent  d'Amérique , 
car  il  n'est  pas  rare  sur  les  montagnes  de  l'extrémité  sud  de  la 
Terre-de-Feu  ,  où  on  le  rencontre  soit  par  paires ,  ou  en  petites 
compagnies,  vers  la  zone  des  plantes  alpines,  au-dessus  de  la 
région  des  forêts  ;  il  est  peu  sauvage  et  se  tient  blotti  sur  le  sol 
presque  nu  de  ces  régions  élevées ,  selon  le  naturaliste  Darwin 
(Beagle's  Voyage).  Ces  deux  espèces,  dans  leurs  localités  respec- 
tives, remplacent  assez  bien  le  Ptarmigan  de  l'hémisphère  sep- 
tentrional. 

Le  genre  Tinochore  Eschscholtz  qui  ,  dans  ses  formes  et  ses 
mœurs ,  tient  des  Gallinacés  et  des  Échassiers  tout  à  la  fois ,  se 


TRAVAUX    lîNÉUirS.  89 

rencontre  partout  où  il  y  a  des  plaines  stériles  et  des  pâturages 
maigres  et  découverts  dans  cette  extrémité  sud  de  l'Amérique 
méridionale.  Ainsi  le  Tinochorus  rumicivorus  Eschscholtz ,  se 
trouve  à  Test  dans  les  plaines  de  la  Patagonie,  près  Santa-Cruz  , 
vers  le  50«  degré  de  latitude  ,  et  à  l'ouest  sur  le  versant  occiden- 
tal des  Cordillières,  à  la  Conception  ,  vers  les  lieux  où  le  pays 
couvert  de  forets  se  change  en  vastes  plaines  découvertes.  Depuis 
ce  point  méridional  du  Chili  jusqu'à  Copiapo  ,  on  le  rencontre 
dans  les  localités  les  plus  dénuées  de  végétation  et  les  plus  déso- 
lées, où  aucun  autre  être  vivant  ne  semble  pouvoir  exister. 
Comme  les  Perdrix,  les  Tinochores  prennent  leur  vol  en  com- 
pagnies; comme  elles,  ils  sont  oiseaux  pulvérateurs.  Dans  ces 
deux  particularités  de  mœurs ,  comme  aussi  dans  la  forme  de 
leur  gésier  musculeux  ,  adapté  à  une  nourriture  végétale  ;  dans 
celle  de  leur  bec  voûté  ;  de  leurs  narines  à  opercule  charnu,  de 
leurs  pattes  peu  élevées  et  de  leurs  doigts  ,  ces  oiseaux  ont  une 
grande  affinité  avec  les  cailles;  mais  dès  qu'on  les  voit  voler,  on 
change  d'avis  ;  leurs  ailes  longues  et  pointues ,  si  différentes 
de  celles  des  Gallinacés  ;  leur  vol  élevé  et  irrégulier,  et  leur  cri 
plaintif  au  moment  où  ils  s'élèvent  du  sol ,  rappellent  toutes 
les  allures  d'une  bécassine ,  quoique  ,  lorsqu'ils  sont  réunis  en 
troupe ,  ils  prennent  leur  essor  comme  une  compagnie  de  per- 
drix. Les  matelots  du  Beagle  les  appelaient  en  général  Bécassines 
à  bec  court.  11  est  certain  que  dtins  la  forme  de  leurs  ailes ,  la 
longueur  des  scapulaires,  la  forme  delà  queue, qui  ressemble 
tout  à  fait  à  celle  du  Tringahypoleucos,  et  dans  la  couleur  géné- 
rale du  plumage ,  ils  offrent  la  plus  grande  analogie  avec  les 
Tringas,  selon  M.  Gould  ;  selon  nous,  ce  serait  plutôt  avec  les 
7\>urnep 2err es ,  d'après  la  brièveté  de  leurs  jambes  et  l'espèce  de 
plastron  noir  qui  se  remarque  sur  la  poitrine  des  mâles,  et  qui , 
de  chaque  côté  ,  descend  du  coin  de  bec.  La  description  anato- 
mique  qu'en  a  donnée  M.  Eyton,  Beagle's  Voy.,  confirme  en  par- 
tie cette  affmité  avec  les  Échassiers  et  les  Gallinacés ,  qui  est  si 
remarquable  dans  leurs  formes  extérieures  et  leurs  habitudes. 

Le  Tinochorus  rumicivorus  Eschscholtz  est  décrit  et  figuré  (à 
tort  sous  le  nom  de  Tinochore  d'Bschscholtz),  Is.  Geof.  et  Les- 
son ,  Cent.  zool. ,  pi.  50  ;  une  seconde  espèce,  le  Tinochore  d'Orbi- 
gny,  Tinochorus  Orbignyanus ,  Is.  Geof.  et  Lesson ,  l'est  dans 
le  même  ouvrage ,  pi.  48  et  41) ,  mâle  et  femelle  ,  et  une  troi- 


90  KiivuE  ZOOLOGIQUE.   (  Mavs  1845.) 

sième  sous  celui  de  ïinochore  de  Swainson,  Tinochorus  Swain- 
sonii  Lesson ,  dans  les  Illustrations  de  zoologie  de  cet  auteur, 
pi.   16. 

L'Attagis  Gayi  ,  Is.  Geoffroy  et  Lesson  ,  est  figuré  dans  la 
Centurie  Zool.  de  ce  dernier,  pi.  47. 

Une  seconde  espèce,  VAttagis  Latreillei ,  Lesson,  est  décrite  et 
figurée  dans  leslllustr.  de  Zool.  du  même  auteur,  pi.  11. 

Une  troisième ,  enfin ,  qui  est  la  première  connue  ,  le  Tetrao 
Falklandicus  Gmel ,  est  figurée  dans  Buffon  ,  enl.  222  ,  sous  le 
nom  de  Caille  des  îles  Malouines. 

Nous  terminerons  cette  revue  ornithologique  par  les  deux  es- 
pèces de  Nandous  ou  Rhéas ,  les  géants  de  la  classe  au  Nouveau 
Monde,  où  ils  sont  les  représentants  de  l'Autruche  en  Afrique,  du 
Casoar  dans  l'Inde ,  de  l'Émeu  à  la  Nouvelle-Hollande ,  et  de 
l'Aptéryx  à  la  Nouvelle-Zélande.  Tous  deux  sont  habitants  de  cette 
pointe  méridionale.  L'un,  le  Nandou,  habite  aujourd'hui  en  assez 
grand  nombre  les  vastes  plaines  de  la  Plata.  Il  se  trouve  au  nord 
quoiqu'en  petit  nombre  au  Paraguay,  selon  Azara ,  et  au  midi 
sa  limite  d'habitation  paraît  être  du  42  au  4o<'  degré  de  latitude 
vers  le  Rio-Negro.  11  n'a  point  franchi  les  Cordillières  à  l'ouest , 
quoiqu'il  se  montre  sur  les  premières  montagnes  orientales  de 
la  chaîne  sur  la  plaine  d'Uspallata,  élevée  de  6  à  7,000  pieds. 

Dans  ces  derniers  temps,  M.  A.  d'Orbigny  a  fait  connaître,  dans 
dans  son  Voy.  en  Am.,  vol.  2,  p.  76,  qu'étant  sur  les  bords  du 
Rio-Negro,  et  ayant  entendu  dire  aux  habitants  qu'une  seconde 
espèce  de  Nandou  existait  dans  ces  parages,  il  avait  tenté  de 
grandes  excursions  pour  tâcher  de  s'en  procurer  un  individu  , 
mais  que  le  pays  étant  alors  en  guerre,  il  avait  été  obligé  d'y  re- 
noncer, que,  néanmoins,  il  était  parvenu  à  en  recueillir  quel- 
ques débris  abandonnés  sur  le  sol  et  à  s'assurer  que  l'espèce  se 
distinguait  de  l'ancienne,  principalement  par  ses  tarses  emplumés 
jusqu'à  moitié  de  leur  longueur,  ce  qui  l'engageait  à  nommer 
l'espèce  nouvelle  Rhea  pennata  (  d'Orbigny). 

L'expédition  du  Beagle  a  été  plus  heureure  et  est  parvenue  à 
s'en  procurer  un  individu  à  Port-Désiré ,  en  Patagonie,  au  48«^ 
de  latitude  ;  mais  au  moment  où  il  venait  d'être  tué ,  le  natura- 
liste Darwin  ,  ne  pensant  pas  à  la  seconde  espèce  de  Nandou,  crut 
que  c'était  un  jeune  de  l'espèce  commune  aux  deux  tiers  de  sa  ve- 
nue. L'oiseau  était  déjà  dépouillé  et  cuit  lorsqu'il  se  souvint  qu'il 


TRAVAUX    INÉDITS.  91 

existait  une  seconde  espèce ,  mais  heureusement  la  tcte  et  le  cou, 
les  jambes  ,  les  ailes ,  plusieurs  des  grandes  pennes  et  une  grande 
partie  de  la  peau  étaient  intacts.  Avec  ces  différents  morceaux  on 
en  a  reformé  un  individu  presque  complet  en  Angleterre,  qui 
figure  aujourd'hui  dans  le  muséum  de  la  Société  Zoologique  de 
Londres. 

M.  Gould  a  donné  une  courte  description  de  cette  nouvelle 
espèce  dans  les  Proceedings,  1837,  p.  35. 11  lui  donne  le  nom  de 
Jihea  Darivinii  Gould,  en  l'honneur  de  M.  Darwin,  le  naturaliste, 
attaché  à  l'expédition  du  Beagle  ;  et  ce  dernier,  dans  le  Beagle'g 
Voyage,  dit  qu'on  la  trouvée  dans  la  Patagonie  orientale,  du  40 
au  54e  degré  de  latitude  ;  qu'elle  diffère  du  Hhea  americana  en 
ce  qu'elle  est  plus  petite,  que  son  plumage  est  d'un  brun  clair  au 
lieu  d'être  gris  ,  et  que  chaque  plume  est  terminée  de  blanc;  que 
le  bec  est  beaucoup  plus  petit  et  surtout  moins  large  à  la  base  , 
que  sa  crête  supérieure  est  de  moitié  moins  large  et  s'élargit  in- 
sensiblement vers  le  bout ,  tandis  que  dans  le  Bhea  americana 
il  se  rétrécit  insensiblement;  que,  néanmoins,  l'extrémité  des 
deux  mandibules  est  plus  renflée  dans  ce  dernier  que  dans  le 
Jîhea  Darwinii;  que  chez  celui-ci  des  plumes  courtes  descendent 
en  forme  de  pointe  et  recouvrent  les  côtés  du  tarse  jusqu'à  peu 
près  moitié  de  sa  longueur ,  que  le  tarse  est  réticulé  dans  les  deux 
tiers  de  sa  partie  antérieure  et  entièrement  sur  sa  partie  posté- 
rieure; que  les  œufs  enfin  sont  d'une  teinte  légèrement  bleuâtre. 
L'oiseau  est  figuré  dans  ce  voyage,  pi.  ^1 .  On  peut  conclure 
des  détails  ci-dessus  que  le  Rhea  americana  habite  les  plaines 
orientales  de  l'Amérique  du  sud  seulement  jusqu'un  peu  au  delà 
duRio-Negro,  vers  le  sud,  à  la  latitude  de  41°,  et  que  le  Rhea 
Z^an^Jinii  le  remplace  dans  la  Patagonie  méridionale,  le  territoire 
du  Rio-Negro  étant  le  seul  point  d'habitation  commun  aux  deux 
espèces.  La  nouvelle  est  appelée  dans  1«  pays  Avestruz  Petise. 

Nous  avons  omis  de  signaler  comme  faisant  partie  de  l'orni- 
thologie bolivienne,  une  espèce  d'accipitre  voisin  des  Caracaras, 
découvert  par  M.  d'Orbigny,  dans  le  Haut-Pérou  ou  la  Bolivie , 
sur  le  plateau  des  Andes.  Cette  espèce  doni;  il  a  formé  le  genre 
PhalcobœnuSy  Synopsis,  p.  2,  se  rencontre  habituellement  sur  les 
montagnes  élevées  et  découvertes  de  la  Bolivie  ;  elle  s'y  tient 
toujours  sur  le  sol ,  ne  se  perche  jamais ,  excepté  sur  des  saillies 
de  rocher,  pour  passer  la  nuit.  Aussi  a-t-elle  les  pattes  entière- 


% 


9'2  REVUE  zooi,OGigDE.  [Murs  1845.) 

ment  conformées  pour  la  marche,  avec  des  ongles  déprimés,  élar- 
gis et  obtus  à  la  pointe.  Cette  espèce  se  rencontre  jusqu'au  Chili 
septentrional,  à  des  zones  moins  élevées,  et  quelquefois,  mo- 
mentanément ,  pour  chercher  sa  nourriture,  sur  les  rivages  de  la 
mer.  Sa  limite  d'habitat  est  du  12^  au  20^  degré  de  latitude  sud. 
Elle  est  figurée  dans  le  Voy.  en  Amérique  d'Orb.,  pi.  2,  f.  1,  2. 

Cette  espèce  est  représentée  en  Patagonie  ,  vers  Santa-Cruz , 
au  50*  degré  de  latitude,  et. par  conséquent  dans  l'ornithologie 
que  nous  nommons  Patagonienne,  par  une  espèce  très-voisine  et 
selon  toutes  les  apparences  du  même  genre ,  découverte  par  l'ex- 
pédition du  Beagle ,  et  que  M.  Gould  a  décrite,  Proceedings,  1 837, 
p.  9,  sous  le  nom  de  Polyborus  ( Phalcobaenus) ,  albogularis 
Gould.  Elle  l'est  encore  dans  le  Beagle's  Voy.,  p.  18,  sous  celui 
de  Milvago  albogularis^  et  figurée  pi.  l'^^,  de  la  partie  ornitho- 
logique  du  même  ouvrage.  Ses  mœurs  diffèrent  essentiellement 
de  celles  du  Phalcobœnus  montanus ,  en  ce  qu'il  habite  les  vastes 
plaines  et  les  bords  des  rivières  de  la  Patagonie ,  à  20  degrés 
plus  au  sud  que  le  Phalcobœnus  montanus  qui  ne  se  tient  que 
sur  les  plateaux  élevés  et  arides  de  la  Bolivie. 

Quelque  incomplète  que  puisse  être  l'esquisse  que  nous  ve- 
nons de  tracer  à  la  hâte  de  l'Ornithologie  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  entre  ses  deux  points  nord  et  sud  les  plus  éloignés ,  on  ne 
peut  s'empêcher  d'y  reconnaître  ,  avec  autant  d'étonnement  que 
d'admiration  ,  les  diverses  modifications  que  le  Créateur  a  im- 
primées à  l'organisation  des  Oiseaux  selon  leurs  différentes  zones 
d'habitation,  pour  que  chaque  point  de  cet  immense  continent, 
depuis  la  mer  des  Antilles  jusqu'au  cap  Horn  ,  et  depuis  ses  val- 
lées les  plus  basses  et  les  plus  marécageuses  jusqu'aux  plateaux 
les  plus  élevés  et  les  plus  arides  des  Cordillières  jusqu'au-dessous 
des  neiges,  eût  ses  habitants  emplumés.  Une  de  ces  modifications 
la  plus  étonnante  est  sans  nul  doute  chez  le  Phalcobœne  mon- 
tagnard d'Orb.,  qui  nous  offre  la  métamorphose  d'un  oiseau  de 
proie  en  oiseau  marcheur ,  ne  se  perchant  jamais  sur  les  arbres, 
se  tenant  constamment  sur  le  sol  ,  ayant  le  port ,  la  démarche 
et  toutes  les  allures  de  nos  poules  et  coqs,  selon  M.  d'Orbigny , 
et  destiné  à  n'habiter  que  les  plateaux  montueux  de  la  chaîne 
des  Andes ,  à  une  élévation  de  quatre  mille  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 


TRAVAUX    INÉDITS.  93 

Oiseaux  nouveaux  rapportés  par  M.  Léclancher  ,  chirurgien  de 
l'expédition  de  la  corvette  la  Favorite, par  M.  de  Lafresnaye. 
Nous  avions  d'abord  placé  cet  Oiseau  intéressant  dans  le  genre 
h'nodesdc  M.  Temminck ,  appartenant  à  la  sous-famille  des  Z«m- 
protorninœ.  Mais  malgré  notre  éloignement  naturel  pour  la  for- 
mation d'un  genre  nouveau,  et  après  un  mûr  examen  et  de 
scrupuleuses  comparaisons ,  nous  pensons  que  1  a  forme  des  na- 
rines de  cet  oiseau,  caractère  tout  à  fait  tranché,  et  la  forme 
générale  du  bec  qui  en  est  la  suite,  sont  bien  assez  caracléris- 
ques  pour  autoriser  la  création  d'un  genre  nouveau,  d'autant 
que  ces  caractères  ne  se  retrouvent  chez  aucun  des  genres  de 
cette  sous-famille  ,  à  laquelle  cet  oiseau  appartient  évidemment 
par  ses  habitudes  de  vivre  en  troupes  sur  les  pâturages  près  des 
bestiaux.  Nous  avons  donc  cru  devoir  établir  un  genre  propre . 
sous  le  nom  de  Scissirostrum  ,  dont  les  caractères  sont  :  rostrum 
forte  ,  altum ,  culmine  paucè  compresso  ,  oMuso ,  elevato  ,  a 
fronte  ad  apicem  œque  curvato,  apice  non  adunco;  maœillâ 
basi  tatd,  parum  tumidâ  ^  post  nares  tantum  compressa;  na- 
ribus  in  scissurâ  sulciformi  elongatâ,  oblique  arcuatâ  apertis; 
spatio  infra  nares  tumido;  mandibulâ  basi  altâ  ad  latera  rectè 
descendente  ;  alis  mediocribus,  remigibus  duabus  primis  œqua- 
libus  et  longissimis ,  lertiâ  et  quartâ  brevioribus ,  gradatis; 
caudâ  mediocri,  gracili,  acuminatâ,  rectricibus  angustis 
valde  gradatis  ;  tarsis  brevibus  sed  robustissimis  ;  digitis  et 
unguibus  validis ,  his  et  prœcipue  postico  fortibus  valde  ar- 
cuatis,  compressis. 

Scissirostrum  Pagei.  Totus  cinerascens,  alis  caudaque  cu- 
neatâ  nigro-schistaceis  ,  pennis  aliquot  uropygialibus  apice  co- 
arctatis,  rubris  ,  nitidissimis,  laminoeformibus  ;  rostro  basi  lato, 
post  nares  compresso  ,  culmine  toto  coarctato  ,  pauce  curvato  , 
naribusin  scissurâ  obliqua  ,  elongatâ  patentibus  ,vix  conspicuis  ; 
rostro  pedibusque  robustis,  brevibus,  flavis,  unguibus  nigris. 
Longit.  tota  16  cent. —  Habitat  Manado  in  insulâ  Celebiensi. 

Nous  donnons  à  cet  Oiseau  le  nom  du  commandant  de  la  cor- 
vette ?a  Favorise,  d'après  le  désir  que  nous  en  a  témoigné  M.  Lé- 
clancher ,  chirurgien  de  l'expédition ,  comme  un  hommage  de 
sa  reconnaissance  pour  l'obligeance  avec  laquelle  ce  capitaine 
lui  a  facilité  ses  explorations  en  histoire  naturelle  pendant  le 
cours  du  voyage. 


94  RKVDE  zo()LOGi<iDK.   {Mari>  1845.) 

s.  Fam.  Campephagin^G.  K.  Gray. — Gen.  Pericrocotus  Boié 

(1 826), PAopmcorms  id.  (1827),Swainson  (1832),  ^ds  Lesson 

(1831). 

Pericrocotus  cinereus.  Supra  cinereus ,  loris  ,  alis ,  caudâque 
nigris;  fronte ,  macula  média  alari,  alœ  flexurâ,  remigum  ter- 
tiariarum  limbo  externo ,  rectricibuslateralibus,  quatuor  mediis 
exceptis,  feretotisalbis,subtusque  ex  totoconcolore,  rostrope- 
dibusque  nigris.  Longit.  tota  19  cent.  |,  caudaî  9  cent.  {. 

Cette  espèce  a  les  plus  grands  rapports  de  forme  et  de  propor- 
tions avec  le  Gobe-mouche  flammea ,  Tem.  col.  263—1,  2,  quoi- 
que d'une  taille  un  peu  plus  forte  qui  le  rapprocherait  un  peu  du 
Muscipeta  princeps ,  Vigors,  Proceed.  1830,  p.  22,  mais  son 
plumage  cendré  en  dessus,  blanc  en  dessous,  sans  aucune 
apparence  de  nuance  jaune,  aurore  ou  rouge  en  dessous,  ne  se 
retrouvant  chez  aucune  des  espèces  connues  jusqu'alors ,  fe- 
melles ou  jeunes ,  nous  n'hésitons  pas  à  le  regarder  comme  espèce 
nouvelle ,  le  soupçonnant  toutefois  femelle  d'après  sa  teinte  grise 
supérieure.  Il  vient  de  l'île  Lucon,  aux  Philippines. 
Gen.  Dic^uji  Cuv. 

Dicœum  Leclancherii.  —  Supra  totum  nigrum  ,  dorso  , 
uropygio,  alœque  tectricibus  minoribus  superis  violaceo-niten- 
tibus ,  inferis  totis  niveis  ;  gutture  colloque  antico  ruberrimis , 
mento  albo  ;  abdomine  nigro  ,  griseo  intermixto  ;  ano  caudœque 
tectricibus  inferis  sordide  et  pallide  ochraceis  ;  rostro  pedibusque 
nigris  ;  rostro  curvato, — L.  tota  7  cent.  1/2,  alœ  flexae  4  cent.  3/4. 
11  vient  de  Manado  aux  Célèbes. 

Cette  espèce  de  Dicée  est  très-voisine  du  Die.  atrogaster  Less. 
tr^  303,  Motacilla  hirundinacea  Shaw,  de  la  Nouvelle-Hollande, 
mais  elle  en  diffère  par  une  taille  plus  petite  parce  que ,  chez 
elle  ,  la  gorge  et  le  cou  seulement  sont  rouges  et  non  la 
poitrine,  en  ce  qu'elle  n'a  pas  les  sous-caudales  rouges,  mais 
d'un  blanc  ochracé  mêlé  de  traits  noirs,  en  ce  que  son  bec  est 
plus  arqué  en  dessus,  son  aile  pliée  a  4  cent.  3'4  de  longueur  ; 
celle  de  V atrogaster  ou  plutôt  de  Vhirundinaceum  a  6  cent. 
Elle  vient  des  Célèbes ,  l'autre  de  la  Nouvelle-Hollande, 

Monsieur  Léclancher  a  tué ,  sur  les  bords  du  fleuve  Yang- 
Tsekiang  ,  en  Chine  ,  près  de  Nankin  ,  plusieurs  oiseaux  d'Europe 
et  même  de  France ,  tels  que  le  Pic  gris ,  Plcus  canus,  la  Pie 
bleue  ou  Turdoïde  d'Espagne ,  Garruîus  cyanus  Tem.  et  autres. 


TKAVAUX    INÉDITS.  95 

NoLVEiJ.E  ESPÈCE  li'oiseau  mouche,  décrile  par  M.  Parsudaki. 

Ornysmialsaacsonii.  Corporc  supra  aureo-viridi  ;caudâfusco 
nigrâ ,  basi  cupreâ  :  subtus  collo  viridi ,  abdomine  viridi-cu- 
prescente,  caudâlœtè  viridi^  tibiisalbis,plumiscaligatis  :  rostro 
recto  nigro.—L.,  Uc.  1/2;  du  bec  28  m. — Partie  supérieure  et  cô- 
tés du  cou  d'un  vert  doré  peu  brillant;  couverture  de  la  queue  plus 
foncée  et  d'un  rose  cuivreux  luisant;  dessous  de  la  queue  d'un  beau 
vert  scintillant  ;  celle-ci  fourchue  et  d'un  brun  noir  ;  front  et  gorge 
d'un  vert  métallique  ;  ventre  à  reflets  dorés  se  fondant  avec  le 
vert  de  la  gorge  et  ressemblant  à  celui  du  jeune  O.  Bonapartei; 
ailes  plus  courtes  que  la  queue  ,  d'une  couleur  marron  luisant , 
avec  quelques  plumes  vertes  aux  épaules.  Pieds  semi-pattus, 
d'un  brun  clair;  bec  droit,  noir  dans  tonte  sa  longueur.  Patrie, 
Santa-Fé  de  Bogota ,  très-rare. 

Le  port  de  cet  oiseau  rappelle  VOrnysmia  vestita  ;  il  est 
plus  grand  et  d'un  plumage  plus  éclatant.  Nous  dédions  cette 
intéressante  espèce  à  notre  ami  .T.  F.  Isaacson ,  amateur  distin- 
gué ,  attaché  au  Jardin  zoologique  de  Liverpool. 


Description  de  dix  Coléoptères  de  Chine,  des  environs  de  Macao, 
et  provenant  d'une  acquisition  faite  chez  M.  Parsudaki ,  mar- 
chand naturaliste  à  Paris;  par  M.  A.  Chevrolat. 
l.Cicindela  flav  o -maculât  a ,  Kollar. —EUe  est  indiquée,  au 
catalogue  de  M.  Dejean  ,  comme  variété  de  la  C.  aurulenta  de 
Fab.  Les  différences  qui  l'éloignent  du  type  ,  originaire  de  Java , 
sont  :   deux  belles  taches  carrées  cuivreuses  sur  le  corselet  ;  les 
quatre  taches  blanches  des  élytres  plus  étendues,  3«  constamment 
étroite  ,  transverse  :  elles  sont  d'un  indigo  éclatant  et  velouté , 
base  et  suture  d'un  doré  cuivreux  plus  brillant.  L.  16,  19.  L.  6, 
G3/4mill., 

On  ne  doit  la  considérer  que  comme  une  variété  locale  de  la 
C.  aurulenta. 

2.  Cicindela  dorsolineolata.  —  Brunnea,  obscura.  Labro  (va- 
lido,  septemdentato ,  margine  punctis  sex  impresso)  in  média 
parte ,  palpis  (articulo  apicali  sed  duobus  penultimis  maxillarum 
feminis,  viridibus),  mandibulisque  (infra  labium  apertis)  basi, 
flavis  ;  capite  et  lateribus  thoracis  pectorisque  infrà  ,  metallicis 
coloribus  splendens.  Caput  valdè  rugatum.  Thorax  scabriusculus, 
longior  latitudine  ,  lateribus  rotundatus.  Elytra  elongata ,  sub- 


9C  RKVUE  ZOOLOGIQUE.  (Mafs   1845.) 

parallela,  ad  apiccmmarginis  subrectangulè  rotundata,  obsolète 
punctata  (punctis  porosis) ,  sericea  ;  vittâ  submarginali ,  extus 
hiimerum  nascenti,  ad  apicem  suturœ  recurvâ,  ultra  médium 
intus  oblique  et  rectè  ramosâ ,  lineolis  tribus,  vel  tantum  duabus 
anticis  juxta  suturam  ;  aurantiacis.  Corpus  in  latere  parce  albo- 
setosum,  abdomine  nigro,  polito,  ad  latera  rugoso  et  viridi  basi, 
3°segmento  recurvo  acuto.  —  L.  12,  13.  L.  4  1/2,  5  mill. 

Les  trois  articles  des  tarses  antérieurs  du  mâle  sont  allonges, 
élargis  ,  et  décroissent  chacun  de  grandeur,  les  deux  premiers 
sont  sub-cylindriques,  le  troisième  est  un  peu  dilaté. 

La  lèvre  chez  ce  sexe  est  comme  tronquée  antérieurement  et 
munie  de  quatre  dents  sur  la  troncature.  La  lèvre  de  la  femelle 
se  prolonge  en  une  pointe  aiguë ,  et  est  fortement  élevée  en 
dessus  au  milieu.  Elle  avoisine  la  C.  lugubris  de  Dejean. 

3.  Cicindela  Candei. SimWMma.  C.  cancelîatœ  Dej .  et  catenatœ 
Fab. ,  sed  differt  staturâ  majore ,  capite  depresso  ;  thorace  pla- 
niore,  elongato,  lateribus  parallelo  ,  minutiore  rugulosis  ;elytris 
longioribus  ,  minuté  et  laxè  punctatis  ;  5"  articulo  antennarum 
rubiginoso,  etc.,  etc.  Caput,  thorax  et  scutellum  cuprea,  minute 
coriaceo-rugulosa ,  dense  albo-hirta.  Mandibulis,  palpis  (art». 
ultimo  viridi),  labio,  elytrisque  flavis.  In  elytris  ramulis  duobus 
communibus  dorsalibus  obscuro-cupreis,  nigro  fimbriatis,  punc- 
tatis (punctis  nigro-pupillatis)  ;  1°  ramulo,  notis  tribus  elongatis 
et  intricatis  formato,  duabus  notis  anticis  parallelis  posticè  ad- 
nexis,  tertiâ  longâ,  obliqua,  suturas  junctâ:  2'' ramulo  subancho- 
rali;  limbo  marginali  angustè  cupreo  ;  epipleurispallidis.  Corpus 
subtus  dense  albo-villosum.  Postpectus  et  abdomen  medio  viridi- 
cyanea,  nitida.— L.  14,  15.  Lat,  5,  5  1/2 mill. 

J'ai  cru  devoir  dédier  cette  espèce  à  M.  de  Maussion-Candé , 
commandant  de  frégate ,  que  je  n'ai  pas  l'honneur  de  connaître  ; 
je  désire  que  ce  navigateur ,  qui  vient  d'enrichir  les  collections 
d'espèces  fort  intéressantes,  voie  dans  cette  dédicace  l'expression 
d'un  sentiment  d'estime  et  de  gratitude. 

11  serait  à  désirer  que  nos  officiers  de  marine  suivissent 
l'exemple  de  M,  de  Maussion-Candé  et  contribuassent  avec  le 
même  désintéressement  à  l'avancement  des  sciences  naturelles. 

4.  Cicindela  speculi fera,  —  \icmsi  C.  perpleœœ ,  De]  .,  sub- 
cylindrica ,  surdo- viridis ,  minutissimè  coriacea.  Labro  ,  mandi- 
bulis basi ,  palpisque  (art»,  ultimo  p.  labiorum  et  duobus  ulti- 


fé 


«ï 


TRAVAUX    INÉDITS.  97 

mis,  maxillaruin  ;  viridibus),  pallidis.  Elylra  ininutissimè 
rugulosa,  punctata;  feminae  punciis  fundo  cyaneis;  maris,  ob- 
scm-ioribus;  margine  laterali  (subtus  lunulani  humeralem  inter- 
ruplo),  lunulisduabus,  striga  laterali  média,  punctoque  infra; 
flavis ;  feminqc,  cum  plaga  speculifera  quadrata  in  medio  coleoptri 
versus  extremitatem  lunulac  humeralis. —  L.  12  ,  13.  Lat.  4  1/2. 
o  mill. 

La  lèvre  ,  dans  les  deux  sexes ,  est  transverse ,  un  peu  sinueuse 
en  avant.  Elle  offre  au  milieu  une  épine  noirâtre.  Le  corps  de  la 
femelle  ,  en  dessus ,  est  d'un  vert  un  peu  plus  clair  que  chez  le 
mâle  ,  dont  la  couleur  est  obscure. 

5.  Cicindela  anchoralis.  —  Similis  C.  longipedi  Fab.  viridi- 
cuprea.  Palpis  ,  mandibulis  (apice  piceis),  labio  ,  tibiis  (extremi- 
tatibus  piceis) ,  tarsis  basi,  elytrisque  albis  :  his  rugosè  punctatis, 
vittâ  anchorali  ,  cum  lineolâ  ponè  humerum  (  in  feminâ  am- 
plioribus);  cupreis.  Thorax  truncatus ,  subconicus ,  anticè  et 
lateribus  longé  pilosus.  Pedes,  praesertim  postici,  longi,  trochan- 
teribus  rubris.  Corpus  nitidum,  lateribus  pectoris  et  abdominis 
basi  scabroso-punctatis ,  albo-hirsutis.  Tribus  articulis  anterio- 
ribus  tarsorum  maris  lanatis  ,  elongatis,  3°  dilatato,.  —  L.  12,  13. 
Lat.  4  1/2,  6  mill. 

La  lèvre  est  tridentée  au  milieu  dans  l'un  et  l'autre  sexe  ;  seu- 
lement elle  offre  chez  le  mâle  deux  échancrures  entre  ces  dents. 

6.  Cicindela  psammodroma.  —  Alïinis  C.  tenuipedi  Guerini. 
Viridi-cyanea,  nitida  ,  minutissimè  coriacea,  palpis,  mandibulis 
(apice  ,  dentibusque  exceptis  ) ,  labio  (  unispinoso) ,  elytrisque  ; 
albidis.  Thorax  truncatus,  subconicus.  Elytra  elongata,  ovalia, 
coriaceo-punctata  ,  vittis  quatuor  haud  integris  (1«  sinuosa,  2« 
obliqua) ,  suturaque  viridibus.  Pedes  longi  ,  prœsertim  postici  , 
trochanteribus,  tibiis,  et  1°  art**,  tarsorum,  rubroflavoque  pallidis. 
Corpus  infrà  lateribus  albo-setosum.  —  L.  10,  12,  Lat.  3  3/4, 
5  mill. 

La  lèvre  est  tronquée ,  étroite  ,  munie  d'une  épme  noirâtre  au 
milieu.  Des  deux  lignes  cuivreuses  sur  chaque  étui,  la  première 
est  sinueuse ,  part  de  l'épaule  et  se  dirige  aux  deux  tiers  de  la 
longueur  sur  l'extrémité  de  la  suture  ;  la  seconde  est  oblique  , 
en  dehors  de  la  première  ,  commence  au  delà  du  milieu,  s'élargit 
près  de  l'extrémité;  elle  forme  en  dessous  un  petit  angle,  vers 
le  milieu. 

Tome  VIU.  Année  1815.  7 


98  REVUE   ZOOLOfilQUE.    [Mufs    1845.) 

7.  Cicindela  mwidncfa.  — Viridi-metallica.  Pal  pis  (quatuor, 
articule  ultimo  viridi  ) ,  mandibulisque  (apice  ,  viridibus  et  ni- 
gris)  ,  pallidis;  labio  amplo,  truncato,  eburneo.  Thorax  minute 
coriaceus  rugatusque  ,  inter  sulcos  quadratus ,  angulis  posticis 
in  tubercule  obtuso  elevatis.  Elytra  brevia  ,  plana,  parallela, 
minutissimè  rugulosa  ,  crebrè  ,  dense  et  sculpté  punctata  ,  punc- 
tis  fundo  cyaneis,  lirnbo  laterali  latè  albo-cincta  ,  punctulato, 
limbo  externo  angustissimè  cupreo.  Pectus  et  abdomen  longe 
albo-hirta.  Pedes  viridi,  albo-setosi ,  trochanteribus  ettibiisbasi, 
rubro-pallidis.  Mas. —  L.  11,  lat.  3  3/4  mill. 

Cette  espèce  paraît  être  très-rapprochée  de  la  C.  Gyllenhali 
de  Dejean.  Nous  la  classons  à  sa  suite.  La  femelle  offre  sur  chaque 
étui  ,   avant  le  milieu,  une  plaque  luisante  en  forme  de  miroir. 

8.  Brachyaspistes  velatus. — Apterus,  griseo  fuscoque  va- 
riegatus  ;  lateribus  thoracis ,  elytrorum  basi  et  femoribus  qua- 
tuor posticis,  calcariis.  Caput  et  rostrum  (thorace  paululum 
longiora),  vitta  longitudinali  in  thorace  (latitudine  capitis), 
nigra,  Rostrum  latum ,  subcylindricum ,  modicè  arcuatum,sulcis 
tribus  ,  sulcomedio  subintegro,  lateralibus  post  oculos  limitatis, 
ad  apicem  costulatis.  Thorax  longitudine  et  latitudine  média 
œqualis ,  lateribus  parum  ampliato-rotundatis ,  anticè  et  posticè 
truncatus ,  truncaturis  cylindricis  ;  inaequaliter  tuberculatus  , 
scabroso - foveatus ,  sulco  longitudinali.  Scutellum  vix  con- 
spicuum.  Elytra  ob-ovalia,  anticè  conjunctim  introrsum  atte- 
nuata ,  subreflexa,  apice  singulatim  subacuminata  ;  squamis 
adhoerentibus ,  coriaceis  albido-griseo-fuscoque  variegata  ;  punc- 
tato-striata  et  angustissimè  sulcata  ,  interslitiis  rotundè  costulatis. 
femoribus ,  prassertim  anticis ,  clavatis  ;  tibiis  quatuor  anticis , 
cameratis ,  intus  ordinatim  spinulosis  ;  3°  art"  tarsorum  valdè 
bilobo  ,  duobus  unguiculis  mediocribus ,  basi  adnexis,  apice  ap- 
proximatis  œqualibus.  —  L.  13,  lat.  amplissima  5  milli. 

Ce  genre  fait  partie  de  la  fam.  des  Curculionides  gonatocères 
et  de  la  division  des  Brachy dérides.  Le  B.  velatus  s'éloigne  un 
peu  des  3  espèces  qui  me  sont  connues ,  sa  trompe  étant  plus 
longue,  plus  arquée,  très-sillonnée.  Sa  forme  rappelle  celle 
d'un  Ophryasies. 

Clytus  M acaumensis.  —  SimiUs  Cl.  plebejo  Fab.  villosulus, 
cinereus.  Caput  angustum ,  sulco  longitudinali  haud  integro , 
oculis  valdè   emarginatis.    Thorax   obscurior  ,    oblongo-rotun- 


ANALYSES  u'OLVRAOKS  NOUVEAUX,  99 

datus ,  in  margine  aiitico ,  posticoque ,  angustè  nigro-reflexus 
et  truncatus ,  punctis  quatuor  nigris  ,  transversim  positis  : 
duobus  dorsalibus  conjunctis.  Scutellum  semi  -  rotundum  , 
albiduiu.  Elytra  thorace  duplo  longiora ,  ad  apicem  modicè 
attenuata  ,  in  extremitate  truncata ,  annulo  oblongo  humerali , 
fasciisque  duabus  nigris  :  1*  antè  médium,  circumflexa ,  margine 
ampliata  annuloque  juncta  ;  2*  recta  antè  apicem.  Pars  corporis 
in  quâ  pedes  inseruntur  nigra.  Pedibus  et  antennis  nigricantibus , 
cinereo-tectis.  —  L.  Il  1/2,  lat.  4  1/2. 

1 0.  Coplops  annulata. — Lanugine  brevissima  tecta,  ferrugata. 
Corpore  subtus ,  elytris  infra  basin  usque  ad  tertiam  partem  api- 
calem  semi-circulatim  leucophœatis.  Caput  perpendiculare,  sulco 
longitudinali  ;  mandibulis  atris,  nitidis  ,  arcuatis,  in  extremitate 
bidentatis,  oculis  mediocribus,  rotundatis ,  supra  truncatis, 
fuscis;  antennis ferrugatis,  infrà  vil losis,  2»  3°-que  articulis fere 
omnino  nigris  ,  sequentibus  ,  apice  nigricantibus.  Thorax  sub- 
quadratus  ,  valdè  convexus  ,  apicibus  rectus  ,  ad  basin  et  apicem 
lateribus  angustè  et  sinuosè  sulcatus  (margine  laterali  infuscato), 
punctatus  ,  punctis  intus  repletis,  setosis.  Scutellum  griseum 
subquadratum ,  lateribus  posticis  rectangulis.  Elytra  subcylin- 
drica,  posticè  declivia ,  thorace  multo  latiora,  triplo  longiora  , 
apice  singulatimrotundata,  versus  apicem  subattenuata  (humeris 
prominulis,  obtuse  rectangulis),  punctata  (punctis  setiferis , 
anticè  foveatis  )  ;  in  medio  infra  basin  apicata  ,  sutura  elevata  , 
costulisque  duabus  medianis  leucophaeatis ,  nigroque  maculato- 
fasciculatis.  Pedes  inermes  ,  breviusculi ,  validi ,  approximati, 
femoribus  infra  apice  sulcatis ,  tibiis  intus  subsînuosis ,  tarsis  ni  - 
gricantibus.  —  L.  9  mil.,  lat.  5  1/2. 


11.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Liste  des  animaux  articulés  cités  jusqu'à  présent  comme  se  trou- 
vant à  la  Nouvelle-Zélande ,  avec  les  descriptions  de  quelques 
nouvelles  espèces;  par  MM.  Ad.  White  et  Ed.  Doub^evay,  aides 
à  la  partie  zoologique  du  Mus.  Britannique. 

Classe  CRUSTACEA. 

1.  Faramithrax  GaimardiiyM.  Edw.  Hist.  nat.  des  crust.  I, 
p.  325,  hab,  laNouv.-Zél.  M.  Edw. 

2.  Chlorodius  eudorus.  M.  Edw.  1.  c.  p.  402.  Cancer  eudora 
Herbst,  111 ,  pi.  51 ,  f.  3.  hab.  la  Nouv.-Zél.  M.  Edw, 


100  REVUE  zooLOGiyuE.  {Mars  1845.; 

3.  Portunus  catharus,  White,his.  hab.  laNouv.-Zél.  Coll.  du 
Mus.  Brit,  D.  A.  Sinclair.  Cette  espèce  se  place  près  du  P.  mar- 
moreus^  Leach  (malac  Pod.  Brit.  tab.  VIII  ,  f.  1,3),  elle  diffère 
de  Tespèce  européenne  par  sa  plus  grande  largeur  et  parce 
qu'elle  a  quatre  dents  au  devant  de  la  carapace,  la  paire  inter- 
médiaire étant  réunie  ensemble.  11  y  a  cinq  dents  sur  les  côtés 
de  la  carapace  et  une  dent  sur  la  partie  externe  du  sinus  au-des- 
sus de  l'œil,  La  carapace  est  très-lisse,  elle  a  deux  lignes  enfoncées 
convergeant  postérieurement  et  plus  larges  en  avant.  La  couleur 
de  la  carapace  est  jaune  brunâtre ,  marquée  de  petites  taches 
brunes  :  les  taches  forment  une  ligne  lunée  entre  les  impressions 
du  dos  qui  sont  très-distinctes  :  pénultième  article  de  la  queue 
le  plus  grand  et  rétréci  en  avant.  Largeur  de  la  carapace  d'un 
individu  mâle,  1  p.  2  1.,  long.  10  1/21. 

—  Crabe  commun.  Polack,  N.-Zél.  p.  326,  t.  1,  en  parle  comme 
hab.  laNouv.-Zél. 

4.  Grapsus  strigilîatus ,  White.  In  Gray's  zool.  mise.  1842, 
p.  78.  hab.  la  Nouv.-Zél.  Dieff.  Carapace  avec  la  partie  antér. 
déprimée  ,  horizontale  et  occupant  plus  de  la  moitié  de  sa  lar- 
geur en  avant,  en  mesurant  d'épine  à  épine, 'bords  latéraux  avec 
trois  dents  en  avant  :  plusieurs  stries  sur  les  côtés;  pattes  larges, 
renflées,  côtés  très-lisses,  bords  supérieurs  avec  quelques  excrois- 
sances verruqueuses.  Couleur  :  côtés  de  la  carapace  rouges,  légè- 
rement tachetés  de  jaune  endevant  et  sur  le  dosnoir,  avec  de  larges 
taches  jaunes:  cuisses  rougeâtres,  teintées  de  bleu.  Ressemble 
beaucoup  au  G.  varius. 

5.  Cyclograpsus  sexdentatus ,  M.  E. ,  II,  p.  79,  hab.  la 
Nouv.-Zél  M.  Edw. 

6.  Plagusia  clavimana^  Latr.  Desm.  Cons.  p.  127,  M.  E.  1.  c. 
p.  92.  Cancer  planissimus ,  Herbst,  pi.  59,  f.  3.  Var.  PL  serripes 
Lam.  Séba,  t.  III,  pi.  19,  f..21,  hab.  la  Nouv.-Zél.  M.  Edw.  Mus. 
Brit.  Dr  Sinclair. 

7  .  Leucosia  orbiculus.  Cancer  orbiculus,  F.  Ent.  syst.  402,  1 3 
Nouv.-Zél.  Fab. 

8.  Pagurus  cristatus,,  M.  E.  1.  c  II,  p,  218.  M.  E.  Ann.  des 
Se.  nat.  sér.  2,  VI,  p.  269.  hab.  la  Nouv.-Zél.  M.  Edw.  Musée 
Brit.  Sinclair. 

9.  Pag,pilosus,  M.  E.  1.  c.  II,  p.  233,  Ann.  Se.  nat.  VI,  p.  282, 
pi.  14,  f.  1.  Nouv.-Zél.  M.  Edw. 


ANALYSES  D  OUVRAGES  NODVKAUX.  101 

10.  Porcellana  elongata,  M.  Edw.  1.  c.  II,  p.  251.  Nouv.-Zël. 
M.  Kdw. 

11.  Palinurus? Homard  ou  ccrevisse  de  mer,  Cook.  Cancer 
homarus^  L.Forst.  Voy.  I,p.  144.  Kohuda.  Kohura,  Dieff.  Polack. 
I,  p.  32G. 

La  meilleure  chère  que  nous  apportât  la  mer  était  le  homard 
ou  ëcrevisse  dénier,  qui  sont  probablement  les  mêmes  que 
Lord  Anson  dit  dans  son  voyage  avoir  trouvées  à  l'île  de  Juan 
Fernandez,  si  ce  n'est  qu'ils  ne  sont  pas  delà  même  taille.  Ils 
diffèrent  d«  ceux  d'Angleterre  sous  plusieurs  points:  ils  ont  un 
grand  nombre  d'épines  sur  leur  dos,  et  ils  sont  rouges  dès  qu'on 
les  tire  de  l'eau.  Dans  le  nord  nous  en  achetions  partout  en  quan- 
tité des  naturels  qui  les  prennent  en  plongeant  près  du  bord,  et 
les  trouvent  avec  leurs  pieds  quand  ils  sont  couchés.  —  Hawkes- 
worlh,  Voy.  du  lient.  Cook,  III,  p.  440,  et  vol.  II ,  p.  325  et  328. 

Le  capitaine  Cook  a  appelé  une  localité  où  lui  et  son  expédition 
se  régalèrent  de  ces  homards ,  Baie  du  Déjeûner, Luncheon-Cove. 
I,  p.  78.  Edit.  de  Londres,  1777. 

12.  Paranephrops  planifrons  ,White,  in  Gray's  Zool.  Mise  p. 
79.  Nouvelle-Zélande,  Tamise,  Dieff.  Les  yeux  sont  larges  comme 
dans  les  Nephrops  :  les  côtés  du  second  segment  thoracique  avec 
une  épine  en  avant  au  milieu ,  comme  dans  les  Potamobius,  et 
une  plus  courte  au-dessous  :  l'appendice  lamellaire  des  antennes 
extérieures  s'étend  considérablement  au-delà  des  articles  renflés 
de  la  base,  il  est  en  dedans  presque  droit,  et  bordé  de  longs 
poils  :  les  deux  premiers  articles  des  pieds-mâchoires  extérieurs 
sont  épineux  en  dedans  :  les  côtés  des  segments  abdominaux  ne 
sont  pas  aussi  vivement  anguleux  que  dans  les  Nephrops  :  la 
plaque  médiane  de  la  queue  est  d'une  seule  pièce  comme  dans 
les  Nephrops  ,  et  a  l'épine  plus  éloignée  en  arrière  de  l'extrémité 
arrondie  :  la  première  paire  de  cuisses  est  plus  mince  que  dans 
les  Nephrops:  les  griffes  sont  presque  droites  en  dedans,  et  mu- 
nies de  dents  moyennes  :  les  mains  ne  sont  que  faiblement  sillon- 
nées, et  ont  quelques  rangs  d'épines  plus  fortes  en  dedans  :  la 
seconde  paire  de  cuisses  est  la  plus  courte  de  la  quatrième  paire 
postérieure  ,  tandis  que  dans  les  Nephrops  c'est  la  cinquième  : 
la  seconde  est  la  plus  longue  ,  la  quatrième  et  la  cinquième  sont 
de  longueur  presque  égale.  Cette  espèce  de  la  rivière  .Tamise  ,  à 
la  Nouvelle-Zélande  ,  est  voisine  des  deux  genres  Potamobius  et 


i02  REVUE  ZOOLOGIQDE.    (MaTs  1845.) 

Nephrops,  en.  ayant  le  dehors  de  la  dernière,  et  en  réunissant  les 
caractères  des  deux.  La  carapace  de  cette  espèce  est  presque  cy- 
lindrique :  le  bec  s'avance  au  delà  du  pédicelle  de  la  paire  in- 
terne d'antennes  ;  il  est  droit ,  large,  effilé  et  un  peu  creusé  en 
dessus. 

Les  côtés  ont  trois  dents  :  à  la  base  sont  deux  dents  latérales^ 
placées  l'une  devant  l'autre  :  à  la  base  du  bec ,  au  milieu ,  il  y  a 
une  faible  strie  longitudinale  ,  raccourcie  ;  les  côtés  de  la  cara- 
pace, à  côté  des  pieds-mâchoires  externes  ,  ont  plusieurs  épines 
courtes  courbées  :  les  segments  abdominaux  sont  lisses  en  des- 
sus :  les  appendices  de  la  queue  sont  finement  striés  à  l'extrémité, 
et  teintés  de  rouge  d'œillet  :  le  thorax  est  couvert  de  poils  fins  : 
l'abdomen  est  d'une  couleur  jaunâtre  un  peu  tachetée  ;  chaque 
segment  postérieur  à  une  bordure  très-étroite  d'œillet.  Longueur 
du  plus  grand  individu,  3  pouc.  8  lig.  de  l'extrémité  de  la  queue 
à  celle  du  bec  ;  longueur  du  plus  petit,  2  pouc.  8  lig. 

13.  Hippolyte  spinifrons y  M.  Edw.  1.  c.  II,  p.  377.  Habite  la 
Nouvelle-Zélande.  M.  Edw. 

14.  Palœmon  QuoyanuSy  M.  i:dw.  1.  c.  II,  p.  393.  Habite  la 
Nouvelle-Zélande. 

(  La  suite  au  prochain  numéro, } 


III.  SOCIETES  SAVANTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  3  mars  1845.  —  M.  Gruby  adresse  des  Recherches 
sur  les  Animalcules  parasites  des  follicules  sébacés  et  des  folli- 
cules des  poils  de  la  peau  de  Vhomme  et  du  chien. 

Chez  l'homme ,  cet  insecte  parasite  se  rencontre  le  plus  sou- 
vent dans  les  glandules  sébacées  de  la  peau  du  nez ,  ainsi  que  l'a 
indiqué  M.  Simon  de  Berlin  ,  à  qui  l'on  en  doit  la  découverte. 

Les  Animalcules  parasites  du  chien  sont  identiques  à  ceux  de 
l'homme ,  et  M.  Gruby  pense  qu'ils  peuvent  se  communiquer  de 
l'un  à  l'autre. 

Ce  mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  commission. 

Dans  la  Séance  publique  du  10  mars ,  il  a  été  décerné  des  prix 
et  des  récompenses  comme  à  l'ordinaire. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  103 

Séance  du  17  mars.  —  M.  Milne-Edwards  lil  un  mémoire 
ayant  pour  titre  :  Nouvelles  observations  sur  la  constitution  de 
l'appareil  de  la  circulation  chez  les  Mollusques. 

Dans  ce  travail,  signé  aussi  par  M.  Valenciennes ,  l'auteur 
cherche  à  prouver  que  chez  tous  les  Mollusques  il  existe  une  cir- 
culation semi-vasculaire ,  semi-lacunaire  aussi  bien  que  chez  les 
Crustacés  et  les  Arachnides.  Si  Ton  voulait,  poursuit-il,  expri- 
mer par  une  formule  générale  tous  les  faits  de  cet  ordre  déjà 
constatés ,  on  pourrait  dire  que  chez  tous  les  animaux  à  sang 
blanc ,  les  liquides  nourriciers  ne  sont  pas  renfermés  dans  un 
appareil  vasculaire  clos,  mais  circulent  plus  ou  moins  rapide- 
ment dans  un  système  de  cavités  constituées  en  totalité  ou  en 
partie  par  des  lacunes  que  les  divers  organes  laissent]  entre 
eux. 

Dans  le  courant  de  ce  travail ,  on  s'est  abstenu  de  parler  des 
Éolides  et  genres  voisins,  à  cause  de  la  divergence  d'opinions  qui 
existe  entre  MM.  de  Quatrefages  et  Souleyet  sur  l'organisation  de 
ces  animaux.  Il  nous  semble  que  cette  réserve  de  juges  du  débat 
qui,  par  une  délicatesse  louable,  ne  veulent  pas  qu'on  les  con- 
sidère comme  juges  et  parties ,  n'a  pas  toute  la  valeur  qu'ils  ont 
voulu  lui  donner  ,  car,  en  déclarant  que  chez  tous  les  Mollus- 
ques il  n'y  a  qu'une  circulation  semi-vasculaire  et  semi-lacunaire, 
il  est  évident  qu'ils  n'admettent  pas  que  les  Eolides  et  genres 
voisins  font  seuls  exception  à  cette  grande  loi ,  en  sorte  que  si  la 
divergence  d'opinions  entre  MM.  de  Quatrefages  et  Souleyet  por- 
tait sur  ce  point  seul ,  la  question  serait  jugée  dès  aujourd'hui  en 
faveurdupremieretpar  un  ou  deux  juges  seulement,  sans  le  con- 
cours et  l'assentiment  des  autres  membres  de  la  commission  et 
sans  débat  contradictoire. 

M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire ,  en  présentant  le  Tableau 
synoptique  de  sa  Classification  parallélique  des  Mammifères , 
entre  dans  des  détails  très-intéressants  sur  les  principes  de  cette 
classification ,  qui  date  de  huit  années.  Comme  nous  les  avons 
exposés  dans  cette  Revue  (  1838  ,  p.  218),  nous  ne  les  reprodui- 
rons pas  ici ,  et  nous  renvoyons  à  l'article  de  1838  et  à  l'annonce 
que  nous  avons  faite  du  tableau  (1845  ,  p.  61  ). 

Séance  du  2 S  mars.  1°  M.  Souleyet  adresse  la  note  suivante 
ayant  pour  titre  :  Observations  sur  les  organes  de  la  circulation 
chez  les  Mollusques. 


104  REVUE  zooLOGiguE.  [Metrs  1845.) 

«  En  exposant,  dans  la  séance  précédente,  le  résultat  de  leurs 
recherches  sur  la  constitution  de  l'appareil  circulatoire  chez  les 
Mollusques,  et  en  rappelant  les  divergences  d'opinions  qui  existent 
sur  ce  point  au  sujet  des  Éolides,  MM,  Milne  Edwards  et  Valen- 
ciennes  ont  pu,  involontairement  sans  doute,  induire  à  croire  que 
la  question  en  litige  entre  M.  de  Quatrefages  et  moi  était  la  même 
que  celle  qui  vient  d'être  portée  par  ces  deux  savants  professeurs 
devant  l'Académie.  Il  me  paraît  donc  nécessaire  de  faire  ressortir 
les  différences  qui  existent  entre  cette  dernière  question  et  la  théo- 
rie du  phlébentérisme  que  j'ai  combattue, 

»  Les  faits  exposés  par  MM.  Milne  Edwards  etValenciennes  ten- 
dentà  établir  que  l' appareil vasculaire  est  toujours  plus  ou  moins 
incomplet  chez  les  Mollusques ,  contrairement  à  ce  qu'on  avait 
admis  jusqu'à  ce  jour,  et  que,  dans  une  portion  plus  ou  moins 
considérable  du  cercle  circulatoire ,  les  veines  manquent  tou 
jours  et  sont  remplacées  par  des  lacunes  ou  par  les  grandes 
cavités  du  corps.  Mais,  en  définitive  cependant,  quelles  que 
soient  les  voies  suivies  par  le  sang,  ce  liquide  n'en  exécute  pas 
moins  toujours  le  même  circuit,  c'est-à  dire  qu'après  avoir  par- 
couru ,  au  moyen  des  artères  ,  les  différentes  parties  du  corps  ,  il 
se  rend  aux  organes  de  la  respiration  ,  et  de  ces  organes  au  cœur  ; 
en  un  mot,  la  circulation  n'en  est  pas  moins  toujours  complète 
chez  les  animaux  de  ce  type. 

»  Or,  il  n'en  est  pas  de  même  chez  ]esMo\\usques phlébentérés , 
car  M.  de  Quatrefages  les  définit  :  des  Mollusques  gastéropodes  à 
circulation  imparfaite  om  nulle  ,  privés  d  organes  respiratoires 
proprement  dits  [i);  et  en  effet,  on  n'a  pas  oublié  peut-être  que 
l'appareil  circulatoire  manquerait  complètement  dans  le  plus 
grand  nombre  de  ces  Mollusques ,  ou  serait  réduit  à  un  état  d'im- 
perfection extrême,  se  composant  d'un  cœur  seulement,  sans  ar- 
tères ni  veines. 

»  La  circulation  semi-vasculaire  et  semi  lacunaire,  mais  com  - 
plète ,  qui  existerait  chez  les  Mollusques  d'après  les  recherches  ré- 
centes de  MM.  Milne  Edwards  et  Valenciennes ,  ne  peut  donc  être 
confondue  avec  l'absence  complète  de  la  circulation  ni  avec  la 
circulation  imparfaite  qui  aurait  été  observée  chez  les  phlében- 
térés  par  M.  de  Quatrefages. 

(\)  Mém.  sur  les  Gastéropodes  phlébentérés .  Ann.  des  se.  nal.  S""  série,  1. 1,  p.  171. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  105 

»  Mais  là  n'est  pas  encore  toute  la  difTérence ,  et,  à  côté  de  ce 
fait,  l'absence  des  appareils  de  la  circulation  et  de  la  respiration, 
se  trouve  ,  dans  \c  phlébentérisme  ,  un  autre  fait  pour  ainsi  dire 
parallèle,  savoir  :  l'intervention  du  tube  digestif  dans  l'exer- 
cice de  ces  deux  fonctions,  ce  qui  constitue  essentiellement  cette 
théorie. 

«  Le  caractère  le  plus  général  de  ce  groupe  (les  phlébentérés  ) 
»  consiste  en  ce  que  l'intestin,  au  lieu  de  former  un  simple  tube, 
»  donne  naissance  à  un  appareil  particulier,  très-compliqué,  dé- 
»  signé  par  M.  Milne  Edwards  sous  le  nom  d''appareil  gastro- 
»  vasculaire  ;  ce  nom  même  indique  quelles  sont  ses  fonctions. 
»  En  effet,  il  semble  destiné  à  remplir  à  la  fois  le  rôle  d'organe 
»  digestif  et  celui  à^ organe  circulatoire.  »  {Moniteur  du.  17  no- 
vembre 1844.  —  M.  de  Quatrefages. ) 

»  L'intestin  ne  remplace  pas  seulement  les  organes  de  la  circu- 
lation ,  dans  la  théorie  du  phlébentérisme,  ainsi  que  je  l'ai  fait 
voir  ailleurs  ;  les  fonctions  de  la  respiration  lui  sont  également 
dévolues,  et  M.  de  Quatrefages  a  très-nettement  exprimé  cette 
triple  aptitude  fonctionnelle  du  tube  digestif  en  disant  que  chez 
les  phlébentérés ,  la  fonction  de  la  digestion  se  confond  avec 
celles  de  la  respiration  et  de  la  circulation,  ce  gui,  ajoute-t-il , 
forme  le  caractère  dominateur  de  ce  groupe  (1).  Je  rappellerai 
que  c'est  cette  simplification  extrême  qui  aurait  lieu  dans  l'organi 
sation  de  ces  Mollusques,  et  qui  les  abaisserait  presque  au  niveau 
des  derniers  zoophytes ,  que  j'ai  surtout  combattue  dans  la  théorie 
du  phlébentérisme. 

»  Toutefois ,  je  ne  me  dissimulerai  pas  que  les  recherches  de 
MM.  M.  Edwards  et  Valenciennes  sembleraient  venir  à  l'appui 
d'une  des  assertions  émises  par  M.  de  Quatrefages  :  Vabsence 
complète  du  système  veineux  dans  les  Mollusques  qui  auraient 
un  cœur  et  des  artères.  Les  faits  communiqués  tendent  à  prou- 
ver, en  effet,  que  les  veines  pourraient  manquer  complètement 
dans  certains  Mollusques ,  ce  qui  aurait  lieu ,  par  exemple  ,  chez 
les  aplysies  ,  lesdolabelles ,  les  notarches  ,  etc.,  etc.  Mais  il  paraît 
certain  que  les  deux  savants  académiciens  n'ont  voulu  désigner 
ainsi  que  le  système  veineux  général ,  car  l'existence  du  système 
veineux  branchial  est  incontestable  dans  ces  Mollusques.  Sous  ce 
rapport ,  il  y  aurait  donc  déjà  une  différence  très-grande  entre 

(t)  Comptes  rendus,  t.  XIX,  p.  192. 


106  KEVUE  zooLOGiyuE.  { Mavs  1845.) 

l'appareil  circulatoire  des  aplysies,  dolabelles  ,  notarches,  etc., 
et  celui  des  ëolides  ,  qui  n'auraient  plus  de  veines  ,  d'après 
M.  de  Quatrefages  ,  mais  chez  lesquelles  le  sang  passerait  des  ar- 
tères dans  la  cavité  abdominale ,  et  de  là  dans  un  ventricule  com- 
muniquant directement  avec  cette  cavité. 

»  Quant  à  l'absence  complète  du  système  veineux  général  chez 
ces  mêmes  Mollusques  (les  aplysies,  les  dolabelles),  je  ne  puis 
rien  dire  à  ce  sujet ,  n'ayant  pu  compléter  encore  mes  recherches 
sur  ces  différents  genres.  J'espère  donc  revenir  plus  tard  sur  cette 
question;  mais,  quoi  qu'il  en  soit  de  l'absence  ou  de  la  présence 
d'un  système  veineux  dans  les  aplysies  ,  dolabelles ,  etc.,  cela  ne 
peut  modifier  en  aucune  façon  mes  observations  sur  les  éolides, 
et  je  crois  être  en  mesure  de  démontrer,  contrairement  aux  as- 
sertions de  M.  de  Quatrefages,  que  le  cœur  ne  communique  pas 
chez  ces  Mollusques  avec  la  cavité  abdominale  ;  qu'il  existe  un 
système  veineux  branchial ,  et  qu'il  est  possible  d'isoler  des  vais- 
seaux veineux  qui  se  portent  des  organes  intérieurs  vers  l'enve- 
loppe externe.  Je  fournirai  aussi  des  preuves  décisives  des  autres 
erreurs  que  j'ai  relevées. 

»  J'espère  que  la  commission  ne  me  fera  pas  attendre  plus 
longtemps  l'occasion  de  mettre  sou»  ses  yeux  ces  preuves  qui 
lui  permettront  de  prononcer  immédiatement  devant  l'aca- 
démie. » 

M.  Joly,  de  Toulouse,  adresse  un  travail  très-intéressant  sur 
deux  nouveaux  genres  de  monstruosités  auxquels  il  a  donné 
les  noms  de  Chélonisome  et  de  Streptosome  :  le  premier  a  été 
établi  sur  un  veau  à  terme  et  l'autre  sur  une  pouliche.  L'auteur 
expose  en  détail  les  caractères  et  les  affinités  de  ces  deux  genres. 

Séance  du  31  mars.  —  M.  Milne  Edwards  présente  un  extrait 
d'une  lettre  en  anglais  contenant  des  Observations  sur  l'appa- 
reil delà  circulation  chez  les  Mollusques  de  la  classe  des  Bra- 
chiopodes  ,  ce  travail  lui  a  été  remis  à  Londres  par  M.  Richard 
Owen. 

Dans  ce  travail  l'anatomiste  anglais  donne  des  éloges  au  mé- 
moire de  son  compatriote  ;  mais  il  semble  avoir  oublié  le  Fran- 
çais qui  en  partage  la  responsabilité.  Voici  comment  M.  Owen 
entre  en  matière  ,  du  moins  d'après  l'extrait  donné  par  M.  Milne 
Edwards. 

a  En  continuant  les  recherches  sur    l'anatomie  des  Brachio- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  107 

podes  dont  j'ai  entretenu  la  société  zoologique  en  1833,  j'ai 
constaté,  dans  la  partie  centrale  de  l'appareil  circulatoire  de  ces 
animaux ,  un  mode  d'organisation  qui ,  au  premier  abord  ,  me 
semblait  être  une  anomalie  remarquable  ;  mais  depuis  que  j'ai 
lu,  dans  les  comptes-rendus  de  l'Académie,  votre  important 
travail  sur  l'état  diffus  du  système  veineux  dans  les  autres  classes 
de  Tembranchement  des  Mollusques,  je  vois  que  cette  exception 
apparente  rentre,  au  contraire,  dans  la  règle  commune,  et  que 
le  mode  de  structure  propre  aux  Brachiopodes  constitue  un 
nouveau  terme  dans  cette  série  de  modifications  par  lesquelles 
l'appareil  vasculaire ,  ainsi  que  vous  l'avez  si  bien  démontré,  se 
dégrade  dans  cette  grande  division  du  règne  animal.   » 

Suivant  cet  extrait,  l'anatomiste  anglais  a  vu  dans  la  terebra- 
tula  flavescens,  que  chacune  des  oreillettes  est  un  réservoir  dont 
la  capacité  est  assez  considérable  et  dont  les  parois,  de  structure 
musculaire ,  offrent  dans  l'état  de  contraction  un  grand  nombre 
de  plis  très-fins ,  disposés  d'une  manière  radiaire.  La  forme  de 
ces  organes  est  alors  celle  d'un  cône  oblong  et  déprimé  ;  par  leur 
sommet  chacun  adhère  au  ventricule  correspondant  et  se  trouve 
percé  par  l'orifice  auriculo-ventriculaire  ;  enfin  par  leur  base  ils 
sont  largement  ouverts  et  communiquent  ainsi  directement  et 
librement  avec  la  cavité  viscérale  ou  péritonéale;  ou,  si  l'on 
aime  mieux ,  avec  un  grand  sinus  veineux  de  forme  irrégulière 
qui  renferme  le  canal  intestinal  et  se  continue  entre  les  lobes  du 
foie  et  les  masses  glandulaires  dont  se  compose  la  première  por- 
tion de  l'appareil  de  la  génération.  Des  prolongements  de  ce  sinus 
viscéral  commun  s'avancent  sous  la  forme  de  vaisseaux  dans 
l'épaisseur  des  lobes  du  manteau  ;  on  en  compte  deux  sur  le  lobe 
palléal  supérieur  ou  dorsal ,  et  quatre  sur  le  lobe  inférieur  ou 
ventral ,  et  c'est  le  long  de  ces  canaux  veineux  que  se  dévelop- 
pent les  cellules  spermatiques  chez  le  mâle  et  les  œufs  chez  la 
femelle  ;  de  sorte  que  les  produits  du  travail  reproducteur  sont 
baignés  par  le  sang  dans  l'intérieur  des  dépendances  des  réser- 
voirs péritoneaux  ou  grands  sinus  veineux,  comme  la  première 
portion  de  l'appareil  reproducteur  l'est  dans  cette  cavité  elle- 
même,  etc.,  etc.  » 

Nous  ne  suivrons  pas  l'auteur  anglais  dans  son  travail  ;  on 
pourra  bientôt  l'étudier  avec  les  planches  qui  l'accompagnent , 
d^ns  les  Annales  des  sciences  naturelles;  nous  dirons  seulement 


108  RKVUE  zooLOGiguE.   [Mars  i845.) 

que  ces  observations  n'ont  aucun  rapport  avec  la  discussion 
scientifique  qui  s'est  élevée  entre  MM.  de  Quatrefages  et  Souleyet, 
et  qui  est  soumise  au  jugement  de  la  commission  académique 
dont  M.  Milne  Edwards  fait  partie.  Du  reste,  le  groupe  des  lîra- 
chiopodes  diffère  d'une  manière  notable  de  celui  des  Gastéro- 
podes, il  n'y  a  donc  aucune  comparaison  à  établir  entre  leur 
organisation  interne. 


Société  Entomologique  de  France. 

Séance  du  12  février  1845. — M.  Lucien  Buquet  parle  du  genre 
Heleropalpus  qu'il  a  établi ,  il  y  a  quelque  temps,  dans  le  Maga- 
sin de  zoologie.  A  cette  époque ,  il  ne  connaissait  qu'un  individu 
mâle  de  ce  genre  :  ce  mâle  était  surtout  remarquable  par  la  forme 
singulière  et  le  grand  développement  de  ses  palpes.  Depuis , 
M.  Lucien  Buquet  s'est  procuré  la  femelle  ,  et  il  a  pu  constater 
que  dans  ce  sexe  les  palpes  n'offraient  rien  de  remarquable.  Du 
reste,  le  genre  n'en  devra  pas  moins  être  conservé,  car  les  deux 
sexes  présentent  des  caractères  génériques  importants. 

Séance  du  26  février  1 845. —  M.  Lepaige  donne  des  détails  sur 
les  Campylus  linearis  et  mesomelas  ;  il  a  trouvé  plusieurs  fois  ces 
insectes  accouplés  ensemble,  et  dès  lors  il  est  amené  à  penser  que 
c'est  à  tort  que  l'on  a  désigné  ces  Campylus  comme  constituant 
deux  espèces  distinctes,  tandis  qu'ils  ne  doivent  réellement  en 
former  qu'une  seule.  —  M.  Aube  dit  qu'il  a  observé  également 
l'accouplement  des  Campylus  linearis  et  mesomelas^  et  il  croit 
que  ces  deux  insectes  ne  sont  que  des  variétés  d'une  même  espèce. 

M.  Ahicot  adresse  des  observations  sur  les  Chenilles  de  la  va- 
riété de  la  Cucullia  blattariœ ,  à  laquelle  on  donne  le  nom  de 
Caninœ.  Ayant  élevé  cette  chenille  en  1844  en  assez  grand  nom- 
bre, il  a  remarqué  que  la  plupart  des  individus,  lorsqu'ils  eurent 
opéré  leur  changement  de  peau,  dévorèrent  les  dépouilles  qu'ils 
venaient  de  quitter.  Ce  fait  de  voracité  qui  s'est  présenté  pour 
des  chenilles  retenues  à  l'état  de  captivité, se  reproduit-il  dans 
la  nature?  .\f.  Abicot  ne  le  pense  pas  :  ayant  regardé  avec  soin 
la  Scrophularia  canina  sur  laquelle  Ia  Cucullia  blattarice  ^ 
var.  caninœ^  vit  ordinairement ,  l'auteur  y  a  trouvé  des  dépouil- 
les entières  de  chenilles. 

M.  Robineau  Desvoidy  envoie  un  troisième  mémoire  sur  les 
Myodaires  des  environs  de  Paris,  tribu  des  Enlomobies,  section 


SOCIÉTÉS    SAVANTES,  lOD 

(les  Microcerées.  L'auteur  place  dans  cette  section  les  huit  genres 
suivants  :  1°  Trixa ,  Meig.  ;  2°  Panzcria  ,  K.  D.  ;  3°  Moriania  , 
R.  D.  ;  4°  Nemorœa.n.  D.;  5«>  Fausia,  R.  D. ,  6°  Erigone,  R. 
D.;  7"  A/mda,  R.  D.  ,et  8"  Phebellia^ll  D,;  parmi  lesquels 
plusieurs  sont  nouveaux.  M.  Robineau  Desvoidy  décrit  des  espè- 
ces nouvelles  et  donne  des  détails  de  mœurs  fort  importants. 

Séance  du  12  mars  1845.— M.  Eugène  Desmar est ,  secrétaire, 
donne  lecture  d'un  mémoire  ayant  pour  titre  :  JRésumé  des  tra- 
vaux de  la  Société  enlomotogique  de  France  pendant  Van- 
née 1844.  Après  avoir  dit  quelques  mots  de  MM.  Etienne  Geof- 
froy Saint  Hilaire  ,  Charles  Nodier  et  Peiroleri ,  que  la  Société  a 
perdus  l'année  dernière ,  l'autem-  passe  en  revue  tous  les  mé- 
moires et  communications  qui  ont  été  présentés  en  1844  ,  et  il 
cherche  à  démontrer  leur  importance.  —  Ce  résumé  sera  imprimé 
au  commencement  du  premier  numéro  des  Annales  pour  1845. 

—  M.  Léon  Fairmaire  lit  la  préface  d'un  long  et  important 
travail  intitulé  Monographie  des  Membr acides.  J)e  nombreuses 
figures,  dessinées  par  M.  Léon  Fairmaire,  accompagnent  cette 
notice. 

~  Il  est  donné  communication  d'une  note  de  M.  Boyer  de 
Fonscolombe .,  comprenant  la  description  de  plusieurs  espèces 
nouvelles  d'Hyménoptères  et  de  Névroptères  trouvées  en  Pro- 
vence. 

—  On  lit  l'extrait  suivant  d'une  lettre  de  M.  l'abbé  Bourdin, 
adressée  à  M.  Jules  Cordier  : 

«  Au  printemps  de  l'année  dernière ,  alors  que  l'Altise  exerça 
d'affreux  ravages  sur  les  colzas  des  environs  de  Lyon  ,  un  pro- 
priétaire voyant  les  siens  dépouillés  de  feuilles  et  de  fleurs  par 
cet  insecte ,  commanda  à  son  domestique  de  faire  disparaître  ces 
tiges  inutiles.  Le  domestique ,  distrait  par  d'autres  travaux  ,  ou- 
blie la  recommandation  :  trois  semaines  écoulées,  et  le  maître 
venant  à  passer  vers  ses  colzas  les  trouve ,  à  son  grand  étonne- 
ment^dans  une  floraison  magnifique.  La  récolte  a  été  pour  lui 
des  plus  abondantes ,  tandis  que  d'autres  propriétaires ,  pour 
avoir  été  sur  ce  point  mieux  écoutés  de  leurs  domestiques  ,  ont 
fait  des  pertes  considérables.  —  Que  la  science  discute  le  fait  qui 
vient  d'être  rapporté  ;  que  des  expériences  soient  faites  à  ce  su- 
jet; mais  espérons  que  le  résultat  n'a  pas  été  produit  par  un 
simple  jeu  de  la  nature.  » 


110  KEvUE  zooLOGigoE.   {  Mttrs  18i5.  ) 

—  M.  Emile  Blanchard  donne  ,  d'après  M.  Vesco  ,  ofticier  de 
la  marine  royale,  quelques  détails  sur  la  faune  entomologique 
de  l'île  de  Taïti. 

—  M.  Guérin-Méneville  décrit  trois  Coléoptères  trouvés  par 
M.  Lubin-Thorel  dans  la  racine  de  Squine  [Smilax  China)  ,et 
qu'il  décrit  sous  les  noms  de  Stene  ferruginea  (  Tenehrio  ferrugi- 
neus Fabr.)  Xylopertha  minuta  [Ayate pumila  Dej,)  et  Bostri- 
chus  Thorelii  Guér.  A  l'occasion  de  cet  insecte  ,  M.  Guérin-Mé- 
neville se  livre  à  un  examen  du  groupe  naturel  auquel  il 
appartient,  et  montre  que,  depuis  GeofFroy  ,  qui  publiait  son 
Histoire  des  Insectes  des  environs  de  Paris  en  1762 ,  les  auteurs, 
et  surtout  Fabricius  ,  ont  embrouillé  la  synonymie  de  ce  genre 
comme  à  plaisir.  11  passe  en  revue  les  divers  travaux  de  ces  au- 
teurs et  finit  par  proposer  une  nouvelle  classification  du  groupe 
des  Bostrichides.  La  Bévue  zoologique  publiera  bientôt  cette 
communication. 

Séance  du  26  mars  1 845.  —M.  Emile  Blanchard  donne  quel  - 
ques  détails  sur  les  genres  Erodius  et  Tentyria. 

—  M.  Guérin-Méneville  annonce  à  la  Société  qu'un  prix  an- 
nuel de  1,000  fr.  vient  d'être  fondé,  sur  sa  proposition,  par  la 
Société  royale  et  centrale  d'Agriculture  pour  le  meilleur  travail 
relatif  à  l'Entomologie  appliquée  à  l'agriculture  :  il  donne  lecture 
d'un  rapport  dont  il  a  été  chargé  à  cette  occasion. 

—  Le  même  membre  lit  un  rapport ,  qu'il  a  fait  à  la  So- 
ciété royale  et  centrale  d'Agriculture  ,  relativement  au  concours 
ouvert  pour  de  bonnes  observations  sur  les  Insectes  nuisibles  à 
l'agriculture  :  il  parle  des  travaux  de  M.  Robert  sur  les  Scolytus, 
qui  font  tant  de  ravages  aux  ormes  des  environs  de  Paris ,  de  ceux 
de  M.  Herpin,  sur  les  Insectes  nuisibles  aux  céréales  ;  du  mé- 
moire de  M.  Yallot ,  sur  les  insectes  des  arbres  fruitiers ,  et  de 
celui  de  M.  Chasseriau  sur  l'échenillage.  Ces  auteurs  ont  obtenu 
des  médailles  et  diverses  récompenses  décernées  par  la  Société 
royale  et  centrale  d'agriculture.  ^ 

Dans  le  compte  rendu  de  la  séance  du  8  janvier  (  Foy.  p.  ^7  ) 
la  communication  de  M.  Blanchard  a  été  trop  abrégée  ;  voici  sa 
note  ;  «  M.  Blanchard  montre  la  larve  et  la  nymphe  du  Figulus 
striatusde  l'Ile-de-France.  A  cette  occasion  il  dit  que  les  ento- 
mologistes modernes  rapportent  à  tort  ce  Figulus  au  Lucanus 
^triatus  de  Fabricius  et  d'Olivier.  Ces  auteurs  ont  décrit  .sous 


M ÉLANGKS    ET  NOUVELLES.  111 

cette  dénomination  une  petite  espèce  des  Indes  orientales,  qui  ap- 
partient au  genre  Lucanus,  ou  plutôt  au  genre  Dorcus  pour  les 
entomologistes  qui  adoptent  cette  division.  Il  fait  remarquer ,  en 
même  temps  ,  que  le  nom  de  Figulus  strialus  pourra  être  con- 
servé ,  mais  que  cette  espèce  ne  peut  être  placée  dans  la  même 
coupe  générique  que  l'Insecte  de  Fabricius  et  d'Olivier,      E.  D. 


IV.  MÉLAIVGES  ET  AOUVELLES. 

Rectications  et  additions  à  la  monographie  du  Genre  Picumnus, 
Par  M.  De  Lafresnaye. 

Dans  notre  monographie  du  genre  Picumne  ,  insérée  dans  le 
premier  numéro  de  la  Revue  ,  1845  ,  p.  1 ,  il  s'est  glissé  quelques 
erreurs  que  nous  nous  empressons  de  rectifier. 

1"  à  la  page  5 ,  ligne  ?6 ,  au  lieu  de  «  elle  doit  prendre  le  nom 
de  Picus  Cayennensis ,  »  lisez  :  elle  doit  prendre  le  nom  de 
Picumnus  Cayennensis. 

?"  Même  page  ,  ligne  38 ,  au  lieu  de  a  le  Piculus  exilis  de  Tem- 
minck ,  »  lisez  :  le  Picumnus  exilis  de  Temminck. 

3^  Page  6 ,  ligne  32 ,  au  lieu  de  «  Picus  cirratus ,  »  lisez  :  Pi- 
cumnus cirratus. 

4°  Même  page  ,  ligne  36  ,  au  lieu  de  «  Picumnus  Lichtensteinii 
Nob.,y>  lisez  :  Le  très-petit  Pic  de  Cayenne,  BufT.  enl.  786  —1. 
(  Si ,  selon  toute  probabilité ,  on  reconnaît  que  ce  soit  le  même 
oiseau  dans  une  autre  livrée  ,  ce  que  nous  sommes  tout  à  fait 
porté  à  croire.  )  Alors  la  monographie  du  genre  se  composerait 
à  notre  connaissance  de  8  espèces ,  savoir  : 

r  Picumnus  Cayennensis  Noh.  et  ses  synonymes.  Rev.  zool. , 
1845,  page  6. 

2°  Picumnus  Temminkii  Noh.  et  ses  syn.,  id.,  ibid. 

3°  Picumnus  exilis  noh.  Picus  exilis Licht.  Cat.  p.  1 1 ,  n°  80. — 
Le  très-petit  Pic  de  Cayenne  ,  Buff.  enl.  786—  1 . 

4°  Picumnus  pygmœus  Noh.,  Vïcus  pygmseus  Licht,  id.,  p.  1 1 
et  12. 

4°  Picumnus albo-squamatusd'Orh.  et del.skfr.  Foy.enAmér. 
PI.  64-2  et /?ev.  200/.,  1845,  p.  7. 

6°  Picumnus  olivaceus  Noh.  Rev.  zool..,  id. ,  ibid. 

7°  Picumnus  cinnamomeus  Noh.  Rev.  zoot ,  id. ,  ibid. 

8»  Picumnus  d' Orhignyanus ,  Noh.  Rev.  zool.,  id.,  Ibid. 


112  REVUK  zooLOGiguE.  [Mats  1845.) 

M.  Lacordaire  nous  prie  d'annoncer  que  la  première  partie 
du  tome  I  de  la  Monographie  des  Coléoptères  subpentamères 
Phytophages  (Eupodes  et  Cycliques  Latreille^  Chrysomélines 
Dejean) ,  à  laquelle  il  travaille  depuis  longtemps,  paraîtra  au 
plus  tard  le  15  mai  prochain. 

Cette  première  partie  composée  de  vingt  feuilles  d'impression, 
plus  l'introduction,  etc.,  contient  plusieurs  genres  européens 
d'un  grand  intérêt,  entre  autres  les  Donacia. 

La  seconde  partie,  qui  est  entièrement  terminée  depuis  plu- 
sieurs mois,  sera  publiée  au  mois  d'août  ou  de  septembre  pro- 
chain. On  peut  s'adresser,  pour  avoir  cet  ouvrage: 

A  Paris,  chez  M.  L.  Buquet,  trésorier  de  la  Société  entomolo- 
gique  de  France,  rue  Daupliine,  n»  35. 

A  Bruxelles  et  à  Leipzig,  chez  C.  Muquarût  ,  libraire-éditeur. 

Le  prix  du  premier  volume  complet  est  de  12  fr.  payables  en 
prenant  la  première  partie. 

Le  second  volume,  auquel  M.  Lacordaire  travaille  en  ce  mo- 
ment, paraîtra  dans  les  premiers  mois  de  l'année  prochaine. 

Un  de  nos  correspondants  nous  prie  d'annoncer  qu'il  désire 
se  défaire  d'une  belle  collection  de  coquilles  toutes  classées  et 
nommées  d'après  les  auteurs  récents.  Cette  collection ,  fruit  de 
vingt  années  de  travaux  assidus  d'un  amateur  passionné  ,  se 
compose  d'exemplaires  très-bien  conservés  ,  choisis  avec  discer- 
nement,  formant  3,000  espèces  différentes,  qui  représentent 
presque  tous  les  genres  et  sous-genres  de  la  série  malacologique 
et  comprend  environ  8,000  exemplaires.  Cette  collection  con- 
vient également  à  un  élève  qui  désirerait  prendre  une  idée  exacte 
de  la  science,  ou  à  un  amateur  déjà  exercé  dans  cette  branche 
de  la  zoologie. 

S'adresser  {franco)  au  bureau  de  la  Revue  zoologique. 

M.  Friwaldszky  annonce  qu'il  tient  à  la  disposition  des  ento- 
mologistes plusieurs  collections  de  Coléoptères  de  Hongrie  et  de 
Turquie,,  composées  d'au  moins  2,000  espèces,  comprenant 
3200  à  3400  individus  en  bon  état  de  conservation  et  aussi  bien 
nommés  que  possible. 

Le  prix  de  ces  collections  est  fixé  à  360  florins ,  environ  1)50  fr. 

S'adresser  (franco),  à  M.  le  docteur  Emerich  Friwaldszky,  à 
Pesth  (Hongrie). 


HUITIÈME  ANNÉE.  —  AVRIL  1845 


I.    TltAVAUX    INEDITS. 

Mélanges  ornithologiques  par  F.  de  Lafresnaye.  (Suite.) 
Coup  d'œil  sur  V ornithologie  de  la  Colombie  i). 

La  Colombie  ,  dont  les  productions  ornithologiques  ne  sont 
connues  que  depuis  si  peu  de  temps,  est  néanmoins  une  des  con- 
trées de  l'Amérique  méridionale  qui  méritent  le  plus  d'être 
observées  et  étudiées  sous  ce  rapport,  tant  à  cause  des  nombreuses 
et  brillantes  espèces  nouvelles  qu'elle  possède,  que  parce  qu'elle 
nous  a  offert  un  grand  nombre  de  types  nouveaux  dans  cette 
classe.  Sous  un  autre  point  de  vue ,  elle  mérite  encore  de  fixer 
notre  attention.  Assez  peu  éloignée  de  la  Guyane  et  sous  la 
même  latitude,  elle  a  néanmoins  une  ornithologie  toute  diffé- 
rente en  espèces,  quoique  possédant  les  mêmes  genres,  plus 
ceux  qui  lui  sont  particuliers.  IN'est-il  pas  étonnant,  en  effet, 
que  Santa-Fé-de-Bogota  et  Gayenne  ,  situées  absolument  sous  le 
même  parallèle  et  n'étant  éloignées  entre  elles  que  de  cinq  cents 
lieues,  n'aient  pour  ainsi  dire  aucune  espèce  commune  aux  deux 
pays?  En  descendant  les  côtes  vers  le  sud  et  comparant  detnême 
les  régions  de  l'ouest  avec  leurs  correspondantes  de  l'est ,  le 
Pérou  avec  le  Brésil  septentrional ,  le  Chili  avec  le  Brésil  méri- 
dional ,  le  Paraguay  et  la  Fatagonie ,  on  reconnaît  que ,  dans 
ces  divers  pays  correspondants ,  les  espèces ,  quoique  diffé- 
rentes ,  appartiennent  aux  mêmes  genres,  et  présentent  le  plus 
souvent  dans  chaque  genre  certaines  espèces  qui  semblent  être 
sur  la  côte  ouest  les  représentants  de  quelques  autres  de  la  côte 
est. 

A  quelle  cause  peut-on  donc  attribuer  ce  fait  d'autant  plus 
remarquable,  que  dans  l'ancien  monde  nous  en  voyons  un  tout 
opposé  dans  l'ornithologie  européenne  comparée  avec  celle  du 
Japon  ?  Dans  cette  dernière  contrée  ,  en  effet ,  quoique  éloignée 
de  plus  de  deux  mille  lieues,  mais  située  à  peu  près  sous  le 
même  parallèle  de  l'ouest  à  l'est,  on  retrouve  plus  de  cinquante 
de  nos  espèces  européennes  et  françaises,  la  plupart  Carnassiers, 

(1)  Cet  article  aurait  dû  paraître  avant  celui  qui  a  été  publié  dans  le  numéro  précédent, 
p.  81  à  92,  car  ce  dernier  forme  la  suite  naturelle  de  celui-ci.  C'est  par  erreur  que  l'ordr* 
a  été  renversé  dans  l'insertion  de  ces  deui  chapitres  des  Mélanges  ornithologiques. 


Tome  Vlll.  Année  1845. 


8 


114  RKVUB  zooLOGiyuK.   {Jvril\8\5.} 

Passereaux  et  Grimpeurs,  sans  compter  les  Échassiers  et  les  Pal- 
mipèdes, véritables  cosmopolites  (  Tem.,  I\Jan.  d^orn.,  t.  111, 
p.  50).  Dans  l'Inde  on  en  retrouve  plus  de  vingt-cinq  {Pro- 
ceedings,  1842  . 

Je  pense  qu'on  ne  peut  guère  l'attribuer  qu'à  cette  immense 
chaîne  des  Cordillières,  qui ,  sur  une  ligne  nou  interrompue  de 
quinze  cents  lieues,  s'étend  du  nord  au  sud  et  parcourt  toute 
l'Amérique  méridionale  depuis  l'islhme  de  Panama  jusqu'au  dé- 
troit de  Magellan.  Cette  barrière  naturelle  paraît  avoir  suffi  pour 
arrêter  en  grande  partie  toute  communication  entre  les  Oiseaux 
des  deux  côtes  opposées,  excepté  pour  les  très-grands  voiliers, 
tels  que  le  Condor,   qui  se  retrouve  sur  les  deux  versants  des 
Andes  ,  comme  aussi  sur  les  chaînes  de  la  côte  est  en  Patagonie. 
On  opposera  peut  être  à  cette  supposition  que  les  espèces  de 
Bogota  et  de  la  Nouvelle-Grenade  se  retrouvent  en  grande  partie 
de  l'autre  côté  de  la  chaîne,  dans  cette  partie  nord  de  la  Colom- 
bie aujourd'hui   la  république  de  Venezuela  ,  jusqu'à  Cumana  , 
Maturin^etsur  tout  le  littoral  de  la  mer  des  Antilles.  Nous  répon- 
drons à  cette  objection ,  que  ce  fait ,  qui  paraît  en  quelque  sorte 
exceptionnel  sur  tout  le  reste  de  la  ligne ,  peut  être  attribué  à 
l'abaissement  des  montagnes  ,  à  des  cols  peu  élevés  dans  cette 
partie ,  par  où  toutes  ces  espèces  auront  débouché  et  peuplé  le 
nord  de  la  Colombie.  Mais  il  est  certain  qu'on  ne  les  retrouve 
plus  dans  les  Guyanes,  où  commence  une  autre  ornithologie  que 
l'on  pourrait  nommer   brésilienne,    car  elle  est  à  peu  près  la 
même  dans  toute  cette  vaste  contrée ,  où  cependant  elle  se  mo- 
difie insensiblement  par  l'addition  d'un  grand  nombre  d'espèces 
nouvelles  jusqu'au  Paraguay  et  la  Plata ,  où  elle  prend  un  carac- 
tère mixte  et  de  transition  avec  celle  de  la  Patagonie ,  réellement 
difi'érente  et  offrant  un  certain  nombre  de  genres  particuliers, 
dont  on  retrouve  des  espèces  correspondantes  au  Chili. 

Si ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  l'ornithologie  de  l'ouest  des 
Andes  diffère  spécifiquement  de  celle  de  l'est,  elle  n'en  diffère 
pour  ainsi  dire  pas  génériquement,  et  présente  au  contraire 
presque  dans  chaque  genre,  des  espèces  correspondantes  sous  les 
mêmes  latitudes.  Nous  allons  en  fournir  quelques  exemples. 

Dans  le  genre  Rupicola ,  dont  deux  espèces  seulement  son 
connues  jusqu'ici  en  Amérique,  l'une  le  Coq  de  roche  de 
Cayenne,  habitant  de  l'est  sur  les  rives  de  l'Oyapock,  a  son  re- 


TRAVAUX    INÉDITS.  115 

présentant  à  l'ouest,  au  Pérou  et  en  Colombie,  dans  le  Coq  de 
roche  du  Pérou.  Le  Colinga-Ouette,  Ampelis  carnifex  de  Cayenne 
et  du  Brésil ,  placé  par  tous  les  auteurs  dans  les  Cotingas  ,  mais 
que  nous  avons  reconnu  et  indiqu'^  depuis  longtemps  (A/fl^r.  de 
zool.) ,  comme  offrant  bien  plus  de  rapports  avec  les  Coqs  de 
roche  qu'avec  eux  ,  et  devant  former  la  transition  des  Manakins 
aux  Kupicoles ,  cet  oiseau  ,  disons-nous  ,  a  son  représentant  tout 
à  fait  analogue  au  Pérou,  dans  VAmpelis  Merremii,  Less.,  Bev. 
zool.,  1839  — 104  ,  notre  Fhœnicercus  atro-coccineus  ^  diffère 
du  Phœnicercus  carnifex  ,  en  ce  que  son  cou  ,  son  dos  ,  une 
bande  terminale  à  la  queue,  sont  d'un  noir  sériceux  et  non  bruns, 
et  en  ce  que  la  coiffe  ,  la  poitrine ,  tout  le  dessous ,  le  croupion 
et  la  queue  sont  d'un  rouge  de  feu.  Chez  cet  oiseau,  comme  chez 
son  compatriote  le  Coq  de  roche  du  Pérou,  la  vivacité  des 
nuances  l'emporte  sur  celles  de  leurs  deux  congénères  de 
Cayenne. 

Le  groupe  des  Cotingas  de  Cayenne  et  du  Brésil,  tout  à  fait 
remarquable  par  des  espèces  du  plus  brillant  plumage,  est  re- 
présenté en  Colombie  par  des  espèces  beaucoup  moins  éclatantes, 
les  unes  grises  à  huppe  couleur  de  chair,  les  autres  vertes  et 
jaunes,  mais  remarquables  par  la  teinte  de  corail  du  bec  et  des 
pattes ,  caractère  tout  nouveau  dans  ce  groupe ,  ainsi  que  la 
huppe  occipitale  prolongée. 

II  n'en  est  pas  ainsi  du  groupe  des  Tangaras,  dont  les  espèces 
de  Colombie  ne  le  cèdent  à  celles  de  la  côte  est  ni  en  beauté  ni 
en  variété  de  plumage,  et  se  font  remarquer,  les  unes  (les 
Aglaias)  par  des  teintes  souvent  d'un  vert  argentin  chatoyant  à 
reflets  jaune-paille  dorés ,  les  autres  (les  Tangaras)  par  des  pro- 
portions singulièrement  fortes  ou  par  un  plumage  vert  avec  le 
bec  et  les  pattes  couleur  de  corail  comme  chez  les  Cotingas  du 
même  pays.  Dans  cette  famille,  le  genre  Arrémon,  formé  par 
Vieillot  sur  une  seule  espèce  de  Cayenne ,  le  Tanagra  silens 
(Arremon  torquatus  Vieillot),  et  dont  les  côtes  est  n'avaient 
fourni  que  deux  espèces,  est  venu  se  renforcer  en  Colombie  d'au 
moins  douze  à  quinze  espèces  nouvelles,  ce  qui  justifie  bien 
pleinement  la  formation  de  ce  genre  par  notre  excellent  orni- 
thologiste. 

Nous  ne  quitterons  pas  cette  famille  sans  indiquer  cette  ma- 
gnifique espèce  colombienne  que  nous  avons  décrite  Revue  1843, 


116  RKVDE  zooLOGiQUE.   {Awil  1845.) 

p.  1 32,  sous  le  nom  de  Lamproies  albo-crislatus,  véritable  oiseau 
de  transition,  tenant  au  Lamproies  gorge  saignanie  \)ar  ses 
fortes  proportions  et  sa  coloration ,  mais  dont  la  coiffe  blanche 
et  les  plumes  frontales  prolongées  jusqu'au  delà  des  narines, 
et  comme  comprimées  et  relevées,  indiquent  un  point  de  contact 
marqué  avec  les  Manakins  et  les  Coqs  de  roche.  Les  Manakins 
comptent  aussi  en  Colombie  quelques  représentants  du  plus 
grand  intérêt. 

Mais  c'est  surtout  dans  la  famille  des  Trochilidées  qu'il  semble 
s'être  établi  une  lutte  en  beauté  et  en  magnificence  ,  pour  faire 
oublier,  tant  par  le  nombre  des  espèces  que  par  leur  éclat,  celles 
de  l'est  anciennement  connues.  Celles  du  Pérou  et  de  la  Colom- 
bie nous  paraissent  mériter  la  palme,  et  pour  s'en  convaincre  ii 
ne  faut  que  jeter  un  coup  d'oeil  sur  le  Sapho,  le  Gould,  le  King, 
le  Porte-épée,  qui  offre  dans  la  longueur  démesurée  de  son  bec 
recourbé,  un  type  si  nouveau  et  si  intéressant  à  comparer  aux 
fleurs  à  calices  prolongés  des  mêmes  contrées. 

A  coté  de  ces  espèces  resplendissantes  et  toutes  aériennes, 
l'humble  famille  des  Fourmiliers,  au  plumage  sombre,  au  vol 
pesant ,  semble  nous  offrir  à  Bogota ,  espèce  par  espèce ,  les  re- 
présentants fidèles  de  certains  types  d'entre  elles ,  de  Cayenne 
et  du  Brésil  ;  ainsi ,  dans  le  genre  Grallarie^  par  exemple ,  le 
Grallarie  roi,  ou  Roi  des  Fourmiliers,  y  a  pour  ainsi  dire  un 
Sosie, mais  le  dépassanten  taille, dansleGraZ/aWasçuammi^rera 
Florent  Prév.  Fénus,p\.  U—Bev.zool.  1842,  p.  333;  le  Gralla- 
rie Grand  Béfroy  y  en  trouve  un  dans  notre  Grallaria  rufica- 
pilla,  Rev.  zool.  1842,  p.  333;  le  Grallaria  maculariayTem., 
Bev.  zool.^id.,  ib.,  334  ,  y  est  également  représenté ,  au  moins 
quant  aux  proportions,  par  notre  Grallaria  rufula,  Rev.  1843, 
p.  99(1). 

Dans  cette  même  famille,  le  genre  Conophage  de  Vieillot  ne 
nous  y  paraît  que  faiblement  représenté  par  notre  Conophaga 
ruficeps,  Rev.  1843,  p.  291,  où  il  est  placé  à  tort  dans  les  Todi- 
rostres.  Ce  n'est ,  du  reste  ,  qu'un  Conophage  de  transition  ;  le 
genre  est  plus  complètement  représenté  en  Bolivie  par  les 
Conophaga  ardesiaca  et  nigro-cincta  nob.  Syn.  avium  Amer. 
d'Orbigny,  etc.,  p.  1 3.  Dans  cette  même  contrée ,  les  Fourmiliers 

(1)  voyez  notre  Monographie  du  genre   Grallaria ,  Rer<  Zool.  184S  ^  p.  333  ,  sauf  notre 
Gral!.  rufula,  Ret.  1843,  p.  99. 


TRAVAUX    INÉDITS.  il7 

analis, Nigro-maculata,  nob.  Jd.Jb.,  p.  14,  et  Foy.  en  Amer. ^ 
pi.  7,  f.  1-2, sont  les  vrais  représentants  des  Fourmiliers  Colma 
et  Paiikour  de  Cayenne,  qui  n'en  ont  pas  à  Bogota. 

La  (volombie  a  f(jurni  cinq  espèces  de  Bataras,  dont  trois  offrent 
les  plus  grands  rapports  de  coloration  avec  le  Thamnophilus 
doliaius  de  Cayenne,  et  les  deux  autres ,  qui  se  retrouvent  aussi 
en  Bolivie,  ont  été  décrits  dans  le  même  Synopsis  et  figurés  dans 
le  même  voyage. 

Sous  les  noms  de  Tamn.  aspersivenier  et  fuliginosus ,  nob. 
un  autre  genre  particulier  au  même  groupe  ,  le  genre  Méru- 
laxis  (Lesson,  traité) ,  restreint  à  la  seule  espèce  type  le  Meru- 
laxis  aier  lors  de  sa  formation  ,  semble  être  en  Colombie  une 
compensation  des  vrais  Conophages  et  Myothera,  car,  outre 
les  quatre  à  cinq  espèces  qui  s'y  trouvent,  et  que  nous  avons  dé- 
crites Hev.  ZOOl.  1840  ,  p.  103,  cette  contrée  si  fertile  en  espèces 
curieuses  et  typiques ,  nous  a  fourni  le  Mérulaxis  orlhonyx , 
nob.  liev.  zool.  1843,  p.  131.  L'énorme  développement  des 
pattes  et  de  l'ongle  postérieur  prolongé  horizontalement  comme 
chez  les  Alouettes ,  un  bec  muni  d'une  sorte  de  casque  déprimé, 
et  un  plumage  noir  et  roux ,  parsemé  de  gouttes  blanches  comme 
chez  certains  Râles  africains,  tout  concourt  à  faire  de  cet  oiseau 
une  espèce  des  plas  marquantes  dans  toute  cette  famille,  et 
pourrait  même  former  une  section  particulière  dans  le  genre. 
Il  semble  faire  la  transition  des  Mérulaxes  aux  Mégalonyx  de 
Lesson ,  ou  Pteroptochos  de  Kittlitz. 

Un  oiseau  marquant  du  Brésil,  la  Coracina  scutata,  Coracine 
à  gorge  ensanglantée  ,  se  retrouve  absolument  le  même  en  Co- 
lombie quant  à  sa  coloration  ,  mais  avec  des  proportions  beau- 
coup moindres  ,  ce  qui  annonce  évidemment  une  race  distincte 
de  celle  de  l'est  et  sa  correspondante. 

Après  ces  nouvelles  espèces  colombiennes ,  que  l'on  peut  re- 
garder comme  les  correspondantes  d'un  certain  nombre  de 
celles  du  Brésil  et  de  Cayenne,  nous  citerons  quelques  genres 
nouveaux  particuliers  à  cette  contrée  occidentale.  Tels  sont  les 
Viglossa  de  Wagler,  nos  Serrirostres  qui  ont  été  rangés  à  tort 
dans  les  Anahatinœ^  par  G.  R.  Gray,  List  of  gênera,  car  ce  sont 
de  véritables  Guitguils  à  bec  en  croc,  et  qui,  d'après  les  observa- 
lions  de  M.  d'Orbigny  en  Bolivie  ,  se  nourrissent  comme  eux  du 
suc  des  fleurs  et  des  petits  insectes  qu'ils  retirent  du  fond  de  leur 


# 


118  REVDE   ZOOLOGIQUE.     {  JlTll    1845.; 

calice  au  moyen  de  leur  langue  bifide  et  terminée  en  filets. 
Quoique  la  Bolivie  ait  fourni  deux  espèces,  et  le  Mexique  une 
autre  de  ce  genre  ,  la  Colombie  parait  être  leur  véritable  patrie, 
car  c'est  là  qu'ils  se  sont  rencontrés  en  plus  grand  nombre  ,  d'es- 
pèces les  plus  variées  et  les  plus  grandes.  Près  d'eux  se  trouve 
encore  notre  genre  Conirostrum  ,  formé  de  petites  espèces  à  bec 
parfaitement  longicône  ,  aigu ,  ayant  les  mêmes  mœurs  ,  pou- 
vant donc  être  regardés  comme  des  Guitguils  à  bec  conique,  et 
formant  par  conséquent  une  troisième  section  dans  le  groupe 
des  Guitguits  ou  Cerebidées, 

Dans  les  Fringillidées ,  Bogota  nous  a  offert  un  type  tout  par- 
ticulier dans  cette  espèce  d'oiseau  à  bec  conico-convexe  com- 
primé et  terminé  en  cuilleron  ,  dont  nous  avons  formé  le  genre 
Catamblyrhynchus ,  Jiey.  zool.  1842  ,  p.  301 ,  et  qui  est  figuré 
dans  le  Magasin  de  zoologie;  d'après  cette  forme  de  bec,  nous 
le  supposons  mangeur  de  bourgeons  comme  le  Bouvreuil. 

Ces  mêmes  contrées  occidentales,  en  y  comprenant  le  Mexique, 
sont  la  patrie  de  ce  beau  groupe  d'oiseaux  à  plumage  resplen- 
dissant d'or,  qui,  dans  la  famille  des  Couroucous,  forment  une 
section  sous  le  nom  générique  de  Calurus  ,  renfermant  des  es- 
pèces remarquables  par  le  prolongement  de  leurs  couvertures 
sus-caudales  et  alaires  ;  les  contrées  orientales  ne  possèdent  que 
des  Couroucous  de  forme  ordinaire. 

En  suivant  cette  population  colombienne  qui  semble  n'avoir 
franchi  la  barrière  des  Andes  vers  le  nord,  que  pour  se  ré- 
pandre sur  le  littoral  de  la  mer  des  Antilles  dans  le  pays  nommé 
le  Venezuela  ,  jusque  vers  Maturin  dans  la  province  de  Cumana, 
ces  deux  noms  rappellent  la  découverte  de  deux  genres  qui  au- 
raient suffi  pour  illustrer  cette  contrée  sous  le  rapport  ornitho- 
logique ,  je  veux  parler  du  fameux  Guacharo  découvert  par 
MM.  de  Humboldt  et  Bompland  en  1799,  dans  la  caverne  de  Ca- 
ripe  ,  province  de  Cumana.  Cette  espèce  de  Caprimulgidée  à  bec 
d'oiseau  de  proie,  et  cependant  uniquement  frugivore,  est  telle- 
ment disparate  dans  cette  famille  par  son  genre  d'alimentation 
comme  par  sa  forme  anomale,  que  le  prince  de  Canino,  dans  sa 
dernière  classification ,  a  cru  devoir  le  retirer  des  Engoulevents 
pour  le  placer  avec  les  Rolles  et  lesRolliers;  mais  nous  n'adop- 
tons pas  sa  manière  de  voir  en  cela. 

Le  second  oiseau  découvert  dans  la  même  province  aux  en- 


TRAVAUX    INÉDITS.  119 

virons  de  Maturîn  ,  quoique  appartenant  à  un  genre  bien  connu, 
n'en  fit  pas  moins  époque  dans  l'ornithologie  américaine,  parce 
que  jusqu'alors  on  l'avait  cru  étranger  au  Nouveau-Monde. 
C'est  VOEdicnème  vocifer,  découvert  pour  la  première  fois 
en  1816,  par  Lherminier  ,  dans  les  llanos  ou  grandes  savanes 
herbues  qui  avoisinent  Maturin ,  et  où  il  semble  le  dernier  poste 
avancé  de  la  population  colombienne  du  côté  des  Guyanes. 

Nous  aurions  pu  pousser  beaucoup  plus  loin  nos  comparaisons 
d'espèces  correspondantes,  en  citant  par  exemple  dans  les  Corvi- 
dées  et  comme  colombiennes  et  péruviennes,  la  Pie  dite  le  Geai 
du  Pérou ,  la  Pie  à  moustaches  blanches ,  Kiener ,  Mag  de 
zooL  de  Guayaquil ,  le  Cyanurus  viridicyanus  nob.  Synops. 
Americ.  2™*  part.  p.  9,  de  Bolivie,  et  Foy.  en  Am.^  et  le 
Cyanurus  nigritorques  nob.  de  Bogota ,  espèces  analogues  aux 
pies  de  Cayenne  et  du  Brésil  ;  dans  les  Ictéridées  de  Bogota,  son 
Picumnus  olivaceus  nob.  Hev.  zool.,  janvier  1845,  le  cor- 
respondant du  Picumnus  Cayennensis  nob.  id.  ibid.  ;  dans 
les  Tctéridées  de  Bolivie,  ses  Cassiques  Yuracares y  atro-vi- 
rens  et  chrysonotus  y  Syn.  Amer,  représentants  des  Cassiques 
huppé,  Jupuba  et  de  Cayenne.  Mais  cette  liste  spécifique  nous 
entraînerait  bien  loin  ,  et  ne  serait  pas  ici  à  sa  place  ;  nous  préfé- 
rons, dans  un  numéro  prochain,  établir  la  même  comparaison 
entre  les  espèces  du  Chili  et  de  la  Patagonie  occidentale  d'une 
part,  et  celles  du  Paraguay  et  de  la  Patagonie  orientale  de 
l'autre. 

Note  sur  le  genre  de  Goliathide  auquel  M.  Whiteadonné  le  nom 
de  Compsocephaîus  y  par  M.  Reiche. 
M.  Adam  White,  aide  naturaliste  au  Musée  britannique,  a 
publié ,  dans  les  Annals  et  Magazine  of  Natural  History, 
cahier  de  janvier  1845,  un  nouveau  genre  de  Goliathide  qu'il 
nomme  Compsocephalus  (  sans  aucun  doute  de  xo(i.4'ôç  ,  élégant  ; 
y.e'^aki\ ,  tête).  Dans  les  caractères  génériques  qu'il  donne  et  dans 
la  description  de  l'espèce  typique  ,  C.  Ilorsfieldianus  White,  j'ai 
cru  d'abord  reconnaître  une  espèce  rapportée  de  l'Abyssinie  par 
MM.  Ferret  et  Galinier,  espèce  que  je  me  proposais  de  décrire  ; 
mais  après  un  examen  plus  attentif  de  la  mauvaise  figure  de 
l'insecte  décrit,  de  sa  description  et  de  celle  de  la  femelle,  jo 
me  suis  convaincu  que  mon  insecte  est  distinct  du   mâle   du 


i'20  REVUE  ZOOLOGIQUE.    (  Avrîl  1845.) 

C.  Horsfieldianus  ,  et  que  la  femelle  décrite  par  M.  White  appar- 
tient à  mon  espèce.  Sans  entrer  ,  quant  à  présent,  dans  de  plus 
grands  détails  sur  les  caractères  génériques,  qui  ne  me  parais- 
sent pas  suffisamment  comparatifs ,  détails  qui  trouveront  leur 
place  dans  un  travail  spécial ,  je  dois  dire  que  M.  White  n'a  pas 
fait  assez  ressortir  le  caractère  le  plus  saillant  de  ce  genre ,  ca- 
ractère qui ,  au  premier  coup  d'oeil ,  le  fera  distinguer  de  tous 
les  Goliathides  connus  «  les  jambes  antérieures  du  mâle  dentées 
en  dehors  et  en  dedans.  »  Voici  la  description  succincte  de  l'es- 
pèce nouvelle. 

Compsocephalus  Galinieri.—L.  50  mill.  (13  lin.),  lat.  14  mill. 
(6  1/4  lin.).  —  Rubro  cupreus ,  Caput  subquadratum  epistomo 
valde  perpendiculari  reflexo  ,  cornubus  duobus  apice  emargi- 
natis  diviso  ,  utrinque  supra  ante  oculos  longitudinaliter  excava- 
tum  ,  inter  oculos  cornu  brevi  acuto  elevato ,  fascia  lœte  viridi 
cyaneo  marginata.  Thorax  fusco-viridis  ,  cupreo  tenue  margi- 
natus,  convexus,  haud  impressus  ,  scutellum  viridi  fuscum. 
Elytra  viridi  -  metallica ,  basi  juxta  scutellum  suturamque 
versus  cuprea ,  macula  humerali  altéra  ante  apicem  nigris. 
Alœ  fuscse.  Pygidium  infraciliatum.  y/6domen  medio  depressum. 
Processus  sternalis  planus  ,  coxas  anticas  haud  attingens.  Tibiœ 
anticse  supra  subconvex8e,infraacute  carinatœ,  apice  spina  incum- 
bente  articulata  supra  armatsp,  extus  tridentatse,  dentibus  apice 
atris  ,  acutis,  distantibus,  intusquadridentatas,  dentibus  duobus 
primis  acutis,  apice  nigris,  tertia  basilari  haud  acuta,  tibiis 
intermediis  posticisque  extus  medio  unispinosis  apice  atris, 
Tarsi  atri.  Mas.  in  musseo  Reiche  ,  femina  in  Musaco  britannico 
Hab.  in  provincia  Shoa  Abyssiniae. 

Cette  espèce  diffère  du  C.  Horsfieldianus  par  sa  taillé  plus 
petite ,  par  son  corselet  sans  impressions  au-dessus  ,  par  la  cou- 
leur du  dessous  du  corps  ,  celle  du  corselet  et  de  sa  bordure ,  et 
par  les  quatre  taches  noires  de  ses  élytres.  La  dent  de  la  base 
interne  des  jambes  antérieures  est  un  caractère  générique  qui 
doit  se  retrouver  dans  le  C.  Horsfieldianus,  quoique  M.  Whyte 
n'en  parle  pas. 
Note  sur  quelques  nouvelles  espèces  d'insectes  qui  habitent  les 

possessions  françaises  du  nord  de  l'Afrique.  Par  M.  H.  Lucas. 

1.  Clythra  (Labidostomis)  rubripennis ,  L.  10  1.  L.  4  1/2  mil. 
cT  —  I.  9  1.  -^/^  millim.  jp.  —  II  ressemble  un  peu  au  C.  tari-: 


TRWAUX    INKDirS.  121 

cornis y  avec  lequel  il  ne  pourra  être  confondu,  par  son  corselet 
qui  est  plus  fortement  ponctué  ,  par  ses  élytres  qui  sont  rouges  . 
et  par  la  ponctuation  que  présentent  ces  organes  qui  est  plus 
forte  et  moins  serrée.  La  tête  d'un  bleu  verdâtre  est  fortement 
ridée  à  la  partie  antérieure ,  profondément  déprimée  entre  les 
yeux ,  et  parsemée  à  son  sommet  de  points  peu  profondément 
marqués  et  peu  serrés.  Les  mandibules  sont  très-fortes  ,  compri- 
mées et  de  même  couleur  que  la  tête.  Les  antennes  sont  d'un 
bleu  noirâtre  avec  la  partie  inférieure  du  premier  article  ,  tout 
le  second  et  la  partie  inférieure  du  troisième  d'un  jaune  ferru- 
gineux. Le  corselet,  plus  large  que  dans  le  C.  taxicornis  ,  est 
d'un  bleu  verdâtre,  fortement  chagriné  à  la  partie  antérieure, 
et  couvert  de  points  profondément  marqués  ,  arrondis  et  très- 
peu  serrés;  il  est  plus  élargi  sur  les  parties  latérales  que  chez  le 
C.  taxicornis  ,  et  son  bord  postérieur  présente  dans  son  milieu 
une  saillie  assez  grande  et  arrondie.  L'écusson  d'un  bleu  noi- 
râtre est  à  peine  chagriné.  Les  élytres  plus  longues  et  plus  larges 
que  dans  le  C,  taxicornis  sont  rougeâtres  ,  parsemées  de  points 
plus  forts  et  moins  serrés  que  dans  cette  dernière  espèce.  Tout 
le  corps  en  dessous  ainsi  que  les  pattes  sont  d'un  beau  bleu  ver- 
dâtre brillant,  et  très-finement  ridés.  Seulement  dans  l'ouest  de 
l'Algérie,  aux  environs  d'Oran  pendant  les  mois  de  mai  et  de 
juin. 

2.  Cly thr a  {LsLh\dostomïs)  hybrida,  L.'9  1.  4  mil.  cf  —  L.  8  1. 
4  1/2  niillim.  ^p .  —  Il  est  plus  petit  que  le  C.  rubripennis,  près 
duquel  il  vient  se  placer.  La  tête  d'un  vert  bleu ,  assez  fortement 
déprimée  entre  les  yeux  ,  est  couverte  de  stries  petites  et  profon- 
dément marquées.  Les  mandibules,  ainsi  que  les  palpes  maxil- 
laires et  labiaux,  sont  d'un  noir  bleuâtre.  Les  antennes  sont  d'un 
noir  bleu  avec  la  partie  inférieure  du  premier  et  du  second  ar- 
ticles, et  tout  le  troisième  d'un  jaune  ferrugineux.  Le  corselet  est 
de  même  couleur  que  la  tête  ,  mais  plus  clair  ;  il  est  parsemé  de 
points  assez  forts  et  peu  serrés,  déprimé  dans  sa  partie  médiane, 
convexe  sur  les  parties  latérales  qui  sont  assez  finement  rebor 
déesavec  les  angles  de  chaque  côté  de  la  base  saillants  et  relevés. 
L'écusson  de  même  couleur  que  le  corselet,  est  très-finement 
chagriné,  et  présente  dans  sa  partie  médiane  et  postérieurement 
une  petite  carène  assez  sensible.  Chez  les  individus  qui  n'ontsubi 
auciin  frottement,  les  divers  organes  que  je  viens  de  décrire  sont 


122  REVUE  ZOOLOGIQUE.   [Avùl   1845.  ) 

couverts  d'une  tomentosité  blanchâtre,  courte  et  peu  serrée.  Les 
élytres  sont  assez  allongées  ,  étroites  dans  le  mâle  ,  un  peu  plus 
larges  dans  la  femelle;  ces  organes  sont  rouges,  parsemés  de 
petits  points  assez  profondément  marqués  ,  peu  serrés  et  ornés 
de  chaque  côté  de  deux  taches  noires  ,  dont  l'antérieure  occupe 
la  saillie  humérale;  quant  à  la  seconde  ,  elle  est  un  peu  plus 
grande  ,  placée  aux  trois  quarts  de  Pélytre,  et  assez  prés  de  la 
suture.  Tout  le  corps  en  dessous  ainsi  que  les  pattes  dans  les 
deux  sexes  sont  très-finement  ponctués ,  d'un  vert  bleuâtre 
brillant,  et  couverts  de  poils  blanchâtres  courts  et  peu  serrés. 
La  femelle  diffère  du  mâle  par  son  corselet  moins  large  ,  et  les 
angles  de  chaque  côté  de  la  base  un  peu  moins  relevés  ;  ses 
élytres  sont  aussi  moins  étroites.  —  Rencontré  dans  les  mêmes 
lieux  ,  et  pendant  les  mêmes  mois  que  l'espèce  précédente. 

3.  Clythra  (Labidostomis)  forcipifera.  L.  5,  l.  2  1/2  mill.  c^ 
—  La  tête  d'un  bleu  violacé,  fortement  et  profondément  ridée  , 
présente  à  son  sommet  une  dépression  ,  de  chaque  côté  de  la- 
quelle on  aperçoit  des  points  petits  ,  assez  bien  marqués  et  pla- 
cés çà  et  là.  Les  antennes  sont  d'un  noir  bleuâtre  avec  la  partie 
inférieure  des  premier,  second  ,  troisième  et  quatrième  articles 
d'un  jaune  ferrugineux.  Les  mandibules  sont  courtes  ,  d'un  noir 
bleuâtre ,  roussâtres  à  leur  extrémité  et  armées  ,  à  leur  côté  in- 
terne, de  deux  fortes  épines.  Le  corselet  est  de  même  couleur 
que  la  tête,  inégal  en  dessus  et  parsemé  de  points  assez  forts, 
arrondis  et  peu  serrés.  L'écusson  est  d'un  noir  bleuâtre,  ponc- 
tué à  sa  naissance  et  entièrement  lisse  postérieurement.  Les  ély- 
tres sont  courtes ,  d'une  belle  couleur  jaune  ,  parsemées  de  points 
assez  forts ,  peu  serrés ,  et  ornées  de  chaque  côté  de  deux  taches 
transversales  d'un  noir  bleuâtre,  dont  la  postérieure  plus  grande 
atteint  le  bord  de  la  suture  ;  il  est  aussi  à  noter  que  postérieure- 
ment ces  organes  sont  assez  fortement  tachées  de  brun  foncé. 
Tout  le  corps  en  dessous  ainsi  que  les  pattes  sont  très-finement 
ponctués ,  d*un  bleu  violacé ,  et  parsemés  de  poils  blanchâtres , 
courts  et  peu  serrés.  —  Habite  les  environs  d'Oran  ,  où  cette  jolie 
petite  espèce  a  été  rencontrée  tout  à  fait  à  la  fin  de  juin  ,  par 
M.  Levaillant,  colonel  au  36"  de  ligne. 

4.  Clythra  (LachnaBa)  straminipennis.  L.  9  ,  1.  4  1/2  mill.  — 
Il  est  beaucoup  plus  grand  que  le  C.  punclicollis  avec  lequel 
il  ne  pourra  être  confondu  par  sa  tête  ,  son  corselet,  son  abdo- 


TRAVAUX    INÉOITS.  1*23 

men  ainsi  que  les  organes  de  la  locomotion,  qui  sont  d'un  vert 
brillant.  La  tète  ,  légèrement  déprimée  entre  les  yeux,  est  en- 
tièrement couverte  d'une  rugosité  assez  forte  et  serrée.  Les  man- 
dibules sont  robustes  ,  d'un  vert  brillant ,  rugueuses  comme  la 
tète  ,  avec  leur  extrémité  d'un  brun  foncé.  Les  antennes  sont 
brunes,  à  l'exception  cependant  du  premier  article  qui  est  d'une 
belle  couleur  verte  et  ponctué.  Le  corselet  un  peu  plus  large 
que  la  tète  est  assez  fortement  rebordé  avec  les  angles  de  cha- 
que côté  de  la  base  très -arrondis  ;  il  est  inégal  en  dessus, 
parsemé  de  points  arrondis,  assez  forts,  peu  serrés  ,  et  marqué 
de  chaque  côté,  près  du  bord  postérieur,  d'une  dépression  trans- 
versale assez  fortement  marquée.  Chez  les  individus  qui  n'ont 
subi  aucun  frottement ,  les  divers  organes  que  je  viens  de  dé- 
crire sont  revêtus  de  poils  blanchâtres  assez  longs  ,  peu  serrés  , 
et  qui  forment,  sur  le  thorax  ,  une  petite  bande  longitudinale. 
L'écusson  est  d'un  vert  brillant ,  finement  ponctué  sur  les  parties 
latérales,  relevé  et  fortement  tronqué  postérieurement.  Les 
élytres,  d'un  jaune  rougeâtre  ,  sont  peu  allongées  et  présentent, 
au-dessous  des  angles  huméraux,  une  dépression  assez  fortement 
prononcée  ;  elles  sont  parsemées  de  points  fins  .  serrés  et  ornées 
chaque  côté  de  trois  taches  arrondies ,  d'un  noir  foncé  ,  dont 
une  située  antérieurement  et  les  deux  autres  rapprochées , 
transversales,  sont  placées  beaucoup  plus  postérieurement. 
Tout  le  corps,  ai.jsi  que  les  pattes,  sont  finement  ponctués  et 
couverts  de  poils  blanchâtres  assez  allongés  et  peu  serrés. — Cette 
espèce,  dont  je  n'ai  rencontré  que  deux  individus  ,  et  que  j'ai 
prise  tout  à  fait  dans  les  derniers  jours  de  mars,  habite  les  en- 
virons d'Oran. 

5.  Clythra  (Coptocephala)  dispar.  L.  6  1/2,  1.  3  à  4  mill.  — 
La  tète,  d'un  noir  brillant,  présente,  dans  son  milieu,  entre 
les  yeux,  une  dépression  assez  fortement  marquée,  et  est  par- 
semée, au  sommet,  de  points  fins  et  serrés.  Les  antennes  sont 
noires  ,  à  l'exception  cependant  du  second  et  du  troisième  arti- 
cles qui  sont  rougeâtres.  Le  corselet  d'un  noir  brillant ,  avec  les 
angles  latéro-postérieurs  très-arrondis  et  fortement  relevés,  est 
entièrement  lisse,  à  l'exception  cependant  de  la  partie  anté- 
rieure qui  présente  quelques  points  assez  bien  prononcés.  L'é- 
cusson est  de  même  couleur  que  le  thorax  ,  légèrement  tronqué 
postérieurement  et  entièrement   lisse.    Les  élytres  assez  allon- 


<2i  RKVLE  zouLoGigcE.    {  Aorll  I3Î5.) 

gées ,  légèrement  rétrécies  dans  leur  partie  médiane  ,  sont  d'un 
rouge  brillant,  parsemées  de  points  assez  fins,  peu  serrés,  et 
ornées  ,  de  chaque  côté  ,  de  quatre  boules  d'un  noir  foncé  ,  ainsi 
disposées  :  deux  taches  assez  grandes,  arrondies,  placées  longi- 
tudinalement  près  de  la  suture,  une  troisième,  beaucoup  plus 
petite  ,  placée  entre  le  bord  interne  et  la  tache  postérieure,  et 
enfin  une  quatrième  ou  la  dernière  ,  plus  grande  que  la  précé- 
dente,  est  située  vers  la  saillie  humérale.  Tout  le  corps  en  des- 
sous, ainsi  que  les  pattes,  sont  noirs,  finement  ridés  et  ponctués , 
et  parsemés  de  poils  blanchâtres,  très-courts,  peu  serrés.  — 
Cette  espèce  présente  plusieurs  variétés  assez  remarquables. 
Var.  A.  Dessous  ne  présentant  plus  de  chaque  côté  qu'une  seule 

tache  placée  sur  la  saillie  humérale. 
Var.  B.  Corselet  rouge,  trimaculé  de  noir;  taches  des  élytres 

étant  disposées  comme  chez  les  individus  normaux. 
Var.  G.  Corselet  rouge ,  unimaculé  de  noir  postérieurement  ;  les 

trois  taches  postérieures  des  élytres  réunies. 
Var.D.  Corselet   rouge,   unimaculé    de  noir  postérieurement;, 

taches  des  élytres  n'étant  plus  qu'au  nombre  de  trois  de 

chaque  côté. 
—  J'ai  rencontré  cette  espèce  dans  l'est  et  dans  l'ouest  de  nos. 
possessions,  particulièrement  dans  les  environs  du  cercle  delà 
Calle  ,  en  mai ,  juin  et  juillet. 

6.  Clythra  ;;Smaragdina)  gratiosa.  L.  4.,  1.  2  1/2.  -  D'uii^ 
beau  vert  brillant;  la  tète  déprimée  entre  les  yeux,  lisse  à  son 
sommet  qui  est  assez  convexe  ,  présente ,  dans  partie  médiane , 
des  points  profondément  marqués  ,  assez  forts  et  peu  serrés, 
l.es  antennes  sont  bleuâtres  avec  les  quatre  premiers  articles 
d'un  jaune  orangé.  Les  palpes  maxillaires  et  labiaux  sont  d'un 
jaune  orangé  avec  l'extrémité  du  dernier  article  légèrement  ta- 
chée de  brun.  Le  corselet  assez  large  ,  finement  rebordé ,  avec 
les  angles  latéro-postérieurs  très-légèrement  arrondis,  est  par- 
semé de  points  un  peu  moints  forts  que  ceux  de  la  tête  ,  et  sur- 
tout bien  moins  serrés.  L'écusson  est  très-finement  ponctué  et 
assez  fortement  tronqué  postérieurement.  Les  élytres  assez  al- 
longées, très -finement  bordées  de  bleu  verdâtre,  fortement 
tachées  de  jaune  orangé  postérieurement,  sont  parsemées  de 
points  plus  forts  et  plus  serrés  que  ceux  du  corselet  ;  il  est  aussi 
à  noter  que  ces  points  sont  presque   confluents  et  que  la  saillie 


TRAVAUX  iiNÉurrs.  12."» 

humérale  des  élyties  esl  lisse.  Le  corps  en  dessous  est  très-fine- 
ment  ridé,  d'un  jaune  cuivreux,  avec  les  organes  de  la  locomo- 
tion d'un  jaune  orangé.  —  Ce  n\  st  que  dans  l'ouest ,  aux  envi 
ions  d'Oran  ,  pendant  les  mois  de  juin  et  de  juillet,  que  l'on 
trouve  cette  jolie  petite  espèce. 

7.  Clythra  (Cyaniris)  unicolor.  L.  4,  1.  2  mill.  — Entièrement 
d'un  vert  bronzé  brillant,  quelquefois  d'une  belle  couleur  bleue. 
La  tête  ,  beaucoup  plus  large  dans  le  mâle  que  dans  la  femelle , 
présente  dans  les  deux  sexes  quatre  petites  dépressions  longitu- 
dinales situées  entre  les  yeux  ,  et  dont  les  médianes ,  assez  rap- 
prochées, sont  plus  prononcées  que  ceiles  qui  occupent  les  côtés 
latéraux.  Les  antennes  sont  brunâtres  avec  les  quatre  premiers 
articles  d'un  jaune  testacé.  Le  corselet,  entièrement  lisse,  est  as- 
sez large,  fortement  rebordé  sur  les  parties  latérales  ,  avec  les 
angles  latéro-poslérieurs  plus  arrondis  que  les  latéro-antérieurs. 
L'écusson  est  entièrement  lisse  et  à  peine  tronqué  postérieure- 
ment. Les  élytres  courtes  ,  assez  fortement  rebordées ,  sont  par- 
semées longitudinalement  par  des  rangées  de  points  très-fins, 
et  qui ,  chez  quelques  individus  ,  sont  à  peine  apparents.  Tout 
le  corps  en  dessous  ainsi  que  les  pattes  sont  de  même  couleur 
qu'en  dessus,  et  parsemés  de  poils  testacés  courts  et  très-peu 
serrés.  — .l'ai  rencontré  cette  espèce  dans  l'est  et  dans  l'ouest  de 
nos  possessions,  particulièrement  dans  les  environs  de  Constan- 
tine  et  du  cercle  de  la  Calle,  pendant  les  mois  de  mai  et  de 
juin. 

8.  Cryptocephalus  cicatricosus.  L.  5  112  ,  1.  2  mill.  — 
L.  7  1/2,  1.  4  1/2.  —  La  tête  d'un  noir  brillant,  parsemée  de 
points  fins ,  peu  serrés,  est  revêtue  de  poils  blanchâtres,  courts  et 
assez  touffus  chez  les  individus  qui  n'ont  subi  aucun  frottement. 
Les  antennes  sont  entièrement  noires,  à  l'exception  cependant 
de  la  partie  inférieure  des  premiers  articles  qui  sont  d'un  fer- 
rugineux roussâtre  ;  quelques  poils  blanchâtres,  très- courts  hé- 
rissent ces  organes.  Le  corselet  est  de  même  couleur  que  la  tête  , 
cependant  quelquefois  d'un  noir  bleuâtre ,  très-convexe,  fine- 
ment rebordé  sur  les  parties  latérales  ,  parsemé  de  points 
beaucoup  plus  fins  et  bien  moins  serrés  que  ceux  de  la  tête  et 
revêtus  de  poils  blanchâtres ,  courts  et  ordinairement  peu  ser- 
rés. L'écusson  d'un  noir  brillant,  quelquefois  d'un  noir  bleuâtre 
est  entièrement  lisse    Les  élytres   peu  allongées  ,  avec  les  an- 


126  KKVUK  ZOOLOGIQUE.   {  Atril  1845.) 

srles  huniéraax  peu  saillants,  sont  rouges  ,  parsemées  de  points 
très-gros,  assez  profondément  marqués,  peu  serrés  ,  ordinaire- 
ment d'un  noir  bleuâtre  et  dont  les  uns  sont  arrondis  et  les  au- 
tres ovales.  Tout  le  corps  en  dessous  ainsi  que  les  pattes  sont 
noirs,  quelquefois  d'un  noir  bleuâtre,  très-finement  ponctués  , 
et  couverts  de  poils  blanchâtres  courts  et  peu  serrés.  —  Ren- 
contré dans  les  environs  d'Oran  pendant  les  mois  de  mai  et  de 
juin  ;  je  ne  pense  pas  que  ce  Cryptocéphale  habite  l'est  de  nos 
possessions. 

9.  Cryptocephalus  Dahlii.  L.  5  à  6 ,  1.  3  à  3  1/2  mill.  —  La 
tête  jaune ,  assez  fortement  ponctuée  à  sa  partie  antérieure  , 
roussâtre  dans  sa  partie  médiane  et  postérieurement ,  est  ornée 
de  chaque  côté  ,  près  de  la  naissance  des  antennes ,  d'une  tache 
d'un  brun  foncé,  oblongue  et  placée  un  peu  obliquement.  Les 
antennes  sont  roussâtres.  Le  corselet,  parsemé  de  points  un  peu 
plus  fins  et  surtout  plus  serrés  que  ceux  de  la  tête,  est  roussâtre, 
bordé  antérieurement  et  sur  les  parties  latérales  de  jaune  ,  et 
orné  en  dessus,  de  chaque  côté  ,  d'une  bande  de  la  même  cou- 
leur placée  obliquement,  qui  part  du  bord  postérieur  et  atteint 
à  peu  près  le  milieu  du  thorax;  il  est  aussi  à  noter  que  du  mi- 
lieu de  la  bordure  jaune  de  la  partie  antérieure  de  cet  organe  , 
naît  une  petite  bande  ,  d'abord  étroite,  mais  qui  s'élargit  posté- 
rieurement et  devient  spatuliforme;  cette  petite  bande  ,  qui  est 
jaune,  atteint  à  peu  près  le  milieu  du  corselet,  lequel  à  sa  base 
est  finement  bordé  de  noir  foncé.  L'écusson  est  roussâtre , 
ponctué  et  très-finement  bordé  de  noir  foncé.  Les  élytres  assez 
courtes ,  jaunes  ,  très  -  finement  bordées  de  roussâtre ,  sont 
ornées  d'une  bande  longitudinale  assez  étroite,  de  même  cou- 
leur, mais  moins  foncée;  elles  sont  striées,  et  ces  stries  présen- 
tent une  ponctuation  assez  forte  et  peu  serrée  ;  les  intervalles 
sont  assez  larges  et  paraissent  plus  finement  ponctuées  que  les 
stries  des  élytres,  lesquelles  sont  ornées  de  chaque  côté  de  quatre 
points  d'un  noir  foncé.  Tout  le  corps  en  dessous  ainsi  que  les 
pattes  sont  très-finement  ponctués,  rougeâtres,  avec  le  bord  su- 
périeur du  dernier  segment  abdominal  bordé  jaune  et  le  pygi- 
dium  de  cette  couleur,  mais  cependant  taché  de  roussâtre.  — 
Environs  d'Oran,  pendant  les  moisde  juin  et  de  juillet  ;  cette  es- 
pèce nest  pas  très- commune. 

10.  Cryptocephalus  gravidus.  L.  4  à  5  ,  l.  2  1/2  à  3  mill.  — 


TRAVAUX    INÉDITS.  127 

La  tète  jaune ,  très-finement  ponctuée,  tachée  de  brun  foncé  à  la 
naissance  du  premier  article  des  antennes ,  présente  à  son  som- 
met un  petit  sillon  longitudinal  assez  bien  marqué.  Les  antennes 
sont  roussâtres  avec  les  premiers  articles  cependant  jaunes.  Le 
corselet  très  convexe  et  très-finement  rebordé,  est  entièrement 
lisse  ;  il  est  d*un  noir  brillant  avec  les  bords  antérieur  et  latéraux 
finement  bordés  de  cette  couleur  et  le  sommet  offrant  une  large 
bande  transversale  jaune  qui  atteint  presque  les  angles  de  cha- 
que côté  de  la  base.  L'écusson  est  d'un  noir  brillant  et  entière- 
ment lisse.  Les  élytres  sont  courtes,  de  même  couleur  que  l'é- 
cusson ,  parcourues  par  des  stries  longitudinales  présentant  une 
ponctuation  fine  et  peu  serrée;  de  chaque  côté  elles  sont  ornées 
de  quatre  grandes  taches  jaunes ,  dont  une  transversale ,  située 
à  la  naissance  des  élytres,  tout  près  de  l'écusson  ,  deux  dans  la 
partie  médiane,  et  dont  celle  placée  sur  le  bord  interne  est  beau- 
coup plus  petite  et  atteint  presque  leur  partie  antérieure  ;  enfin 
la  quatrième  terminale  occupe  le  bord  postérieur  de  ces  organes. 
Tout  le  corps  en  dessous  est  d'un  noir  brillant  et  finement  ponc- 
tué. Les  pattes  sont  entièrement  jaunes  à  l'exception  cependant 
des  fémurs  des  pattes  postérieures  qui  sont  noirs.  —  Cette  es- 
pèce présente  deux  variétés  assez  remarquables  : 
Var.  A.  Noire,  avec  le  sommet  du  corselet  ^ la  tête,  l'extrémité 
des  élytres  et  les  fémurs  des  deux  premières  paires  de 
pattes ,  jaunes. 
Var  B.  Plus  noire  que  la  précédente,  car  il  n'y  a  que  la  partie 
médiane  de  la  tête,  l'extrémité  des  élytres  et  les  deux 
premières  paires  de  pattes  qui  soient  jaunes ,  encore  est- 
il  à  noter  que  chez  ces  derniers  organes  l'extrémité  des 
fémurs  de  la  première  paire  et  toute  la  partie  supérieure 
des  fémurs  de  la  seconde  paire  sont  teintées  de  noir. 
—  Rencontré  en  juin  ,  snr  les  chardons  ,  dans  les  environs  de 
Milah  (province  de  Constantine).  Cette  espèce  est  assez  rare. 


1:28  [rkvuk  zoOLOGiyuK.  {  /fvrU  \Sio.) 

n.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX 

Archives  d'histoire  naturelle  (/^rc/ttu  fur  Nalurgeschichte), 
Fondées  par  Wiegmann,  rédigées  par  M.  ERicnsON.  Neuvième  an- 
née ,  1843,  vol.  I. 

I.  Jperçu  de  la  Flore  de  îles  Açores  ,  par  MM.  Seuberl  et 
Hochsleller. 

IT.  Remarques  sur  les  espèces  d'ours  antédiluviens;  par 
M.  A.  Wagner  à  Munich  (p.  24).  L'auteur  combat  l'opinion  ré- 
cemment publiée  par  M.  de  Blainville,  que  toutes  les  espèces 
d'Ours  fossiles  ne  sont  qu'une  seule  et  qui  est  la  même  qui  vit 
encore  aujourd'hui  en  Europe.  Après  avoir  comparé  les  crânes 
et  le  squelette  des  espèces  fossiles  à  ceux  de  VUrsus  Arctos  ^'\\ 
conclut  en  disant  que ,  1 ,  VUrsus  spelœus  est  certainement  une 
espèce  bien  différente  de  toutes  les  espèces  vivantes;  2.  que 
VU.  arctoideus  n'est  peut-être  qu'une  variété  très-remarquable 
de  VU.  spelœus;  3.  que  V  U.priscus  est  très\o']sin  àe  V  U.  Arctos 
par  la  forme  et  la  grandeur  de  son  crâne.  La  différence  spécifique 
nesauraitêtre  constatée  avec  certitude,  cependant  il  y  a  des  carac- 
tères qui  font  présumer  une  telle  différence  ;  4.  que  les  U.  arctoi- 
de%is  et  priscus  sont  des  espèces  détruites  par  une  grande  cata- 
strophe ,  et  qu'ils  n'ont  pas  vécu  dans  les  cavernes  où  se  trouvent 
en  si  grande  quantité  leurs  ossements. 

III  Recherches  anatomiques  sur  le  Moschus  Javanicus;  par 
M.  de7^flp/),àTubingue(p.43,  pl.  11).  Parmi  les  Ruminants,  il  y  en 
a  plusieurs  qui  n'ont  que  trois  estomacs  :  ce  sont  le  Chameau,  le 
Lama  et  le  Moschus  Javanicus.  Après  avoir  donné  des  détails 
sur  la  structure  de  la  dernière  espèce ,  l'auteur  croit  qu'elle  de- 
vra être  séparée  du  Moschus  moschiferus  comme  sous-genre 
sous  le  nom  Tragulus  déjà  adopté  par  Gray  sur  des  caractères 
extérieurs. 

IV.  Observations  sur  les  Copépodes  de  la  Méditerranée  ,  par 
M.  Philippi  (p.  54 ,  pl.  lll  et  IV).  1.  Fuchaetanov.  gen.,  fondé 
sur  le  Cyclops  marinus  de  M.  Prestandrea,  à  Messine.  Descrip- 
tion de  VEuchaeta  Prestandreœ  (pl.  IV,  f.  5).  2.  Les  caractères 
du  genre  Cyclopsina  ùe  M.  Milne-Edwards  ne  s'accordent  qu'au 
Cyclops  castor;  les  2  autres  espèces  du  même  genre;  C.  staphy- 
linus  et  furcatus  appariiennent  au  genre  Nauplius  Phil.  — 
3.  Idya  nov.  gen.  Description  de  l'I.  barbigeraVhW.  (pl.IV,f.  6) 


A?J\L\SES  d'ouvrages  înodvkadx.  129 

4.  Melis  nov.  gen.  Unique  espèce, M.  ignea  Phil.  (pi.  IV,  f.  7.) — 

5.  /Enippenov.  gen.  Espèce  nn\que:  jE.  cristata  Phil.  (pi.  lll, 
f.  1.  —ii.Euryle  nov. gen.  E.  longicauda  Phil.  (pi.  III,  f.  4  ) — 
7.  Idomene  forficata  Phil.  (pi.  III,  f.  4.)  —  8.  Oncœa  venusta 
Phil.  (pi.  III,  f.  2.) —  9.  Caractères  des  14  espèces  connues  du 
genre  Nauplius. 

V.  Sur  les  systèmes  génital  et  uropaélique  de  quelques  mol- 
luisques  hermaphrodites;  par  M.  Parsch.  (p.  71,  pi.  5.)  —Ob- 
servations faites  sur  des  espèce^  dUIelix ,  Arion,  Limax,  Suc- 
cinea,  PlanorbiSj  LimnaeuSt  comparées  k  la.  Faludina  vivi- 
para. 

VI.  Remarques  sur  le  mémoire  de  Stiebel  •  «  Les  formes  pri- 
maires des  Infusoires  dans  les  eaux  minérales,  »  par  M.  fVernech 
(p.  105,  pi.  6). 

VII.  Observations  sur  les  Astérides.  par  MM.  Millier  et  Tros- 
chel  (p.  113).  —  1.  Description  d'espèces  nouvelles  ;  Àsteropsis 
vernicina  yÉchinaster  decanus,  Oreasler  valvulatus,  Astrogo- 
nium  nobile ,  Goniodiscus  singularis  et  seriatus ,  Astropecten 
triserialus,  Buschii^  Fappa  et  Preissii,  Ophiolepis  chilensis. 
—  2.  Sur  les  Ophioures  à  crochets.  —  3.  Notes  géographiques  sur 
l'habitat  des  Astérides. 

VIII.  Description  de  nouvelles  espèces  de  Comatules;  par 
M.  Millier  (p.  131).  —  Alecto  fFahlbergii ,  purpurea,  Asterias 
multiradiata  et  pectinata  Retz.  Description  des  Alecto  (Çoma- 
tulaLiim.)carinata,  adeonœ,  solaris ,  brachiolata,  rotalaria 
etfimbriata  Lam. 

IX.  Sur  les  Slrepsiptères ,  par  M.  de  Siebold  p.  137,  pi.  7). 
Extrait  dans  la  Revue  zoologique  1844,  p.  111. 

X.  Sur  les  fils  mobiles  dans  les  appendices  veineux  des  Cépha- 
lopodes; par  M.  Erdl  (p.  162.  pi.  8).  —  Ce  sont  des  Entozoa  qui 
vivent  dans  le  sang  des  Céphalopodes,  mais  qui  n'ont  pas  la 
moindre  analogie  avec  tous  les  genres  connus  de  parasites. 

XI.  Remarques  sur  les  trois  espèces  de  Mastodon  et  les  trois 
espèces  de  Tétracaulodon  d'I.  Hays;  par  M.  J.  J.  Kaup  (p.  168). 
Ces  six  espèces  n'en  forment  que  deux ,  les  Mastodon  Jeffersoni 
et  Cuvieri  appartenant  au  M.  giganteus,  et  les  Tétracaulodon 
mastodontoideus ,  Collinsiet  Godmani  devant  être  compris  sous 
le  nom  de  Mastodon  Collinsi.  —  Tetrac.  mastod.  Hays,p\.'26. 
appartient  au  Mastod.  gigant. 

Tome  VIII.  Année  1845.  9 


130  REVUE  zooLOGiQDE.  {Avril  iSUj.  ) 

XII.  Sur  les  Pycnogonides  napolitains;  par  M.  A.  Philippi 
(p.  175,  pi.  IX,  f.  1-3).  —  Durant  son  séjour  à  Naples,  l'auteur  a 
observé  4  espèces  de  Pyonogonides  ;  le  Pycnogonum  littorale , 
et  trois  autres  espèces  formant  deux  genres  nouveaux,  1 .  Endeis 
(esp.  gracilis  et  didactyla  Phil.)  et  Paribœa  (spiripalpis)  Phil. 
—  M.  Erichson  ajoute  quelques  notices  sur  le  genre  Phanode- 
mus  Costa. 

XIII.  Observations  sur  les  Annélides  terrestres  de  VAlle- 
magne;  par  M.  W.  Hoffmeister  (p.  i  83,  pi.  9,  f.  1-8).  •—  L'auteur 
regarde  comme  variables  la  plupart  des  caractères  sur  lesquels 
MM.  Savigny,  Dugès  et  Fitzinger  ont  fondé  leurs  espèces  du 
genre  Lumbricus.  Il  reconnaît  comme  caractère  sûr  etinvariable 
la  forme  de  la  lèvre  supérieure ,  auquel  il  joint  en  second 
ordre  la  position  de  la  ceinture  et  de  la  vulve ,  la  forme  des  an- 
neaux de  la  queue  ,  etc.  Cinq  genres  sont  caractérisés  avec  les 
espèces  suivantes  :  1.  Lumbr.  agricola  (f.  I). —  L.  Herculeus, 
Tyrœlus  et  festivus  Sav.?  —  2.  L.  rubellus  (f.  2).  —  3.  L.  anato- 
micus  (f.  3). —  4.  L.  riparius  (f.  4).  —  5.  L.  olidus  (f.  5)  —  rubi- 
dus  Sav.?  —  6.  L.  agilis  (f.  6)  —  7.  Khynchelmis  Limosella.  — 
8.  Haplotaœis  Menkeana  (f.  7). — d.Enchytrœusvermicularis 
—  10.  E.  Galba.  —  11.  Sœnuris  variegata  (Lumbr.  varieg. 
Mûll).  — 12.  Sœnuris  lineata  (L.  lineatus  Mûll). 

XIV.  Mémoire  sur  la  Faune  entomologique  d'Angola  et  sur 
la  distribution  géographique  des  insectes  en  Afrique  ;  par  M.  Erich- 
son (p.  199).  —  Description  de  123  espèces  nouvelles. 

XV.  Observations  sur  V accroissement  des  organes  de  végéta- 
tion en  rapport  au  système  ;  par  M.  A.  Grisebach  (p.  267). 

XVI.  Les  familles  naturelles  des  Poissons  ;  ipaiv  M.  J.  Millier 
(p.  292), 

XVII.  Description  d'une  larve  vivant  sur  les  Eponges  d^eau 
douce;  par  M.  E.  Grube,  (p.  331,  pi.  10).  —  Cette  larve  est  déjà 
décrite  par  M.  Westwood  et  paraît  appartenir  à  quelque  espèce 
de  Neuroptère.  M.  Erichson  pense  qu'elle  peut  appartenir  au 
genre  Sisyra Burm.  {Hemerobius fuscatus F.). 

XVIII.  Remarques  sur  la  structure  de  plusieurs  plantes  cryp' 
togames;  par  M.  H.  Karsten  (p.  338,  pi.  11. 

XIX.  Rapport  sur  les  mémoires  de  M.  Lund ,  concernant  les 
Mammifères  vivants  et  fossiles  du  Brésil;  par  M.  A.  Wagner 
(p.  347;.  L'auteur  ajoute  quelques  remarques  sur  les  espèces  vi- 


ANALYSES    d'oOVRAGES   «OOVKAUX.  131 

vantes  du  genre  Canis.  11  distingue  trois  espèces,  confondues, 
jusqu'à  présent ,  sous  le  nom  de  CanisAzarŒ  :  1 .  Canis  melan- 
pus  Wagn.,  2.  C.  vetulus  Lund  ,3.  C.  Melanostomus  Mus.  Vin- 
dob.  —  Structure  du  crâne  et  des  dents  du  Canis  jubatus. 

XX.  Description  d'une  espèce  de  Chauve-souris ,  appartenant 
au  genre  Thyroplera  ;  par  M.  Rasch^  avec  des  remarques  de 
M.  A  Wagner  (p.  361).  ~  Identique  avec  la  Thyropiera  tricolor 
Spix,  qui  n'était  encore  connue  qu'imparfaitement. 

XXI.  Phrases  diagnostiques  de  nouvelles  espèces  de  Chirop- 
tères du  Brésil;  par  M.  A.  JVagner  p.  365).  —  Phyllostomalon- 
gifoHum  Natt,,  amblyotis  Natt.,  discolor  Natt.,  personatum 
îiaii.,  pusillum  Natt.,  bilabiatum  Natt.,  calcaratum  Wagn., 
Chylonycteris  gymnonotus  ^alt.,  personata  ^agn.,  rubigi- 
nosa  Natt.,  Emballonura  macrotis  Wagn.,  brevirostrisyiai^n., 
Dysopes  longimanus\\8Lgn.,  leucopleurafiàtt.,  glaucinus Natt., 
holosericeus  Natt.,  albus  Natt.,  auritus  Natt.,  gracilis  Natt. 

XXH.  Observations  sur  la  génération  de  l  Ursus  arctos  et 
description  des  4  races  d'Ours  vivant  en  Galicie^  psiv  M.  de 
Siemuszowo-Petruski  (p.  369). 

XXIII.  Remarques  supplémentaires  sur  tes  familles  natu- 
relles des  Poissons;  par  M.  J.  Mûller  (p.  381.  Voy.  n»  XVI). 

XXIV.  Phrases  diagnostiques  de  22  espèces  nouvelles  d'oi- 
seaux du  Pérou;  par  M,  J.  J.  Tschudi  (p.  385).  — Les  descrip- 
tions détaillées  avec  des  figures ,  seront  publiées  dans  la  partie 
ornithologique  de  la  Faune  du  Pérou  ,  du  même  auteur. 

XXV.  Observation  sur  la  Mantis  carolina;  par  M.  Zimmer- 
mann  (p.  390  .  —  M.  Erichson  avait  douté  (Wiegm.  Arch.  1839. 
II,  p.  347)  que  la  Mantis  carolina  pouvait  dévorer  des  amphi- 
bies plus  grandes  qu'elle-même.  M.  Zimmermann  cherche  à  ré- 
futer ce  doute  dans  une  lettre  communiquée  par  M.  Erichson, 
ayant  répété  ces  expériences  avec  le  même  résultat. 

Le  volume  II  contient  les  rapports  sur  les  progrès  de  l'histoire 
naturelle  des  Mammifères  ^  par  M.  A.  Wagner  à  Munich  (p.  1), 
des  Oiseaux^  par  le  même  (p.  68),  des  Amphibies ^  par  M.  Tros- 
chel  (p.  70  ,  des  Poissons ^  par  le  même  p.  99),  des  Mollusques , 
par  le  même  (p.  115),  des  Insectes  Arachnides,  Crustacés  et 
Fntomostracés ,  par  M.  Erichson  (p.  149),  des  Annulés,  par 
M.  de  Siebold  (p.  289),  des  rers  intestinaux  ^  par  le  même 
(p.  300),  et  sur  les  travaux  publiés  en  1841  et  1842  concernant 


132  RKYUE    ZOOLCGIQUK.     [AWil    1845  ) 

les  classes  des  Echinodermes ,  Acalèphes ,  Polypes  et  Infusoires 
par  M.  de  Siebold  p.  335). 

Trattato  delle  m jimE^  etc. —Traité  des  Actinies  et  observations 
sur  quelques  espèces  vivantes  des  environs  de  Venise ,  par 
le  comte   Contarini.  (  1  vol.  in-4  de  2Q  feuilles  et  demie, 
avec  21  pi.  lithogr.  et  color.  —  18  livres  d'Autriche). 
Cet  ouvrage   important  a  été  publié  sous   les  auspices  de 
S.  A.  I.  l'archiduc  Rénier,  vice-roi  du  Royaume  Lombardo-véni- 
tien.   Après  une  courte  introduction  dans  laquelle  l'auteur  ex- 
plique le  but  et  le  plan  de  son  travail ,  il  le  divise  en  neuf  parties 
qu'il  nomme  articles  et  que  nous  nommerons  chapitres. 

Chapitre  1".  —  Des  Actinies  en  général.  —  C'est  un  résumé 
bien  fait  de  ce  qu'on  savait  de  plus  général  sur  les  mœurs  et  sur 
l'organisation  de  ces  animaux. 

Chap.  2.  —  De  la  hase  ou  du  pied,  du  corps,  du  disque 
supérieur,  de  la  bouche ,  des  tentacules,  des  suçoirs  et  des  si- 
phons. —  Ici  l'auteur  examine  ,  pièce  par  pièce,  toutes  les  par- 
ties de  l'organisme  extérieur,  et  il  divise  ce  chapitre  en  cinq  ar- 
ticles ou  paragraphes. 

§  l**^.  —  Du  pied.  —  En  exposant  les  secrets  de  sa  conforma- 
tion, l'auteur  a  soin  de  nous  apprendre  pourquoi  cette  pièce, 
qui  est  d'ailleurs  si  faible  pour  la  locomotion ,  et  qui  ne  permet  à 
l'Actinie  que  des  mouvements  excessivement  lents  ,  est  au  con- 
traire si  puissante  pour  la  fixer  sur  des  corps  solides  dont  on  ne 
la  détache  jamais  sans  éprouver  de  résistance  et  souvent  sans  la 
déchirer  ou  la  blesser.  Ce  phénomène  ,  que  les  uns  ont  attribué 
à  l'action  d'une  espèce  de  suçoir,  d'autres  à  l'intervention  d'une 
sécrétion  visqueuse  et  collante,  n'est,  selon  lui,  que  le  résultat 
d'une  forte  adhésion  semblable  à  celle  de  deux  verres  ou  autres 
corps  lisses  et  un  peu  humides  frottés  l'un  contre  l'autre  et  juxta- 
posés. Les  muscles  du  pied  lui  paraissent  assez  forts  pour  suffire 
à  cette  adhésion  et  à  cette  résistance. 

§  2.  — Du  corps,  —  Le  corps,  qu'il  aurait  peut-être  mieux 
valu  appeler  le  tronc ,  est  la  portion  de  l'animal  comprise  entre 
le  pied  et  le  disque  supérieur.  Contrairement  à  l'opinion  de  Ca- 
rus,  qui  lui  a  supposé  un  fipiderme  corné,  M.  Contarini  le  dit 
nu ,  rayonné  intérieurement ,  charnu,  sans  enveloppe  défensive, 
non  gélatineux  el  très-irritable.  Il  insiste  sur  la  variété  surpre- 


ANALYSES   d'oOVRAGES  NOCVEAUX.  133 

nante  des  formes  difTërentes  qu'il  peut  prendre  à  volonté  ,  et  il 
fait  remarquer  qu'elles  sont  toujours  en  rapport  avec  les  muta- 
tions simultanées  de  la  base. 

g  3.  —  Du  disque  supérieur  et  de  la  bouche,  —  Entre  autres 
détails  de  la  bouche,  l'auteur  appelle  notre  attention  sur  une 
couronne  de  protubérances  arrondies  qu'on  voit  souvent  entre 
les  tentacules  et  l'orifice  buccal.  Linné  les  a  prises  pour  des 
dents.  M.  de  Blainville  y  a  vu  des  organes  de  son  appareil  aqui- 
fère.  Notre  auteur  les  regarde  comme  des  glandes  salivaires.  Son 
opinion ,  qu'il  confirme  plus  bas  par  des  observations  qui  lui 
sont  propres ,  s'accorde  très-bien  avec  celle  que  G.  Cuvier  a 
émise  à  propos  des  Holothuries  qui  sont ,  entre  tous  les  ani- 
maux ,  ceux  que  l'on  estime  et  qui  sont ,  en  effet,  les  plus  voi- 
sins des  Actinies. 

§  4.  —  Des  tentacules.  —  Les  tentacules  des  Actinies  soniXes 
seuls  membres  qui  puissent  être  les  instruments  dociles  de  leurs 
volontés.  Aussi  les  emploient-elles  à  différents  usages.  Elles  s'en 
servent  pour  nager,  pour  se  cramponner,  pour  saisir  une  proie, 
pour  la  porter  à  leur  bouche.  Tout  le  monde  savant  en  est  d'ac- 
cord. M.  Contarini  n'a  omis  aucun  de  ces  détails  et  il  donne  de 
très-bonnes  explications  de  leur  mécanisme.  Mais  il  y  une  autre 
question  sur  laquelle  les  avis  sont  encore  partagés.  Ces  tenta- 
cules sont-ils  perforés  à  leur  extrémité  ,  et ,  s'ils  le  sont,  à  quoi 
leur  sert  cet  orifice  terminal  ?  MM.  de  Quatrefages  et  Délie  Chiaie 
en  ont  nié  l'existence.  Ehremberg  l'a  contestée  pour  son  G.  Cu- 
brina.  M.  Dujardin  ne  Ta  admise  qu'avec  doute  ;  cependant 
Spallanzani  l'avait  remarquée  longtemps  auparavant.  M.  Grube 
l'a  reconnue,  et  M.  de  Blainville  l'a  non-seulement  admise, 
mais  il  en  a  donné  une  description  parfaitement  juste.  «  Ce  que 
»  les  tentacules  offrent  de  plus  remarquable,  dit-il ,  c'est  qu'ils 
»  sont  vides  dans  toute  leur  étendue,  ouverts  à  leur  extrémité , 
»  et  qu'ils  communiquent  avec  le  parenchyme  cellulo-vasculaire 
»  du  corps.  Il  s'ensuit  qu'ils  peuvent  entrer  en  une  espèce  de 
»  turgescence  par  l'introduction  de  l'eau  dans  leur  intérieur,  et 
»  qu'en  se  contractant  ils  peuvent  la  lancer  à  une  grande  dis- 
»  tance.  »  M.  Contarini  est  du  même  avis.  Les  expériences  qui 
lui  sont  propres  et  sur  lesquelles  nous  aurons  à  revenir  avec  lui , 
lui  ont  prouvé  que  ces  orifices  terminaux  servent  en  effet  à  une 
espèce  de  circulation  aéréo-aqueuse. 


134  REVDE  zooLOGiQDE.  [Avrll  1845.) 

§  5.  —  Des  suçoirs  et  des  siphons.  —  M.  Contarini  confirme 
ici  l'observation  de  Rapp  qui  avait  distingué  deux  espèces  de 
pores  différemment  répandus  sur  le  corps  des  Actinies.  Les  pre- 
miers ,  les  plus  anciennement  connus ,  sont  situés  aux  sommets 
de  petites  éminences  qu'on  a  pu  comparer  à  des  mamelons  ;  ils 
sont  disposés  en  séries  circulaires  :  ce  sont  les  suçoirs  propre- 
ment dits  ;  l'animal  s'en  sert ,  le  plus  souvent ,  pour  s'accrocher 
à  des  corps  solides,  et  quelquefois  pour  se  couvrir  lui-même  de 
corps  étrangers  et  s'en  faire  un  mur  de  défense  ;  les  autres,  où 
les  siphons  sont  épars  sur  le  corps,  souvent  sans  ordre  détermi- 
nable ,  quelquefois  en  lignes  verticales  ;  ils  ne  sont  pas  proémi- 
nents, et  ils  ne  sont  visibles  qu'à  la  loupe.  Ce  sont  eux  qui  intro- 
duisent l'eau  de  la  mer  dans  la  cavité  des  tentacules  ,  et  dans  la 
cellule  des  ovaires.  Ce  sont  eux  qui  la  rendent  aussi  avec  vio- 
lence lorsque  l'animal  est  irrité  ou  pressé  par  Jle  besoin  de  sa  dé- 
fense. En  de  pareilles  circonstances,  les  siphons,  placés  le 
plus  près  de.  la  base,  rendent  des  fils  allongés  ordinairement 
blancs  ,  rouges  dans  les  espèces  qui  posent  sur  les  coquilles  des 
Mollusques  purpurigènes ,  que  M.  Rapp  a  appelés  des  produc- 
ten^  Dugès  des  filaments  pourprés,  G.  Guvier,  bien  à  tort ,  des 
ovaires ,  et  dans  lesquels  M.  Contarini  a  reconnu  de  véritables 
vaisseux  spermatiques. 

Chap.  m.  —  De  la  locomotion.  —  Ce  chapitre  est  très-court. 
L'auteur  y  mesure  le  temps  qu'une  Actinie  met  à  parvenir  à  une 
certaine  distance  à  l'aide  de  son  pied  :  ce  mouvement  est  très- 
lent  .  L'animal  emploie  à  peu  près  une  heure  à  parcourir  un  es- 
pace de  cinq  centimètres  ;  il  a  cependant  un  autre  moyen  de 
courir  plus  vite  et  plus  loin.  11  faut  alors  qu'il  quitte  le  corps  au- 
quel il  s'était  fixé  ,  qu'il  diminue  son  poids  spécifique  en  se  rem- 
plissant d'eau  et  d'air,  et  qu'il  s'abandonne  ensuite  aux  caprices 
des  ondes  jusqu'à  ce  qu'il  ait  rencontré  un  autre  corps  fixe  qui 
satisfasse  aux  conditions  d'une  solidité  rassurante. 

Chap.  iv.  —  De  la  nourriture,  —  Les  Actinies  se  nourrissent 
de  toute  espèce  animale  marine.  Elles  s'en  assimilent  les  parties 
molles  et  charnues.  Mais  contrairement  à  l'assertion  de  M.  Délie 
Chiaie,  Fauteur  remarque  qu'elles  n'ont  aucun  moyen  d'atta- 
quer des  substances  osseuses ,  cornées  et  testacées.  Si  elles  les 
avalent  par  accident  ou  par  nécessité  ,  elles  ne  les  entament  pas 
et  elles  finissent  par  les  rendre  par  la  bouche  qui  est  aussi  leur 


ANALYSES    d'oOVRAGES    NOUVEAUX.  135 

anus.  M.  Contarini  en  a  eu  une  preuve  décisive.  On  avait  cru  que 
ces  Actinies ,  conservées  dans  Teau  salée ,  pouvaient  y  jeûner 
impunément  pendant  huit  mois  et  même  pendant  une  année.  Il 
n'en  est  pas  ainsi  :  cette  eau  nourrit  des  myriades  d'infusoires 
microscopiques.  Notre  auteur  a  vu  flotter,  à  la  surface  de  l'eau 
leurs  dépouilles  vidées  et  vomies  par  les  Actinies. 

Chap.  v.  —  De  la  reproduction,  —  La  reproduction  des  Ac- 
tinies peut  s'opérer  de  trois  manières  bien  différentes  ;  par  ac- 
couchement ,  par  scission  volontaire  et  par  scission  accidentelle. 
Les  deux  premiers  modes  supposent  également  la  préexistence 
d'un  germe  fécondé.  Ils  sont  le  sujet  du  §  1*'  De  la  génération 
et  de  la  multiplication  des  espèces. 

Quant  au  premier  mode,  après  avoir  exposé  de  la  manière  la 
plus  complète  et  la  plus  consciencieuse  tout  ce  qui  en  avait  été 
dit  avant  lui ,  l'auteur  en  vient  à  son  propre  système  comme  au 
seul  qu'il  puisse  concilier  avec  ses  expériences  et  avec  ses  obser- 
vations anatomiques. 

1°  Toutes  les  Actinies  qu'il  a  observées  sont  hermaphrodites. 
Les  ovaires  sont  les  organes  femelles,  les  vaisseaux sperma tiques 
sont  les  organes  mâles. 

2°  La  fécondation  des  œufs  et  le  développement  de  l'embryon 
s'accomplissent  dans  l'intérieur  des  cellules  nombreuses  qui 
remplissent  l'espace  compris  entre  l'estomac  et  les  téguments  ex- 
térieurs. 

3°  Les  Actinies  sont  normalement  vivipares.  Les  jeunes  sor- 
tent des  œufs  avant  d'entrer  dans  l'estomac  ;  elles  en  sortent  par 
la  bouche  qui  est  l'analogue  de  la  vulve  comme  elle  est  aussi 
celui  de  l'anus. 

40  Les  jeunes  sont  parfaitement  semblables  à  leurs  mères. 
Elles  n'en  diffèrent  que  par  la  petitesse  de  leur  taille  et  par  le 
moindre  nombre  de  leurs  tentacules. 

6"  Ce  mode  de  reproduction  est  essentiellement  normal. 
C'est  aussi  le  plus  productif.  Le  nombre  des  ovaires  n'est  guère 
moins  de  vingt-quatre,  et  chaque  ovaire  contient  des  milliers 
d'œufs. 

La  multiplication  par  scission  volontaire  a  été  appelée  très- 
improprement  multiplication  par  bouture.  Elle  a  lieu  lorsque 
l'un  des  ovaires  acquiert  un  volume  excessif  et  exerce  une  ac- 
tion irritante  contre  les  parois  extérieures  du  corps.  Alors  l'ani- 


136  REVUE  zooLOGiQDE.  (  yévril  ISi-S.) 

mal  se  contracte  brusquement ,  se  déchire  lui-même  et  se  sé- 
pare d'une  portion  de  sa  base  qui  entraîne  avec  elle  l'ovaire 
turgescent.  Les  œufs  fécondés  se  développent  après  cette  sépara- 
tion et  leur  développement  est  d'autant  plus  rapide  et  plus  heu- 
reux qu'il  avait  été  plus  avancé  dans  le  sein  de  l'Actinie  mère. 
]1  est  clair  que  cette  scission  d'une  partie  du  corps  diffère  essen- 
tiellement de  la  bouture,  et  qu'elle  doit  être  bien  moins  produc 
tive  que  l'accouchement  normal. 

11  peut  arriver  que  dans  les  moments  de  la  plus  grande  irri- 
tation, l'Actinie  rende  quelques  œufs  fécondés  et  viables  par  les 
siphons  latéraux  du  tronc  et  par  l'orifice  terminal  des  tenta- 
cules. M.  Contarini  les  a  surprises  sur  le  fait,  mais  cet  accident 
e&t  une  espèce  d'avortement,  et  s'il  n'est  pas  toujours  mortel 
pour  l'embryon,  nous  ne  devons  y  voir  qu'une  des  compensa- 
tions de  l'infériorité  de  l'Actinie  dans  l'échelle  animale. 

De  la  faculté  de  reproduire  les  parties  coupées.  —  C'est 
sous  ce  titre  que  M.  Contarini  traite  du  troisième  mode  de  re- 
production que  les  Actinies  partagent  avec  plusieurs  autres  ani- 
maux inférieurs.  Ses  expériences  sur  les  u4ct.  concentrica  et 
diaphana ,  lui  ont  appris  que  si  elles  sont  coupées  en  deux ,  en 
trois  et  même  en  quatre ,  elles  se  reproduisent  en  autant  d'in- 
dividus qu'il  y  a  eu  de  fragments.  Il  a  varié  ses  coupes  sur  plu- 
sieurs points  et  en  différentes  directions  pour  mieux  connaître 
rimportance  de  chaque  partie  ;  il  a  reconnu  que  la  base  jouit  de 
la  plus  grande  force  reproductive  ,  et  il  en  a  conclu  qu'elle  est 
le  siège  principal  du  principe  vital.  Il  a  vu  aussi  que  les  tenta- 
cules sont  les  parties  qui  se  reproduisent  le  plus  tôt  et  le  plus 
souvent ,  et  il  en  a  conclu  qu'elles  exercent  les  fonctions  les  plus 
importantes  pour  le  maintien  de  la  vie. 

Chap.  VI.  —  De  la  structure  interne.  —  Pour  ne  pas  sortir 
des  bornes  d'une  simple  analyse,  je  dois  m'abstenir  de  répéter 
tout  ce  que  M,  Contarini  a  dii  dire  des  découvertes  anatomiques 
des  autres  et  ne  parler  que  de  ce  qu'il  en  a  pensé  et  de  ce  qu'il 
y  a  ajouté.  Parfaitement  au  niveau  de  la  science  ,  n'étant  étran- 
ger à  aucun  des  faits  constatés  avant  lui ,  d'accord  avec  G.  Cu- 
vier,  Meckel,  Leuckart ,  le  docteur  Rapp,  MM.de  Blainville,  de 
Quatl-efages  et  Délie  Chiaie  ,  il  ne  croit  pas  à  l'existence  de  ce 
système  nerveux  que  le  docteur  Spix  a  affirmé  et  représenté , 
que  M.  Grantt  a  admis  sur  sa  parole  et  dont  le  docteur  Johnston 


ANALYSES    d'oUVRAGES    NOUVEAUX.  137 

s'est  contenté  de  douter.  11  a  vu  ,  lui  aussi ,  ces  nerfs  prétendus 
et  ces  nœuds  que  Spix  a  dessinés;  mais  il  les  a  regardés  comme 
les  rebords  saillants  des  lamelles  internes.  11  se  prononce  ,  au 
contraire,  de  la  manière  la  plus  formelle,  pour  l'existence  des 
organes  mâles.  Ces  corps  filamenteux  qui  existent  dans  toutes 
les  cellules  internes,  qui  y  sont  toujours  enroulés  avec  les 
ovaires,  qui  ne  se  confondent  pas  avec  eux  ,  et  qui  n'en  dépen- 
dent pas,  sont,  à  ses  yeux,  des  vaisseaux  spermatiques,  par  la 
grande  raison  qu'ils  ne  peuvent  pas  être  autre  chose. 

Dans  le  même  chapitre,  l'auteur  consacre  un  article  à  part  à 
la  grande  question  de  la  circulation  aéréo-aqueuse.  Il  en  a  con- 
staté la  réalité  ,  et  voici  comment  il  l'a  conçue  et  comment  il  l'a 
décrite  :  Les  tentacules,  vides  à  l'intérieur  et  ouverts  à  leur  ex- 
trémité, absorbent  d'abord  l'eau  de  la  mer  et  l'introduisent  dans 
un  grand  canal  circulaire  placé  au  bord  du  disque  supérieur 
entre  la  bouche  et  la  dernière  rangée  des  tentacules.  Toutes  le» 
cellules  qui  contiennent  des  ovaires  viennent  aboutir  à  ce  canal 
et  en  reçoivent  le  liquide  passé  dans  la  circulation.  Après  le  temps 
nécessaire  pour  l'assimilation  conservatrice,  ces  cellules  la  ren- 
dent à  l'estomac  par  deux  ouvertures  latérales  du  fond  que  l'au- 
teur a  découvertes  et  constatées.  Cette  eau  est  ensuite  rejetée  , 
par  un  mouvement  péristaltique  de  l'estomac ,  et  elle  sort  par 
l'orifice  extérieur  unique ,  qui  fait  alors  l'office  d'un  évent.  Or, 
avec  l'absorption  de  l'eau,  il  y  a  aussi  absorption  de  quelques 
particules  d'air.. Cet  air,  accompagne  l'eau  dans  son  cours  de  cir- 
culation et  sort  avec  elle.  11  y  a  donc  à  la  fois  circulation  et  res- 
piration. M.  Contarini  prouve  très-bien  que  son  système  se  con- 
cilie suffisamment  avec  les  faits  découverts  par  ses  devanciers. 
Mais  il  tire  ses  preuves  les  plus  directes  des  expériences  qu'il  a 
faites  lui  même  et  que  nous  transcrirons  ici,  quoiqu'il  n'en  ait 
parlé  qu'à  l'article  de  l'espèce  qui  en  a  été  le  sujet.  Après  avoir 
inutilement  essayé  une  infusion  de  rubia  tinctorum  dans  de 
l'eau  de  mer,  «j'ai  pris  ,  dit-il ,  de  la  teinture  au  suc  d'amarante 
»  (phitolacca  decandra,  Linn.),  je  l'ai  mêlée  avec  de  l'eau  salée, 
»  et  j'y  ai  immergé  deux  de  mes  Actinies  {Actinia  concentrica , 
»  Risso).  Au  bout  de  vingt-quatre  heures  elles  étaient  mortes  et 
»  très  durcies.  Elles  avaient  versé  ,  par  toute  la  surface  du  corps, 
»  une  grande  quantité  de  bave  visqueuse  et  collante.  11  en  sor- 
»  tait  encore  :  l'eau  en  était  imprégnée  et  elle  filait  commcrimiU 


138  REVUE  zooLOGiQUE.  (Avvil  1845.) 

»  ou  comme  le  vin  tourné  à  la  graisse.  Les  Actinies  s'étaient  con- 
»  sidérablement  contractées  etrapetissées.  J'en  ai  choisi  une;  je 
»  l'ai  coupée  en  travers  avec  un  rasoir,  et,  contre  mon  attente, 
»  je  me  suis  aperçu  que  la  couleur  amarante  avait  pénétré  dans 
»  l'intérieur  du  corps.  Elle  y  occupait  les  cavités  tentaculaires , 
»  le  grand  canal  discoïdal  et  les  cellules  des  ovaires.  L'estomac 
»  n'était  pas  encore  coloré.  Les  Actinies  étaient  mortes  avant  que 
»  l'infusion  y  fût  arrivée.  Cette  expérience,  plusieurs  fois  répé- 
»  tée,  m'a  donné  presque  toujours  les  mêmes  résultats.  Plus 
•  tard ,  en  ayant  ouvert  deux  autres  ,  j'ai  trouvé  que  les  ovaires 
»  flottaient  dans  la  liqueur  qui  avait  pénétré  dans  tous  les  con- 
»  duits  de  la  circulation  et  que  l'estomac  et  les  glandes  salivaires 
»  étaient  encore  incolores.  Enfin ,  en  ayant  ouvert  une  autre  , 
»  j'ai  trouvé  que  l'estomac  était  aussi  rempli  de  couleur,  ce  qui 
»  m'a  prouvé  que  la  circulation  aéréo-aqueuse  avait  été  plus 
»  avancée  dans  cet  individu  au  moment  de  sa  mort.  » 

Chap.  vil  —  De  l'utilité  et  des  propriétés  des  Actinies.  — 
Tout  le  parti  que  l'homme  a  su  retirer  de  ces  petits  animaux  est 
traité  avec  beaucoup  d'érudition.  11  parle  successivement  de 
l'emploi  que  les  anciens  en  faisaient  sur  leurs  tables ,  de  ce- 
lui que  pourraient  en  faire  les  modernes ,  de  leur  action'  irri- 
tante sur  la  peau  qui  les  a  fait  comparer  à  des  orties ,  des  vertus 
médicinales  que  leur  attribuent  Gallien ,  Pline  ,  Wolton  etFrot- 
tula ,  des  tentatives  de  Dicquemare  pour  s'en  servir  au  lieu  de 
baromètre,  de  la  durée  de  leur  vie,  de  la  disproportion  qui 
existe  entre  le  peu  qu'elles  consomment  et  la  quantité  de  nour- 
riture qu'elles  fournissent  aux  autres  habitants  de  la  mer  ; 
disproportion  telle,  que  M.  Contarini  n'hésite  pas  à  les  compter 
au  nombre  des  animaux  utiles  à  l'homme. 

Chap.  VIII.  —  De  la  classification  des  Actinies.  —  Il  ne  s'agit 
ici  que  de  la  place  de  la  famille  dans  une  bonne  méthode  zoolo- 
gique. Après  avoir  passé  en  revue  tout  ce  qui  avait  été  proposé 
avant  G.  Cuvier,  il  s'attache  à  la  méthode  de  ce  dernier,  et  il  en 
expose  avec  beaucoup  de  clarté  les  principes  fondamentaux.  Ce 
chapitre,  qui  n'a  en  lui-même  rien  de  neuf,  était  nécessaire 
pour  l'intelligence  du  suivant, 

Chap.  IX.  —  Des  espèces.  —  M.  Contarini  a  calculé  que  le 
nombre  total  des  Acfinies  citées  par  les  auteurs ,  et  qui  sont 
bien  ou  mai  connues,  n'est  pas  moindre'jde  cent.  Mais  comme 


ANALYSES   D  0UVR4GES   NOUVEAUX.  139 

il  n'a  voulu  parler  que  de  celles  qu'il  a  vues  et  observées  vivan- 
tes, il  n'a  pris  en  considération  que  les  treize  espèces  qu'il  a 
trouvées  dans  les  environs  de  Venise ,  et  il  a  pu  les  répartir  en 
deux  coupes  génériques  d'après  un  caractère  très-naturel  et 
dont  personne  ne  lui  contestera  la  valeur,  la  rétractilité  et  la 
non-rétractilité  des  tentacules. 

1"  Div.  — Actinies  nues,  à  tentacules  rentrants.  —  G.  Cuti- 
NiA,  onze  espèces. 

2'  Div.  —  Actinies  nues  ,  à  tentacules  non  rentrants.  — G. 
Anemonia,  Cont.,  deux  espèces. 

La  présence  des  pores  latéraux,  et  le  nombre  des  tentacules, 
sont ,  aux  yeux  de  M.  Contarini ,  des  caractères  trompeurs 
qui  ne  méritent  aucune  confiance  dans  la  détermination  des 
espèces  et  encore  moins  dans  l'établissement  des  genres.  M.  Délie 
Chiaie ,  qui  avait  vu  avant  Ehremberg  ces  pores  que  le  natura- 
liste allemand  a  donnés  pour  les  caractères  de  son  G.  Eribrina, 
et  qui  ont  ensuite  servi  à  M.  Brandt  pour  sa  famille  des  Éribri- 
nacées  ,  s'est  assuré  qu'ils  diffèrent  non  -  seulement  dans  les 
espèces  des  mêmes  genres ,  mais  même  dans  les  individus  de  la 
même  espèce  _,  et  que  souvent  ils  varient  encore  dans  le  même 
individu  selon  les  différentes  époques  de  sa  vie.  M.  Contarini , 
qui  a  vu  naître  une  infinité  de  petites  Actinies,  et  qui  en  a  suivi 
le  développement  progressif,  les  a  toujours  vues  commencer 
par  une  seule  rangée  de  quatre  à  cinq  tentacules;  le  nombre 
des  rangées,  et  les  nombres  des  tentacules  de  chaque  rangée 
augmenter  chaque  jour  et  le  terme  de  l'accroissement  être  en- 
core douteux  dans  la  plupart  des  espèces.  Il  a  eu  bien  raison  de 
rejeter  d'emblée  toutes  les  divisions  qui  n'ont  d'autre  fondement 
qu'un  appui  aussi  faible  et  aussi  fragile. 

11  a  également  dédaigné  de  tenir  compte  de  la  forme  du  pied, 
de  celle  du  tronc,  de  la  dilatation  du  disque,  du  contour  de  la 
bouche,  parce  que  toutes  ces  circonstances  sont  toujours  de 
passage  et  parce  qu'elles  changent  à  chaque  instant,  dans  cha- 
que individu.  Les  traits ,  qui  lui  ont  paru  d'une  importance 
réelle  et  auxquels  il  s'est  fidèlement  attachés,  sont. les  sui- 
vants : 

1°  L'ensemble  de  l'Actinie  et  ses  différents  aspects  dans  les 
deux  cas  opposés  de  son  extrême  expansion  et  de  son  extrême 
contraction  : 


I 


140  REVDE    ZOOLOGIQUE.    [  Awil  1845.) 

S'  La  surface  du  corps  qui  peut  être ,  ou  lisse ,  ou  tubercu- 
leuse ,  ou  couverte  de  suçoirs  diversement  disposés  ; 

3°  La  présence  ou  l'absence  des  glandes  salivaires  qui  peu- 
vent être  latentes  ou  internes,  ou  apparentes  et  externes  :  dans 
ce  dernier  cas  ,  leur  position  ,  près  de  la  bouche  ,  ou  à  la  base 
des  tentacules  ou  sur  les  bords  du  disque  supérieur  ; 

4o  La  grandeur  de  Tespace  nu  qui  peut  subsister  entre  la 
dernière  rangée  de  tentacules  et  le  contour  de  la  bouche  ; 

5°  Les  formes  des  tentacules  ,  leur  base  ,  leur  extrémité,  leur 
position,  leurs  dimensions  normales,  leur  contractilité,  et  enfin 
leur  disposition  en  groupes  ou  en  rangées  circulaires  ; 

6°  Les  couleurs,  lorsqu'elles  sont  constantes  et  uniformes  ; 

7°  L'habitation  qui  peut  être  constante  ou  variable ,  à  fleur 
d'eau  ou  à  certaine  profondeur,  etc.; 

8°  Le  maximum  de  la  taille ,  la  comestibilité,  la  propriété  ur- 
ticante. 

Ces  deux  dernières  considérations  ,  étrangères  aux  caractères 
extérieurs,  nous  paraissent  appartenir  plutôt  à  l'histoire  de  l'es- 
pèce plus  qu'à  sa  classification.  Cependant  on  ne  saurait  nier  leurs 
avantages  pour  diriger  les  recherches  et  pour  éclairer  la  critique 
dans  l'estime  des  caractères  que  nous  croyons  les  seuls  ration- 
nels. Quoi  qu  il  en  soit,  notre  auteur  les  a  fait  entrer  dans  ses 
phrases  spécifiques,  et  voici  comment  il  a  signalé,  avec  leur  aide, 
les  treize  espèces  qu'il  a  voulu  illustrer. 

1.  Act.  equindy  Lin.,  semi-ovalis,  longitudinaliter  transverse- 
que  subtiliter  undato-rugoso  striata  ;  obscure  castanea;  glandu- 
lis  marginalibus  superis  albis,  seu  cinereo-viridibus  :  tentaculis 
corpore  brevioribus,  crassis,  conico-elongatis,  albo-pallidis,  sub- 
diaphanis,  apice  obscuriore  ;  limbo  basilari  corpori  concolore  , 
basi  subtus  laete  violacea  ,  in  junioribus  rubro-castanea. 

2.  Act.  rubra^  Brug.,  semi-ovalis  laeviuscula  et  purpurea  , 
glandulis  marginalibus  cœruleis  ;  tantaculis  rubris  elongato-sub- 
tilibus,  corpore  fere  longioribus;  limbo  basilari  cœruleo  aut 
saphyrino  ;  basi  subtus  amœne  rubra. 

3.  Act.  concentrica .,  JRisso,  brunneo-violacea,pellucida,  li- 
neolis  transversalibus  bruneo-atris ,  sive  circulis  simplicibus  et 
concentricis,  punctisque  nigris  adspersa  ;  glandulis  albis  magnis 
ad  basin  tentaculorum  dispositis  ;  tentaculis  pallido-glaucis, 
hyalinis ,    corpore    longioribus  ;  limbo   basilari    albo-cœruleo , 


ANALYSES  d'oUVRAGKS  NOUVEAUX.  141 

externe  lineolis  parvis  nigris  perpendiculariter  dispositis  notato, 
basi  subtus  pallide  cinerea. 

^.  Act.  diaphana  ,  Bapp.,  rubro  carnea  ,  pellucida,  parva  , 
striis  longitudinalibuS  horizontalibusquecrebrisfere  inconspicuis 
punctisque  minimis  atris  conspersa;  glandulis  ruberrimis;  tenta- 
culis  conicis  triplici  série  dispositis  ;  corpore  concoloribus  apici- 
bus  que  albicanlibus  ;  basi  saepius  dilatata. 

5.  Act.  maculata ,  Brug.^  brunneocinereo  flavoque  albicante 
maculata  ;  glandulis  latentibus  ;  tentaculis  pallidis  albo-macu- 
latis,  quandoque  immaculatis,  filiformibus  ,  hyalinis,  brevibus, 
corona  quadruplici  dispositis;  disco  superiori  circum  os  nudo, 
intus  pallide  carneo,  vittis  albis  radiato  ;  basi  lateraliter  minute 
perforata,  lineolis  brevibus  albisque  notata,  subtus  pallida-flava; 
fixe  Muricibus  adhaerens. 

6.  Act.  carciniopados,  Otto,  subrotundata,  supra  transverse 
rugosa,  crispata,  lateraliter  laeviuscula,  sacculi  formis,  flavo-sub- 
aurea,  punctis  crebiis,  minutis,  rotundatis,  rubro-purpureis  ad- 
spersa  ;  glandulis  inconspicuis,  tentaculis,  albis,  pellucidis,  cor- 
pore  brevioribus  ,  filiformibus,  inœqualibus  ,  sexseriatis  ;  disco 
ovali,  albo,  radiatim  sulcato,  pellucido,  in  nonnullis  annulo 
roseo  notato  ;  limbo  basilari  corpori  concolore  ,  basi  subtus 
cinerea,  couchas  univalvas  involvens  et  caudam  Pagurorum 
protegens. 

7.  Act.effœta,  Lin.,  cylindrico  cuneata,  sordide  flavescens  vel 
brunnea  vittis  duplicatis  longitudinalibus  albo  flavescentibus  no- 
tata ;  glandulis  latentibus  ;  tentaculis  albo  -  hyalinis  ,  brunneo- 
punctatis,  lineola  costali  pallide  brunnea,  quintuplici  série  dis- 
positis, filiformibus  ,  longioribus  ;  disco  superiori  ad  os  minus 
denudato;  basi  saxis  minus  adhaerens  et  Maculatœ  dimidio 
minor. 

8.  Act.  bellis,  Sol.  et  EUis,  pallida  carnea,  verrucis  albis  no- 
tata, ore  ochraceo  aut  rubro,  tentaculis  brevibus,  diversicolori- 
bus,  basi  incrassatis,  cylindricis,  quatuor  vel  quinque  seriatis  ; 
disco  superiori  piano,  late  nudo  ,  saepe  cinereo  aut  variegato  , 
versatili  ;  basi  rubro-carnea,  subtus  radiatim  lineata. 

9.  Act.  auraniiaca,  Délie  Chiaie  ,  cylindrico-truncata  ,  cor- 
pore  rubro  aurantiaco,  maculis  albis  adsperso,  superne  verrucis 
albis  notato  ;  ore  violaceo ,  in  angulis  biglandulato  ;  tentaculis 
supra  albosericeis,  subtus  fuscis,  apicibus  violaceis  ,  quinque  vel 


i42  REVUE  zooLOGiQUK.  (Awil  1845.) 

sex  seriatis';  disco  superiori  piano,  albo  fuscoque  lineato  ,  mar- 
gine  nudo  circum  os  brevi  ;  basi  subtus  corpori  concolore,  si- 
militerque  albo  maculata. 

10.  Act.  verrucosa,  Pennant.,  complanata,  corpore  crasso 
carneo  albo  flavoque  vario,  verrucis  albis  pertusis  longitudinaliter 
striato  ;  disco  piano,  flavo  rubroque  una  cum  ore  subtiliter  li- 
neato, intus  fere  toto  hirto,  limbo  versatili  integro,  quinque, 
octo,decemve  lobato  ;  tentaculis  retractilibus  confertis,  brevibus 
vel  subulatis,  palliderubris,  albo  lineatis  ,  apicibusque  albis  ,  in 
lineas  sex  et  ultra  dispositis  ;  basi  plana,  corpori  concolore  :  saxis 
fixe  adhaerens. 

1 1 .  Act.  viridis^  Lin.,  lœvigata,  corpore  depresso  longitudina- 
liter circumsulcato,  viridi-olivaceo,  sed  plus  minusve  viridi-atro; 
tentaculis  triplici  série  dispositis,  longis,  subulatis,  viscosissimis , 
viridi-hyalinis,  apicibus  pallide  rubris;  ore  prominulo,  inmedio 
discinudi,  radiatim  striati  posito,  etiam  in  contractione  hiante  ; 
glandulis  marginalibus  viridibus  fere  latentibus,  basi  corpori 
concolore,  leviter  sulcata,  plerumque  dilatata,  margine  atro- 
caeruleo,  haud  raro  versatili. 

12.  Anem.  cereus,  Cont.,  paterœformis ,  magna,  crassa,  casta- 
ïiea  Tel  obscure  viridis,  subpellucida,  leviter  sulcata  ,  lineis  lon- 
gitudinalibus  brunneis  albisque  picta;  glandulis  ssepe  latentibus; 
tentaculis  plurimis  longissimis,  crassis,  vermiformibus,  gluti- 
nosis  ,  non  retractilibus ,  octo  ad  decem  striatis  acervatimque 
stipatis,  ad  marginem  disci  dispositis,  glauco-viridibus ,  linea 
alba  longitudinali  notatis,  apicibusque  rubris  disco  cum  os  laté 
nudo  ;  basi  in  margine  undulata,  subtus  flavo  terrea  crebreque 
subtiliter  striata. 

Varietas.  —  Anem.  paterseformis ,  obscure  cinerea  ,  lineis 
ut  in  alia  picta;  tentaculis  basi  pedunculatis,  medio  incrassatis  , 
fere  fusiformibus ,  glauco-viridibus,  apicibus  rubris  et  lineis  al- 
bis carentibus, 

13.  Anem.  cinerea,  N.  Sp.  Cont  ,  cinereo-viridis  ,  subpellu- 
cida :  disco  circum  os  brevi,  glandulisque  latentibus;  tentaculis 
basi  pedunculatis,  fere  fusiformibus,  cinereo-glaucis,  crebris  ma- 
culis  lacteis  adspersis,  triplici  série  dispositis,  hinc  et  inde  stipa- 
tis glutinosisque  ;  basi  subfoliacea,  lateraliter  saspe  sublobata  , 
subtus  viridi-flava  ,  lineis  crebris  distincta ,  limboque  seriatim 
albo  punctato. 


ÀINALYSES    d'oUVRAGKS    ÎSODVKADX.  143 

Chaque  phrase  latine  est  précédée  d'une  ample  synonymie  ac- 
compagnée de  bonnes  observations  qui  prouvent  que  Tauteur 
est  remonté  aux  sources,  et  qu'il  n'a  pas  grossi  sa  liste  en  en 
copiant  d'autres,  comme  cela  n'arrive  que  trop  souvent.  Les 
descriptions,  en  langue  vulgaire,  paraîtront  un  peu  longues  à 
ceux  qui  voudraient  savoir  sans  se  donner  la  peine  d'apprendre. 
Le  fait  est  qu'elles  sont  précisément  ce  qu'elles  doivent  être  pour 
ne  rien  laisser  à  désirer,  et  que  les  dessins  éclaircissent  tous  les 
détails  qui  n'auraient  pas  pu  y  entrer;  mais  ce  n'est  pas  encore 
tout.  11  n'y  a  aucune  espèce  que  l'auteur  n'ait  soumise  à  ses  ex- 
périences, et  qui  ne  lui  ait  fourni  la  preuve  de  quelques-uns  des 
faits  établis  dans  les  généralités.  Ainsi ,  à  l'article  de  VAct, 
equina,  M.  Contarini  parcourt  la  vie  de  l'espèce  à  partir  de  sa 
naissance  jusqu'à  sa  mort  :  il  dissèque  le  cadavre ,  et  il  découvre 
que  les  tubercules  sont  les  continuations  des  lamelles  internes 
et  non  de  simples  prolongements  de  la  peau,  comme  on  l'avait  cru 
avant  lui.  A  celui  de  VAct.  concentrica ,  il  observe  les  lois  de  la 
circulation  aréo-aqueuse,  et  il  soumet  à  plusieurs  épreuves  la 
ténacité  de  la  vie.  A  celui  de  VAct.  diaphana,  il  s'étend  sur  sa 
multiplication  par  scission  volontaire ,  sur  la  reproduction  des 
parties  coupées  et  sur  les  accidents  provoqués  par  une  irritation 
violente,  tels  que  la  sortie  de  l'eau,  des  œufs  et  des  vaisseaux 
spermatiques  par  les  siphons  et  par  l'extrémité  des  tentacules  ; 
je  ne  le  suivrai  pas  dans  cette  voie.  Si  j'avais  à  redire  tout  ce 
qu'il  nous  apprend  d'instructif  et  d'intéressant,  j'aurais  à  trans- 
crire le  texte  même  de  son  livre  ;  j'aime  mieux  appeler  l'atten- 
tion des  naturalistes  sur  les  contrastes  inexplicables  qui  existent 
entre  les  différentes  espèces  des  mêmes  genres ,  contrastes  qui 
nous  feront  commettre  les  méprises  dont  on  court  les  risques 
lorsqu'on  n'attend  pas  que  l'expérience  vienne  confirmer  les  in- 
ductions prématurées  de  l'analogie. 

Changements  apparents  des  formes  et  des  dimensions.  —  Ils 
sont  fréquents  et  médiocres  dansl'^c^  equina  et  dans  VAnem. 
'cereus ,  plus  limités  dans  les  Act.  mriculata  ,  carciniopados  et 
viridis^  rares  et  très-bornés  dans  les  Act.  aurantiaca  et  verru- 
cosa,  sensibles  seulement  à  la  hauteur  du  disque  supérieur  dans 
VÀct.  bellis ,  nuls  au  contraire  dans  cette  partie ,  et  possibles 
seulement  près  de  la  base  dans  VAnem.  cinerea ,  encore  nuls 
quant  à  l'élévation  en  hauteur,   mais   très-remarquables  par 


144  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Awil  18i5.; 

rapport  à  la  largeur  et  à  la  longueur,  dans  VAct.  concenlrica  , 
très-fréquents  et  excessivement  varies  dans  VAct.  diaphana , 
pour  laquelle  la  pi.  V  nous  offre  seize  exemples  différents  de 
ces  mutations  protéi formes ,  également  variés  dans  VAct.  efjwta, 
mais  encore  plus  forts  en  élévation  ,  puisque  le  rapport  de  la 
hauteur  au  diamètre  de  la  base  y  peut  être  de  huit  à  un. 

Sensibilité.  —  Les  mêmes  causes  irritantes  ne  produisent  pas 
le  même  degré  d'irritation  dans  les  différentes  espèces  d'Ac- 
tinies ;  mais  en  général  leur  sensibilité  se  manifeste  par  une 
certaine  contraction  de  quelque  partie  du  corps  ,  et  dans  celles 
à  tentacules  rentrants,  par  les  retraites  de  ces  pièces.  VActinia 
aurantiaca  fait  exception  à  cette  règle.  Placée  dans  les  mêmes 
circonstances ,  soumise  à  la  même  excitation ,  elle  s'est  conduite 
d'une  manière  tout  opposée  ,  et  elle  a  dilaté  les  parties  que  ses 
congénères  ont  l'habitude  de  contracter.  M.Contarini  en  a  été  le 
témoin.  Laissons-le  nous  raconter  lui-même  ce  fait  exceptionnel. 
«  Au  contraire  de  ce  que  j'ai  vu  dans  les  autres  Actinies,  si 
»  celle-ci  est  frottée  légèrement  à  i'entour  de  sa  base,  elle 
T>  éprouve  une  secousse  immédiate  ,  comme  si  elle  se  réveillait 
»  en  sursaut.  Si  elle  était  ouverte  en  partie ,  elle  s'ouvrait  alors 
»  davantage,  et  si  elle  ne  l'était  pas  assez  pour  mes  observations  , 
»  je  n'avais  qu'à  l'irriter  légèrement,  et  je  la  voyais  s'ouvrir  en- 
»  tièrement  et  toujours  par  secousses  ;  c'est  encore  un  des  traits 
B  qui  la  distinguent  des  Act.  verrucosa  et  bellis.  Ces  ébranle- 
»  ments  instantanés  sont  comparables  à  de  petites  secousses 
j>  électriques.  Je  n'ai  pas  pu  remonter  à  leur  cause  ,  n'ayant  eu 
»  qu'un  seul  individu  à  ma  disposition ,  et  cet  individu  ayant 
»  vécu  peu  de  jours.  » 

Nourriture.  —  Quoique  les  Actinies  soient  carnassières,  en 
général ,  elles  ne  vivent  pas  aux  dépens  de  leurs  semblables. 
Si  elles  en  avalent  par  accident,  elles  les  gardent  quelque  temps 
dans  leur  estomac  ,  puis  elles  les  rendent  vivants  et  intacts  , 
M.  Contarini  vient  de  découvrir  que  VAct.  concentrica  fait  ex- 
ception à  cette  règle.  «  J'ai  offert,  dit  il ,  à  mon  Actinie,  une 
»  petite  Ad.  diaphana.  Elle  s'en  est  emparée  avec  ses  tenta- 
»  cules  et  elle  s'est  fermée  immédiatement,  en  retenant  sa  proie. 
»  Au  bout  de  dix  heures,  elle  a  vomi  la  peau  de  l'Actinie  qu'elle 
»  avait  vidée  et  mangée.  J'ai  répété  cette  expérience  sur  un 
»  autre  individu  et  j'ai  obtenu  le  même  succès.  Cette  espèce  a 


OALYSES    DOUVRAr.KS     ^OUVKAUX.  145 

»  donc  la  faculté  de  manger  et  de  digérer  ses  congénères.  » 
Habitation.  —  La  plupart  des  Actinies  se  posent  à  rvolonté 
sur  des  corps  fixés  et  solides  placés  à  différentes  profondeurs, 
et  il  y  a  même  souvent  des  rapports  de  convenance  entre  la  pro- 
fondeur ou  la  nature  du  fond ,  et  leurs  facultés  d'allongement 
vertical  et  de  dilatation  horizontale.  Par  exemple,  VAct.  effœtay 
qui  se  fixe  ordinairement  sur  des  pierres  détachées  ou  sur  des 
coquilles  vidées  plus  ou  moins  enfoncées  dans  la  vase,  est 
aussi  celle  qui  peut  s'élever  le  plus  haut  pour  atteindre  le  niveau 
des  eaux  claires.  Mais  on  trouve  assez  communément  dans  les 
environs  de  Venise,  deux  autres  espèces  qui  aiment  à  rester 
constamment  attachées  à  des  corps  solides  et  mobiles ,  et  qui  les 
quitteraient  s'ils  venaient  à  perdre  leur  mobilité.  Les  Act.  macu- 
lata  et  carciniopados  s'attachent  exclusivement  à  des  coquilles 
habitées.  La  première  ,  au  Murex  brandaris ,  pendant  la  vie  de 
l'habitant  naturel  qu'elle  peut  gêner  par  le  surcroît  de  son  poids, 
et  auquel  elle  n'apporte  certainement  aucun  bénéfice.  La  se- 
conde, au  Trochus  magus  ;  mais  après  la  mort  du  Mollusque  , 
et  lorsque  sa  place  a  été  usurpée  par  le  Fagarus  callidus,  Jiisso, 
les  deux  étrangers  s'arrangent  très-bien  ensemble.  Le  crustacé 
abrite  en  partie  son  abdomen  sous  le  pied  de  l'Actinie ,  et  il  pro- 
fite même  d'une  sécrétion  gélatineuse  qui  s'étend  peu  à  peu  à 
l'entour  de  ce  pied.  Cela  devait  être  ainsi ,  car  si  l'Actinie  eût 
gêné  le  Pagure  ,  celui-ci  aurait  eu  probablement  assez  de  force 
pour  la  détruire  ou  pour  la  chasser  ,  et  dans  tous  les  cas ,  il 
aurait  toujours  eu  la  liberté  de  faire  choix  d'une  autre  habi- 
tation. 

Reproduction.  —  Nous  avons  établi  plus  haut  que  des  trois 
modes  connus,  l'accouchement  par  la  bouche  était  le  plus  na- 
turel ,  le  plus  fréquent  et  le  plus  productif;  cette  règle  ne  s'ap- 
plique pas  rigoureusement  à  VAct,  diaphana.  Dans  cette  espèce, 
la  multiplication  par  scission  volontaire  est  aussi  fréquente,  et 
peut  en  conséquence  nous  paraître  aussi  normale.  M.  Contarini 
l'a  suspectée  dans  une  multitude  de  cas,  et  il  en  a  suivi  toutes  les 
phases. 

Tels  sont  les  faits  principaux  dont  M.  Contarini  a  enrichi  l'his- 
toire des  Actinies  ,  et  qu'il  a  exposés  avec  ordre,  avec  clarté, 
avec  une  sincérité  consciencieuse ,  et  une  rare  modestie.  Cet 
ouvrage  nous  semble  désormais  indispensable  pour  tout  natura- 
TomeVIII.  Année  1845.  10 


iit  REVDB  zooLOGiQBE.  {Airil  1845.) 

liste  qui  aurait  à  étudier  cette  famille,  et  mérite  une  place  hono- 
rable dans  les  bibliothèques  publiques  et  particulières ,  com- 
posées dans  l'intérêt  des  sciences  naturelles. 

Gênes ,  le  23  mars  1 845.  Maximilien  Spinola. 


Liste  des  animaux  articulés  cités  jusqu'à  présent  comme  se  trou- 
vant à  la  Nouvelle-Zélande,  avec  les  descriptions  de  quelques 
nouvelles  espèces;  par  MM.  Ad.  White  et  Ed.  Doubleday,  aide» 
à  la  partie  zoologique  du  Muséum  Britannique.    [Suite.) 

Classe  Crustacés 
Crevettes.  Les  Crevettes  et  crustacés  de  la  même  famille  sont 

abondants  dans  ces  parages. 

15.  Talitrus  brevicornis,  M.  Edw.  1.  c.  III,  p.  15.  Habite  la 
Wouvelle-Zélande. 

16.  Orchestia  Quoyana,  M.  Edw.  1.  c.  III,  p.  19.  Habite  la 
Nouvelle-Zélande . 

1 7 .  Cilonera  Mac-Leayii ,  Leach?  Celui-ci ,  comme  les  autre» 
espèces  qui  lui  sont  alliées ,  a  été  trouvé  sur  la  côte  de  la  Nou- 
velle-Zélande par  le  docteur  Sinclair.  L'exemplaire  du  docteur 
Leach  se  trouve  dans  la  collection  du  Muséum  britannique,  mai» 
qu'il  l'ait  décrit  ou  non  ,  c'est  ce  que  je  ne  puis  affirmer.  11  vient 
après  le  genre  Olencira  de  Leach  (  Dict.  des  scienc.  nat.,  XII, 
p.  350). 

18.  jEga  seu  Sphœr orna?  Oniscus  imbricatus,  Fabr.,  Syst. 
ent.,  296,  2.  —  Hab.  la  Nouv.-Zélande.  Fabr, 

19.  Sphœroma  armata,  M.  Edw.,  1.  c.  III,  p.  210.  —  Habit, 
la  Nouv.-Zélande.  M,  Edw. 

20.  Dinemoura  affinis,  M.  Edw.,  1.  c.  III,  p.  465,  pi.  38, 
f.  15-1 8.  —  Hab.  la  Nouv.-Zélande. 

*  20.  Cypris  Novœ  Zélandiœ,  Baird.  MSS. 

Coquille  ovale ,  allongée,  les  deux  extrémités  de  la  même 
grosseur,  un  peu  enflée  et  faiblement  sinuée  au  milieu  du  bord 
antérieur  ,  blanche ,  lisse  et  luisante ,  tout  à  fait  dépourvue  de 
poils.  Est  voisine  de  la  Ci/p.de<ecfa,Mûller,  mais  diffère  en  ce  que 
la  Coquille  n'étant  pas  unie,  mais  boursouflée  ou  de  forme  sphé- 
rique ,  a  son  extrémité  sillonnée  vers  le  bord  antérieur,  et  plus 
arrondie  sur  la  surface  dorsale.  La  coquille  ne  semble  pas  trans- 
parente. Baird.  —  Hab.  la  Nouv-Zélande.  Mus.  Britann.  Docteur 
Stanger. 


A!SALYShS    DOUVHAGKS    NODVEAnX.  1 47 

(  ClRRHIPÈDES.) 

21.  Anatifa  spinosa^  Quoy  et  Gaim.,  Voy.  Astrol.,  111,  629, 
t.  93  ,  f.  17.  —  Hab.  la  Nouv.-.  élande. 

22.  Anatifa  elongata.  Quoy  et  Gaim  ,  Voy.  Astrol.,  III,  635, 
t.  9:^  f.  6.  —  Hab.  la  baie  des  lies. 

23.  Anatifa  tubulosa,  Quoy  et  Gaim.,  Voy  Astrol.,  111 ,  643  , 
t.  93,  f.  5.  —  Hab.  la  Nouv.-Zélande. 

24.  Lepas  balœnaris ,  Gmelin,  Chemn.,  VIII,  t.  99,  f.  845-6. 
Balanus  circulus ,  Mus.  Genev.  —  Hab.  la  Nouv.-Zélande.  Dr. 
DiefTenbach. 

25.  Tubicinella  trachealis.  Lepas  trachealis,  Shaw,  N.  Miscel. 
XVII,  t.  726.  L.  tracheœformis  ,  Wood.  Conch.  31,  t.  10,  f.  1-3. 
Tubicinella  major  et  T.  minor,  Lam.,  Ann.  Mus.  H.  N.,  VI,  461 , 
t.  30,  f.  1-2.— Vit  sur  la  peau  des  Baleines.  Nouv.-Zél. 

26.  Elminius  plicatus,  Gray,  n.  s.  —  Hab.  la  Nour.-Zél.  Mr. 
Yate  et  Dr.  Dieffenbach  :  valves  jaunes,  fortement  plissées  et  sil- 
lonnées, surtout  à  la  base  ;  valves  operculaires  épaisses.  La  par- 
tie apicale  des  valves  est  généralement  usée;  comme  l'E.  Kingii, 
les  valves  sont  solides  et  non  cellulaires.  Quand  l'animal  est 
jeune,  les  valves  sont  d'un  blanc  pourpré. 

11  y  a  une  autre  espèce  de  ce  genre  trouvée  sur  les  Conchole- 
pas  ,  qui  est  plissée  en  dessous  comme  celle-ci ,  mais  pourpre  et 
déprimée  ,  F.  Peruvianus ,  Gray. 

27.  Conta  depressa  ,  Gray.  —  Hab.  la  Nouv.-Zél.  sur  VHalyo- 
tis  iris.  Baie  des  Iles.  Dr.  Sinclair. 

28.  Balanus  ?  Hab.  la  Nouvelle-Zélande  sur  le 
Mytilus  Smaragdus. 

29.  Bal.  ?  Hab.  la  Nouvelle-Zélande, 

Classe  Myriapoda. 

30.  Scolopendra  rubriceps  ,  </,  Newp.  Mss.  Hab.  la  Nouvelle- 
Zélande.  Mus.  Brit.  Dr.  Dieff.  Tête,  labre  et  mandibules  d'un 
rouge  très-foncé  ;  corps  d'un  brun  noirâtre  impur ,  très-étroit 
sur  les  segments  antérieurs ,  mais  dilaté  sur  les  postérieurs  ;  an- 
tennes et  jambes  olive  rougeâtre  ;  paire  postérieure  des  pattes 
munie  en  dessous  de  sept  épines  rangées  en  deux  lignes  obli- 
ques, et  de  trois  épines  au  bord  interne  supérieur. — Long.  4  p. 
3/4.  Newp.  Polack  (1,  322)  parle  d'une  espèce  inoffensive  de 
Mille-pieds  qui  se  rencontre  à  la  Nouvelle-Zélande. 

31.  Spirotreptus  antipodarum^  Newp.  Mss.  Hab.  la  Nouvelle- 


148  RRVUK  zooLOGiQUK.   [Avùl  1845.) 

Zélande.  Mus.  IJrit.  Dr.  Sinclair.  Krun  avec  la  tête  lisse  ,  profon- 
dément excavée  latéralement  derrière  les  antennes  ;  premier 
segment  avec  les  côtés  triangulaires  ,  subaigus  sans  plis  ;  portion 
antérieure  de  chaque  segment  substriée  diagonalement  et  ta- 
chetée d'orange  ;  portion  postérieure  presque  lisse  avec  des  stries 
longitudinales  très-fines;  écaille  préanale  courte,  arrondie.  Ces 
individus  sont  jeunes  et  n'ont  que  35  segments ,  tandis  que  le» 
adultes  en  ont  environ  50.  La  long,  est  1  po.  1/2  à  2  po.  G.  Newp. 
Classe  Aracdinida. 
Une  araignée,  à  Mawi ,  Nouvelle-Zélande,  est  appelée  Pou- 
wercwere.  Walckenaer,  Apt.  II ,  p.  519. 

32.  Mygale  awf2pod2ancf ,  Walk.,  Apt.  l ,  230.  H.  la  Nouvelle- 
Zélande.  Walk. 

33.  Segestria  sœm,  Walk.,  Apt.  1 ,  269. 

34.  Lycosa  nautica  ,  Walk.,  Apt.  I,  340. 
Araneamaiica,  l'araignée  voyageuse.  Polack  en  parle  comme 

se   rencontrant  continuellement    à    la    Nouvelle-Zélande    (  I , 
p.  321  ).  Ce  doit  être  quelque  espèce  du  genre  Lycosa. 

35.  Dolomedes  miri/icus,  Wal.,  Apt.  1,  355. 

36.  yittus  abbreviatus ,  Wal.,  Apt.  1,477. 

37.  Mtus  CooMi,  Vf  si\.,  Apt  A,  478. 

38.  Tegenaria  Justralensis  ,  Wal.,  Apt.  II,  12. 

39.  Epeira  antipodiana,  Wal.,  Apt.  Il ,  93.  Epeire  plumi- 
pède,  Latr.,  Hist.  nat.  des  Ins.,  t.  VII,  p.  275,  n»  86. 

40.  Epeira  crassa,  Wal.,  Apt.  JI ,  127. 
4L  Epeiraverrucom,  Wal.,  Apt.  I,  135. 

42.  Tetragnatha  { Deinagnatha)  Dandridgei ,  White,  N.  S. 
Hab.  laNouvelle-Zélande.  Mus.  I3rit.  Dr.  Sinclair.  Jaune  brunâtre; 
crochets  des  chélicères  et  extrémités  des  pattes  plus  foncés;  yeux 
noirs  (dans  un  individu  rouge-œillet).  Les  chélicères  sont  plus 
longs  que  le  céphalothorax,  plus  étroits  à  la  base,  avec  cinq  épines 
à  l'extrémité,  les  trois  supérieures  plus  grandes  que  les  autres; 
bord  interne  avec  deux  rangées  de  petites  dents,  le  rang  infé- 
rieur plus  nombreux  que  le  supérieur  ;  la  griffe  est  très-longue, 
recourbée  à  la  base,  l'extrémité  est  faiblement  courbée.  Huit 
yeux  placés  sur  deux  lignes  parallèles  faiblement  lunées;  les 
deux  yeux  du  milieu  de  la  ligne  antérieure  sont  plus  rapprochés 
l'un  de  l'autre  que  des  yeux  latéraux  ;  ils  sont  placés  sur  les  côtés 
et  à  la  base  d'une  faible  éminence.  Mâchoires  longues ,  sinuées 


ANALYSES   d'oOVRAGES    NOUVEAUX.  149 

au  bord  externe,  dilatées  à  l'extrétnité  qui  est  coupée  droit  et 
faiblement  arrondie  aux  angles;  palpes  avec  le  second  article 
très-long  ,  le  troisième  très-épais  à  l'extrémité ,  plus  court  que  le 
quatrième  ,  qui  est  poilu  et  considérablement  renflé  au  sommet. 

L'appendice  globuleux  du  mâle,  près  la  base  du  cinquième  ar- 
ticle, est  comme  dans  le  Dolomedes  mirabilis,  Clerk,  Aran. 
Suec,  t.  5  ,  f.  4,  mais  encore  plus  compliqué.  Menton  arrondi  à 
l'extrémité  ,  avec  une  ligne  enfoncée  s'arrondissant  le  long  du 
bord  ;  il  y  a  une  ligne  faiblement  marquée  au  milieu.  Le  cépha- 
lothorax a  la  forme  d'un  ovale  allongé ,  déprimé  ,  avec  deux 
profondes  impressions  au  milieu.  Jambes  longues,  la  première 
paire  est  la  plus  longue,  la  quatrième  est  visiblement  plus  longue 
que  la  seconde,  la  troisième  est  très-courte.  Long,  d'un  mâle 
desséché,  de  l'extrémité  du  corps  à  celle  des  chélicères,  6  lignea. 

J'ai  donné  à  celte  araignée  le  nom  d'un  individu  dont  les  des- 
sins et  les  descriptions  me  semblent  avoir  été  copiés  par  Éleazar 
Albin  dans  sou  Hist.  nat.  des  Araignées ,  publiée  en  1736.  Bra- 
dley,  dans  son  Recueil  philosophique  des  œuvres  de  la  naturo 
(1721),  parle  du  laborieux  M.  Dandridge,  de  Moorfîelds , comme 
ayant  dessiné  et  observé  cent  quarante  espèces  d'araignées  dans 
l'Angleterre  seulement.  Le  baron  Walckenaer,  dans  sa  liste  rai- 
sonnée  d'arachnologistes  (Apt.  I ,  p.  24,  29.),  ne  cite  pas  Dan- 
dridge, car  s'il  eût  connu  ses  travaux,  il  lui  eût  donné  sans  aucun 
doute  une  place  distinguée  parmi  les  aptéristes  iconographes , 
descripteurs  et  collecteurs.  J'ai  formé  un  nouveau  sous-genre 
pour  cette  araignée,  ce  qui,  avec  le  Tetragnatha  (Anetognatha) 
bicolor  de  la  Tasmanie,  Ann.  et  Mag.  d'hist.  nat.,  VII,  p.  475 
forme  deux  sections  dans  cette  famille. 

Aranea  calycina.  M.  Polack  (Nouvelle-Zélande,  I,  p.  321.) 
dit  qu'à  la  Nouvelle-Zélande ,  les  innombrables  araignées  à 
voiles  (Aranea  calycina  ),  lorsque  le  soleil  du  matin  brille  sur 
elles,  humectées  de  la  rosée  de  la  nuit  précédente ,  font  l'effet 
d'autant  d'étoiles  d'eau. 

On  rencontre  abondamment  les  araignées  dans  les  fougères. 
Yate,p.  73. 

Scorpion.  Petit  et  inoffensif.  Se  rencontre  sous  les  écorces  d'ar- 
bres. Polack ,  I ,  p.  321. 

Classe  Insecta.  —  Coleoptera. 

4.3.  Cicindela  tuberculata,  F.  S.  E.  225.  01.  II,  t.  3,  f.  28. 


150  REVUE  ZOOLOGIQUE.   {  Avùt  1845.) 

M.  Charles  Darwin  et  le  D' A.  Sinclair  en  ont  trouvé  plusieurs  in- 
dividus qu'ils  ont  offerts  à  la  collection  du  Musée  Britannique. 

44.  Cicindela  Douei^  Chenu.  Guer.,  Mag.  de  Zool.,  1840, 
pi.  45.  Hab.  la  Nouvelle-Zélande.  Chenu. 

45.  Cymindis  Dieffenhachii ,  White.  C.  Atistralis  ,Komh.  et 
Jacq.  (nec  Déj.  )  D'Urv.,  Voy.  au  pale  Sud  ,  Ins  ,  pi.  I ,  f.  7.  Hab. 
Otago.  Homb.  et  Jacq. 

46.  Lebia  binotaia,  Homb.  et  Jacq.  D'Ur.,  Voy.  au  pôle  Sud  , 
Ins.,  pi.  l ,  f.  8.  Hab.  Akaroa.  Homb.  et  Jacq. 

47.  Heterodactylus  nebrioides,  Guér.,Rev.  Zool.  Cuv.,  1841 , 
p.  214.  Hab.  les  îles  Auckland.  Guér. 

48.  Promecoderus  Lottini ,  BruUé  ,  Hist.  nat.  des  Ins.,  IV, 
p.  450.  M.  Waterhouse  regarde  cet  insecte  comme  une  véritable 
espèce  du  genre  CnemacanthuSyG.  R.  Gray.  Gharlesworth,  Mag. 
of  nat.  hist.,  1840,  p.  355. 

49.  Anchomenus  atratus,  Homb.  et  Jacq.  D'Urv.,  Voy.  au 
pôle  Sud,  Ins.,  pi.  I ,  f .  15. 

50.  Feronia  [Platysma?)  Australasiœ,  Guér.,  Rev.  Zool. 
Cuv.,  1831,  p.  120.  Baie  des  Iles,  Port  Otago ,  Guér.  Mus.  Brit. 

51.  Feronia  {Platysma?)  subœnea^  Guér.,  Rev.  Zool.  Cuv., 
1841,  p.  122.  Port  Otago. 

52.  Oopterus  clivinoides ,  Guér.,  Rev.  Zool.  Cuv.,  1841, 
p.  123.  Iles  Auckland.  Guér. 

53.  Staphylinus  oculatus ,  F.  S.  E.  265,  4.  01.  t.  H,  f.  19. 
Boisd.  Voy.  Ast.  II,  54  ,  t.  9 ,  f.  1.  Er.  Staph.  p.  352. 

54.  Micronyx  chlorophyllus,  Boisd.  Voy.  Ast.  II,  189.  Jlu- 
îele  chlorophylle ^  t.  6,  f.  18. 

55.  Stethaspis  suturalis,  F.  Hope.  Col.  Man.  I ,  pp.  104  ,  404. 
Melolontha  suturalis ,  F.  Syst.  E.  34  ,  12. 

56.  Cheiroplatys  truncatus^  F.  Kirby.  H.  Col.  Man.  I ,  p.  29 
et  84.  Scar.  truncatus,  F.  S.  E.  6-12. 

57.  Pyronota  festiva,  F.  Boisd.  II ,  214.  Mel.  festiva,  F.  S.  E. 
36 ,  23.  01.  I,  t.  5,  f.  48.  Calonota  festiva,  H.  Col.  Man.  I,  p.  40. 
Var.:  Mel.  lœta,F.  S.  E.  36,  24.  01.  I,  t.  6,  f.  56.  Pyr.  lœla, 
Bd.  11,214.  Cal.lœta,  H.  Col.  Man.  I,p.  41  et  107.  Mus.  Brit. 

Le  Dr.  Sinclair  a  trouvé  abondamment  cette  espèce  à  la  baie 
des  Iles,  mais  il  n'a  pas  rapporté  la  variété.  Le  Rev.  Hope  a  donné 
les  caractères  génériques  d'une  manière  plus  détaillée  que  Ir 
D'  Boisduval ,  qui  a  indiqué  brièvement  ce  genre.  Le  nom  d' 


ANALYSES    D  OUVRAGES  NOUVEAUX.  151 

Boisduval  est  néanmoins  antérieur,  à  ce  que  je  crois,  à  celui 
donné  par  M.  Hope. 

58.  Opatrum  lœvigatum,  F.  S.  L.  I,  89,  5. 

59.  Opilus  violaceus ,  F.  Klug,  Abh.  Berlin,  1840,  p.  39J 
JSotoxus  violaceus.F.  S.  E.  1 ,  297,  2." 

60.  Notoœus porcatus ,  F.  Hope.  Col.Man.  III,  p.  137.    , 

61.  Dryops  lineata ,  F.  S.  El.  II ,  G8,  4.  Lagria  lineala,  F.  E. 
S.  124,  3.  Nacerdes  sp.?St-Dej.  Mus.  brit.  Sinclair. 

62.  Pseudhelops  tuberculatus ,  Guér.  Rev.  Zool.  Cuv.  1841, 
p.  425.  Iles  Auckland. 

63.  Brentus  harbicornis,  F.  01.  Curculio  barbicornis  ,  F.  S. 

E.  134-41.  Ent.  V,t.l,f.  5,  t.  Il ,  f.  5.  Scbœnh.  I,  p.353,etV. 
p.  578.  Mus.  Brit. 

Le  Dr.  Sinclair,  avec  le  Dr.  Jos.  Uooker,  a  trouvé  un  individu  de 
cette  espèce  dans  une  crevasse,  entre  l'écorce  et  le  bois  d'un  lo- 
wrie  (Damara  Australis)  ;  il  est  maintenant  au  Mus.  Brit. 

64.  Brentus  assimilis,F.  01.  Ent.  V,  p.  433,  pi.  2 ,  f.  6.  Cur- 
culio assimilis,  F.  S.  E.  134  ,  42.  Sch.  I  ,  p.  356. 

65.  Brentus  cylindricornis ,  F.  Sch.  I,  p.  368. 

66.  Bhadinosomusacuminatus,  Sch.  Cure.  VI,  p.  473.  Lep- 
tosomus  acuminatus,  Sch.  Cure.  II,  p.  169.Waterh.Trans.  Ent. 
Soc.  II,  pi,  17,  f.  2,  p.  192 .  193.  Curculio  acuminatus ,  F.  S.  E. 
152,  132.  Mus.  Brit. 

67.  Rhynchœnus  bidens,  F.  S.  E.  II ,  457, 96,  Curculio  bidens, 

F.  S.  E.  136,  51.01.  Col.  pi.  10,  f.  113. 

68.  Cryptorhynchus?  bituberculatus.  Curculio  bitubercula- 
rtw,F.  E.  S.  11,414,  90. 

69.  Cryptorhynchus?  modestus.  Cure.  modestuSy  F.  E.  S. Il, 
453,  250. 

70.  Psepholan  sulcatus  ,  White,  n.  g.  n.  s.  Mus.  Brit.  Dr.  Sin- 
clair. 

Bec  court ,  perpendiculairement  recourbé  ,  large  ,  un  peu  di- 
laté à  Textrémité  ,  près  de  laquelle  naissent  les  antennes  ;  les  an- 
tennes sortent  à  l'extrémité  d'un  profond  sillon ,  elles  ont  12  ar- 
ticles; le  1*'  art.  aussi  long  que  les  7  suivants  réunis,  l'extrémité 
atteignant  les  yeux  à  peu  près ,  sinon  tout  à  fait ,  très-lisse,  renflé 
graduellement  jusqu'à  l'extrémité;  2»  art.  petit  :  les  cinq  précé- 
dant la  massue  sont  un  peu  moniliformes ;  massue  grande, 
ovale ,  pointue  à  l'extrémité  (de  4  art.  ?),  couverte  de  poils  fins. 


152  REVUE  zooLOGiyuE.   {Avril  1Si4  ) 

Yeux  arrondis  ,  d'une  forme  ovale-elliptique.  Thorax  poslerîetî- 
reinent  presque  aussi  large  que  les  ëlytres  à  la  base  :  élytres  plus 
larges  un  peu  derrière  la  base»  Pattes  fortes.  Cuisses  épaisses, 
celles  de  la  première  paire  avec  le  bord  sinué,  s'élargissant  en 
.ne  forte  dent  mousse  :  tibias  de  la  seconde  paire  avec  une  forte 
ient  près  de  l'extrémité.  Ce  petit  genre  de  Curculionites  vient , 
je  crois ,  près  des  g.  Gronops  et  Ateryus  du  savant  Schoenherr 
(  Gen.  et  Sp.  Cure.  11 ,  pars  I ,  pp.  250-2  ).  Cette  espèce  est  d'un 
noir  de  poix  brunâtre ,  foncé  ;  le  thorax  en  dessus  avec  trois 
lignes  distinctes ,  brunâtres ,  les  latérales  plus  larges  et  un  peu 
irrégulières.  Ces  lignes  sont  formées  par  des  écailles  colorées 
distinctes.  Les  élytres  ont  des  côtes  :  chaque  élytre  a  ,  à  l'extré- 
mité ,  six  côtes  élevées  dont  deux  atteignent  le  bout  :  entre 
chaque  est  une  ligne  de  points  enfoncés.  Les  côtés  des  élytres,  à 
l'endroit  le  plus  large  ,  sont  surtout  poilus.  Les  pattes  sont  ponc- 
tuées ,  et ,  comme  la  surface  inférieure  du  corps ,  ont  des  poils 
cendrés  brunâtres ,  plus  longs  sur  la  partie  postérieure  des  ti-^ 
bias  et  des  tarses.  Longueur  environ  de  4  1. 

71.  Aterpus?  ou  Hipporhinus?  Curculio  tridens ,  F. 

72.  Eurhamphus  fasciculatus  j  Shuck.  Ent.  Mag.  V,  p.  506, 
pi.  18. 

73.  Nitidula  abbreviata ,  F.  E.  S.  1 ,  348  ,  5. 

74.  Apate  minutus,  F.  E.  S.  54,  4. 

75.  Dermestes  carnivorus,  F.  E.  S.  55,  2. 

76.  Dermestes  navalis,  F.  E.  S.  59,  9. 

77.  Pristoderus  scaber,  F.  H.  Col.  Man.  111 ,  p.  181  et  p.  81. 
Derm.  scaber ,  F.  E.  S.  57,  16. 

78.  Derm.  limbatus,  F.  E.  S.  S.  El.  1 ,  318  ,  36. 

79.  Prinoplus  reticularis,  White,  n.  s.  Nouv.-Zélande.  Mus. 
Brit.  Dr.  Sinclair.  Brun  de  poix  :  les  bords  des  segments  abdomi- 
naux plus  pâles  en  dessous  ;  élytres  bordées  ,  d'une  couleur  plus 
claire ,  avec  trois  veines  longitudinales  partant  de  la  base ,  se  re- 
j  oignant  par  des  nervures  jaunâtres ,  formant  des  réticulations 
irrégulières,  qui  ne  sont  pas  les  mêmes  sur  chaque  élytre  :  les 
élytres  ont  une  courte  épine  à  l'extrémité  près  de  la  suture. 
Tête,  thorax  et  surface  générale  des  élytres  irrégulièrement 
ponctués  et  vermiculés.  Le  thorax  est  court,  transverse,  pas  tout 
à  fait  aussi  large  que  les  élytres  ,  et  couvert  de  beaucoup  de  poils. 


ANALYSES    d'oUVKAGLS    NOUVEAUX.  153 

Les  cotés  ont  une  forte  épine  vers  le  milieu ,  laquelle  épine  est 
coudée  à  la  base.  Les  cuisses  ont  deux  épines  à  rextréniité  ,  les 
tibias  en  ont  trois ,  deux  plus  courtes  sur  les  côtés  à  l'extrémité, 
une  plus  longue  au  bout.  La  face  entre  les  antennes  est  enfon- 
cée; les  mandibules  courtes,  fortes,  anguleuses  ,  sont  ponctuées 
au  bout  ;  les  palpes  sont  proéminents  et  un  peu  renflés  à  l'extré- 
mité. Les  yeux  sont  larges  et  divisés  en  dessus  et  en  dessous  par 
une  étroite  séparation.  Les  antennes  ont  un  peu  plus  des  trois 
quarts  de  la  longueur  de  l'insecte  :  le  premier  art.  est  fort, 
court,  renflé  à  l'extrémité;  le  second  est  très-petit  et  cyathi- 
forme  ;  les  huit  suivants  ont  une  épine  au  bout  de  chaque ,  le 
troisième  est  le  plus  grand  de  toute  l'antenne,  les  autres  dimi- 
nuent graduellement  ;  l'article  terminal  est  obtus  à  l'extrémité  ; 
les  derniers  sont  un  peu  effilés.  Les  côtés  de  Técusson  sont  pres- 
que parallèles ,  le  sommet  est  brusquelnent  arrondi ,  vers  le  mi- 
lieu il  y  a  une  ligne  asseï  lisse.  Les  élytres  sont  longues,  arron- 
dies au  bout  et  plus  étroites  ;  le  bord  est  faiblement  rebordé. 
—  Long.  1  p.  6  L  ;  plus  grande  largeur  des  élytres,  envi- 
ron 6  1/2  1. 

Ce  Prione  forme  une  section  ou  sous -genre  distinct  de  Sceleo- 
cantha  et  Toxeutes  de  Newman  (Ann.  and  Mag.  of  N.  Hist.,  V, 
pp.  14,  15),  le  dernier  fondé  sur  le  Prionus  arcuaius  ,  F.,  de 
la  Nouvelle-Hollande  :  il  difi'ère  essentiellement  des  Malloderes 
Dup.,(Guér.,  Mag.  Zool.  ,  1835,  pi.  \2b)  et  Julacopus  Sery., 
(Ann.  de  la  Soc.  Ent.  deFr.,  183?,  pp.  144,  Î45  ) ,  dont  il  ofl're 
en  partie  les  caractères. 

(  La  suite  au  prochain  numéro.  ) 


Figures  et  Descriptions  de  coquilles  nouvelles  ou  peu  connues, 
par  R.  A.  Pbilippi  ;  vol.  I,  livre  3.  Cassel ,  1843  (Voy.  Bévue 
zool.,  1844  ,  p.  60). 

PI.  L  Hélix  (pi.  3  du  genre).  l.H.  Zeus,  Jonas  (f .  l.)Proc.  Zool. 
Soc.  1842.  p.  188.  2.  H.  calamechroa,  Jonas  (f.  2.)  de  la  Guinée. 
Voisine  de  VU.  vitrinoides  Desh.  3.  H.  dislorta  ,  Jonas  (f.  3.)  de 
\a  Guinée.  —  Avec  un  résumé  des  14  espèces  connues  de  Strep- 


154  REVUE  ZOOLOGIQUE.    { Jifil   1845.) 

taxis;  par  M.  Philippi.  4.  H.  Cumingiî,  Pfr.  (f.  4.)  Symb.  II.  p.  ?6. 
5.  H.bicincta,  Pfr.  (f.  5.)  Symb.  I.  p.  38.  6.  H.  Guerini  Pfr.  (f.  6.) 
Rev.  zool.  1842.  p.  304.  7.  H.  délecta  Fer.  (f.  7.)  Symb.  II.  p.  27, 
A  comparer  à  l'H.  Bensoni  v.  d.  Buscb.  8.  H.  Lusitanica  Pfr. 
(f.  8.)  Symb.  ï.  p.  10.  9.  H.  palndosa  Pfr.  (f.  9.)  Wiegm.  Arch. 
1839.  —  //.  Jtamonis  Orb.  H.  lingulata  Desch.  10.  H.  fragilis 
Pfr.  (f.  10.)  Wiegm.  Arch.  1839.  11.  H.  plana  Dunker  (f.  11.) 
Intermédiaire  entre  les  H.  vereohis  v.  Mûhlf.  et  paludosa  Pfr. 

Pl.II.  BuLiMUS  (pi.  1  du  genre).  l.B.bullulaBrod.(f.  I.)  A  com- 
parer au  suivant.  2.  B.  simplex  Jonas  (f.  2.)  Proc.  Zool.  Soc. 
1842.  p.  189.  3.  B.  pallens  Jonas  (f.  3.)  de  la  Guinée.  {B.  lilia- 
ceus  var.?)  4.  B.  guineensis  Jonas  (f.  4.)  5.  B.  fictilis  Brod.  (f.  5.) 
A  comparer  au  suivant.  6.  B.  calobaptus  Jonas  (f.  6.)  Proc.  Zool. 
Soc.  1842.  p.  189.  7.  B.  Cumingii  Pfr.  (f.  7.)  Proc.  Zool.  Soc. 
1842.  p.  88.  8.  B  truncatus  Pfr.  (f.  8.)  Symb.  I.  p.  43.  9.  B.  sul- 
cosus  Pfr.  (f.  9.)  Symb.  î.  p.  43.  10.  B.  fulvicans  Pfr.  (f.  10.) 
Symb.I.  p.  42. 1 1 .  B.  SchiedeanusPfr.  (f.  12.) Symb.  I.  p.  43. 12.  B. 
canimarensis  Pfr.  (f.  11.)  Wiegm.  Arch.  1839.  J'ai  reconnu,  par 
Touvrage  de  M.  Delessert,  que  c'est  la  Pupa  unicarinata  de  La- 
mark.  13.  B.  tiurricula  Pfr.  (f.  13.)  Wiegm.  Arch.  1839.  14.  B. 
pachychilus  Pfr.  (f.  14.)  Proc.  Zool.  Soc.  1842.  p.  186.  15.  Brid- 
gesii  Pfr.  (f.  15.)  Proc.  Zool.  Soc.  1842.  p.  186.  16.  B.  eburneus 
Pfr.  (f.  l6.)Symb.  II.  p.  44. 

PI.  III.  Melania  (pi.  2  du  genre.)  1.  M.  fusca  Phil.  (f.  1 .)— Mu- 
rex fuscus  Gmel.  ex  List.  2.  IVf.  varicosa  Troschel  (f.  2.  3.)Wiegm, 
Arch.  1837.  M.  plicata  Lea,  1838,  en  est  une  variété.  3.  M. 
coffea  Phil.  (f.  4.)  4.  M.  inquinata  Defr.  (f.  5.  6.)  très-variable. 

5.  M.  decollata  Lam.  (f.  7.)  d'après  la  figure  dans  le  recueil  de 
Delessert,  mais  qui  ne  convient  pas  à  la  description  de  Lamarck. 

6.  M.  Hûgelii  Phil.  (f.  8.)  de  la  Nouv.-Hollande?  7.  M.  siccata  v. 
d.  Busch.  (f.  9.)  Java.  8.  M.  Largillierti  Phil.  (f.  10.)  de  l'Amé- 
rique centrale.  9.  M.  Schiedeana  Phil.  (f.  11.)  du  Mexique.  10. 
M.  Virginica  Say  (f.  1 2.)  M.  auriscaïpium  Menk  1 830  ,  paraît  offrir 
des  passages  insensibles  avec  la  suivante.  1 1 .  M.  multilineata  Say 
(f.  13.)— M.  sulcosa,  ligaia  et  fasciataMenk  syn.  12.  M.  strigil- 
lata  Dunker  (f.  14.) 

FI .  IV.  TROcnus  et  Turbo  (pi .  2  du  genre).  1 .  Turbo  Fokkesii  Jo- 
nas (f.  1  et  10.)  Baie  de  Californie.  2.  Trochus  cicatricosus  Jonas 
(f.  2.)  Nouv.-Hollande.  3.  Tr.  carinatus  Kock  (f.  3.)  Amérique 


ANALYSES    d'oDVRAGES    NOUVEAUX.  135 

centrale.  4.  Tr.  rubroflammulatus  Kock  (f.  4.)  5.  Tr.  (Monod.) 
Dunkeri  Kock  (f.  5.)  G.  Tr.  (Monod.)  Philippii  Kock  (f.  6.)  7.  Tr. 
corrugatus  Koch  (f.  7.)  8.  Tr.  chlorostoinus  Menke  (f.  8.)  Moll. 
Nouv.-Hollande,  p.  17.9.  Tr.  strigiilatus  Ant.  (f.  9.)  Verz.  1839. 
—T.  pell.  serpent.  Wood?  10.  Tr.  tuberosus  Phil.  (f.  11.)  Voisin 
du  Tr.  coelatus.  II.  Tr.  torulosus  Phil,  (f.  12.)  Obs.  Tr.  vinctus 
Phil.  livre  2  f.  8,  est  le  Tr.  bicingullatus  Lani.  d'après  la  figure  de 
M.  Delessert. 

PI.  V.  Tellina.  1.  T.  sericina  Jonas  (f.  1.)  de  la  mer  de  Chine. 
2.  T.  truncata  Jonas  (f.  2.)  Chine.  3.  T.  hippopoidea  Jonas  (f.  3.) 
Chine.  4.  T.  pellucida  Phil.  (f.  4.)  5.  T.  constricta  Phil.  (f.  5.) 
C'est  une  vraie  Telline  ,  quoique  décrite  par  Bruguières  sous  le 
nom  de  Solen  constrictus,  et  par  Lamark  sous  le  nom  de  Psam- 
mobia  Cayennensis, 

PI.  VI.  Unio  (pi.  2  du  genre).  1.  U.  Panacoensis  v.  d.  Busch. 
Du  fleuve  Panaco,  près  de  Tampico. 

Livr.  4.  (1844.)  PI.  I.  Hélix  (pi.  4  du  genre).  1.  H.  sagittifera 
Pfr.  (f.  1.)  Symb.  II.  p.  20.  2.  H.  bulla  Pfr.  (f.  2.)  H.  vesica 
Pfr.  Symb.  II.  p.  21 .  3.  H.bifasciata  Lea  (f.  3.  5.)  Figures  de  plu- 
sieurs variétés  pour  prouver  l'identité  de  cette  espèce  avec  la 
Caroc.  fibula  (voy.  Hélix  ,  pi.  i.  f.  8.)  4.  H.  sirena  Beck  (f.  6.) 
Symb.  II.  p.  39.  5.  H.  bigonia  Fér  (f.  7.)Hel.  samarensis  Pfr.  in 
Proc.  Zool.  Soc.  1842.  p.  87.  6.  H.  Beckiana  Pfr.  (f.  8.)  Proc. 
Zool.  Soc.  1842.  p.  87.  7.  H.  trochiformis  Fér.  (f.  9.)  Pfr.  Symb. 
II.  p.  40.  8.  H.  marginata  Miiil.  ^f.  10).  L'espèce  de  Mûller  n'a 
aucun  rapport  avec  la  Caroc.  marginata  Lam.  (  IL  Bornii 
Chemm.  Pfr.).  Elle  est  plutôt  identique  avec  1'//.  exclusa  Quoy 
et  Gaim.,  et  voisine  de  VH.  trochiformis  Fér.  9.  H.  diluta  Pfr. 
(f.  ll.J  du  Pérou.  10.  H.  Butleri  Plr.  (f.  12.).  Dans  mes  Symb., 
j'avais  présumé  que  ce  pourrait  être  VH.  crispala  Fér.  On  m'a 
assuré  qu'elle  en  différait,  et  je  l'ai  décrite  sous  le  nom  d'H. 
Butleri  dans  les  Proc.  Zool.  Soc.  1842,  p.  87. 

PI.  II.  Nerita.  1.  N.  PJanospira  Anton,  (f.  1.)  Verz  ,  p.  30.  2. 
N.  ornata  Solv.  (f.  2,  3.)  Souvent  confondue  avec  la  N.  chloro- 
stomaLam.  3.  N.  PeruvianaPhil.  (f.  4.)  Pérou.  4.  N.  carbonaria, 
Phil.  (  f.  5.  )  Alrata  Chemn.?  5.  W.  incerta  v.  d.  Busch  (  f.  6.) 
Java.  6.  N.  anthracina  v.  d.  Busch  (f.  7.  )  Java.  7.  N.  costulata  v. 
d.  Busch  (f.  8.  )  Java.  JV.  versicolor,  var.  Quoy  et  Gaim,  p.  G5  , 
f.  25?  ;Pfr.)  8.  N.  piceaRccluz  (f,  9.)  9.  Winteri  Phil.  (f.  10.) 


156  REVDK  zooLOGiQUK     {Avril  181-5.) 

— iV.  versicolor  Quoy  et  Gaim.  t.  65,  f.  23?  (Pfr.)  10.  N.  venusta 
Dunker  (f.  II.)  U.  N.  aurora  Dunker  (  fr.  12.) 

Pi.  III.  Trochus  (pi.  3  du  genre.)  1  T.  longispina  Lam.  (f.  1.) 
2.  T.  latispiuaPhil.  (  f .  2.)  3.  T.  Buschii  Phil.  (  f.  3.  4.)  de  Pana- 
ma. Voisin  du  F.  inermis  Chemn.  4.  T.  cicer  Menke  (  f.  5.)  du 
Cap  de  Bonne-Espërance.  5.  T.  Menkeanus  Phil.  (f.  6.)  décrit 
sous  le  nom  de  T.  cingulalus  Mûhlf.  1818,  et  sous  le  même  nom, 
par  M.  Menke  1830;  le  nom  devait  être  changé,  parce  qu'il  y  a 
un  Tr.  cînguîatus  Broc.  6.  T.  lugubris  Phil.  (f.  7.)  7.  T.  fuscea- 
censPhil.  (f.  8.) 

PI.  IV.  Pyrula.  1    P.  Maweae  Gray  (f.  1 .  2.)  Extrêmement  rare. 

2.  P.  ochroleuca  Menke  (f.  3—6.)  Chili.  3.  P.  bispinosa  Phil.  (f. 
7,  8.)  4.  P.  Martiniana  Pfr.  (f.  9.)  Je  l'ai  nommée  d  après  un 
exemplaire  de  ma  collection  ,  convenant  très-exactement  à  la  fi- 
gure médiocre  de  Martini  II,  400.  i,  citée  par  Lamarck  pour  la 
P.  angulata ,  avec  laquelle  elle  n'a  pas  le  moindre  rapport. 

PI.  V.  PsAMMOBiA.  1.  P.  solida  Phil.  (  f .  1.)  Ile  de  Chiloë.  2. 
P.  violacea  Desh.  (  f.  2.)  Java.  —  Solen  violaceus  Lam.  3.  P.  cos- 
tulata  Turt.  (f.  3.  4.)  —  Ps.  discors  Vh'û.  sicil. 

PI.  VI.  Pecten.  1.  P.  Antonii  Phil.  (  f.  1).  Espèce  que  l'on  re- 
çoit quelque  fois  sous  le  nom  de  P.  médius.  2.  P.  tricarinatus  An- 
ton, (f.  4.)  Verz,  p  19.  M.  Philippi  pense  ,  d'après  l'ouvrage  de 
M.  Delessert,  que  c'est  peut-être  le  P.  lineolaris  La.m.  (Mais 
Lam.  dit  :  testa  utrinque  convexa.)  3.  P.  crebricostatus  Mus. 
Berol.  (f.  2.)  Chine.  4.  P.  tunica  Phil.  (f.  3.)  des  îles  Sandwich. 

5.  P.  Fabricii  Phil.  (f.  5.)  Groenland.  Chem.n.  VII.  625?  6.  P. 
tigris  Lam.  (f.  6.)  Java.  Chemn.  VII.  608.  7.  P.  porphyreus. 
Chemn.  VII.  632  est  une  bonne  espèce,  assez  différente  du  P. 
senatorius. 

Livr.  5.  (1844  )  Les  planches,  d'abord  peu  satisfaisantes,  vont 
toujours  en  s'améliorant ,  et  laissent  peu  à  désirer. 

PI.  I.  Cyclostoma  et  Steganotoma.  1.  C.  Cuvierianum  Petit. 
(  f.  1 .)  2.  C.  Indicum  Desh.  (  f.  2.)  D'après  un  exemplaire  de  Java. 

3.  C.  variegatum  Valenc.  (f.  3.)  Java.  4.  C.  mexicanum  Menke. 
(  f.  4.)  Syn.  1830.  5.  Steganotoma  pictum  Trosch.  (  f.  5.)  Bengale. 

6.  St.  Princepsi  v.  d.  Busch.  (f.  6.)  Bengale. 

PI.  II.  Fusus.  l.F.  Voigtii  Ant.  (f.  1.)  Verz,  p.  77.  Très-sem- 
blable dMTritonium  undosum^'\en.  2.  F.  ambiguusPhil.  (f. 2.) 
3.  F.  plumbeus  Phil.  (  f.  3.)Chile.  4.  F.  obscurus  Phil.  (  f.  5.)  5. 


A1SALY5M    d'oUVRAC.RS    [NOUVEAUX.  157 

F.  py«;macus  Goiihl  (  f.  4.)  6.  F.  cinereus  Say  f.  8.)  Phllad.  journ. 
H.  Buccin,  plicosum  Menke  syn.  Les  exemplaires  que  l'on  reçoit 
fréquemment  de  l'Amérique  sous  ce  nom  ,  diflerent  beaucoup  de 
la  figure  de  l'Amer.  Conchol ,  pi.  29.  Pfr.  )  7.  F.  guttatus  v.  d. 
Busch  (  f.  6.)  Cette  espèce ,  avec  le  F.  articulatus  Lam,  et  quel- 
ques autres .  pourraient  être  compris  dans  le  genre  Pisania  de 
Bivona.  8.  F.  capensis  Dunker  (  f .  7.)  9.  F.  lineolatus  Dunker  (  f. 
10.)  Cap  de  Bonne-Espérance.  10.  F.  limbatus  Phil.  (f.  9.)  Mur. 
pulchellus  Lam.?  Pfr.  Enumération  des  Mollusques  de  Cuba.  II. 
F.  modestus  Anton.  (  f .  11.).  12.  F.  decemcostatus  Say(f.  12.) 

PI.  III.  Paludina.  1.  P.  magnifica  Conrad  (f.  1.  2.)  —  P.  bi- 
monilifera  Lea.  2.  P.  pyramidata  v.  d  liusch  (  f.  3.)  Bengale.  3. 
P.  tricarinata  Ant.  (f.  5.)  Verz.  p.  52,  peut-être  variété  de  :  4. 
P.  angularis  Menke  (f.  10.)  Ner.  angul.  Mûhlf.  5.  P.  Javanica  v. 
d.  Busch  (  fr.  1 1.  12.)  6.  P.  ponderosa  Say  (  f.  6.)  7.  P.  decisa  Say 
(  f.  8.)  Melania  ovularis  Menke  syn.  8.  P.  intégra  Say  (f.  7.j  9. 
P.  georgiana  Lea  (f.  13.)  10.  P.  obtusa  Trosch.  >  f .  14.)  Bengale. 
11.  P.  unicolor  Lam.  (f.  16.;  12.  P.  Francise!  Phil.  (f,  IS.)  Turbo 
Francisci  Wood,  Palud.  conica  Troschel  ,  Le  nom  de  P.  conica 
a  été  donné  en  1821  à  une  espèce  fossile,  par  C.  Prévost).  Ben- 
gale. 13.  P.  granum  Menke  (f.  16.)  Moll.  nov.  Holland.  14.  P. 
coronata  Pfr.  (f.  17.)  Wiegm.  Arch.  1840.  Cuba.  15.  P.  crystal- 
lina  Pfr.  (f.  18.)  Wiegm.  Arch.  1840.  Cuba. 

PI.  IV.  Haliotis.  1.  H.  elegans  Koch.  (  f .  1,2.)  Nov.  Holl. 
Très-rare.  2.  H.  iris  Gm.  juv.  (f.  3,  )  Se  trouve  souvent  dans  les 
collections  sous  d'autres  noms.  3.  H.  Capensis  Dunker.  (f.  4,  5.) 
4.  H.  scabricosta  Menke.  (f.  6.  )Molî.  INov.-Holl. 

PI.  V.  Tellina  (pi.  2  du  genre).  1.  T.  concinna  Phil.  (f.  t.) 
An. T.  Brasiliana  Lam.?  (Phil.)  Je  possède  une  Telline  de  Cuba 
que  je  crois  être  la  vraie  T.  Brasiliana  Lam.,  qui  est  très-diffé- 
rente. 2.  T.  planissima  Anton,  (f.  2.)  Verz.,  p.  4.  Tellinides 
rosea  Sow.  Reeve.  3.  T.  Antonii  Phil.  (f.  3,  4.)  4.  T.  serrata 
Brocchi.  (f.  5.)  5.  T.  staurella  Lam.?  (  f .  6.)  6.  T.  ampullacea 
Phil.  (f.  7.)  Sénégal.  7.  T.  Philippii  Ant.  (f.  8.)  Voisine  de  la 
T  virgata,  etc. 

PI.  II.  Venus  (pi.  2  du  genre).  1.  V.  Dombeyi  Lam.  (  f .  1.) 
Très- fréquente  à  Chile.  2.  V.  placida  Phil.  (f.  2.  )  lie  Van-Diemen. 
3.  V.tiotata  Say.  (f.  3.)  F,  cyprinoides  Ant.  Très-rare  et  souvent 
méconnue.  4.V.  Amathusia  Phil,  (f.  4.)  Voisine  de  la  F.Paphia. 


158  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Awil  \Si5.) 

Livr.  6.  (1844.)  PI.  I.  Glandina.  1.  G.  oleacea  (Hel.)  Fer. 
(f.  1.)  Cuba.  2.  G.  solidula  Pfr.  (f.  6.)  Wiegm.  Arch.,  1840. 
Cuba.  3.  G.  subulata  Pfr.  (f.  10.)  Wiegm.  Arch.,  1839.  Cuba. 
Achaiina  orysacea  Orb.?  4.  G.  suturalis  Pfr.  (f.  7.)  Wiegm. 
Arch.,  1839.  Cuba.  5.  G.  Ottonis  Pfr. (f.  5.)  Symb.  I,  p.  47.  Cuba. 
6.  G.  obtusa  Pfr.  (f.  3.)  America  centralis.  7.  G.  venusta  Pfr. 
(f.  9.)  Symb.  I,  p.  46.  8.  G.  rosea  (  Hel.  )  Fér.?  (f.  2.)  Achat, 
rosea  Brod.  Différente  de  toutes  les  espèces  décrites  par  son  test 
élégamment  granulé.  C'est  probablement  la  G.  Cumingii  Beck 
ind.  9.  G.  sericina  Jonas.  (f.  Il  )  Delà  Guinée.  10.  G.  folliculus 
(  Hel.  )  Gm.  (  f.  1 3.  )  A  comparer  aux  espèces  semblables  de  Cuba. 
îi.  G.  (Achatina)  cyanostoma Rupp.  (f.  4.)  Pfr.  Symb.  II,  p.  58. 
12.  G.  (Achat.)  Hugelii  Pfr.  (f.  8.)  Symb.  Il,  p.  58.  13.  G.  (Achat.) 
Perroteti  Pfr.  (f.  12.  )  Rev.  Zool.,  1842,  p.  305. 

PI.  II.  Trochus  (pi.  4  du  genre).  1.  T.  tœniatus  ( Margarita ) 
Saw.  (f.  t.)  2.  T.  callosus  Koch.  (f.  2.)  3.  T.  maximus  Koch. 
(f.  3.)  Probablement  confondu  avec  le  T.  Niloticus.  4.  T.  Kochii 
Phil.  (f.  8.  )  5.  T.  squamiferus  Koch  (f.  9.)  6.  T.  eximius  Reeve. 
(f.  7.)  7.  T.  impervius  Menke  (f.  5.)  Moll.  Nouv.-Holland, 
8.  T.  tridens  Menke.  (f.  10.)  Pérou.  9.  T.  scalaris  Anton,  (f.  1 1.) 
La  Guayra.  10.  T.  cruentus  Phil.  (f.  4.)  11.  T.  fasciatus  Anton 
(f.  6.  )Verz.,p.  57. 

PI.  II.  SiGARETUS.  ( Cryptostoma  Blv.  )  1.  S.  maximus  Phil. 
(f.  l.)  Déjà  nommé  S.  Grayi  Desh.  2.  S.  Leachii  Gray.  (f.  2.) 
3.  S.  depressus  Phil.  (f.  3.)  4.  S.  haliotideus  L.  (f.  6.)  M.  Phi- 
lippi  croit  que,  selon  la  description  de  Linné,  le  nom  S.  halîotid. 
doit   se  borner  à  la  petite  espèce  figurée  de  la  Méditerranée. 

5.  S.  Martinianus  Phil.  (f.  5.  )  Confondu  avec  le  S.  haliotideus. 

6.  S.  perspectivus   Say.    (f.    8,   copiée    de  Say  Am.   Conch.j 

7.  S.  maculatus  Say  (f.  9,  copiée  de  l'Am.  Conch.)  8.  S.  laevi- 
gatus  Lam.  (  f.  4.  )  9.  S.  planus  Phil.  (f.  7.  )  Il  est  dommage  que 
la  monographie  de  M.  Récluz  ne  soit  pas  à  portée  facile,  puisque 
probablement  quelques  unes  des  espèces  nouvelles  auront  déjà 
reçu  d'autres  noms. 

PI.  IV  et  V.  Haliotis  (pi.  2  et  3  du  genre  .  H.  naevosa  Martyns. 
Très-différente  de  Vif.  gigantea  Chemn. 

PI.  VI.  Cytherea.  1.  C.  ponderosa  Koch  (f.  1 .)  Voisine  de  la 
C.  œquilatera  Lam.  2.  C.  ligula  Anton  (f.  2.)  Verz.,  p.  7!  Voi- 
sine du  Pitar  Adans.  3.  C.  elegans  Koch  (f.  4,  )  Nouv.-Holl., 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  159 

fleure  des  Cygnes.  Très-semblable  à  la  C.  chione.  4.  C.  rostrata 
Koch  (f.  3.)  Voisine  de  la  C.  cilrina. 

La  livraison  111  est  actuellement  (octobre  1844  )  sous  presse. 

D'  L.  Pfeiffer. 


IcoNOGRAiMiiE  zoûPHYTOLOGiQUE.  Description  des  Polypiers  fossile» 
de  France  ,  par  M.  Hardouin Michelin,  membre  de  la  Société 
géologique  de  France;  accompagnée  de  figures  lithograpbiées 
par  Ludovic  Michelin  ,  chez  M.  Bertrand,  libraire-éditeur,  rue 
Saint-André-des-Arts,  38. 

Cet  important  ouvrage,  déjà  parvenu  à  sa  seizième  livraison  , 
continue  à  se  faire  remarquer  par  la  finesse  et  l'exactitude  des 
dessins.  Dans  les  46  planches  et  23  feuilles  de  texte  qui  ont  déjà 
paru,  M.  Michelin  a  donné  les  descriptions  et  figures  de  374  es- 
pèces des  diverses  périodes  géologiques ,  savoir  :  3  du  terrain  de 
transition,  3  du  muschelkalk  ,  90  de  l'oolithe,  111  de  la  craie, 
et  167  des  terrains  tertiaires.  Parmi  les  genres  nouveaux,  nous 
avons  remarqué  ceux  stephanophyllia ,  Caninia ,  Michelinia , 
Cyathophora,  Gueitardia ,  turonia ,  acicularia ,  turbinia,  ute- 
ria  et  cly  peina  dont  la  plupart  n'avaient  pas  encore  été  figurés.  Les 
plus  nombreux  en  espèces  jusqu'à  présent  sont  ceux  astrea  ,  tur- 
binalia ,  meandrina  ,  lobophyllia ,  dendrophyllia ,  stylina , 
madrepora,  caryophyllia ,  lilhodendron ,  jerea  et  siphonia. 
Il  est  intéressant  pour  ceux  qui  s'occupent  de  l'histoire  des  êtres, 
de  voir  ces  séries  d'animaux  se  renouvelant  en  entier,  sauf  de 
rares  exceptions,  à  chaque  apparition  d'un  nouveau  groupe  géo- 
logique. Les  prochaines  livraisons  (ontiendront  successivement  les 
polypiers  fossiles  du  Bas-Boulonnais ,  des  environs  duMans,fetc. 
N.  B.  M.  Michelin  a  fait  tirera  part  un  certain  nombre  d'exem- 
plaires des  zoophytes  fossiles  du  bassin  parisien  (terrain  supra- 
crétacé).  Ils  sont  destinés  à  faire  suite  aux  mollusques  des  mêmes 
localités  publiées  par  M.  Deshayes. 

III.  SOCIÉTÉS  SAVAIVTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  7  avril  1845.  —  M.  Bourgery  lit  un  grand  travail 
intitulé  :  Mémoire  sur  Vexirémité  céphalique  du  grand  sym- 
pathique chez  Vhornme  et  les  animaux  mammifères. 

Ce  beau  mémoire,  fruit  de  dissections  fines ,  d'études  persévé- 
rantes et  d'observations  délicates,   est  digne  de  la  belle  réputa- 


ICO  REVUE  zooLOGiyuE.   { Avril  18i5.) 

tion  de  son  auteur  et  jette  un  grand  jour  sur  des  questions  phy- 
siologiques très-compliquées.  11  a  été  renvoyé  à  l'examen  de 
MM.  Magendie,  Serres  et  Felpeau. 

M.  Levaillant,  chef  de  bataillon  à  Philippeville ,  écrit  :  «  Je 
tiens  à  la  disposition  du  muséum  une  certaine  quantité  de  Cri- 
quets voyageurs  vivants  qui  ont  fondu  sur  une  partie  de  la  pro- 
vince. Leur  nombre  était  prodigieux,  et  c'est  à  trois  ou  quatre 
niyriamètres  qu'on  évalue  l'étendue  de  la  colonne,  et dansquel- 
ques endroits,  il  y  en  avait  trois  décimètres  de  haut.  J'en  reçois 
de  plusieurs  lieux  qui  sont  les  mêmes  et  appartiennent  à  la  même 
colonne  erratique,  dont  la  plus  grande  partie^  venant  du  sud, 
s'est  abattue  à  El-Arrouch.  Beaucoup  de  la  même  espèce  sont 
arrivés  jusqu'à  trente-deux  kilomètres  ;  j'aurais  immédiatement 
rhonneur  de  les  adresserau  muséum,  si  je  n'étais  sûr  que  la  tem- 
pérature de  nos  contrées  ne  dût  les  tuer  à  cette  époque.  L'arrivée 
a  eu  lieu  le  18  mars ,  et  le  défilé  a  duré  ,  à  ce  qu'on  m'assure, 
plus  de  deux  heures.  La  température,  extraordinaire  pour  cette 
époque,  était  de  27  degrés  à  cinq  heures  du  soir,  le  soleil  étant 
caché  derrière  les  montagnes.  Ces  insectes  sont  arrives  ,  comme 
toujours,  avec  l'abdomen  très-réduit,  et,  comme  ils  sont  très- 
affamés  ,  ils  dévorent  rapidement  toute  la  végétation ,  avec  un 
bruit  qui  ressemble  à  la  pluie.  D'après  de  nouveaux  renseigne- 
ments, les  Sauterelles  sont  passées  à  Biskra  le  6 .  et  arrivées  à 
Ll-Dis  le  1 7  ;  de  là  elles  sont  retournées  vers  le  sud ,  où  l'abaisse- 
ment subit  de  la  température  les  a  fixées;  depuis  trente  ans, 
elles  ne  s'étaient  pas  montrées  dans  cette  contrée. 

Cette  espèce  ,  Acridium  migratorium,  a  7  à  8  centimètres, 
est  roux  vineux,  les  palpes  blancs,  les  ailes,  très-longues,  sont 
diaprées  de  taches  noires;  le  corselet  à  trois  plis  en  travers  près 
de  la  tête,  présente  la  forme  d'un  camail  près  des  ailes,  cette 
dernière  partie  a  une  petite  carène  longitudinale.  » 


Société  royale  et  centrale  d'agriculture  de  Paris. 
Dans  sa  séance  publique  annuelle  du  30  mars  dernier,  la  so- 
ciété, après  avoir  entendu  un  rapport  très-lucide  de  M.  Payen, 
secrétaire  perpétuel ,  sur  les  travaux  qu  elle  a  produits  depuis  un 
an,  a  procédé  à  la  distribution  des  prix  et  encouragements 
qu'elle  accorde  annuellement  aux  hommes  qui  font  faire  des  pro- 
grès à  l'agriculture. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  ICI 

Appelé  à  l'honneur  de  représenter  la  zoologie  appliquée  dans 
cette  savante  compagnie,  nous  avons  dû  examiner  les  travaux 
adressés  pour  un  concours  qu'elle  a  ouvert  dans  le  but  d'encou- 
rager les  auteurs  d'observations  relatives  à  l'histoire  naturelle 
des  Insectes  nuisibles.  Il  résulte  du  rapport  que  nous  avons  fait 
sur  ce  sujet,  au  nom  d'une  commission ,  que  la  Société  a  décerné 
des  récompenses  ainsi  qu'il  suit. 

M.  le  docteur  E.  Robert,  de  Paris  ,  a  soumis  à  la  Société  d'ex- 
cellentes observations  sur  les  Insectes  qui  nuisent  aux  pommiers 
à  cidre  et  aux  arbres  de  nos  promenades ,  de  nos  parcs  et  de  nos 
grandes  routes.  L'étude  approfondie  des  mœurs  de  ces  Insectes 
lui  a  fait  reconnaître  que  les  ormes  et  les  pommiers  ne  meurent, 
le  plus  souvent,  que  parce  qu'ils  sont  attaqués  par  des  myriades 
d'Insectes,  connus  sous  le  nom  de  Scolytes.  Il  a  observé  que  le» 
îarvcs  de  ces  Insectes  sillonnent  en  tous  sens  l'intérieur  de  l'écorce 
des  arbres, et  finissent  par  la  séparer  entièrement  du  bois,  ce  qui 
interrompt  la  circulation  de  la  sève  et  fait  périr  l'arbre. 

Dans  les  opérations  variées  que  M.  Robert  a  fait  subir  aux 
arbres  malades,  lesquelles  datent  de  deux  années ,  il  s'est 
appuyé  sur  des  données  scientifiques  positives,  et  il  a  fait 
d'heureuses  applications  des  lois  de  la  physiologie  végétale  et 
de  l'entomologie.  Ses  procédés  sont  simples,  efficaces  et  peu 
coûteux  ,  et  ils  ont  mérité  l'approbation  de  la  Société. 

Pour  donner  à  M.  £.  Robert  un  témoignage  honorable  de 
sa  satisfaction,  la  Société  royale  et  centrale  d'agriculture  lui  a 
décerné  sa  médaille  d'or  aux  trois  effigies. 

M.  le  docteur  Herpin  ,  de  Metz,  à  qui  la  Société  a  décerné  , 
en  1842  ,  sa  grande  médaille  d'or,  pour  les  excellentes  observa- 
tions qu'il  a  faites  sur  les  insectes  nuisibles  aux  céréales,  a  con- 
tinué ses  recherches  sur  ce  sujet  important  et  difficile.  En  1842, 
M.  Herpin  nous  apprenait  que  les  pertes  causées  dans  nos  récoltes 
de  céréales  par  une  petite  mouche  nommée  Chlorôps  ^  n'étaient 
pas  de  moins  de  1/70*.  Comme  les  céréales  sont  attaquées  par  un 
grand  nombre  d'Insectes,  il  est  certain  que  les  pertes  qu'ils 
occasionnent  annuellement  sont  beaucoup  plus  considéi'ables , 
et  l'on  doit  encourager  les  hommes  pleins  de  zèle  qui  se  livrent 
à  Vétude  de  ces  ennemis  de  notre  principal  moyen  d'existence  , 
et  dont  les  travaux  amèneront  certainement,  dans  un  avenir 
Tom.  VllL  Année  1845.  11 


162  REVUE  ZOOLOGIQUE.    {Awil   1845.) 

prochain  ,  la  découverte  de  moyens  préservatifs.  La  Société 
royale  et  centrale  accueillant  avec  un  vif  intérêt  les  travaux  qui 
tendent  vers  ce  but,  et  reconnaissant  que  ceux  de  M.  Herpin 
sont  dans  ce  cas  ,  a  décidé  qu'il  serait  fait  le  rappel  de  la  médaille 
d'or  qu'elle  a  décerné  à  cet  agriculteur  en  1842  ,  et  qu'elle  lui 
offrirait,  à  titre  d'encouragement,  l'ouvrage  de  M.  Ratzeburg 
sur  les  Insectes  forestiers. 

M.  le  docteur  Vallot ,  de  Dijon,  a  adressé  à  la  Société  un 
mémoire  très- intéressant  sur  la  détermination  précise  des 
insectes  nuisibles  mentionnés  dans  différents  traités  relatifs  à 
la  culture  des  arbres  fruitiers  ,  et  sur  les  moyens  indiqués  pour 
s'opposer  à  leurs  ravages.  Dans  ce  travail ,  M.  Tallot  indique  et 
discute  une  foule  de  documents  très-intéressants  épars  dans 
divers  recueils  estimés^  et  il  rapporte  à  leurs  dénominations 
scientifiques  beaucoup  d'insectes  indiqués  d'une  manière  vague, 
inexacte,  confuse,  dans  divers  ouvrages  d'horticulture.  La 
société  décerne  à  M.  Vallot  la  grande  médaille  d'argent  aux  trois 
effigies. 

Enfin  M.  Chasseriau ,  officier  de  la  marine  royale ,  en  retraite 
à  Rochefort ,  horticulteur  très-instruit,  a  continué  les  travaux 
qu'il  poursuit  depuis  plusieurs  années ,  dans  le  but  de  préserver 
les  arbres  des  ravages  occasionnés  par  les  chenilles.  Les  résultats 
avantageux  de  ses  opérations  sont  constatés  par  plusieurs 
rapports  faits  à  la  Société  d'agriculture  de  Rochefort,  par  plu- 
sieurs certificats  de  M.  le  maire  de  celte  ville  ,  et  par  un  arrêté 
du  conseil  municipal  contenant  l'approbation  de  ses  travaux  et 
l'allocation  d'une  indemnité  pour  le  couvrir  des  déboursés  qu'il 
a  faits  dans  l'intérêt  public. 

La  Société  a  déjà  donné  son  approbation  aux  efforts  de 
M.  Chasseriau  en  lui  accordant,  en  1843,  sa  grande  médaille 
d'or  aux  trois  effigies.  Elle  lui  décerne  aujourd'hui  une  récom- 
pense plus  élevée ,  en  l'admettant  parmi  ses  correspondants. 


IV.  MELANGES  ET  NOUVELLES. 

Nous  avons  rendu  compte  des  phases  de  la  lutte  engagée  entre 
M.  Souleyet  et  ses  antagonistes ,  au  sujet  des  animaux  dits  Phlé- 
hentérés. 

Nos  lecteurs  apprendront  avec  plaisir  que  M.  Souleyet  vient 


MÉLAINGBS    KT    NOUVELLES.  16,^ 

d'être  nommé  membre  de  l'ordre  royal  de  la  Légion  d'honneur. 
Si  nous  sommes  bien  informé,  cette  honorable  distinction  au- 
rait été  accordée  au  talent  modeste  et  ferme ,  à  la  demande  d'une 
personne  haut  placée  dans  la  science,  qui  n'ayant  pas  voulu 
prendre  part  à  la  discussion,  ce  qui  est  regrettable,  aurait 
du  moins  sa  si  cette  occasion  de  faire  connaître  son  opinion 
personnelle. 

Cette  démarche  honore  l'illustre  académicien  autant  que  le 
jeune  savant  qui  marche  sur  ses  traces. 


Notes  rectificatives  sur  la  nomenclature  de  quelques  insectes 
Orthoptères  et  Lépidoptères  exposés  dans  les  galeries  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  de  Paris;  par  M.  Marchal(I). 
Notre  intention  est  de  prémunir  les  commençants  en  entomo- 
logie contre  la  trop  grande  confiance  qu'ils  pourraient  avoir  dans 
les  noms  que  les  insectes  portent  dans  les  cadres  ostensibles  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  Nous  n'indiquerons  que 
les  erreurs  qui  existent  dans  les  cadres  qui  renferment  des  Or- 
thoptères et  des  Lépidoptères ,  ne  connaissant  pas  assez  les  au- 
tres ordres  pour  nous  en  occuper.  Mais  avant  d'indiquer  ces  er- 
reurs ,  nous  devons  faire  connaître  de  quelle  manière  les  in- 
sectes étaient  autrefois  et  sont  maintenant  arrangés  dans  la 
collection.  Du  temps  de  Latreille,  tous  les  insectes  étaient  placés 
dans  des  cadres  vitrés  et  exposés  au  grand  jour.  Les  Lépidop- 
tères étaient  classés  seulement  par  genres ,  sans  noms  spécifi- 
ques; mais  ils  étaient  catalogués  et  avaient  un  numéro  de  ren- 
voi. Après  Latreille,  M.  Audouin  occupa  la  chaire  d'entomologie. 
Ce  professeur  s'aperçut  combien  la  lumière  détériorait  les  in- 
sectes ;  des  Lépidoptères  de  la  plus  grande  rareté  ,  provenant  de 
l'ancien  cabinet  du  Stathouder,  étaient  devenus  méconnaissa- 
bles. Pour  parer  à  cet  inconvénient ,  il  fît  faire  des  corps  de  ti- 
roirs pour  renfermer  la  collection.  On  ôta  tous  les  insectes  des 
anciens  cadres,  en  mettant  au  rebut  les  plus  mauvais  ;  les  meil- 
leurs furent  mis  dans  les  tiroirs;  et,  pour  ne  pas  priver  le  pu- 

(J)  Si  cette  note  n'avait  porté  que  sur  l'indication  des  erreurs  de  détermination  que 
tuas  les  entomologistes  ont  remarquées  depuis  longtemps  dans  les  cadres  des  galeries, 
■^usnous  serions  abstenu  de  l'insérer,  car  un  changement  d'étiquette,  provoqué  par  ces 
observations,  eût  sulTl  pour  les  rendre  nulles;  mais  comme  ce  travail  contient  d'inté- 
ressantes observations  de  synonymie  et  la  distinction  d'une  espèce  nouvelle  et  irès-rare 
du  genre  Icita.  qqus  croyons  faire  plaisir  anx  entomologistes  en  la  publiant.  (G  M  ) 


164  REVUE  zooLOGiQDK.   {Avr'U  1845.) 

blic  ,  on  fit  une  très-petite  collection  dans  les  anciens  cadres,  en 
y  mettant  des  individus  inférieurs.  Cette  petite  collection  fut 
classée  méthodiquement  avec  les  noms  génériques  et  spécifiques  ; 
on  alla  même  jusqu'à  mettre  de  grandes  étiquettes  de  couleur, 
destinées  à  y  inscrire  les  caractères  génériques  ;  mais  ces  éti- 
quettes ne  sont  pas  encore  remplies.  Nous  sommes  donc  fondé  à 
penser  que  non-seulement  on  avait  en  vue  de  faire  connaître  au 
public,  qu'une  simple  curiosité  attirait  dans  les  galeries,  les 
noms  et  la  patrie  de  chaque  espèce,  mais  aussi  de  faciliter  l'é- 
tude aux  commençants.  Ce  travail  ne  fut  pas  fait  avec  assez  de 
soin  ;  les  erreurs  y  sont  assez  nombreuses  relativement  au  petit 
nombre  d'espèces.  Dès  l'année  1842,  nous  parlâmes  de  ces  er- 
reurs aux  naturalistes  du  Muséum,  notamment  à  M.  Blanchard 
qui  nous  répondit  qu'elles  n'étaient  pas  de  lui.  Mais  comme  il 
n'y  a  au  Musée  que  deux  personnes  qui  s'occupent  de  classer  et 
déterminer  les  insectes  ,  que  ces  deux  personnes  sont  MM.  Lu- 
cas et  Blanchard,  et  qu'à  l'époque  où  les  cadres  furent  arrangés, 
le  premier  de  ces  messieurs  était  en  Algérie  ,  nous  croyons  donc 
que  toute  la  responsabilité  doit  retomber  sur  le  second.  Ce  que 
nous  disons  n'ôte  rien  à  son  mérite;  nous  reconnaissons  son  sa- 
voir, et  nous  avouons  que  plusieurs  fois  nous  nous  sommes  trouvé 
heureux  de  recevoir  ses  conseils.  Nous  reconnaissons  encore  que 
M.  Blanchard  ayant  à  s'occuper  de  toute  l'entomologie  ,  il  lui 
est  vraiment  impossible  de  ne  pas  faire  de  fautes;  mais  lors- 
que quelqu'un  les  signale,  nous  croyons  qu'après  s'être  as- 
suré que  la  personne  est  dans  le  vrai ,  ces  fautes  doivent  être 
immédiatement  réparées  ;  loin  de  là,  M.  Blanchard  prétend  qu'un 
nom  ou  un  autre  importe  peu  au  public  qui  n'y  connaît  rien. 
Si  vous  pensez  ainsi ,  faites  comme  du  temps  de  Latreille  ,  n'en 
mettez  pas  ^  vous  n'abuserez  pas  de  la  confiance  de  ceux  qui  ont 
foi,  et  qui ,  les  jours  publics ,  viennent ,  avec  une  boîte  à  la  main, 
comparer  quelques  insectes  avec  ceux  qui  sont  dans  vos  cadres 
et  s'en  retournent  avec  de  faux  noms. 

ORTHOPTÈRES. 
G.  ScAPHURA.  —  S.  Figorsii.  —  Cette  espèce,  nommée  par 
Kirby,  Zoo/. ,joitrn.l  825, estdésignée suri  étiquette commeayant 
été  nommée  par  Linné.  Cette  faute,  qui  à  certaines  personnes 
peut  paraître  légère ,  peut  cependant  induire  en  erreur  celui 
qui  ne  sait  pas  que,  du  temps  de  Linné,  M.  Vigors  n'existait  pa 


MÉLANGES    ET    NOUVELLES.  165 

encore,  et  peut  faire  perdre  du  temps  à  rechercher  dans  les 
ouvrages  du  grand  naturaliste  un  insecte  qu'il  n'a  pas  connu. 

G.  Ptf.rociiroza.  —  L'insecte  étiqueté  du  nom  de  Ptero- 
chroza  sicifolia,  Degeer  ,  oce//a/a,  Fabr.,  n'appartient  pas  à 
cette  espèce  ,  et  nous  paraît  être  une  vaiiëté  de  la  Pt.  cristata^ 
Serv.,  qui  fait  partie  de  la  division  des  Ptérochrozes  dont  les 
élytreset  les  ailes  sont  échancrées  au  bord  antérieur,  tandis  que 
dans  la  Pt.  ocellata,  les  ailes  et  les  élytres  sont  entières.  Si  l'on 
persistait  à  nous  soutenir  que  l'individu  que  nous  signalons  et 
qui  est  dans  un  cadre,  est  bien  le  Pt.  ocellata  ,  nous  renverrions 
à  la  collection  renfermée  dans  les  tiroirs ,  où  existe  aussi  un  in- 
dividu ayant  nom  Pt.  ocellata  ;  mais  celui-ci  est  bien  déter- 
miné; alors  nous  dirions,  où  préférez-vous  trouver  l'erreur, 
est-ce  dans  les  tiroirs  ou  dans  les  cadres?  Choisissez. 

G.  PsEUDOPHYLLus.  —  Ps.  nerifoHtis ,  Stoll.  —  L'individu 
ainsi  étiqueté  par  M.  Blanchard  n'est  pas  le  Ps.  nerifolius  de 
Stoll,  mais  le  Ps.  nerifolius  de  M.  Brullé,  ffist  nat.des Ins., 
IX,  157,  Orth.,  pi.  12,  et  aussi  celui  de  M.  Serville,  Ilist.  nat. 
des  Orth.,  p.  46G.  Ici  trois  personnes  ont  fait  une  erreur,  la 
première  est  M.  Brullé  ,  qui  a  figuré  une  espèce  qui  n'est  nul- 
lement celle  représentée  par  M.  Stoll ,  et  qu'il  a  cependant  don- 
née comme  telle.  La  seconde  est  M.  Serville,  qui  paraît  s'en 
être  rapporté  à  M.  Brullé  ;  car  dans  la  synonymie  de  son  Ps.  ne- 
rifolius ,  tout  en  citant  Stoll ,  il  cite  aussi  M.  Brullé  ,  puis  il  dé- 
crit l'insecte  qu'il  possède  en  nature  et  qui  est  identique  avex: 
celui  représenté  par  ce  dernier  auteur.  Ensuite  M.  Serville, 
p.  4G8  ,  décrit  comme  nouvelle  espèce  le  Ps.  nerifolius  de  Stoll, 
sous  le  nom  de  Ps.  uninotatus  ,  qu'il  possède  aussi  en  nature  et 
qui  se  rapporte  parfaitement  à  la  figure  de  Stoll.  M.  Serville,  qui 
n'a  en  vue  que  le  progrès  des  sciences,  nous  a  de  suite  engagé  à 
signaler  ces  deux  erreurs  aux  entomologistes.  La  troisième  per- 
sonne est  M.  Blanchard  ,  qui  s'en  est  aussi  rapporté  à  M.  Brullé 
en  plaçant  dans  un  cadre  ,  comme  étant  le  nerifolius  de  Stoll , 
l'espèce  représentée  par  M.  Brullé;  et  ce  qui  le  prouve ,  c'est 
que  dans  V Histoire  des  animaux  articulés,  t.  3,  p.  34,  il  cite 
Stoll ,  M.  Serville  et  M.  Brullé  ;  il  a  donc  comparé  son  prétendu 
Ps.  nerifolius  à  la  figure  donnée  par  ce  dernier  auteur,  puisque 
cette  espèce  s'y  rapporte,  et  a  cité  Stoll  sans  avoir  consulté  son 
ouvrage.  Quant  à  INI.   Brullé,  nous   ne  savons  à  quoi  attribuer 


166  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {AwU  1815.) 

son  erreur  ;  peut-être  a-t-il  inféré  de  ce  que  la  figure  de  Stoll 
était  assez  grossière',  qu'elle  était  inexacte.  Mais  il  n'en  est  rien. 
M.  Serville,   comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  possède  dans  sa  col- 
lection l'espèce  figurée  par  Stoll  et  celle  figurée  par  M,  Brullé. 
Nous  possédons  aussi  ces  deux  espèces.  Dans  le  Ps.  nerifolius 
de   Stoll ,    les  élytres  sont  sinuées  au  bord    interne  ;   dans    le 
Ps  nerifolius  de  M.  Brullé,  le  bord  interne  est  droit ,  et  la  dis- 
position des  nervures  des  élytres  n'est  pas  la  même.  Les  trois  ner- 
vures longitudinales  suffisent  pour  faire  ressortir  la  différence  de 
ces  deux  espèces  ;  la  première  est  la  grande  nervure ,  celle  qui 
sépare  le  bord  marginal  du  reste  de  l'élytre  et  qui  la  parcourt 
dans  toute  sa  longueur  ;  la  seconde  s'unit  à  angle  aigu  à  la  pre- 
mière ;  environ  à  un  tiers  de  sa  longueur  ,  à  partir  de  la  base  ;  la 
troisième  parcourt  toute  la  longueur  de  l'élytre  :  cette  disposi- 
tion a  lieu  dans  les  deux  espèces  ;  mais  dans  le  Ps.  nerifolius  de 
M.  Brullé ,  la  seconde  nervure  est  placée  à  peu  près  au  milieu 
de  l'espace  compris  entre  la  première  et  la  troisième  ,  tandis  que 
dans  le  Ps.  nerifolius  de  Stoll ,  la  seconde  nervure  est  placée 
au  tiers  inférieur  du  même  espace. 

Maintenant  qu'il  est  prouvé  que  le  Ps.  nerifolius  de 
MM.  Brullé  ,  Serville  et  Blanchard  n'est  pas  celui  de  Stoll ,  il  lui 
faut  un  nouveau  nom.  Quelques  personnes  penseront  que  l'on 
pourrait  lui  donner  celui  de  uninonatus ,  que  M.  Serville  avait 
imposé  au  nerifolius  de  Stoll ,  et  qu'en  restituant  à  ce  dernier 
son  véritable  nom  ,  il  n'y  aurait  que  transposition  d'une  espèce 
à  l'autre.  Mais  ce  nom  de  uninotatus  n'est  pas  convenable ,  at- 
tendu que  plusieurs  ,  et  peut  être  même  toutes  les  espèces  de 
Pseudophylles  ont  à  la  base  des  élytres ,  près  de  la  grande 
nervure  longitudinale,  une  tache  blanchâtre  ;  nous  avons  donc 
cru  devoir  dédier  cette  espèce  à  la  mémoire  de  Stoll  en  la  nom- 
mant Pseudophyllus  Slollii. 

Dans  quelques  individus ,  il  y  a  une  tache  blanchâtre  sur  une 
élytre  et  deux  sur  l'autre ,  notre  exemplaire  du  nerifolius  de 
Stoll  est  dans  ce  cas. 

LÉPIDOPTÈRES. 

G.  Ornithoptera.  —  O.  JRhadamanthus .  Boisd.  —  Le  Lépi- 
doptère ainsi  déterminé  par  M.  Blanchard  n'est  point  cette  es- 
pèce ;  mais  c'est  VOrnith.  Helena  de  Linné.  Il  suffisait,  pour  évi- 
ter l'erreur,  de  lire  avec  tant  soit  peu  d'attention,  dans  le  species 


MÉLANGES   ET   NOUVELLES.  167 

de  M.  Boisduval ,  la  description  de  VOrnilh.  lihadamanthus ,  où 
cet  auteur,  en  indiquant  la  variété  A,  la  compare  avec  VIfelena; 
cela  aurait  mis  sur  la  voie,  et  porté  à  lire  dans  le  même  ouvrage 
la  description  de  VHelena.  S'il  avait  pu  rester  encore  quelque 
doute,  on  avait  pour  ressource  la  figure  deClerck,  Tab.  22, 
citée  par  Linné,  tant  dans  le  Systema  naturœ ^  que  dans  le 
Muséum  Z/Mdovic«?.  Puis  l'on  avait  encore  C^ramcr,  pi.  140,  et 
même  Herbst.,  Tab.  111. 

G.  Papilio.  —  P.  disparilis,  Boisd.  —  Ce  n'est  par  le  P.  dis- 
parilis  de  M.  Boisduval ,  mais  le  P,  phorbanta  de  Linné.  Ce 
prétendu  disparilis  est  indiqué  comme  de  l'île  de  France.  C'est 
en  effet  la  patrie  du  phorbanta ,  tandis  que  le  disparilis  ne  se 
trouve  qu'à  l'île  Bourbon,  (^ette  différence  de  patrie  aurait  dû 
faire  reconnaître  l'erreur.  M.  Boisduval  dans  son  species  a  très- 
bien  décrit  ces  deux  espèces  en  les  comparant  l'une  à  l'autre  ; 
et  malgré  qu'elles  soient  très-voisines  (du  moins  pour  les  mâles), 
il  est  impossible  de  les  confondre. 

G.  Terias,  Swains. —  Boïsd,  species.  —  Xantidia,  Boisd. 
Faune  de  Madagascar. —  T.  Z?es/ardmsn,  Boisd.  —  N'est  pas 
l'espèce  de  ce  nom  :  c'est  le  Terias  floricola,  Boisd.  Il  était  pour- 
tant bien  facile  de  ne  pas  les  confondre,  en  lisant  les  descriptions 
de  M.  Boisduval  dans  son  species  ou  dans  sa  Faune  de  Madagas- 
car, où  la  Terias  Desjardinsii  est  figurée.  Cette  faune  a  non- 
seulement  été  imprimée  à  part ,  mais  elle  est  encore  insérée 
dans  les  Nouvelles  annales  du  Muséum.  T.  IL  1833. 

G.  Idea.  —  /.  agelia,  God.  —  Sous  le  nom  à''Agelia^ 
M.  Blanchard  a  réuni  trois  individus,  dont  l'un  est  h\enV  Agelia 
de  Godart  ;  mais  les  deux  autres ,  qui  sont  semblables ,  sont  donnés 
comme  étant  le  mâle  de  cette  espèce ,  ce  qui  n'est  nullement 
exact.  C'est  une  espèce  nouvelle  qui  offre  beaucoup  de  diffé- 
rences avec  VAgelia  A  notre  connaissance,  il  n'y  en  France  que 
le  Muséum  de  Paris  qui  possède  cette  magnifique  espèce,  qu'il 
laisse  perdre  exposée  au  grand  jour,  tandis  qu'elle  n'existe  pas 
dans  la  collection  renfermée  dans  des  tiroirs.  Nous  avons  fait 
cette  observation  à  M.  Blanchard;  il  nous  est  pénible  de  le  dire, 
il  nous  a  répondu  qu'il  ne  pouvait  attacher  d'importance  à  aussi 
peu  de  chose.  A  quoi  donc  M.  Blanchard  attache-t-il  de  l'impor- 
tance? Lui,  dont  l'emploi  est  de  s'occuper  de  toute  l'entomologie, 
est-ce  qu'un  insecte ,  à  ses  yeux,  doit  avoir  la  préférence  sur  un 


168  REVUE  zooLOGiguE.  (Avril  1845.) 

autre?  est-ce  que  tous,  même  les  plus  communs,  ne  sont  pas  confiés 
à  ses  soins?  Vous  n'attachez  pas  d'importance  à  une  espèce  nou- 
velle ,  très-belle,  bien  conservée,  extrêmement  rare  ,  qui  vient  de 
Bornéo,  et  que  vous  seul  possédez  ;  à  une  espèce  qui  a  dû  coû- 
ter fort  cher  à  votre  établissement,  soit  en  échange,  soit  en  ar- 
gent ;  à  une  espèce  que  vous  ne  retrouverez  peut-être  jamais,  et 
que  vous  laissez  perdre  au  grand  jour,  tandis  que  toutes  les 
espèces  communes  du  même  genre  sont  renfermées  dans  dea 
tiroirs,  vous  ne  daignez  pas  vous  donner  la  peine  d'y  placer  cette 
rare  espèce.  Vous  prétendez  que  c'est  le  mâle  de  VAgelia;  ad- 
mettons cela  un  instant:  alors,  pourquoi  ne  pas  réunir  les  deux 
sexes  dans  les  tiroirs,  où  suivant  votre  manière  de  voir,  il  na 
doit  y  avoir  que  des  femelles?  Nous  pensons  que  dans  toutes  les 
collections  on  doit  tenir  à  avoir  les  deux  sexes,  quand  même  ils 
n'offriraient  de  différence  que  dans  l'abdomen  ;  à  plus  forte  rai- 
son lorsqu'il  y  en  a  tant  entre  votre  prétendu  mâle  et  la  véri- 
table Agelia.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  le  mâle  de  cette  der- 
nière espèce  que  vous  refusez  de  mettre  dans  les  tiroirs ,  c'est  le 
plus  rare  de  toutes  les  Idea. 

Nous  allons  faire  ressortir  les  principales  différences  qui  exis- 
tent entre  VIdea  Agelia  et  la  nouvelle  espèce,  que  nous  dédions 
à  M.  Blanchard. 

VIdea  Blanchardii  est  plus  petite  que  VJgelia,  sa  taille  est 
celle  de  la  Lyncea.  Les  ailes  ne  sont  pas  blanches  dans  toute 
leur  étendue ,  leur  bord  postérieur  est  largement  et  fortement 
enfumé,  principalement  aux  supérieures  qui,  surtout  dans  un 
des  individus ,  ont  aussi  cette  couleur  à  partir  de  leur  origine 
jusqu'aux  taches  noires  discoïdales.  Ces  taches  sont  disposées 
comme  celles  de  VAgelia ,  mais  elles  sont  plus  petites  et  il  n'y 
en  a  que  cinq  ,  celle  située  entre  la  nervure  costale  et  la  sous- 
costale  n'existe  pas;  la  seconde  de  la  cellule  discoïdale n'atteint 
pas  la  nervure  médiane.  Dans  la  ^'Blanchardii ,  il  n'y  a  pas 
comme  dans  VAgelia  de  bordure  formée  par  des  taches  noires 
irrégulières  et  divisées  par  une  rangée  de  gros  points  blancs  :  à 
peine  aperçoit-on  quelques  vestiges  de  petits  points  blanchâtres  ; 
on  voit  aussi  trois  ou  quatre  taches  noires  vers  l'angle  interne, 
qui  se  confondent  un  peu  avec  la  teinte  enfumée.  Entre  les  ner- 
vures il  y  a  une  ligne  noire  un  peu  claviforme,  ayant  au  moins 
deux  centimètres  de  longueur  et  atteignant  la  frange.  Dans  VA- 


MÉLANGKS   ET  NOUVELLES.  169 

gelia ,  ce  sont  de  grosses  taches  dont  les  unes  sont  lancéolées, 
les  autres  sont  cunéiformes,  et  dont  la  plupart  n'atteignent 
même  pas  la  bordure.  Les  ailes  inférieures  de  la  Blanchardii  ont 
aussi  entre  les  nervures  une  ligne  à  peu  près  semblable  à  celle 
des  ailes  supérieures;  elles  sont  au  nombre  de  cinq,  comme 
dans  VJ gelia.,  mais  elles  ne  donnent  pas  naissance,  comme 
dans  cette  espèce ,  à  un  ccmmencenient  de  bordure. 

N'ayant  pu  faire  cette  description  que  sur  les  individus  ren- 
fermés dans  le  cadre ,  nous  ne  parlons  que  du  dessus  ;  mais 
comme  précédemment  nous  avons  eu  entre  les  mains  ces  mêmes 
individus,  nous  pouvons  affirmer  qu'il  n'y  a  pas  de  point  noir 
vers  la  base  du  dessous  des  ailes  inférieures,  tandis  que  ce  point 
existe  constamment  dans  VAgelia.  Un  des  deux  individus  nous 
a  paru  être  une  femelle  ;  mais  nous  ne  pouvons  l'assurer. 
L'autre  individu  a  un  abdomen  qui  ne  lui  appartient  pas,  c'est 
celui  de  Vlphias  leucippe. 

Au  premier  coup  d'œil  on  distinguera  toujours  cette  nouvelle 
espèce  de  V^gelia  par  sa  teinte  enfumée  par  le  manque  de 
bordure,  par  l'absence  du  point  à  la  base  du  dessous  des  ailes 
inférieures  et  par  une  taille  plus  petite. 

G.  RoMALEOSOMA,  Blanch. —  Erithonius ,  Fab.  —  L'individu 
mâle  est  bien  déterminé  ,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  fe- 
melle ,  qui  est  celle  du  Papilio  medon  de  Linné.  Pour  s'en 
convaincre,  M.  Blanchard  n'a  qu'à  jeter  un  coup  d'œil  sur  la 
figure  de  Clerck  ,  Icon.  tab.  28  ,  f.  1,  citée  par  Linnée  dans  ses 
Amœnilates ,  vol.  6  ,  et  dans  son  Systema  naturœ.  \2'  édition. 
A  défaut  de  Clerck,  voyez  Drury ,  Ins  2,  tab.  15  ,  f.  1,  2.  Cet 
auteur  cite  Clerck  et  le  Systema  naturœ.  On  peut  encore  con- 
sulter Herbst  qui  a  reproduit  le  Medon  de  Drury,  tab.  130,  f.  4«, 
5.  Fabriciusne  donne  qu'une  courte  description  de  cette  espèce, 
mais  il  cite  les  AmœnitaAes  ,  le  Systema  naturœ ,  les  figures  de 
Clerck  et  de  Drury,  et  à  tort  celle  de  Cramer.  Nous  ne  ren- 
voyons pas  à  Godard,  parce  qu'il  a  confondu  plusieurs  espèces. 
11  rapporte  au  Medon  de  Linné  le  Ceres  de  Fabricius  (Lucilla  , 
Cram.)  et  le  Cato  du  même  auteur  [Cyparùsa ,  Cram),  qui  sont 
des  espères  bien  distinctes.  Il  n'a  pas  vu  en  nature  le  Medon  de 
Linné,  car  sa  description  se  rapporte  à  une  variété  du  Cerès  de 
Fabricius  ;  il  cite  la  figure  de  Clerck  sans  l'avoir  vue,  et  ce  qui 
le  prouve,  c'est  que ,  dans  son  article  de  sa  Nymphale  Eritha- 


170  REVUB  zooLOGrQDE.  {Âvril  1845.) 

nius ,  il  dit  que  c'est  à  cette  espèce  que  doit  être  rapporté  le 
Medon  de  Drury,  et  non  pas  au  Medon  de  Linné,  comme  l'ont 
dit  certains  auteurs.  S'il  avait  vu  la  figure  de  Clerck ,  il  se  serait 
aperçu  que  celle  de  Drury  n'en  différait  que  parce  que  le  bleu 
du  dessus  des  ailes  ne  s'étendait  pas  jusqu'à  leur  base  et  ne  for- 
mait, pour  ainsi  dire,  qu'un  léger  ruban  discoïdal ,  mais  que 
le  dessous  n'offrait  pas  de  différence  ;  qu'alors  le  Medon  de  Dru- 
ry ,  n'était  qu'une  très-légère  variété  de  celui  de  Linné  ;  il  au- 
rait encore  reconnu  que  celui  de  Cramer  était  une  autre  espèce. 
Ce  dernier  auteur  tout  en  rapportant  son  Medon  à  celui  de 
Clerck  et  de  Drury,  fait  la  remarque  que  le  sien  diffère  de  celui 
de  ces  deux  auteurs,  et  il  ne  s'aperçoit  pas  que  c'est  la  femelle 
de  son  Lucilla  qu'il  a  représentée  pi.  156  (son  Medon  est  re- 
présenté pi.  205).  Ces  deux  figures  sont  identiques;  seulement, 
dans  la  femelle ,  la  bande  des  ailes  supérieures  est  blanche  au 
lieu  d'être  jaune  comme  dans  le  mâle ,  ce  qui  ne  signifie  rien , 
puisque  les  bandes  dans  cette  espèce  varient  pour  la  couleur , 
n'importe  le  sexe;  ceci  a  lieu  aussi  dans  le  véritable  Medon  ^ 
et  même  quelquefois  les  bandes  disparaissent  complètement 
comme  dans  le  Janassa  de  Fabricius,  qui  est  une  variété  mâle 
du  Medon  :  c'est  probablement  cette  erreur  de  Godart  qui  est 
la  cause  de  celle  de  M.  Blanchard.  Si  Godart  et  M  Blanchard 
s'étaient  donné  la  peine  de  remonter  à  la  source,  ils  n'auraient 
pas  commis  ces  fautes;  car  Linné,  dans  ses  j4mœnitates ,  tout 
en  citant  Clerck ,  donne  une  très-bonne  description  de  son 
P.  Medon  ;  son  P.  Janassa  {Mus.  Lud.)  est  le  même  que  son 
Medon  ;  la  description  très-exacte  ne  laisse  aucun  doute  à  ce 
sujet.  Nous  dirons  encore  que  si  M.  Blanchard  avait  examiné  le 
dessous  du  mâle  d'Érithonius  et  celui  de  sa  prétendue  femelle, 
il  aurait  vu  que  ces  deux  individus  n'avaient  aucun  rapport ,  car 
il  sait  fort  bien  que  si  le  dessus  des  deux  sexes  d'une  même  es- 
pèce diffère  souvent,  cela  arrive  rarement  pour  le  dessous. 

Quant  à  la  véritable  femelle  â''Erithonius  Fabr.,  ou  Ewpha- 
lus  au  même  auteur  [Harpalyce^  Cram.),  les  auteurs  ne  l'ont 
pas  connue  ;  nous  en  possédons  un  exemplaire.  Cette  femelle, 
comme  toutes  celles  du  genre  Romaleosoma ,  est  plus  grande 
que  le  mâle,  dont  elle  diffère  aux  ailes  supérieures  par  une 
bande  jaune  placée  comme  celle  du  Medon ,  et  étant  aussi  très- 
irrégulière  à  son  côté  interne.  Les  ailes  inférieures  sont  sans 


MÉUNGES  £T  NOUVELLES.  171 

bande  bleue  en  dessous  ;  les  ailes  ne  diflerent  de  celles  du  maie 
que  par  la  bande  des  supérieures  qui  reparaît  ;  mais  au  lieu  d'être 
jaune  elle  est  blanchâtre. 

Romaleosoma  Aîedon ,  Linn.  —  Sous  ce  nom,  M.  Blanchard 
a  placé ,  comme  les  deux  sexes  ou  comme  variétés  mâles ,  deux 
individus,  dont  l'un  a  les  bandes  obliques  des  ailes  supérieures 
jaunes  et  l'autre  les  a  blanchâtres  ;  ces  deux  individus  n'appar- 
tiennent pas  au  Medon  de  Linné  ,  mais  au  Lucilla  de  Cramer 
(  Ceres  de  Fabricius)  et  qui ,  comme  nous  l'avons  dit  à  l'article 
précédent,  a  pour  femelle  le  Medon  du  même  auteur.  Le  Lucilla 
a  été  reproduit  par  Herbst,  tab.  138,  f.  5,  6.  Nous  avons  dit 
aussi  que  cette  espèce  variait  beaucoup  pour  la  couleur  de  la 
bande  des  ailes  supérieures  ;  nous  ajouterons  qu'en  dessous  il  y 
a   parfois  du  rouge  à  la  base  des  ailes ,  qui  quelquefois  repa- 
raît même  en  dessus  comme  dans  le  7%emù  d'Hubner  (Exot., 
Schm.).  Mais  le  dessin  est  toujours  le  même,  et  comme  il  est 
très-différent  de  celui  du  Medon,  principalement  en  dessous, 
il  est  impossible  de  confondre  ces  deux  espèces.  Nous  indique- 
rons seulement  leurs  principales  différences.  Dajis  le  Lucilla^ 
la  bande  des  ailes  supérieures  est  presque  droite  à  son  côté  in- 
terne ,  tandis  que  dans  le  Medon  elle  est  irrégulière  avec  une 
assez  forte  échancrure.  Dans  le  Medon,   il    n'y  a  en  dessous 
que  trois  points  à  la  base  de  chaque  aile  ;  dans  le  Lucilla ,  il  n'y 
en  a  aussi  que  trois  à  la  base  des  premières  ,  mais  ils  sont  suivis 
de  quatre  à  cinq  taches  plus  ou  moins  réunies ,  et  formant  par- 
fois une  bande  qui  vient  s'appuyer  sur  la  bande  ordinaire;  les 
ailes  inférieures  ont  six  à  sept  taches  irrégulières  plus  ou  moins 
réunies  ;  les  unes  sont  placées  vers  la  base ,  les  autres  sont  sur  le 
disque,  tandis  que  dans  le  Medon,  le  disque  est  traversé  par  une 
bande  blanche  étroite ,  formée  de  cinq  à  six  taches  irrégulières , 
et  commençant  au  bord  antérieur  de  l'aile.  Les  ailes  du  Lucilla 
ont  en  dessous  une  rangée  marginale  de  lunules  noirâtres  ap- 
puyées sur  les  échancrures  qui  sont  blanches;  ces  lunules  sont 
précédées  d'un  rang  de  grosses  taches  noires ,  bien  séparées  l'une 
de  l'autre ,  tranchant  bien  sur  la  couleur  du  fond  ;  elles  sont 
plus  ou  moins  rondes  ou  plus  ou  moins  carrées.  Dans  le  Medon , 
la  rangée  de  lunules  n'existe  pas  ,  l'autre  rangée  de  taches  existe, 
mais  elles  sont  brunâtres,  peu  séparées  l'une  de  l'autre,  for- 
mant une  espèce  de  bande  peu  interrompue  et  tranchant  peu 


172  RhvnK  zooLOGiguE.   {Avril  1845.) 

avec  la  couleur  du  fond.  Ces  deux  espèce?  sont  tellement  dis- 
tinctes ,  qu'il  est  étonnant  que  l'on  ait  pu  les  confondre. 

G.MoKPHO,-  M.  Hclenor.— lieux  individus  portent  ce  nom  ;  le 
premier  qui  est  présenté  en  dessus  est  h\en.VHelenor ,  mais  le 
second ,  qui  est  présenté  en  dessous ,  est  un  petit  individu  de 
VAchUles.  Nous  ne  concevons  pas  que  l'œil  exercé  de  M.  Blan- 
chard ait  pu  réunir  sous  le  même  nom  ces  deux  espèces. 

G.  Argea  ;  à  VArgea  Galathea  on  a  mis,  par  erreur,  une  éti- 
quette d'Argynne  (A.  Pandora ,  Esp. }  ;  avec  un  peu  plus  d'at- 
tention on  eût  évité  cette  faute. 

G.  Sphinx, — S.  Alecto. — L'individu  qui  porte  ce  nom  n'est  pas 
le  Sphinx  Alecto  de  Linné  très-bien  décrit  par  cet  auteur  dans 
le  Muséum  Ludovicœ  ainsi  que  dans  le  Systema  naturœ,  et 
très-bien  représenté  par  Cramer,  pi.  137,  et  par  Drury,  ins.  2, 
tab.  27.  C'est  le  Sphinx  thyelia  ôe  Cvaimer ,  pi.  226,  qu'il  donne 
comme  étant  celui  de  Linné  ;  Fabricius  est  de  cet  avis  ;  il  est  pro- 
bable que  ces  auteurs  ont  raison  ;  mais  l'on  ne  peut  disconvenir 
que  la  description  qu'en  donne  Linné ,  laisse  un  peu  de  doute  , 
il  en  est  de  même  de  la  figure  de  Clerck  à  laquelle  il  renvoie  ; 
cette  figure  paraît  avoir  été  faite  sur  un  individu  en  mauvais 
état,  et  ayant  à  peine  les  ailes  ouvertes. 

Nous  devons  à  notre  ami  M.  Boisduval  la  remarque  que  le 
Sphinx  boerhaviœ  de  Fabricius  fait  double  emploi  avec  le 
Sphinx  Thyelia  ;  la  description  de  Fabricius  et  la  figure  deSul- 
zer,  ins.^  tab.  2*,  f.  3,  qu'il  cite,  ne  laissent  aucun  doute,  surtout 
pour  le  Thyelia  de  Cramer, 

Nous  avons  inséré  (  1844,  p.  429}  l'extrait  d'un  travail  de 
M.  Van  Beneden,  dans  lequel  ce  savant  démontrait  que  le  genre 
Éleuthérie  de  M.  de  Quatrefages  était  plutôt  une  jeune  Tubu- 
laire  qu'une  Médusaire  adulte ,  et  que  son  genre  Synhydre 
n'était  autre  chose  que  celui  auquel  M,  Van  Beneden  a  imposé 
le  nom  à'  H  y  dr  actinie  deux  ans  avant ,  en  le  publiant  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie  de  Bruxelles. 

En  réponse  aux  observations  de  M.  Van  Beneden,  M.  de  Quatre- 
fages a  publié,  dans  les  mêmes  Bulletins^  t.  12,  no  2,  une  lettre 
dans  laquelle  il  cherche  à  montrer  les  différences  qu'il  a  cru 
trouver  entre  les  animaux  qu'il  a  étudiés  et  ceux  que  M.  Van 
Beneden  avait  publiés  antérieurement. 

Relativement  au  genre  iBVpMY^em,    il  reconnaît  que  l'exis- 


MRL4NGKS  KT  NOUVhl.i.tS.  173 

tciice  des  yeux,  et  peut-être  même  celle  des  œuf^,  ne  sont  plus 
aujourd'hui  des  raisons  concluantes  pour  le  considérer  comme 
un  animal  adulte,  mais  il  énumère  les  autres  caractères  qui  lui 
semblent  ne  s'être  jamais  montrés  dans  les  Médusaires  provenant 
de  polypes  fixés. 

Dans  sa  réponse,  M.  Van  Beneden  s'exprime  ainsi  au  sujet  de 
VÉleuthérie.  «  M.  de  Quatrefages  reconnaît  que  l'existence  des 
yeux  et  peut-être  même  celle  des  œufs,  ne  sont  plus  aujourd'hui 
des  raisons  concluantes  pour  considérer  l'Éleuthérie  comme  un 
animal  adulte.  Mais  toute  la  question  est  là  ,  nous  semble  t- il , 
car  les  autres  considérations  ,  malgré  notre  respect  pour  les  opi- 
nions de  ce  savant,  n'ont  qu'une  faible  importance.  C'est  par 
des  recherches  suivies  avec  soin  et  pendant  fort  longtemps,  que 
l'on  parviendra  à  savoir  d'une  manière  certaine  ,  nous  en  conve- 
nons, si  l'Eleuthérie  et  d'autres,  sont  Polypes  dans  le  jeune  âge 
et  Méduses  dans  leur  état  adulte,  ou  bien  si  c'est  l'inverse,  comme 
le  pense  M.  de  Quatrefages.  Nous  avons  exprimé  notre  doute  à 
ce  sujet,  et  l'aveu  de  M.  de  Quatrefages  nous  semble  plutôt  favo- 
rable. Nous  pensons  donc  encore  aujourd'hui  que  l'Eleuthérie  , 
pour  autant  qu'on  la  connaît,  est  plutôt  une  jeune  Tubulaire 
qu'une  Médusaire  adulte.  » 

Quant  au  genre  Synhydre^  M.  de  Quatrefages  présente  ainsi 
le  tableau  des  différences  qu'il  a  remarquées  entre  sa  descrip- 
tion et  celle  du  genre  Hydractinie  de  M.  Van  Beneden. 

HïDRACTlîlIE.  SyNHYDRE- 

Polypes  sans  polypier.  Polypes  à  polypier  corné ,  formant  un 

réseau  irrégulier  et  donnant  nais- 
sance çàet  là  àdes  épinesoumame- 
lons  qui  s'élèvent  au-dessus  de  la 
surface  générale. 

Animaux  de  même  taille.  Animaux  de  taille  différente.  —  Les 

polypes  nourriciers  sont  beaucoup 
plus  grands  et  plus  gros  que  les  po- 
lypes reproducteurs. 

Polype  de  forme  conique  trapue.  Polypes  de  forme  conique  trés-allon- 

gée  ou  cylindrique. 

Tentacules  à  une  seule  rangée.  Tentacules  disposes  sur  deux  rangs  al- 

ternes ,  formant  de  petits  groupes 
de2,  3,  4. 

Tentacules  en  petit  nombre  (i2  à  i4).  Tentacules  nombreux  (32  à  36  ),  flli- 
courts ,  épais.  formes ,  presque  entièrement  cylin- 

driques. 

Polype»  reproducteurs  terminés  en  Polypes  reproducteurs  terminés  par 
mamelon  lisse  une  sorte  de  chou-fleur,  formé  da 

pelotes  spiculiféres. 


174  nEVDE   ZOOLOGIQUE-   [Awil   1845.) 

Polypes    reproducteurs  portant    des    Polypes  reproducteurs    portant   de» 

capsules  qui  renferment  des  œufs        bulbiles  qui  ne  ressemblent  en  rien 

bien  caractérisés.  à  des  œufs. 

OEufs  se  formant  dans  les  capsules    OEufs  proprement  dits  bien  caracté- 

des  polypes  reproducteurs.  risés,  paraissant  se  développer  dans 

la  partie  vivante  commune,  vers  la 
base  des  points  d'attacbe  des  po- 
lypes. 

M.  Van  Beneden  discute  la  valeur  réelle  des  caractères  diffé- 
rentiels exposés  ainsi  par  M.  de  Quatrefages  ;  les  observations  du 
naturaliste  belge  sont  claires  et  positives  ,  et  le  conduisent  aux 
conclusions  suivantes  : 

«  Comme  on  a  pu  le  voir,  nous  croyons  toujours  le  genre  Dys- 
morphosa  de  M.  Philippi  synonyme  avec  la  Synhydre  et  l'Hy- 
dractinie ,  et  Texamen  nouveau  que  nous  venons  d'en  faire  n'a 
fait  que  corroborer  notre  première  supposition;  nous  croyons 
de  plus  pouvoir  y  joindre  encore  le  nouveau  genre  Échinocho  - 
rium  d'un  autre  naturaliste  anglais.  Quant  au  genre  Cordilo- 
phora ,  que  M.  Allmann  a  trouvé  dans  les  docks  du  grand  canal 
de  Dublin ,  et  qui  occuperait  une  place  intermédiaire  entre  les 
Corynes  et  les  Syncorynes,  nous  en  savons  trop  peu  pour  avoir 
une  opinion  arrêtée.  Cette  Tubulaire  serait-elle  réellement  d'eau 
douce  ? 

»  En  résumé  donc ,  au  lieu  de  modifier  notre  opinion ,  nous  la 
croyons  raffermie  tant  pour  les  Éleuthéries  que  pour  les  Synhy- 
dres ,  et  s'il  restait  le  moindre  doute  dans  l'esprit  de  M.  de 
Quatrefages  sur  l'identité  de  mes  Hydractinies  et  de  son  genre 
Synhydre ,  il  ne  sera  pas  difficile  de  l'éclaircir.  Je  tiens  à  la 
disposition  de  M.  de  Quatrefages  et  de  tous  ceux  qui  s'intéressent 
à  ces  questions,  des  Hydractinies  desséchées  et  d'autres  con- 
servées dans  la  liqueur  ;  on  pourra  les  comparer  avec  les  Synhy- 
dres  que  M.  de  Quatrefages  a  déposées  au  Muséum  d'histoire  na- 
turelle de  Paris,  et  ainsi  trancher  définitivement  cette  question.  » 


M.  Lucas  nous  adresse  la  lettre  suivante. 

Monsieur,  M.  l'abbé  Bouilet,  dans  ses  observations  sur  un  tra- 
vail de  M.  Nicolet,  concernant  les  Podurelles ,  et  qui  ont  été  insé- 
rées dans  votre  Revue  du  mois  de  févr.  1843,  dit ,  au  sujet  de  sen 
deux  mémoires  que  j'ai  analysés,  op.  cit.,  p.  7,  Rem.  1 .  «  C'est  à 
quoi  n'a  pas  fait  attention  M.  Lucas,  qui ,  dans  le  compte  qu'il  a 


MÉLANGBS    ET    NODVELLES.  175 

rendu  de  ce  dernier  ouvrage  (Mëm.  sur  les  Podurel. ,  extr.  de» 
mém.  de  l'Acad.  roy.  des  se.  de  l'ag.  et  des  arts  de  Lille,  1839), 
a  réuni  toutes  les  espèces  des  deux  mémoires.  J'avertis  que  je  ne 
reconnais  que  les  espèces  décrites  dans  mon  mémoire  de  1842 
(Mém.  sur  les  Pod. ,  Extr.  des  mémoires  de  la  société  roy  et  centr. 
d'agricult.,  se.  et  arts  du  départem.  du  Nord  (1842).  (Ann.  de 
la  société  ent.  de  France,  2«  série,  tom.  1,  p.  279  et  233  (1843). 
Je  vous  avouerai  franchement,  monsieur,  que  pour  analyser  le 
travail  de  M.  l'abbé  Bourlet ,  j'ai  souvent  lu  et  relu  les  deux  in- 
téressants mémoires  de  cet  auteur,  et  que  je  n'ai  vu  aucun  pas- 
sage qui  indiquât  que  cet  entomologiste  ne  reconnaissait  que  les 
espèces  qu'il  avait  décrites  dans  son  mémoire  de  1 842.  Ainsi  donc, 
s'il  y  a  réellement  inattention,  je  crois  que  c'est  plutôt  du  côté 
de  M.  l'abbé  Bourlet  que  du  mien,  car  il  m'était  impossible, sans 
aucune  indication  surtout,  de  supposer  que  cet  entomologiste 
regardait  comme  non  avenues  les  espèces  qu'il  avait  fait  con- 
naître dans  son  premier  travail ,  ou  celui  qui  a  paru  en  1839. 

Veuillez  donc,  je  vous  prie,  monsieur,  insérer  cette  petite  note 
rectificative  dans  votre  prochain  numéro  ,  et  agréer,  etc.,  etc. 


Note  sur  l'identité  du  Papilio  Lavinius  de  Fabricius ,  avec  la 
Nymphalis  Steneles  des  auteurs ,  par  M.  Marchal. 
Il  est  souvent  assez  difficile  de  reconnaître  dans  Fabricius  une 
espèce  de  Lépidoptère;  cela  dépend  quelquefois  d'une  descrip- 
tion trop  courte  qui  peut  s'appliquer  à  plusieurs  espèces  ;  souvent 
aussi  de  ce  qu'il  ne  donne  qu'une  phrase  diagnostique  en  ren- 
voyant aux  dessins  de  Jones,  que  bien  peu  de  personnes  peuvent 
consulter  ;  cela  provient  encore  d'un  double  emploi  ;  il  décrit 
Tespèce  qu'il  voit  en  nature  et  lui  impose  un  nom  ;  ailleurs  il  la 
décrit  de  nouveau  d'après  les  auteurs,  sans  s'apercevoir  du  dou- 
ble emploi.  Quand  ce  double  emploi  tombe  sur  une  espèce  très- 
connue,  on  ne  cherche  souvent  pas  à  rapporter  à  cette  espèce  celle 
qui  a  un  nom  nouveau  dans  Fabricius  ;  c'est  le  cas  de  son  Papilio 
Lavinius  (Ent.  syst.  111.  part.  1.  n*  64)  que  les  auteurs  n'ont 
pu  reconnaître.  Godart  (  Ency.  méth.)  ne  le  place  qu'avec  doute 
dans  le  genre  Papilio  ;  il  en  est  de  même  de  M.  Boisduval  (Spec. 
gén.  de  Lépid.)  ;  mais  ce  dernier  pensait  qu'il  appartenait  plutôt 
au  genre  Urania  ou  à  la  tribu  des  Nymphalides  ;  en  effet,  ce  n'est 
autre  chose  que  la  Nymphalis  Steneles  de  tous  les  auteurs.  Cette 


176  RKVDE   ZOOLOGIQUE.     {  Awll    1845.) 

espèce  est  si  commune,  qu'il  ne  vint  a  la  pensée  de  personne 
que  Fabricius  avait  pu  la  décrire  deux  fois;  c'est  cependant  ce 
qui  a  lieu  ;  la  description  du  Papilio  Lavinius  ne  laisse  aucun 
doute ,  elle  est  complète  ;  quant  à  celle  de  la  Nyrdphalis  Steneles 
que  Fabricius  place  sous  ce  nom ,  n**  263,  elle  ne  se  compose  que 
d'une  phrase  diagnostique  ,  mais  il  cite  tous  les  auteurs  qui  l'ont 
ou  décrite  ou  défigurée. 

Notre  découverte  date  de  trois  années  environ.  A  cette  époque 
nous  en  fîmes  part  à  M.  Boisduval  qui  nous  promit  d'en  faire 
mention  dans  le  second  volume  de  son  Species,  où  elle  aurait 
trouvé  place  dans  le  supplément  au  genre  Papilio  ;  mais  ce  se- 
cond volume  n'étant  pas  terminé ,  nous  croyons  ne  pas  devoir 
différer  plus  longtemps  de  faire  connaître  le  résultat  de  nos  re- 
cherches et  d'en  réclamer  la  priorité  ,  attendu  que  le  Mus  um 
britannique  vient  de  publier  le  catalogue  de  ses  Lépidoptères,  et 
que  dans  la  synonymie  de  la  Nymphale  Steneles  ,  nous  trouvons 
]e  Papilio  Lavinius  Fabr.,  comme  étant  indiqué  par  notre  ami 
M.  Boisduval,  ce  dont  nous  ne  nous  plaignons  pas,  M.  Boisdu- 
val ne  layant  pas  fait  pour  s'approprier  notre  découverte;  cela 
est  si  vrai,  que  dès  le  même  jour  où  nous  lui  en  fîmes  part,  il  en 
parla  à  M.  Lacordaire,  comme  étant  de  nous  ;  cela  nous  fut  rap- 
porté par  M.  Lacordaire  lui-même ,  en  présence  de  M.  Guérin- 
Menneville  ;  donc  M.  Boisduval  ,  en  indiquant  au  Muséum  bri- 
tannique le  Papilio  Lavinius ,  comme  étant  identique  avec  la 
Nymphale  Steneles,  ne  la  fait  qu'à  titre  de  renseignement. 


On  nous  prie  d'annoncer  aux  Ornithologistes  la  vente  d'une 
collection  d'Oiseaux  d'Europe  composée  de  328  espèces  diffé- 
rentes, formant  un  total  de  696  individus,  bien  nommés  et  d'une 
belle  conservation.  Cette  collection  peut  convenir  à  un  amateur 
qui  désirerait  fonder  un  musée,  à  une  faculté  ou  à  tout  autre 
établissement  scientifique. 

S'adresser   franco)  au  bureau  de  la  Revue  zoologique. 


Errata  .  Dans  le  numéro  précédent  il  s'est  glissé  une  faute  d'im- 
pression à  l'article  relatif  à  un  Oiseau-mouche  nouveau,  décrit 
par  M.  Parzudaki.  Dans  cette  description  il  est  dit  que  le  dessous 
de  la  queue  de  VO.  Isaacsonii  est  d'un  vert  scintillant.  Lisez  : 
Couvertures  inférieures  d'un  beau  vert  scintillant. 


HUITIEraE  ANNEE.    -  MAX  1845 


TRAVAUX    INEDITS. 


Description  de  quelques  espèces  nouvelles  d'Oiseaux  ,  par  M.  0. 
Desmurs. 

10  Fai.co  IsinoRi.—  Crista  nuchaîi pennis  elongatis  defleœa; 
corpore  toto  supra  nigro-coruscante  ^  infra  rttfo-brunnescente, 
strigis  nigris  longittidinaliter  lavceoJato  ;  cauda  parte  supe- 
riore  inferioreque  nigra,  inlermedia  brunneo  aîboque  sordide 
marmorata;  larsis  usque  ad  basim  pennatis;  rostro  etpedibus 
corneis ,  mgro-cœrulescentibus. 

Cet  Aigle  que  nous  ne  sachions  pas  encore  décrit) ,  l'un  des 
mieux  caractérisés  et  des  plus  beaux  du  genre  ,  est  particulière- 
ment remarquable,  nous  ne  dirons  point  par  une  huppe,  mais 
par  un  prolongement  inaccoutumé  des  plumes  garnissant  Tocci- 
pul.  Elles  sont  inclinées  en  arrière,  comme  chez  le  F.  occipitalis 
(Daud.)  Batteleur  (Levaill.),  le  F.  ornatus  (Daud.),  le  F.  crista- 
tellus  (Temm.)  et  le  Astur  Kienerii  (G.  S."),  et  se  relèvent  légè- 
rement vers  leur  extrémité ,  en  un  faisceau  qui  ajoute  à  l'air  de 
noblesse  de  cet  oiseau  :  la  plus  longue  de  ces  plumes  a  jusqu'à 
100  millimètres  de  développement. 

Seulement,  à  l'exception  de  ces  quatre  Oiseaux  ,  rangés  tous 
dans  les  Aigles-Autours,  celui  que  nous  avons  dédié  ,  comme 
hommage  de  notre  respect ,  à  M.  le  professeur  Isidore  Geof- 
froy-Saint-Hilaire  ,  constitue  véritablement  un  Aigle  propre- 
ment dit ,  et  est  le  premier  de  ce  genre  ou  de  cette  famille  qui 
présente  cet  ornement  particulier. 

11  mesure,  du  bout  du  bec  à  l'extrémité  de  la  queue,  74  cent., 
et  vient  de  Santa-Fé  de  Bogota. 

Il  appartient  au  Muséum  de  Paris. 

2"  HalivEtus  vociferoïdes.  —  Geriis  caudaqiie  albis;  duabus 
mediis  rectricibus  caudice  nigris  ;  corpore  toto  supra  et  infra 
brunneo-nigrescente ;  peclore  rufo-fulvido  lanceolato  ;  remigi- 
bus  nigris;  quarta  longiore,  alis  subtus  pulchre  ardesiaceis ; 
tibiis  valde  elongatis  ;  rostro  corneo  ;  cera ,  loris  villosis  et  pe- 
dibus  flavis. 

Ce  grand  Rapace  exotique ,  qui  a  certains  rapports  avec  le 
Vocifer  de  Levaillant ,  ne  peut  être  rangé  qu'avec  ce  que  l'on  a 
Tome  Vin.  Anne*-  IS4:>  12 


176  p.K.vuE  zooi/jGiQUE.   {Mai  18i5.) 

Thabitude  d'appeler  Aigles  pêcheurs,  autrement  dits  Pygargues, 
dont  les  auteurs  ont  fait  le  genre  Haliœlus. 

Comme  chez  les  Pygargues ,  le  tarse  n'est  emplumé  qu'un  peu 
au-dessous  de  son  articulation  avec  le  tibia  ;  les  tarses  et  les  pieds, 
épais  et  vigoureusement  constitue's,  sont  armés  d'ongles  crochus 
et  redoutables ,  et  recouverts  en  dessus  de  squamelles  ayant  la 
dureté  de  la  corne .  et  formant  véritablement  ce  que  sont  les 
tassetles  dans  les  cuirasses  ;  l'espace  compris  entre  la  base  du 
tarse  et  la  première  articulation  des  doigts,  de  même  que  les  cô- 
tés et  le  derrière  du  tarse  ,  sont  simplement  écussonnés  ;  et  le 
dessous  des  pieds  ainsi  que  le  talon  sont  recouverts,  comme  dans 
le  F.  haliœtus ,  d'un  réseau  de  pointes  ou  durillons  cornés  et 
rugueux  ,  ce  qui  est  presque  toujours  l'indice  d'un  Rapace  pé- 
cheur. 

Mais  ,  au  contraire  des  vrais  Pygargues ,  ses  ailes  robustes  n'at- 
teignent à  peine  que  la  moitié  de  la  queue,  et  leurs  grandes  cou- 
vertures s'étendent ,  ainsi  que  cela  se  remarque  chez  les  Vau- 
tours, ju-que  au  niveau  des  plus  longues  rémiges  :  de  celles-ci, 
la  première  est  la  plus  courte  et  la  quatrième  la  plus  longue  ; 
enfin  le  tibia  est  démesurément  long ,  relativement  à  ce  qu'il  se 
voit  dans  les  espèces  congénères  ;  il  est  le  double  du  développe- 
ment du  tarse ,  ce  qui  ne  laisse  pas  que  de  donner  à  notre  Oiseau 
une  physionomie  de  pose  toute  particulière.  Longueur  totale  , 
80  centimètres. 

Ce  beau  Pygargue  vient  de  Madagascar,  d'où  il  a  été  rapporté 
au  Muséum  de  Paris  par  M.  Louis  Rousseau,  aide-naturaliste  at- 
taché à  cet  établissement. 

3"  Mesites  unicolor.—  Corpore  supra  et  infra  rubigineo  seu 
cinnamomeo  colore  tinclo,  gula  et  pectore,  rufo  albidis .  ex- 
ceptis;  rostro  fere  recto  ^  vix  ab  acumine  subulato;  loris  re- 
gioneque  circumoculari  plumulatis ,  pedibus  et  rostro  brun- 
neis  ;  tectricum  rémiges  super antium  ^  rectricumque  barbulis 
elongiter  lanaiis;  digitis  tribus  anticis  omnino  distinctis. 

Cet  Oiseau  appartient  bien  évidemment  au  genre  Mesites, 
créé  par  le  savant  académicien  M.  Isid.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
et  décrit  et  figuré  par  lui  dans  un  excellent  mémoire  inséré  au 
Magasin  de  zoologie  de  1839  ,  mais  nous  avons  hésité  à  en  faire 
une  espèce  ,  pensant  qu'il  pouvait  fort  bien  n'être  que  le  jeune 
ou  la  femelle  adulte  de  la  M-  variegata  (T.  GeoflT.  St-Hil.).  C'est 


TRAVAUX    INÉDITS,  tT7 

en  effet  le  même  aspect  et  le  même  ensemble  de  coloration ,  en 
ce  sens  que  le  roux  feuille  morte  ou  cannelle ,  qui  domine  dans 
cette  dernière  espèce  ,  est  ici  la  seule  et  unique  teinte  de  tout 
l'individu,  à  l'exception  de  la  gorge  et  de  la  poitrine,  où  cette 
couleur  s'éclaircit  pour  faire  place  à  une  nuance  brun-jaunâtre  ; 
on  entrevoit  bien  aussi  comme  la  trace  naissante  ou  le  vestige 
d'une  ligne  blanchâtre  longeant  la  joue  et  allant  se  perdre  vers 
l'oreille  ;  c'est  enfin  le  même  système  plumaire  décomposé  et 
sans  adhérence  ,  et  la  même  forme  surobtuse  de  l'aile. 

Lorsqu'on  en  vient  cependant  à  envisager  le  bec,  le  tour  des 
yeux,  les  grandes  couvertures  des  ailes,  les  pieds,  et  à  compa- 
rer les  mesures  et  les  formes  de  ces  diverses  parties  ,  il  est  dif- 
ficile de  résister  à  l'envie  de  voir  dans  notre  Oiseau ,  sinon  une 
espèce,  au  moins  une  variété  notable  (bien  près  de  devenir  es- 
pèce) de  la  AI.  variegata. 

A.insi ,  le  bec  n'a  plus  la  même  étrangeté  de  forme  de  celui  de 
cette  dernière  espèce  ,  ni  la  même  dimension.  Chacune  de  ses 
mandibules  est  droite  depuis  son  départ  jusqu'à  un  peu  plus  de 
la  moitié  de  sa  longueur,  et  ne  s'arrondit,  l'une  en  haut ,  l'autre 
en  bas,  qu'à  partir  de  cette  limite  ,  pour  se  rejoindre  en  un  bout 
angulaire  quelque  peu  subulé.  Tandis  que  chez  la  AJ.  variegata 
la  courbure  de  la  mandibule  supérieure  commence  à  son  origine 
et  continue  graduellement  et  sans  interruption  jusqu'à  son  ex- 
trémité :  la  mandibule  inférieure  seule,  après  avoir  suivi  presque 
parallèlement  cette  courbure,  dans  les  deux  premiers  tiers  de 
sa  longueur,  se  relève  à  son  dernier  tiers  pour  rejoindre  insensi- 
blement la  pointe  de  la  mandibule  supérieure. 

11  en  résulterait  cette  première  différence ,  que  le  caractère 
tiré  ,  pour  la  M  variegata  ,  de  la  longueui'  du  bec  égale  à  celle 
de  la  tête,  ne  pouiTait  peut-être  plus  avoir  la  même  valeur 
comme  caractère  générique,  puisque,  dans  notre  espèce,  le  bec 
serait  égal  aux  deux  tiers  tout  au  plus  de  cette  longueur.  A 
moins  de  supposer  que  cette  différence,  comme  celle  si  anor- 
male du  nouveau  genre  Neomorpha  de  M.  Gould  ,  tient  à  la  dif- 
férence de  sexe. 

Ainsi  encore  ,  le  tour  des  yeux  et  le  lorum  ,  au  lieu  d'être  dé- 
nudés et  sans  plumes,  sont  au  contraire  totalement  emplumés; 
les  grandes  couvertures  des  ailes,  à  barbules  si  lâches  et  si  effi- 
lées ,  dépassent  les  plus  longues  pennes  de  l'aile  ;  le.s  tarses  sont 


178  REVUK  zooLOGKjuE.  {Mai  \HÏ3.) 

plus  allongés ,  et  au  lieu  de  six  squamelles  peu  distinctes,  en 
comptent  neuf  parfaitement  imbriquées. 

Ainsi  enfin ,  chose  bien  remarquable  et  qui  viendrait  encore 
diminuer  de  valeur  l'un  des  principaux  caractères  de  la  AI.  va- 
riegata  ,  la  soudure  partielle  du  doigt  extérieur  avec  le  médian, 
ff»ute  particulière  à  cette  dernière  espèce,  disparaît  entièrement 
chez  notre  individu,  dont  tous  les  doigts  sont  absolument  dis- 
tincts et  séparés  dès  leur  origine  les  uns  des  autres. 

Toutes  modifications,  à  l'exception  au  plus  du  bec,  qui  ne 
sauraient  provenir  ni  de  l'âge  ni  du  sexe. 

Sans  doute  elles  peuvent  ne  point  paraître,  aux  yeux  de  tous 
les  ornithologistes  ,  avoir  une  assez  grande  importance  pour  ser- 
vir de  fondement  à  une  spécification  ,  que  nous  ne  proposons 
nous-même  qu'avec  doute  ;  mais,  enfin  ,  elles  sont  beaucoup  plus 
profondes  et  tranchées  que  celles  qui  résultent  ordinairement 
du  sexe  et  de  l'âge  ,  ce  qui  suffît  pour  nous  excuser. 

Dimensions  comparées  de  la  M.  variegata  et  de  notre  M.  uni- 
color  : 

M.  variegata,    M.  unicolor. 
Longueur  totale.  0'",300  "'"  0™,290  "»«" 

—  du  bec  depuis  les  plumes  fron- 
tales. 

—  du  tarse. 

—  dudoigtmédianavec  son  ongle. 
D'où  il  résulte  qu'en  somme ,  chez  la  M.  unicolor,  en  même 

temps  que  le  bec  et  la  taille  générale  sont  momdres  que  chez  la 
M.  variegata ,  les  tarses  ,  les  pieds  et  les  doigts ,  dans  toutes 
leurs  parties    sont  plus  considérables. 

Le  bec  et  les  pattes  sont  d'une  couleur  brune  noirâtre ,  ce  qui 
n'est  pas  l'indice  d'un  jeune  individu ,  chez  qui  ces  parties  sont 
toujours  grisâtres. 

Cet  oiseau  fait ,  comme  le  précédent ,  partie  de  la  riche  collec- 
tion du  Muséum  de  Paris,  qui  renferme  tant  de  trésors  peu  ou 
point  connus,  et  où  nous  l'avons  étudié  :  il  y  a  été  envoyé  en 
1838  par  M.  Goudot ,  qui  l'a  découvert  aussi  à  Madagascar,  patrie 
de  la  M.  variegata^  cet  autre  centre  de  création  qui  commence 
à  fixer  l'attention  des  savants. 

Il  est  à  souhaiter  que  nos  voyageurs  puissent  découvrir  encore 
et  envoyer  une  série  des  mêmes  espèces  de  sexe  et  d'âge  diffe- 


0  ,024 

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0  ,030 

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0  ,030 

TRAVADX    INÉDITS.  t7l> 

rents,  jointe  à  des  observations  de  mœurs  et  d'habitudes  ,  afin  de 
dissiper  les  doutes  que  Ton  peut  si  légitimement  avoir  sur  leur 
identité  ou  leur  différence  spécifique 

4°  Merganetta  Colombiana.  —  Capite  viltis  tribus  a  rostro 
usque  ad  nucham  inferiorem  nigris  lineato;  reliquis  capitis , 
gula  et  colli  partibus  albis;  scapularibus  et  dorso  brunneis , 
nigro  lavceolatis;  corpore  sublus  loto  aJbo  cinereo  .  nigro 
fulvido  longitudinalHer  maculato;  inter-scapularibus  et  uro- 
pygiis  civereis.  viqro  1r  an  sv  ers  aliter  tenuiftsime  vermiculatis  ; 
alis  cinereo- ardesiacei  s  ^  speculo  viridi^  vit  lis  infra  et  supra 
albis  oblique  marginato ,  metallice  fulgentibus;  mediocribus  ; 
humeris  calrare  aculo  armaiis;  primariarum  2"  et  3^  longis- 
simis;  rostro  recto  ;  mandibula  snperiore  quasi  cylindracea , 
ungue  apicali  distincto  ;  tarsis  aliquanto  elongatis;  digitis 
palmatis ,-  medio  quam  tarsus  longiore ,  interno  digitorum 
valde  minore^  cauda  rigida;  rostro  et  pedibus  pallide  au 
rantiis. 

Cette  espèce  inédite  et  nouvelle  devient  la  seconde  du  genre 
établi  par  M.  Gould  [Proceedings  Zool.  Soc.  1841  )  sous  le  nom 
ôeMerganetta. 

Ce  petit  Harle  éperonné  fait  également  partie  du  Muséum  de 
Paris. 

Les  figures  de  ces  trois  espèces  seront  publiées  dans  une 
Iconographie  ornithologique  (ou  Recueil  général  de  planches 
peintes  d'oiseaux  ,  destiné  à  servir  de  suite  et  de  complément 
aux  planches  enluminées  de  Bufjon  et  aux  planches  coloriées 
de  MM.  Temminck  et  Laugier  de  Chartrouse  ) ,  que  nous  nous 
proposons  de  publier  prochainement,  et  dont  sont  extraites  les 
notes  qui  précèdent. 

Description  de  deux  nouvelles  espèces  d'Oiseaux,  par  F.  de 
Lafresnaye. 

Famille  des  Barbus  {Buccoïdées). 
C^enre Barbuséric  Lesson  ,  Micropogon  Tem. 

Micropogon  Bourcierii^  supra  olivaceo-viridis,  capite  toto  , 
genis, collo  anticopectoreque  sanguineo-iubris  ,  capitis  lateribus 
tsenia  stricta  cœruleo-alba  limbatis  .  loris  mentoque  nigris  ; 
itubtus pallide olivascenshypochondriis  abdomineque  viiidefusco 


180  RbvuK  zooLOGiguK.  (  Mai  184-5.) 

Ilanimuiatis ,  pectoris  rubedine  sensim  ad  ventrem  in  aurantium 
vergenle;  rostro  basiviride,  apice  flavo,  pedibusviridi-fuscis. — 
Long,  tota  13  1/2  cent.  —  Habit,  ad  Bogotam. 

Nous  dédions  cette  charmante  espèce  à  M.  Jules  Bourcier,  à  la 
générosité  duquel  nous  la  devons,  comme  un  hommage  au  zèle 
et  à  l'assiduité  avec  lesquels  il  s'occupe  si  consciencieusement 
d'une  bonne  monographie  des  Trochylidées. 

Micropogon  Hartlauhii  ^  supra  olivaceo-viridis,  capite  collo- 
que aurantio  parum  tinctis,  taenia  s  trie  ta  frontal  i ,  superciliis 
genisque  cœruleis,  loris,  fronte.mento  taeniaque  brevi  post  gênas 
nigris;  subtus  pallide  vjridi  flavescens,  vitta  lata  pectorali  ad 
latera  colli  post  tœniam  nigram  ascendente  pulchre  aurantia, 
hypochondriisabdomineque  pallidis,  viridi  fusco  flammulatis  ; 
rostro  pedibusque  uti  in  prœcedente,  staturaque  eadem.  — 
Habitat  œque  ad  Bogotam. 

Nous  dédions  cette  espèce  au  docteur  Hartlaub,  déjà  si  connu 
par  ses  excellents  articles  ornithologiques  de  la  Revue  Zoolo- 
gique. 

Ces  deux  charmants  petits  Barbus  d'Amérique  forment,  avec 
le  Barbu  élégant  ou  des  Maynas ,  beau  tamatia,  Bufî.  enl.  330, 
et  probablement  le  Barbu  oranvert  vaillant ,  un  petit  groupe  de 
Barbusérics  américains,  habitants  de  la  zone  torride,  véritables 
représentants,  par  la  vivacité  et  la  variété  de  leurs  couleurs,  des 
vrais  Barbus  de  l'Inde. 

Ces  deux  nouvelles  espèces  seront  figurées  dans  le  Magasin  de 
zoologie. 

Comparaison  des  œufs  des  Oiseaux  avec  leurs  squelettes,  comme 
seul  moyen  de  reconnaître  la  cause  de  leurs  différentes  formes. 
Par  M.  F.  de  Lafresnaye. 

A  Monsieur  le  Rédacteur  de  la  Revue  zoologique. 
Monsieur  et  cher  collègue, 
Ayant  lu  à  la  dernière  séance  générale  de  l'Institut  des  pro- 
vinces ,  une  notice  sur  l'ovologie  des  oiseaux ,  notice  qui  va  être 
publiée  dans  le  second  volume  des  mémoires  de  cette  société , 
l'ai  cru  devoir,  en  attendant  sa  publication  ,  en  insérer  quelques 
fragments  dans  notre  Revue,  dans  l'espoir  que  les  ornithologistes 
y  trouveront  quelque  intérêt,  réclamant  toutefois  leur  indul- 
gence pour  cet  opuscule  ,  résultat  d'observations  et  de  comparai- 


TRAVAUX    liSÉDIIS.  18^1 

sons  faites  sur  un  trop  petit  nombre  de  squelettes  et  d'œufs  pour 
avoir  pu  donner  à  ce  travail  Pimportance  qu'il  aurait  peut-être 
acquis,  si  j'avais  eu  la  possibilité  de  consulter  des  collections  pu- 
bliques ou  particulières,  plus  nombreuses  que  les  miennes. 


Persuadé  que  la  diversité  des  formes  que  l'on  remarque  dans 
les  œufs  des  oiseaux  n'était  due  qu'à  celle  des  différentes  es- 
pèces qu'ils  doivent  contenir,  nous  avons  pensé  1**  que  le  sque- 
lette pouvait  seul ,  chez  l'embryon  sur  le  point  d'éclore  ,  présen- 
ter as^ez  de  consistance  pour  motiver  et  modifier  la  forme  de 
l'œuf;  2»  Que  vu  l'impossibilité  de  se  procurer  de  jeunes  oiseaux 
au  moment  de  I  eclosion,  l'étude  du  squelette  des  adultes  pou- 
vait, sauf  quelques  modifications  amenées  par  l'âge  ,  présenter 
le  même  avantage.  Ainsi  donc,  en  observant  et  comparant  ce  que 
nous  possédons  de  squelettes  d'oiseaux  des  différents  ordres  ainsi 
que  leurs  œufs  ,  nous  avons  reconnu  dans  leur  organisation  deux 
types  de  formes  principaux  ,  réellement  distincts  et  caractéris- 
tiques, auxquels  peuvent  se  rattacher  tous  les  autres  qui  n'en  sont 
que  des  modifications.  Ils  consistent  :  1»  En  une  forme  allongée , 
étroite  et  non  renflée  antérieurement,  naviculaire  enfin  chez  les 
oiseaux  nageurs,  et  en  une,  au  contraire,  assez  courte,  conique 
et  renflée  antérieurement  chez  tous  les  oiseaux  qui  ne  nagent 
pas,  et  que  l'on  peut  appeler,  par  cette  raison ,  oiseaux  terrestre*. 
U  ne  faut  que  comparer  un  canard  et  une  poularde  plumés  pour 
sentir  cette  différence.  Il  est  facile  d'en  expliquer  les  motifs. 

Les  premiers  ,  ou  les  Nageurs ,  destinés  à  se  mouvoir  habituel- 
ment  sur  un  fluide  dense  et  résistant,  sur  lequel  leurs  pieds 
palmés ,  devenu^  de  véritables  rames,  pouvaient  seuls  les  faire 
avancer  ,  les  diriger  à  leur  gré,  soit  qu'ils  se  maintinssent  sur 
sa  surface  ou  qu'ils  s'immergeassent  pour  nager  au-dessous, 
avaient  besoin  ,  pour  pouvoir  fendre  l'eau  avec  plus  de  facilité, 
que  la  partie  antérieure  de  leur  corps  fût  étroite  et  ne  présentât 
qu'un  faible  diamètre  en  largeur  comme  en  hauteur,  et  que  son 
plus  grand  diamètre  fût  repoussé  vers  le  milieu  au  lieu  d'être  à 
la  partie  antérieure.  Aussi,  remarquons  -  nous  chez  eux  des 
épaules  rapprochées  et  un  sternum  dont  la  crête  ou  le  bréchet 
est  très-peu  saillant  inférieurement.  Or,  ce  genre  d'organisation 
est  d'autant  plus  prononcé  que  les  espèces  sont  meilleures  na- 
geuses et  plongeuses.  11  est  à  son  maximum  chez  celles  qui ,  des- 


# 


182  RKvufc  zooLOGiguE.  (  Mai  1845.J 

tiiiées  à  vivre  de  poisson  ou  d  insecte^  aquatiques,  sont  sans 
cesse  obligées  de  s'immerger  pour  les  poursuivre  entre  deux  eaux, 
le  cou  tendu ,  se  servant  alors  de  leurs  pattes  et  de  leurs  ailes 
comme  de  quatre  rames  puissantes.  Tels  sont  les  Plongeons,  les 
Grèbes,  les  Cormorans,  les  Harles,  les  Pélicans  et  les  Fous.  J'appel  - 
lerai  cesoiseaux  Palmipèdes  sous-nageurs,  et  palmipèdes  surna- 
geurs ceux  qui,  comme  les  Canards,  les  Oies,  les  Cygne  ,  ne 
nagent  habituellement  qu'à  la  surface,  où  ils  trouvent  leur  nour- 
riture presque  toute  végétale ,  ne  plongeant  que  très-rarement. 
Chez  eux  les  caractères  typiques  s'affaiblissent  par  degrés ,  mai» 
sont  toujours  bien  reconnaissables. 

Les  oiseaux  terrestres ,  au  contraire ,  ne  devant  se  mouvoir 
que  dans  le  seul  fluide  aérien,  beaucoup  moins  résistant  à  la 
vérité  que  le  fluide  aqueux,  mais  au  milieu  duquel  ils  étaient 
destinés  à  s'ébattre  dans  toutes  les  directions,  à  poursuivre  quel - 
quefois  une  proie  avec  la  rapidité  de  la  flèche  ou  à  lutter  contre 
les  bourrasques  et  les  tempêtes ,  avaient  besoin  que  leurs  mem- 
bres antérieurs,  ou  leurs  ailes,  qui  seules  devaient  les  y  maintenir 
et  les  y  diriger,  fussent  douées  d'une  vigueur  et  d'une  énergie 
extraordinaires,  qu'elles  eussent,  par  conséquent,  entre  elles 
un  écartement  convenable,  et  que  les  muscles  moteurs  de  ces 
ailes,  très-dé veloppés,  trouvassent  des  pomts  d'attaché  de  plus 
sur  la  grande  saillie  du  bréchet. 

De  là  le  renflement  antérieur  en  largeur  comme  en  hauteur 
du  squelette  des  oiseaux  terrestres  et  non  nageurs.  Il  est  évident 
que,  chez  eux,  toute  l'énergie  musculaire  et  osseuse  est  prodi* 
guée  aux  membres  antérieurs,  tandis  que  chez  les  nageurs,  elle 
l'est  aux  membres  postérieurs. 

Ces  deux  formes,  types  du  squelette  des  oiseaux  ,  devant  na- 
turellementse  retrouver,  et  se  retrou  vaut  en  effetavec  les  mêmes 
modifications ,  à  peu  près ,  dans  leurs  œufs ,  sauf  quelques  excep- 
tions ,  nous  avons  pensé  que  l'on  pouvait  établir  ,  en  thèse  géné- 
rale ,  qu'il  y  avait  dans  les  œufs  des  oiseaux ,  comme  dans  leurs 
squelettes ,  deux  formes  primitives  et  distinctes;  l'une,  que  l'on 
peut  appeler  ovalaire,  et  qui  représente  assez  bien,  dans  son  con- 
tour, ce  que  l'on  entend  par  ovale  en  géométrie  ,  c'est-à-dire  un 
sphéroïde  allongé  ,  ayant  une  de  ses  extrémités  plus  grosse  que 
l'autre  et,  par  conséquent,  son  plus  grand  diamètre  transversal 
vers  cette  extrémité,  l'autre',  que  l'on  peut  appeler  ellipsoïde, 


TRAVAUX^  INKDITλ. 


183 


parce  qu'elle  se  rapproche  plus  ou  moins  de  Tellipse  ,  c'est-à-dire 
d'une  sphéroïde  allongée ,  ayant  ses  deux  extrémités  à  peu  près 
égales  et  son  plus  grand  diamètre  vers  son  milieu. 

D'après  ces  deux  définitions,  on  conçoit  que  l'œuf  peut  être 
fort  allong  '  comme  fort  raccourci  sans  cesser  d'être  ovalaire ,  du 
moment  où  son  plus  grand  diamèti  e  est  vers  un  de  ses  bouts,  de 
même  qu'il  est  toujours  ellipsoïde  du  moment  où  ses  deux  extré- 
mités, moins  grosses  que  son  milieu  ,  sont  égales  ou  à  peu  près 
égales,  qu'elles  soient  obtuses  ou  pointues,  prolongées  ou  rac- 
courcies. On  pourra  seulement  indiquer  ces  modifications  de 
formes,  dans  le  premier  cas,  par  les  noms  d'ovalo-conique  et 
dans  le  second  ,  par  ceux  d'ellipso-conique  ,  ellipso-sphérique  , 
ellipso-cylindrique. 

On  peut  donc  avancer  que  plus  les  Palmipèdes  sont  bons 
nageurs  et  surtout  bons  sous-nageurs ,  plus  ils  sont  étroits  des 
épaules  avec  leur  crête  sternale  peu  ou  point  saillante  inférieu- 
rement,  mais  l'étant  antérieurement  en  forme  de  soc ,  plus  aussi 
leur  bassin  est  rétréci ,  prolongé  en  arrière  avec  sa  partie  supé- 
rieure, formant  quelquefois  une  crête  aiguë,  et  plus  aussi  les  fé- 
murs sont  courts  avec  leurs  points  d'insertion  sur  le  sacrum 
rapprochés  et  presque  contigus  .  et  plus  aussi  leurs  œufs  sont 
étroits  et  ellipsoïdes.  Il  suffît  de  comparer  les  squelettes  des  Plon- 
geons, Grèbes,  Cormorans,  Pélicans,  Fous  et  Harles  avec  leurs  œufs 
pour  s'en  convaincre. 

Nous  pensons  que  la  saillie  du  bréchet,  au-dessous  du  sternum, 
est  la  partie  du  squelette  qui  contribue  le  plus  au  renflement 
de  lœuf  vers  un  de  ses  bouts  ou  à  sa  forme  ovalaire,  car  chez 
l'Autruche  et  le  Nandou,  dont  nous  avons  les  œufs,  et  dont  le 
sternum  est  sans  bréchet,  ces  œufs  sont,  chez  la  première,  el- 
lipso-sphériques ,  et  chez  le  second,  ellipso-coniques;  —  il  en 
est  probablement  de  même  chez  le  Casoar,  l'Émeu,  peut  être 
même  chez  l'Aptéryx  ;  tous  dépourvus  de  bréchets  comme  l'Au- 
truche ,  et  chez  les  sous-nageurs  à  œufs  ellipsoïdes  que  nous 
avons  cités  plus  haut,  le  bréchet  n'est  saillant  qu'en  avant  et 
nullement  en  dessous,  comme  chez  les  Pélicans ,  les  Cormorans , 
les  Fous, ou  bien  il  l'est  à  peine  inférieurement,  comme  chez  les 
Plongeons,  les  Grèbes  et  les  Harles.  —  Chez  les  Gallinacés,  les 
oiseaux  de  proie  à  bréchet  très-saillant  inférieurement ,  les  œufs 
sont  très  renflés  vers  le  gros  bout,  mais  courtsovale-obtus,  et  chez 


184  BEVUE  zooLOGiQDE.  [Mai  \8ib.) 

les  Echassiers  marins  comme  courlis ,  pluviers ,  huitriers , 
échasses .  vanneaux^  chevaliers  et  bécasseaux ,  et  même  chez  les 
bécasses  .hécasines  et  barges^  qui,pom'  la  plupart,  sont  oi- 
seaux assez  étroits  des  épaules  ,  mais  à  bréchet  tressaillant  infé- 
rieurement,  les  œufs  sont  très-renflés  vers  le  gros  bout,  allon- 
gés et  très-pointus  vers.l'autre  extrémité  ou  ovalo-coniques. 

Avant  de  continuer  ces  comparaisons  ,  je  dois  dire  qu^après 
avoir  observé  les  squelettes  des  Plongeons  et  des  Grèbes,  les  pre- 
miers Brachyptères  de  Cuvier,  j'ai  cru  reconnaître,  dans  la  défi- 
nition qu'en  a  faite  ce  savant(Règneanim,,  dern.éd.,p.544),une 
inexactitude  qui  a  été  répétée  par  la  plupart  des  ornithologistes. 
Il  dit  effectivement,  en  parlant  de  ces  Plongeurs  ou  Brachyp- 
tères :  «  Leurs  jambes ,  implantées  plus  en  arrière  que  dans  tous 
»  les  autres  oiseaux,  leur  rendent  la  marche  pénible  et  les  obli- 
»  gent  à  se  tenir  à  terre  dans  une  position  verticale.  » 

Cette  observation  manque  d  exactitude,  car  chez  les  Plongeons 
et  Grèbes,  qu'il  met  en  tête ,  les  fémurs  sont  insérés  au  contraire 
plusen  avant  etplus  près  dumilieudu  tronc  que  chezlaplupartdes 
oiseaux ,  mais  leurs  deux  points  d'insertion  sont  ti  ès-rapprochés 
entre  eux,  presque  contigus  sur  le  sacrum  et  de  plus  ces  fémurs 
sont  très-courts.  Ce  sont  ces  deux  particularités  de  conformation 
qui  sont  les  véritables  causes  de  la  difficulté  qu'ils  éprouvent  à  se 
tenir  debout  en  équilibre  sur  le  sol  ;  car  cette  brièveté  des  fémurs 
et  leur  insertion  rapprochée  sur  le  sacrum ,  rejetant  le  tibia  très- 
en  arrière,  il  en  résulte  que  l'équilibre  ne  peut  être  maintenu 
que  par  une  position  presque  verticale  et  très-pénible.  Aussi  les 
Grèbes  et  Plongeons  ne  se  tiennent-ils  à  terre  qu'en  ayant  leurs 
tarses  appuyées  dans  toute  leur  longueur  sur  le  sol.  Cette  briè- 
veté des  fémurs  qui  sont  mus  par  les  muscles  les  plus  charnus  et 
les  plus  robustes  est,  sans  nul  doute,  chez  ces  oiseaux  excel- 
lents plongeurs  et  sous-nageurs  .  un  indice  certain  d'une  grande 
vigueur  de  leurs  membres  postérieurs  comme  rames,  de  même 
que  la  brièveté  des  humérus  chez  les  Martinets ,  Hirondelles , 
Colibris  et  même  oiseaux  de  proie,  annonce  une  grande  puis- 
sance de  vol  chez  ces  oiseaux. 

Linsertion  des  fémurs ,  reculée  eu  arrière  chez  les  Plongeurs, 
est  si  peu  exacte,  que  chez  lePlongeon  cal  marin,  par  exemple, 
elle  est  à  dix  centimètres  en  avant  de  l'extrémité  postérieure  de 
l'os  du  bassin ,  et  à  quatorze  en  arrière  de  l'insertion  de  la  pre- 


TRAVAUX    INÉDITS.  185 

luière  côle  sur  la  colonne  vertébrale,  tandis  que  chez  le  Goéland 
à  manteau  gris,  Palmipède  marcheur  et  presque  coureur,  elle 
n'est  qu'à  deux  centimètres  et  demi  en  avant  de  cette  extrémité, 
et  à  douze  en  arrière  de  la  première  côte.  Chez  la  Macreuse  et  les 
Milouins,  Canards  essentiellement  plongeurs,  et  dont  la  marche 
sur  le  sol  est  des  plus  pénibles,  cette  insertion  est  à  cinq  centi- 
mètres en  avant  de  l'extrémité  du  bassin  et  à  neuf  et  demi  en 
arrière  de  la  première  côte ,  tandis  que  chez  le  Tadorne ,  Canard 
singulièrement  marcheur  et  même  coureur,  elle  est  à  la  même 
distance  postérieurement ,  mais  à  dix  centimètres  et  demi  en 
arrière  de  la  première  côte  ,  ce  qui  est  entièrement  en  opposition 
avec  ce  qui  a  été  avancé  par  Cuvier  et  nombre  d'ornithologistes. 
On  conçoit  facilement  que  la  prolongation  du  bassin  en  arrière 
lie  l'insertion  des  fémurs  ,  outre  qu'elle  fournit  une  plus  grande 
surface  pour  l'attache  des  muscles  moteurs  de  la  cuisse  et  de  la 
jambe,  doit  encore  faciliter  le  mouvement  de  bascule  lorsque 
rOiseau  veut  plonger. 

Cet  examen  du  squelette  des  Plongeons  et  des  Grèbes,  comme 
de  ceux  de  la  plupart  des  Oiseaux,  nous  a  convaincu  que  si 
l'étude  de  l'ostéologie  des  Oiseaux  est  de  la  plus  grande  impor- 
tance comme  base  de  classification ,  c'est  le  squelette  entier  qu'il 
faut  étudier  et  comparer  dans  toutes  ses  parties,  et  non  une 
seule  de  ses  parties  isolées,  comme  le  sternum,  par  exemple, 
dans  la  méthode  de  M.  de  Blainville,  développée  en  1828  par 
M.  Lherminier  ;  car  l'on  rencontre  parfois  ,  chez  deux  Oiseaux 
tout  à  fait  en  rapport  quant  à  l'ensemble  du  squelette  et  aussi 
quant  aux  formes  extérieures  et  aux  mœurs .  une  différence  assez 
marquée  dans  la  forme  du  sternum,  prise  isolément,  comme 
aussi  elle  peut  présenter  les  plus  grands  rapports  chez  deux 
Oiseaux  dont  l'ensemble  du  squelette,  les  formes  extérieures  et 
les  mœurs  contrastent  entièrement.  Nous  citerons,  quant  au 
premier  cas ,  le  squelette  du  Plongeon  cat  marin  ,  remarquable 
dans  son  ensemble  par  une  forme  singulièrement  étroite  ,  ellip- 
soïde allongée,  et  surtout  par  l'extrême  brièveté  et  la  courbure 
des  fémurs,  par  le  prolongement  des  tibias  au  delà  de  leur  arti- 
culation avec  les  fémurs  en  une  pointe  creusée  en  gouttière,  pré- 
sentant pour  l'attache  des  muscles  extenseurs  de  la  jambe  deux 
crêtes  tranchantes ,  dont  l'une  se  prolonge  le  long  du  tibia  ,  par 
l'os  du  bassin  ,  qui,  au  lieu  de  présenter  en  dessus  une  surface 


186  REVDE  zooLOGiooE.  (Mai  1845.) 

plane  plus  ou  moins  large,  s'élève  au  contraire  dans  toute  sa 
longueur  en  forme  de  crête  ,  avec  ses  côtes  descendant  brusque- 
ment comme  un  toit  rapide;  or,  tous  ces  caractères,  presque 
uniques  dans  toute  la  série  ornithologique,  se  retrouvent  entiè- 
rement les  mêmes  chez  les  Grèbes ,  et  en  comparant  leurs  sque- 
lettes, il  est  impossible  de  ne  pas  les  regarder  plutôt  comme 
espèces  du  même  genre  que  comme  genres  différents.  On  y  sera 
encore  porté  par  la  grande  analogie  de  leurs  mœurs,  de  leur 
mode  dépêche,  de  leur  nourriture  piscivore  ,  etc.  Cependant .  si 
on  compare  leur  sternum  isolément ,  on  y  trouvera  des  diffé- 
rences notables.  Celui  du  Plongeon  est  très-prolongé  en  arrière, 
parallélipipède  et  terminé  postérieurement  par  un  lobe  très- 
saillant  au  delà  de  ses  deux  échancrures  postérieures  Celui  du 
Grèbe  est  court ,  beaucoup  plus  large  postérieurement  qu'anté- 
rieurement, et  présentant  en  arrière,  au  Heu  du  grand  lobe 
saillant  que  l'on  remarque  chez  le  Plongeon,  une  large  échan- 
crure.  Du  reste,  le  bréchet,  la  fourchette  et  les  coracoïdes  sont 
analogues  chez  tous  deux.  M.  Lherminier  avait  été  tellement 
frappé  de  cette  différence,  que  dans  sa  classification  d'après  le 
sternum  uniquement,  il  avait  cru  devoir  faire  de  ces  deux 
Oiseaux  deux  types  de  familles  différentes. 

11  serait  inutile  d'avoir  recours  à  l'inspection  du  squelette  (idée 
si  heureuse  de  M.  de  Blainville) ,  si  elle  conduisait  à  faire  de 
telles  séparations  ,  et  il  est  impossible ,  en  ayant  sous  les  yeux  les 
squelettes  de  ces  deux  Oiseaux  si  analogues  par  l'ensemble  de 
leurs  caractères  ostéologiques ,  par  leur  conformité  de  mœurs, 
de  ne  pas  les  réunir  soit  dans  le  même  genre ,  en  en  faisant 
deux  sections,  soit  dans  deux  genres  voisins  du  même  groupe  , 
malgré  la  différence  assez  marquée  que  présente  leur  sternum 
dans  son  contour. 

Quant  au  second  cas ,  un  fait  entièrement  opposé  et  non  moins 
concluant  se  présente  entre  les  Oiseaux  de  proie  nocturnes  et 
les  Touracos.  Leurs  sternums  comparés  isolément  n'offrent  pour 
ainsi  dire  aucune  différence,  chose  fort  étrange  entre  des  Oiseaux 
aussi  éloignés  dans  la  série  tant  par  leurs  formes  extérieures  que 
par  leurs  mœurs.  M,  Lherminier,  frappé  de  l'analogie  de  leur 
sternum,  a  cru  devoir  faire  suivre  la  famille  des  Accipitres 
nocturnes  par  celle  des  Touracos  ,  dans  son  travail  déjà  cité  ,  et 
ayant  pour  ûtra:  Bêcher ches  sur  Vappareil  slernal  des  Oiseaux, 


TRAVAUX    INÉIJITS.  187 

2*  et  S'  édit.,  Paris  ,  1 828.  Mais  si  on  compare  le  squelette  entier 
de  ces  deux  Oiseaux,  on  y  trouvera  sur-le-champ  des  diflerences 
marquées,  dans  l'ensemble  comme  dans  les  autres  parties, 
tandis  qu'en  rapprochant  celui  d'un  Hibou  ou  d'une  Hulotte  de 
celui  d'un  Accipitre  diurne ,  d'un  Busard,  par  exemple,  on  y 
retrouvera  des  analogies  véritables  dans  l'ensemble  des  propor- 
tions ,  dans  la  forme  du  bassin  ,   celle  des  pattes  ,  etc. 

(La  suite  auprochain  numéro.) 


Desckiption  de  six  Hélices  nouvelles,  par  M.  le  D'  Leguillou  , 
médecin  en  chef  de  la  Zélée  (exp.  d'Urville). 

1.  Hélix  Foullioyi.—Teslsi  orbiculato-conoidea,  umbilicata  , 
sub  epidermide  olivacea,  fulvo-violacea  ,  subtus  depresso-con- 
cava,  alba  ;  anfractibus  quinis  1/2  ad  suturam  depressiusculis , 
tenuiter  cancellato-granulatis,  infimo  medio  fascia  alba  inferne 
late  violaceo-nigricante  marginato  cincto;  umbilico  profundo  , 
ad  peripheriam  angustato  ;  apertura  obliqua ,  semi-oblonga,  pos- 
tice  et  basi  sinuata  ac  angustata  ;  labro  acuto  ,  ad  umbilicum  re- 
flexo.-— Altit.  29mill..  latit.  4(i  mill.— Hab.  Triton  Bay. 

2.  H.  Hogoleuensis.  —  Testa  orbiculato-conoidea  ,  crassius* 
cula,  umbilicata  ,  sub  epidermide  castanea-rufescente  ,  subtus 
convexo-depressa  ;  anfractibus  quinis  ,  supra  depresso-declivis  , 
longitudinaliter  rugosis ,  saepius  eleganter  ac  crebre  striatis  ; 
supremis  pallidis,  obtuse  planulatis;  infimo  in  junioribus  sub- 
angulato,  in  adultis  sulcis  irregularibus  binis  cincto  ;  apertura 
pallide  fulva,  fascia  rufa  angusta  saepius  in  medio  decurrente  ; 
labro  margine  valde  incrassato  ,  superne  oblique  producto ,  sub- 
anguloso  ,  inferne  et  intus  sinuato  ;  umbilico  angusto,  pro- 
fundo ,  extus  in  canali  continuato  ,  angulo  externo  cincto. — 
Var.  A.  Anfractibus  inferioribus  basi  fascia  castanea,  angusta  et 
saltem  intus  perspicua  pictis.  Var.  B.  Testa  sub  epidermide  lu- 
tescente  alba,  fascia  extus  et  intus  carente.— Dim.  adult.  altit. 
28  mill.,  latit.  49  mill. -Var.  A.  Altit.  20  mill.,  latit.  38  mill.— 
Var.  B.  Altit.  20  mill.,  latit.  39  mill.— Hab.  le  groupe  Hogoleu  , 
faisant  partie  de  l'archipel  desCarolines.  —Cette Hélice  était  telle- 
ment comm'ine,  qu'elle  a  pu  fournir  de  nombreux  repas  à  nos 
équipages. 

3.  H.  undulata.  Testa  orbiculato-ovata  ,  latissime  umbili- 
cata, depresso-cnnvr^iuscula  ,  (enuissima  ,  fiagili ,  subhyalina, 


188  RRVUE  zooLOG[QUK.  {Mai  1845.) 

epidermide  luteo-fuscescente ,  subtus  luteo-viridescente  ;  spira 
obtusa;  anfractibus  quinis  convexis  ,  sutura  profunda,  canali- 
culata  ,  discretis  oblique  ,  creberrime ,  profunde  ac  undulatim 
striatis  ;  striis  ad  paginam  inferiorem  rugaeformibus ,  Iaxis  ,  irre- 
gularibus ,  tenuissimis ,  creberrimis  ac  concentricis  sub  lente 
perspicuis  ;  umbilico  largo  ,  dilatato  usque  ad  apicem  ;  apertura 
ovata ,  albida  ,  reflexiuscula  ;  labro  superne  extus  subdepresso. 
— Altit.  20  mill. ,  latit.  47  mill.  —  Hab.  Triton-bay.— Très-rare. 

4.  H.  (Carocolla)  T'nïom'ewsîS. Testa orbiculata.depresso-conoi- 
dea,  subtus  convexo-depressa ,  pallida  ;  spira  conica,  depressa  ;  an- 
fractibus  senis ,  rufescentibus,  depresso-planiusculis ,  declivibus, 
rugis  armatis» ,  crebris ,  tenuibus  ,  in  junioribus  regularibus,  in 
adultis  multi-distantibus  majoribus  sculptis  ;  infimo  ad  periphe- 
riamacnte  carinato  ;  carina  fusco-fasciata  aut  albida ,  inferne  fas- 
cia  fusca  cincta  ;  umbilico  profundo  ,  angusto ,  extus  dilatato  ; 
apertura  ovata ,  antice  angulata ,  margine  obtusiuscula.  —  Altit. 
23  m.,  lat.  i^  m.  —  Habit.  Triton-bay.  Assez  commun  surtout  au 
jeune  âge. 

5.  H. spheroidea.  Testa  sphaeroideo-subovata ,  perforata,  rufa  , 
longitudinaliter  rugulosa ,  strigis  transversis ,  fere  obsoietis  et 
crebris  impressa;  spira  conico-rotundata  ,  obturata;  anfractibus 
senis  convexis;  sutura  profonda  tenuiter  canaliculata  ;  umbilico 
rimali,  interdum  subreflecto  labro  magno,  profundo;  apertura 
rotundata  alba  aut  turturina;  labro  reflexo,  albo  ,  inferne  ad 
umbilicum  dilatato,  compresso  et  intus  auguloso;  labio  seepius 
calloso  et  lenuissime  granulato. — Altit.  41  m.,  latit.  45  m.  —  Hab. 
Essington-bay  (Autralie  sept.).  Parfois  la  spire  est  d'un  fauve  vio- 
lacé, et  son  dernier  tour  olivâtre. 

6.  H.  spiralis.  Testa orbiculata,  subconoidea ,  umbilicata,  lutea, 
striis  radiantibus,  crebris,  interdum  obsoietis  sculpta;  spira  ob- 
tusa ;  anfractibus  quinis  depresso-convexiusculis,  superne  infimo 
medio  fascia  purpureo-nigra  decurrente  ornato;  umbilico  an- 
gustissimo  ,  profundo  ;  apertura  semi-ovata  ;  labro  acuto  ,  ad 
umbilicum  vix  reflexo. ( — Var.  B)  infimi  anfractus  fascia  purpu- 
reo-nigra albo  bilateraliter  marginata.  — Altit.  20  m.,  latit.  54 
m.  —  Hab.  les  îles  Arrow.  Très -voisine  de  l'H.  citrine ,  dont  elle 
diffère  cependant  par  son  aplatissement,  la  moindre  élévation 
de  la  spire,  et  le  défaut  décoloration  de  la  région  ombilicale. 


ANALYSKS    d'ouvRAGKS    X'OUVKAnX.  t89 

II.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Considérations  sur  les  animaux  vertébrés  de  la  Sibérie  occiden  - 
laie  ^  par  M.  F  Brandt  ;  \n-4^  traduit  de  l'allemand ,  par 
M.  Tchihatcheff ,  et  extrait  de  son  Voyage  scientifique  dans 
PAltaï  oriental  et  les  parties  adjacentes  des  frontières  de  la 
Chine. 

Le  mémoire  de  M.  Brandt  est  divisé  en  plusieurs  sections,  dont 
la  première  offre  un  aperçu  des  voyages  et  des  travaux  scientifi- 
ques qui  ont  le  plus  contribué  à  faire  connaître  la  Faune  de  la 
Sibérie. 

La  deuxième  section  ,  dans  laquelle  Tauteur  jette  un  coup  d'oeil 
général  sur  les  différents  ordres  de  vertébrés,  nous  fournit  l'in- 
dication suivante  des  espèces  appartenant  exclusivement  à  la 
Sibérie  occidentale  ;  ce  sont ,  pour  les  Mammifères  :  Sciurus  Ta- 
mias  uthensis ,  Pall  ;  Yivera  aterrima ,  Pall  ;  Lagomys  hyper- 
boreus,  Mus  caraco,  auxquels  ils  faut  joindre  probablement  plu- 
sieurs espèces  de  Sousliks  qui  n'ont  pas  encore  été  étudiés  ;  et 
pour  les  oiseaux  ,  Corvus  cyaneus  ,  Sturnus  dauricus  ,  Turdus 
ruficollis,  Emberiza  fuscata,  Emberiza  chrysophrys,  Emberiza 
spodocephala,  Emberiza  rutila  ,  Grus  antigone  et  Fulica  pullata. 


Liste  des  animaux  articulés  cités  jusqu'à  présent  comme  se  trou- 
vant à  la  nouvelle-Zélande  ,  avec  les  descriptions  de  quelques 
nouvelles  espèces;  par  MM.  Ad.  WHiTEetEd.  Doubleday,  aides 
à  la  partie  zoologique  du  Muséum  Britannique.  (Smte.) 

80.  Callichroma  {CalHprason)  Sinctairi ,  White,  N.  S.  Mus. 
Brit.,  Dr.  Sinclair. — En  dessus  d'un  vert  pré  ,  en  dessous  gris  ar- 
genté .  avec  des  écailles  ou  poils  argentés  ;  l'abdomen  est  brun 
rougeâtre quand  il  est  vu  à  travers  le  gris  argenté.  Jambes,  an- 
tennes et  organes  buccaux  rougeâtres;  parties  autour  de  la 
bouche  avec  des  poils  gris.  Tête  et  thorax  en  dessus  plus  foncés 
que  les  élytres ,  dans  quelques  endroits  passant  au  noirâtre. 
Ely  très  fortement  marginées  ;  bord  brun  jaunâtre,  surface  su- 
périeure finement  ponctuée  avec  trois  lignes  longitudinales  peu 
distinctes.  Long,  -i  1/2  1.  Tête,  derrière  les  yeux,  pas  plus 
large  que  le  thorax.  Yeux  très -larges,  proéminents,  très- 
faiblement  échancrés  à  l'insertion   des  antennes.  Antennes  de 


i90  RKVUK  zooi.or.ioDE.  {Mai  1845.) 

11  art.  :  premier  art.  le  plus  long,  dilaté  à  rextrémité;  2"  pe- 
tit ,  3* ,  4%  5«  les  plus  effilés  ;  3«  et  4®  raboteux  à  rextrémité;  le 
5'  graduellement  dilaté,  et  les  terminaux  faiblement.  Thorax 
plus  long  que  large,  rétréci  devant  et  derrière.  Côtés  avec  une 
courte  épine  vers  le  milieu.  Jambes  longues  ,  minces ,  cuisses 
renflées.  Elytres  longues  ,  se  rétrécissant  jusqu'à  Textrémité  qui 
est  simple. 

J'ai  placé  ce  charmant  petit  Longicorne  dans  un  nouveau 
sous-genre  qui  me  semble  se  rapprocher  du  genre  Promeces  , 
Serv.  ;  il  est  plus  grand  que  VEncyclops  pallipes ,  Newm.  (  Ent. 
mag.  V^  p.  392),  espèce  de  l'Amérique  septentrionale  découverte 
par  M.  Edw.  Doubleday,  avec  laquelle  espèce  il  a  quelque  res 
semblance  au  premier  coup  d'œil.  Je  l'ai  dédié  à  M.  Andrew 
Sinclair ,  chirurgien  de  la  marine  royale  ,  qui  l'a  trouvé  à  la 
Nouvelle  Zélande ,  et  l'a  ,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  articulés 
du  même  pays  ,  donné  au  Musée  britannique. 

Cet  insecte ,  comme  VEncyclops,  semble  être  un  des  liens  qui 
joignent  les  Cerambycidœ  avec  les  Lepturidœ ,  famille  très- 
abondante  en  Amérique,  Europe  et  Afrique. 

51 .  Phoracantha dorsaiis,  M  Leay.Newm.  Ann.  ofnat.hist.  V, 
p.  19.  Stenochorus  dorsaiis,  M.  Leay.  App.  to  King's  survey,ll, 
p.  451,  sp.  85.  Mus.  Brit.  Dr.  Sinclair. 

52.  Coplommavariegalum,  F.  Newm  T  me  sisternus  varie - 
gatus,  Boisd.  Guér.  Call.  variegalum,  F.  01.  t.  V,  f.  58.  Copt. 
vitticolle  ,  Newm.  Ann.  nat.  hist.,  V,  p.  18.  Mus.  Brit.  Dieff.  et 
Sinclair. 

83.  Coptomma  sulcatum,  F.  Callid.  sulcatum,  F.  Ent.  syst., 
189,  II.  TmesisternuSy  sp.  Latr.  Guér.  Voy.  Coq.  letter-press,  II, 
p.  130. 

84.  Comptomma  lineatum,  F.  Callid.  lineatum,  F.  Syst.  ent., 
189,  10.  Tmesisternus,  sp.  Latr.  Guér.  Voy.  Coq.,  II,  p.  130. 

85.  Lamia  heteromorpha ,  Boisd.  Voy.  Astr  ,  II,  505. 

86.  Lamia  cris  ta.,  F.  Ent.  syst.,  170,  3. 

87.  Xyloteles  griseus,  F.  Newm.,  Entomologist,  no  12.  Saperd^t 
grisea,  F.  s.  Knt.,  186,  9.  Mus.  Brit.  Dieff.  et  Sinclair. 

88.  Xyloteles  lynceus,  F.  Newm.  Entomologist,  n»  12.  Saperda 
lyncea.,  F.  Syst.  ent.,  J85,  8. 

89.  Saperda  trislis,  F.  Ent.  syst.,  18(1,  11. 


XNAIASKS  DOUVRAr.KS  NOUVEAUX  191 

90.  Saperda  villosa,  F.  S.  El.  11,  H20,  n.  Saperda  hirta,  F. 
(olim.)  Ent.  syst.,  184,  4. 

91.  Clytus  minutus ,  F.  Callidium  minuium  F.  Ent.  syst., 
192,  23. 

92.  Phœdon  brunneum?  F.  Colaspis,  F.  Hope.  Col.  Man.,  III, 
p.  97.  Chrys.  brunnea,  F.  Ent.  s.  El.  l.  439,  104.  Donov.  Ins. 
Nouv.-Holl.,  pi.  XX.  Nouv.-Zél.,  Donovan. 

Orthoptera. 

93.  Blatta  amencawa.— Hab.  la  Nouv.  Zél.  (Introduite  par 
les  baleiniers.  Pol.  1,  p.  320.) 

94.  ïx>cust  granhopper,  Yate's  New-Zealand,  p.  72,  Polack,  I, 
p.  319.  Hab.  la  Nouv. -Zél.  Le  docteur  Sinclair  a  rapporté  de  la 
Nouv.-Zél.  deux  ou  trois  espèces  de  Locustidœ. 

95.  Mantis,  Le  docteur  Sinclair  a  rapporté  l'ovaire  d'une  es- 
pèce de  Mantis. 

96.  Deinacrida  {Anostostoma  ^  G.  R.  Gray  )  Heteracantha. 
White  in  Gray's,  Zool.  mise.  1842,  78. — Hab.  la  Nouv.-Zél.  Diefî. 
et  Sinclair.  —  Pattes  postérieures  ayant  à  peu  près  deux  fois  la 
longueur  de  l'insecte  :  tibias  quadrangulaires  ,  plus  larges  posté- 
rieurement ,  les  bords  armés  d'épines  alternes  ;  épines  très-fortes 
et  aiguës  ;  corps  brun  ,  jaune  en  dessous  ;  tête  ponctuée  sur  le 
vertex  ;  antennes  au  moins  deux  fois  et  demie  la  longueur  du 
corps  ;  thorax  ponctué  avec  quelques  petits  espaces  lisses  au  mi- 
lieu ;  bords  latéraux  un  peu  épaissis.  La  tète  n'est  pas  tout  à  fait 
aussi  large  ni  aussi  grande  que  dans  les  Anostostoma;  les  man- 
dibules beaucoup  plus  courtes;  les  palpes  labiaux  ont  l'article 
terminal  renflé  à  l'extrémité  ;  quand  il  est  sec  ,  cet  article  est 
légèrement  comprimé  à  partir  du  rétrécissement  ;  les  palpes  ma- 
xillaires sont  très-longs  ;  les  trois  derniers  articles  cylindriques, 
le  dernier,  le  plus  long,  est  renflé  graduellement  jusqu'à  l'ex- 
trémité. 

La  longueur  de  l'individu  rapporté  par  le  D""  Dieffenbach.  me- 
surée depuis  le  bout  de  la  tête  jusqu'à  l'extrémité  de  l'abdomen  , 
sans  compter  les  appendices ,  est  de  2  pouces  ;  de  l'extrémité 
du  tarse  de  la  jambe  postérieure  à  l'extrémité  de  l'antenne  allon- 
gée ,  cet  individu  mesure  12  pouces  1/2.  Il  pourrait  bien  être  à 
l'état  de  larve.  Le  prosternum  ,  comme  dans  AnostOStoma  , 
a  deux  épines  vers  le  milieu  ;  les  méso  et  métasternum  sont  pro- 
fondément sillonnés  postérieurement  avec  une  forte  épine  sur 
Tom.  VIll.   Année   184.S.  13 


192  RiiVL'E  zooLOGiguE.   {Mai  1845.) 

les  côtés  postérieurs.  Depuis  que  ma  courte  description  a  été  in- 
sérée dans  la  seconde  partie  des  Zoolog.  mise,  de  M.  Gray,  le 
D*"  Andrew  Sinclair  a  rapporté  de  la  Nouv.-Zélande  un  individu 
de  cette  espèce ,  qui ,  avec  ses  cuisses  postérieures  et  ses  an- 
tennes étendues,  a  au  moins  14  pouces  de  long  ;  le  corps  et  la 
tête  ,  sans  compter  les  appendices ,  ont  2  pouces  1  /2 .  Cet  individu 
est  femelle  ;  sonoviducte  a  plus  d'un  pouce  de  long:  il  est  faible- 
ment relevé  ,  comprimé  dans  la  plus  grande  partie  de  sa  lon- 
gueur ;  les  2  appendices,  qui  forment  sa  partie  principale,  sont 
un  peu  anguleux  à  la  base.  L'insecte  est  presque  entièrement 
d'un  jaune  d'ocre  ;  l'extrémité  de  l'oviducte  et  le  sommet  des 
épines  des  jambes  sont  bruns;  les  bords  des  segments  sont  plus 
pâles  ;  les  fémurs  ,  rugueux  et  striés  transversalement,  ont  plu- 
sieurs traits  de  couleur  pâle.  La  plus  grande  portion  de  la  partie 
dorsale  du  thorax  est  un  peu  ferrugineuse.  Cet  individu  a  été 
trouvé  sur  un  pin  des  marais  à  Waiheké ,  près  de  la  Tamise.  Le 
D'  Sinclair  a  trouvé  cinq  autres  individus  de  plus  petite  taille 
réunis  sous  Pécorce  des  arbres.  Les  Deinacrida  ,  d'après  les 
Maouries ,  se  tiennent  haut  sur  les  arbres  ,  où  les  naturels  ont 
peur  de  grimper,  car  ces  insectes  ,  surtout  les  mâles  à  tête  noire 
et  à  longues  mâchoires  ,  mordent  cruellement  Les  tibias  anté- 
rieures n'ont  pas  d'épines  au  milieu  en  avant  ,  et  la  tête  est  plus 
petite  que  dans  les  Anostostoma  de  M.  Gray,  dont  cependant  ce 
pourrait  être  une  espèce. 

Rikararu.  Polack.  Hab.  la  Nouv.  Zél.  Pol.  I.  p.  329. 

L'insecte  le  plus  dégoûtant  de  toute  la  nature.  Polack.  —  11  est 
impossible  de  dire  à  quel  ordre  on  peut  rapporter  cet  insecte. 
Neuroptera. 

Libellula?  Demoiselle.  Hab.  la  Nouv. -Zél.  Yate,p.  173.  Le 
D"^  Sinclair  a  rapporté  cinq  espèces  de  Libellules  de  la  Nouv. -Zél.  r 
deux  sont  des  Agrionides  ,  la  plus  grande  est  décrite  ci-dessous. 

M7.  Petalura  Carovei.  White,  n.  sp.  Hab.  la  Nouv. -Zél.,  île 
Auckland.  Mus.  britann.,  D'  Sinclair.  —  Appendices  de  la  partie 
anale  dilatés  ,  un  peu  arrondis  à  l'extrémité  ;  bord  antérieur  des 
ailes  brun  foncé  ;  les  extrémités  ,  surtout  de  la  seconde  paire  , 
sont  faiblement  teintées  de  noirâtre.  Les  taches  jauhes  du  thorax 
sont  larges  et  plus  distinctesque  dans  P.  gigantea^  Leach. — Long, 
tôt.  de  4  p.  5  1.  à  4  p.  81. 

Dans  le  type  de  ce  genre,  établi  par   Leach  dans  les  Zool. 


ANAr.YSKS    D'oUVRAr.ES    INODVEATJX.  193 

mise.  II,  p.  96,  t.  95,  les  appendices  de  la  partie  anale  sont 
échancrés  ou  sinués  vers  l'extrémité  interne  et  le  bord  antérieur 
des  deux  ailes  est  varié  de  blanc.  La  tête  est  plus  large  anté- 
rieurement ,  et  le  sillon  frontal  est  un  peu  différent  ;  les  fémurs 
sont  noirs ,  tandis  que  dans  l'espèce  qui  nous  occupe  ils  sont  fer- 
rugineux. 

Ceux  qui  ont  lu  l'Histoire  sans  fin  ,  traduite  par  Sarah  Austin 
de  l'allemand  de  F.  W.  Carove,  et  si  bien  illustrée  par  W.  Har- 
vey,  sauront  pourquoi  j'ai  donné  le  nom  de  Carovei  à  cette  belle 
espèce  de  Demoiselle.  — Ephemera.  Le  D'  Sinclair  a  trouvé 
deux  espèces  à  la  Nouv.  -Zélande. 

Hymenoptera. 

98.  Ichneunion  lolaiorius.  F.  Syst.  Ent.  330,  16. 

99  Ichn.  solicitorius.  F.  id.,  332,  30.  Le  D*^  Sinclair  a  trouvé 
cette  espèce  à  la  Nouv.-Zél.;  ses  individus  sont  dans  la  collection 
du  Mus.  britann. 

100.  Ichn.  decoratorius.  F.  Ent.  Syst.  333,  32.  —  Formica? 
fourmi  noire  ,  Pol.  I,  p.  320.  Cook  aussi  parle  de  fourmis. 

101.  Ophion?  Ichn.  luteus.  L.  F.  Ent  Syst.  341,  75. 

102.  Sphex  fugax.  F.  Ent.  Syst.  350,  27. 

HOMOPTERA. 

103.  Cicada  Zelandica.  Boisd.  Voy.  Astr.  If,  61 1,  t.  10,  f.  6. 
Mus.  britann. 

104.  Cic.  cingulaia.  Tettigonia  cingulata.  F.  Ent.  Syst.  680, 
9.  Mus.  brit.  Le  D""  Sinclair  a  trouvé  cette  espèce  très-bruyante  à 
Auckland  ,  dans  un  endroit  marécageux  où  le  Phormium  tendx 
abonde.  Ce  doit  être  un  des  insectes  qui  font  retentir  les  bois  de 
leurs  cris.  Voy.  3*^  voy.  de  Cook  ,  I,  p.  153,  2«édit. 

105.  Cicada  cruentata.  Tettigonia  cruentata.  F.  Ent.  Syst. 
680,  10. 

1 06.  Cicada  muta.  Tellig.  id.  F  Ent.  Syst.  681 ,  17,  Mus.  brit. 
D-^  Sinclair. 

HEMIPTF.RA. 

107.  Punaise  des  bois ,  Yate,  p.  73.  Nouv.-Zél. 

Le  D' Sinclair  a  rapporté  un  Pentatoma  de  couleur  verte, 
voisine  de  P.  prasina. 

108.  Jieduvius  (Pirate.s)  ephippiger.  White.  n.  s.  Hab.  Nouv. 
Zél.  Mus.  Brit.  l)"^  Sinclair.  —  Noir,  avec  les  jambes  d'un  jaune 


194  Rhvoti  zoo  LOGIQUE.   {Mai  1845.) 

rougeâtre  ainsi  que  les  antennes,  et  une  tache  ocracée  au  bord 
i-nternede  chaque  hém-élytre  près  de  la  base.  —  Long.,  9  1. 

109.  Kutu,  Pol.  1,  p.  320.  Pediculus  humanus,  Pol.  I,  p.  320. 

LEPIDOPTERA. 

110.  Lycœna  Edna^  Doubleday,  n.  s.  Mus.  Brit.  D'  Sinclair. 
Exp.  al.  I,  p.  2-4  1.  — Mâle  ayant  les  ailes  en  dessus  d'une 
couleur  cuivreuse  brillante  :  le&  nervures  faiblement,  les  bords 
très-distinctement  lisérés  de  noir.  Ailes  antérieures  avec  deux 
taches  noires  arrondies  avant  le  milieu;  une  grande  carrée  sur 
k  fausse  nervure ,  fermant  la  cellule  discoïdale  ;  entre  elle  et 
le  bord  externe  est  une  ligne  arquée  de  cinq  ou  six  taches  noires 
obsolètes.  Près  du  bord  externe  est  une  bande  plus  distincte  de 
taches  noires ,  quelquefois  légèrement  confondues  avec  le  bord 
lui-même,  surtout  vers  le  sommet.  Ailes  postérieures  avec  une 
lunule  discoïdale,  et  au  delà  une  bande  ondulée  maculiform« 
d'une  couleur  sombre;  et  vers  l'angle  anal  trois  taches  noires 
marginales.  Cils  fauves.  En  dessous  ,  les  ailes  antérieures  ont  le 
disque  d'un  fauve  pâle,  la  base  antérieure  et  les  bords  d'un  jaune 
terne;  les  taches  discoïdales  et  la  première  bande  maculaire 
très-distinctes,  et  trois  grandes  taches  de  même  couleur  à  l'angle 
anal.  Ailes  postérieures  d'un  jaune  ocracé  avec  deux  petites 
taches  noires  près  la  base  et  cinq  ou  six  semblables  près  le  bord 
externe;  le  disque  avec  des  marques  fauves,  dans  la  même 
position  que  sur  la  partie  supérieure. 

La  femelle  a  toutes  les  ailes  obscures  à  la  base  ;  les  antérieure» 
avec  les  taches  discoïdales  plus  distinctes  que  dans  le  mâle; 
taches  de  la  première  série  réunies  ensemble  de  manière  à  former 
une  bande  arquée  ,  la  seconde  presque  entièrement  confondue 
avec  le  bord.  Ailes  postérieures  avec  la  tache  discoïdale  très- 
distincte.  Au  delà  du  milieu  sont  deux  bandes  maculaires,  la 
seconde  plus  ou  moins  confondue  avec  le  bord  La  surface  infé- 
rieure, surtout  celle  des  ailes  postérieures,  est  plus  obscure  que 
dans  le  mâle,  et  les  marques  moins  distinctes. 

111.  Jiamadryas Zoilus,  Boisd.Voy.  Astr.  91.  Nymph.  iVaïs, 
Guér.Voy.  Coq.  Fap.  Zoilus,  F.Ent.  syst.,111,  121. 

112.  f^anessa  Gonerilla^hoisd.  Voy.  Astr.,  122.  Pap.  Gone- 
riUa,F.  Syst.  ent.,  498,  237.  Don.  Ins.  Ind. 

113.  Fanessa  Ilea,  F.  Boisd.  Voy.  Astr.,  122.  Pap.  Itea,  F. 
Ent.  syst.,  498,  238.  Don.  1ns.  Ind. 


ANALirSES    n'oUVTlAGl'iS    ^OLVtADX.  f^ 

Uab.  la  Nouv.-Zël.  et  la  Nouv.-Holl.  Boisd. 

Sphinx?  La  Chenille  vit  sur  la  patate.  On  a  trouvé  la  Sphœria 
Rohertii .  Hooker,  parasite  sur  cette  Chenille,  qui  ne  se  ren- 
contre que  sur  les  souches  du  Ratatree  {Melrosideros  robusta  . 
Dieff. 

1 14.  Hepialusvirescens,  Doubleday.— Hab.  Waitemata,  Nouv.- 
Zél.  Mus  Britann.  Dr.  Dieff. — Ailes  antérieures  triangulaires, 
très-faiblement  fa Iciforines ,  d'un  verdâtre  pâle,  marquées  de 
nombreuses  taches  foncées  ,  qui  lui  donnent  une  apparence  de 
damier.  Au  delà  du  milieu,  est  une  fascie  double,  trausverse, 
verdâtre  extérieurement,  pâle  intérieurement  :  le  bord  externe 
et  la  cote  basale  sont  de  cette  dernière  couleur.  Ailes  posté- 
rieures verdâtres  :  thorax  pâle  ,  verdâtre  antérieurement  :  ab- 
domen verdâtre. 

115.  Leptosoma  annulatum^  Boisd.  Voy,  Astr,,  197.  —  Uab. 
la  Nouv,-Zél,  D'  Sinclair. 

U6.  Ifeliothis  peltigera.  Ochs.  Nouv.-Zél.  Mus.  Brit.  D"^  Sin- 
clair.— Les  individus  rapportés  par  le  D"^  Sinclair  paraissent  iden- 
tiques avec  ceux  d'Europe  ;  cependant  ils  sont  en  si  mauvais  état^ 
que  l'on  pourrait  peut-être ,  sur  des  insectes  plus  parfaits,  signa- 
ler quelque  petite  différence. 

117.  Plusia  eriosoma.  Doubîed  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus.  Brit. 
D'  Sinclair. —  Exp.  alar.  :  1  p.  1 0  1.  Ailes  antérieures  d'un  pourpre 
cendré  ,  tachetées  de  cuivreux  à  différeuts  endroits,  surtout  vers 
le  bord  externe.  Vers  le  milieu  est  une  large  bande  brune, moins 
distincte  à  la  cote  qu'au  bord  interne,  marginée  extérieurement 
d'une  ligne  fauve ,  ondulée  ,  très-peu  distincte,  et  intérieure- 
ment d'une  ligne  argentée  brillante,  s'étendant obliquement  du 
bord  interne  à  la  nervure  médiane,  sur  laquelle  ,  et  un  peu  au 
ilelà  de  cette  ligne,  est  une  marque  argentée  en  forme  de  V,  sui- 
vie dune  tache  ovale  argentée.  Vers  le  sommet,  à  certains  as- 
pects ,  il  y  a  une  apparence  de  ligne  brune  qui  se  rapproche , 
.sans  y  toucher,  d'une  ligne  semblable  remontant  de  l'angle  anal. 

I Ailes  postérieures  fauves.  Abdomen  ayant  l'extrémité  et  les  côtés 
«u  delà  du  milieu  garnis  de  longs  poils  fauves. 
118.  Aspilastes? suhochraria.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus. 
Brit.  D*^  Sinclair. —  Exp.  Al.  1  p.  1-21.  —  Ailes  antérieures  ocra- 
èées;  la  cote,  une  ligne  très-faible  près  la  base,  une  large  fascie 
Iransverse  au  delà  du  milieu,  et  parallèle  au    bord  externe, 


196  REVUK  zooi-OGioDE.  {Mal  1845.) 

brunes  :  l'espace  entre  cette  fascie  et  le  bord  teinté  de  brun-clair, 
plus  foncé  sur  le  bord  lui-même.  Disque  avec  une  petite  tache 
noire  arrondie.  Ailes  postérieures  d'un  ocre  pâle,  sans  taches. 
En  dessous ,  les  ailes  antérieures  du  maie  ont  le  disque  fauve , 
les  bords  ocracés,  les  postérieures  sont  plus  foncées  qu'en  dessus, 
parsemées  d'écaillés  brunâtres  presque  réunies  en  bandes  trans- 
verses. La  femelle  est  ocracée  avec  une  ligne  transverse  commune 
et  une  tache  distincte.  Le  mâle  a  les  pectinations  de  ses  antennes 
très-courtes.  Antennes  de  la  femelle  simples. 

119.  Cidaria  rosearia.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus.  Brit. 
D"^  Sinclair. —  Exp.  al.,  1  p.  Ailes  antérieures  brun  pâle,  teintées 
de  rose  pourpre ,  fauves  à  la  base  ;  cette  portion  bordée  d'une 
raie  fauve  ondulée.  Avant  le  milieu  est  une  bande  fauve  ondu- 
lée, transverse,  et  une  semblable,  mais  plus  large,  au  delà  du 
milieu  :  toutes  deux  sont  moins  marquées  près  les  bords  de  l'aile , 
et  paraissent  composées  de  trois  lignes  accouplées.  Au  delà  se 
trouvent  quelques  taches  noires  clairsemées ,  principalement  sur 
les  nervures  et  le  bord  externe ,  et  dans  quelques  individus  il  y 
a  une  légère  nébulosité  fauve  près  du  sommet.  Disque  avec  un 
petit  croissant  noir.  Ailes  postérieures  pâles  ,  avec  une  ligne  in- 
distincte ,  transverse ,  au  milieu. 

IVO.  Cidaria?  cinerearia  ,  Doubl.  n.  sp.  Nouv-Zél.  Mus. 
Brit.  D^  Sinclair. — Exp.  al.,  9  1.  Ailes  antérieures  acuminées, 
très-faiblement  falciformes ,  d'un  brun  cendré  pâle ,  avec  de 
nombreuses  lignes  fauves  ,  ordinairement  séparées ,  mais  se 
réunissant  quelquefois  pour  former  des  bandes  transverses ,  dont 
une  ,  peu  distincte ,  est  située  près  la  base,  une  autre  un  peu  en 
avant,  et  une  troisième  au  delà  du  milieu;  ces  deux  dernières 
étant  très  distinctes  près  la  côte,  mais  presque  oblitérées  vers 
le  bord  interne.  Près  du  bord  externe  ,  qui  est  plus  foncé  que  la 
couleur  générale  de  l'aile,  est  une  faible  ligne  blanchâtre  très- 
ondulée  ,  et  vers  le  milieu  de  la  côte  se  trouve  une  petite  tache 
blanche.  Ailes  postérieures  d'un  blanc  cendré,  presque  brillant, 
avec  de  nombreuses  lignes  fauves  peu  distinctes.  Antennes  du 
mâle  émettant  de  leur  surface  inférieure  deuxfortes  pectinations 
d'inégale  longueur ,  se  rapprochant  beaucoup  à  leur  origine,  et 
couvertes  d'une  délicate  pubescence  argentée  :  à  la  base  et  au 
sommet,  ces  pectinations  sont  très-courtes.  Palpes  assez  longs. 
Cette  intéressante  pet  te  espèce  servira  sans  aucun  doutequelquc 


ANALYSES    DODVRAGLS    NOUVEAUX.  1S7 

jour  à  former  un  nouveau  genre ,  distinct  de  celui  dans  lequel 
je  l'ai  provisoirement  placée;  mais  n'ayant  qu'un  seul  sexe,  je 
n'ai  pu  essayer  de  la  caractériser  génériquement. 

121.  Acidaria  pulchraria  ,  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus. 
Brit.  D'.  Sinclair. — Exp.  al.  1 1  ï. 

Ailes  antérieures  allongées,  trigones,  les  postérieures  sub- 
quadrilatères, toutes  d'un  blanc  verdâtre  pâle,  marquées  au 
delà  du  milieu  de  cinq  lignes  transverses,  communes,  compo 
sées  de  faibles  taches  lunulées.  Les  ailes  postérieures  ont  une 
faible  indication  de  deux  ou  trois  lignes  près  la  base,  et  une 
petite  tache  discoïdale,  verdâtre. 


Catalogue  méthodique  des  LÉprDOPTÈRES  d'Europe  distribués  en 
familles,  tribus  et  genres,  avec  l'exposé  des  caractères  sur  les- 
quels ces  divisions  sont  fondées  ,  et  l'indication  des  lieux  et  des 
époques  où  l'on  trouve  chaque  espèce  :  pour  servir  de  complé- 
ment et  de  rectification  à  l'Histoire  naturelle  des  Lépidoptères 
de  France,  devenue  celle  des  Lépidoptères  d'Europe  par  les 
suppléments  qu'on  y  a  ajoutés,  par  M.  P.  A.  J.  Duponchel. 
Ce  catalogue  est  conçu  de  manière  qu'il  peut  être  également 
utile  aux  personnes  qui  ne  possèdent  pas  l'ouvrage  auquel  il  sert 
de  complément    Aussi  l'éditeur  en  a-t-il  fait  tirer  un  certain 
nombre  d'exemplaires  à  part  pour  l'usage  de  ceux  qui  voudront 
avoir  un  guide  pour  l'arrangement  de  leur  collection  :  car  c'est 
un  véritable  Gênera  pour  la  confection  duquel  l'auteur  a  mis  à 
contribution  tous  les  ouvrages  qui  traitent  des  Lépidoptères  d'Eu- 
rope, afin  de  le  rendre  aussi  complet  que  possible  sous  le  double 
rapport  du  nombre  des  espèces  et  de  leur  synonymie.  Quant  à 
leur  classification,  elle  repose  uniquement  sur  des  caractères  tirés 
de  l'insecte  parfait,  et  l'auteur  en  donne  la  raison  dans  son  In- 
troduction. En  résumé  ce  catalogue  renferme  au  moins  3,G00 
espèces  ,  et  formera  un  vol.  in-S»  de  36  feuilles  d'impression,  dont 
les  !24  premières  sont  déjà  tirées. 

S'adresser,  pour  plus  amples  renseignements ,  à  la  librairie  de 
M.  Méquignon  fils,  rue  de  l'École-de-Médecine ,  n»  3. 


198  HKVUE  zooLOGiQDE.  (Mai  1845.) 

m.  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  5  mai  1845.  —  M.  Pouchet  présente  un  Mémoire 
Sur  la  Structure  et  les  mouvements  des  Zoospermes  du  Triton 
cristatus.  Voici  l'extrait  que  l'auteur  a  donné  de  son  travail  : 

«  Les  observations  que  j'ai  faites  sur  ces  animalcules ,  dans  des 
circonstances  fort  diverses,  m'ont  conduit  à  reconnaîtrequ'ilfaut 
rectifier  ce  que  l'on  a  dit  relativement  au  filament  en  hélice  que 
l'on  a  cru  apercevoir  autour  de  leur  corps. 

J'ai  vu  que  ces  Zoospermes  sont  surmontés  ,  en  arrière  ,  par 
une  membrane  extrêmement  fine ,  qui  est  une  véritable  nageoire 
de  la  hauteur  de  0,005  de  millimètre. 

Cette  nageoire  offre  un  bord  libre  d'une  étendue  plus  consi- 
dérable que  celui  par  lequel  il  adhère  au  corps  ;  aussi  il  en  ré- 
sulte que  ce  bord  forme  des  replis  très-amples  ,  qui  lui  donnent 
l'apparence  de  collerettes  à  fraise  que  l'on  portait  au  XV»  siècle, 
mais  dont  les  plis  sont  beaucoup  plus  lâches. 

</est  le  bord  libre  de  cette  membrane  que  l'on  a  pris  pour  un 
filament  roulé  en  hélice  autour  de  l'animalcule. 

En  observant  les  replis  divers  que  forme  le  bord  de  la  nageoire, 
j'ai  été  frappé  d'une  chose ,  c'est  de  la  disposition  angulaire 
qu'affectent  ces  replis.  Tantôt  ils  représentent  des  angles  droits, 
tantôt  des  angles  obtus  ou  aigus,  qui  ont  toujours  leur  sommet 
au  même  endroit  ;  endroit  où  il  semble  qu'il  existe  même ,  à  cet 
effet,  une  modification  organique  qui  le  transforme  en  une  sorte 
d'articulation. 

Les  mouvements  des  Zoospermes  des  Tritons  ont  quelque  chose 
de  bien  insolite.  Ces  animalcules  passent  en  quelque  sorte  ma- 
giquement devant  l'œil  de  l'observateur  en  décrivant  des  cercles , 
et  sans  que  leur  corps  opère  aucun  frétillement. 

L'observation  attentive  m'a  prouvé  que  cette  singulière  loco- 
motion est  totalement  due  à  la  force  motrice  de  la  nageoire.  Celle- 
ci  ,  par  ses  ondulations  incessantes  qui  s'engendrent  d'avant  en 
arrière ,  frappe  le  fluide  et  porte  le  Zoosperme  en  avant. 

Je  considère  cette  nageoire  et  ses  mouvements  comme  repré- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  199 

sentant  tout  à  fait  ce  qui  s'observe  chez  les  Rotifères.  J'adopte  , 
lelativement  à  ceux-ci,  Topinion  de  M.  Dutrochet,  qui  ne  voit 
dans  leurs  mouvements  que  les  ondulations  d'une  membrane 
semblable  à  une  collerette  à  fraise. 

Apres  avoir  établi  qu'il  existe  une  véritable  nageoire  chez  les 
Zoospermes  des  Tritons ,  je  ne  crois  pas  utile  de  réfuter  par  d'au- 
tres arguments  l'opinion  de  M.  Van  Beneden  qui ,  d'après  des 
vues  tout  à  fait  théoriques ,  a  dernièrement ,  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie de  Bruxelles,  combattu  l'existence  de  l'Epi thelium  chez 
les  Zoospermes. 

M.  Milne-Edwards  présente  un  travail  de  son  aide  d'entomo- 
logie, M.  E.  Blanchard,  ayant  pour  titre  :  Sur  V organisation 
d^un  animal  nouveau  appartenant  au  sous-embranchement 
des  Fers  ou  animaux  annelés.  En  déposant  ce  mémoire  sur  le 
bureau,  le  savant  entomologiste  dit  qu'il  ne  se  serait  pas  permis 
d'en  entretenir  l'Académie ,  s'il  ne  se  fût  agi  que  de  la  vulgaire 
description  d'une  espèce  ou  d'un  genre  nouveau,  et  de  la  déter- 
mination de  ses  affinités  ou  de  la  place  qu'il  doit  occuper  dans  la 
méthode  naturelle  ;  mais  qu'ayant  reconnu  dans  ce  travail,  outre 
ce  mince  mérite,  celui  de  renfermer  la  découverte,  autrement 
difficile  et  autrement  utile  au  bien  de  la  science,  d'un  mode  d'or- 
ganisation intérieure  très-nouveau  et  tout  à  fait  inconnu  des  ana- 
tomistes ,  il  croyait  à  propos  de  signaler  ce  fait  très-remarquable 
à  l'Académie. 

Cet  animal,  si  nouveau  zoologiquement  et  anatomiquement, 
se  trouve  dans  le  manteau  des  Myies,  genre  de  Mollusques  bival- 
ves. C'est  un  Ver  aplati ,  mou  et  blanchâtre ,  ayant  une  largeur 
à  peu  près  égale  au  quart  de  sa  longueur,  qui  est  de  quatre 
centimètres.  11  est  arrondi  en  avant,  et  en  arrière  il  se  termine 
par  une  large  ventouse ,  comme  chez  les  Sangsues. 

Après  cette  courte  description  des  formes  extérieures  de  ce 
nouvel  animal,  le  jeune  élève  de  M.  Milne-Edwards  décrit  le 
canal  intestinal  de  son  genre  ,  et  il  arrive  à  faire  connaître  son 
système  nerveux  si  exceptionnel ,  lequel  consiste  principalement 
en  deux  ganglions  cérébroïdes  très-écartés,  et  placés  vers  la 
partie  antérieure  du  corps ,  et  en  une  double  chaîne  ganglion- 
naire latérale.  Chacun  des  centres  nerveux  cérébro'ides  émet ,  en 
avant  et  latéralement,  des  filets  nerveux  ,  qui  tous  aboutissent  à 
l'enveloppe  extérieure,  etc.,  etc. 


200  REVCE  zooLOGiyoK.  {Mai  1845.) 

La  forme  et  la  structure  des  organes  que  je  viens  de  décrire , 
poursuit  le  jeune  et  savant  entomologiste  auteur  de  ce  mémoire 
remarquable,  ne  permettent  pas  de  rapporter  ce  Ver  à  aucune 
des  divisions  déjà  établies.  Il  est  donc  nécessaire  d'en  former  un 
genre  propre ,  qu'on  pourra  peut-être  même  considérer  comme 
le  type  d'une  nouvelle  famille  ;  ce  genre  portera  le  nom  de 
Xenistum.  La  seule  espèce  connue,  c'est  le  Xenistum  Valen- 
ciennœi. 

Nous  ne  nous  permettrons  pas  de  porter  un  jugement  sur  la 
nouveauté  zoologique  et  anatomique  du  genre  Xenistum ,  sur- 
tout après  l'approbation  donnée  par  M.  Milne  Edwards  au  travail 
fait  sous  ses  yeux  par  son  digne  élève  et  ami  ;  nous  nous  bornons 
donc  à  enregistrer  les  faits  si  curieux  et  si  nouveaux  signalés  par 
cet  académicien.  Qu'il  nous  soit  permis,  en  terminant,  de  faire 
observer  que  ce  mémoire  vient  encore  révéler  les  précieuses  fa- 
cultés que  la  nature  a  départies  aux  adeptes  d'une  nouvelle  école, 
en  leur  permettant  de  faire  ,  dès  leur  début,  indifféremment  et 
avec  autant  de  succès  ,  des  travaux  admirables  sur  toutes  les 
branches  de  la  zoologie ,  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  com- 
parées, etc.,  etc.,  sans  avoir  perdu  le  quart  au  moins  de  leur 
existence  pour  étudier,  dans  les  ouvrages  de  leurs  prédécesseurs , 
les  détails  de  ces  vastes  sciences,  dont  les  esprils  les  plus  émi- 
nents  avaient  eu  peine  à  bien  connaître  quelques  parties  seule- 
ment, avant  l'invention  de  Vécole  physiologique. 

Ce  beau  travail  est  renvoyé  à  l'examen  de  MM,  Milne  Edwards 
etValenciennes. 

P.  S.  Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  de  ce  numéro , 
nous  trouvons  que  le  Xenistum  Falenciennœi  n'est  autre  chose 
que  VHirudo  grossa  de  Linné,  si  bien  figurée  par  Miiller,  Zool. 
Danica,!,  p.  69.  pi.  21,  f.  1  à  5,  et  copiée  dans  l'Encycl.  méth., 
pi.  52,  f.  G  à  10.  Cette  espèce  forme  le  genre  Malacobdella 
de  M.  de  Blainville,  Dict.  se.  nat.,  art.  Sangsue,  vol.  XLVH  , 
p.  270. 

M.  Lasseigne  présente  deux  mémoires  ayant  pour  titre  .'l'un, 
Recherches  pour  déterminer  le  mode  d''action  qu  exerce  la  sa- 
live pure  sur  l'amidon  à  la  température  du  corps  des  Animaux 
mammifères ,  et  à  celle  de  75  degrés  centigrades;  et  Vautve, 
Recherches  sur  l'action  qu'exerce  le  tissu  pancréatique  du 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  201 

Cheval  sur  Vamidon  cm  ou- en  graine ,  et  l'amidon  cuit  dans 
Veau. 

Ces  deux  mémoires,  pleins  d'observations  consciencieuses  et 
véritablement  savantes,  sont  renvoyés  à  l'examen  d'une  commis- 
sion nommée  pour  les  mémoires  de  MM.  Mialhe  ,  Sandras  et  Bou- 
chardat,  qui  traitent  de  sujets  analogues. 

M.  Jacquinot  présente  un  Essai  sur  Vhisloire  naturelle  de 
r homme.  Ce  travail,  dont  l'auteur  a  donné  un  extrait  asse» 
étendu  dans  les  comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  ,  nous 
semble  présenter  un  résumé  des  connaissances  acquises  sur  ce 
sujet  et  répandues  dans  divers  traités.  Les  conclusions  auxquelles 
il  arrive  sont  : 

1"  Que  la  couleur  de  la  peau  n'est  pas  un  caractère  suffisant 
pour  faire  reconnaître  et  difierencier  au  premier  abord  les  di- 
verses variétés  du  genre  humain  ; 

2"  Que  les  dénominations  de  caucasiques ,  nègres ,  mongoles , 
ne  sont  pas  synonymes  avec  celles  de  race  blanche  ,  race  noire 
et  race  jaune. 

3"  Que  ces  dernières  dénominations,  ainsi  que  celles  qui  repo- 
sent en  général  sur  la  couleur,  sont  incomplètes  et  par  consé- 
quent vicieuses. 

M.  Elie  de  Beaumont  communique  une  lettre  de  M.  Lund, 
qui  habite  le  Brésil ,  et  dans  laquelle  on  trouve  des  observations 
intéressantes  sur  V antiquité  de  la  race  américaine  et  sur  les 
rapports  qu'on  peut  lui  supposer  avec  les  races  de  V ancien 
monde.  M.  Lund  ayant  pu  trouver  des  ossements  humains  dans 
six  cavernes  du  Brésil,  sur  800  qu'il  a  explorées,  les  a  soumis  à 
un  examen  attentif  qui  l'a  conduit  à  établir  les  résultats  suivants  : 
\^  L'existence  de  l'espèce  humaine  dans  l'Amérique  méridio- 
nale remonte  ,  non-seulement  au-delà  de  l'époque  de  la  décou- 
verte de  cette  partie  du  monde ,  mais  très-loin  dans  les  temps 
historiques,  probablement  même  ,  au-delà  de  celui-ci ,  jusqu'au 
temps  géologique,  puisque  plusieurs  espèces  d'animaux  semblent 
avoir  disparu  des  rangs  actuels  de  la  création  depuis  l'apparition 
de  l'homme  dans  cet  hémisphère  ; 

2"  La  race  d'hommes  qui  a  vécu  dans  cette  partie  du  monde , 
dans  son  antiquité  la  plus  reculée  ,  était ,  quant  à  son  type  géné- 
ral,  la  même  qui  l'habitait  au  temps  de  la  découverte  par  les 
Kuropéens. 


202  REVDE  zooLOGiQUË.  {Mai  1845.) 

Séance  du  19  mai.  —  M,  Flourefi s  fa'\t  hommage  à  l'académie 
de  la  T  édition  de  son  ouvrage  ayant  pour  titre  :  De  Vlnstinct  et 
de  Vintelligence  des  animaux.  —  Résumé  des  observations  de 
M.  Frédéric  Cuvier.  1  vol.  in-8*  1845. 

La  publication  d'une  nouvelle  édition  de  cet  excellent  ouvrage, 
démontre  mieux  que  tous  les  éloges  combien  il  a  été  accueilli  avec 
faveur  dans  le  monde  savant  et  par  les  personnes  éclairées  ac- 
coutumées à  trouver  dans  les  publications  de  l'illustre  secrétaire 
perpétuel  de  l'académie  des  sciences,  des  idées  saines ,  exactes  et 
présentées  avec  clarté  et  élégance. 

M.  Jacquinot  adresse  une  Note  sur  les  Indiens  Joway s.  Sui- 
vant ce  médecin  ,  c'est  avec  les  nouveaux  Zélandais  que  ces  In- 
diens offrent  le  plus  d'analogie ,  et  c'est  à  un  tel  point ,  dit-il  en 
terminant,  que  si  quelques  hommes  de  ces  deux  peuples  étaient 
rassemblés  dans  le  même  lieu  ,  il  me  semble  qu'il  serait  impos- 
sible à  l'œil  le  plus  exercé  de  les  distinguer  les  uns  des  autres. 

M.  Serres ,  à  l'occasion  de  la  note  précédente  ,  présente  quel- 
ques observations  de  la  plus  haute  importance  et  déduites  avec 
une  grande  clarté  et  une  grande  puissance  de  raisonnement.  Il 
résulte  de  ces  observations  que  les  Indiens  Joways,  rapprochés 
d'une  manière  si  absolue  des  nouveaux  Zélandais,  par  M.  Jacqui- 
not et  ses  compagnons  de  voyage ,  n'offrent  aucun  des  caractères 
de  cette  race,  et  présentent,  au  contraire,  tous  ceux  des  Scandi- 
naves, surtout  chez  les  hommes.  Quant  aux  femmes,  elles  con- 
servent quelques  traits  de  la  race  mongole  que  M.  Serres  avait 
trouvés  chez  les  Boutocoudos  des  deux  sexes. 

M.  Guyon  donne  des  détails  sur  l'apparition  de  Sauterelles  qui 
a  eu  lieu  dans  divers  points  de  l'Algérie.  Il  fait  remarquer  que 
personne ,  jusqu'à  présent ,  n'avait  encore  signalé  l'infection  que 
les  Sauterelles  répandent  par  leurs  excréments  ;  alors  que  ces 
Orthoptères  apparaissent  en  masses  considérables,  nous  ne  con- 
naissions, dit-il ,  que  celles  produites  parleurs  cadavres. 


Société  entomologique  de  France. 

Séance  du  9  avril  1845.  —  M.  H.  Lucas  montre  à  la  Société 
plusieurs  individus  du  Clotho  Durandii  Latr.  (  Uroctea  quin- 
quemaculata  Léon  Dufour  ),  qui  ont  été  trouvés  par  M.  Gougelet 
aux  environs  de  INîmes  :   il  fait  observer  que  c'est   la  première 


SOCIÉTÉS     SAVANTES.  205 

fois  que  cette  espèce  a  été  rencontrée  dans  cette  partie  du  midi 
de  la  France,  et  il  donne  de  nombreux  détails  géographiques 
sur  ce  Clotho. 

—  M.  E.  Desmarest  dit  quelques  mots  relativement  à  un  mor- 
ceau de  bois  fossile  qui  lui  a  présenté  des  trous  qui  ont  dû  être 
faits  par  des  larves  d'insectes  ;  d'après  la  forme  et  les  disposi- 
tions qu'offrent  ces  trous  ,  il  pense  qu'ils  ont  été  probablement 
perforés  par  des  larves  de  Longicornes. 

Séance  du  29  avril  1845. — M.  Guérin-Méneville  présente 
quelques  individus  vivants  de  Vllyîesinus  crenatus  ;  cet  in- 
secte ,  qui  n'avait  encore  été  signalé  dans  aucune  publication 
comme  se  trouvant  en  France  ,  a  été  pris  dans  le  parc  de  Saint- 
Cloud  par  M.  E.  Robert.  UHylesinus  crenatus  vit,  sous  ses  di- 
vers états,  dans  l'écorce  du  frêne  [Fraxinus  excelsior)  ^  \\  la 
perce  de  galeries  assez  irrégulières ,  et  fait  languir  et  même 
périr  les  arbres  qui  en  sont  attaqués.  M.  Guérin-Méneville  a 
élevé  les  larves  de  cet  insecte  ;  il  a  vu  qu'elles  ressemblaient 
beaucoup,  pour  la  forme  et  la  manière  générale  de  vivre, 
aux  larves  du  Scolyte  des  ormes,  mais  qu'elles  en  différaient 
totalement  par  les  habitudes  ;  il  est  entré  à  ce  sujet  dans  de 
grands  détails,  et  a  fait  connaître  des  observations  très-intéres- 
santes, qui  seront  imprimées  dans  le  Bulletin  des  Annales  de  la 
Société. 

—  Le  même  membre  met  sous  les  yeux  de  la  Société,  deux 
tronçons  de  saule  qui  lui  ont  été  communiqués  par  M.  Blisson , 
du  Mans.  Ces  branches  de  saule  sont  défigurées,  et  comme  bour- 
souflées par  la  piqûre  de  petites  larves  jaunâtres  qui  appar- 
tiennent probablement  à  des  Chalcidites:  ce  que  l'auteur  va 
chercher  à  démontrer  en  élevant  ces  larves  qui  lui  ont  été 
adressées  par  M.  Blisson. 

Séance  du  14  mai  1845. — La  Société  procède  à  la  nomination 
d'un  vice  président  en  remplacement  de  M.  Serville,  démission- 
naire. M.  Guérin-Mèneville  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages, 
est  proclamé  vice-président  pour  l'année  1845. 

—  iM.  Pierret  donne  communication  d'une  lettre  qui  lui  a  été 
adressés  par  M.  Paris,  d'Épernay.  M.  Boisduval  a  dit  à  la  Société 
(séance  du  28  octobre  1845)  qu'il  lui  semblait  parfaitement  dé- 
montré que  les  Anthocaris  Cœlia  et  Ausonia  ne  formaient 
qu'une  seule  espèce,  dont  les  différences  ne  sont  dues  qu'à   l'é- 


204  REvuK  zooLOGiQUK.    {Mal  1845.) 

poque  de  leur  éclosion  respective  ;  M.  Paris  pense  que  ce  fait 
n'est  pas  tout  à  fait  certain.  Il  est  vrai  qu'il  a  toujours  rencontré 
la  Cœlia  et  YAusonia  à  des  époques  différentes,  la  première  au 
commencement  de  mai,  et  l'autre  en  juillet;  mais  il  n'a  jamais 
trouvé  la  CfiPh'fl  qu'en  une  seule  localité,  sur  un  mamelon  fort 
élevé ,  situé  entre  Avenay  et  Bourg  (  canton  d'Ay  ),  toujours  au 
versant  qui  regarde  le  levant,  sur  un  terrain  aride,  inculte  et 
planté  de  sapins,  tandis  que  l'y^t*sowia  se  rencontre  constam- 
ment dans  les  plaines  basses ,  voltigeant  au-dessus  des  champs  de 
blé.  Ces  deux  habitations  bien  distinctes  ,  bien  tranchées ,  ne 
viendraient-elles  pas  jeter  quelques  doutes  sur  l'identité  ac- 
cusée par  M.  Boisduval  ? 

—  M.  H.  Luca^  montre  à  la  Société  trois  individus  d'une  es- 
pèce d^Acridium  {A.  peregrinum.  01.)  excessivement  répandue 
dans  le  nord  dé  l'Afrique ,  et  qui  lui  ont  été  envoyés  de  Constan- 
tine,  par  M.  de  Neveu,  capitaine  au  corps  royal  d'État-major. 
Cette  Sauterelle  porte  les  noms  arabes  d'Fl  Djerad  et  de  Djerad 
el  Arbi;  elleestmangée  par  les  Bédouins  et  Kabyles,  et  sa  chair 
n'a  pas  un  goût  désagréable  ;  M.  H.  Lucas  pense  que  c'est  la 
même  espèce  que  l'insecte  signalé  dernièrement  par  M.  le  com- 
mandant Levaillant ,  et  dont  le  nombre  d'individus  était  si  pro- 
digieux, qu'ils  formaient  un  nuage  de  trois  ou  quatre  myria- 
mètres  d'étendue.  ^Yoir  la  Revue  zoologique,  avril  1845,  p.  160.) 
Ce  qui  fait  supposer  à  M.  H.  Lucas  que  c'est  plutôt  à  VAcridium 
peregrinum  OUv.,  qu'à  VOEdipoda  migratoria  Linné,  qu'il 
faut  attribuer  ces  nuées  de  Sauterelles,  qui  ont  désolé  derniè- 
rement l'est  de  nos  possessions  d'Afrique,  c'est  que  dans  ses 
excursions  en  Algérie,  il  a  toujours  remarqué  que  la  première 
espèce  était  beaucoup  plus  commune  que  la  seconde  ,  et  de  plus, 
qu'il  n'a  jamais  vu  VOEdipoda  migratoria  dans  les  provisions 
que  font  les  Arabes  de  VAcridium  peregrinum. 

M.  Guérin-Méneville  communique  les  observations  qu'il  vient 
de  terminer  sur  les  métamorphoses  d'une  petite  larve  que  l'on 
trouve  à  la  racine  des  choux  ,  et  qui  occasionne  des  tubercules 
assez  gros  au-dessous  du  collet  de  cette  plante. 

Ces  racines  de  choux  lui  ont  été  adressées  par  M.  Blisson  , 
bibliothécaire  du  Mans ,  entomologiste  très-instruit.  Elles  con- 
tenaient toutes  ,  dans  ces  tubercules  charnus,  des  larves  blanches, 
apodes^  et  assez  semblables  à  celles  de  VApion  apricans .,  dont 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  205 

M.  Guërin-Méneville  a  donné  une  figure  dans  nos  Annales  et 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  royale  et  centrale  d'Agriculture. 
M.  Guérin  a  planté  ces  racines  de  choux  dans  plusieurs  pots  à 
fleurs;  ils  les  a  conservées  ainsi  jusqu'au  mois  de  mai ,  en  arra- 
chant de  temps  en  temps  quelques  racines  pour  voir  ce  que 
devenaient  les  krves.  Il  s'est  assuré  ainsi  qu'elles  sortent  des 
tubercules  dans  lesquels  elles  ont  pris  tout  leur  accroissement, 
pour  s'enfoncer  en  terre  ,  qu'elles  se  construisent  une  petite 
coque  ronde,  dans  laquelle  elles  se  métamorphosent  en  nymphes, 
et  que  l'insecte  parfait  en  sort  vers  la  fin  de  mai.  Cet  insecte  , 
que  plusieurs  entomologistes  présumaient  devoir  être  un  Bari- 
dius,  est  le  Ceutorhynchus  sulcicollis  des  auteurs.  Il  sort  de 
terre  avec  la  plus  grande  facilité,  monte  sur  les  tiges  et  sur  les 
feuilles,  et  va  probablement  déposer  ses  œufs  sur  les  racines  des 
jeunes  choux  pour  se  reproduire  de  la  même  manière  l'année 
suivante. 

M.  Guérin-Méneville  a  observé  deux  Ichneumonides  parasites, 
de  ce  Charançon  ;  ils  semblent  appartenir  tous  deux  au  genre 
Calyptus  ,  comme  celui  qui  vit  aux  dépens  de  VApion  apri- 
cans  ,  ce  qui  lui  fait  dire,  que  s'il  avait  aussi  la  manie  des 
grandes  généralités  appuyées  sur  un  ou  deux  faits ,  il  pour- 
rait établir  une  loi ,  en  disant  que  certains  grands  genres  de 
Coléoptères  ont  pour  parasites  des  genres  entiers  et  bien  déter- 
minés d'Ichneumonides,  etc.,  etc. 

Le  même  membre  présente  la  dépouille  d'une  nymphe  de  Ra- 
phidie ,  qu'il  a  pu  observer  chez  lui ,  en  présence  de  M.  Lucas. 
Cette  nymphe  courait  très  -  rapidement  ,  comme  la  larve  ou 
comme  une  nymphe  d'Orthoptère.  Il  rappelle  que  des  observa- 
tions de  M.  Percheron  sont  opposées  à  ce  fait ,  puisque  cet  ento- 
mologiste ,  contrairement  à  l'assertion  de  Linné  et  de  Latreille, 
qui  disent  avoir  vu  les  nymphes  de  Raphidies  agiles ,  a  observé 
ces  mêmes  nymphes  dans  un  état  inerte,  comme  toutes  celles 
des  Névroptères.  M.  Guérin-Méneville  prépare  un  travail  sur  ce 
sujet  intéressant;  mais  il  pourrait  bien  se  faire  que  les  deux 
opinions  opposées  fussent  conciliées,  en  admettant  que  les 
nymphes  de  Raphidies  sont  inertes  pendant  un  temps ,  et  actives 
ensuite,  quand  elles  approchent  de  leur  dernière  métamorphose. 
Cette  circonstance  remarquable  fait  penser  à  M.  Guérin-Méneville 
que  les  Raphidies  tiennent  en  même  temps  des  Orthoptères,  dont 


206  REVDE  zooLOGiQUK.   {Mai  1845.) 

les  nymphes  sont  toujours  actives,  et  des  névroptères,  à  Nym- 
phes inertes.  (E.  D.) 

IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Nous  avons  reçu  depuis  quelque  temps  VEssai  monogra- 
phique sur  les  Clérites  ,  par  M.  le  marquis  Maximilien  Spinola. 
(iet  ouvrage,  entièrement  terminé  ,  est  en  tous  points  digne  de 
la  belle  réputation  de  son  auteur  ,  et  ne  peut  tarder  à  figurer 
dans  la  bibliothèque  de  tous  les  entomologistes  jaloux  de  se 
tenir  au  courant  des  progrès  de  la  science.  Si  nous  avons  tardé 
à  parler  de  la  monographie  des  Clérites  dans  cette  Revue,  c'est 
que  nous  voulions  lui  consacrer  un  article  analytique  complet 
et  en  rapport  avec  l'importance  de  l'ouvrage  ,  mais  le  temps 
nous  a  manqué  jusqu'ici  pour  terminer  convenablement  ce  tra- 
vail. En  attendant,  nous  avons  cru  devoir  signaler  à  nos  con- 
frères l'entière  publication  de  l'ouvrage  de  M.  Spinola ,  et  dire 
que  ce  savant  a  tenu  exactement  et  scrupuleusement  toutes  les 
promesses  quMl  avait  faites  dans  son  prospectus ,  et  qu'il  est 
même  allé  au  delà  sous  plusieurs  rapports. 

Nous  nous  bornerons  aujourd'hui  à  cette  courte  annonce  , 
nous  réservant  de  revenir  prochainement  sur  cet  ouvrage  re- 
marquable, dans  lequel  toutes  espèces  de  Clérites  sont  repré- 
sentées par  des  figures  très- exactes,  très-bien  gravées  et  coloriées, 
et  décrites  avec  une  précision  et  une  méthode  qui  ne  permettent 
pas  le  moindre  doute  aux  travailleurs. 

On  peut  se  procurer  le  beau  volume  de  M.  Spinola  en  s'a- 
dressant  à  M.  Buquet ,  trésorier  de  la  Société  Entomologique  de 
France  ,  rue  Dauphine  ,  n»  35,  à  Paris. 

Errata  du  numéro  précédent, 
p.  170,  lig.  6.  Léger  ruban,  — lisez  :  Large  ruban. 
33.  Euphalus ,  —  lisez  :  Eupalus. 
171  1 .  Bande  bleue  en  dessous  ;  les  ailes  ne  diffèrent ,  — 

Lisez  :  bande  bleue.    Le  dessous  des  ailes  ne 
diffère... 


Nouveau  membre  admis  dans  la  Société  Cuvierienne. 
N"  296.  M.  Edward  Doubleday,  Esq.  F.  L.  S.,  aide  naturaliste  au 
Muséum  Britannique. 
Présenté  par  M.  Guérin  Méneville. 


HUITIEME  ANNEE.  —  JUIN  1845 


I.    TRAVAUX    INEDITS. 

Description  de  quelques  espèces  nouvelles  d'Oiseaux, 
par  M.  O.  Des  Murs. 

1»  Perruche  amazonine.  —  Psittacus  amazoninus.  —  Rosiro 
eburneo;  régions  circum-orbitaria  nudata;  capistro,  pileo, 
lorù,  gula  et  rectricum  margine,  rubro-cinaberinis  :  genù 
flavo-aurantiis;  corpore  supra  viridi.  —  Smaragdineo  ;  abdo- 
mine  lateribusque  et  crissa  lœle  virescentibus ;  pectore  viridi- 
olivaceo  ;  humeris  et  aluta  rubro-coccineis  ;  scapularibus  m{- 
noribus ,  remigiim  secundariis  sicut  et  rectricibus  ad  apicem 
cœruleis ,  primariis  cœruleo  nigris  ;  alis  ^  caudœ  brevi  ferè 
œqualibus,  et  cauda  ipsa,  cœruleo  subtus  argenteis;  2«  c«3« 
primariarum  longissimis  ;  pedibus  nigris.  —  Longit.  200  mill. 
Vient  de  Santa-Fë-de-Bogota. 

3°  Collin  de  Perrot. — Ortyx  Perrotiana.—Gula  alba  ;  crista- 
lella  occipitali  nigra ,  brunneo  flammata;  capite  colloque  pos- 
tico  cinereis;  antico,  alterne  albo  simul  et  fulvo  transversaliter 
tenuissime  striato;  pectore^  abdomine  et  lateribus  nigro  atbo- 
que  late  fasciatis  ;  harum  partium  plumis  margine  quadralis; 
dorso  alis  caudaque  cinereo  fulve-vermiculatis  et  brunneo 
nigrescente  necnon  fulvo  maculatis  rostro,  nigro;  pedibus 
brunneis.  —  Longit.  195  milK 

Nous  devons  la  communication  de  cet  intéressant  oiseau  à  l'o- 
bligeance de  M.  Perrot ,  l'un  des  meilleurs  préparateurs  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  de  Paris,  à  qui  nous  l'avons  dédié  et 
qui  l'a  reçu  du  Mexique. 

2°  Jacamaralcyonide  à  oreillons  blancs.  —  Galbalcyrhynchus 
leucotis,  —  Capistro  pileoque  nigris;  auribus  albis;  alis  et 
cauda  nigro-virescentibus  ;  reliquo  corporis  obscure  castaneo; 
rosiro  corneo-albo  ;  pedibus  flavis.  —  Longit.  190  millim. 

Cette  espèce  de  .Tacamar,  curieuse  par  le  développement  pres- 
que monstrueux  de  son  bec,  nous  a  paru  devoir  former  dans  cette 
famille  un  nouveau  genre  auquel  nous  donnons  le  nom  qui  pré  - 
cède.  S'il  joignait  en  effet  à  ce  caractère  celui  particulier  au 
Galbula  tridactyla  (vieille),  ce  serait  assurément  le  meilleur 
type  du  genre  si  heureusement  formé  par  Levaillant,  sous  le 
Tom,  VIU.  Année  1845.  14 


208  REVUE  ZOOLOGIOCE.    [Juifi    1845.) 

nom  de  Jacamaralcyon ,  conservé  depuis  par  MM.  Lesson  et  G, 
B.  Gray,  et  définitivement  acquis  à  la  science.  Car  par  son  bec  et 
par  sa  forme  trapue  et  si  exceptionnellement  ramassée,  il  indique 
bien  mieux  que  le  G.  tridactyla  par  ses  pattes,  le  passage  et  la 
transition  des  vrais  Jacamars  (Galbula)  aux  Martins-Pêcheurs 
{Alcyon  et  Alcedo).  C'est  ce  rapport  de  similitude  qui  nous  l'a  fait 
nommer  Galbalcyrhynchus,  pour  le  différencier,  tout  en  expri- 
mant la  même  idée  ,  du  nom  de  Jacamar alcyon ,  de  Levaillant. 
La  caractéristique  de  ce  genre  serait  la  suivante  :  —  Rostrum 
multo  longius  quant  caput,  paululum  incurvatum ,  altius 
quam  latum^  cultri  forme,  compressum,  capistrum  altitudine 
œquans  sinon  exsuperans ,  acutum  ;  ad  commissuram  vibrissis 
rigidis  circumdalum;  nares  semi-opertœ ,  rotundœ.  Cauda  in 
mortuœ exuviis  imper fecta  ;  tarsi  brèves,  digiti  duo  antici,  duo 
postici,  —  Vient  de  Santa-Fé-de-Bogota. 

Sur  notre  Falco  Isidori. 

Au  moment  d'envoyer  à  l'impression  les  trois  descriptions  ci- 
dessus  ,  nous  avons  eu  communication  ,  par  notre  obligeant  di- 
recteur M.  Guérin-Méneville  ,  de  la  note  qui  suit ,  sur  le  Falco 
Isidori  (Rev.  Zool.  1845,  p.  175),  de  M.  de  la  Fresnaye.  Nous  te- 
nons notre  honorable  et  savant  collègue  pour  trop  haut  placé 
dans  notre  estime ,  et  trop  élevé  dans  la  science  et  la  connaissance 
des  oiseaux,  pour  ne  pas  nous  empresser  de  déférer  à  son  désir, 
en  complétant  la  courte  diagnose  spécifique  que  nous  en  avons 
donnée,  et  en  rectifiant  une  erreur  d'impression.  Au  lieu  de 
rostro  pedibusque ,  il  faut  lire  :  rostro  unguibusque,  etc.,  et 
ajouter  :  pedibus  flavis. 

Cette  caractéristique ,  ainsi  que  nous  le  disions  dans  la  dernière 
livraison  de  la  Revue  ,  n'était  qu'un  extrait  de  l'article  que  nous 
avons  consacré  à  cette  belle  espèce  de  Rapace  ,  dans  notre  Ico- 
nographie ornithologique  projetée  ;  nous  allons  donc  donner  le 
résumé  de  ses  caractères  : 

Occiput  orné  d'un  appendice  de  plumes  allongées  et  faiblement 
relevées;  ailes  venant  à  la  moitié  de  la  longueur  de  la  queue; 
rémiges  au  nombre  de  douze ,  ïa  première  la  plus  courte  ,  la  cin- 
quième la  plus  longue  ;  tarse  emplumé  jusqu'au  la  base  et  recou- 
vert en  grande  partie  par  les  plumes  allongées  du  tibia  ;  chaque 
doigt  recouvert  de  trois  squamelles  onguéales  servant  au  jeu  et  à 


TRWAUX    INEDITS. 


209 


la  rétractilité  des  serres  ;  le  surplus  des  doigts  et  de  la  patte  gra- 
nulé ;  ongles  longs,  très-arqués,  (brtenient  acérés  ,  tranchants 
à  leur  côté  interne,  pleins  et  renflés  en  dessous;  tout  l'espace 
compris  entre  le  bec  et  l'œil  couvert  de  poils  ;  narines  ovalaircs  , 
obliques,  percées  dans  la  cire;  bec  brusquement  recourbé  ;  man- 
dibule supérieure  présentant  dans  le  milieu  de  sa  longueur,  sur 
le  tranchant  de  ses  deux  bords  une  ondulation  convexe  assez 
accentuée;  queue  carrée  composée  de  douze  pennes. 

millimètres 

Dimensions.  —  Longueur  totale  du  boat  du  bec  à  l'ex- 
trémité de  la  queue.  740 

—  du  bec  à  partir  de  la  cire  jusqu'à  sa  pointe.  40 

—  de  la  tête  depuis  le  bec  jusqu'à  la  nuque.  100 

—  de  la  plus  longue  plume  occipitale.  100 

—  du  pli  de  l'aile  À  son  extrémité.  400 

—  de  la  queue.  300 

—  du  tibia.  110 

—  du  tarse.  100 

—  du  doigt  du  milieu  jusqu'à  l'origine  de  la  serre.  65 

—  de  celle-ci  en  ligne  droite.  25 

—  id.  en  ligne  courbe.  40 

—  de  la  serre  du  doigt  interne  en  ligne  droite.  33 

—  id.  id.  en  ligne  courbe.  49 

—  de  la  serre  du  doigt  interne  en  ligne  droite.  1 7 

—  id.  id.  en  ligne  courbe.  30 

—  de  la  serre  du  pouce  en  ligne  droite.  37 

—  id,  id.  en  ligne  courbe.  58 
Diamètres  des  serres,  de  6  à  8  millimètres. 


Sur  le  Falco  Isidori^  Desmurs  ;  Revue  zool.   1845,  p.   175. 
Par  M.  de  Lafresnaye. 

Dans  le  numéro  précédent  de  la  Revue,  M.  Desmurs  a  décrit 
deux  nouvelles  espèces  d'aigles,  qui  d'après  quelques  caractères 
particuliers  et  nouveaux  semblent  une  vraie  conquête  pour  la 
science  ornithologique. 

Dans  la  description  du  premier,  le  Falco  Isidori  que  M.  Des- 
murs décrit  comme  un  aigle  de  forte  taille ,  remarquable  par  une 
huppe  tombante  comme  celle  des  aigles  autours,  il  ajoute  que  c'est 


210  FiKVUE  zooLCGi<^uK.   {Juîn  1845) 

le  premier  aigle  véritable  présentant  ce  caractère.  Il  existe  cepen- 
dant déjà  en  Amérique  une  espèce  ,  Vaigle  couronné  d'Azara, 
]!iÊarpyecouronnée\ie\\ot,\e  Circaète  couronné  Cuyier,  R.  an. 
etd'Orbigny,  Voy.p.  75,  et  enfin  l'aigle  couronné  Temm.  col.  234, 
qui,  avec  tous  les  caractères  de  forme  d'un  aigle,  mais  d'un 
aigle  pécheur  ou  pygargue,  puisqu'il  a  les  tarses  non  vêtus,  offre 
aussi  cette  huppe  tombante  sur  la  nuque,  particulière  aux  aigles 
autours  et  aux  Harpyes  d'Amérique. 

Comme  ce  formidable  rapace  joint  à  cette  anomalie  des  tarses 
réticulés  comme  ceux  des  Circaètes  et  Balbuzards,  il  est  résulté 
de  ces  divers  caractères  appartenant  à  différents  genres  que  les 
auteurs  l'ont  placé  tour  à  tour  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  troi» 
genres. 

Trouvant  nous-même  qu'il  ne  figurait  convenablement  dans 
aucun  d'eux,  réunissant  pour  ainsi  dire  les  caractères  de  tous, 
puisqu'à  la  forme  d'ailes ,  de  queue  et  de  pattes  des  aigles-pê- 
cheurs, il  joignait  la  huppe  occipitale  tombante  et  la  coloration 
ardoisée  des  Harpyes ,  et  de  plus  la  réticulation  des  tarses  des 
Circaètes  ;  nous  crûmes  devoir  en  former  un  genre  nouveau  que 
nous  publiâmes  dans  la  Revue  1842,  p.  173,  sous  le  nom  de 
Harpyhaliœtus  indiquant  ses  rapports  avec  les  aigles-pêcheurs 
et  avec  les  Harpyes. 

Nous  invitons  M.  Desmurs,  dans  l'intérêt  de  la  science,  et  pour 
éviter  toute  confusion,  à  vouloir  bien  indiquer  dans  le  prochain 
numéro,  si  le  Falco  Isidori  a  les  tarses  vêtus  et  écussonnés 
comme  les  vrais  aigles  ,  ou  s'il  les  a  nus  ou  réticulés,  parce  que 
dans  ce  dernier  cas,  il  ferait  partie  de  notre  nouveau  genre  ,  ce 
qne  nous  ne  supposons  pas  toutefois,  M.  Desmurs  l'indiquant 
comme  un  véritable  aigle  ,  mais  à  huppe  tombante. 

Quant  à  la  seconde  espèce  VHaliœtus  vociferoïdes  Desmurs , 
il  paraît  que  ce  grand  rapace  offre  aussi  deux  anomalies  remar- 
quables dans  la  brièveté  de  ses  ailes  et  la  longueur  des  tibias. 

Nous  applaudissons  de  grand  cœur  au  projet  d'une  Iconogra- 
phie ornithologique  faisant  suite  à  celles  de  Buffon  et  de  Tem- 
minck,  que  M.  Desmurs  annonce  devoir  publier  prochamement. 
il  nous  semble  que  ,  pour  que  cette  publication  pût  réunir  tous 
les  avantages  dont  elle  est  susceptible,  il  faudrait  qu'à  celui  d'of- 
frir un  species  iconographique  général  ,  pouvant  dispenser  de 
l'acquisition  ruineuse  des  iconographies  de  luxe  étrangères,  elle 


TRAVAUX     IINEDITS.  2i  I 

joignît  encore  celui  d'être  à  portée  de  toutes  les  fortunes,  d'après 
son  format  petit  in-4" ,  et  ses  dessins  sans  luxe  mais  corrects. 

Description  de  deux  nouvelles  espèces  de  Coquilles,  par  M.  Duval  , 
de  Rennes. 

Paludi^se  deMichaud.  Paludina  Michaudii  Duval.  —  P  testa 
subtrochiformi ,  tenui ,  subepidermide  nigro  pallide  virescente 
anfractibus  5-6  rotundato  turgidis ,  subtilissime  striatis  ,  suturis 
impressis,  spira  apice  papillato-aperturasubcirculari.  Rima  um- 
bilicali  angusta-operculo  subrotundo ,  marginato,  extus  aetate 
gibbosulo.  Animal  paludinae  impurae incolœ  subsimile.  Longueur 
7-8  millim.;  largeur  à  la  base  4-5  millim.  —  Hab.  Rennes  dans 
des  fossés  ,  près  le  cimetière. 

C'est  en  1828  ou  1829  que  je  découvris  cette  Paludine  dans  la 
localité  que  je  viens  d'indiquer  et  où  je  l'ai  toujours  trouvée  de- 
puis. Ne  connaissant  aucune  description  qui  lui  convînt,  je  soup- 
çonnai qu'elle  était  inédite,  mais  n'ayant  pas  à  ma  disposition 
tous  les  auteurs  nécessaires  pour  m'en  assurer,  j'en  communi- 
quai ,  il  y  a  quelques  années ,  plusieurs  individus  à  M.  Michaud  , 
si  versé  dans  la  connaissance  des  coquilles  terrestres  et  fluviatiles 
de  France  ;  il  me  confirma  dans  mon  opinion ,  et  c'est  par  ce  mo- 
tif, ainsi  que  pour  lui  témoigner  ma  reconnaissance  des  relations 
obligeantes  que  j'eus  alors  avec  lui,  que  je  lui  dédiai  cette  espèce 
nouvelle  (1).  La  Paludine  de  Michaud  ressemble  beaucoup,  pour 
la  forme  générale,  au  Cyclostome  élégant;  plus  petite  que  lui, 
elle  a  la  bouche  encore  plus  circulaire  et  il  faut  regarder  de  prè-i 
pour  apercevoir  un  léger  sinus  à  la  partie  supérieure.  La  cavité 
spirale  est  si  peu  modifiée  par  le  dernier  tour,  et  notre  coquille 
se  rapproche  tellement  sous  ce  rapport  des  Volvées,  que  j'ai  dû 
examiner  l'animal  pour  bien  constater  le  genre  auquel  elle  ap- 
partient. Je  me  suis  assuré  alors  qu'il  ne  diffère  de  celui  de  la 
Paludine  sale  que  par  de  légers  caractères.  Ainsi ,  celui  de  notre 
coquille  moins  foncée  en  coloration  a  le  pied  et  les  tentacules  de 
couleur  blond  de  corne  et  presque  transparents,  la  tête  étant  de 
couleur  plus  foncée  ,  mouchetée  de  noir  et  l'extrémité  du  mufle 
d'un  jaune  rougeâtre.  Les  filets  bronchiaux  sont  plus  visibles  et 
plus  nombreux  que  dans  la  Paludine  sale  ,  quoique  l'animal  soit 

(1)  Cette  notice  devait  être  insérée  dans  la  Revue  Zoologique  en  i8'.l.  C'est  par  oub^ 
qu'elle  a  élu  relardoo  jusqu'à  co  moment.  M.  Deshayes .  à  qui  des  exemplaires  de  cetto^ 
|i«ludine  ont  été  adressés  en  18Vï,  l'a  considérée  également  comme  inédile. 


212  REVUE  zo()i>()c;!oDK.  { Juifi  1845.) 

bien  plus  petit;  j'en  ai  compté  jusqu'à  dix  de  chaque  côté.  Se» 
mouvements  sont  aussi  plus  vifs  et  souvent  il  nage  à  la  surface 
de  l'eau ,  le  pied  tourné  en  haut.  L'ouverture  de  la  coquille  est 
bordée  d'un  petit  filet  noir  extérieurement ,  et  offre  un  bourrelet 
blanc  à  sa  surface  interne  dans  la  partie  en  contact  avec  l'oper- 
cule. Celui-ci  est  un  peu  ovale,  sa  surface  interne  présente  un 
petit  rebord  saillant  large  d'un  demi-millimètre  environ.  Ce  re- 
bord est  brunâtre,  tandis  que  le  centre  déprimé  est  d'un  blanc 
bleuâtre.  Sa  surface  externe  est  convexe  et  devient  légèrement 
gibbeuse  avec  l'âge. 

Pleurotôme  de  Guérin.  Pleurotoma  Guerinii  Duval,  —  PI. 
testa  elongata  ,  turrita  ,  fusiformi,  luteo-carnea,  fusco  maculata 
et  fasciata-anfractibus  convexis ,  superne  depressis ,  subcontabu- 
latis,  inferne  costato-plicatis,  sutura  subemarginata,  cauda  lon- 
giuscula,  subumbilicata.  Labro  dextro  tenui,  simpîici ,  pro- 
funde  inciso. 

Coquille  allongée ,  turriculée ,  fusiforme  ;  la  spire  très-pointue, 
un  peu  plus  longue  que  le  dernier  tour,  en  offre  onze  à  douze 
autres  renflés  et  presque  carénés  vers  leur  partie  moyenne.  Ce 
renflement  est  formé  par  la  partie  la  plus  saillante  des  petites 
côtes  dont  les  tours  sont  chargés  et  répond  à  l'échancrure  du 
bord  droit  dont  il  présente  les  accroissements  successifs.  Au- 
dessus  de  cette  espèce  de  carène  les  tours  sont  déprimés  de  ma- 
nière à  former  une  rampe  spirale,  concave,  très-lisse,  bordée 
supérieurement  par  la  légère  saillie  de  la  suture.  La  queue  se 
termine  par  un  canal  légèrement  courbé  vers  le  dos  ;  les  côtes 
du  dernier  tour  descendent  jusqu'à  la  partie  inférieure  où  elles 
se  relèvent  et  forment  un  petit  bourrelet  écailleux  autour  de  la 
fente  ombilicale.  Elles  sont  coupées  par  des  stries  transverses 
qu'on  ne  voit  bien  que  sur  la  partie  inférieure  de  ce  tour.  Le 
bord  droit  mince,  tranchant ,  est  interrompu  au  niveau  de  l'es- 
pèce de  carène  par  une  échancrure  arrondie  assez  profonde.  Le 
bord  gauche  appliqué  sur  la  columèle  se  relève  un  peu  à  la  par- 
tie inférieure  pour  recouvrir  la  fente  ombilicale.  L'ouverture 
large  à  sa  partie  moyenne  se  termine  par  un  canal  un  peu  long 
et  étroit.  Cette  coquille  est  d'un  jaune  pâle  couleur  de  chair.  La 
carène  offre  une  teinte  plus  foncée  et  çà  et  là  des  taches  brun- 
marron.  Une  fascie  brune  existe  au-dessous  de  la  moitié  infé- 
rieure du  dernier  tour  et  se  trouve  séparée  de  la  carène  par  uud 


A?<ALYSES    d'oUVRA(,ES    NODVhADX  213 

bande  blanchâtre  (I).  Longueur  52  niiilim.  ;  largeur  du  dernier 
tour  1 6  millim.  —  Habite ?... 


II.  ANALYSES  D'OUVKAGES  NOUVEAUX. 

Faune  méiudionale  ou  description  de  tous  les  animaux  vertébrés 
vivants  et  fossiles  ,  sauvages  ou  domestiques  qui  se  rencon- 
trent dans  la  plus  grande  partie  du  midi  de  la  France.  2  vol. 
in-8  avec  atlas  ,  par  31.  J.  Crespon. 

En  annonçant  la  publication  de  la  Faune  de  VAuhe,  par  M.  J. 
Kay,  nous  avons  dit  que  les  travaux  zoologiques  qui  se  publient 
dans  les  départements  et  qui  ont  pour  but  de  nous  faire  con- 
naître les  espèces  animales  que  l'on  y  rencontre ,  quelle  que  soit 
l'étendue  de  ces  travaux ,  de  quelque  titre  que  leurs  auteurs  les 
parent ,  ne  doivent  point  être  négligés.  A  notre  avis ,  ces  travaux, 
qu'on  les  appelle  Catalogues,  Faunes^  Monographies^  etc.,  sont 
autant  d'éléments  d'où  sortira  plus  tard  une  Faune  générale  : 
aussi  saisirons-nous  toujours  l'occasion  de  les  encourager  ,  et 
d'inviter  les  zoologistes  de  la  province  à  apporter  leur  part  de 
matériaux  pour  l'édification  d'une  œuvre  nationale. 

Plusieurs  départements,  parmi  ceux  du  Nord  surtout,  ont  de- 
puis fort  longtemps  pris  l'initiative  et  fourni  pour  l'histoire  de 
quelques  classes  ,  leur  contingent  de  faits  et  d'observations.  Les 
contrées  méridionales  ,  malgré  les  excellentes  publications  de 
P.  Roux,  de  Dugés  et  de  quelques  autres  naturalistes  ,  n'avaient 
jusqu'ici  produit  aucun  ouvrage  qui  pût  faire  soupçonner  leur 
fécondité  et  leur  richesse  en  espèces  animales.  C'est  à  M.  Crespon 
que  devra  revenir  l'honneur  d'avoir  tenté  pour  le  midi  de  la 
France  ce  que  quelques  zoologistes  ont  réalisé  pour  d'autres 
parties  du  Nord,  de  nous  avoir  fait  connaître  dans  deux  ouvrages 
successifs ,  son  Ornithologie  du  Gard  et  sa  Faune  méridionale^ 
les  Vertébrés  qui  passent,  qui  vivent  sédentaires  ou  qu'on  trouve 
à  l'état  fossile  dans  nos  départements  les  plus  méridionaux.  Nous 
ne  craignons  pas  d'avancer  que  nous  ne  connaissons  point  en- 

(1)  a  l'éporine  ou  je  décrivis  cette  coquille  (18iO),  elle  était  très-rare.  Un  peu  plus  ré- 
^pandtie  niainieiianl,  j'en  ai  tu  des  individus  d'une  leiule  muins  claire  et  plus  unifurme . 
lais  offrant  toujours  la  fascie  du  dernier  tour. 


Ûti  RKVUK,   ZOOLOGigUE.    [Juifi     1845.) 

rore  de  travail  de  ce  genre ,  même  parmi  les  publications  qUi 
sont  étrangères  à  notre  pays  ,  qui  offre  une  liste  d'animaux  auss' 
nombreuse  que  celle  que  contient  le  dernier  ouvrage  de  M.  Cres- 
pon,  et  une  série  d'observations  plus  intéressantes  Cinq  cents 
espèces  environ  y  sont  indiquées.  Plusieurs  d'entre  elles  s'y  trou- 
vent pour  la  prsmière  fois  signalées  comme  existant  en  France  , 
et  une  quinzaine  environ  y  sont  décrites  comme  nouvelles,  non- 
seulement  pour  nous ,  mais  aussi  pour  le  reste  de  l'Europe. 

Dans  la  classe  des  Mammifères  M.  Crespon  donne  comme  iné- 
dits sept  Vespertilions  (  resp.  lanatus  ,  pellucens  ,  latipentiis  , 
rufescens  ,  palustris  ,  nigrans,  incisivus),  et  deux  Campagnols 
[Arvic,  Lavenerdii  ,  Lebrunii).  Nous  ne  saurions  dire  si  toutes 
ces  espèces  sont  réellement  nouvelles,  ou  si  la  plupart  d'entre 
elles  ne  forment  pas  double  emploi,  La  description  un  peu  suc- 
cincte qu'en  fait  M.  Crespon  rend  difficile  un  jugement  à  cet  égard. 
Quoique  la  classe  des  Oiseaux  soit,  dans  la  Faune  méridionale , 
la  plus  riche  de  toutes,  puisqu'elle  renferme  à  elle  seule  350  es- 
pèces ,  elle  ne  compte  pas  ,  à  beaucoup  près ,  autant  de  nouveau- 
tés que  celle  des  Mammifères.  Trois  oiseaux  seulement  y  sont 
décrits  comme  nouveaux  :  un  merle,  un  bec-fin  et  une  alouette. 
Cependant  le  premier  (Turdus  azureus)  n'est  probablement ,  et 
de  l'avis  même  de  M.  Crespon  ,  qu'un  hybride  du  Petrocossy- 
phus  cyaneus  et  du  Pet.  saxatilis  ;  le  second  [Sylvia  tamarixis) 
pourrait ,  ce  nous  semble,  être  rapporté  à  la  petite  race  de  Pouil- 
lot  dont  nous  avons  fait  nous-meme  ,  avec  doute,  une  espèce 
sous  le  nom  de  Syl.  angusticauda  (1)  ;  enfin  l'alouette  de  mon- 
tagne {Alauda  montana)  qu'il  eût  peut-être  mieux  valu  nommer 
Al.  Cairii  ,  pour  ne  point  employer  un  nom  spécifique  qui  sert 
déjà  à  désigner  le  Friquet  et  même  l'Hirondelle  de  rochers,  nous 
paraît  également  devoir  être  rapportée  à  la  cantarella  de  Ch.  Bo- 
naparte. 

Mais  une  acquisition  vraiment  importante  pour  l'ornithologie 
européenne  et  en  particulier  pour  l'ornithologie  française  ,  est 
celle  du  Vanneau  que  M.  Crespon  décrit  sous  le  nom  de  Vanellus 
Fillolotii.  Cette  espèce  ,  originaire  d'Afrique  ,  dont  on  trouve 
une  bonne  description  dans  le  voyage  en  Egypte  de  Sonnini 
(t.  H  ,  p.  240  et  suiv.)  et  que  Vieillot  a  introduite  dans  son  genre 
Pluvier  sous  le  nom  de  Phivianus  chlorocephalus ,  visiterait 

(1)  Gai.  (le  la  Faune  de  l'Aube,  p   i^9. 


ANALYSES    O  OUVHAGtS    NOUVEAUX.  215 

accidentellement  le  midi  de  la  France  ,  puisqu'on  individu  fe- 
melle a  été  capturé  dans  le  département  de  l'Hérault. 

Enfin  les  deux  autres  classes  qui  font  encore  partie  de  la  Faune 
méridionale,  celle  des  Reptiles  et  celle  des  Poissons  ,  sans  pré- 
senter ce  luxe  des  deux  premières  classes,  fournissent  cependant 
aussi  leur  part  d'espèces  nouvelles.  Ainsi  parmi  les  Ophidiens , 
M,  Crespon décrit, sous  le  nom  de  Coluber elegans^une  liès-ioVie 
petite  couleuvre  qui  paraît  inédite,  et  parmi  les  Poissons  indique 
coiimie  nouveaux  l'Épinoche  à  quatre  épines  {Gasterosteus  qua- 
drispinosa)  et  l'Épin.  à  deux  épines  {Gasl.  nemausensis).  Mais 
nous  devons  dire  que  ces  deux  espèces  ne  seront  probablement 
pas  admises  par  tous  les  icthyologistes ,  par  ceux-là  surtout  qui 
jusqu'ici  considéraient  l'Épinoche  à  quatre  épines  (  depuis  fort 
longtemps  connue  )  comme  une  simple  variété  du  Gast.  acu- 
leatus. 

Lorsque  nous  avons  rendu  compte  de  la  Faune  de  l'Aube  , 
nous  avons  pu  signaler  l'heureuse  idée  que  M.  J.  Ray  avait  eue 
de  donner  place  dans  son  travail  aux  espèces  qui  ont  laissé  des 
traces  de  leur  existence  dans  le  sein  de  la  terre.  La  même  voie  a 
été  suivie  par  M.  Crespon  :  les  fossiles  occupent  dans  la  Faune 
méridionale  leur  rang  aussi  bien  que  les  animaux  vivants. 

En  résumé  ,  cet  ouvrage  auquel  l'auteur  a  joint  un  petit  traité 
de  taxidermie ,  offre  de  l'intérêt  ,  non- seulement  comme  cata- 
logue zoologique  le  plus  complet  que  nous  ayons  en  ce  genre  , 
mais  comme  collection  d'observations  et  de  détails  de  mœurs  des 
espèces  qu'il  renferme. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  de  l'Atlas  qui  sert  en  quelque 
sorte  de  complément  au  texte  de  la  Faune.  Il  nous  semble  que 
M.  Crespon  aurait  dû ,  dans  cette  circonstance ,  sacrifier  toutes  les 
figures  qui  reproduisent  des  sujets  trop  connus  ,  et  mettre  tous 
ses  soins  à  bien  faire  représenter  les  espèces  rares  et  celles  qu'il 
considérait  comme  nouvelles.  Son  atlas ,  ainsi  conçu  ,  se  serait,  il 
est  vrai ,  adressé  à  un  moins  grand  nombre  de  personnes ,  mais 
nous  osons  dire  que  sa  valeur  eût  été  bien  autrement  importante. 

Z.G. 


216  RKVDE  zooLOGiyuE.  [Juin  i845.) 

m.  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  "2^  juin  1845.  —  M.  Milne  Edwards  ,rappoiteary 
tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  M.  f^alenciennes^  donne  lecture 
d'un  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  E.  Blanchard,  relatif  à 
Vorganisation  dhm  Parasite  marin  voisin  des  Sangsues.  Voici 
un  extrait  de  ce  travail  : 

L'animal  dont  M.  Blanchard  a  étudié  la  structure  semble  ,  au 
premier  abord ,  ne  devoir  offrir  que  peu  d'intérêt  ;  c'est  une  sorte 
de  Sangsue  qui  habite  la  mer,  et  qui  se  loge  sous  le  manteau 
d'un  Mollusque  acéphale  du  genre  Mye.  Par  sa  forme  générale  , 
ce  ver  ne  diffère  que  peu  d'un  Parasite  décrit,  il  y  a  cinquante 
ans,  par  Othon  Frederick  Muller  ,  et  mentionné  plus  récem- 
ment par  le  savant  M.  de  Blainville ,  comme  type  de  la  pe- 
tite division  générique  des  Malacobdelles.  Si  les  caractères  ex- 
térieurs des  animaux  traduisaient  fidèlement  le  mode  de  consti- 
tution des  parties  fondamentales  de  l'économie,  il  est  donc 
probable  que  les  observations  de  M.  E.  Blanchard  n'auraient 
ajouté  aucun  fait  important  à  l'histoire  des  Hirudinés;  mais, 
convaincu  de  l'insuffisance  des  résultats  fournis  par  la  seule  con- 
sidération des  formes  générales,  notre  jeune  naturaliste  a  voulu 
connaître  la  structure  intérieure  de  son  ver,  pour  la  comparer  à 
celle  déjà  bien  connue  des  Sangsues  ordinaires,  et  il  est  arrivé 
ainsi  à  la  découverte  d'un  fait  anatomique  dont  l'intérêt  nous 
semble  considérable. 

M.  E.  Blanchard  a  constaté  que  chez  cet  animal  le  système 
nerveux  ne  ressemble  en  rien  à  celui  d'aucune  Hirudinée  con- 
nue ;  les  centres  nerveux  se  trouvent  le  long  des  flancs,  à 
droite  et  à  gauche  du  tube  digestif;  vers  l'extrémité  antérieure 
du  corps,  on  voit,  de  chaque  côté  de  l'œsophage,  un  ganglion 
arrondi  qui  peut  être  considéré  comme  le  i^eprésentant  d'une 
moitié  de  la  masse  médullaire  située  daiiS  la  tête  des  animaux 
articulés,  et  désignée  sous  le  nom  de  cerveau  :  une  commissure 
longue  et  étroite  unit  entre  eux  ces  ganglions,  en  passant  au- 
de.-sus  du  canal  digestif;  mais  les  cordons  qui  partent  de  ces 
mêmes  ganglions  pour  se  diriger  en  arrière  ne  se  réunissent  pas 
au-dessous  de  ce  tube,  et  ne  forment  pas  un  collier  autour  de 
l'œsophage;  ils  restent  éloignés  l'un  de  l'autre  jusqu'à  l'extré- 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  217 

luité  postérieure  du  corps,  et  paraissent  même  ne  pas  être  unis 
au  moyen  de  commissures  ;  enfin  ils  ne  présentent,  dans  la  plus 
Jurande  partie  de  leur  longueur,  que  des  vestiges  de  ganglions, 
et  c'est  seulement  dans  la  partie  correspondante  à  la  ventouse 
an^ile,  que  ces  centres  nerveux  se  montrent  de  nouveau  d'une 
manière  bien  distincte. 

Tel  est  le  principal  résultat  obtenu  par  M.  E.  Blanchard;  il 
a  fait  connaître  aussi  la  disposition  de  l'appareil  digestif,  et  a 
signalé  quelques  particularités  relatives  aux  organes  de  la  géné- 
ration; enfin  ,  il  a  examiné  les  rapports  naturels  de  son  ver  avec 
les  autres  annellés,  et  il  propose  de  le  considérer  comme  type 
d'un  genre  nouveau  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Xenistum.  Si 
V Jlirudo  grossa  de  Mul  1er  ressemble  aux  autres  Hirudinés  par  sa 
structure  aussi  bien  que  par  sa  forme  ,  cette  division  zoologique 
devra  être  adoptée;  mais  s'il  en  était  autrement,  il  faudrait  ap- 
pliquer au  parasite  étudié  par  M.  E.  Blanchard  le  nom  générique 
de  Malacobdella  ,  déjà  employé  par  M.  de  Blainville  pour  dési- 
gner la  Sangsue  des  Myes;  peut-être  même  trouvera-t-on  que 
le  Xenistum  Valenciennœi  et  VHirudo  grossa  ne  devront  pas 
être  séparés  spécifiquement.  Dans  une  note  additionnelle  à  son 
mémoire,  M.  E.  Blanchard  discute  ce  point  et  signale  les  diffé- 
rences qui  existent  entre  le  Xenistum  et  ce  dernier  annélide,  tel 
que  Muller  le  décrit  et  le  figure  ;  mais  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances  relatives  à  l'organisation  des  Malacobdelles,  cette 
question  peut  laisser  quelque  incertitude.  Vos  commissaires  ont' 
l'un  et  l'autre  vérifié  les  faits  anatomiques  signalés  par  l'auteur  ; 
ils  en  ont  reconnu  l'exactitude ,  et  par  conséquent  ils  ont  l'hon- 
neur de  proposer  à  l'Académie  d'approuver  les  recherches  de 
M.  E.  Blanchard,  et  d'engager  ce  jeune  naturaliste  à  profiter  de 
la  première  occasion  pour  compléter  son  travail  par  de  nou- 
velles observations  sur  l'appareil  de  la  circulation  et  sur  la  gé- 
nération du  ver  dant  il  nous  a  fait  connaître  le  système  ner- 
veux —  Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  adoptées  par 
l'Académie. 

—  M.  Lassaigne  présente  un  mémoire  ayant  pour  titre  :  Nou- 
velle observation  sur  Inaction  que  la  salive  exerce  sur  les  gra- 
nules de  fécule ,  à  la  température  du  corps  des  animaux  Mam- 
mifères ,  et  sur  Vétat  dans  lequel  se  trouve  Tamidon  dans  les 
graines  céréales  après  leur  mastication. 


218  REVUE   ZOOLOGl(,DË.    {Juifi   1845.) 

Ce  travail  ,  dans  lequel  est  traitée  avec  le  talent  que  l'on  con- 
naît à  M.  Lassaigne,  l'une  des  questions  les  plus  importantes  et  les 
plus  difficiles  de  la  physiologie  animale,  est  renvoyé  à  l'examen 
d'une  commission  précédemment  chargée  de  faire  un  rapport 
sur  deux  mémoires  du  même  auteur  (Revue  1845,  p,  201). 

—  M.  Sardaillon  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  suite 
de  pièces  d'anatomie  artificielle,  destinées  spécialement  à  l'é- 
tude des  phénomènes  de  la  gestation  et  de  l'accouchement ,  et 
représentant  toute  la  série  des  changements  qu'éprouve  l'utérus 
depuis  l'époque  de  la  conception  jusqu'au  moment  de  la  sortie 
du  fœtus.  —  Commissaires,  MiVI.  Serres ,  Roux  et  Velpeau. 

—  M.  fFohler,  dans  une  lettre  adressée  à  M.  Dumas ,  signale 
l'existence  d'un  nouvel  acide  organique,  qu'il  a  trouvé  dans  un 
Bézoard  oriental.  L'auteur  regarde  cet  acide,  qu'il  nomme  acide 
bézoardique ,  comme  un  produit  de  la  bile  des  animaux  des- 
quels proviennent  les  Bezoards,  ou  bien  comme  un  produit  im- 
médiat de  la  nourriture  de  ces  animaux. 

Séance  du  9  juin  1845  —  M.  Falenciennes  lit  un  mémoire 
sur  V organisation  des  Lucines  et  des  Corbeilles.  L'espace  ne 
nous  permettant  pas  de  donner  un  extrait  détaillé  de  ce  travail , 
nous  nous  bornerons  à  en  transcrire  ici  les  conclusions  formu- 
lées par  l'auteur.  Il  résulte  des  faits  rapportés  dans  cette  notice  , 
que  : 

1"  Une  famille  entière  de  Mollusques  acéphales  n'a  qu'une 
seule  lame  branchiale  de  chaque  côté  du  corps  ; 

2*  Cette  famille  comprend  les  genres  Lucine  et  Corbeille; 

3"  Le  pied  des  animaux  des  Corbeilles  est  très-peu  étendu, 
comprimé  et  non  perforé  ; 

4"  Le  pied  des  Lucines  est  en  même  temps  un  tube  musculaire 
creusé  dans  toute  son  étendue,  et  communiquant  avec  l'intérieur 
du  corps  ; 

50  Pa,.  l'ouverture  du  pied  des  Lucines,  il  y  a  une  communi- 
cation entre  le  système  sanguin  et  l'eau  dans  laquelle  vivent  ces 
Mollusques,  par  l'intermédiaire  des  lacunes  dans  lesquelles 
s  ouvrent  l'un  et  l'autre  système. 

M.  Duvernoy  fait  observer  que  le  fait  extrêmement  intéres- 
sant, sujet  du  mémoire  de  M.  Valenciennes ,  a  été  découvert  au 
mois  de  juillet  1844,  dans  son  cabinet,  sur  la  Lucina  tigerina, 
grande  espèce  provenant  de  la  mer  des  Antilles.  Il  n'en  a  parlé 


SOCIÉTÉS    SAVANTK3.  219 

qu'en  passant,  dans  la  monographie  sur  le  système  nerveux  de 
ce  genre,  qui  fait  partie  des  vingt  monographies  qu'il  a  com- 
mises au  jugement  de  l'Acadëmie  et  de  la  section  de  Zoologie  en 
particulier,  le  1?3  novembre  dernier.  Il  se  proposait  de  revenir 
sur  ce  fait,  d'en  faire  saisir  toute  l'importance  et  de  voir  s'il  n'exis- 
terait pas  d'autres  bivalves  avec  les  mêmes  caractères  excep- 
tionnels dans  leurs  branchées  et  dans  leurs  palpes  labiaux. 

M.  Falenciennes  répond  que  son  intention  n'est  nullement 
de  contester  la  véracité  de  ce  que  vient  de  dire  M.  Duvernoy; 
mais  le  mémoire  de  cet  habile  zoologiste  étant  resté  inédit,  au- 
cun extrait  de  cette  partie  de  son  travail  n'ayant  été  publié,  les 
membres  de  la  section  de  zoologie  déclarant  n'avoir  pas  pris  con- 
naissance du  mémoire  de  M.  Duvernoy ,  M.  Valenciennes  croit 
que  la  priorité  lui  appartient;  de  plus  il  a  étendu  l'observation 
à  une  famille  entière  de  Mollusques  acéphales. 

Séance  du  16  juin  1845.— M.  Milne  Edwards  lit  une  notice 
intitulée  :  Considérations  sur  le  mode  de  distribution  des 
fluides  nourriciers  dans  Véconomie  animale. 

Pour  montrer  que  l'existence  d'un  système  circulatoire,  com- 
posé en  partie  de  vaisseaux  et  en  partie  de  lacunes  ,  n'est  ni  une 
anomalie  ni  un  fait  isolé  dans  l'histoire  physiologique  des  ani- 
maux, l'auteur  a  repris  l'étude  comparative  des  différentes  voies , 
par  lesquelles  les  sucs  nourriciers  parviennent  jusque  dans  la 
substance  de  tous  les  tissus  vivants  chez  les  divers  animaux,  et 
il  a  examiné  la  manière  dont  les  vaisseaux  sanguins  se  consti- 
tuent lors  de  leur  développement,  soit  normal,  soit  patholo- 
gique, chez  les  vertébrés.  Les  résultats  auxquels  M.  Milne 
Edwards  est  arrivé  ainsi  lui  paraissent  s'enchaîner  de  la  manière 
la  plus  évidente  ,  et  font  voir,  suivant  lui ,  que  le  mode  d'orga- 
nisation, dont  les  Mollusques  offrent  un  exemple,  n'est  que  l'un 
des  degrés  de  la  série  de  modifications  par  lesquelles  la  division 
du  travail  physiologique  s'établit  de  plus  en  plus  complètement 
dans  l'ensemble  des  systèmes  cavitaireschez  les  animaux  dont  la 
structure  se  perfectionne. 

—  On  lit  une  lettre  de  M.  BoussingauU  ^  contenant  quelques 
détails  sur  la  formation  de  la  graisse  chez  les  animaux.  Les 
recherches  de  Tauteur  lui  font  établir  : 

i°  Que  les  porcs  âgés  de  huit  mois ,  après  avoir  été  élevés  au 


220  REVUK   ZOOLOGIIJUE.    {Juifi    i845.) 

régime  de  la  porcherie ,  contiennent  beaucoup  plus  de  graisse 
qu'ils  n'en  ont  reçu  avec  les  aliments; 

2"  Que  des  porcs  nourris  pendant  six  mois  avec  des  pommes 
de  terre  ne  produisent  pas  plus  de  graisse  que  n'en  renferment 
les  tubercules  ; 

3°  Que  dans  l'engraissement  des  porcs  (  l'auteur  a  opéré  sur 
neuf  individus)  il  y  a  beaucoup  plus  de  graisse  assimilée  qu'il 
ne  s'en  trouve  dans  la  ration  ; 

4"  Que  les  aliments  qui ,  administrés  seuls ,  n'ont  pas  la  faculté 
de  développer  de  matières  grasses,  acquièrent  cette  faculté  d'une 
manière  étonnante  aussitôt  qu'on  y  joint  de  la  graisse  ,  bien  que 
la  graisse  donnée  seule  produise  l'inanition  ; 

5"  Que  les  rations  engraissantes  qui  ne  contiennent  qu'une 
quantité  minime  de  graisse  sont  toujours  riches  en  principes 
azotés. 

M.  Milne  Edwards  fait  remarquer  l'accord  qui  existe  entre 
les  faits  nouveaux  constatés  par  M.  Roussingault  et  les  résultats 
fournis  par  les  expériences  sur  la  production  de  la  cire  chez  les 
abeilles  qu'il  a  faites  en  1843,  de  concert  avec  M.  Dumas. 

M  Payen  présente  également  quelques  considérations  sur  le 
même  sujet. 

— M.  Long  et  présente  un  nouveau  et  important  travail  physio- 
logique ayant  pour  titre  :  Nouvelles  expériences  relatives  à  la 
soustraction  du  liquide  céphalo-rachidien^  et  à  Vinjluencedes 
muscles  cervicaux  postérieurs  et  du  ligament  sur-épineux  sur 
la  locomotion.  Il  résulte  de  ce  travail  : 

1°  Qu'on  a  accordé  à  tort  au  liquide  céphalo-rachidien  une 
influence  des  plus  importantes  sur  l'exercice  des  fonctions  loco- 
motrices ,  et  que  cette  influence  paraît  nulle  ; 

2"  Que  la  section  des  muscles  cervicaux-postérieurs  et  des  liga- 
ments sur-épineux  produit  la  démarche  incertaine  de  l'ivresse; 

3<^  Que  jusqu'ici  les  expérimentateurs  ont  rapporté  à  la  sous- 
traction du  liquide  céphalo-rachidien  des  effets  qui  dépendent 
d'une  tout  autre  cause  ,  la  simple  division  des  parties  molles  de 
la  nuque. 

Séance  du  2'djuin  1845,  —  M.  Deshayes  adresse  une  lettre 
contenant  des  remarques  sur  ^organisation  des  Lucines. 

Dans  ce  travail,  l'auteur  fait  observer  que  M.  Valenciennes 
a  annoncé  comme  nouveau  un  fait  intéressant  sur  l'organisation 


SOCIÉTÉS    SAVANTES'.  221 

des  deux  genres  de  mollusques  lamellibranches,  les  Lucines  et 
les  Corbeilles.  Par  une  exception  singulière,  au  lieu  de  quatre 
feuillets  branchiaux  qui  existent  dans  tons  les  autres  mollusques 
acéphales,  il  n'y  en  a  que  deux  dans  les  animaux  des  genres  en 
question  ;  c'est  là  le  fait  rapporté  comme  nouveau  par  M.  Valen- 
ciennes.  M.  Deshayes  revendique  en  faveur  de  Poli  la  priorité  en 
ce  qui  concerne  le  genre  Lucine.  En  effet,  dès  1  791 ,  le  savant 
napolitain,  dans  le  tome  I  de  son  grand  ouvrage  des  Mollus- 
ques  des  Deux-Siciles,  décrivait  et  figurait  une  véritable  Lucine, 
(  Lucina  lactea,  Lam.,  Tellina  lactea  Lin.  ),  sous  le  nom  de 
Loripes.  A  la  page  4  7  de  la  description  des  Bivalves,  Poli,  dans 
les  caractères  de  l'espèce,  signale  celui  des  branchies  en  disant  : 
Branchiis  unilobis.  Dans  la  description  anatomique  qui  suit  il 
dit  encore  :  Branchiœ  subtetragonœ,  amplissimœ  salis  crassœ, 
unilobœ.  Ce  mot  unilobœ  ,  employé  par  Poli ,  est  mis  en  opposi- 
tion avec  celui  de  bilobœ  qu'il  applique  à  ceux  des  Mollusques 
qui  ont  deux  feuillets  branchiaux  de  chaque  côté. 

M.  Falenciennes  répond  qu'il  connaissait ,  comme  M.  Des- 
hayes ,  le  passage  de  Poli ,  mais  il  croit  que  le  célèbre  anatomiste 
napolitain  n'a  pas  mis  en  évidence,  comme  il  l'a  fait  lui-même, 
l'existence  d'une  seule  et  unique  branchie  de  chaque  côté  du 
corps,  dans  un  certain  nombre  d'acéphales  lamellibranches.  Il 
reviendra,  peut-être,  sur  ce  sujet,  quand  il  aura  lu  de  nouveau 
et  avec  moins  de  rapidité  ,  la  lettre  de  M.  Deshayes. 

Séance  du  ?>(i  juin  1845.  —  M.  le  colonel  Bory  de  Saint-Fin- 
cent  lit  un  mémoire  :  sur  V Anthropologie  de  V Afrique  fran- 
çaise. 

Le  savant  académicien  donne  de  nombreux  détails  sur  la  po- 
pulation de  nos  provinces  algériennes  ,  et  il  y  trouve  trois  types 
bien  distincts  auxquels  il  donne  les  noms  6!' Atlantique ^Adamique 
et  Ethiopien,  Nous  regrettons  que  l'espace  ne  nous  permette 
pas  de  donner  une  analyse  détaillée  de  ce  travail  qui  sera 
publié  dans  l'ouvrage  de  la  commission  scientifique  de  l'Al- 
gérie. 

—  Il  est  donné  lecture  d'un  rapport  adressé  à  M.  le  ministre  de 
l'instruction  publique  ,  par  M.  Constant  Prévost,  relativement 
aux  gisements  d'animaux  fossiles  découverts  dans  le  bassin  de 
la  Garonne.  M.  Constant  Prévost  s'est  principalement  occupé  du 


222  REVUE   ZOOLOG'QDR.    {Juîii   1845.) 

gisement  de  Sansan ,  près  d'Auch  ;  et  voici  à  ce  sujet  un  extrait 
de  son  rapport. 

Quelque  prévenu  que  je  fusse  en  arrivant  à  Auch  ,  par  les  mé- 
moires publiés  par  M.  Lartet  et  par  les  précieux  envois  dont  il 
a  enrichi  les  collections  du  Muséum  ,  j'ai  éprouvé  ,  en  voyant  la 
collection  immense  réunie  par  ce  savant,  aussi  modeste  que  peu 
apprécié  ,  un  étonnement  et  une  émotion  que  je  ne  saurais 
exprimer;  je  comprends  à  peine  la  réunion  de  savoir,  de  zèle  , 
de  tact,  de  dévouement  désintéressé  qui  a  été  nécessaire  pour 
vaincre  les  difficultés  de  recherches ,  d'extraction ,  de  rétablis- 
sement de  tant  d'espèces  dans  un  si  petit  espace.  A  mes  yeux,  les 
découvertes  faites  à  Sansan  peuvent  être  considérées  comme  une 
merveille  géologique  ;  le  hasard  avait  bien  ,  depuis  des  siècles  , 
fait  trouver  quelques  os  dans  le  bassin  du  Gers  ,  mais  il  fallait  un 
certain  génie  et  une  persévérance  sans  exemple  pour  obtenir  les 
résultats  que  la  science  doit  à  M.  Lartet.  D'après  le  catalogue 
dressé  par  MM.  Lartet  et  Laurillard  ,  le  nombre  des  espèces  re- 
connues à  Sansan  s'élève  à  plus  de  quatre-vingts. 

D'après  l'état  de  conservation  des  squelettes,  leur  entassement, 
la  réunion  de  mammifères  terrestres  hervivores  ou  carnassiers  et 
d'oiseaux  ,  avec  des  tortues  ,  des  poissons ,  des  mollusques  exclu- 
sivement d'eau  douce,  on  peut  présumer  que  les  animaux  réunis 
à  Sansan  ont  été  entraînés ,  à  l'état  de  cadavres  flottants ,  par 
des  courants  fluviatiles  marchand  du  sud  au  nord  ,  dans  une  in- 
fractuosité  profonde  d'un  sol  submergé  par  des  eaux  douces  flu- 
viales ou  lacustres  ;  là  des  sources  minérales  déposaient  des  ma- 
tières calcaires  qui  ont  conservé  et  enveloppé  les  os  ;  les  assises 
ossifères,  qui  ont  parfois  six  ou  huit  mètres  d'épaisseur,  sont  elles- 
mêmes  recouvertes  par  plus  de  huit  mètres  de  bancs  de  sable 
et  de  grès.  Mais  cet  ancien  fond  de  lac  n'est  plus  aujourd'hui 
qu'un  lambeau  de  l'ancien  sol  découpé  et  raviné  postérieurement, 
et  il  forme  le  sommet  d'une  montagne  conique  ,  comparable  à 
celles  de  Montmartre  et  du  mont  Valérien,  qui  sont  également 
des  terrains  de  l'ancien  sol  parisien  raviné.  C'est  à  mi-côte  de  la 
montagne  de  Sansan  et  à  son  pourtour ,  qu'il  a  été  seulement 
possible  d'entamer  et  d'exploiter  les  bancs  à  ossements;  car, 
lorsque  l'on  veut  poursuivre  les  recherches  vers  le  centre  de  la 
montagne ,  on  est  arrêté  par  l'éboulement  de  huit  mètres  de 
bancs  de  sable  et  de  grès  supérieurs. 


SOCIÉTÉS    SAVANTF.S.  223 

Pour  ne  pas  perdre  le  IVuil  d'une  aussi  belle  découverte  et  ne 
pas  faire  de  fausses  dépenses  ,  il  faudrait  exploiter  maintenant , 
moins  en  çrrand  et  rapidement  ,  que  d'une  manière  suivie  et  as- 
surée pour  l'avenir.  Pour  cela  il  faudrait,  avant  tout,  être  pro- 
priétaire de  la  colline  jusqu'à  son  pied  ;  on  enlèverait  successi- 
vement les  sables  supérieurs,  pour  les  jeter  au  pourtour  ,  et  Ton 
exploiterait  les  bancs  jusqu'au  centre  de  la  montagne  ,  et  cela 
pendant  un  temps  qui  serait  plus  ou  moins  long ,  suivant  la  dé- 
pense annuelle  que  Ton  consacrerait  à  cette  œuvre  qui  pourrait 
toujours  être  interrompue  et  reprise  sans  inconvénients.  Quelque 
inappréciable  pour  la  science  et  l'honneur  du  pays  que  puissent 
être  les  résultats  à  obtenir  de  cette  entreprise,  celle-ci   est  au- 
dessus  de  la  force  et  de  la  prudence  d'un  particulier.  Déjà  des 
sociétés  industrielles  o-nt  fait  quelques  tentatives  pour  s'emparer 
de  l'exploitation  dans  un  but  commercial  ;  les  démarches  ont  jus- 
qu'à ce  moment  échoué  auprès  des  propriétaires ,  devant  le  cré- 
dit et  la  considération  dont  M.  Lartet  est  en  possession  dans  le 
pays;  mais  M.  Lartet  n'a  affermé  le  terrain  que  pour  un  temps 
limité  ,  et  aux  conditions  déjà  très-onéreuses  de  remettre  suc- 
cessivement le  sol  en  culture  après  les  fouilles  ;  quelques  Anglais 
ont  excité  ,  par  leurs  offres ,  les  prétentions  de  plusieurs  proprié- 
taires. Ne  serait-il  pas  désolant ,  non-seulement  pour  les  géolo- 
gues et  naturalistes  ,  mais  pour  les  habitants  ,  de  voir  les  raretés 
de  Sansan  passer  dans  les  musées  britanniques ,  qui  déjà  pos- 
sèdent tant  de  belles  et  uniques  reliques  enlevées  à  tous  les  pays, 
et  même  à  la  France  ! 

—  M.  Bouchardat  adresse  une  note  sur  les  effets  physiolo- 
giques de  la  vapeur  d'essence  de  tkérébenlin^. 

—  La  section  de  médecine  et  de  chirurgie  présente  ,  par  l'or- 
gane de  M.  Magendie  ,  son  doyen  ,  la  liste  suivante  de  candidats 
pour  la  place  vacante  dans  son  sein  par  suite  du  décès  de 
M.  Breschet  :  l»  M.  Lallemand  ;  2°  M  Gerdy;  3°  M.  Jobert  de 
Lamballe:  4^  MM.  Bérard  et  Blandin  (ex  œquo);  et  5"  MM. 
Amusssat  et  Bourgexy  (ex  aequo  ).  —  L'élection  aura  lieu  dans 
J.a  prochaine  séance.  E.  D. 


TomeVîll,  Année  1845.  la 


2^24  REVL'E  zooLOGiQUE.  {Juift  1845.  ) 

SOCIÉTÉ  PHILOMATIQUE    DE    PARIS    (1). 

Séance  du  5  avril  1845.  —  Ichthyologiè.  —M.  Ch.  Robin  lit 
la  note  suivante  sur  un  appareil  particulier  de  vaisseaux  lym- 
phatiques chez  les  Poissons. 

a  Les  recherches  qui  font  le  sujet  de  ce  travail  ont  été  faites 
sur  la  grande  Roussette  Squalus  canicula,  L.  ).  Elles  ont  dé- 
montré ,  chez  cet  animal ,  l'existence  d'un  appareil  lymphatique 
des  plus  compliqués ,  tant  par  l'abondance  des  réseaux  capil- 
laires d'origine  que  par  les  troncs  destinés  à  en  recueillir  le  con- 
tenu et  à  le  verser  dans  le  système  veineux.  Ces  troncs  princi- 
paux sont  au  nombre  de  cinq  ,  situés  sur  les  parties  antérieures 
et  latérales  du  corps.  Deux  de  ces  vaisseaux  sont  situés  de  cha- 
que côté  du  corps  et  suivent  le  trajet  de  la  ligne  latérale  depuis 
la  queue  jusqu'au  niveau  des  nageoires  pectorales.  Ils  ne  sont, 
dans  tout  leur  trajet,  séparés  de  la  peau  que  par  l'aponévrose 
commune  d'enveloppe  et  situés  dans  l'intervalle  du  muscle  sa- 
cro-lombaire et  des  muscles  abdominaux.  Ils  s'abouchent  en 
avant  dans  la  partie  externe  ,  postérieure  et  un  peu  supérieure 
du  sinus  de  la  veine  cave,  et,  pour  y  arriver,  s'enfoncent  au- 
dessous  de  l'arc scapulaire.  En  arrière,  au  niveau  de  la  nageoire 
caudale  intérieure ,  ils  se  jettent  chacun  de  leur  côté  dans  un 
sinus.  Ce  sinus  s'abouche  par  son  extrémité  antérieure  dans  la 
veine  caudale  ;  il  présente  de  deux  à  quatre  replis  valvulaires 
qui  empêchent  le  reflux  du  sang  de  la  veine  dans  son  intérieur. 
Ces  vaisseaux  reçoivent  les  troncs  qui  viennent  des  parties  laté- 
rales, supérieure  et  inférieure  de  la  queue,  des  nageoires  dor- 
sales et  anale ,  et  au  tronc  seulement  les  réseaux  des  parties  laté- 
rales et  supérieures  de  cette  partie  du  corps  ,  ainsi  que  ceux  des 
nageoires  ventrales.  Ces  deux  vaisseaux  latéraux  ont ,  ainsi 
qu'une  partie  de  leurs  réseaux  ,  été  décrits  chez  quelques  Pois- 
sons d'eau  douce  par  le  professeur  Hyrtl ,  de  Prague ,  et  par 
M.  Vogt  sous  le  nom  de  vaisseau  latéral.  Les  trois  vaisseaux  sui- 
vants sont  restés  jusqu'à  présent  totalement  inconnus. 

tt  L'un  est  situé  sur  la  ligne  médiane  de  l'abdomen  (  tronc 
médian  abdominal  ).  Il  est  sous-aponévrotique ,  situé  dans  l'in- 
terstice médian  des  muscles  de  cette  région.  Il  se  jette  en  avant 

(1)  Le  résumé  des  séances  da  5  avril  et  du  31  mai  184S,  de  la  Société  Philomathique  ^ 
a  été  extrait  textuellement  des  n"^  S90  et  600  du  Journal  V Institut. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  225 

dans  la  partie  inférieure  et  externe  du  sinus  de  la  veine  cave, 
par  deux  branches.  Pour  cela  il  se  bifurque  à  l'angle  rentrant , 
ouvert  en  arrière ,  que  forment  les  deux  nageoires  pectorales  sur 
la  ligne  médiane.  Chacune  de  ces  branches  contourne  la  face 
Interne  de  l'arc  scapulaire,  logée  dans  l'épaisseur  du  diaphragme 
fibreux  qui  sépare  le  péricarde  de  l'abdomen,  et  se  jette  dans  le 
canal  fibreux  qui  fait  communiquer  le  sinus  des  veines  caves  avec 
roreillette.  Près  de  leur  embouchure,  ces  branches  présentent 
deux  à  trois  replis  valvulaires;  chacune  d'elles  est  bien  plus 
large  que  le  vaisseau  médian  lui-même,  parce  qu'elle  reçoit  un 
gros  tronc  qui  vient  du  réseau  de  la  face  supérieure  de  la  na- 
geoire pectorale,  un  autre  tronc  qui  vient  de  la  face  inférieure 
de  la  tête,  et  l'un  des  deux  vaisseaux  que  je  décrirai  plus. loin. 
Bans  son  trajet  à  l'abdomen,  le  vaisseau  médian  reçoit  les  ré- 
seaux sous-cutanés  de. cette  région.  Son  extrémité  postérieure 
envoie  de  chaque  côté  une  branche  transversale  qui  se  sépare  de 
lui  à  angle  droit ,  contourne  les  faces  latérales  du  corps  et  se 
jette  dans  le  vaisseau  latéral.  Une  autre  branche,  également 
sous-aponévrotique,  continue  le  trajet  du  vaisseau  sur  la  ligne 
médiane  du  bassin  et  s'anastomose  autour  des  lèvres  du  cloaque 
avec  de  grosses  branches  venues  des  deux  vaisseaux  dont  je  vais 
parler  bientôt.  Cette  branche  médiane  reçoit  le  réseau  sous-cu- 
tané de  la  face  antérieure  du  bassin  et  des  nageoires  ventrales, 
chez  les  mâles,  cette  branche  et  le  réseau  qu'elle  reçoit  sont 
recouverts  par  les  appendices  génitaux  externes  dont  elle  reçoit 
les  vaisseaux,  qui  sont  en  grand  nombre,  flexuéux  et  volumi- 
neux. 

«  Les  deux  derniers  vaisseaux  dont  il  me  reste  à  parler  sont 
situés  de  chaque  côté  de  la  cavité  abdominale  ,  entre  le  péritoine 
et  les  muscles  ( vaisseaux  sous-péritonéaux).  Ils  mesurent, 
sans  décrire  de  flexuosité,  la  distance  qui  sépare  Tare  scapulaire 
de  l'arc  pelvien.  J'ai  déjà  dit  que  leurs  extrémités  antérieures  se 
jettent  dans  la  bifurcation  correspondante  du  vaisseau  médian, 
à  la  face  interne  de  l'arc  scapulaire,  un  peu  avant  leur  arrivée 
dans  le  sinus  de  la  veine  cave.  Quant  à  leurs  extrémités  posté- 
rieures, elles  s'inosculent  à  plein  canal ,  à  la  face  antérieure  de 
l'arc  pelvien ,  en  formant  ainsi  une  anse  à  concavité  antérieure, 
qui,  avec  le  reste  du  vaisseau,  embrasse  tout  Tabdomen.  De  la 
partie   postérieure  de  cette  anse  part  de  chaque  côté    un  gros 


226  REvcE  zooLOGiOTJE.   { Juiîi  1845.) 

vaisseau,  situé  sous  la  muqueuse  du  cloaque,  qui  va  contourner 
la  partie  postérieure  de  la  nageoire  ventrale  correspondante  et 
se  jeter  dans  le  vaisseau  latéral  décrit  en  premier  lieu.  Deux 
autres  vaisseaux  partent  également  de  cette  anse  pour  aller  en 
arrière  s^'anastomoser  autour  du  cloaque  avec  la  branche  mé- 
diane postérieure  du  tronc  médian  abdominal.  Ainsi  les  troi» 
ordres  de  vaisseaux  latéranx ,  médian  et  sous-péritonéaux  ,  s'a- 
nastomosent largement,  médiatement  ou  immédiatement  autour 
du  bassin.  Les  vaisseaux  sous-péritonéaux  sont  spécialement  des- 
tinés à  recevoir  un  réseau  vasculaire  encore  plus  beau  et  à  maille» 
plus  serrées  que  celui  qui  est  sous  la  peau.  Ce  réseau  est  situé 
entre  le  péritoire  et  les  muscles.  Ils  reçoivent  aussi  un  réseau 
sous-péritonéal  et  un  réseau  sous-muqueux  à  mailles  allongées  et 
très-nombreuses  qui  recouvrent  les  faces  externes  et  internes  de 
lintestin  et  des  oviductes. 

9  Les  troncs  vasculaires  dont  je  viens  de  parler  sont  tous  situé» 
au  bord  d'insertion  de  l'aponévrose  de  séparation  des  muscles 
correspondants,  laquelle  se  comporte  à  l'égard  de  leur  mem- 
brane interne  comme  la  dure-mère  à  l'égard  de  la  membrane 
interne  des  veines  du  crâne.  Quant  aux  vaisseaux  qui  se  rendent 
à  ces  troncs ,  ils  sont  creusés  entre  l'aponévrose  d'enveloppe  et  le 
derme,  qui  leur  fournissent  chacun  un  demi-canal.  Tous  sont 
tapissés  par  une  membrane  interne,  mince  et  lisse  comme  celle 
des  troncs  où  ils  se  rendent.  Ils  forment  ainsi  des  conduits  bien 
délimités  depuis  les  plus  gros  jusqu'aux  plus  fins.  Ils  s'enfoncent 
dans  l'aponévrose  à  un  millimètre  de  distance  des  troncs  et  s'a- 
bouchent à  leur  intérieur.  Les  plus  gros  rameaux  ne  dépassent 
pas  deux  millimètres  de  diamètre  ;  il  est  nécessaire  d'employer  la 
loupe  pour  voir  les  plus  petits  qui  sont  injectés,  quand  l'injec- 
tion a  été  heureuse. 

»  Les  troncs  principaux  ont  de  2  à  3  millimètres  ;  leur  dia- 
mètre est  presque  uniforme  dans  toute  leur  longueur,  excepté 
les  deux  latéraux  qui  n'ont  qu'un  millimètre  à  leur  partie  pos- 
térieure. 

»  Il  serait  difficile  de  ne  pa»  regarder  ces  vaisseaux  comme 
des  lymphatiques  :  1°  parce  que  Hyrtl  a  trouvé  que  leur  contenu 
chez  les  Poissons  d'eau  douce  était  un  liquide  séreux,  clair 
comme  de  l'eau,  qui  montrait  au  microscope  des  corpuscules 
■de  2  millièmes  de  ligne  de  diamètre,  finement  granuleux,  san» 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  2SS7 

noyaux  à  l'intérieur  ;  2«*  parce  que  ce  liquide  peut  pénétrer  dans 
les  veines  ;  mais  le  sang  ne  peut  refluer  dans  les  troncs ,  lesquels 
possèdent  des  valvules  à  leur  embouchure  dans  les  vaisseaux 
sanguins;  3°  parce  que  les  réseaux  sous-cutanés  et  surtout  les 
réseaux  sous-péritonéaux  et  sous-muqueux  ont  la  plus  grande 
analogie  avec  ceux  que  l'on  injecte  au  mercure  chez  l'Homme 
et  les  autres  Mammifères.  4*  La  distribution  constante  de  ces 
vaisseaux  sous  les  membranes  cutanées,  muqueuses  et  séreuses, 
et  jamais  dans  l'épaisseur  des  organes,  me  paraît  un  puissant 
argument  en  faveur  de  l'opinion  que  je  soutiens ,  qui  du  reste  a 
déjà  été  avancée  par  Hyrtl. 

»  II  existe  en  outre  chez  les  Squales  un  canal  latéral,  avec 
des  ouvertures  à  la  surface  de  la  peau.  Ce  canal  est  situé  sur  la 
ligne  latérale,  un  peu  au-dessus  du  vaisseau  latéral ,  il  se  pro- 
longe à  la  face  supérieure  de  la  tète  et  se  termine  près  du  som- 
met du  rostre.  Là  il  se  continue  avec  une  autre  partie  du  même 
système  qui  se  trouve  à  la  face  inférieure  de  la  tète;  en  outre, 
une  branche  se  détache  du  canal  principal ,  passe  au-dessous  de 
l'œil  pour  gagner  la  portion  du  système  située  sur  les  côtés  de  la 
bouche.  Son  extrémité  postérieure  se  termine  à  un  centimètre 
du  bout  de  la  queue.  H  présente  de  distance  en  distance  de  pe- 
tits conduits  latéraux,  longs  de  1  millimètre  ,  qui  s'ouvrent  à  la 
surface  de  la  peau  par  des  orifices  imperceptibles ,  mais  on  s'as- 
sure de  leur  existence  en  poussant  un  liquide  coloré  à  son  inté- 
rieur avec  une  très-fine  canule  (  car  il  n'a  qu'un  1/2  millimètre 
de  diamètre)  ;  alors  on  voit  le  liquide  s'échapper  par  autant  de 
petits  jets  d'eau  qu'il  y  a  de  trous.  Ce  canal  et  ces  trous  sont  les 
analogues  du  canal  décrit  par  M.  de  Blainville  chez  le  Congre 
sous  le  nom  de  système  lacunaire  ;  les  orifices  de  ce  canal  sont 
probablement  les  analogues  des  trous  que  l'on  voit  sur  les  écailles 
de  la  ligne  latérale  de  beaucoup  de  Poissons.  Cet  appareil  est 
bien  distinct  des  tubes  gélatineux  des  Squales  et  des  Raies;  la 
portion  située  à  la  face  inférieure  du  rostre  est  analogue  aux  tubes 
contournés  de  la  face  inférieure  du  thorax  et  du  rostre  des  Raies. 
11  ne  faut  pas  confondre  le  canal  latéral  dont  je  parie  avec  le 
vaisseau  latéral  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Le  canal  latéral ,  en 
effet,  est  situé  un  peu  plus  haut ,  il  est  dans  l'épaisseur  du  derme 
et  non  pas  sous  l'aponévrose  d'enveloppe  ;  il  présente  des  ori- 
fices à  la  surface  de  la  peau,  et  je  me  suis  assuré  plusieurs  fuis» 


228  RKVUE  zooLOGiguË.  {Juin  18i5.) 

qu'il  ne  communique  en  aucun  point  avec  le  vaisseau  latéral 
qui  est  situé  au-dessous  de  lui.  Ces  deux  organes  n'ont  de  com- 
mun que  leur  situation  sur  la  ligne  latérale  du  corps. 

»  Le  court  exposé  précédent  n'est  qu'un  abrégé  d'un  mé- 
moire accompagné  de  figures  qui  sera  publié  prochainement. 
J\'ii  décrit  aussi  cet  appareil  de  vaisseaux  lymphatiques  dans 
la  Raie  bouclée^  ainsi  que  le  canal  latéral  avec  ses  orifices  cu- 
tanés. Ils  présentent  les  uns  et  les  autres  quelques  différences 
d'un  ordre  secondaire  avec  ceux  que  je  viens  de  décrire  chez 
les  Squales. 

Séance  du  31  mai  1845.  — Ichthyologie. — M.  Ch.'IlobinVitune 
deuxième  note  sur  l'appareil  particulier  de  vaisseaux  lympha- 
tiques des  Poissons,  décrit  sous  le  nom  de  système  du  vaisseau 
latéral. 

Cette  note  se  rapporte  aux  lymphatiques  des  poissons  du 
genre  Raia^  L.  La  première  note  traite  des  lympathiques  du 
genre  Squalus  ,  L.  Cet  appareil  de  lymphatiques  dans  les  Raies 
comme  chez  les  Squales  se  compose  de  trois  troncs  principaux 
dont  deux  sont  doubles  et  d'un  sinus  ;  ce  sont  : 

l»  De  chaque  coté  un  vaisseau  latéral  qui  s'abouche  en  ar- 
rière dans  le  sinus  caudal  ; 

2®  Un  vaisseau  situé  sur  la  ligne  médiane  antérieure  de  l'ab- 
domen (  tronc  médian  abdominal). 

3°  Un  autre  tronc  situé  sous  le  péritoine;  il  y  en  a  un  de  chaque 
côté  de  la  cavité  abdominale  {troncs  sous-péritonéaux). 

1°  Le  vaisseau  latéral  suit  de  chaque  côté  du  corps  la  ligne 
latérale;  seulement  sur  la  Raie  il  n'est  latéral  qu'à  la  queue_,  sur 
la  partie  du  corps  de  cet  animal  qui  conserve  à  peu  près  la  forme 
des  autres  Poissons  ;  mais  ,  au  tronc  ,  il  occupe  la  face  dorsale 
de  l'abdomen ,  situé  à  trois  centimètres  en  dehors  de  la  ligne 
médiane.  En  avant,  il  se  jette  dans  le  sinus  des  veines  caves  en 
s'enfonçant  sous  le  bord  inférieur  de  l'arc  scapulaire  auquel  il 
adhère  ;  en  arrière,  il  aboutit  au  sinus  caudal.  Il  a  aussi  chez  la 
Raie  les  mêmes  rapports  avec  l'aponévrose  qui  sépare  les  mus- 
cles sacro -lombaires  des  muscles  analogues  aux  abdominaux  des 
Squales ,  en  se  rendant  du  corps  des  vertèbres  à  l'aponévrose 
générale  d'enveloppe  du  corps ,  au-dessus  de  laquelle  il  est  situé  ; 
les  réseaux  qu'il  reçoit  rampent  au  contraire  entre  le  derme  et 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  229 

l'aponévrose.  Comme  chez  les  Squales  ,  les  vaisseaux  secondaires 
sous-cutanés  percent  l'aponévrose  générale  d'enveloppe  pour 
arriver  jusqu'à  lui;  il  a  la  même  structure  que  dans  le  genre 
de  Poissons  dont  on  vient  de  parler  ;  il  en  est  de  même  des  autres 
troncs  et  des  rameaux  dont  il  sera  bientôt  question. 

Le  canal  muqueux  ou  canal  latéral  creusé  dans  l'épaisseur 
du  derme  des  Squales  existe  aussi  chez  la  Raie,  avec  les  mêmes 
orifices  à  la  surface  de  la  peau,  éloignés  l'un  de  l'autre  de  15  à 
20  millimètres,  avec  la  même  communication  transversale  au 
niveau  des  évents,  et  à  peu  près  la  même  disposition  à  la  face 
dorsale  de  la  tête,  et  la  même  terminaison  à  1  ou  2  centimètres 
du  bout  de  la  nageoire  caudale.  M.  Robin  insiste  particulière- 
ment sur  ce  canal  muqueux ,  creusé  dans  l'épaisseur  du  derme 
qui  est  un  peu  plus  épais  à  son  niveau  et  présente  quelques  dif- 
férences de  structure ,  et  non  pas  sous  l'aponévrose  comme  le 
vaisseau  latéral,  avec  lequel  il  n'a  aucune  communication.  Il 
insiste  sur  ses  orifices  à  la  surface  de  la  peau,  sur  sa  disposition 
à  la  tête;  car,  quoiqu'il  soit  l'analogue  de  la  rangée  des  écailles 
perforées,  sur  la  ligne  latérale  des  Poissons  osseux,  il  n'a  pas 
été  décrit,  et  il  est  bien  différent  des  tubes  gélatineux  des  Séla- 
ciens ,  bien  différent  aussi  de  ce  tube  plein  de  mucus  et  singuliè- 
rement contourné,  qui  a  été  décrit  et  figuré  par  Monro,  décrit 
de  nouveau  par  M.  de  Blainville  à  la  face  ventrale  des  Raies  de 
chaque  côté  de  la  bouche ,  du  thorax ,  ainsi  que  de  la  face  dor- 
sale de  la  tête.  Ce  savant  l'a  aussi  décrit  en  quelques  mots  chez 
les  Squales,  où  il  est  bien  moins  compliqué.  Cependant  le  ca- 
nal muqueux  .  quoique  bien  différent  du  tube  contourné  que  je 
viens  d'indiquer,  tant  par  son  calibre ,  qui  est  beaucoup  moins 
considérable ,  que  par  la  structure  et  la  régularité  de  sa  disposi- 
tion sur  la  ligne  latérale  des  Squales,  et  sur  la  dépression  qui  la 
représente  à  la  face  supérieure  du  corps  des  Raies,  s'abouche 
néanmoins  avec  lui  sur  les  faces  dorsales  et  latérales  de  la  tête, 
par  deux  branches  de  bifurcation  dont  l'une  passe  au-dessus  de 
l'œil  et  l'autre  au-dessous ,  aussi  bien  chez  les  Raies  que  chez  les 
Squales.  M.  de  Blainville  a  déjà  indiqué  la  continuation  du  tube 
contourné  de  la  tête  dans  la  ligne  latérale  du  corps.  Ce  canal 
muqueux  est  plus  bas  que  le  vaisseau  latéral  de  la  Raie,  au  lieu 
d'être  un  peu  plus  haut,  comme  chez  les  Squales;  dans  les  deux, 
genres ,  il  suit  la  ligne  latérale. 


230  HEVDE  zooL()GK)Up;.  {Juin  1845.) 

Le  vai.<seau  latéral  dont  il  vient  d'être  parlé  et  les  réseaoaî 
qu'il  reçoit  sont  les  seules  parties  des  lymphatiques  sous-cutanés^ 
des  Poissons  qui  aient  été  décrites,  chez  les  Poissons  osseux  et 
1  Esturgeon ,  par  le  professeur  Hyrtl  de  Prague.  Les  troncs ,  dont 
il  reste  à  parler,  et  leurs  communications  avec  les  lymphatiques 
des  viscères  abdominaux  ,  n'ont  pas  encore  été  signalés. 

?o  Chez  la  Raie,  comme  chez  les  Squales,  il  existe  un  vaisseau: 
médian  abdominal .  également  sous-aponévrotique,  et  recevant 
les  réseaux  de  la  face  inférieure  de  l'abdomen  qui  sont  situés 
entre  le  derme  et  l'aponévrose  d'enveloppe.  Il  est  étendu  depuis 
la  face  antérieure  du  bassin  jusqu'à  l'intervalle  qui  sépare  les 
deux  nageoires  pectorales;  là  il  se  bifurque  et  chaque  branche 
contourne  la  face  interne  de  l'arc  scapulaire  pour  se  jeter  dans 
le  sinus  des  veines;  dans  ce  trajet,  ces  branches  sont  situées  dans 
l'épaisseur  du  diaphragme  fibreux  destiné  à  séparer  la  cavité  du 
péricarde  de  celle  de  l'abdomen. 

3"  A  la  face  interne  des  parois  abdominales ,  entre  l'aponévrose 
adhérente  au  péritoine  qui  les  tapisse  en  dedans  et  les  muscles 
de  ces  parois,  il  y  a  de  chaque  côte  un  gros  ivonc^vaisseau  sous- 
péritonéal,  s'inosculant  en  arrière  avec  celui  du  côté  opposé,  à 
la  face  interne  de  l'arc  du  bassin.  De  là  ils  vont  d'arrière  en 
avant^  sur  les  côtés  de  la  cavité  ventrale,  gagner  le  diaphragme 
fibreux  qui  s'insère  à  la  face  interne  de  l'arc  scapulaire;  là  ils  se 
jettent  dans  la  bifurcation  correspondante  du  vaisseau  médian 
abdominal  logée  dans  l'épaisseur  de  ce  diaphragme.  Ces  vais- 
seaux reçoivent  les  réseaux  serrés  situés  sous  le  péritoine.  Ils  ont 
chez  la  Raie  pour  accessoires  deux  autres  petits  troncs ,  que  l'au- 
teur de  la  note  n'a  pas  encore  trouvés  chez  les  Squales;  ils  lon- 
gent les  côtes  de  la  face  inférieure  de  la  colonne  vertébrale  et 
vont  se  jeter  aussi  dans  le  sinus  des  veines  caves. 

Pour  les  communications  des  troncs  sous-péritonéaux  et  mé- 
dian abdominal  entre  eux  et  avec  le  vaisseau  latéral  sur  les 
côtés  du  cloaque  et  du  bassin,  elles  sont  analogues  à  ce  qui  a 
lieu  chez  les  Squales,  et  on  renvoie,  pour  plus  de  détails,  à  la 
première  note  déjà  mentionnée.  Revenons  au  vaisseau  latéral 
indiqué  en  premier  lieu,  pour  faire  remarquer  quelques-uns 
des  vaisseaux  secondaires  qu'il  reçoit. 

1"  C'est  d'abord  un  réseau  à  mailles  très  serrées  des  faces 
dorsales  de  l'abdomen,   de   la  queue,  des   appendices  fémo- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  231 

raux ,  et  latérales  de  la  queue.  Ces  réseaux  donnent  naissance 
à  une  multitude  de  petits  troncs  qui  s'abouchent  dans  le  vais- 
seau latéral  en  perforant  l'aponévrose  générale  d'enveloppe 
qui  le  recouvre;  tandis  qu'eux-mêmes  sont  entre  le  derme  et 
l'aponévrose. 

2°  De  petits  troncs  suivent  l'interstice  des  faisceaux  muscu- 
laires transversaux  de  l'aile  ;  ils  reçoivent  des  réseaux  très-ser- 
rés, capillaires,  couvrant  ces  faisceaux  musculaire»  ,  mais  sépa- 
rés d  eux  par  l'aponévrose  générale  d'enveloppe.  Quant  à  ces 
petits  troncs,  ils  viennent  tous  s'aboucher  successivement  dans 
un  tronc  plus  considérable  qui  longe  la  base  de  l'aile,  entre 
elle  et  les  muscles  de  la  face  dorsale  de  l'abdomen.  Ce  tronc  a 
d'un  à  deux  millimètres  de  large  ,  il  se  jette  dans  le  vaisseau 
latéral  au  moment  où  il  s'enfonce  sous  l'arc  scapulaire. 

3°  Un  tronc  analogue  au  précédent  est  situé  entre  le  sac  bran- 
chial et  la  partie  antérieure  de  l'aile,  au-dessous  du  faisceau  de 
tubes  gélatineux  qui  remplit  l'interstice  précédent  ;  il  va  s'abou- 
cher dans  le  vaisseau  latéral  ,  et  pour  cela  s'enfonce  sous  le  bord 
supérieur  de  l'arc  thoracique  ,  pendant  que  le  vaisseau  latéral 
lui-même  s'enfonce  sous  le  bord  inférieur.  Ce  tronc  reçoit  les 
petits  troncs  transversaux  de  la  partie  antérieure  de  l'aile  et  les 
réseaux  sous-cutanés  de  la  face  dorsale  du  sac  branchial.  Toutes 
les  fois  que  les  vaisseaux  lymphatiques  dont  il  s'agit  rencontrent 
des  tubes  gélatineux  ,  isolés  ou  réunis  en  faisceaux  ,  ils  passent 
au-dessous  d'eux. 

4°  Les  appendices  génitaux  externes  mâles  des  Raies  sont  re- 
marquables par  la  richesse  des  réseaux  lymphatiques  qui  les  cou- 
vrent, surtout  sous  la  muqueuse  qui  tapisse  le  sillon  dont  est 
creusée  leur  face  externe  et  la  glande  qu'ils  contiennent.  Prés 
de  l'extrémité  inférieure  de  ce  sillon,  l'injection  distend  un 
renflement  cylindrique  long  de  trois  centimètres,  large  d'un 
centimètre,  spongieux  à  son  intérieur,  parcouru  par  de  gros 
troncs  que  l'injection  remplit  quand  on  la  pousse  dans  les  troncs 
lymphatiques  ;  ce  renflement  semble  être  ce  que  décrit  J.  Davy 
dans  les  appendices  dont  il  est  question  sur  le  mâle  des  Raies  et 
des  Squales  ,  comme  un  centre  vasculaire  contractile. 

Comme  chez  les  Squales ,  sur  la  Raie ,  M.  Robin  injecte  les 
lymphatiques  du  rectum  ,  des  organes  génitaux  et  des  mésen- 
tères, en  poussant  l'injection  par  le  vaisseau  latéral.  Ils  vont  se 


232  REVDE  zooLOGiyuE.   (/wml845.) 

jeter  en  arrière  dans  le  réseau  du  pourtour  du  cloaque.  Un  tronc 
de  deux  millimètres  de  diamètre  environ  est  étendu  transversa- 
lement au  devant  de  la  fin  de  l'œsophage ,  et  se  jette  dans  le 
sinus  des  veines  caves.  Il  reçoit  1°  des  vaisseaux  lymphatiques 
volumineux,  venant  des  réseaux  sous-muqueux  de  l'œsophage 
et  de  l'estomac  ;  2^  plusieurs  troncs  qui  suivent  les  vaisseaux 
sanguins  dont  ils  sont  faciles  à  distinguer,  et  viennent  du  hile 
du  foie ,  de  la  rate ,  du  pancréas  et  du  mésentère  ;  ils  reçoivent 
les  réseaux  injectés  dans  ces  parties.  Le  cœur  et  le  bulbe  de 
l'aorte  sont  aussi  couverts  d'un  réseau  lymphatique  à  mailles 
très-serrées ,  comme  celui  du  mésentère.  L'auteur  n'a  pas  pu 
voir  dans  quel  tronc  il  se  jette. 

Ces  observations  ont  été  faites  sur  les  i?cf m  ciavata,  L. ,  B. 
rubus ,  L- ,  et  /?.  bâtis ,  L. 

Cette  note  est  un  abrégé  succinct  de  la  seconde  partie  d'un  mé- 
moire manuscrit  sur  les  lymphatiques  des  Poissons  cartilagi- 
neux. L'auteur  termine  par  quelques  mots  sur  les  lymphatiques 
des  Squales  et  du  Bars  [Labrax  lupus  ,  C). 

«  l»  J'ai  vérifié  ,  dit-il ,  sur  l'Aiguillât  {Squalus  acanthias,  L.) 
etVEmissole  {Sq.  mustelus,  L.),  les  dispositions  décrites  dans 
ma  première  note  sur  le  Squalus  caniculus  ,  L. ,  sauf  quelques 
détails  sur  lesquels  j'aurai  à  revenir  plus  lard  ,  principalement 
sur  ce  qui  concerne  les  lymphatiques  de  la  tête  et  le  sinus  caudal. 

»  2°  Sur  des  fœtus  d'Emissole  (Sq.  mustelus ,  L.),  longs  de 
21  centimètres  ,  pris  dans  les  oviductes  de  la  femelle ,  le  système 
des  lymphatiques  était  déjà  assez  développé  pour  que  j'aie  pu 
injecter  non-seulement  les  réseaux  sous-cutanés  ,  mais  encore 
ceux  du  mésentère. 

»  3»  Sur  le  Bars  [Labrax  lupus ,  G.),  en  poussant  l'injection 
par  le  vaisseau  latéral ,  elle  a  pénétré  non-seulement  les  réseaux 
sous-cutanés  et  ceux  des  nageoires  ,  mais  de  plus  ceux  du  rec- 
tum ,  des  organes  génitaux  ,  de  la  vessie  natatoii-e ,  de  la  circon- 
férence des  reins  et  du  mésentère.  Cette  communication  des 
lymphatiques  de  l'abdomen  avec  ceux  du  système  du  vaisseau 
latéral  a  lieu  par  des  troncs  qui  sortent  du  pourtour  du  cloaque 
et  suivent  les  vaisseaux  artériels  et  veineux  des  intestins  et  de* 
organes  de  la  reproduction  ;  il  est  facile  de  les  distinguer  d'avec 
eux.  Les  réseaux  que  reçoivent  ces  troncs  sont  très-abondants  à 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  233 

la  face  antérieure  de  la  vessie  natatoire  ,  dans  les  replis  du  mé- 
sentère et  la  face  interne  des  testicules. 

»  Le  vaisseau  latéral  et  ses  réseaux  sont  analogues  à  ce  que  le 
professeur  Hyrtl  a  décrit.  H  va  se  jeter  en  avant  dans  le  sinu3 
des  veines  caves ,  situé  immédiatement  au  devant  de  l'arc  sca- 
pulaire ,  recouvert  seulement  en  dehors  par  la  muqueuse  de  la 
cavité  branchiale,  et  visible  sans  dissection  lorsqu'il  est  injecté. 
C'est  la  même  disposition  qui  a  été  décrite  par  Hyrtl  sur  le  Sau- 
mon, et  qui  est  déjà  figurée  par  A.  Monro  dans  la  même  espèce. 
Le  vaisseau  latéral  s'infléchit  pour  passer  sous  la  clavicule  avalât 
de  se  jeter  dans  le  sinus  des  veines.  A  la  face  interne  des  pa- 
rois abdominales,  sous  le  péritoine,  sont  plusieurs  troncs  lym- 
phatiques qui  les  parcourent  de  haut  en  bas  et  reçoivent  quel- 
ques ramuscules  sous-péritonéaux. 

B  J'insiste  ,  ajoute  Pauteur,  sur  la  communication  des  vais- 
seaux  lymphatiques  sous-cutanés  avec  ceux  des  viscères  abdo- 
minaux, parce  qu'elle  n'a  pas  été  notée  par  Hyrtl  dans  son 
mémoire  sur  le  même  système  de  vaisseaux,  publié  dans  les 
Archives  de  Millier;  Monro,  dans  son  grand  ouvrage  sur  Pana- 
tomie  des  Poissons ,  figure  et  décrit  l'abouchement  du  vaisseau 
latéral  tant  chez  le  Saumon  que  sur  la  Morue  (  Gadus  morrhua, 
L. ,  Cod-fish  des  Anglais  )  et  VEglefm  (  Gadus  JEglefinus,  L. , 
Haddock  des  Anglais);  il  donne  aussi  quelques  détails  incom- 
plets sur  les  lymphatiques  de  la  Raie  ;  mais  il  ne  parle  pas  du 
sinus  caudal  si  bien  décrit  par  Hyrtl  sur  les  Poissons  d'eau  douce 
de  l'Allemagne ,  dans  le  mémoire  cité  plus  haut.  » 

—  M.  Ch.  Robin  communique  encore,  en  son  nom  et  au  noai 
de  M.  Lebert ,  la  note  suivante  sur  un  fait  relatif  au  mécanisme 
de  la  fécondation  du  Calmar  commun  {Sepia  loligo  ,  L.)- 

«  Le  28  avril  1845,  nous  prîmes  vivant  un  Calmar  femelle 
adulte  [Sepia  loligo,  L.)  dont  nous  fendîmes  aussitôt  le  sac  sur 
la  ligne  médiane  antérieure  afin  d'étudier  les  contractions  du 
cœur  ;  mais  nous  en  fûmes  empêchés  par  l'étude  des  faits  sui- 
vants : 

»  Dans  la  cavité  du  sac  ,  du  côté  droit,  immédiatement  au- 
dessous  et  un  peu  latéralement  à  l'oviducte  de  ce  côté,  nous 
trouvâmes  un  gros  faisceau  de  filaments  d'un  blanc  de  lait, 
longs  de  dix-sept  millimètres ,  absolument  semblables  à  ceux 
que  l'on  trouve  rangés  en  un  ruban  spiral  dans  le  canal   délé- 


234  RKVUK  zooLOGïODK.  {Juin  1845.) 

rent  du  mâle  et  qui  ont  été  décrits  sous  le  nom  de  spermato- 
phores, 

»  Tous  ces  spermatophores  ,  qui  sont  au  nombre  de  plus  de 
200  ,  adhèrent  les  uns  aux  autres  par  une  de  leurs  extrémités 
dans  une  longueur  de  trois  millimètres.  Leur  longueur  totale 
est  de  dix-sept  millimètres  ,  leur  largeur  d'un  demi-milli- 
mètre. L'adhérence  a  lieu  au  moyen  d'une  substance  gélatineuse, 
transparente,  paraissant  tout  à  fait  hyaline  lorsqu'on  l'étudié  au 
microscope.  Cette  substance  fait  aussi  adhérer  les  spermato- 
phores à  l'épiderme  avec  assez  de  force  pour  que  cette  mem- 
brane soit  enlevée  lorsqu'on  essaye  de  détacher  le  faisceau  en 
entier, 

»  Ces  organes ,  pris  sur  la  femelle  et  comparés  à  d'autres  pris 
sur  un  mâle  dans  le  canal  déférent ,  nous  ont  présenté  la  même 
structure.  Nous  ne  devons  pas  les  décrire  ici ,  car  ce  serait  ré- 
péter une  partie  de  ce  qui  a  été  fait  déjà  par  plusieurs  auteurs, 
par  M.  Milne  Edwards  entre  autres  (  annales  des  sciences  natu- 
relles ,  1842). 

»  11  suffira  dénoter  seulement  ce  qui  suit  : 

»  Les  spermatophores  pris  sur  la  femelle  ,  comme  ceux  pris 
dans  le  conduit  déférent  du  mâle  ,  se  composent  de  deux  petits 
organes  cylindriques  placés  bout  à  bout,  entourés  par  une 
membrane  enveloppante  commune ,  dont  on  peut  les  extraire 
séparément.  1°  Le  cylindre  le  plus  court  a  environ  trois  milli- 
mètres de  long  ;  il  est  formé  ,  outre  sa  membrane  propre  ,  d'une 
matière  grasse  assez  résistante,  contenue  dans  la  membrane. 
La  substance  gélatineuse  qui,  sur  la  femelle,  unit  les  spermato- 
phores les  uns  aux  autres,  ne  dépasse  pas  la  hauteur  de  ce  petit 
cylindre  ,  qui  se  trouve  ainsi  plongé  en  entier  dans  la  substance 
unissante.  2*^  Le  cylindre  le  plus  long  a  environ  quatorze  milli- 
mètres de  long;  il  répond  ,  sur  la  femelle,  à  toute  la  partie  libre 
des  spermatophores,  qui  forment  le  faisceau  adhérent  à  son  man- 
teau ,  vers  le  niveau  de  l'oviducte  ,  ainsi  que  nous  lavons  dit  plus 
haut.  Toutefois  la  portion  des  spermatophores  du  mâle  ,  appelée 
appareil  éjaculateur,  manque  dans  les  spermatophores  trouvés  sur 
la  femelle.  Lorsque  l'on  coupe  ce  petit  tube  cylindrique  pris  sur 
la  femelle,  il  s'échappe  une  masse  visqueuse  qui  en  conserve  la 
forme;  mais  par  l'addition  d'un  peu  d'eau  elle  se  désagrège  ,  et , 
examinée  à  un  grossissement  de  400  diamètres,  elle  se  montre 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  235 

entièrement  formée  de  Zoospermes  ,  sans  aucun  globule  de  sub- 
stance accessoire.  Ces  Zoospermes  ne  sont  plus  contenus  en  fai- 
sceau dans  leurs  cellules  mères,  comme  ceux  que  nous  trou- 
vions dans  le  liquide  extrait  de  la  substance  même  du  testicule  ; 
tous  sont  doués  de  mouvements  très-vifs. 

»  Les  spermatophores  pris  dans  le  canal  déférent  du  mâle, 
examinés  comparativement  à  ceux-ci ,  nous  ont  présenté  égale- 
ment les  deux  cylindres  que  nous  venons  d'étudier  ;  avec  cette 
différence  seule  qu'ils  éclataient  assez  promptement  au  contact 
de  l'eau,  tandis  que  ceux  pris  sur  le  faisceau  de  la  femelle  n'é- 
clataient pas,  et  demandaient  l'emploi  de  laiguilleet  une  pres- 
sion assez  forte  pour  être  ouverts.  Nous  omettons  à  dessin  tous 
les  autres  détails  de  structure  de  ces  organes,  qui  sont  inutiles 
ici. 

»  Lorsque  nous  ouvrîmes  le  manteau  de  la  femelle  qui  portait 
ces  spermatophores,  ses  oviductes  étaient  pleins  d'œufs,  et  un 
certain  nombre  se  trouvait  dans  la  cavité  du  manteau,  derrière 
et  au  milieu  du  faisceau  de  spermatophores. 

»  Un  dessin  représentant  le  faisceau  des  spermatophores  at- 
tachés au  manteau  de  la  femelle  sera  publié  prochainement  dans 
les  Annales  des  sciences  naturelles.  11  sera  accompagné  d'une 
note  plus  étendue  sur  ce  sujet ,  laquelle  contiendra  en  outre  les 
réflexions  que  ce  fait  peut  suggérer  relativement  au  mécanisme 
de  la  fécondation  des  Céphalopodes.  » 


Société  entomologique  de  France. 

Séance  du  28  mai  1845.  —  A  l'occasion  d'une  communication 
de  M.  Paris  ,  insérée  dans  le  procès-verbal  de  la  dernière  séance, 
M.  Boisduval  prend  la  parole,  et  dit  qu'il  persiste  dans  son  opi- 
nion relativement  aux  Anthocharis  belia  et  ausonia  (1) ,  qu'il 
regarde  toujours  comme  ne  devant  former  qu'une  seule  et  même 
espèce.  Ces  deux  insectes  vivent  sur  la  même  plante  ;  les  diffé- 
rences de  coloration  que  l'on  remarque  entre  les  Anthocharis 
belia  et  ausonia  ,  et  qui  ne  sont  que  des  variations  du  blanc  au 
nacré ,  ne  sont  dues  qu'à  la  durée  du  temps  que  met  le  lépido- 
ptère à  se  transformer:  ainsi  la  belia  passe  l'hiver  en  chrysalide, 
tandis  que  Vausonia  éprouve  toutes  ses  métamorphoses  dans  la 

(1)  C'est  par  suite  de  fautes  d'impressions  que,  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue. 
p.  Î03  et  204,  on  a  mis  Anthocharis  Coelia  et  Ausonia ,  au  lieu  de  Anthocharis  belia 
«t  ausonia. 


236  REVDE  zooLOGiQUE.   { Juin  1845.) 

même  année.  Les  ^nthocharis  belemia  et  glauce  doivent  égale- 
ment être  réunies. 

M.  E.  Blanchard  est  du  même  avis  que  M.  Boisduval  ;  il  pense 
que  les  insectes  désignés  par  les  auteurs  ,  sous  les  noms  à^An- 
ihocharis  belia  et  ausonia  ne  sont  que  des  variations  d'une 
même  espèce;  à  l'appui  de  celte  opinion  il  dit  que  les  Antho- 
Charis  belia  et  ausonia  sont  toutes  deux  rares  aux  environs  de 
Paris ,  et  que  si  on  va  plus  vers  le  midi ,  elles  deviennent  moins 
tares. 

M.  A.  Pierret  soutient  de  nouveau  son  opinion ,  et  dit  que  les 
deux  lépidoptères  ,  dont  il  est  ici  question  ,  constituent ,  d'après 
lui ,  deux  espèces  distinctes. 

M.  Duponchel  [séance  du  11  jm'w)  pense  que  les  Anthocharis 
belia  et  ausonia  sont  réellement  deux  espèces  particulières  ;  il 
dit  qu'on  les  rencontre  dans  des  circonstances  différentes  et  à 
dès  époques  distinctes. 

M.  Becker  partage  l'opinion  de  M.  Duponchel. 

—  M.  //.  Lucas  montre  à  la  Société  un  Car  abus  aurùtus  qu'il 
a  trouvé  dernièrement  à  Saint- Ouen ,  près  Paris ,  et  dont  le  cor- 
selet et  les  élytres  lui  ont  présenté  des  particularités  assez  cu- 
rieuses, et  que  l'on  ne  voit  pas  habituellement  dans  cette  es- 
pèce. 

-"  Le  même  membre  signale  deux  variétés  qu'il  a  observées 
dans  le  Melolonthavulgaris^  et  dont  il  donne  la  description  sui- 
vante :  Fariété  A.  Mâle.  Les  élytres  ,  au  lieu  d'être  rougeâtres  , 
sont  noires  avec  les  côtes  de  ces  organes  ,  les  pattes  et  le  milieu 
du  pygidium  d'un  brun  rougcâtre  :  Fariété  B.  Femelle.  Les 
élytres  sont  comme  dans  les  individus  à  l'état  normal ,  seulement 
le  corselet  et  l'écusson ,  ainsi  que  le  dernier  segment  abdominal 
et  la  partie  postérieure  seulement  de  l'avant-dernier ,  au  lieu 
d'être  noirs ,  sont  de  la  couleur  des  élytres  ,  c'est-à-dire  rougeâ- 
tres. —  Ces  insectes  ont  été  trouvés  aux  environs  de  Bicêtre. 

—  M.  H.  Lucas  donne  de  nouveaux  détails  sur  VAcridium 
peregrinum  Oliv. ,  qui  fait  dans  ce  moment-ci  de  grands  dégâts 
dans  nos  provinces  algériennes  (  Foir  la  Bévue  ISiS^  pages  160 
et  204^.  Ces  orthoptères  ont  été  signalés  dans  l'est  de  l'Algérie  , 
aux  environs  d'El-Arouch  etd'El-Dis,  dans  la  province  de  Gon- 
stantine  ;  une  nuée  de  ces  insectes  est  venue  fondre  sur  la  Mi- 
tidja  et  le  Sahel ,  où  elle  a  tout  ravagé  ;  puis  elle  a  passé  au- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  237 

dessus  d'Aller  :  enfin  il  paraîtrait  qu\ine  colonne  de  ces  Âcri- 
dium  est  venue  détruire  la  végétation  dans  une  partie  de  la  pro- 
vince d'Oran. 

—  M.  E.  Blanchard  entretient  la  Société  au  sujet  des  caractères 
que  fournit  la  lèvre  inférieure  des  Insectes,  particulièrement 
chez  les  Coléoptères.  Tout  en  reconnaissant  que  certains  auteurs 
de  travaux  sur  les  Insectes,  ont  pris  en  considération  les  ca- 
ractères tirées  de  cette  partie  de  la  bouche ,  M.  E.  Blanchard 
ajoute  que  la  plupart  les  négligent  au  contraire  pour  se  rattacher 
de  préférence  à  la  forme  des  palpes,  des  mandibules,  etc. ,  dont 
les  différences  sont  souvent  moins  prononcées  d'un  type  à  l'au- 
tre. L'auteur  de  cette  communication  est  parvenu,  au  moyen  de 
différences  fournies  par  la  lèvre  inférieure,  à  caractériser  un  cer- 
tain nombre  de  genres  et  de  groupes  naturels  ,  et  il  donne  à  Ce 
sujet  d'assez  nombreux  détails  qui  seront  reproduits  dans  le 
Bulletin  entomo logique  de  la  Société. 

—  M.  Guérin-Méneville  parle  de  nouveau  (Hevue  iS4b,p.  203) 
des  insectes  qu'il  a  trouvés  dans  une  branche  de  saule.  H  a  vu 
sortir  de  chrysalides  qu'il  a  trouvées  dans  cette  branche ,  des  in- 
sectes offrant  un  petit  bec ,  des  ailes  d'un  blanc  mat ,  farineux  , 
qu'il  rapporte  à  l'ordre  des  Diptères  et  probablement  au  genre 
Cecidomya;  des  chrysalides  plus  petites,  également  rencontrées 
dans  le  même  vépjétal,  doivent  appartenir  à  des  Chalcidites,  pa- 
rasites de  la  Cecidomya  ;  enfin  il  a  pris  sur  la  même  plante  un 
petit  Lépidoptère  du  genre  L'cophora  :  la  chenille  de  cet  insecte 
après  avoir  vécu  sur  le  chaton  du  saule  a  dû  venir  se  transfor- 
mer dans  l'intérieur  de  la  branche.  —  Des  dessins  faits  avec  soin 
accompagnent  ce  travail. 

Séance  du  1 1  juin  1845.  —  M.  //.  Lucas  montre  à  la  société 
un  petit  Longicorne,  le  Phymatodes  thoracicus  (Callidium 
thoracicum),  qui  n'avait  pas  encore  été  rencontré  aux  environs 
de  Paris  ,  et  qu'il  a  pris  dans  le  jardin  des  Plantes  même. 

—  M.  7.  Cordier  annonce  qu'il  vient  de  retrouver  dans  un 
chantier  à  Paris ,  en  assez  grande  abondance ,  le  Langelandia 
anophthalmus ,  que  l'on  n'avait  pas  repris  depuis  la  mort  de 
Langeland  à  qui  on  en  doit  la  découverte. 

—  Il  est  donné  lecture  d'une  notice  de  M.  Léon  Dufour,  ayant 
pour  titre  :  Encore  une  note  sur  la  composition  segmentaire  de 
quelques  larves  de  Coléoptères  et  sur  la  position  des  stigmates. 


i238  RbVUE  ZOOLOGIQUE.   {Juiii  1845.) 

Dans  ce  travail  ,  l'auteur  revient  encore  sur  la  discussion  qui  a 
eu  lieu  entre  lui  et  M.  Goureau  l'année  dernière,  et  dont  nous 
avons  déjà  parlé. 

Séance  du  25  juin  1845.  —  11  est  donné  lecture,  au  nom  de 
M.  Serville  ,  d'une  analyse  de  l'ouvrage  de  M.  le  marquis  Maxi- 
milien  Spinola  ;  intitulé  :  Essai  mono  graphique  sur  les  Clé- 
rites  ,  Insectes  Coléoptères.  M.  Serville  donne  un  aperçu  général 
du  travail  de  M.  Spinola ,  et  il  présente  à  cette  occasion  quelques 
observations  de  la  plus  haute  importance.  11  a  déjà  été  question 
dans  ce  journal  de  Vessai  monographique  sur  les  Clérites 
(Bévue,  1845,  p.  206),  aussi  ne  nous  étendrons-nous  pas  davan- 
tage sur  ce  sujet. 

— M.  Rondani  adresse  la  description  d'un  Diptère  qui  vit  dans 
le  Carduus  nutans .,  VAgromyza  œneoventris  Fallen  [Jgro- 
myza  œnea  Meign.)  et  il  prie  la  société  de  joindre  sa  note  au 
mémoire  de  M.  Goureau,  relatif  aux  insectes  qui  se  trouvent  sur 
le  chardon  penché.  E.  D. 


IV.  MELAIVGES  ET  NOUVELLES. 

Le  directeur  de  la  Revue  zoologique,  M.  Guérin-Menéville ^ 
vient  de  recevoir  de  M.  le  ministre  du  commerce  et  de  l'agricul- 
ture une  mission  entomologique  ;  il  a  été  chargé  d'aller  à  Barbe- 
zieux  (département  de  la  Charente  )  pour  y  étudier  des  insectes 
très-abondants  en  ce  moment ,  et  qui  y  détruisent  les  céréales. 
Les  résultats  obtenus  par  M.  Guérin-Menéville  lui  ont  paru  satis- 
faisants, et  il  a  cru,  pour  compléter  son  travail,  devoir  séjourner 
à  Barbezieux  plus  longtemps  qu'il  ne  comptait  d'abord  le  faire. 

C'est  par  suite  de  l'absence  prolongée  de  son  directeur  que  la 
publication  de  la  Revue  zoologique  du  mois  de  juin  n'a  pas  en- 
core eu  lieu  :  pour  ne  pas  retarder  davantage  cette  publication, 
M.  Guérin-Menéville  a  adressé  tous  les  matériaux  qui  devaient 
entrer  dans  ce  numéro  à  l'un  des  collaborateurs  ,  M.  Eugène 
Desmarest ,  qui  a  bien  voulu  surveiller  leur  impression ,  et  se 
charger  en  outre  de  donner  le  résumé  des  séances  de  l'Académie 
des  sciences. 

Nota.  Par  suite  de  nouveaux  arrangements,  M.  Guérin  de  Méneville  se 
trouve  seul  éditeur  du  Magasin  de  Zoologie.  Les  livraisons  i  à  4  de  ce  recueil 
pour  1845  paraîtront  fin  juillet  ;  5  et  s ,  en  août,  et  se  suivront  à  l'avenir  sans 
interruption.  G.  M. 


HUITIÈME  AMNéll.  —  JUILLET  X84B 


I.    TRAVAUX    II\EDITS. 


Comparaison  des  œufs  des  Oiseaux  avec  leurs  squelettes,  etc., 
par  F.  DE  Lafreshaye  (suite). 

Après  avoir  reconnu  que  les  œufs  d'Échassiers  marins,  très- 
gros  par  un  bout,  devaient  ce  renflement  à  la  grande  saillie  in- 
férieure du  bréchet  de  leur  squelette;  il  nous  reste  à  expliquer 
pourquoi  ces  mêmes  œufs  sont  prolongés  en  pointe  conique  au 
bout  opposé.  Si  le  bréchet,  d'après  son  plus  ou  moins  de  saillie , 
soit  inférieure,  soit  antérieure,  dans  le  squelette,  produit  chez 
l'œuf  une  forme  plus  ou  moins  renflée  vers  le  gros  bout ,  c'est-à- 
dire  ovalaire  ,  ou  plus  ou  moins  étroite  vers  ce  même  bout, 
c'est-à-dire  ellipsoïde  ,  la  longueur  comme  la  grosseur  des  trois 
parties  qui  constituent  l'aile  et  la  patte  ont  aussi  une  influence 
très-marquée  sur  l'allongement  de  l'œuf  antérieurement  ou  pos- 
térieurement ;  ainsi  chez  les  Échassiers  maritimes  dont  il  est 
ici  question,  tels  que  les  Échasses  ,  les  Courlis,  Pluviers  ,  Van- 
neaux, Chevaliers,  Tringas,  et  même  chez  les  Bécasses  et  Bécas- 
sines, tous  oiseaux  à  pattes  généralement  fort  longues  et  très- 
grêles,  lorsque  ces  pattes  sont  reployées  sur  elles-mêmes  en 
forme  de  Z,  comme  elles  devaient  l'être  dans  l'œuf,  l'extrémité 
postérieure  des  deux  tibias  ou  leur  articulation  avec  les  tarses 
dépassant  plus  ou  moins  l'extrémité  de  la  queue,  se  trouvent 
alors  très-rapprochés  ou  contigus  l'un  à  l'autre  postérieure- 
ment, et  occasionnent  cette  prolongation  postérieure  en  pointe 
conique  chez  leur  squelette  comme  chez  leurs  œufs.  (Chez 
l'Échasse  elles  dépassent  la  queue  d'une  longueur  égale  à  ceUe 
du  tronc  tout  entier). 

Les  os  de  leurs  ailes  également  grêles  ,  mais  de  longueur 
moyenne  et  ne  dépassant  pas  le  tronc  antérieurement,  ne  peu- 
vent motiver  un  prolongement  antérieur  dans  l'œuf.  Il  en  est 
tout  autrement  chez  les  Engoulevents,  Martinets,  Hirondelles  et 
Colibris  dont  les  œufs  sont  étroits  et  allongés  ;  cette  forme  n'est 
motivée  chez  eux  que  par  la  brièveté  de  leur  humérus  qui  étant 
plus  court  de  beaucoup  que  Tavant-bras  (des  deux  tiers  chaïc  le 
Tome  VIII,  Année  1845.  16 


240  REVDE  ZOOLOGIQUE.   {JuUlet  1845.) 

Martinet,  et  de  moitié  chez  rHirondelle),  rejette  Tavant-bras  en 
avant  du  tronc  et  motive  une  prolongation  de  l'œuf  dans  cette 
partie ,  ce  qui  rend  sa  forme  ovalo-cylindrique  chez  l'Engoule- 
vent, le  Martinet  et  le  Colibri,  ovalo-longiconique  chez  Phiron- 
delle  de  cheminée. 

Maintenant  que  nous  avons  reconnu  les  causes  du  prolonge- 
ment antérieur  ou  postérieur  de  ces  divers  œufs,  antérieur  par 
la  saillie  de  l'avant-bras,  postérieur  par  celle  des  tibias,  nous  en 
conclurons  que  ,  lorsque  ces  membres  reployés  le  long  du  tronc 
ne  le  dépassent  ni  en  avant  ni  en  arrière ,  dans  cette  grande  di- 
vision des  Oiseaux  que  nous  appelons  Oiseaux  terrestres,  par  op- 
position à  celle  des  Oiseaux  nageurs  ,  ï'œuf  est  alors  ovalaire 
comme  chez  les  Gallinacés,  les  Passereaux,  ou  ovale  obtus,  comme 
chez  les  Accipitres.  Nous  pensons  que  s'il  est  ovalaire  chez  les 
Gallinacés,  la  plupart  des  passereaux,  etc.,  c'est  parce  que  leurs 
ailes  courtes  ne  dépassant  pas,  étant  reployées ,  la  moitié  du 
tronc  postérieurement ,  ne  peuvent  influer  sur  la  partie  de  Pœuf 
appelée  le  petit  bout,  tandis  que  chez  les  accipitres  où  elles  s'é-> 
tendent  jusqu'aux  deux  tiers  et  au  delà  chez  les  diurnes,  jus- 
qu'au delà  des  trois  quarts  chez  les  nocturnes ,  ces  membres  et 
leurs  articulations,  beaucoup  plus  robustes  que  chez  les  Échas- 
siers ,  occasionnent  un  renflement  dans  l'œuf  vers  le  point  cor- 
respondant aux  articulations  de  l'humérus  avec  l'avant-bras, 
renflement  qui  est  encore  motivé  par  les  replis  et  les  fortes  arti- 
culations des  trois  parties  de  la  patte ,  ce  qui  rend  cet  œuf  ovale 
obtus.  Cette  forme  est  encore  motivée  par  la  grosseur  de  la  tête 
reployée  sous  l'aile ,  surtout  chez  les  accipitres  nooturnes  dont 
l'œuf  est  encore  plus  obtus  que  chez  les  diurnes. 

Nous  trouvons  une  preuve  évidente  de  ce  que  j'avance  ici  dans 
la  comparaison  de  l'œuf  de  l'OEdicnème  criard  avec  son  sque- 
lette. L'œuf  de  cet  oiseau ,  véritable  pluvier  à  grandes  ailes,  au 
lieu  d'être  ovalo-conique  comme  celui  du  groupe  des  Échassiers, 
auxquel  il  appartient  (ïes  Pluviers,  Vanneaux,  etc.),  est  plus  al- 
longé, moins  gros  vers  le  gros  bout  et  plus  arrondi  vers  le  petit, 
se  rapprochant  par  conséquent  de  la  forme  ellipsoïde.  En  obser- 
vant son  squelette  et  le  comparant  avec  celui  du  Pluvier,  on  y 
remarque  des  ailes  qui  sans  être  plus  robustes ,  sont  beaucoup 
plus  longues  et  plus  prolongées  en  arrière ,  et  même  en  avant  ; 
ainsi  chez  le»  Pluviers ,  elles  ne  s'étendent  pas  à  beaucoup  près 


TRAVAUX    INEDITS. 


241 


en  ai'rière  jusqu'à  l'insertion  des  fémurs  sur  le  bassin,  tandis  que 
chez  rOEdicnèrïK*  elles  la  dépassent  notablement.  De  plus,  les 
jambes  quoique  fort  longues,  au  lieu  d'être  grêles  comme  cher 
les  Pluviers  et  autres  Échassieis  marins,  sont  au  contraire  ro- 
bustes ,  les  tarses  le  sont  surtout  et  ont  un  renflement  notable 
au-dessous  de  leur  articulation  avec  les  tibias,  d'où  sonnomd'OE- 
dicnème  (jambe  enflée  ).  11  résulte  de  ces  différences  ostéologi- 
ques  que  les  ailes  étant  plus  saillantes  antérieurement,  l'œuf  est 
moins  renflé  et  plus  allongé  au  gros  bout ,  et  que  les  articula- 
tions de  l'humérus  avec  l'avant-bras  étant  beaucoup  plus  reje- 
tées en  arrière,  motivent  un  renflement  dans  l'œuf  rers  le  point 
correspondant  à  peu  près  vers  les  deux  tiers  postérieurs  ,  tandis 
que  celles  des  tibias  avec  les  tarses  ,  beaucoup  plus  robustes  et 
augmentées  du  renflement  particulier  aux  tarses  de  cet  Oiseau  , 
en  motivent  un  vers  l'extrémité  et  l'empêchent  d'être  aussi 
pointue  et  aussi  conique  que  chez  les  Pluviers,  Vanneaux,  etc. 

Lorsque  nous  avons  proposé  deux  grandes  sections  dans  la 
classe  des  Oiseaux ,  basées  sur  la  forme  de  leur  squelette  et  de 
leurs  œufs  et  désignées  l'une,  par  le  nom  d'Oiseaux  terrestreSy 
l'autre  par  celui  d'Oiseaux  nageurs,  nous  n'avons  pas  entendu 
comprendre  sous  ce  dernier  nom  tous  les  Oiseaux  palmipèdes , 
puisqu'une  partie  d'entre  eux,  tels  que  Flammants,  Échasses, 
Avocettes,  Dromas,  ne  sont  pas  nageurs,  et  que  parmi  les  autres  il 
en  est  qui,  commeles  Mouettes  et  Goélands,  les  Sternes,  Rhyncops, 
Stercoraires,  nagent  fort  peu,  sont  toujours  sur  l'aile,  ne  saisis- 
sant leur  nourriture  qu'en  volant  à  la  surface  des  flots ,  ou  en 
courant  sur  les  grèves  à  marée  basse  ,  et  sont  loin  d'avoir  une 
forme  de  squelette  analogue  à  celle  des  vrais  nageurs  destinés  à 
passer  leur  vie  sur  l'eau ,  soit  qu'ils  trouvent  leur  nourriture  à 
sa  surface  ou  sur  les  rives,  soit  qu'ils  la  poursuivent  sous  les  flots 
en  s'y  immergeant. 

Ainsi,  tandis  que  les  vrais  nageurs  se  font  remarquer  dans  leur 
ostéologie,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  par  l'étroitesse  de  la 
partie  antérieure  de  leur  tronc,  par  le  peu  de  saillie  inférieure  du 
bréchet,  mais  par  sa  prolongation  antérieure  en  forme  de  soc  de 
charrue,  par  la  prolongation  postérieure  du  sternum  en  forme 
de  bateau  dont  le  bréchet  figure  alors  la  quille  et  la  proue,  par 
l'étroitesse  du  bassin  et  sa  prolongation  postérieure  au  delà  de 
l'insertion   des  fémurs  ,  par  cette   insertion  très  -  rapprochée  , 


242  RhVDE  zoOLOGiQUK.  {JuUht  1845.) 

presque  contiguë ,  ce  qui  facilite  singulièrement  la  natation  en 
projetant  latéralement  et  obliquement  les  pattes  devenues  des 
rames ,  mais  rend  la  marche  sur  le  sol  plus  ou  moins  pénible , 
quelquefois  impossible.  Les  Palmipèdes  peu  nageurs,  cités  ci- 
dessus  et  désignés  par  Cuvier  sous  le  nom  de  grands  voiliers  et 
formant  aujourd'hui  la  famille  des  Zar/dm,  présentent  un  sque- 
lette tout  différent  dans  son  ensemble  comme  dans  ses  détails,  et 
offrant  bien  plus  de  rapports  avec  celui  des  Échassiers  qu'avec 
celui  des  nageurs,  à  tel  point  que  chez  les  Mouettes  et  Goélands, 
par  exemple  ,  il  ne  peut  s'en  distinguer  que  par  la  présence  des 
membranes  interdigitales. 

En  observant  effectivement  le  genre  de  vie  de  ces  Oiseaux,  on 
reconnaît  qu'il  diffère  entièrement  de  celui  des  vrais  nageurs , 
que  d'après  leur  conformation,  toute  adaptée  à  la  facilité  du  vol, 
il  est  tout  aérien,  et  consiste  à  parcourir  sans  cesse  les  airs  au- 
dessus  des  flots  comme  les  Martinets  et  les  Hirondelles  les  par- 
courent au-dessus  du  sol.  Dans  ce  but,  leur  squelette  est  entière- 
ment organisé  pour  le  vol ,  un  peu  pour  la  marche ,  et  très- peu 
pour  la  natation ,  aussi  ne  semblent-ils  se  poser  sur  les  flots  que 
pour  y  prendre  quelque  repos ,  et  leur  grande  légèreté  spéci- 
fique les  y  soulève  comme  un  flocon  de  plume  et  empêche  leur 
corps  d'y  entrer  aussi  profondément  que  les  vrais  nageurs.  Leur 
bréchet  est  saillant  inférieurement ,  leur  fourchette  ouverte  en 
haut  pour  1  ecartement  des  ailes.  Ces  ailes  sont  très-fortes,  très- 
longues^  et  le  bassin  n'est  rétréci  ni  en  avant,  ni  au  point  d'in- 
sertion des  fémurs,  ni  prolongé  postérieurement  comme  chez  les 
nageurs. 

On  peut  dire  enfin  que  sans  la  membrane  interdigitale ,  on  ne 
pourrait  raisonnablement  ranger  ces  Oiseaux  d'après  leur  sque- 
lette qu'avec  les  Échassiers  marins,  avec  lesquels  ils  ont  d^ailleurs 
plus  d'analogie  de  mœurs  qu'avec  les  nageurs,  et  pour  nous  ce 
sont  des  Échassiers  grands  voiliers  à  pieds  palmés ,  presque 
toujours  sur  l'aile ,  ils  parcourent  et  visitent  tous  les  points  du 
rivage  où  la  mer  a  pu  rejeter  quelques  cadavres  de  poissons,  de 
mollusques  ou  crustacés,  pour  s'en  repaître  en  attendant  qu'une 
nouvelle  marée  leur  laisse  quelque  nouvelle  proie  sur  la  grève 
où  ils  se  reposent  alors,  y  marchant  avec  facilité  et  presque  avec 
Ja  même  agilité  que  les  Échassiers  marins. 

Nous  retrouvons  dans  les  œufs  de  ces  Laridées  {Goélands  ^ 


TRAVAUX    INÉDITS.  2lH 

Sternes,  Stercoraires ,  Hhyncops) ,  une  forme  bien  plus  ana- 
logue à  celle  des  œufs  d'Échassiers  marins  qu'à  celle  des  nageurs, 
c'està  dire  ovalaire  et  presque  ovalo  -  conique  ,  et  de  plus  leur 
système  de  coloration  est  tellement  semblable  qu'il  est  presque 
impossible  de  ne  pas  le.4  confondre. 

Si  donc  ces  Oiseaux  ,  d'après  la  comparaison  et  l'analogie  recon- 
nue de  leur  squelette  avec  celui  des  Échassiers  marins  ou  Scolopa- 
ciDÉES  ,  analogie  qui  se  trouve  complètement  dans  leurs  œufs  et 
dans  leurs  habitudes  littorales  ;  si  d'après  leur  vol  presque  conti- 
nuel ,  et  la  rareté  de  leur  natation  ,  ils  deviennent  à  nos  yeux  bien 
plutôt  des  Énhassiers  marins  à  pieds  palmés  que  de  véritables 
nageurs  ,  nous  regarderons  d'autre  part  comme  véritables  na- 
geurs un  petit  groupe  toujours  placé  dans  les  Échassiers  ,  mais 
qui  nagent  et  plongent  bien  plus  habituellement  que  ces  Lari- 
DÉES  dont  on  a  toujours  fait  des  nageurs.  Ce  sont  les  Foulques  et 
Poules  d'eau ,  Marouettes ,  Râles  ,  etc. 

Ces  prétendus  Échassiers  en  effet  sont  presque  toujours  na- 
geant sur  les  rivières  et  les  marais,  au  milieu  des  roseaux,  et 
y  plongent  même  avec  la  plus  grande  facilité.  En  observant  leur 
squelette,  au  lieu  d'y  trouver,  comme  chez  les  Échassiers  marins, 
un  sternum  d'une  largeur  médiocre  avec  un  bréchet  très-déve- 
loppé  et  très-saillant  inférieurement ,  un  bassin  d'une  largeur  et 
d'une  longueur  moyennes  avec  les  points  d'insertion  des  fémurs 
bien  espacés  entre  eux,  on  y  remarque  au  contraire  :  lo  une 
grande  compression  et  étroitesse  dans  tout  l'ensemble  du  sque- 
lette ,  et  un  grand  rapprochement  des  épaules  entre  elles.  2»  Un 
sternum  très-étroit  à  bréchet  très-peu  saillant.  3o  Un  bassin  étroit 
et  allongé  ,  ayant  sa  partie  antérieure  singulièrement  rétrécie  et 
relevée  en  crête,  un  peu  comme  chez  les  sous-nageurs,  et  l'in- 
sertion des  fémurs  très-rapprochée.  On  y  retrouve  enfin  un  en- 
semble de  caractères  ostéologiques  bien  plus  analogues  à  ceux  des 
nageurs  et  même  des  sous-nageurs  qu'à  ceux  des  Échassiers  ma- 
rins; je  dis  sous-nageurs,  car  la  palmure  festonnée  des  Foulques 
qui  rappelle  celle  des  Grèbes ,  et  leurs  fréquentes  immersions 
sont  des  rapprochements  de  plus  avec  les  Plongeurs. 

En  observant  leurs  œufs ,  on  est  également  frappé  de  leur 
allongement ,  de  leur  étroitesse  et  du  peu  de  rapports  de  forme 
qu'ils  ont  avec  ceux  des  Échassiers  marins  ci-dessus  désignés  et 
par  conséquent  avec  ceux  des  Laridées  ,  tandis  qu'ils  en  présen- 


244  REVDB  zooLOGiQDE.  (JuUlet  1845.) 

tent  de  réels  avec  ceux  des  nageurs  par  leur  forme  presque 
ellipsoïde.  Par  leur  squelette  enfin  comme  par  leurs  œufs ,  ils 
forment  un  groupe  de  transition  entre  celui  des  Hérons  et  les 
sous-nageurs. 

{ La  suite  au  prochain  numéro.  ) 


Note  amie  Cygne^emck.{CignusBewickii)ypaLrU,  Z.  Gerbe. 

Les  froids  intenses  qui  n'ont  cessé  de  régner  durant  l'hiver 
dernier  (1844  à  1845),  paraissent  avoir  poussé  la  plupart  des  oi- 
seaux d'Europe,  ceux  du  nord  principalement,  au  delà  des 
limites  de  leurs  migrations  habituelles.  C'est  évidemment  à  cette 
cause  qu'est  due  l'apparition ,  sur  nos  côtes  et  dans  l'intérieur 
de  notre  pays,  d'un  certain  nombre  d'espèces  qui  d'ordinaire  ne 
nous  visitent  pas  annuellement ,  ou  que  nous  ne  voyons  qu'en 
très-petit  nombre;  et  c'est  aussi  à  cette  même  cause  que  doit 
être  attribuée  la  présence  inaccoutumée,  sur  le  littoral  de  la 
Manche  ,  de  l'oiseau  qui  fait  l'objet  de  cette  note. 

Le  Cygne  Bewick,  signalé  à  l'attention  des  naturalistes  depuis, 
une  quinzaine  d'années  seulement ,  est  cependant  une  espèce 
parfaitement  distinguée  du  Cygne  Sauvage,  avec  lequel  elle  a  de 
très-grands  rapports.  En  effet ,  Samuel  Hearne  ,  dans  son  voyage 
à  rOcéan  nord  ,  exécuté  de  1769  à  1772  (T.  II,  p.  302  de  la  tra- 
duction française) ,  indiquecette  espèce  de  façon  à  ne  pas  s'y  trom- 
per, a  Deux  espèces  de  Cygnes  »  ,  dit-il,  «  visitent  la  baie  d'Hud- 
»  son  dans  l'été.  Elles  ne  diffèrent  que  par  la  grosseur,  car  elles 
»  ont  l'une  et  l'autre  les  plumes  parfaitement  blanches  elle  bec  et 
»  les  jambes  noirs.  Les  Cygnes  de  la  plus  petite  espèce  se  tiennent 
»  davantage  près  des  côtes ,  mais  ils  ne  sont  point  très-communs 
»  et  ne  volent  ordinairement  que  par  couples.  »  Et  plus  loin  :  «  lis 
»  pèsent  (ceux  de  la  grande  espèce)  plus  de  trente  livres  et  ceux 
»  de  la  petite  de  dix  huit  à  vingt-quatre.  »  Il  est  impossible  de 
ne  pas  reconnaître  le  Cygne  Bewick  dans  la  petite  espèce  indi- 
quée par  Samuel  Hearne  ;  les  caractères  tirés  de  la  taille,  de  la 
couleur  du  bec  et  des  tarses  ne  permettent  aucun  doute  à  cet 
égard.  Mais  il  y  a  plus ,  le  petit  Cygne  dont  parle  Samuel  Hearne, 
était  si  bien  distingué  comme  espèce  qu'il  avait  reçu  un  nom 


TRAVAOX    HÉDITS.  245 

spécifique.  «  RI.  Lrnvson,  »  ajoute  le  voyageur  anglais,  «qui, 
»  comme  le  remarque  avec  raison  Pennant  ,  n'était  point  un  ob- 
K»  sorvateur  médiocre  ,  a  assez  bien  qualifié  ces  oiseaux  en  don- 
»  nant  à  ceux  de  la  plus  grande  espèce  le  nom  de  Cygne  trom- 
»  pette^ei  aux  autres  celui  de  Cygne  5a?*va5re.'>Ce  Cygne  Sauvage 
<ie  Lawson  ,  aujourd'hui  ('ygne  Bewick,  est  le  même  que 
Pal  las  de  son  côté  a  désigné  sous  le  nom  de  Cygnus  minor. 

Les  ornithologistes  semblaient  ne  pas  tenir  compte  de  la  dis- 
tinction faite  par  Samuel  Hearne  et  Pallas,  de  deux  espèces  de 
Cygnes  Sauvages  à  plumage  blanc,  lorsqu'un  excellent  travail 
de  M.  Yarrel ,  publié  dans  le  -eizième  volume  des  transactions 
Linnéennes,  fit  acquérir  la  certitude  qu'on  avait  jusqu'alors 
généralement  confondu ,  sous  le  nom  de  Cygnus  musicus  ou 
férus  y  deux  espèces  bien  distinctes. 

Les  Cygnes  Bewick  (  au  nombre  de  cinq)  d'après  lesquels 
M.  Yarrel  avait  pu  faire  son  travail ,  avaient  été  tués  sur  les  côtes 
de  l'Angleterre,  pendant  l'hiver  de  1829  à  1830.  A  cette  époque 
plusieurs  autres  individus  de  la  même  espèce  furent  capturés 
sur  l'Escaut,  et,  en  France,  sur  le  littoral  de  la  Manche.  Depuis 
il  n'a  été  revu  chez  nous  qu'une  seule  fois.  M.  Degland,  dans  son 
catalogue  des  oiseaux  d'Europe,  dit  qu'un  individu  ,  faisant 
actuellement  partie  de  la  collection  de  M.  Meezemacker ,  fut  tiré 
en  mars  1837  ,  sur  les  côtes  de  Dunckerque. 

Il  est  probable  que  le  Cygne  Bewick  nous  a  visité  plus  fré- 
quemment que  ne  le  feraient  supposer  les  captures  que  l'on  cite  ; 
mais  on  ne  peut  avoir  la  certitude  de  ce  fait  :  ce  qu'il  y  a 
d'à  peu  près  certain  ,  c'est  qu'il  arrive  ordinairement  chez  nous 
par  les  grands  froids.  Les  hivers  rigoureux  de  1830  et  de  1837,  et 
celui  que  nous  venons  de  traverser  en  sont  une  preuve.  A  aucune 
époque  ,  son  passage  sur  nos  côtes  n'avait  été  aussi  abondant 
que  cette  dernière  fois.  De  petites  bandes  composées  de  quatre 
ou  six  individus  se  sont  arrêtées, pendant  quelques  jours,dans  les 
environs  de  Montreuil-sur-Mer.  C'est  surtout  de  cette  dernière 
localité  que  sont  arrivés  à  Paris  ceux  que  j'ai  pu  examiner.  Les 
Cygnes  ,  au  nombre  de  quinze  (  tant  morts  que  vivants) ,  m'ont 
permis  de  vérifier  les  descriptions  que  les  auteurs  en  avaient 
données  et  d'en  rectifier  quelques  points. 

Le  port,  la  forme  ,  les  couleurs  du  Cygne  Bewick  ne  différent 
en  rien  de  ce  que  nous  offre ,  sous  ce  rapport ,  le  Cygne  sau- 


â46  REVUE  zooLOGitcE.   {Juillet  1845.) 

vage  :  les  deux  espèces  sont  parfaitement  ressemblantes;  mais 
alors  par  quoi  diffèrent-elles  entre  elles  ? 

Les  caractères  différentiels  que  l'on  a  indiqués  sont  les  uns 
anatomiques,  et  les  autres  zoologiques.  J^a  cavité  du  sternum 
qui  sert  à  loger  la  trachée,  a,  dans  le  Cygne Bewick,  générale- 
ment bien  plus  d'étendue,  a-t-on  dit,  que  dans  le  Cygne  sau- 
vage. Mais  ce  caractère  n'étant  point  accessible  à  l'observation 
immédiate,  ne  peut  être  invoqué  dans  une  caractéristique  d'es- 
pèce. En  outre  ,  j'ai  constaté  qu'il  varie  selon  les  sexes.  Chez  les 
mâles,  le  sternum  est  creux  dans  une  étendue  de  14  à  18  cent. 
J'ai  vu  un  individu,  probablement  très-aduïte  ,  chez  lequel  cette 
cavité  s'avançait  jusqu'à  l'extrémité  postérieure  de  l'os  sternal , 
où  elle  se  dilatait  latéralement  sous  forme  de  spatule.  Chez  les 
femelles,  la  cavité  dont  il  s'agit  n'a  qu'une  profondeur  de  1 8  à  2Q 
cent,  au  plus ,  comme  dans  le  Cygne  sauvage. 

La  taille  a  encore  servi  à  distinguer  l'une  de  l'autre,  les  deux 
espèces  ;  ainsi  le  Cygne  Bewick  mesure  ordinairement  24  ou  30 
centimètres  de  moins  que  le  Cygne  sauvage.  Sur  un  jeune  de  la 
première  espèce,  j'ai  trouvé  que  cette  différence  était  de  36  cen- 
timètres. La  taille  serait  donc  un  bon  caractère  distinctif,  si  l'on 
pouvait,  dans  toutes  les  circonstances ,  avoir  sous  l'œil  le  Cygne 
sauvage,  pour  terme  de  comparaison. 

On  a  aussi  cru  pouvoir  donner ,  comme  caractère  fixe  et  spéci- 
fique, le  nombre  des  pennes  de  la  queue  :  ce  nombre,  au.  dire  des 
ornithologistes  qui  on(  invoqué  ce  caractère ,  serait  constam- 
ment de  18.  M.  Temminck  a  douté  avec  raison  de  la  régularité 
de  ce  fait.  Rien  n'est  moins  constant  que  la  fixité  du  nombre 
des  rectrices  dans  le  Cygne  Bewick.  Sur  neuf  individus  que  j'ai 
soigneusement  examinés  à  cet  égard,  quatre  avaient  18  pennes 
et  les  cinq  autres  en  avaient  vingt. 

Enfin,  on  a  encore  avancé  que  les  tarses,  chez  le  Cygne  Bewick, 
étaient  d'un  noir  plus  décidé  que  chez  le  Cygne  sauvage  ;  qu'il» 
étaient  plus  longs  et  plus  grêles.  Je  crois  pouvoir  affirmer  que, 
sous  le  rapport  de  la  couleur,  il  n'y  a  pas  de  différence  appré- 
ciable, et  que  les  tarses  sont,  relativement  à  la  taille  de  l'oiseau, 
plus  forts  et  plus  courts  dans  le  Cygne  Bewick. 

Les  seuls  caractères  différentiels  constants  et  faciles  à  saisir  à 
la  première  vue,  sont,  selon  moi,  ceux  que  l'on  peut  tirer  de  la» 
disposition  des   plumes  du  front  et  de  la  membrane  jaune  qu* 


TRAVAUX    INÉDITS. 


247 


recouvre  la  base  du  bec  dans  les  deux  espèces.  Chez  le  Cygne 
sauvage,  la  teinte  jaune  qui  colore  cette  membrane,  s'étend 
jusqu'au  delà  de  Vexirémiié  antérieure  des  narines  ,  et  se 
termine  en  pointe  ;  les  plumes  du  front  forrrient  un  angle  aigu  : 
—  chez  le  Cygne  Bewick,  le  jaune  de  la  membrane  dépasse  d^un 
centimètre  au  plus  les  tubérosités  de  la  base  du  bec,  et  s"* arrête 
brusquement  plus  ou  moins  en  arrière  des  narines  ;  les  plumes 
du  front  forment  un  angle  obtus.  Le  tableau  que  je  joins  à  cette 
note  indiquera  les  différences  ou  les  rapports  qui  existent  encore 
entre  les  deux  espèces,  relativement  aux  dimensions  de  quelques 
parties  du  corps. 

Je  crois  devoir  terminer  ce  travail  par  Ténoncé  succinct  des 
changements  qu'offre  le  Cygne  Bewick  ,  selon  l'âge  et  le  sexe. 

Alâle  adulte.  Plumage  entièrement  d'un  blanc  pur,  avec  une 
légère  teinte  jaunâtre  sur  la  tète  et  la  nuque;  base  du  bec  ren  - 
fiée  ,  d'un  jaune  orangé  ,  et  pourvue,  en  avant  du  front,  d'une 
légère  proéminence;  bec,  pieds  et  membranes  interdigitales  noirs. 

Femelle  adulte.  Entièrement  semblable  au  mâle;  le  bec 
moins  fort  à  pa  base,  et  sans  proéminence  bien  sensible. 

Jeunes.  Plumage  entièrement  d'un  gris  clairon  cendré;  base 
du  bec  moins  forte  que  chez  les  adultes,  la  membrane  qui  la 
recouvre  couleur  de  chair  et  parsemée  de  très-petites  plumes 
cendrées  ;bec,  tarses  et  membranes  interdigitales  noirâtres. 


CYGNE 

BEWICK. 

. 

MULE    ADULTE. 

FEMELLE   JEDNE. 

cent.     mill. 

cent.    mil). 

cent.     miU. 

Longueur  totale.  .    .    . 

152 

126 

116 

Longueur  du  bec  prise  du 

front  à  Textrémité.     . 

11 

9      5 

9 

Circonférence  du  bec  prise 

à  sa  base 

14 

13      5 

12 

Longueur  des  tarses.     . 

13      5 

11      5 

10 

[Longueur  du  sternum.     . 

25 

20 

18 

Étendue  de  l'aile  fermée. 

63 

54 

49 

Envergure 

231 

201 

189 

Longueur  de  la  queue.    . 
Nombre  des  rectrices.     . 

21 

18 

16 

20 

20 

20 

Nota.  —Toutes  ces  mesures  ont  été  prise»  avec  beaucoup  de  soin  sur  des 
individus  frais  et  non  dépouillés.  Le  Cygne  sauvage  était  un  mâle  adulte,  de 
trés-forles  dimensions.  Pour  la  t'aille  du  Cygne  Bewick,  j'ai  mis  ici  les  deux 
termes  extrêmes.  Elle  m'a  paru  varier  entres  20  et  25  centimètres;  celle  des 
femelles ,  par  exemple ,  est  toujours  de  2  ou  3  centimètres  plus  petite  que  celle 
des  111.1  les. 


2i8  HEVUE  zooi.OGiyDE.  [Juillet  1845.) 

Note  sur  le  genre  Malacobdelle  de  M.  de  Blainville  ;  par 

M.  GuÉKIN-MÊNliVlLLE. 

Dans  le  numéro  précédent,  p.  216  ,  on  a  donné  un  extrait  du 
rapport  que  M.  Milne  Edwards  a  fait  à  l'Académie  des  Sciences 
sur  une  découverte  de  son  aide  naturaliste.  Ce  rapport ,  qui  a 
paru  un  vrai  chef-d'œuvre  à  tous  les  naturalistes  consciencieux, 
aurait  certainement  mérité  d'être  reproduit  ,  car  il  restera 
comme  un  modèle  offert  aux  académiciens  de  tous  les  pays 
quand  ils  voudront  faire  ressortir  l'importance  d'une  grande  dé- 
couverte. 

Cependant,  comme  beaucoup  de  rapports  faits  à  l'Académie 
des  sciences  ne  sont  plus  considérés  aujourd'hui  comme  des  ju- 
gements sans  appel ,  ce  que  nous  regardons  comme  très-mal- 
heureux ,  il  est  bon  de  mettre  sous  les  yeux  du  public  savant 
les  matériaux  qui  peuvent  l'aider  à  se  convaincre  de  Vinjustice 
de  cette  opinion ,  et  c'est  pour  cela  que  nous  présentons  ici  la 
copie  de  divers  passages  susceptibles  d'éclairer  leur  religion  re- 
lativement à  l'animal  en  question. 

Voilà  ce  que  dit  M.  de  Blainville  de  son  genre  Malacobdella 
(  Dict.  se.  nat. ,  t.  XLVII ,  p.  270  ),  après  avoir  donné  les  citations 
qui  sont  reproduites  da.ns\a.  Bévue  zoologique ,  p.  200. 

€  Corps  ovale ,  un  peu  allongé  ,  atténué ,  obtus  ou  comme 
tronqué  et  bifide  en  avant  ;  ventouse  postérieure  médiocre  et 
dépassant  le  corps  ;  couleur  d'un  blanc  jaunâtre ,  quelquefois 
orné  de  lignes  transverses  très-fines. 

»  Cette  espèce  de  sangsue  est  transparente  à  la  manière  des 
planaires  ;  elle  se  trouve,  à  ce  qu'il  paraît ,  dans  le  manteau  des 
mollusques  bivalves  marins  ,  du  moins  Muller  l'a  trouvée  dans 
la  Venus  exoleta.  J'en  ai  rencontré  un  individu  dans  une  Mye 
tronquée.  Elle  a  10  à  12  lignes  de  long  sur  5  à  6  de  large.  Dans 
la  figure  que  Muller  a  donnée  de  la  sienne  ,  le  canal  intestinal 
fait  d'assez  fortes  inflexions ,  et  il  se  termine  à  un  anus  placé 
comme  dans  tous  les  hirudinés  ;  mais  dans  l'animal  que  j'ai  ob- 
servé il  était  beaucoup  moins  flexueux.  Du  reste  ,  il  était  égale- 
ment accompagné  à  l'intérieur  ,  d'une  grande  quantité  de  grains 
oviformes,  que  Muller  paraît  regarder  comme  de  véritables  œufs, 


TRAVAUX    INÉDITS.  241^ 

dont  il  porte  le  nombre  à  plus  de  mille  nageant  dans  une  humeur 
gélatineuse.  » 

Cuvier  ,  règne  animal ,  t.  lli ,  p.  21 7  ,  place  les  Malacobdelles 
à  la  fin  des  sangsues;  mais  il  dit  de  ce  genre  ,  des  Clepsines  de 
Savigny  et  des  Phyllines  d'Oken  ,  que  leur  corps  est  élargi  ,  et 
qu'î7  ne  serait  pas  impossible  que  quelques-unes  appartinssent 
plutôt  à  la  famille  des  Planaires.  H  dit  des  Malacobdelles 
qu'elles  manquent  de  trompe  et  de  suçoir  et  que  ce  sont  des  ani  ■ 
maux  parasites. 

En  tête  de  sa  division  des  animaux  zoophytes  ou  rayonnes  , 
Cuvier  dit,  t.  III,  p.  218  : 

«  Les  vers  intestinaux  eux-mêmes  ont  au  moins  deux  lignes 
tendineuses  ou  deux  filets  nerveux  partant  d'un  collier  autour 
de  leur  bouche ,  etc.  » 

Page  248.  Cuvier  dit,  en  caractérisant  les  intestinaux  cavi- 
taires  :  a  11  paraît  y  avoir  ,  dans  plusieurs  ,  un  ou  deux  cordons 
nerveux,  partant  d'un  anneau  qui  entoure  la  bouche,  et  ré- 
gnant sur  toute  la  longueur  du  corps  ,  à  la  face  interne  de  l'en- 
veloppe. » 

Page  254.  Les  Linguatules  ....  «  Un  filet  blanc  entoure  la 
bouche  ,  et,  donne  deux  troncs  descendants  ,  où  j'ai  cru  recon- 
naître une  apparence  de  système  nerveux.  » 

Depuis  Cuvier  on  a  publié  deux  mémoires  anatomiques  sur  ce 
genre.  Ils  confirment  ses  vues. 

La  disposition  du  système  nerveux  de  ce  Malacobdelle ,  qui 
semble  offrir  un  intérêt  analomique  si  considérable  ,  ne  dif- 
fère presque  en  rien  de  celle  qui  a  été  observée  depuis  long- 
temps dans  les  intestinaux  cavitaires  :  ce  sont  toujours  deux 
filets  latéraux  réunis  en  avant  par  une  anastomose,  et  si  celle-ci 
ne  forme  pas  un  collier  complet  chez  le  Malacobdelle  ,  comme 
chez  les  Linguatules  par  exemple  ,  on  ne  doit  considérer  cette 
légère  différence  que  comme  une  simple  modification  ,  qui  ne 
peut  avoir  qu'une  valeur  très-minime  sous  les  points  de  vue  des 
fonctions  et  de  la  classification.  Du  reste,  est-il  bien  sûr  que  le 
jeune  entomologiste  qui  a  vu  ce  système  nerveux  ne  se  soit  pas 
trompé  ?  Initié  depuis  peu  de  temps  à  la  zoologie  physiolo- 
gique, encore  peu  habitué  aux  fines  dissections  ,  ne  pourrait-il 
pas  avoir  déchiré  quelque  filet  imperceptible  qui  aurait  complété 
\c  collier?  Nous  serions  d'autant  plus  porté  à  le  croire  ,  qu'il 


250  REVUE   ZOOLOGIQDE.    {JuUUt    1845.) 

est  dit  dans  le  mémoire  de  M.  Blanchard  (Comptes  rendus,  mai 
1845  ,  p.  1343)  :  c  Chacun  des  centres  nerveux  cérébroïdes  émet 
en  avant  et  latéralement  des  filets  nerveux  qui  tous  aboutissent 
à  l'enveloppe  extérieure.  »  Ne  seraient-ce  pas  là  les  débris  du 
filet  qui  terminait  l'anneau  nerveux  antérieur? 

Quoi  qu'il  en  soit ,  il  semble  résulter  de  ce  qui  précède  : 

l»Que  le  genre  Malacobdella  et  le  genre  Xenistum  offrent 
des  caractères  identiques  ,  qu'ils  vivent  également  dans  la  Mya 
truncata,  et  qu'il  est  impossible  de  les  distinguer  générique - 
ment.  Ainsi ,  et  conformément  à  l'opinion  de  M.  le  rapporteur  , 
qui  a  adopté  en  cela  notre  manière  de  voir ,  exprimée  longtemps 
avant  la  rédaction  de  son  rapport  dans  notre  article  de  la  Revue 
zoologique  (  mai  1845  ,  p.  200  ) ,  il  faut  reconnaître  que  le  genre 
Xenistum  n'est  autre  chose  qu'une  Malacobdella. 

2<*  Que  son  système  nerveux  est  analogue  à  celui  des  intesti- 
naux cavitaires  de  Cuvier  et  la  classe  dans  cette  grande  di- 
vision. 

3°  Et  que  Cuvier  avait  soupçonné  ce  fait  et  avait  mis  sur  la 
voie  pour  le  trouver. 

Cependant,  loin  de  nous  la  pensée  d'accuser  Tauteur  du  mé- 
moire d'avoir  connu  les  indications  de  Cuvier  et  d'en  avoir  pro- 
fité. Il  est  évident  qu'il  a  ignoré  tous  les  passages  que  nous  ve- 
nons de  citer ,  qu'il  a  cru  faire  une  découverte  zoologique  et 
anatomique  de  la  plus  haute  importance,  et  que  cette  croyance 
a  été  partagée  par  d'autres. 

Du  reste  on  doit  approuver  les  éloges  donnés  par  le  commis- 
saire de  l'Académie  à  l'auteur  du  mémoire  en  question  ,  et 
quoique  ce  travail  semble  n'être  qu'une  suite  d'erreurs  ,  si  son 
auteur  a  cru  trouver  un  genre  nouveau  ,  une  famille  nouvelle 
ou  un  mode  d'organisation  inconnu ,  il  n'en  a  pas  moins  un 
genre  d'utilité  réel  en  venant  confirmer  les  vues  d'un  homme  de 
génie  ,  de  Cuvier,  puisque  la  constatation  d'un  système  nerveux 
de  zoophyte  ,  d'intestinal  cavitaire,  montre  que  ce  grand  homme 
avait  raison  de  douter  de  l'exactitude  du  classement  de  cet  animal 
dans  les  Annélides  et  dans  le  grand  genre  des  Sangsues. 

Ce  résultat,  quoiqu'il  ait  été  tout  à  fait  imprévu  ,  sera  cepen- 
dant utile  à  la  science  ,  et  il  est  à  désirer  que  quelque  botaniste , 
quelque  amateur  d'oiseaux  ,  de  coquilles  ou  de  papillons ,  ait 
tout  à  coup  ,  et  sans  avoir  fait  aucune  étude  préalable  de   l'ana- 


tràvalx  inédits.  151 

toniie,la  fantaisie  de  devenir  un  grand  physiologiste.  Si  le 
hazard  lui  fait  redécouvrir  quelque  Clepsine  ou  quelque  Phyl- 
line^  animaux*  laissés  avec  doute  par  Cuvier  dans  les  sangsues, 
comme  les  Malabcodelles ,  il  en  fera  des  genres  nouveaux,  des 
tribus  ou  des  familles  nouvelles,  il  reconnaîtra  peut-être  qu'ils 
n*ont  pas  une  organisation  de  sangsue  ,  ce  qui  l'ëtonnera  beau- 
coup ,  il  s'extasiera ,  avec  les  chefs  de  son  école ,  sur  une  dis- 
position exceptionnelle  de  leur  système  nerveux,  et  il  les 
dédiera  à  quelque  protecteur  qui  trouvera  que  l'élève  a  fait  la 
découverte  d'un  faitanatomique  d'un  intérêt  considérable.  Dans 
tous  les  cas  ,  la  science  gagnera  quelque  chose  à  cela  ,  elle 
sera  sûre  que  ces  Pyllines  et  ces  Clepsines,  par  exemple  ,  sont 
des  intestinaux  comme   l'avait  soupçonné  Cuvier. 


Obsbrvations  relatives  à  la  Faune  ornithologique  des  environs 
de  Paris  —  par  M.  Z.  Gerbe.. 

Je  consignerai  ici ,  sous  forme  de  simples  renseignements, 
quelques  observations  relatives  à  l'apparition  accidentelle  dans 
les  environs  de  Paris,  de  certains  oiseaux  qui  appartiennent 
aux  régions  du  nord  ou  aux  contrées  tout  à  fait  méridionales  de 
l'Europe. 

Les  environs  de  Paris ,  dont  j'étendrai  les  limites  zoologiques 
un  peu  au  delà  de  celles  du  département  de  la  Seine  ,  sont,  ainsi 
circonscrits ,  bien  mieux  partagés  en  oiseaux  qu'on  ne  pourrait 
le  croire  d'abord.  Le  catalogue  de  tous  ceux  qui  y  sont  annuelle- 
ment de  passage  ou  qui  y  vivent  sédentaires  serait  long  à  dresser: 
je  me  bornerai  à  mentionner  les  espèces  rares  qui  s'y  sont  mon- 
trées, régulièrement  ou  accidentellement ,  durant  le  cours  de 
ces  cinq  ou  six  dernières  années. 

Déjà,  dans  une  note  publiée  en  1838  ,  j'ai  fait  connaître  que  le 
Pouillot  Bonelli  (  Phillopseuste  Bonelli),  oiseau  qui  vit  dans  les 
montagnes  de  la  Sardaigne  ,  de  la  Sicile  ,  du  midi  de  la 
France,  etc.,  se  reproduisait  dans  les  bois  qui  avoisinent 
Paris.  Ce  fait ,  qui  a  bon  droit  ,  me  paraissait  surprenant ,  s'est 
renouvelé  depuis ,  et  j'ai  acquis  la  certitude  que  quelques 
couples  de  cette  espèce  viennent  tous  les  ans  nicher  dans  une 
localité  du  bois  de  Clamart. 

Déjà  aussi  j'ai  pu  constater  ,  dans  un  des  derniers  numéros  de 


252  REVDE  zooLOGiQDE.  {JuUlet  i845.) 

la  Revue  ,  l'apparition  de  l'Oie  d'Egypte  {Anser  JUgyptiaca)  sur 
les  bords  de  la  Seine.  Quelques  nouveaux  renseignements  que  j'ai 
recueillis  sur  cette  précieuse  capture,  corroborent  l'opinion  que 
j'émettais  alors ,  que  l'individu  tué  ne  pouvait  être  un  oiseau 
élevé  en  domesticité.  La  bande  dont  il  faisait  partie  a  été  revue 
le  même  jour  et  le  lendemain  dans  le  voisinage  des  petits  étangs 
qui  se  trouvent  sur  les  hauteurs  de  Meudon  et  dans  les  plaines 
de  Villebon.  D'un  autre  côté,  M.  Parzudaki,  naturaliste  prépa- 
rateur à  Paris,  a  conservé  longtemps  cet  oiseau  chez  lui,  et  a 
pu  se  convaincre  que  son  pennage  était  bien  celui  d'un  oiseau  à 
l'état  de  liberté. 

Quoique  ces  deux  observations  soient  déjà  consignées  dans 
la  Revue  zoologique ,  j'ai  cependant  cru  devoir  les  rappeler  ici  : 
celles  qu'il  me  reste  à  faire  connaitre  se  rapportent  à  quatre 
espèces  de  passereaux  :  au  Pipit  à  gorge  rousse  (  Anthus  rufo- 
gularis)  au  Bruant  montain  {Emheriza  calcarata) ,  à  TAlouette 
calandrelle  {Alauda  hrachydactyla) ,  et  à  l'Alouette  à  hausse- 
col  {Al.  alpestris). 

Les  deux  dernières  espèces  n'ont  été  capturées  qu'une  seule 
fois,  à  ma  connaissance,  dans  les  environs  de  Paris  ;  l'une 
{Al.  alpestris)  iut  prise  il  y  a  quatre  ans  sur  les  plaines  de  Mont- 
Rouge  par  M.  Soreau  qui,  depuis  cette  époque,  la  conserve  en 
volière  ;  et  l'autre  (Al.  hrachydactyla) ,  a  été  prise  ,  il  y  a  trois 
mois,  non  loin  des  murs  d'enceinte.  L'apparition  de  l'Alouette 
calandrelle  dans  le  nord  de  la  France ,  où  M.  Temminck  dit 
qu'elle  ne  s'avance  jamais,  est  un  fait  qui  pourrait  d'autant 
plus  surprendre,  que  cet  oiseau  est  un  habitant  ordinaire  des 
contrées  les  plus  méridionales  de  l'Europe.  Mais  on  sait  bien 
positivement  aujourd'hui  que  cette  alouette  s'avance  jusqu'en 
Champagne,  jusqu'en  Picardie  même,  et  qu'elle  se  reproduit 
dans  ces  localités;  de  sorte  que  l'on  conçoit  sans  peine  qu'elle 
puisse  pousser  ses  excursions  jusqu'ici. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  je  considère  la  présence  de  cette  espèce  et 
de  sa  congénère  dans  les  enviions  de  Paris,  comme  plus  acci- 
dentelle que  l'apparition  ,  dans  les  mêmes  limites,  du  f3ruant 
montain  et  du  Pipit  à  gorge  rousse.  Le  Bruant  montain  nous 
visite  toujours  à  l'approche  des  grands  hivers  dont  il  est  pour 
ainsi  dire  le  précurseur  :  son  passage  pour  n'être  pas  annuel 
n'en  est  pas  moins  soumis  à  des  causes  bien  déterminées,  qui  se 


TRAVAUX    II^ÉDITS.  253 

reproduisent  à  des  époques  plus  ou  moins  éloignées;  aussi 
pourrais-je  citer  plusieurs  captures  du  Bruant  montain  :  la  der- 
nière qui  en  ait  été  faite  eut  lieu  en  novembre  dernier  (18i4). 
L'individu  pris  était  un  jeune  mâle  en  plumage  d'hiver  ;  il 
faisait  partie  d'une  bande  d'Alouettes. 

Quant  au  Pipit  à  gorge  rousse ,  je  suis  à  peu  prés  certain  qu'il 
passe  régulièrement  tous  les  ans  à  Paris  ,  à  l'époque  des  émigra- 
tions d'automne.  Je  n'ai  pourtant  point  la  preuve  directe  de  ce 
fait.  De  trois  individus  pris  ici  et  que  je  peux  citer  ,  deux  sont 
en  la  possession  de  mes  amis,  MM.  Ray  et  Jacob. 

Ce  Pipit  a  un  cri  qui  rappelle  tout  à  fait  celui  du  Bruant  de 
roseaux  (  Emherizn  schœniculus  )  :  contrairement  à  ce  qu'ont 
avancé  quelques  ornithologistes,  cette  espèce  ne  voyage  jamais 
par  bandes,  mais  toujours  isolément  ou  par  couples,  comme  le 
pi[>it  des  buissons  ;  quelquefois  cependant  il  a  été  vu  mêlé  aux 
petites  troupes  que  forment  les  Farlouses. 

Je  donne  ces  observations  avec  le  désir  qu'elles  puissent  servir 
aux  personnes  qui  voudraient  entreprendre  un  travail  sur  la 
faune  ornithologique  des  environs  de  Paris. 


Nouvelle  espèce  d' Oiseau-Mouche  ^  décrite  par  M.  Parzvdari. 

Ornysmia  Lindenii.  —  Supra  obscure  viridi-œneus  ;  alae 
fusco-brunneae ,  remigum  costis  albis,  tectricibus  viridi-aeneis  ; 
caudœ  plumae  latérales  viridi-cupreis ,  satis  nitidis  ,  vitta  inter- 
dum  ipedia  alba.  Caput  fusco-nigrum  ,  collo  albo  cincto;  supra 
caput  crista  nigra  ,  linea  alba  ad  rostrum  bitîda  medio  signata  ; 
infra  rostrum  macula  alba  viridi-maculata,  et  barba  gracilis 
alba.  Rostrum  acutum  vix  medio  incrassatum  ,  abdomen  et 
pectus  griseo-rufescentia  obscuro-viridi  maculata  ;  pectore  medio 
dilutiore,  pedesnigri.  —  L.  tôt. ,  10  cent.  1^2;  bec,  9  mill.  ; 
queue,  5  cent. 

Cette  espèce  doit  être  placée  près  de  l'O.  Guerini;  elle  a  été 
découverte  dans  la  province  de  Merida  (  république  de  Vene- 
zuela) par  M.  Linden.  11  en  paraîtra  une  figure  dans  le  il/a- 
gasin  de  zoologie. 


'2^)1  HEVUB  ZOOLOGiyUE.    [JuUUt   1845, 

II.  ANALYSES  D'OUVRAGES  AOUVEAUX. 

Bibliothèque  Congdyliologique  ,  par  M.  Chenu  ,  docteur-méde- 
cin ,  conservateur  de  la  partie  zoologique  du  cabinet  de  M.  le 
Baron  Benj,  Del  essert,  (Paris,  chez  Franck,  libraire,  rue  Ri- 
chelieu, n«{i9,  1845). 

Lorsqu'on  lit  les  ouvrages  d'histoire  naturelle  ,  même  les  plus 
récents,  on  s'aperçoit  bientôt  que  les  auteurs  ne  sont ,  le  plus 
souvent,  pas  très  au  courant  des  nombreux  travaux  qui  ont  trait 
à  la  matière  dont  ils  parlent.  C'est  que  pour  citer,  ce  qui  a  jjapu 
sur  un  sujet  d'histoire  naturelle  et  tout  ce  qui  paraît  journellement 
dans  le  monde  savant,  il  faudrait  réunir  plusieurs  conditions  dif- 
ficiles à  allier  ensemble.  Ces  conditions  sont  d'abord  la  fortune, 
la  connaissance  de  ces  diverses  publications ,  faites  en  pays 
étranger ,  et  enfin  celle  des  diverses  langues  dans  lesquelles  elles 
sont  faites.  Un  bien  petit  nombre  d'hommes  riches  se  livrent  à 
rétude  de  la  Conchyliologie  ,  et  ce  n'est ,  le  plus  souvent,  qu'à 
titre  de  passe-temps.  Les  véritables  savants  sont  généralement 
peu  fortunés  ou ,  s'ils  peuvent  faire  des  dépenses  sans  aucune 
gêne  pour  leur  intérieur,  le  prix  élevé  et  le  nombre  toujours 
croissant  d'ouvrages  et  de  journaux  scientifiques  les  disposent 
toujours  à  jeter  leur  dévolu  sur  ceux  qui  leur  sont  d'un  secours 
quotidien.  On  les  voit  s'attacher  plus  spécialement  aux  ouvrages 
écrits  dans  la  langue  qui  leur  est  naturelle,  ouenlatin,  et  négliger 
ceux  en  langue  étrangère.  Sans  doute ,  au  moyen  d'une  gram- 
maire et  d'un  bon  dictionnaire  ,  on  ne  tarde  pas  à  traduire  des 
parcelles  de  ces  ouvrages  ,  mais  le  temps  que  l'on  perd  à  cette 
étude  et  qu'on  dérobe  à  des  travaux  plus  utiles ,  et  les  difficultés 
que  l'on  éprouve  à  bien  comprendre  le  sens  de  l'auteur  que  l'on 
traduit,  font  que  l'on  renonce  souvent  à  ce  genre  de  travail  à 
cause  du  dégoût  qui  s'ensuit. 

Une  autre  considération  majeure  résulte  aussi  de  ce  que  l'on 
recule  devant  la  dépense  considérable  qu'il  faudrait  faire 
pour  acquérir  les  divers  journaux  scientifiques.  La  raison 
en  est  qu'on  n'a  souvent  besoin  de  consulter  que  quelques 
mémoires  répandus  ça  et  là  dans  un  grand  nombre  de  volumes, 
et  qu'on  trouve  difficilement  à  acquérir  séparément  ceux  qui 
renferment  ce  que  l'on  voudrait  plus  particulièrement  connaître. 


ANALYSES   DODVn.VGlsS    NODVIiAUX.  2Ô5 

11  est  aussi  des  ouvrages  tellement  rares  que  c'est  à  peine  si 
Von  en  trouve  quelques  exemplaires  dans  les  bibliothèques  pu- 
bliques ou  particulières  les  plus  renommées,  et  lorsqu'on  en  a 
connaissance,  des  difficultés  sans  nombre  viennent  assaillir  celui 
<jui  aurait  le  plus  grand  désir  de  les  consulter.  Toutes  ces  consi- 
dérations avaient  fait  naître  chez  plusieurs  personnes  le  désir  de 
réunir  tous  ces  matériaux  et  d'en  former  un  corps  de  volumes 
propre  à  servir  les  sciences  naturelles.  Mais  si  le  désir  était 
grand  ,  la  nécessité  reconnue,  le  sarvice  signalé,  des  difficultés 
sans  nombre  ont  arrêté  ceux  qui  en  avaient  conçu  l'idée  pre- 
mière. 

Ce  serait  donc  une  bonne  fortune  pour  les  savants  s'il  se  trou- 
vait un  fervent  ami  de  la  science  qui,  réunissant  les  conditions 
favorables  à  ce  projet,  voulût  bien  employer  son  temps  à  réunir, 
traduire  et  faire  imprimer  ceux  des  différents  travaux  qui  ont 
pour  but  l'histoire  naturelle. 

Ce  souhait  est  en  voie  de  s'accomplir.  M.  Chenu,  connu  dans  le 
monde  savapt  par  des  publications  conchyliologiques  d'un  grand 
intérêt,  sentant  combien  une  œuvre  pareille  offrirait  de  secours 
à  la  science  qu'il  cultive  avec  fruit ,  a  formé  le  projet  de  doter  la 
conchyliologie  d'une  suite  de  traductions  d'ouvrages  précieux 
par  leur  importance ,  de  mémoires  rares  ou  peu  connus  et 
d'un  intérêt  marqué,  publiés  en  Angleterre ,  en  Allemagne, 
Amérique,  Italie,  Suède,  etc.,  sous  le  titre  de  Bibliothèque 
conchyliologique.  Depuis  plus  d'une  année,  M.  Chenu  pré- 
pare, dans  le  silence  du  cabinet ,  une  suite  de  traductions  faites 
avec  soin  de  ce  que  la  conchyliologie  possède  d'utile  et  de  re- 
commandable  par  le  nom  des  auteurs  et  par  la  célébrité  que  ces 
travaux  ont  acquise  parmi  les  savants.  La  plupart  sont  d'un  prix 
tel  que  les  fortunes  médiocres  ne  peuvent  prétendre  à  les  acqué- 
rir; mais  au  moyen  du  plan  conçu  par  M.  Chenu  ,  il  sera  facile 
de  se  procurer,  à  un  prix  en  quelque  sorte  modique,  pour 
trente  francs,  des  ouvrages  qui  valent  aujourd'hui  200,  230  et 
400  francs.  Ces  ouvrages  ,  fatigants  à  consulter  à  cause  de  leurs 
dimensions  et  de  leur  poids ,  seront  réduits  au  format  in-8°  et 
<^hacun  ne  formera  qu'un  volume.  Tels  sont  par  exemple  :  Do- 
novan  (5  vol.  in-8°),  Montagu  (  3  vol.  in-4°)  ,  Martyn  Uni- 
versal  Conchologist  (4  vol.  in-folio).  Ainsi,  en  nous  arrêtant 
seulement  à  ces  trois  ouvrages,  si  l'on  voulait  se  les  procurer 
Tom.  VIH.  Année  1845.  17 


256  REVUE  ZOOLOGIQUE.  [JuUUt  1845.; 

maintenant ,  et  en  supposant  qu'on  pût  les  trouver  complets  ,  il 
faudrait  dépenser  850  fr.  ;  eh  bien!  M.  A.  Franck,  libraire -éditeur 
de  la  Bibliothèque  conchyliologique,  sera  sous  peu  en  mesure  de 
livrer  ces  trois  ouvrages  traduits,  les  figures  fidèlement  repro- 
duites et  tous  les  trois  réduits  chacun  en  un  beau  volume  in-S", 
pour  le  prix  de  3o  fr.  chaque  ,  ou  90  fr.  les  trois.  Certes  on  ne 
saurait  trop  louer  et  encourager  une  pareille  publication ,  et  les 
savants  devront  beaucoup  à  cet  acte  de  haute  philantropie. 

Voici  le  plan  que  M.  Chenu  a  conçu  pour  la  publication  des  dif- 
férents volumes  de  la  Bibliothèque  conchyliologique. 

Première  série. 

V'  tome,  Donovan.  — British  shells.  5  vol.  in-8°  et  180  pi.  ;  ré- 
duits à  un  vol.  in  8°  et  48  pi.  Ce  volume  a  paru.  Le  texte  est 
fidèlement  traduit:  les  48  planches  contiennent  587  figures 
de  coquilles  parfaitement  reproduites,  17  figures  de  tubes 
d'annélides  et  20  de  cirripèdes,  total  624  figures;  20  feuilles 
de  texte  et  une  table  alphabétique  en  2  colonnes  ,  l'une  ren- 
voyant au  nouveau  volume  ,  l'autre  au  litre ,  aux  planches , 
et  aux  figures  de  l'ouvrage  original ,  ce  qui  permettra  de  citer 
ce  dernier  avec  toute  certitude. 

2*  tome.  Martyn.  — Uni  versai  conchologist ,  4  vol.  in-folio  et  161 
planches  réduits  à  i  vol.  in-8**et  56  planches. 

3*  tome  composé  de  1°  Leach. — Partie  conchyliologique  des  Zoo^ 
logical  Miscellany,  3  vol.  in-4°  et  26  planches. 
2°  Conrad.  —  Nouvelles  coquilles  d'eau  douce  des  Etats-Unis, 
1  vol.  in-18  et  8  planches. 

30  Raffinesque.— Monographie  des  Bivalves  de  VOhio,  1  vol. 
in-8°  et  3  planches. 

4°  Say.  —  American  conchology ,  1  vol  in-S"  et  48  planches. 
Ces  six  volumes  réduits  en  un  volume  in-S"  et  34  planches. 

Ces  trois  tomes  sont  en  vente. 

4^  tome.  Montagu—  Testacea  Britannica  y  3  forts  vol.  in-4o  et 
30  pi.,  réduits  en  1  vol.  in- 8°  et  12  pi.  (sous  presse). 

Deuxième  série. 

i^r  tome.  —  Transactions  of  the  Linnean  Society  of  London, 
Tous  les  mémoires  sur  la  conchyliologie  contenus  dans  les  18 
vol.  publiés  in  4°  réunis  en  un  seul  vol.  in-8°  (en  traduction). 


ANALYSES    b  OUVRAGKS    iVOUVEAUX-  257 

2*  tome. — Transactions  de  la  Société  zoologique  de  Londres 

(sous  presse). 
3"  tome.  —  Journal  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Bostmi 

(en  traduction),  etc.,  etc. 

Il  est  aisé  de  juger  par  cette  série  de  volumes  ,  dont  plusieurs 
sont  déjà  livrés  au  commerce,  de  quel  intérêt  peut  être  pour 
les  naturalistes  une  publication  de  cette  importance  conduite 
avec  autant  de  célérité  que  d'exactitude. 

Nous  n'avons  pas  besoin  et  il  est  parfaitement  inutile  de  dé- 
montrer aux  savants  de  quelle  nature  peut  être  l'utilité  qui  s'at- 
tache à  cette  intéressante  publication  ,  dont  nous  n'avons  encore 
énuméré  qu'une  faible  partie  de  la  richesse.  Mais  nous  pensons 
qu'il  devient  nécessaire  de  donner  quelques  explications  à  ceux 
qui,  moins  habitués  à  juger  de  la  valeur  et  de  l'importance  d«  s 
ouvrages  sur  cette  science,  pourraient  peut-être  ne  pas  en  coni  - 
prendre  toute  la  haute  portée. 

L'amateur  des  faunes  conchyliologiques  locales  trouvera  dans 
les  nombreuses  figures  du  Donovan  ,  dans  celle  du  Montagu  ,  de 
quoi  reconnaître  la  plus  grande  partie  des  coquilles  de  nos  côtes 
océaniques  et  beaucoup  de  celles  qui  vivent  dans  les  golfes  du 
Lion,  de  Gênes,  de  Venise,  etc.,  sans  aucune  contention  d'es- 
prit. Et  dans  le  tome  contenant  la  partie  conchyliologique  des 
transactions  Linnéennes  de  Londres,  les  mollusques  nus  ou  a 
coquilles  décrits  par  Montagu  et  figurés  dans  cet  ouvrage,  avec  les 
nouvelles  espèces  de  coquilles  que  ce  célèbre  et  exact  naturaliste 
n'a  pu  introduire  dans  son  ouvrage.  L'Américan  conchology  de 
Say  lui  fera  connaître  les  coquilles  de  la  côte  nord  de  TAmé- 
rique. 

Les  spécialistes  auront  dans  le  tome  3"  le  savant  mémoire  de 
Conrad  sur  les  Unio. 

Celui  qui  recherche  particulièrement  les  belles  coquilles  ser  a 
satisfait  du  choix  et  du  nombre  de  celles  que  contient  l'Universal 
conchologist.  Enfin  le  conchyliologue  qui  aspire  à  tout  connaître, 
celui  qui  est  désireux  d'avoir  des  renseignements  précieux  sur 
les  nouvelles  découvertes,  trouvera  dans  les  tomes  2"  et  3*  de  U 
seconde  série  de  quoi  satisfaire  ses  désirs. 

Cette  suite  de  volumes  n'est  pas  seulement  nécessaire  aux 
Français,  elle  doit  l'être  également  aux  savants  étrangers.  La 
langue  française  est  maintenant  parlée  par  les  naturalistes  de  ioim 


258  REVUS  zoOLOGiQUE.   { JuUlct  i8^5.) 

les  pays,  ou  du  moins  comprise  par  eux.  Le  prix  très-réduit  des 
ouvrages  que  la  Bibliothèque  conchyliologique  reproduit,  viendra 
jiûrement  enaideà  leurs  travaux.  Qui,  en  effet,  écrivant  sur  cette 
partie  de  la  Zoologie ,  voudrait  se  passer  de  cette  bibliothèque  , 
dont  la  plupart  des  ouvrages  sont  hors  de  prix ,  rares  dans  le 
commerce,  et  dont  on  ne  cite  presque  toujours  les  figures  et  le 
texte  que  sur  1  autorité  d'autrui,  rarement  rfe  t^mt?  Tous  pourront 
maintenant  ,  grâce  à  la  modicité  du  prix,  méditer  ces  ouvrages  , 
comparer  les  objets  qu'ils  ont  à  étudier  avec  les  descriptions  et 
les  figures  et  prononcer  ainsi  en  connaissance  de  cause.  De  là 
résulteront  des  avantages  immenses  pour  la  conchyliologie  ;  sa 
nomenclature  s'épurera  peu  à  peu,  acquerra  de  la  fixité,  et,  par 
la  connaissance  plus  répandue  de  cette  foule  de  nouvelles  espèces 
cachées  en  quelque  sorte  dans  quelques  journaux,  lus  seulement 
dans  peu  de  localités  ,  le  savant  pourra  se  guider  dans  les  re- 
cherches nécessaires  pour  établir  les  espèces  qu'il  croira  encore 
inconnues.  Cette  réunion  de  publications  récentes  et  d'un  grand 
intérêt ,  facilitera  beaucoup  aussi  le  moyen  d'arriver  prompte- 
ment  à  préparer  un  Species  général  si  ardemment  attendu. 

Ce  n'est  pas  sans  un  vif  plaisir  que  nous  avons  vu  la  Biblio- 
thèque conchyliologique  placée  sous  le  haut  patronage  de  M.  le 
baron  Benjamin  Delessert,  le  protecteur  bienveillant  des  savants 
et  l'ami  des  sciences  naturelles.  G.  Récluz. 


Liste  des  animaux  articulés  cités  jusqu'à  présent  comme  se  trou- 
vant à  la  nouvelle-Zélande  ,  avec  les  descriptions  de  quelques 
nouvelles  espèces  ;  par  MM.  Ad.  AYhite  et  Ed.  Doubleday,  aides 
à  la  partie  zoologique  du  Muséum  Britannique. 

Lépidoptères. 

122.  Ptychopoda?  rubraria,  Doubled.  n.  sp.  Nouv.-Zél. 
Mus.  Brit.  D-^  Sinclair.  Exp.  alar.  9-10  1. 

Toutes  les  ailes  brunâtre-pâle,  ponctuées  de  fauve,  les  posté- 
rieures faiblement  teintées  de  rougeâtre  ,  le  bord  externe  avec 
une  série  de  petites  taches  noires.  Ailes  antérieures  avec  une  ligne 
étroite  très-ondulée  près  la  base,  une  seconde  ligne  semblable 
vers  le  milieu,  sur  laquelle  est  placée  une  tache  noire  distincte  : 


ANALYSKS    DOUVKAGKS    ^JOUVKAUX.  259 

une  large  fascie  dentelée  près  du  bord,  suivie  d'une  série  de 
taches  ovales  ou  arrondies,  toutes  fauves.  Ailes  postérieures  avec 
une  ligne  éiroite,  ondulée  vers  le  milieu ,  deux  autres  lignes 
rapprochées  l'une  de  l'autre  au  delà  du  milieu,  et  un  cercle  de 
taches  ovales  ou  arrondies  près  du  bord  externe,  toutes  fauves. 
Antennes  du  mâle  fortement  pectinées  :  celles  des  femelles  sim- 
{)les,  annelées  de  noir  et  de  blanc.  Première  et  seconde  paires 
de  jambes  très-longues  chez  le  maie  :  jambes  de  la  seconde  paire 
garnies  de  deux  épines  à  l'extrémité  ;  jambes  postérieures  cour- 
tes, fortes,  comprimées  ,  munies  du  pinceau  ordinaire  de  poils  ; 
les  ongles  manquent.  Femelles  avec  toutes  les  jambes  allongées; 
tibias  postérieurs  avec  une  épine  courte  et  une  longue  à  leur 
extrémité  :  tarses  longs. 

123.  Ptychopodarubropunctaria.  Douh].  n.  sp.  Nouv.-Zél. 
Mus.  Brit.  D' Sinclair.  Exp.  al.  9-101. 

Toutes  les  ailes  d'un  blanc  brunâtre,  avec  des  lignes  nom- 
breuses, délicates,  fortement  ondulées,  transverses,  obscures; 
une  petite  tache  rouge  au  delà  du  milieu,  vers  l'angle  anal,  et 
une  série  marginale  de  petites  taches  noires.  Il  y  a  aussi  trois 
séries  de  petites  taches  noires  plus  ou  moins  distinctes,  une  près 
la  base,  une  juste  avant  le  milieu,  la  troisième  un  peu  au  delà 
du  milieu  des  ailes  antérieures;  la  seconde  et  la  troisième  se 
continuent  sur  les  ailes  postérieures. 

124.  Diasemia  grammalis,  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus. 
Brit.  D'  Sinclair.  Exp.  al.  7-8  1. 

Ailes  antérieures  d'un  brun-roux ,  le  roux  dommant  près  de 
la  base  :  bord  interne  avec  un  trait  noir  à  la  base,  et  avant  le 
milieu  une  tache  triangulaire  noire ,  précédée  et  suivie  d'un 
point  blanc.  Au  delà  du  milieu  est  une  ligne  blanche  transverse. 
L'atteignant  pas  tout  à  fait  le  bord  interne  où  elle  se  rencontre 
extérieurement  avec  une  seconde  tache  noire ,  triangulaire. 
Ailes  postérieures  d'un  brun-roux,  plus  ou  moins  parsemées  de 
fauve,  avec  deux  lignes  irrégulières  ,  transverses  ,  blanchâtres, 
entre  lesquelles  est  un  point  noir.  Cils  de  toutes  les  ailes  variés, 
de  noir  et  de  blanc.  Antennes  noires.  Jambes  allongées , 
rousses. 

125.  Margarilia  flavidalis.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus. 
Brit.  D-^  Sinclair.  Exp.  al.  8-9  I. 

Toutes  les  ailes  ocracécs,  le  bord  externe  avec  une  série  de  pe- 


260  REvnK  zooLOGiouK.  {Juillet  184-5.) 

tites  taches.  Ailes  antérieures  avec  une  faible  ligne  près  de  Ta 
base,  une  encore  plus  faible  au  uelà  du  milieu,  et  une  plus  dis- 
tincte très  ondulée  près  le  bord  externe  et  deux  taches  discoï- 
dales  stigmatifornies  fauves.  Ailes  postérieures  avec  une  tache 
discoïdale,  précédée  par  une  plus  petite  vers  le  bord  antérieur  , 
une  ligne  transverse  au  delà  du  milieu,  et  l'angle  anal  fauves. 

126.  Margaritia  qiiadralis.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  D"^  Sin- 
clair. Exp.  al.  10  1. 

Ailes  antérieures  fauves,  nuancées  de  couleur  d'ocre,  surtout» 
la  base  et  le  long  de  la  côte  ••  une  tache  ocracée  pâle  vers  le  mi- 
lieu ,  pas  loin  de  la  côte.  Vers  le  bord  externe  est  une  ligne 
étroite,  ondulée,  fauve.  Ailes  postérieures  fatives,  plus  foncées  à 
Pangleanal. 

127.  Margaritia  polygonalis.  Treits?  Nouv.-Zél.  D»^  Sinclair. 
Le  seul  individu  de  cette  espèce,  rapporté  par  le  D'  Sinclair, 

étant  très-abîmé,  je  ne  suis  pas  sûr  de  son  identité  avec  la  M.  po- 
lygonalis d'Europe. 

128.  Margaritia?  cordalis  Doubl.  n,  sp.  Nouv.-Zél.  Mus. 
Brit.  D^  Sinclair.  Exp.  al.  1  p.  1  1. 

Ailes  antérieures  subdiaphanes,  d'une  couleur  paille  très-pâle, 
faiblement  parsemées  de  fauve  et  de  roux  ;  la  base ,  une  tache 
cordiforme  au  delà  du  milieu,  une  autre  tache  carrée  sur  la  côte, 
au  delà  du  milieu,  et  le  sommet  roussâtre  ;  la  tache  apicale  bor- 
dée intérieurement  de  fauve.  La  côte  vers  le  sommet,  et  le  bord 
externe  marqués  de  taches  fauves.  Ailes  postérieures  subdia- 
phanes ,  avec  trois  taches  fauves  ,  l'une  vers  le  milieu  du  bord 
antérieur,  la  seconde  au  dessous,  près  du  bord  postérieur,  la 
troisième  près  du  sommet.  Bord  externe  tacheté  et  fauve.  Jambes 
pâles  ,  tachetées  de  fauve. 

129.  Crambus  ramosellus.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus.  Brit* 
D' Sinclair.  Exp.  al.  1  p. 

Ailes  antérieures  acuminées,  brunes,  avec  une  ligne  argentée 
longitudinale  se  bifurquant  avant  et  après  le  milieu^  bordée  infé- 
rieurement,  depuis  la  base  des  ai  les  jusqu'au  bord  externe,  d'une 
ligne  noire  un  peu  interrompue  au  delà  du  milieu.  Vers  le  som- 
met est  une  ligne  courbe  de  6  ou  7  petites  taches  noires ,  et  sur 
le  bord  lui-même  se  trouve  une  pareille  série.  Ailes  fauves,  ex- 
cepté au  sommet.  Ailes  postérieures  fauves ,  immaculées. 


ANALYSES    d'O0VR4GES    NOUVEAUX.  261 

130.  Crambus  flexua^ellus.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus. 
Brit.  D"-  Sinclair.  Exp.  al.  101. 

Ailes  antérieures  brunes,  marquées  un  peu  au-dessous  de  la 
côte  d'une  bande  argentée  faiblement  ondulée ,  atteignant  à 
peine  le  bord  externe,  auquel  elle  arrive  juste  au-dessous  du 
sommet;  à  cet  endroit  les  cils  sont  argentés.  Sur  le  disque,  im- 
médiatement au-dessous  de  cette  bande,  sont  deux  ou  trois  pe- 
tites taches  brunes,  et  sur  le  bord  externe  ,  aussi  au-dessous  de 
la  bande,  se  trouvent  quatre  taches  brunes  ;  V.  Cils,  excepté  ceux 
du  sommet,  fauves.  Ailes  postérieures  fauves. 

131.  Crambus  vitellus,  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  Mus.  Brit. 
D'  Sinclair.  Exp.  al.  10-121. 

Ailes  antérieures  acuminées ,  brunes,  divisées  longitudinale- 
ment  par  une  bande  argentée  s'étendant  de  la  base  au  milieu  du 
bord  externe.  Bord  externe  très  délicatement  bordé  de  noir; 
cette  couleur  s'étendant  faiblement  le  long  d'une  ou  deux  ner- 
vures inférieures.  Côte  pâle  au  delà  du  milieu.  Ailes  postérieures 
et  cils  de  toutes  les  ailes  fauves.  —  Cette  espèce  semble  varier 
un  peu;  un  individu,  que  je  crois  seulement  une  variété,  a  la 
côte  d'un  blanc  argenté  au  delà  du  milieu.  Il  est  même  possible 
que  Ton  prouve  plus  tard  que  l'espèce  précédente  est  une  variété 
de  celle-ci. 

132.  Argyrosetia  stilbella.  Doubl.  n.  sp.  Nouv.-Zél.  D'  Sin- 
clair. Exp.  al.  7  1. 

Ailes  antérieures  d'un  blanc  argenté  ,  faiblement  teintées  de 
jaune  le  long  du  bord  interne ,  marquées  d'une  bande  brune 
longitudinale  s'étendantde  la  base  au  sommet,  occupant  un  tiers 
de  la  largeur  de  l'aile  La  côte,  excepté  le  milieu,  faiblement 
bordée  de  noir,  émettant  vers  le  sommet  une  ligne  oblique  à  la 
fascie  centrale.  Cils  longs  à  l'extrémité  ,  argentés  ,  terminés  de 
brun.  Ailes  postérieures  fauves 

Outre  les  espèces  de  lépidoptères  décrites  ci  dessus  ,  je  puis 
rappeler  l'existence  des  genres  Phycita,  Aphelia^  Anacampsis, 
Depressaria,  et  je  crois  d'^Eudorea  ;  mais  malheureusement  les 
individus  rapportés  par  le  D'  Sinclair  ne  sont  pas  assez  entier» 
pour  pouvoir  être  décrits  avec  les  détails  nécessaires. 


262  REVUE  zooLOGiguE.  (  Jm7/cM8l5.  ) 

Diptères. 

Simulium'?  Nanm,  ou  Mouche  de  sable.  Pol.  Nouv  -Zél.  p. 
3I9.IIab.  laNouv.-Zél. 

Très -nombreuse  sur  les  rivages  et  sur  les  bords  des  anses  et 
des  rivières.  Yate,  Nouv.-Zél.  p.  72.  —  Il  faut  rapporter  à  quel- 
que genre  voisin  des  Simulium  la  mouche  de  sable  à  laquelle 
le  passage  suivant  a  trait  :  Une  espèce  de  petits  moucherons 
[Tipula  alis  incumbentibus)  devint  pendant  la  mauvaise  saison 
un  tourment  remarquable.  Ils  étaient  nombreux  sur  les  lisières 
des  bois  ;  ils  n'étaient  pas  moitié  aussi  gros  que  des  cousins  ou 
des  moustiques,  et  nos  matelots  les  appelaient  mouches  de  sable. 
Leur  piqûre  était  extrêmement  douloureuse.  Tout  le  monde,  ce- 
pendant, n'en  était  pas  également  atteint.  —  Forster,  Voy.  I ,  p, 
135, 136.  Les  animaux  les  plus  malfaisants,  à  la  baie  Dusky,  sont 
les  petites  mouches  noires  de  sable,  qui  sont  très-nombreuses,  et 
sifatiguantes  qu'elles  surpassent  toutes  cellesde  lamême  famille 
que  j'aie  jamais  rencontrées.  Quand  elles  piquent  elles  causent 
une  tumeur  et  une  démangeaison  tellement  insupportable  qu'il 
n'est  pas  possible  de  s'empêcher  de  se  gratter ,  ce  qui  à  la  fin 
cause  des  ulcères  comme  la  petite  vérole.  —  Cook,  Voy.  sur  la 
Résol.  etl'Avent.  I,  p.  99. 

Culex?  Waiwairoa  ,  ou  Mosquito,  Pol.  I.  c.  1 ,  p.  319.  Nouv.- 
Zél.  (  dans  les  marécages  ).  Polac. 

Les  moustiques  abondent  dans  les  bois  et  sur  les  bords  des 
ruisseaux,  mais  ils  ont  été  récemment  importés.  D'après  Cook, 
on  trouva  ces  insectes  en  abondance  dans  les  bois  lors  de  sa  pre- 
mière visite.  Les  naturels  le  nient.  Yate,  p.  72. 

Dans  le  voyage  du  lieutenant  Cook  sur  l'Endeavour ,  on  parle 
de  ces  mouches  de  la^  manière  suivante  :  nous  ne  vîmes  pas 
beaucoup  de  moustiques  et  de  mouches  de  sable,  qui  sont  à 
juste  titre  regardés  comme  le  fléau  des  pays  où  ils  abondent  : 
il  y  en  avait  cependant  quelques-uns  à  presque  toutes  les  rives 
où  nous  abordâmes,  mais  ils  nous  donnèrent  si  peu  de  tour- 
ment que  nous  ne  fîmes  pas  usage  des  voiles  que  nous  avions 
emportés  pour  la  sécurité  de  nos  visages. 

133.  Thereva  bilineafa  ,  F.  VViedem.  Ausser.  Zweifl.  Ins.  I,  p. 
2?9.  Bibio  bilineata,  F.  Ent.  syst.  757 ,  3.  Nouv.-Zél. 

134.  Eristalis  trilineatus ,  F.  Wiedem.  Aus.  Zweif.  Ins,  II, 


ANALYSES  d'OUVRAGES  NOUVEAUX-  .  26.1 

p.  168.  Syrphus  Irilineatus,  F.E.  Syst.  766,  16.  Nouv.-Zël.  Fa- 
bricius.  —  Le  D'  Sinclair  a  rapporté  une  petite  espèce  très- voi- 
sine de  celle-ci,  si  ce  n'est  pas  la  même. 

i^S.  Fristalis  cingulaius ,  F.  Wied.  1.  c  II,  p.  162.  Syrphus 
cingulatus.  F.  E.  Syst.  767,  23.  Nouv.-Zél.  Fabricius. 

136.  Musca  ( Sarcophaga)  lœmica,  White,  n.  sp.  Hab.  la 
Nouv.-Zél.  Mus.  Brit.  D'  Sinclair. 

Thorax  et  écusson  noirs,  faiblement  teintés  de  blanc  .  quel- 
ques poils  allongés,  raides,  sur  la  surface  qui  est  couverte  de 
petits  poils.  Abdomen  en  dessus  d'un  verd  obscur  métallique, 
jaunâtre  à  certains  aspects ,  ce  qui  est  causé  par  de  petites  écailles 
et  des  poils  jaunes  répandus  en  quantité  :  en  dessous  il  est  plus 
jaune,  le  vert  variant  à  certains  aspects.  Les  jambes  sont  jaunes 
avec  quelques  poils  obscurs  ;  les  tarses  sont  d'un  brun  noirâtre  ; 
ailes  colorées  de  jaune  à  la  base.  ïéte  en  général  jaune  ,  brune 
entre  les  yeux,  avec  deux  lignes  longitudinales  de  poils  raides. 
Longueur  de  la  femelle  6  1.,  du  mâle  4  3/4.  Est  très-voisin  du 
genre  Sarcophaga,  Meig.  Syst.  Beschr.  Europ.  Zweif.  Ins.  V,  p. 
14,  t.  43,  f.  I-IO. 

LeD""  Sinclair  m'apprend  que  le  révérend  M.  Taylorde  Waimaté 
a  fait  de  beaux  dessins  des  insectes  environnant  son  établisse- 
ment :  parmi  beaucoup  d'autres,  il  a  dessiné  les  transforma- 
tions de  la  mouche  qui  attaque  la, viande.  Il  est  à  désirer  que  ce 
missionnaire  publie  ses  recherches  sur  l'histoire  naturelle  de 
rîle.  On  peut  rapporter  à  cette  mouche  le  Gad^fly  ou  OEstrus  cité 
par  Polack,  Nouv.-Zél.  1,  p.  320,  comme  nuisant  beaucoup  aux 
aliments  ,  et  les  mouches  à  viande  semblables  à  celles  d'Europe 
dont  parle  Hawkesvvorth  dans  la  relation  du  voyage  de  Cook  sur 
l'Endeavour,  III,  p.  43t^. 

Aphaniptères. 

137.  Pulex.  Keha,  ou  Puce,  Fol.  1.  c.  p.  321.  ïniau,  DiefT. 
Hab.  la  Nouv.-Zél. 

Les  naturels  disent  que  les  puces  ont  été  introduites  par  les 
Européens,  et  pour  cette  raison  ils  les  appellent  ordinairement 
be  Pakeanoninohi,  le  petit  étranger.  Diefîenbach. 

(  La  fin  au  numéro  prochain). 


264  .   REVDE  zooLOGiguE.   (Juillet  1845.) 

III.  SOCIÉTÉS  SAVAIVTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  7  juillet  1845.  —  M.  Boussingault  adresse  un 
mémoire  sur  V Analyse  chimique  deVurine  des  animaux  herbi- 
vores. Ce  mémoire  renferme  un  fait  qui  surprendra  les  chimistes 
et  les  physiologistes  :  c'est  que  dans  l'urine  des  herbivores,  il  y 
a  du  bicarbonate  de  potasse ,  et  non  pas  ,  comme  on  le  croyait , 
du  sous-carbonate.  En  mettant  de  côté  l'urée  et  l'acide  hippu- 
rique ,  on  trouve  que  ces  urines  ressemblent  singulièrement  à 
une  eau  minérale  alcaline.  On  pourrait  essayer  de  les  employer 
pour  dissoudre  les  calculs  d'acide  urique  :  je  parlerai  plus  sérieu- 
sement, poursuit  M.  Boussingault,  qu'on  ne  sera  peut-être  dis- 
posé à  le  croire,  en  disant  qu'un  produit  sortant  de  la  vessie 
d'une  de  mes  vaches  m'inspirerait,  comme  médicament,  beau- 
coup plus  de  sécurité  qu'une  dissolution  alcaline  préparée  par 
de  très-habiles  chimistes. 

M.  Auguste  de  St.-Hilaire  adresse  quelques  observations  sur 
la  ressemblance^  dans  la  conformation  physique  ^  des  Chinois 
et  des  indigènes  brésiliens.  Dans  ce  travail ,  le  savant  botaniste 
voyageur  apporte  de  nouvelles  raisons  en  faveur  de  l'opinion 
que  M.  Serres  a  émise ,  que  les  Botocoudos  ressemblent  aux 
hommes  de  la  race  Mongolique.  Il  cite  divers  passages  de  son 
voyage  au  Brésil ,  la  comparaison  qu'il  a  faite  des  divers  Botocou- 
dos et  d'un  certain  nombre  de  Chinois  amenés  au  Brésil ,  et  il 
appuie  encore  son  opinion  et  celle  de  M.  Serres,  en  citant  un 
passage  de  M.  d'Olfers,  voyageur  prussien  qui  était  arrivé  aux 
mêmes  vues. 

M.  Serres  présente  des  observations  fort  intéressantes  sous  le 
titre  à^Etude  de  la  race  américaine. 

M.  Is.  Geoffroy  St.-Hilaire  fait  hommage  d'un  travail  im- 
primé ,  faisant  partie  d'une  série  de  mémoires  sur  les  caractères 
et  la  classification  des  Mammifères ,  avec  description  et  figure 
des  espèces  nouvelles.  Chacun  de  ces  mémoires  est  suivi  de  notes 
sur  diverses  questions  de  zoologie  générale  qui  se  rattachent  aux 
faits  particuliers  précédemment  exposés. 

Le  présent  mémoire  a  pour  sujet  les  Singes  américains  ,   et 


I 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  265 

particulièrement  le  genre  Saïmiri  déjà  indiqué  ,  mais  non  établi 
par  l'auteur,  et  le  genre  Nyctipilhèque.  M.  I.  Geoffroy  termine 
son  mémoire  par  une  note  étendue  sur  l'application ,  à  la  famille 
des  Singes  ,  des  vues  émises  par  lui  sur  le  parallélisme  des 
séries. 

M.  Buvernoy  dépose  un  paquet  cacheté.  AI.  Flourens  pré- 
sente un  exemplaire  de  VHistoire  des  Insectes^  par  M.  Blan- 
chard. C'est  un  petit  ouvrage  faisant  partie  d'une  entreprise  de 
librairie  destinée  aux  jeunes  gens. 

M.  Jacquinot  adresse  des  observations  sur  les  Américains 
Joways. 

Séance  du  i^  juillet.  MM.  Hombron  et  Jacquinot  présentent 
une  Note  sur  le  Nasalis  larvatus.  Ils  décrivent  avec  détail  l'es- 
tomac de  ce  Singe. 

M.  Flourens  présente  ,  au  nom  de  l'auteur  ,  M.  d'Eichthal , 
un  opuscule  ayant  pour  titre  :  Études  sur  l'Histoire  primitive 
des  races  océanienfies  et  américaines. 

Ces  études,  dit  l'auteur  dans  sa  préface  ,  se  rattachent  et  font 
suite  à  l'origine  desFoulahs,  publiée  dans  le  tom.  V'  ou  Becueil 
de  la  société  Ethnologique.  Elles  contiennent  de  nouvelles 
indications  sur  l'existence  d'une  civilisation  primitive  qui ,  dé- 
veloppée d'abord  dans  la  polynésie  orientale,  s'est  répandue  de 
ce  point  vers  l'ouest,  à  travers  l'Oôéanie  ,  jusque  dans  l'Afrique, 
et ,  à  l'est ,  jusqu'en  Amérique. 

On  savait  déjà  que  les  migrations  polynésiennes  s'étaient 
étendues  ,  à  l'ouest ,  jusqu'à  l'île  de  Madagascar  ;  dans  mon  essai 
sur  les  Foulahs  ,  j'ai  montré  moi-même  que  ce  peuple  se  ratta- 
chait d'une  manière  plus  ou  moins  directe  au  rameau  polyné- 
sien. Cette  fois  j'ai  suivi  les  traces  de  l'influence  polynésienne 
jusque  chez  les  Coptes,  les  Mandingues ,  et  diverses  autres 
populations  africaines  D'un  côté  j'ai  signalé  les  faits  qui  in- 
diquent une  ancienne  communication  ,  j'ai  montré  d'autres  rap- 
ports entre  l'Afrique  et  diverses  races  aujourd'hui  américaines. 

Séance  du  21  juillet.  M.  Serres  lit  des  Observations  sur 
l'application  de  la  photographie  à  V étude  des  races  humaines. 
Cette  lecture  est  faite  par  le  savant  académicien  pour  faire  con- 
naître les  avantages  que  la  science  anthropologique  pourrait 
retirer  de  l'établissement  d'un  musée  photographique.    11  an- 


266  RKvuE  ZOOLOGIQUE.  (  J^t'/ZeM 845.  ) 

nonce  que  M.  Thiesson  vient  de  faire  un  voyage  en  Portugal  et 
en  Italie,  qu'il  a  pris  le  portrait  de  2?  individus  de  la  race 
africaine  ou  éthiopique.  Cette  collection  présente  un  intérêt 
scientifique  considérable. 

Séance  du  30  juillet.  M.  Jacquinot  adresse  un  morceau 
ayant  pour  titre  :  Des  caractères  anthropologiques.  L'auteur 
revient  encore  sur  ce  qu'il  appelle  les  caractères  zoologiques  et 
les  caractères  anthropologiques  ;  il  cherche  à  défendre  l'exacti- 
tude des  principes  qu'il  a  émis  dans  ses  diverses  communica- 
tions et  qui  ont  été  combattus  par  M.  Serres. 


Société  entomologique  de  France. 

Séance  du  ^  juillet  1845.  —  M.  H.  Lucas  montre  à  la  Société 
plusieurs  chenilles  dwBomhyx  [^diinrmdi)  cecropia  Linné,  qu'il  a 
obtenues  d'éclosion  le  8  juillet  ;  les  œufs  avaient  été  pondus  le 
22  juin  ;  c'est  donc  dix-sept  jours  après  la  ponte  que  les  petites 
chenilles  ont  opéré  leur  éclosion.  Les  Bombyx  cecropia^  des- 
quels M.  H.  Lucas  a  obtenu  ces  chenilles ,  proviennent  de  quatre 
cocons  qui  ont  été  rapportés  de  la  Nouvelle-Orléans  Trois  fe- 
melles et  un  mâle  sont  nés  de  ces  cocons;  un  accouplement 
a  eu  lieu ,  et  c'est  de  ce  dernier  qu'on  a  obtenu  350  œufs  en- 
viron ,  dont  les  trois  quarts  au  moins  sont  éclos.  Ces  œufs  sont 
longs  de  trois  millimètres,  ils  n'ont  pas  moins  de  deux  milli- 
mètres de  largeur ,  et  leur  forme  est  celle  d'un  ovale  qui  serait 
légèrement  déprimé;  ils  sont  blancs,  tâchés  de  roussâtre.  La 
chenille,  longue  de  6  1/2  millimètres  deux  jours  après  sa  sortie 
de  l'œuf,  est  entièrement  noire,  peu  agile  ,  couverte  de  tuber- 
cules et  ornée  de  longues  épines  de  même  couleur  que  le  corps. 
M.  H.  Lucas  rappelle  que  l'on  a  cherché  à  obtenir  de  la  soie  du 
Bombyx  cecropia  ,  et  il  dit  que  peut-être  y  parviendra-t-on  plus 
tard  ;  enfin  il  termine  en  disant  que  M.  Audouin  avait  présenté  à 
l'Institut  plusieurs  notes  sur  ce  sujet,  et  qu'il  avait  fait  faire  di- 
verses planches  qui  n'ont  malheureusement  pas  encore  été  pu- 
bliées. 

—  M.^.  Lucas  donne  de  nouveaux  détails  sur  VAcridium 
peregrinum  Olivier ,  dont  il  a  déjà  été  plusieurs  fois  question 


SOCIÉTÉS   SAVANTK3.  2ô7 

dans  celte  revue  (  1845,  p.  1(J0,204  et  236).  On  se  rappelle  qii« 
jusqu'ici  cet  insecte  n'avait  été  signalé  que  comme  se  trouvant 
en  Asie  et  en  Afrique.  M.  Justin  Goudot  vient  d'apprendre  à 
M.  II.  Lucas  que  rette  espèce  se  rencontrait  aussi  en  Amérique 
dans  les  environs  de  la  INouvelle-Grenade ,  qu'elle  s'y  montrait 
en  très-grand-nombre  ,  y  dévorait  tout  ce  qu'elle  rencontrait  de 
végétation  sur  son  passage  et  qu'elle  était  même  considérée  par 
les  indigènes  comme  un  très-grand  fléau.  Les  individus  del'^cri- 
dium  peregrinum  que  M.  Justin  Goudot  a  pris  en  Amérique  ont 
la  plus  grande  ressemblance  avec  ceux  d'Asie  et  d'Afrique  ,  et 
n'en  diffèrent  que  par  la  taille  un  peu  plus  petite  ;  cependant  il 
faut  observer  que  les  sillons  traversaux  du  prolhorax  sont  plus 
petits  et  moins  profondément  marqués  ;  que  la  carène  médiane 
de  ce  même  organe  est  moins  sensible ,  et  que  les  taches  noi- 
râtres ,  de  forme  carrée ,  que  présentent  les  ély très  sont  moins 
apparentes  que  chez  les  individus  qui  habitent  l'ancien  monde  ; 
quoi  qu'il  en  soit,  ces  légères  différences  ne  peuvent  être  consi- 
dérées comme  des  caractères  spécifiques,  et  elles  ne  sont  proba- 
blement dues  qu'aux  influences  climatériques. 

—  M.  Chevrolat  annonce  qu'il  a  observé  récemment  que  les 
larves  des  Chrysomélines  porte-fourreaux  ,  dont  il  avait  fait  une 
famille  distincte  ,  sous  le  nom  de  Tubifères ,  dans  le  Diction- 
naire universel  d'histoire  naturelle,  vivent  de  substances  li- 
gneuses. On  sait  maintenant  que  la  larve  de  la  Clythra  quadri- 
punctata  Fabricius  vit  des  amas  de  bois  recueillis  par  la  Formica 
fusca  ;  dernièrement  M.  Chevrolat  a  vu  sur  des  bûches  des  larves 
de  Cryptocéphales  rongeant  le  bois  et  se  tramant  à  la  manière 
des  Limaçons.  Les  larves  de  ces  Cryptocéphales  sont  très-abon- 
dantes dans  les  feuilles  sèches  de  chênes  dans  la  forêt  de  Saint- 
Germain,  et  probablement  elles  y  rencontrent  de  petits  morceaux 
de  bois.  M.  Chevrolat  montrera  bientôt  des  dessins  de  ces  larves, 
qui  ont  des  rapports  avec  celles  des  Lamellicornes. 

—  M,  Alexandre  Brongniart ,  membre  honoraire  ,  fait  passer 
sous  les  yeux  de  la  Société  une  branche  de  saule  qui  présente 
des  altérations  considérables  causées  par  des  piqûres  d'insectes. 
Cette  branche  est  très  -  gonflée ,  comme  boursouflée  ,  d'un 
côté  ,  tandis  que  de  l'autre  elle  est  dans  son  état  ordinaire.  Plu- 
sieurs échantillons,  semblables  à  ceux  qui  ont  été  présentés  à  la 
Société ,  ont  été  recueillis  sur  le  même  saule  à  une  hauteur  de 


il 


268  RKVUK   zooLOGiQDK.  ( /wt/ZcM  845.) 

plus  de  dix  mètres  ,  et  cependant  l'arbre  ne  paraissait  pas  en 
souffrir.  Cette  maladie  est  probablement  produite  par  les  atta- 
ques de  quelques  insectes,  selon  toute  apparence  par  des  Cynips^ 
dont  on  a  cru  reconnaître  quelques  débris  dans  les  trous  que 
présentent  les  branches  :  c'est  en  dessous  de  l'écorce  ,  ou  dans 
rintérieur  de  cette  partie  du  végétal  ,  que  réside  la  maladie  de 
l'arbre;  le  bois  proprement  dit  n'est  nullement  attaqué.  Cette  ob- 
servation n'a  pu  être  complétée  jusqu'ici;  M.  Alexandre  Bron- 
griiart  n'a  pu  se  procurer  l'insecte  qui  a  dû  sortir  l'année  dernière 
des  branches  de  saule  attaquées  ;  mais  il  se  propose  de  compléter 
cette  année  son  observation  ,  et  il  espère  prendre  l'insecte  qui 
produit  le  dégât  sur  le  saule.  C'est  à  Saint-Éloi ,  près  de  Gisors 
(Eure) ,  que  cette  observation  a  été  faite. 

M.  jE".  Blanchard  dit  à  la  Société  qu'il  ne  connaît  aucune  ob- 
servation qui  se  rapporte  entièrement  à  celle  de  M.  Alexandre 
lîrongniart;  il  ajoute  que  les  Cynips  produisent  habituellement 
des  galles  de  forme  légèrement  arrondie,  et  qui  forment  des  es- 
pèces de  plaies  différentes  de  celles  que  l'on  remarque  sur  les 
branches  de  saule  présentées  à  la  Société;  toutefois  il  pense  que 
ce  sont  bien  des  Cynips  qui  ont  produit  cette  maladie. 

—  M.  H.  Lucas  donne  lecture  d'un  travail  ayant  pour  titre  : 
Notice  sur  quelques  espèces  nouvelles  d?Ixodes  qui  vivent  pa- 
rasites sur  les  serpents  (  Boa  constrictor  et  Python  Sebae)  et  sur 
VOrnithorhynque  (  Ornithorhynchus  paradoxus  ).  Voici  les 
phrases  dignostiques  des  espèces  décrites  par  M.  H.  Lucas  : 

1"  Ixodes  flavo-maculatus.  Lucas.  Long.  3  millim.  ;  lat.  2 
3;4  millim. — Corpore  orbiculato  ,  sat  fortiter  punctato  ,  fusco 
rubescente ,  maculis  flavis  ornato ,  his  subtilissime  fusco-ru- 
bescente  punctulatis  ;  capite  fusco-rubescente  ,  subtiliter  pun- 
ctulato  ;  palpis  pedibusque  fusco-rubescentibus  ^  primis  sat 
elongalis,  crassis ,  compressis,  ultimis  exilibus,  sat  elongatis  ; 
corpore  infra  flavo  cinerescente.  —  A  été  trouvé  vivant  et  fixé 
entre  les  écailles  du  Boa  constrictor  Duméril  et  Bibron  ,  nou- 
vellement arrivé  du  Sénégal. 

2*^  lœodes  gracilentus  Lucas.  Long.  2  1;2  millim.;  lat.  1  3/4 
millim.  —  Ovatus;  corpore  flavo-testaceo  ;  thorace  cordiformi^ 
flavo  aurantiaco ,  rubescente  transversim  vittato ,  marginibus 
rubris  ;  palpis  pedibusque  flavo-rubescentibus.  —  Se  tient  fixé 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  269 

sur  le  Python  Sebœ  Duméril  et  Bibron  ;  et  se  plaît  particulière- 
ment dans  les  intervalles  que  laissent  entre  elles  les  écailles  ven- 
trales. 

Z°  Ixodes  Ornithorhynchi  Lucas.  Long.,  7  millim.  ;  lat.  ,  4 
milliin.  —  Ovato-oblongiis;  capite  ^  thorace  pedibusque  punc- 
tatis  ,  flavo  aurantiacis  ;  abdomine  cinereo  flavo  aurantiaceo, 
subtilissime  transversim  conferiimque  striato  ,  laxe  punctatOy 
fulvescente-piloso.  —  Cette  espèce  vit  sur  VOrnithorhynchua 
paradoœus  Blumenbach  ;  elle  se  tient  particulièrement  sur  les 
parties  latérales  du  ventre,  près  des  régions  anale  et  génitale; 
elle  se  plaît  aussi  sur  la  région  dorsale  du  même  animal. 

Séance  du  23  juillet  1 845.  —  M.  Eugène  Desmarest  fait  passer 
sous  les  yeux  de  la  Société  un  Lucanus  cervus  maie,  chez  le- 
quel on  ne  remarque  qu'un  seul  œil,  celui  du  côté  gauche  ;  au 
côté  droit ,  non-seulement  l'œil  manque  tout  à  fait  extérieure- 
ment, mais  encore  on  voit  à  sa  place  une  dépression  très-mar- 
quée :  il  y  a  également  des  différences  assez  notables  entre  les 
mandibules;  celle  du  côté  droit  est  comme  déformée  et  plus  petite 
que  celle  du  côté  gauche.  M.  Eugène  Desmarest  regrette  de  n'a- 
voir pu  ,  lorsque  l'insecte  venait  de  mourir ,  en  faire  l'anatomie, 
et  voir  si  le  nerf  optique  droit  était  atrophié.  Le  Lucanus  cervua^ 
dont  il  vient  d'être  question ,  a  été  pris  aux  environs  d'Alfort  par 
M.  Paul  de  Saint-Martin. 

—  M.  Bêcher  présente  à  la  Société  deux  individus  du  Bombyx 
dryophaga ,  lépidoptère  nocturne  ,  encore  inconnu  dans  les  col- 
lections de  France  ;  ce  qu'il  a  de  singulier,  ajoute  M.  Becker, 
c'est  que  M.  Boisduval  et  les  auteurs  allemands  qui  ont  parlé  de 
ce  Bombyx,  pensaient  qu'il  vivait  exclusivement  sur  le  chêne, 
tandis  que  le  correspondant  dont  M.  Becker  tient  les  deux  indivi- 
dus en  question  lui  a  assuré  les  avoir  élevés  sur  le  cyprès. 

A  ce  sujet ,  M.  Pierret  prend  la  parole  et  fait  observer  qu'il 
y  aura  eu  sans  doute  confusion  au  sujet  du  Dryophaga  avec 
quelque  autre  Bombyx  ,  car  il  lui  paraît  impossible  qu'une  es- 
pèce aussi  caractérisée  puisse  vivre  en  même  temps  sur  le  chêne 
et  sur  le  cyprès.  Ce  serait  un  fait  tout  à  fait  exceptionnel  et  con- 
traire à  toutes  les  lois  entomologiques.  M.  Pierret  pense  que  le» 
deux  Bombyx  élevés  à  Smyrne  sur  le  cyprès  par  M.  Wagner, 
qui  les  a  envoyés  à  M.  Becker,  n'appartiendraient  pas  à  la  même 


270  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {JuUkl  1845.) 

espèce  qui  a  été  découverte  en  Dalmatie  ;  ce  serait,  ajoute-t-ii , 
le  seul  moyen   d'expliquer    le  fait    cité   par  M.  Becker. 

—  M.  Becker  montre  à  la  Société  un  grand  nombre  de  Lépi- 
doptères du  Brésil ,  parmi  lesquels  plusieurs  sont  nouveaux  et 
parfaitement  bien  conservés. 

—  M.  ff.  Lucas  donne  de  nouveaux  détails  sur  les  chenilles 
de  Bombyx  cecropia  ,  dont  il  a  déjà  parlé  dans  la  dernière 
séance  de  la  Société  ,  il  communique  principalement  de  nou- 
velles observations  sur  le  premier  changement  de  peau  de  cette 
chenille  et  sur  les  diverses  couleurs  que  présente  cette  dernière 
après  s'être  débarrassée  de  son  enveloppe  du  premier  âge.  Les 
observations  fort  intéressantes  de  M.  H.  Lucas  seront  insérées 
dans  le  Bulletin  entomologique  de  la  Société.  E.  D. 


IV.  MELAIVGES  ET  NOUVELLES. 

CoNGiiÈs  SCIENTIFIQUE  DE  Fkance  ,  13"'«  Session. 

Cette  année  le  congrès  se  tiendra  à  Reims. ,  11  s'ouvrira  du 
1"  au  10  septembre  et  durera  au  moins  dix  jours,  comme  les 
années  précédentes. 

Monseigneur  Gousset,  archevêque  de  Reims, a  été  nommé 
président  de  la  commission  d'organisation  par  la  1?™°  Session 
tenue  à  Nismes  en  septembre  1844.  Les  secrétaires  généraux 
sont  MM.  A.  Bonneville ,  procureur  du  roi ,  H.  Landouzy ,  mé- 
decin, et  L.  Paris,  bibliothécaire  de  la  ville.  On  peut  s'adresser 
à  ces  messieurs  pour  se  faire  inscrire. 


Nouvemx  membres  admis  dans  la  Société  Cuvierienne. 

N**  297.  M.  Arthur  Morelet,  membre  de  la  commission  scienti- 
fique d'Algérie  ,  etc.  etc.  à  Dijon. 
Présenté  par  M.  Guérin-Méneville. 

N°  298.  M.  Hugh  Stricki.and  ,  Esq.  à  Londres. 
Présenté  par  M.  Lowel  Beeve. 


BUITIEMB  ANNEE.  —  AOUT  1845 


I.    TRAVAUX    INEDITS. 

Notice  sur  le  genre  Aigle  Aquila  ,  par  M.  0.  Des  Murs  (1). 

Jusqu^à  ces  derniers  temps ,  la  dénomination  d'Aigle,  Aquila^ 
a  servi  à  désigner  plusieurs  espèces  d'Oiseaux  de  proie  ,  recon- 
nues appartenir  évidemment  à  des  genres  tout  différents,  tels 
que  les  genres  Haliœtus,  Circaëtus  ,  etc.  Sans  doute ,  la  famille 
des  Accipitres  étant  des  plus  naturelles ,  et  les  nuances  qui  en 
distinguent  les  diverses  tribns  des  plus  fugaces  et  des  moins  fa- 
ciles à  saisir,  on  a  pu  hésiter  à  fractionner  les  deux  grandes  di- 
visions que  Liiinée ,  avec  un  instinct  si  sûr,  en  avait  faites  sous 
les  titres  de  Fultur  et  de  Falco. 

Un  moment ,  et  pendant  même  une  assez  longue  période  ,  on 
a  cru  que  le  mérite  de  la  création  du  genre  Aquila ,  ajouté  aux 
deux  genres  Linnéens,  appartenait  à  Brisson  (2),  et  c'est  l'erre- 
mentque,  jusqu'à  ce  jour,  avait  suivi  la  science  ornithologique. 
Depuis  peu  ,  cependant ,  on  a  reconnu ,  et  avec  raison  ,  que  ce 
genre  avait  été  créé  ,  avant  Brisson,  par  Mœhring  (3  ,  et  c'est  à 
M.  G.  R.  Gray  qu'est  due  cette  restitution. 

Pourtant,  comme  avant  tout  nous  tenons  à  ce  qu'en  histoire 
naturelle,  où  le  public  admis  à  contrôler  la  science  est  si  rare  , 
justice  soit  rendue  à  chacun  de  ceux  qui  ont  contribué  à  la  faire 
ce  qu'elle  est ,  nous  n'hésilerons  pas  à  signaler  l'erreur  positive 
qu'il  y  aurait  à  s'en  tenir  à  cette  indication  de  Ihonorable  orni- 
thologiste anglais  ,  qui  a  été  suivie  par  M.  L.  Agassiz  dans  son 
Nomenclator  zoologicus.  Oui  sans  doute,  Mœhring,  qui  à  peine 
a  laissé  trace  de  son  passage  en  ornithologie,  avait  établi  le  genre 
Aquila  avant  Brisson ,  c'est-à-dire  en  1 752  ;  mais  un  autre  na- 
turaliste de  plus  de  portée  et  de  valeur  que  Mœhring ,  qui  l'a 

(1)  Extraite  de  l'Iconographie  ornithologique,  ou  Recueil  de  planches  peintes  d'Oi- 
«eani ,  faisant  suite  aux  planches  enluminées  et  aux  planches  coloriées,  dont  le  pros- 
pectas et  la  l'e  livraison  viennent  de  paraître  chez  Fr.  Klincksieck,  libraire,  rue  d* 
Lille,  11. 

(«)  Ornithologia,  1760. 

^3)  Avinm  gênera,  1752. 

Tome  VIII.   Année   1845.  1« 


272  KF.VUE   ZOOLOGIQDK.    (Joût    1845.) 

souvent  cité,  l'avait  institué  avant   lui;  et  ce  naturaliste  est 
Klein. 

Dans  son  Uistoriœ  avium  Prodomus ^  publié  en  1750  ,  mais 
qu'il  écrivit ,  ainsi  qu'il  le  dit  lui-même,  en  1  745  .  date  de  sa 
préface,  il  a  divisé  ce  qu'il  a  appelé  V Ordre  des  Oiseaux  en  fa- 
milles ,  en  genres  et  en  tribus^  et,  pour  avoir  une  idée  du  sens 
quMl  attachait  au  mot  genre,  il  suffît  de  savoir  que  huit  de  ses 
genres  composent  pour  lui  l'ordre  entier  des  Oiseaux.  Or,  lors- 
qu'après  la  division ,  encore  de  si  fraîche  date,  des  Accipitres  de 
Linnée  en  Vautours  et  en  Faucons  ,  Klein  vient  les  subdiviser  en 
trois  tribus  ,  qu'il  nomme  Aquila ,  Fultur  et  Falco  ,  il  est  bien 
évident  qu'il  n'y  a  chez  lui  de  changé  que  le  nom  des  degrés  de 
son  échelle  de  classification ,  et  que  son  terme  de  tribu  a  une 
valeur  équipollente  à  ce  que  les  naturalistes  de  nos  jours  sont 
convenus  d'appeler  genre.  Et  cela  devient  incontestable  quand 
on  remarque  qu'en  tête  de  chacune  de  ces  tribus,  il  pose  une 
diagnose  des  mœurs  et  des  caractères  physiologiques  distinctifs 
des  espèces  composant  la  tribu 

C'est  ainsi  qu'en  tête  de  sa  première  tribu  des  Accipitres,  qui 
est  celle  des  Aigles,  Tribus  Aquila,  après  avoir  défini  brièvement 
leurs  mœurs  et  leurs  habitudes,  il  exprime  en  ces  termes  le  ca- 
ractère générique  principal  qu'il  leur  reconnaît:  Tribus  Aquila, 
inier  aves  tetradactylos ,  digilis  solutis  meretur  locum  super- 
eminenterri;  puis  ,  à  la  fin  de  cette  courte  description  caracté- 
ristique, il  ajoute  :  Plura  de  aquilis  species  sunt. 

Or,  ces  espèces  d'Aigles  sont  beaucoup  moins  mélangées  et 
confondues  chez  Klein  que  chez  Mœhring  et  chez  Brisson;  pour 
s'en  convaincre,  on  n'a  qu'à  voir  quels  sont  les  Oiseaux  de  proie, 
qu'en  dehors  des  Aigles  et  des  Vautours,  il  relègue  dans  sa  troi- 
sième tribu ,  Tribus  Falco  :  tous  les  autres  Oiseaux  de  proie , 
sive ,  dit-\\ y  hucusque  Accipitres,  sive  Milvi,  sive  Buteones, 
aut  in  specie  Falcones  fuerint  appellati. 

11  nous  paraît  donc  nettement  établi  que  Klein  doit  être  re- 
gardé comme  le  premier  ornithologiste  qui,  aux  deux  sec- 
tions primordiales  de  Linnée,  en  ait  ajouté  une  troisième,^ 
en  créant  le  genre  Aquila  adopté  depuis  par  presque  tous  les 
naturalistes ,  moins  Latham ,  jusqu'à  Geoffroy  St-Hilaire  et 
Cuvier. 

Car  il  y  a  loin  de  la  composition  si  naturelle,  si  sage  et  si  me- 


ThAVADx   i^Rorrs.  -273 

«urée  du  genre  Aquila^  constitué  par  Klein,  à  la  composition  in- 
Ibnne  du  même  genre  réalisée  par  Mœhring  :  c'est  à  croire,  si 
Kes  dates  n'étaient  là  pour  démontrer  le  contraire,  que  celui-ci 
a  écrit  et  travaillé  bien  antérieurement  à  celui-là.  Ainsi,  là  où 
Klein  réunissait  à  peine  quelques  Pygargues  à  ses  Aigles,  avec 
lesquels,  comme  Brisson,  il  les  confondait,  Mœhring,  lui,  com- 
prenait pêle-mêle ,  sous  cette  dénomination  générique ,  plusieurs 
genres  hétérogènes  qui ,  pour  lui ,  n'étaient  en  quelque  sorte  que 
des  espèces  :  Falconis  quœdam  species,  dit-il ,  Aquilœ ,  Accipi- 
ires ,  Milvi  auctorum  ! 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  pour  suivre  l'historique  du  genre  qui 
nous  occupe,  Brisson  conserva  ce  même  genre  Aigle,  qu'il  nom- 
mait Genus  Aquilinumy  ainsi  créé  et  remanié  avant  lui  ;  et  à  Tin- 
star  de  Klein  ,  mais  aussi  avec  plus  de  discernement  que  Mœh- 
ring, il  y  comprit  à  titre  d'espèces  plusieurs  autres  genres  tout 
à  fait  distincts  des  vrais  Aigles. 

Tous  les  ornithologistes  ,  jusques  et  y  compris  l'illustre  auteur 
du  Manuel  des  Oiseaux  d'Europe  et  des  planches  coloriées, 
M.  Temminck  ,  ont  fait  de  même. 

Nous  nous  trompons;  Cuvier  (1)  qui ,  lui  aussi,  a  maintenu  le 
genre  Aigle,  en  lui  donnant  une  consécration  toute  nouvelle  et 
unanimement  respectée,  est  le  premier  de  tous  les  ornitholo- 
gistes modernes  ,  et  cela  dès  1  798  ,  qui  l'ait  restreint  en  le  con- 
stituant ce  qu'il  est  réellement  et  ce  qu'il  restera  toujours,  aux 
espèces  ô.'' Aigles  proprement  dites  ,  en  leur  attribuant  pour  ca- 
•^ractères  «  un  bec  très-fort ,  droit  à  sa  hase  et  courbé  seulement 
«  vers  sa  pointe  (caractère  commun  à  ce  qu'il  appelle  la  tribu 
des  Aigles^  comprenant  les  genres  Haliœlus ,  Pandion,  Cir- 
caëtus^  Harpya^  etc.),  et  a  des  tarses  courts  et  gros,  emplumés 
»  iusqiCà  la  racine  des  doigts  »  (caractère  presque  exclusive- 
ment unique  et  spécial  aux  seuls  Aigles  proprement  dits,  en  un 
mot  au  genre  Aquila). 

Il  était  impossible  ,  en  effet,  quelque  faibles  et  à  peine  saisis- 
sables  que  fussent  les  nuances  qui  ,  sur  certaines  limites,  sépa- 
rent les  différents  genres  composant  Tordre  des  Aquilinés  les 
uns  des  autres,  de  ne  pas  constituer,  des  AigU^s  proprement  dits, 
un  genre  essentiellement  distinct  et  ayant  encore  ses  caractères 

^1)  Rè|;ne  animal,  an.  t. 


274  RETUE    ZOOLOGIQUE,    (^oût    1845.  ) 

particuliers.  Cette  doctrine,  Cuvier  n'a  jamais  cessé  de  lui  étr«r 
fidèle;  le  célèbre  Geoffroy  St-Hilaire  l'a  toujours  professée  ;  c'est 
la  même  encore  qu'enseigne  depuis  longtemps  le  digne  conti- 
nuateur de  son  nom ,  de  sa  science  élevée  et  de  ses  œuvres,  dan» 
ses  cours  publics  au  Muséum  d'histoire  naturelle  et  à  la  Sor- 
bonne.  Il  faut  savoir  gré  à  M.  G.  R.Gray  de  s'y  être  sagement 
conformé  dans  son  List  of  the  gênera  of  Birds,  et  dans  son  bel 
et  bon  ouvrage  de  Gênera  of  Birds,  en  voie  de  publication, 
malgré  l'exemple  de  l'honorable  M.  Temminck. 

Sous  ce  rapport,  il  serait  donc  vrai  de  dire  que  si  Klein  a  créé 
la  dénomination  générique  d''Aquila,  c'est  à  G.  Cuvier  qu'ap- 
partient l'honneur  d'en  avoir  fait  une  saine  application. 


IVoTiCE  sur    le  genre    Pédionome   Pedionomus    (Gould), 
par  M.  0.  Des  ]VIurs(1). 

L'honorable  M.  Gould  ,  avec  la  bonne  foi  que  tout  le  monde 
savant  lui  connaît  et  à  laquelle  nous  rendons  le  plus  sincère  hom- 
mage ,  a  publié  dans  les  Proceeding  Zool.  Soc.  1840,  comme 
créé  par  lui ,  le  genre  Pedionomus  qu'il  établit  sur  une  fort  jolie 
petite  espèce  d'Échassier  de  l'Australie  ,  dont  on  lui  doit  la  des- 
cription et  la  figure ,  sous  le  nom  de  P.  torquatus.  Depuis ,  et  en 
1844,  le  même  ornithologiste  a  décrit  une  seconde  espèce  de  ce 
genre  sous  le  nom  de  P.  macrourus. 

Nous  comprenons  parfaitement  que  M.  G.  R.  Gray  ait  admis 
la  dénomination  de  ce  genre  dans  son  List  of  the  gênera  of 
Birds  1 841 ,  mais  nous  sommes  étonné  que  personne  n'ait  encore 
fait  remarquer  que  cette  dénomination  de  Pedionomus  était  déjà 
ancienne. 

En  eff'et ,  Vieillot ,  en  1 8 1 8  (2) ,  s'en  est  servi  avec  la  désinence 
du  pluriel  Pedionomi ,  et  il  l'a  as-jignée  ,  dès  cette  époque  ,  à  la 
famille  dont  le  genre  Olis  était  pour  lui  le  type  et  le  représentant 
unique.  Il  avait  eu  soin,  selon  sa  louable  habitude,  d'y  joindre 
rétymologie  de  ce  mot  composé  (toôCov  Campus  ,  v£tJLO|xat  Pas- 

(1)  Extraite  de  l'Iconographie  ornitbologique  oa  Recueil  de  planches  peintes  d'Oiseani  ^ 
faisant  soite  aux  planches  enluminées  et  aux  planches  coloriées,  dont  le  prospectas  et 
ta  f*  livraison  viennent  de  paraître  chez  Fr.  Klincksieck,  libraire,  rue  de  Lille,  li. 

(»)  NouT.  Dict.  d'hist.  natnr.,  tome  iU. 


TRAVAUX    INÉDITS.  275 

'Cor)  ;  et  sa  caractéristique  générique  était  celle-ci  :  «  Bec  droit, 
•  un  peu  voûté;  les  trois  doigts  réunis  à  leur  base  par  une  mein- 
»  brane.  > 

Aujourd'hui  que  la  science  ornithologique  a  unQ  tendance  bien 
marquée  à  suivre  le  progrès  des  autres  sciences,  à  poser  des  prin- 
cipes et  des  règles  non-seulement  pour  l'étude  et  le  classement 
des  êtres  dont  elle  s'occupe,  mais  encore  pour  la  manière  d'é- 
crire l'histoire  de  ses  hésitations ,  de  ses  différentes  phases  et  de 
ses  efforts  afin  d'arriver  à  ce  classement,  nous  avons  jugé  qu'il 
ne  serait  pas  inopportun  et  que  l'on  ne  nous  saurait  point  mau- 
vais gré  de  remettre  en  mémoire  aux  ornithologues  ce  fait  pure 
ment  historique. 

IN'est-ce  pas  par  suite  de  ses  recherches  pour  parvenir  à  la  dé- 
couverte et  à  la  constatation  de  la  vérité  en  cette  matière,  que 
M.  G.  R.  Gray  en  est  arrivé,  après  avoir,  dans  sa  première  et 
dans  sa  seconde  édition  de  sa  List  of  the  gênera  of  Birds  1840 
et  1841,  indiqué  Brisson  comme  le  fondateur  du  genre  Aquila 
en  1 760,  à  indiquer  ensuite  comme  en  étant  le  véritable  auteur, 
Mœhring  en  1  752?  se  rapprochant  ainsi  davantage  de  l'exactitude 
historique,  sans  cependant  l'avoir  complètement  atteinte,  ainsi 
que  nous  l'avons  expliqué  dans  notre  notice  sur  ce  môme  genre, 
puisque  nous  croyons  que  c'est  à  Klein  [Historiée  avium  pro- 
dromus  1750) ,  que  doit  être  attribué  le  mérite  et  l'honneur  de 
cette  invention. 

N'est-ce  pas  pour  atteindre  ce  but,  toujours  digne,  de  rendre  à 
nos  prédécesseurs  la  justice  qui  leur  est  due  ,  comme  aussi  pour 
répandre  un  peu  de  clarté  sur  la  synonymie  si  compliquée  en  or- 
nithologie, que  M.  G  R.  Gray  a  toujours  eu  pour  principe  de 
rejeter  tous  les  noms  de  genres  nouveaux  ou  prétendus  tels , 
alors  qu'il  était  certain  qu'ils  avaient  été  déjà  employés  soit  avec 
les  mêmes  désinences  dans  d'autres  branches  des  sciences  ,  soit 
dans  la  même  branche  avec  une  désinence  différente  ?  Tels  que, 
par  exemple,  le  genre  Brachypterus  (Lesson,  Accipitres)  qui  avait 
été  précédemment  employé  avec  une  autre  désinence  Brachy- 
pleryx  (Horsfield,  Turdidés)  ;  le  genre  Sphenurus  (Swainson,  Co- 
lombidés)  déjà  précédemment  employé  en  Sphenura  (Lichten- 
stein,  Sylvidés)  ;  le  genre  Eudromia  (d'Orbigny  et  Isidore 
Geoffroy  St-Hilaire  ,  Tinamidés),  précédemment  employé  en  Eu- 
dromia» (Boié,  Charadridés);  et  le   genre  Polysticla  {ILyioii  ^ 


276  RKVDE  zooLCGu^ci:,   [Août  1815.) 

Analidës)  déjà  employé  en  Polysticle  (Smith,  Bucconidës) ,  car- 
ies exemples  seraient  à  multiplier  à  l'infini. 

D'ailleurs ,  nous  sommes  intimement  convaincu  que  l'hono- 
lable  M.  Gould  ,  une  fois  éclairé  sur  ce  point,  pensera  comme 
nous,  que  Ton  ne  comprendrait  pas  qu'il  fût  possible  de  trans- 
porter à  un  genre  nouveau  une  dénomination  déjà  conférée  à 
tort  ou  à  raison  à  un  genre  tout  autre  et  tout  différent.  Car,  en 
définitive  ,  si  par  suite  de  la  rigueur  de  ces  principes  on  se  trouve 
aujourd'hui  presque  forcé  ,  malgré  l'autorité  du  nom  et  des  ju- 
gements de  Cuvier,  de  souscrire  à  cette  sévérité  de  M.  G.  R. 
Gray,  qui  lui  a  fait  enlever  à  cet  éminent  naturaliste  le  mérite 
de  l'application  si  heureuse  au  genre  Satyra  (Lesson^  du  mot 
Tragupan  que  les  Grecs  et  les  anciens  donnaient  à  un  Oiseau 
demeuré  indéterminé  ,  pour  le  reporter  à  Mœhring  ,  qui  en  avait 
fait  l'application  à  un  genre  de  ('alao  ;  à  plus  forte  raison  devra- 
t-on  souscrire  à  notre  observation  sur  le  genre  Fedionomus , 
alors  surtout  que  le  fait  a  été  déjà  chronologiquement  constaté 
par  M.  le  professeur  L.  Agassiz  ,  en  1 842,  dans  son  Nomenclator 
zoologicus. 

La  conséquence  de  ces  réflexions  serait  le  changement  du  nom 
de  Fedionomus  de  M.  Gould  ,  le  dernier  venu. 

Nous  proposerions  de  le  remplacer  par  celui  de  Turnicigralla, 
qui  indiquerait  ses  rapports  avec  le  genre  Tumix  d'une  part , 
et  les  Gralles  de  l'autre  dont  il  se  rapproche  par  l'absence  de 
plumes  à  la  base  du  tibia. 

Et  alors  du  Fedionomus  torquatus  {Gould)  nous  ferions  Tur- 
nicigralla  Gouldiana ,  d'abord  pour  conserver  le  souvenir  et  le 
nom  de  l'auteur  de  la  découverte  de  ce  joli  genre  ,  et  ensuite 
parce  que  la  spécifique  Torquatus  ne  saurait  sans  inconvénient 
lui  convenir,  le  mâle  du  P.  macrourus,  dont  cet  estimable  orni- 
thologiste n'a  décrit  que  la  femelle,  ayant  un  collier  presqu'en 
tout  semblable  à  celui  du  P.  torqualiis  :  et  du  F.  macrourus  , 
nous  ferions  Turnicigralla  macroura  (  0.  Des  Murs)  Gould. 

Voici  au  surplus  la  caractéristique  du  mâle  de  cette  dernière 
espèce  que  nous  devons  à  l'obligeance  de  notre  excellent  ami 
Ed.  Verreaux ,  et  qui  figurera  dans  uiie  prochaine  livraison  de 
notre  Iconographie  ornithologique. 

Turnicigralla  macroura. — (Fedionomus  macrourus  Gould.) 
Mas—nuchael  peclore  castaneis,  collo  nigro  guttulis  albi» 


TK4VAUX    1!><ÉD1TS.  277 

antice  et  posticc  distincto;  gula  alba;  capite  et  corpore  toto 
supra  fulve  cinerascentibus  nigreque  vermiculatis ;  abdomine, 
lateribus  ac  remigibus  primariis  fulvis ,  nigro  maculatis; 
rostro  et  pedibus  /lavis.  Cauda  fere  nulla;  rectricibut 
setosis. 


Notes  sur  quelques  espèces  Madécasses  de  l'ordre  des  Écuassiers, 
par  M.  le  Docteur  Pucheran. 

1.  Rallidés.  —  Lorsque  nous  avons  commencé  Texamen  des 
espèces  que  nous  allons  décrire,  persuadé  que  nous  étions 
qu'elles  étaient  inédites,  nous  n'avions  d'autre  but  que  renon- 
ciation de  leurs  diagnoses  diflerentielles.  Mais  l'obligation  dans 
laquelle  nous  nous  sommes  trouvé  de  les  comparer  aux  types 
déjà  connus  de  la  même  famille  ,  nous  a  convaincu  de  la  néces- 
sité de  créer  quelques  nouveaux  genres ,  indépendamment  de 
ceux  introduits  déjà  dans  cette  partie  de  l'ornithologie  par 
Bechstein,  Vieillot,  et  plus  récemment  par  MM.  de  Lafresnaye 
et  Gould. 

Un  premier  genre  (Aramide,  Aramides)  comprendra  les 
grandes  espèces  de  l'Amérique  du  sud,  voisines  de  Fulica  cayen- 
nensis  ,  Gm.  {Gallinula  cayennensis ,  Lath. — Rallus  maximus 
Vieill.).  Bec  allongé,  élevé,  comprimé;  mandibule  supérieure 
mousse  et  arrondie  à  partir  du  tiers  antérieur,  plus  aplatie 
dans  tout  le  reste  ,  se  courbant  insensiblement  de  la  base  à  la 
pointe;  mandibule  inférieure  droite  jusqu'à  son  tiers  antérieur, 
où  le*  goniums  se  relèvent;  narines  elliptiques  ,  longitudinales , 
creusées  dans  une  fosse  occupant  la  moitié  du  bec,  sans  sillon 
qui  la  continue  comme  dans  les  Raies;  doigts  très-longs,  mais 
pouce  court ,  surtout  par  rapport  à  la  taille  de  l'animal ,  ce  qui 
les  éloigne  des  Gallinules.  Espèces  :  Gallinula  cayanensis,  Lath. 
—  Gallinula  sarracura  ,  Spix.  —  Gallinula  ruficollis,  Lath., 
qui  ne  nous  paraît  pas  différer  de  Gallinula  mangle ,  Spix. 

Un  second  genre  (Rallite  ,  Rallites)^  comprenant  les  plus  pe- 
tits individus  de  la  famille,  se  caractérise  par  son  bec  comprimé 
égalant  la  tête  en  longueur;  à  mandibule  supérieure  douée  d'une 
arête  bien  marquée ,  finissant  en  arrière  en  pointe  émoussée  , 


278  REVUE  /ooLOGigoK.  [/loût  1845.) 

mais  n'entamant  pas  le  front  ;  à  mandibule  inférieure  droptc 
jusqu'à  la  partie  médiane  où  les  goniums  se  relèvent  ;  ses  doigts 
sont  grêles,  très-allongés,  et  le  pouce  l'emporte  en  longueur  sur 
celui  du  Railas  crex  et  du  Rallas  porzana  ,  qui  cependant  sont 
de  plus  grande  taille  ,  et  dont  la  conformation  rostrale  est  toute 
différente.  A  ce  groupe  nous  semblent  devoir  appartenir  Rallas 
pusillus,  Rallus  Baillonii,  Crex  lateralis ,  Gallinula  exilis , 
Rallus  fuscus ,  etc. 

Un  troisième  genre  (Pokphyriops,  Porphyriops)  nous  est  offert 
par  les  espèces  américaines  qui  présentent  un  bec  presque  aussi 
élevé  qu€  celui  des  Porphyrions  ,  mais  plus  comprimé,  ce  qui 
les  rapproche  de  la  Marouette,  dont  les  éloigne,  au  contraire, 
l'ampleur  de  leur  pouce.  L'individu  figuré  par  M.  J.  E.  Gray, 
dans  l'édition  anglaise  du  Règne  animal  de  Cuvier,  sous  le  nom 
de  Fulica  crassirostris  ^  peut  être  considéré  comme  le  typé  de 
cette  troisième  division. 

Un  quatrième  genre  enfin  (Biensis  ,  Biensis)  nous  semble  de- 
voir être  établi  pour  une  espèce  madécasse,  dont  les  individus 
sont  encore  très-rares.  Le  bec  est  deux  fois  long  comme  la  tête, 
d'une  gracilité  extrême  ;  à  mandibule  supérieure  faiblement  en- 
fléchie  à  la  pointe  ,  présentant  une  arête  aplatie,  devenant  plus 
large  sur  le  méshorinium,  et  échancrant  le  front  par  une  plaque 
triangulaire,  peu  profondément  excavée  en  forme  de  cupule: 
la  mandibule  inférieure  se  relève  un  peu  vers  sa  pointe,  et  forme 
en  cet  endroit  un  petit  crochet  ascendant  :  les  narines  sont  li- 
néaires ,  creusées  dans  une  fosse  très-allongée  et  terminée  par 
un  sillon  qui  parcourt  le  bec  et  ne  cesse  qu'à  un  pouce  en- 
viron de  la  pointe:  les  doigts  sont  grêles,  le  médius  plus  long 
que  le  tarse,  le  pouce  assez  allongé.  L'espèce  type  {Biensis  ty- 
piis ,  Pnch.)  est  olivâtre  en  dessus,  flammèche  de  noir,  le  noir 
occupant  le  centre  de  chaque  plume;  la  tête  est  grise,  noircis- 
sant sur  le  vertex ,  le  milieu  du  menton  blanchâtre  ,  et  le  cou , 
aussi  bien  que  le  thorax  ,  offre  la  teinte ,  mais  bien  affaiblie  ,  des 
parties  inférieures  du  Rallus  fuscus  ;  les  pennes  des  ailes  sont 
noirâtres  en  dessous  ,  brunes  en  dessus  ;  la  taille  est  à  peu  près 
celle  du  Rallus  crex. 

Des  deux  espèces  qu'il  nous  reste  à  décrire  ,  l'une  appartient 
au  genre  ^a//M5  proprement  dit,  l'autre  au  G.  Gallinula.  La 
première  est  olivâtre  en  dessus,  flammêchée  de  noirâtre,  cette 


TRAVAUX    INÉDITS.  279 

couleur  occupant  le  centre  de  la  plume  ;  une  large  tache  blanche 
formant  un  parallélogramme  occupe  ,  à  partir  du  menton  ,  la 
partie  inférieure  du  cou;  le  thorax  et  l'abdomen  sont  de  cou- 
leur rouge  bai  ;  les  tectrices  inférieures  des  ailes  sont  noires  , 
fasciées  de  blanc;  la  taille  est  celle  du  Ballus  torquatus. 

C'est  cette  espèce  que  Cuvier  et  M.  Lesson  ont  désignée  sous  le 
nom  de  Ballus  gularis.  Mais  cette  dénomination  ayant  été  au- 
paravant appliquée  par  M.  Horsfield  au  Ballus  fuscus  ,  L.,  nous 
croyons  convenable  de  lui  substituer  celle  de  Ballus  Cuvieri , 
d'autant  plus  que  MM.  Jardine  et  Selby  l'ont  également  donnée  à 
une  espèce  américaine  qui  mérite  par  cela  même  d'être  autre- 
ment baptisée.  L'individu  dont  nous  venons  de  donner  succinc- 
tement les  caractères  de  Ptilose  est  le  type  même  de  Cuvier,  re 
présenté  par  M.  Guérin  Méneville  dans  son  Iconographie  du 
régne  animal ,  Oiseaux,  pi.  58  ,  f.  1.  :  il  vient  de  l'île  Maurice , 
et  ceux  que  le  Musée  de  Paris  a  reçus  de  Madagascar  en  diffèrent 
par  quelques  différences  de  teinte  dans  la  coloration  des  parties 
inférieures  et  du  tlessus  de  la  tête  et  du  cou,  sur  la  valeur  des- 
quelles notre  opinion  est  loin  d'être  fixée. 

Quant  à  la  Gallinule  [Gallinula  kioloides),  elle  a  le  dessus  du 
cou  et  du  dos  brun  olivâtre,  le  menton  blanc  ainsi  que  la  gorge , 
le  front  blanchâtre,  de  même  qu'une  grande  tache  qui  passe  à 
travers  l'œil  ;  le  dessous  du  cou  ,  la  poitrine,  la  partie  supérieure 
de  l'abdomen  et  les  petites  tectrices  supérieures  des  ailes  sont 
rouge  brique  très-vif,  devenant  plus  sombre  sur  le  croupion  et  les 
pennes  caudales  ;  les  pennes  des  ailes  sont  brunes  et  fasciées  de 
blanc  en  dessus  comme  en  dessous  sur  leur  bord  interne  ;  la 
taille  est  celle  du  Ballus  crex  (1). 

2.  ScoLOPACiDÉs.  —  Bécassine  de  Bernier  {Gallinago  Ber- 
nieriy  Puch.).  —  Espèce  très-semblable  à  la  variété  indienne  du 
Scolopax  Gallinago  par  la  disposition  d'ensemble  et  la  teinte  de 
ses  couleurs ,  mais  s'en  distinguant  par  son  bec  aussi  long  que 
celui  du  Scolopax  paludosa,  dont  elle  diffère  beaucoup  par  la 
taille. 

Nous  ne  connaissons  qu'un  exemplaire  de  ce  dernier  type  spé- 
cifique :  il  appartient  au  Musée  de  Paris.  Quelques  individus  des 

(1)  Cette  espèce  a  les  plus  grands  rapports  par  la  forme  du  bec  et  des  narine»  «Tee 
n.  gularis ,  Jard.  et  Selb  ;  peut  être  sera-l-il  nécessaire  den  former  plus  tard  un  l;p« 
générique  distinct. 


ï 


280  REVUE  zooLOGiooE.  [Aoàt  1845.) 

deux  espèces  plus  haut  décrites  existent  également  dans  notre 
collection  nationale  et  dans  celle  de  M.  le  prince  d'Essling. 


Description  de  quelques  nouvelles  espèces  de  coquilles  fossiles 
et  vivantes  de  la  Sicile ,  avec  l'addition  de  cinq  nouvelles  es- 
pèces de  Polypiers;  par  le  docteur  Pietro  Calcara  ,  de  Pa- 
lerme. 

1.  Lucina  Altavillœ.  L.  testa  magna,  solida,  orbiculari,  pos- 
tice  subsinuata  ,  striis  concentricis  ,  lamelliformibus  ,  lunula 
minima  cordata ,  impressione  musculari  antice  longitudinaliter 
striata.  Cardine  ,  dentibus  lateralibus  destituta. 

Elle  est  voisine  de  la  Lucina  radula  Lamk.  —  Je  ne  connais 
qu'un  seul  exemplaire  trouvé  fossile  à  Altavilla  ,  près  Palerme  ; 
diamètre ,  4  pouces  3  lignes. 

2.  Lima  solida.  L.  testa  magna ,  solida  ,  subovata  ,  depressa  , 
antice  quasi  abscissa  ,  longitudinaliter  striato-ustulata  ,  costis 
17-18.  Pauci  sqamulosi,  auriculis  minimis,  foveola  cardinali 
oblongo-ovata ,  scabra. 

Voisine  de  la  Lima  sqamosa.  Lamk.  —  Trouvée  fossile  dans 
le  tuf  calcaire  d'Altavilla;  long.  3  li2  ,  larg.  2  I[3  pouces. 

3.  Spondylus  Friddanii.  L.  testa  magna  ,  oblongo-ovata  ,  lon- 
gitudinaliter sulcata  et  costata ,  costis  magnis ,  valde  quatuor 
squamosis  ;  imbricatis,  minimis  aculeatis  ,  aculeis  acutis  vel  ob- 
tusis  squamulosis,  valva  inferiore  area  cardinali  plana,  trigona  , 
longitudinaliter  sulcata.  An.  Spondylus  crassicosta.  Lamk? 

Fossile  dans  le  tuf  calcaire  d' Altavilla  ;  long.  6 ,  larg.  4  1/2 
pouces. 

Je  me  plais  à  dédier  cette  espèce  au  savant  amateur  des 
sciences  naturelles,  M.  le  baron  Friddani ,  de  Sicile,  en  témoi- 
gnage de  tout  mon  respect. 

4.  Dolabella  serra  di  falci.  D.  testa  oblongo-ovata ,  dilatata  , 
tenui ,  pellucida  ,  albo-cornea  ,  vix  obsolète  striata  ,  latere  pos- 
tico  coàrctata,  attenuata ,  anterius  elongata  ;  corpore  virescente, 
oblongo  ,  postice  verruculis  rotundatis  cooperto. 

An  dolabella  unguifera  Rang.  ? 

Bullea  ?  serra  di  falci.  Calcara,  Monografia  dei  Generi  Clau- 


TRAVAUX    irSÉDITS.  281 

silia  e  Bulime  con  l'aggiunta  di  alcune   nueve  specie  di   con- 
chiglie,  etc.,  p.  44. 

J  ai  trouvé  cette  précieuse  espèce  dans  la  mer  de  Palerme  en 
octobre  et  en  novembre  ;  long.  8  ,  larg.  4  1  [2  lignes. 

5.  Hélix  assarinensis.  II.  testa  orbiculato-subconoidea,  uui- 
bilicata  ,  fulvo-castanea  ,  albo  niaculata  ,  anfractibus  quinque 
plane  convexis ,  longitudinaliter  oblique  striatis ,  apertura  ro- 
tundato-depressa ,  labro  simplici. 

Affine  alla  Hélix  rupestris.  Drap.  —  Il  convient  de  noter  que 
les  premier  et  second  tours  de  spire  se  présefltent  lisses.  Un  seul 
exemplaire  vivant  a  été  trouvé  près  d'Asaro,  anciennement 
appelé  Assarina  ;  diamètre  environ  3  lignes. 

G.  Paludina  Porrii.  P.  testa  minuta  conico-turrita ,  acuta  , 
lœvi,  nitida,  rufo-fusca  ;  anfractibus  quatuor  convexis,  sutura 
profunda  divisis  ,  apertura  rotundata,  labro  simplici  acuto. 

liissoa  paludinioides.  Calcara,  Monografia  dei  generi  Spiror- 
bis  e  Succinea  con  l'aggiunta  di  alcune  specie  di  conchigliesici- 
liane,  p.  10. 

Habite  l'île  de  Pantellaria  et  le  voisinage  de  Catane.  Elle  m'a 
été  communiquée  par  mon  ami  le  professeur  Andréa  Aradas. 

Long.  1^2,  larg.  l24de  ligne. 

Je  dédie  cette  nouvelle  espèce  au  savant  malocologiste,  M.  le 
comte  Carlo  Porro  de  Milan ,  auteur  de  la  Malocologia  terrestre 
e  flaviatile  délia  proviltcia  Comasca,  en  témoignage  de  ma 
haute  estime. 

7.  Cancellaria  costata.  C.  testa  obonga  turrita,  glabra  ,  lon- 
gitudinaliter costulata;  anfractibus  5  suturis  marginatis ,  im- 
pressis,  costellis  numerosis  obliquis  distantibus  ,  in  medio  sul- 
catis ,  apertura  angulata,  columella  biplicata,  labro  intus  vix 
sulcato. 

Buccinum  costalum.  Calcara  ,  Monografia  dei  generi  Clausilia 
e  Bulime,  etc.,  p.  50. 

Les  plis  de  la  Columelle,  dans  l'exemplaire  que  j'ai  décrit 
comme  Buccinum  ,  étaient  encroûtés  de  calcaire  et  invisibles. 
Fossile  de  Montepellegrino,  trouvé  vivant  près  de  Catane. 
8.  Fusus  La  Viœ.  F.  testa  oblonga  turriculata,   a^S^issima 
anfractibus  8.  subplanis  ,  transverse  profunde  striatis  e/cingula- 
tis  ,  apertura  ovata,  labro  simplici ,  cauda  recta.  ( 

Obs.   On  doit  noter  que  dans  cçtte  espèce  on  trouve  constam- 


b 


28âl  RKVOK    ZOOLOGl^UK.     {JoÛt    18^5.) 

ment  au  milieu  de  chaque  tour  de  spire  un  pli  très- prononcé» 
Trouvée  fossile  à  Altavilla. —  Long.  6  ,  larg.  env.  3  lignes. 

9.  Buccinum  Lamarckii.  B.  testa  ovato- conica ,  glabra  ,  an- 
fractibus  6.  longitudinaliter  costatis,  costis  a  suturis  nodosis  , 
cauda  transversim  striata  ,  columella  longitudinaliter  lamel- 
losa.  —  Long.  \  p.  4  1.,  larg.  maxima  8. 

Fossile  d'Altavilla. 

Je  dédie  cette  espèce  à  la  mémoire  du  célèbre  naturaliste 
Français  de  Lamarck ,  en  témoignage  de  mon  admiration  pour 
ce  grand  génie. 

10.  Lunulites  radiatilis.  L.  polypario  solilario  semigloboso  , 
crasso ,  supra  convexo ,  subtus  piano  aut  concavo ,  toto  lamelloso, 
radiato.  —  Diam.  7  à  8  lignes. 

1 1.  Turbinolia  hamosa.  T.  polypario  solitario  ,  turbinato  cy- 
lindrico.  basi  acute  hamoso,  superficie  toto  longitudinaliter 
Btriato ,  sœpe  muricato  ,  Stella  verticale  rotundata  ,  lamellis  inae- 
qualibus.  — Long.  10.  Larg.  4  lignes. 

12.  Turbinolia  aculeata.  T.  polypario  solitario  turbinato-cla- 
vate  subcompresso ,  basi  arcuato,  longitudinaliter  striato-costato, 
costis  8  sublamellosis  aculeatis ,  Stella  verticalis  ellipsoidea.  — 
Long.  l.Larg.  7  lignes. 

13.  Turbinolia  compressa.  T.  polypario  solitario,  compresso 
dilatato,  prolungate  acuto,  longitudiniiliter  subplicato,  plicis  no- 
dosis, Stella  verticali  oblonga.  — Long.  1  po.  3  lig.  Larg.  1  pouce. 

14.  Turbinolia  Bonellii.  T.  polypario  solitario  turbinato,  sub- 
clavato,  basi  obtuso ,  subarcuato,  longitudinaliter  striato,  costu- 
lato,  costulis  subundatis  scabris,  stella  verticali  rotundata. — 
Long.  1  p.  8  lig.  Larg.  I  pouce. 

Je  dédie  cette  nouvelle  espèce  au  docteur  Nicolas  Bonelli,  mé- 
decin de  Nicosie ,  en  témoignage  de  mon  profond  respect  pour 
son  mérite. 

Ces  cinq  polypiers  ont  été  trouvés  fossiles  dans  le  tuf  de  S.  Gia- 
€omo,  près  Nicosia. 


tràtadx  inémts.  9Bt 

Description  de  quelqnes-uns  des  Insectes  les  plus  remarquable» 
découverts  par  M.  A.  Delegorcue  dans  les  pays  des  Boschi- 
mans ,  des  Ama  Zoulous,  des  Massilicatzi  et  au  Port  Natal  , 
pendant  les  années  1838,  39 ,  40,  41  ,  42,  43  et  44  ;  par 
H.  GUÉRIN  Méneville. 

Avant  de  passer  à  la  description  du  choix  d'insectes  remar- 
quables que  nous  avons  fait  dans  la  belle  collection  rapportée 
par  M.  Delegorgue  ,  nous  croyons  devoir  donner  à  nos  lecteurs 
une  idée  du  voyage  périlleux,  long  et  pénible,  que  cet  intrépide 
naturaliste  a  entrepris  dans  une  partie  de  l'Afrique  encore  vierge 
pour  les  sciences  naturelles. 

Parti  de  France  en  mai  1838,  M.  Delegorgue  arriva  au  Cap  à 
la  fin  d'août  suivant.  Il  explora  d'abord  le  Versooren  Valley  pen- 
dant plusieurs  mois  ,  et ,  peu  de  temps  après,  en  partie  à  cheval 
pour  se  rendre  aux  frontières  du  pays  des  Boschimans.  Les  con- 
trées qu'il  parcourut,  stériles ,  ingrates,  brûlées  par  le  sel,  dont  le 
terrain  est  imprégné  ,  et  par  un  soleil  ardent ,  ne  lui  offrirent 
rien  de  remarquable.  Les  habitants  sont  cependant  hospitaliers 
et  ont  conservé  les  mœurs  patriarcales  telles  qu'elles  étaient 
du  temps  de   Levaillant. 

Huit  mois  après  son  arrivée  au  (lap ,  M.  Delegorgue  se  rendit 
par  terre  au  Port  Natal ,  pays  neuf  du  contact  des  blancs,  vierge 
d'explorations  scientifiques  ,  et  qui  promettait  d'abondantes  dé- 
couvertes au  naturaliste.  Ces  lieux  sont  couverts  de  profondes 
forêts,  asile  d'animaux  inconnus,  dont  M.  Delegorgue  fit  une 
ample  récolte.  En  janvier  1840  il  fut  distrait  de  ses  recherches 
scientifiques  par  une  guerre  contre  les  Ama-Zoulous ,  à  laquelle 
il  prit  part,  et  il  ne  put  les  reprendre  qu'après  deux  mois  de 
campagne.  ^ 

En  septembre  1840  il  passait  un  mois  entier  à  chasser  les  Hip- 
popotames. Ce  n'était  encore  que  le  prélude  d'une  chasse  bien 
autrement  intéressante,  celle  des  Éléphants ,  à  laquelle  il  consa- 
cra une  année  entière  dans  le  pays  du  roi  Panda,  chef  des  Ama- 
Zoulous.  11  commençait  ces  chasses  le  15  octobre  1841,  et  les 
terminait  le  9  octobre  1842. 

En  mai  1843  il  partit  pour  le  pays  des  Massilicatzi  ,  distant  de 
255  lieues  du  Port-Natal ,  et  situé  entre  23°  18'  et  25°  0'  lat.  sud, 
et  entre  27o  0'  et  29"  0'  long.  est.  Cette  dernière  excursion  ,  bril- 


i284  KKVUE  zooLOGiguE.  {^oût  1845.) 

lantepar  les  résultats  obtenus,  lui  coûta  plus  de  10,000  fr.  On 
lui  vola  un  chariot  avec  chargement  ,  munitions  ,  fusils  et 
bœufs  ;  il  perdit  en  outre  trente-six  bœufs  de  trait,  qui  succom- 
bèrent de  maladie  ;  ses  chiens  de  chasse  moururent  tous  ,  et  ses 
gens,  tous  plus  ou  moins  affectés  eux-mêmes,  quoique  naturels 
du  pays,  ne  lui  rendaient  que  peu  de  services.  Il  resta  trois  mois 
dans  cette  fâcheuse  position  ,  emprisonné  dans  le  désert  ,  à  la 
veille  d'être  dénué  de  munitions,  la  seule  ressource  du  voyageur. 
Enfin  il  réussit  à  en  sortir ,  après  avoir  failli  perdre  toutes  ses 
collections  au  passage  d'une  rivière,  où  les  bœufs  ,  entraînés  par 
un  courant  rapide,  furent  sur  le  point  de  se  noyer.  Durant 
ce  séjour  forcé  dans  le  désert,  il  eut  à  lutter  contre  les  Caffres , 
gens  fourbes  et  pillards,  par  qui  il  aurait  été  infailliblement  as- 
sassiné sans  la  prudence  excessive  à  laquelle  il  recourut  tou- 
jours. Du  reste ,  le  retour  de  M.  Delegorgue  à  Natal  étonna  tout 
le  monde  ,  car  on  avait  fait  courir  le  bruit  de  sa  mort  dans  le 
pays,  et  cette  nouvelle  avait  été  accréditée  par  les  journaux  an- 
glais qui  l'avaient  répandue. 

C'est  en  novembre  1 844 ,  six  ans  et  demi  après  son  départ,  que 
M.  Delegorgue  est  revenu  en  F'rance.  Il  y  a  apporté  les  riches 
collections  recueillies  pendant  ce  long  et  périlleux  voyage.  Du 
reste,  M.  Delegorgue,  et  un  naturaliste  suédois,  M.  Wahlberg  , 
qui  s'y  trouvait  en  même  temps ,  sont  les  seuls  Européens  qui 
aient  exploré  ce  pays  sous  le  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle, 
et  qui  soient  parvenus  à  pénétrer  aussi  avant  dans  ces  contrées 
encore  si  peu  connues. 

M.  Delegorgue  aurait  pu  aller  plus  loin  encore  s'il  n'avait  pas 
été  embarrassé  par  ses  collections.  11  pense  que  les  ob- 
stacles qui  empêcheront  les  voyageurs  de  pénétrer  plus  avant , 
sont  surtout  la  disette  d'eati,  et  les  dissentions  qui  existent  conti- 
nuellement entre  les  diverses  tribus.  11  croit  cependant  qu'on 
pourrait  traverser  jusqu'à  des  colonies  portugaises  restées  ignorées 
ou  oubliées  des  Européens,  et  situées  à  une  grande  distance  dans 
l'intérieur.  Pour  y  parvenir  il  faudrait  avoir  des  ressources  autres 
que  celles  d'un  particulier  :  il  faudrait  l'appui  d'un  gouverne- 
ment éclairé  et  généreux. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  M.  Delegorgue  a  enrichi  la  zoologie  d'un 
grand  nombre  d'objets  nouveaux  et  remarquables.  Obligé  de  ti- 
rer parti  de  ses  récoltes  pour  couvrir  une  portion  minime  def 


TRATALX    INÉDITS.  285 

dépenses  qu'il  a  faites  pendant  ce  long  voyage  ,  il  a  placé  déjà 
dans  divers  musées  une  grande  partie  des  animaux  qu'il  a  re- 
cueillis. Cependant  il  lui  reste  encore  un  bon  nombre  de  mam- 
mifères précieux  et  plus  de  deux  mille  oiseaux,  parmi  lesquels 
se  trouvent  toutes  les  espèces  décrites  par  Smyth  et  beaucoup 
d'espèces  nouvelles.  Ses  insectes  ont  également  été  vendus  à  di- 
vers amateurs  et  marchands;  ceux  que  nous  allons  décrire  nous 
ont  été  cédés  ou  communiqués  par  lui,  et  plusieurs  étaient 
uniques  dans  sa  collection.  La  majorité  d'entre  eux  offre  une 
physionomie  analogue  à  celle  des  Insectes  du  cap  de  Bonne-Es- 
pérance ;  mais,  quoique  appartenant  à  des  groupes  semblables  , 
ce  sont  pour  la  plupart  des  espèces  différentes  et  nouvelles. 
Quelques-uns  semblent  se  rapprocher  de  la  physionomie  de 
l'entomologie  du  Sénégal  et  des  côtes  de  la  Guinée.  Enfin  il  y  a 
quelques  espèces  identiques  avec  celles  qui  ont  été  découverte» 
récemment  en  Abyssinie. 

1 .  Tefjlus  fJelegorguei.  Niger  ;  thorace  punctato ,  latiore  quam 
longiore.  Elytrissulcatis  ,  sulcis  elevato-punctatis;  tibiis  extror- 
sum  longitudinaliter  sulcatis.  —  L.  55.  1.  20  mill.  —  H.  in  re- 
gione  Massilicatzi. 

2.  Anthia  massilicata.  Nigra  ,  ovata;  labro  utrinque  emar- 
ginato.  Elytris  octo-costatis ,  margine  albo  integroque,  angulum 
humeralem  non  attingente.  —  L.  41.  1.  14  mill. — H.  in  regione 
Massilicatzi. 

3.  Jnthia  cephalotes.  Nigra,  elongata,  parallela  ;  labro  levi- 
ter  utrinque  emarginato;  capite  magno ,  supra  duabus  vittis 
longitudinalibus  maculaque  alba  utrinque  infra  oculos;  medio 
thoracis  lata  vitta  flava  ;  elytris  elongatis  ,  sulcatis ,  maculis  tribus 
(una  scutellari  )  basalibus  fulvo-flavis,  posticè  albo  marginatis. 
—  L.  31.  1.  9  1/2  mill.  — H.  in  regione  Massilicatzi.  1 

4.  Atïthia graphijpteroides .  Nigra,  depressa et  postice  dilatata, 
lata  vitta  longitudinali  flava  in  medio  capitis,  thoracis  et  basi 
suturae.  Elytris  basi  profunde  sulcatis,  foveolatisque ,  duabus 
maculii  transversalibus  obliquisque  ultra  médium  flavis.  —  L. 
28,  1.  9  mill.  —  H.  in  regione  Massilicatzi. 

5.  Moluris  cuhica.  Nigra ,  laevigata ,  nitida  ,  subquadrata  ,  fera 
plana  supra  dorsum  ;  thoracis  lateribus  rugoso-punctatis  ;  elytris 
sutura  costaque  laterali  elevatis  ;  pedibus  pilis flavis  tectis. — L.  23. 
l.  13  mill.  —  H.  in  regione  Massilicatzi. 


àéC  REVUE   ZOOLOGIQUË,    {j4oÛt    1845.) 

6.  Moluris  discoidea.  Nigra ,  obscura  ;  thorace  orbiculato ,  for- 
titer  cribralo  punctis;  elytris  subtiliter  granulatis,  dorso  ferw 
complanatis,  lateribus  rotuiïdatis  ,  valida  laterali  carina  acuta  et 
marginis  lateralibus  infra  carinam  obliquis  ;  pedibus  squami» 
fulvis  tectis.  —  L.  21.  1.  12  mill. —  H,  in  regione  Massilicatzi. 

7.  Moluris  variolosa.  Obscure- castanea;  thorace  orbiculato, 
fortiter  crebre-punctato  ;  elytris  crebre  punctatisseu  foveolatis, 
complanatis,  lateribus  fere  rectis,  valida  carina  laterali  acuta  et 
marginibus  lateralibus  \nfra  carinam  obliquis  ;  pedibus  squamis 
obscure  fulvis  tectis.  —  L.  1 3. 1.  8  mill.  —  H.  Port  Natal. 

8.  Monomma  giganteum.  Ovatum ,  nigrum ,  opacum ,  punc- 
tatum.  Elytris  subtiliter  punctatis,  striis  punctorum  fortiorum. — 
L.  13  1/2.  1.  8  mill.  —  H.  Port  Natal. 

9.  Dorcasomus  Delegorguei.  —  Cyaneus  nitidus.  Elytris  laete 
flavis  ;  lœvigatis  ,  apice  cyaneis.  Pedibus  punctatis  subvillosis.  — 
L.  3,6.  1.  11  mill.  —  H.  iri  regione  Massilicatzi. 

10.  Polycleis plumbeus.  Oblongus,plumbo-colore;  elytris  sub- 
tiliter rugosis ,  striato-punctatis.  Corpore  infra  cineraceo-albido 
pubescente.  —  L.  21.  1.  9  mill.  —  H.  in  regione  Massilicatzi. 

Nous  représenterons  la  plupart  de  ces  espèces  intéressantes 
dans  un  prochain  cahier  du  Magasin  de  Zoologie  en  en  donnant 
une  description  plus  détaillée. 


II.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

EsERCiTAziONi  ACADEMicHE ,  ctc.  Excrcices  ùcadémiques  des  as- 
pirants naturalistes  de  Naples.  Juin,    1839  et  1840.  Naples, 


Ce  cahier  contient  les  travaux  zoologiques  su  ivants  : 
1<>  Description  de  deux  nouvelles  espèces  de  Lépidoptère  ,  par 

Ach.  Costa, 

L'une  appartient  à  la  famille  des  Diurnes  et  au  genre  Satyrus^ 
l'autre  à  celle  des  Nocturnes  et  au  genre  Ornix. 

1.  Satyrus  belzebul.Tah.  Il,  fig.  1  et  2.  S.unicolor  ,  atro 
fuliginosus  ;  alis  posticis  suhtus  aterrimis;  antennarum  clava 
parvula ,  inferne  albida. 

11  a  quelques  rapports  avec  VAlecto  d'Ochsenneimer;  mais  il 


ANALYSES    d'ouvrages    NOUVEAUX.  287 

«st  plus  pelit  ;  il  n'a  pas  comme  lui  des  zones  à  la  face  inférieure 
des  ailes,  et  la  massue  des  antennes  est  bien  plus  petite  ;  la  forme 
des  ailes  n'est  pas  non  plus  la  même.  II  a  été  pris  sur  le  Monte- 
corno  ,  en  Italie  ;  il  volait  le  2  août  au-dessus  d'un  vaste  champ 
de  neige  glacée. 

2.  Ornix  columbœpennella.  —  Tab.  11  ,  fig.  3.— O.  j4lis  an- 
ticis  margaritaceis  ,  maculis  trigonis  margivalibus  plumbeo- 
auralis  ,  fuscoque  irroratis^  punctisque  nigricanlibus  majori- 
bus;  capite^  palpis ,  pedibusque  margaritaceis  ;  oculis  fuscis. 

11  a  été  pris  sur  la  dernière  crête  du  Montecorno^  immobile  et 
accroché  contre  un  rocher. 
2»  Catalogue   de    la  Faune  entomologique   des    environs  de 

lieggio,  par  P.  Corigtiano. 

On  y  remarque,  entr'autres  Lépidoptères,  la  Pyrale  du  Dat 
tier  ,  qui ,  quoique  originaire  d'Afrique  ,   peut  cependant  vivre 
dans  les  environs  de  Reggio  ,  en  mangeant  d'autres  fruits  su- 
crés, mais  un  peu  modifiée  quant  à  la  taille  et  à  la  couleur ,  à  ' 
cause  de  la  différence  du  climat. 

L'auteur  donne  une  description  détaillée  de  Vinsecte  parfait , 
de  la  nymphe  et  de  la  larve  ^  tels  qu'ils  les  a  vu  se  développer  , 
fcn  faisant  éclore  des  œufs  venus  d'Afrique  dans  une  caisse  de 
Dattes. 
3°  Nouvelles  recherches  sur  l'organisation  des  Reptiles  (avec 

figures) ,  par  S.  Tommasi  et  Ant.  de  Martine. 

Voici  les  faits  nouveaux  contenus  dans   ce  mémoire. 

Art.  L  Viscères  abdominaux.  —  On  trouve  chez  les  Lacertiens 
un  corps  cylindrique  qui  part  de  la  face  concave  de  la  rate ,  se 
porte  à  droite  pour  s'unir  presque  à  angle  droit  au  pancréas.  Il  est 
formé  d'un  faisceau  de  petits  vaisseaux  parallèles  entre  eux.  11 
commence  vers  la  rate  par  un  renflement  sphérique,  se  rétrécit  en- 
suite ,  puis  se  porte  vers  l'extrémité  du  pancréas  sans  changer  de 
calibre.  Ce  renflement  n'est  pas  immédiatement  appliqué  contre 
la  rate,  mais  seulement  situé  près  d'elle;  tandis  qu'il  a  un  intime 
rapport  avec  la  substance  du  pancréas.  Lisse  à  la  superficie  à 
l'oeil  nu ,  à  la  loupe  il  présente  un  grand  nombre  de  replis 
semblables  à  ceux  que  forment  les  conduits  spermatiques.  11  est 
blanc  grisâtre;  son  parenchyme,  vu  au  microscope  ,  est  iden- 
tique à  celui  du  pancréas. 

Cette  disposition  établit  une  analogie  de  rapport ,  de  la  rate 
Tome  Vlll.  Année  1845.  19 


I 


?88  RKVDE  ZOOI.OGiyiJE.    [Août   1845.) 

avec  le  pancréas  ,  entre  les  Lacertiens  et  les  Ophidiens  ;  cher  ce» 
derniers,  en  effet,  il  y  a  adhérence  intime  desdenx  organes.  Serait- 
ce  un  canal  destiné  à  conduire  une  substance  élaborée  dans  la 
rate?  On  ne  peut  le  dire.  Seulement  les  usages  accordés  à  la 
rate  des  Mammifères  par  quelques  auteurs  ne  semblent  pas  être 
les  mêmes  chez  les  Reptiles. 

Les  auteurs  ont  constaté  que  le  conduit  cholédoque  passe  dans 
le  tissu  cellulaire  qui  sépare  les  deux  lobes  du  pancréas  de  la 
Coluber  atrovirens  et  de  la  Nalrix  torquata  ,  pour  se  jeter  dans 
le  duodénum  sans  contracter  de  communication  avec  la  sub- 
stance de  cette  glande. 

Art.  II.  Sur  les  organes  génitaux  des  Lacertiens.  Ces  anato- 
mistes  décrivent  en  outre  un  organe  qu'ils  pensent  avoir  dé- 
couvert les  premiers.  C'est  un  petit  corps  ovoïde  ,  allongé , 
d'un  roux  jaunâtre,  de  quelques  lignes  de  long.  Il  existe  dans 
les  deux  sexes ,  chez  les  femelles  à  la  partie  supérieure  et 
interne  de  l'ovaire  ;  chez  les  mâles  entre  le  testicule  et  l'épidi- 
dyme. 

Chez  les  femelles  surtout,  l'uretère  qui  le  traverse  pour  aller 
à  l'ovaire  correspondant ,  est  très-visible ,  et  son  diamètre  est 
plus  considérable  que  ne  semblerait  l'exiger  le  volume  de  l'or- 
gane. Leur  identité  dans  les  deux  sexes  porte  à  penser  qu'ils 
ont  le  même  usage ,  lequel  est  inconnu.  Serait-il  destiné  à  faire 
subir  au  sang  une  modification  qui  le  rendrait  plus  convenable 
aux  sécrétions  des  organes  génitaux  ? 
4"  De  Vorgane  auditif  des  Reptiles  (par  les  mêmes). 

Situation  chez  les  Lacertiens.  —  L'organe  auditif  est  creusé 
non -seulement  dans  le  Rocher,  comme  dans  les  autres  Reptiles, 
mais  encore  dans  Voccipital  latéral ,  qui  renferme  un  limaçon 
rudimentaire  avec  la  fenêtre  ronde  correspondante.  Le  Rocher 
est  fort  développé  ;  ce  qui  détermine  le  grand  développement 
de  la  région  temporale  des  Lacertiens. 

Conduit  auditif  externe.  —  Un  conduit  auditif  externe  rudi- 
mentaire commence  à  apparaître  dans  cet  ordre.  11  a  environ  un 
tiers  de  ligne  de  profondeur  ;  il  est  elliptique  ;  son  plus  grand  dia- 
mètre est  perpendiculaire  au  corps  de  l'animal.  Il  est  constitué 
en  avant  par  Varc  Sigmoïde  de  l'os  tympanique .,  en  bas  par 
l'apophyse  du  maxillaire  inférieur  ;  au  fond  est  tendue  la  mem- 
brane du  tympan,  brillante,  comme  micacée.  La  partie  posté- 


ANALYSES    u'oOVRAGliS    NOUVBADX.  289 

«•ieure  de  la  circonférence  externe  du  conduit  est  un  peu  plus 
«levée,  et  la  peau  forme  un  espèce  de  repli  susceptible  d'être 
tiré  en  avant  et  retiré  en  arrière  à  l'aide  des  muscles  sous-cuta- 
nés et  par  les  mouvements  de  la  tête.  De  cette  manière  il  peut 
fermer  le  conduit  externe  à  la  manière  d'une  valvule;  et,  en 
outre,  influer  par  sa  tension  ou  son  relâchement  sur  la  tension 
ou  le  relâchement  de  la  membrane  du  tympan  qui  en  est  une 
continuation. 

Membrane  du  tympan.  —  Elle  est  excessivement  mince ,  mais 
dénature  cornée,  ce  qui  lui  donne  de  la  résistance  en  même 
temps  qu'une  grande  élasticité,  qui  donne  une  grande  finesse  à 
leur  sens  de  l'ouïe.  Elle  est  formée  de  deux  feuillets  membraneux 
très-minces  ,  unis  par  leurs  faces  opposées  à  l'aide  d'un  tissu 
cellulaire  très-délié.   Le  feuillet  externe  est  une  modification  de 
la  peau  qui  pénètre  dans  le  conduit  auditif.  L'interne  est  la  con- 
tinuation de  la  muqueuse  du  pharynx  qui  pénètre  par  la  trompe 
d'Eustache.  11  n'y  a  pas  de  membrane  propre  entre  ces  deux-là, 
Les  auteurs  donnent  le  nom  d^apophyse  centroïde  à  une  apo- 
physe de  la  mâchoire  inférieure,  déjà  notée  par  quelques  au- 
teurs, et  qui  est  un  prolongement  de  l'apophyse  condyloïde  de 
la  mâchoire  inférieure.  Elle  forme  le  tiers  inférieur  du  cercle 
auquel  s'attache  la  membrane  du  tympan.  Comme  elle  est  située 
en  arrière  de  l'articulation  de  la  mâchoire,  il  en  résulte  que 
lorsque   la  bouche  s'ouvre,   l'apophyse   précédente  relâche  la 
membrane  du  tympan ,   et  la  tend  quand  elle  se  ferme.  Cette 
particularité  physiologique,  disent  ces  auteurs,  n'avait  pas  en- 
core été  notée  avant  eux.  Ils  ont  constaté  aussi  que  la  partie  pos- 
térieure du  cercle  ,  auquel  s'attache  la  membrane  du  tympan  , 
est  formée   par  un  tissu  ligamenteux  (  et  non  cartilagineux , 
comme  le  dit  VVindischmann)  qui  se  prête  aux  mouvements  im- 
primés à  la  membrane  du  tympan. 

11^  volume.  —  2'  partie. 

r  Observations  anatomiques  sur  la  Lamproie,  Petromizon  ma- 
rinus  ,  par  MM.  Tommasi  et  de  Martino.  Mémoire  lu  le  31 
mai  1840. 

Les  auteurs  de  ce  travail  se  sont  proposé  de  rechercher  s'rl 
n'existerait  pas  sur  les  autres  Poissons  cartilagineux  des  ves- 
tiges de  l'appareil  électrique  des  Torpilles, 


290  REVUE   ZOOLOGJQUE.    {^oûl    1845.) 

Ils  ont  remarqué  derrière  la  cavité  nasale  du  Petromizon  ma- 
rinus  un  petit  corps  mou  et  roussâtre  qui  apparaît  au  travers 
de  la  peau ,  très-mince  en  cet  endroit.  C'est  une  masse  gélati- 
neuse d'un  bleu  clair  rosé.  Au  microscope  il  présente  des  cylin- 
dres repliés  sur  eux-mêmes.  11  est  enveloppé  d'une  membrane 
très-ténue  ,  et  séparé  des  muscles  occipitaux  dorsaux  ,  entre  les- 
quels il  est  placé,  par  un  tissu  cellulaire,  qui  lui  sert  comme  de 
capsule.  De  sa  partie  postérieure  partent  en  divergeant  plusieurs 
faisceaux  musculaires  ,  constitués  par  autant  de  fascicules  très- 
petits  disposés  obliquement  comme  les  dents  d'un  peigne. 

La  base  de  ce  petit  corps  se  continue  avec  la  paroi  supérieure 
du  crâne ,  et  pénètre  dans  sa  cavité  au  niv.eau  du  sommet  des 
lobes  antérieurs;  cependant  il  n'est  pas  en  contact  immédiat 
avec  eux.  Un  filet  nerveux  part  de  la  partie  antérieure  de  ces 
lobes,  l'autre  de  la  partie  postérieure.  L'antérieur,  très -fin  , 
semble  aller  vers  l'oreille  ;  le  postérieur  s'identifie  avec  le  petit 
corps  dont  il  s'agit.  Ils  le  considèrent  comme  doué  de  la  faculté 
électromotrice,  par  conséquent  analogue  à  l'appareil  électrique 
des  Torpilles  ;  et  à  cause  de  son  voisinage  avec  le  cerveau  ,  comme 
un  organe  de  sens  ou  de  tact  exquis. 

Quant  à  l'oreille ,  la  membrane  interne  de  son  sac  vestibu- 
laire  présente  trois  plis  qui  sont  les  rudiments  des  canaux  demi- 
circulaires.  Cet  organe  auditif  se  rapproche  beaucoup  de  celui 
des  Céphalopodes. 

lis  décrivent  en  outre  un  petit  corps  situé  au-dessous  de  l'estomac 
entre  les  deux  ovaires.  Il  est  lobule,  calleux,  réniforme,  long  de 
2  lignes  et  demie  et  large  de  2.  11  est  recouvert  par  le  péritoine  ; 
il  se  prolonge  à  chaque  extrémité  en  forme  de  canal ,  qui  ne  pa- 
raît avoir  aucun  rapport  avec  les  oviductes.  Ceux-ci,  injectés 
au  mercure,  se  replient  sur  les  ovaires  à  leur  sommet ,  tandis 
que  par  l'autre  bout  ils  s'ouvrent  dans  le  cloaque.  2®  Au  milieu  de 
l'ovaire  et  des  vaisseaux  veineux  de  l'abdomen  ils  ont  vu  un 
corps  glanduleux.  Il  commence  au-dessous  de  l'estomac  et  va  se 
terminer  dans  un  appendice  du  mésentère,  2  pouces  avant  le 
cloaque.  11  ressemble  à  un  corps  glandulaire.  Un  pouce  avant  sa 
terminaison  il  présente  un  appendice  vermiculaire  ,  blanc  gri- 
sâtre, long  de  4  lignes,  qui  s'en  sépare  à  angle  droit  et  se  porte 
vers  sa  face  postérieure  qui  adhère  à  la  colonne  vertébrale.  Au 
même  niveau  que  cet  appendice ,  sur  cette  face  postérieure  ,  on 


ANALYSES    d'oUVRAGES    NOUVEAUX.  291 

voit  un  corps  cylindrique  du  calibre  et  de  lu  couleur  de  l'ap- 
pendice  précédent.  î>a  surface  est  parcourue  par  deux  capillaires 
flexueux.  Il  se  prolonge  en  arrière  pour  adhérer  à  la  colonne 
vertébrale. 

L'appendice  ,  examiné  au  microscope  ,  a  paru  tout  à  fait  vas- 
culaire.  L'usage  de  ce  corps  est  tout  à  fait  inconnu. 
2°  Sur  les  Forficules  des  Deux-Siciles  ,  par  Ach.  Costa. 

M.  Costa ,  passant  en  revue  les  espèces  du  genre  Forficule  qui 
appartiennent  au  royaume  de  Naples  ,  et  en  possédant  un  grand 
nombre  d'individus  ,  a  rencontré  des  variétés  intéressantes  de 
dix  espèces  de  ce  genre ,  et  les  décrit  avec  détail  ;  elles  appar- 
tiennent aux  espèces  suivantes  :  1.  Forficula  gigantea  (Fabr.). 
2.  marginella  (Costa).  3.  maritima  (Bon.).  4.  auricularia  (Linn.). 
5.biguttata  (Lutr.).  6.  minor  (Linn.).  7.  prsinii  (Gen).  8.  pedes- 
tris  (Bon.).  9.  decipiens  (Gen.).  10.  acanthopygia. 
3®  Sur  l  animal  de  la  Janthine  et  sur  ses  diverses  espèces , 

par  Ach.  Costa.  Lule  X'^''  janvier  1841. 

Ce  travail  contient  une  description  détaillée  de  \a.  Janthina 
bicolor,  dans  laquelle  l'auteur  rectifie  plusieurs  imperfections 
des  travaux  de  ses  devanciers,  surtout  quant  à  l'appareil  flot- 
teur de  ce  Mollusque  ;  il  a  recherché  expérimentalement  quels 
pouvaient  être  ses  usages.  De  cette  partie  du  mémoire  il  résulte, 
1°  que  les  attaches  du  pied  avec  l'appareil  flotteur  sont  intimes, 
les  fibres  et  les  vaisseaux  qui  constituent  la  partie  postérieure  du 
pied  se  divisant  en  autant  de  rameaux  qu'il  y  a  de  divisions  à 
l'appareil  ;  2°  que  ,  contrairement  à  ce  que  dit  Bosc,  l'animal  ne 
peut  pas  resserrer  ou  dilater  à  volonté  cet  appareil ,  ni  l'intro- 
duire dans  l'ouverture  de  sa  coquille  ;  3"  enfin,  que  les  cellules 
sont  persistantes  ,  sans  communications  entre  elles,  et  altérables 
seulement  par  rupture. 

L'auteur  donne  en  outre  l'anatomie  de  tous  les  autres  organes, 
déjà  décrits  par  Cuvier,  Forskal ,  etc.. 

Mais  il  énonce  plusieurs  faits  nouveaux  à  propos  du  mode  de 
propagation  de  ces  animaux,  1"  les  Janthines  mettent  au  monde 
des  petits  munis  d'une  coquille  semblable  à  celle  de  la  mère  ;  au 
microscope  elle  est  d'un  jaune  doré  ,  et  d'un  violet  pâle  à  l'œil 
nu;  mais  elles  n'ont  pas  une  matrice  située  au  cou,  comme  le 
veut  Forskal.  2"^  Dans  le  premier  âge,  ils  sont  munis  de  deux 
faisceaux  de  tentacules  vibratiles,  disposés  en  éventail  et  repliés 


292  REVUE  zooLOGîQUr;.   {Joût  ÎS45.) 

en  sens  opposé  sur  les  côtés  qui  remplacent,  chez  les  jeunes^ 
Tappareil  flotteur  des  adultes;  leurs  vibrations  sont  rapides  r 
semblables  à  celle  des  Trichodes  ,  et  l'animal  s'en  'sert  comme 
d'un  moyen  de  progression.  3"  La  coquille,  d'abord  rudimen- 
taire,  presque  conique,  à, base  oblique,  acquiert  peu  à  peu  la 
forme  spirale;  dans  cet  état,  elle  a  deux  tours  de  spire  et  n'a 
qu'un  centième  de  ligne.  4"  Il  est  vrai,  comme  le  dit  Goates  , 
que  sous  l'appareil  flotteur  des  adultes,  on  trouve  attachés  de 
petits  sacs  pyriformes  à  plusieurs  compartiments ,  remplis  de  pe- 
tits œufs:  ces  œufs,  suivant  M.  Costa,  appartiennent  à  un  autre 
genre  de  Mollusque  marin,  qui  les  dépose  et  les  attache  à  cet 
appareil  ,  sur  lequel  ils  restent  à  l'état  de  parasites  jusqu'à 
l'entier  développement.  Observés  au  microscope,  ils  présentent 
des  formes  rudimentaires  assez  différentes  de  celles  des  Jan- 
thines.  5°  Carburio  rapporte,  sans  la  discuter,  l'opinion  populaire 
qui  veut  que  les  Janthines  soient  mères  des  Valelles.  11  est  de 
fait  que  souvent  on  trouve  une  Janthine  attachée  à  une  Valellc 
Uii  examen  attentif  montre  que  la  Janthine  tient  la  Val  elle  à 
peine  attachée  avec  sa  bouche  ,  ou  à  moitié  avalée  ,  et  il  n'est  pas 
rare  d'en  trouver  de  petites  entières  dans  l'estomac  des  Janthi- 
nes. C'est  ce  qui  a  fait  croire  aux  marins  que  les  unes  sont  en- 
gendrées par  les  autres. 

Dans  une  deuxième  partie ,  l'auteur  donne  une  synonymie 
complète  des  espèces ,  afin  de  faire  éviter  la  confusion  qui  s'est 
glissée  dans  les  descriptions  ,  faute  de  la  connaître  suffisamment. 
Il  décrit  dans  cette  synonymie  deux  variétés  de  la  /.  communis 
(Lamk.),qui  portent  à  penser  qu'il  ne  faut  pas  trop  tenir  compte 
de  l'allongement  ou  de  la  dépression  de  la  spire  et  de  l'axe, 
comme  caractères  différentiels  des  espèces. 
40  Note  sur  le  Petromizon  marinus,  par  M.  Costa. 

Cette  note  a  été  écrite  pour  ajouter  quelques  faits  à  la  descrip- 
tion de  MM.  Tommasi  et  D.  Martino;  elle  traite  seulement  des 
points  suivants  : 

l  "  Les  appendices  qui ,  sous  forme  de  frein ,  attachent  l'intestin 
à  là  paroi  dorsale  de  l'abdomett  ,  ne  Sont  pas  tous  quatre  vascu- 
laire*  ;  le  supérieur  est  un  nerf  qui  part  du  rachis  et  va  se  ré- 
pandre sur  les  tuniques  de  l'intestin;  il  est  accompagné  de  vais- 
seaux sanguins.  Le  second  est  un  filet  nerveux  frangé  ,  avec  de» 
vaisseaux  plus  gros  et  plus  nombreux  que  pour  le  précédent.  Le 


ANALYSES    d'ouvrages    NOUVEAUX.  293 

troisième  est  une  artère  entourée  de  veines  et  de  lymphatiques. 
Le  quatrième  est  une  veine. 

2<»  Près  de  l'anus  est  un  court  mésentère  ,  qui  part  de  la  ligne 
médiane  antérieure  et  inférieure,  se  replie  sur  les  côtés  des 
parois  abdominales,  et  fixe  le  canal  alimentaire  au  reste  du 
corps. 

3°  Les  vaisseaux  sanguins  nombreux  qui  sont  réunis  à  la  par- 
tie interne  de  l'intestin,  près  du  cloaque ,  s'anastomosent  avec 
ceux  des  autres  parties  du  corps  dans  le  voisinage  de  l'anus. 
6®  Recueil  des  espèces  les  plus  intéressantes  des  Hémiptères - 

hétéroptères  recueillies  en  Sicile ,  et  description  de  quelques 

espèces  nouvelles  des  environs  de  Pa/cr me,  par  Ach.  Costa. 

L'auteur  a  remarqué  que  le  Prostemma  brachelytrum  (Du- 
four)  n'est  pas  plus  développé  sous  le  climat  chaud  de  la  Sicile 
qu'ailleurs;  les  ailes  et  les  élytres  sont  rudimentaires,  tron- 
quées ,  et  laissent  voir  à  découvert  une  partie  de  l'abdomen. 

Après  avoir  présenté  quelques  autres  observations ,  l'auteur 
décrit  les  espèces  nouvelles  suivantes  :  1 .  Nabis  major ^  2.  Syro- 
mastes  longicornis ,  3  Pachyconis  hirtus ,  4.  et  une  espèce 
nouvelle  formant  un  genre  nouveau  qu'il  appelle  Acanthotho- 
rax.  Son  A.  siculus  est  une  petite  Punaise  longue  de  trois  lignes, 
assez  rare  à  Palerme. 

M.  A.  Costa  termine  son  mémoire  en  donnant  le  catalogue  des 
Hémiptères  hétéroptères  récoltés  en  Sicile. 
iî"  Observations  sur  le  développement  des  œufs  du  Rhizostome 

bleu  (Cuv.),  par  M.  Salvator  Tommasi.  {Lues  le  3  mars  1842.) 

H  résulte  de  ce  travail ,  1"  que  dans  le  Rhizostome,  les  ovaires, 
représentés  par  de  simples  interstices  cellulaires ,  n'étant  pas 
pourvus  d'oviductes,  il  faut  que  les  œufs  se  fassent  route  dans  le 
tissu  cellulaire  de  l'ovaire  même  ,  et  de  là  passent  dans  les  par- 
ties voisines. 

2»  Ces  organes  générateurs  des  œufs  dans  les  Méduses,  que 
l'on  sait  être  situés  à  la  base  des  ouvertures  qui  pénètrent  dans 
la  cavité  centrale ,  sont  des  Sporigènes  permanents ,  et  non  de 
vrais  ovaires  ;  car  ces  œufs  ne  sont  formés  que  par  une  substance 
globulaire  outre  la  membrane  extérieure,  laquelle  substance 
prend  ensuite  les  formes  spéciales  et  propres  à  l'animal  auque 
elle  appartient  ;  mais  on  n'y  verrait  pas  la  vésicule  proligère  et  la 
tache  germinalive,  ainsi  que  l'avance  Wagner. 


29^4  RtvoE  zooLOGiyUK,  [Août  1845.) 

3°  L'auteur  a  trouvé  les  œufs  du  Rhizostome  dans  le  chapeau, 
vers  sa  face  inférieure;  logés,  soit  dans  les  canaux  longitudi- 
naux, soit  dans  ceux  qui,  du  centre  de  ce  chapeau,  vont  à  sa 
circonférence ,  ou  dans  ceux  qui  sont  disposés  transversalement 
autour  du  chapeau  même. 

4°  Il  a  vu  un  œuf  arrivé  presqu'à  son  complet  développement 
dans  le  chapeau ,  et ,  en  général ,  les  œufs  trouvés  dans  cette  par- 
tie de  l'animal  sont  d'autant  plus  développés  qu'on  les  trouve 
plus  près  du  centre.  Chaque  œuf  avait  autour  de  lui  des  globules 
présentant  des  mouvements  très-distincts;  tandis  que  l'œuf  était 
tout  à  fait  immobile.  L'auteur  ne  sait  pas  si  ces  globules  doivent 
être  considérés  comme  parîie  intégrante  de  l'œuf,  ou  apparte- 
nant à  la  substance  propre  de  la  Méduse  au  milieu  de  laquelle 
l'œuf  se  trouvait. 

5°  Quant  au  développement  successif  des  parties ,  on  aperçoit 
d'abord  dans  l'œuf  une  substance  fluide  qui  n'a  pas  encore  pris 
la  forme  globulaire.  Elle  est  enveloppée  dans  le  chorion ,  en 
dedans  duquel   on   aperçoit  bientôt  un  autre  trait  qui  semble 
être  une  membrane  concentrique  à  la  première,  mais  que  l'auteur 
regarde  comme  un  vaisseau  apparaissant  d'abord  à  la  périphérie  ; 
puis  au  centre  apparaît  bientôt  l'embryon  en  forme  de  cloche  ; 
il  est  entouré  de  globules  ovoïdes  et  elliptiques  qui  se  portent 
d'un  point  à  l'autre ,  et  qu'il  considère  comme  le  rudiment  d'au- 
tant de  vaisseaux  longitudinaux,  allant  de  la  périphérie  vers  le 
centre  ;  c'est  cette  opinion  qui  a  engagé  l'auteur  à  penser  que  la 
limite  concentrique  au  chorion  n'est  qu'un  vaisseau  circulaire 
qui ,  d'abord,  établit  des  anastomoses  avec  les  globules  ovoïdes. 
Viennent  ensuite  les  rudiments  des  bras,  qui  se  partagent  en 
quatre  parties,  et  la  continuation  de  la  double  limite  du  chapeau 
au  pédoncule,  établie  par  la  communication  entre  les  vaisseaux 
transverses  ou  périphériques  de  la  surface  inférieure  du  chapeau 
et  ceux  des  bras.  Plus  tard  ,  la  sphéricité  du  chapeau  est  parfaite, 
la  double  limite  constante,  et  on  voit  huit  vésicules  pédiculées 
qui  s'insèrent  au-dessous  du  centre  du  chapeau,  qui  ne  sont 
autre  chose  que  les  huit  appendices  triangulaires,  deux  pour 
chaque  bras ,  et  font,  comme  le  dit  Garus  ,  de  véritables  organe» 
respiratoires. 

1"*  Note  sur  la  Noctiluca  tintinnabulum ,  avec  quelques  obsef" 
valions  relatives  à  ce  genre,  par  P.  0.  G.  Costa. 


ANALYSES    d'ouvrages   NOUVEAUX,  295 

Cet  article  contient  une  description  minutieuse  de  respèce, 
avec  quelques  remarques  sur  sa  structure ,  et  une  revue  critique 
de  ce  qui  a  été  écrit  jusqu'à  ce  jour  sur  le  genre  Noctiluca. 

(Ch.  Robin.) 


Bulletin  de  l'Académie  des  aspirants  naturalistes  de  Naples  , 
pour  1843;  in-8*. 

Dans  le  bulletin  du  mois  d'avril  on  trouve  une  note  de  M.  Do- 
rotea  sur  un  cas  de  moisissures  floconneuses  et  vertes  dévelop- 
pées dans  le  mésentère  d'une  perdrix,  réduite  à  une  émaciation 
extrême  par  suite  d'une  mauvaise  nourriture. 

AI.  de  Maria  fait  connaître  une  tumeur  trouvée  dans  la  cavité 
thoracique  d'une  poule,  entre  les  muscles  intercostaux.  Elle 
était  remplie  de  plumes,  les  unes  rudimentaires,  les  autres 
bien  développées,  toutes  étaient  implantées  dans  la  membrane 
interne  du  kyste  ,  qui  dans  le  reste  de  son  étendue  était  rempli 
d'une  substance  huileuse. 

Dans  les  bulletins  de  la  même  année,  M.  Ach.  Costa  donne 
une  série  de  notes  sur  l'époque  de  l'apparition  des  insectes  après 
l'hiver.  Ces  notes  contiennent  la  diagnose  latine  avec  des  re- 
marques, sur  plusieurs  espèces  d'insectes  qu'il  a  découverts  dans 
'Ces  recherches  ,  ce  sont  ; 

1°  Vin^Anthicus  qu'il  décrit,  mais  qu'il  ne  nomme  pas, 
page  55. 

2°  VApate  cylindrica  Costa ,  page  125. 

3°  La  Lemavitligera  Costa,  page  125. 

H  donne  aussi  les  différences  sexuelles  des  Leptura  hastata 
et  Leptura  cruciata,  page  97.  (Cn.  Robin  ) 


Ornitologia  Powszechna,  etc.  Tyzenhauza.  Vilno  ,  1843.  —  Or- 
nithologie générale;  par  M.  Koustantego  Tyzenhauz.  In-S*». 


Vilna,  t: 


Depuis  longtemps  nous  nous  proposons  de  rendre  compte  de 
cet  ouvrage  remarquable  à  tous  égards  ;  et  nous  nous  empressons 
aujourd'hui  de  remplir  ce  que  nous  considérons  à  plus  d'uri 


fiM  REVUE  ZOOLOGigUE.   [Août   18^5.) 

titre  comme  un  devoir  ,  nous  dirons  même  mieux  ,  comme  une 
justice. 

En  effet,  il  y  a  bien  des  années  ,  pour  ne  pas  dire  plus  d'un 
siècle,  que  la  Pologne,  cette  antique  et  brave  nation  ,  si  féconde 
en  esprits  intelligents  et  en  âmes  vigoureusement  trempées , 
n'avait  fait  acte  d'existence  dans  les  sciences  naturelles  ;  il  faut 
remonter  jusqu'à  Rzaczynsky  pour  trouver  trace  de  son  tribut 
scientifique,  c'est-à-dire  à  1  721  pour  la  zoologie.  Non  que  nous 
voulions  dire  que  la  Pologne  ait  été  stationnaire  sur  ce  terrain 
depuis  cette  époque  j  car  M.  Tyzenhauz  est  venu  nous  prouver 
le  contraire  par  ses  notes  de  Bibliographie  Ornithologique  ;  mais 
enfin  ces  travaux  n'ont  eu  que  peu  d'écho  et  de  retentissement 
hors  du  pays  qui  les  vit  naître. 

C'est  un  tribut  de  ce  genre  que  M.  Gr.  K.  Tyzenhauz  vient 
apporter  à  sa  patrie,  en  mettant  au  jour  et  en  publiant  une  or- 
nithologie générale.  Certes  l'entreprise  est  considérable,  mais 
elle  n'est  pas  au-dessus  des  forces  de  son  auteur,  d'après  ce 
qu'en  donnent  à  juger  et  son  manuel  ornithologique  et  son  pre- 
mier volume  d'ornithologie. 

L'auteur  a  judicieusement  compris  d'abord  ,  que  pour  initier 
ses  compatriotes  à  la  science  des  Oiseaux,  il  fallait  avant  tout 
leur  présenter  comme  un  corps  de  doctrine  où  ils  pussent  pui- 
ser, en  même  temps  que  les  vrais  et  sains  principes  de  la  science, 
les  règles  établies  pour  la  classification  ,  ainsi  que  la  technologie, 
ou  l'emploi  discret  des  termes  de  convention  adoptés.  Il  a  donc 
commencé  par  rédiger  une  espèce  de  manuel ,  dans  lequel ,  à. 
l'instar  de  Buffon ,  de  Mauduyt,  de  Latham  et  de  Daudin,  il  a 
réuni  tout  ce  qu'il  est  indispensable  de  connaître  pour  bien  ap- 
prendre et  bien  étudier  cette  classe  si  intéressante  de  vertébrés. 
Non  content  d'indiquer  dans  sa  langue  nationale  les  termes  ap- 
pliqués à  chacune  des  pièces  de  lostéologie  des  Oiseaux,  et  à 
chacun  des  détails  de  leur  physiologie ,  il  a  encore  poussé  le 
scrupule  jusqu'à  dresser  un  tableau  fort  complet  et  enluminé  , 
de  toutes  les  combinaisons  de  couleurs  admises ,  à  chacune  des- 
quelles il  a  donné  son  nom  latin,  de  manière  à  faciliter  le  tra- 
vail de  tous  ceux  qui  voudraient  faire  en  langue  latine  la  des- 
cription exacte  d'un  Oiseau.  C'est  le  tableau  synoptique  de 
tous  les  systèmes  de  classification  ,  depuis  celui  de  M.  Duméril  , 
Ï80G  ,  jusqu'à  celui  de  Cuvier,  1817  ,  et  celui  bien  plus  récent 


ANALYSES    d'oOVRAGES   NOUVEAUX.  297 

encore  de  notre  savant  professeur  M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hi- 
laire  ,  basé  sur  la  conformation  de  l'aile,  qui  compose  ce  que 
nous  appellerons  le  manuel  de  M.  Tyzenhauz,  qu'il  a  fait  pa- 
raître en  1841  ,  sous  le  titre  de  Zasady  Ornitologii ,  et  qu'il  a 
divisé  en  ïaxonomie,  en  Glossologie  et  en  Terminologie. 

Ces  prolégomènes  ont  d'autant  plus  d'importance  qu'ils  sont 
à  eux  seuls  toute  une  création  de  l'auteur  qui  a  éfé  obligé  , 
nous  ne  dirons  pas  seulement  d'exhumer,  mais  encore  de  créer, 
pour  les  parfaire,  une  espèce  de  glossaire  ornithologiqufe,  dont 
manquait  en  quelque  sorte  jusqu'à  ce  jour  la  Pologne  ,  malgré 
les  rares  travaux  de  ses  naturalistes  ;  car  nous  devons  ajouter  à 
réloge  de  M.  Tyzenhauz  qu'il  a  pris  à  honneur  de  restituer  aux 
naturalistes  Polonais  qui  ont  écrit  depuis  Razczinal^y,  la  place 
qui  leur  appartient  dans  la  science.  C'est  ainsi  qu'il  cite  à  leur 
rang  de  date  les  noms  de  Czenpinskiego  en  1789  ,  de  Kluka  en 
1 797 ,  de  Beseke ,  qui  a  écrit  sur  les  Oiseaux  de  la  Courlande  ,  de 
1792  à  1800,  de  Jundzilla,  en  1807  ,  de  MM.  les  professeurs  Ja- 
rockiego,  en  1821,  Rustema ,  Kumelskiego  et  Gorskiego  ,  en 
1836  et  1837,  etc. 

Le  1"  volume  de  l'ornithologie,  publié  en  1843,  est  tout  en- 
tier consacré  à  une  ornithologie  générale,  telle  que  l'avait 
conçue  il  y  a  quarante  ans  Daudin ,  ou  description  de  tous  les 
oiseaux  connus  ,  d'après  la  méthode  de  Temminck  ;  chaque  fa- 
mille ,  chaque  genre  sont  précédés  de  l'indication  de  ses  carac- 
tères, chaque  description  vient  ensuite,  précédée  d'une  syno- 
nymie latine  et  d'une  courte  diagnose  en  langue  polonaise.  Ce 
1"  volume  s'arrête  au  genre  ^nt^MS  inclusivement ,  ce  qui  en 
fait  supposer  encore  trois  autres,  que  nous  désifons  impatiem- 
ment voir  bientôt  publiés. 

Nous  avons  parcouru  avec  attention  cette  première  partie ,  et 
nous  n'avons  que  des  éloges  à  y  donner.  Nous  y  avons  remarqué 
de  bonnes  réflexions  générales  ,  soit  sur  la  composition  et  l'éta- 
blissement de  divers  genres  ,  tels  que  les  genres  Corvus,  Myio- 
thcra,  Lanius ,  Sylvia,  soit  sur  la  synonymie  de  quelques  es- 
pèces ,  telles  que  le  Striœ  Lapponica  ,  que  l'auteur  a  cru  devoir 
nommer  S.  microphlhaïma ,  ainsi  que  sur  la  MolaciUa  flava 
i  qui  prêtera  encore  long-temps  à  bien  des  commentaires,  et 
dont  l'honneur  du  dernier  mot  appartiendra  sans  doute  à  M.  le 
prince  de  Mnsignano). 


298  REVUE   ZOOLOGKJUE.    [Août    18^5.) 

Nous  engageons  cependant  l'auteur,  en  revoyant  son  livre  qui, 
nous  l'espérons,  jouira  de  plus  d'une  édition,  à  le  compléter 
sous  le  rapport  de  quelques  espèces  dont  il  n'a  point  fait  men- 
tion ,  quoique  acquises  à  la  science  depuis  bien  des  années,  dans 
les  genres  Aquila ,  Icterus ,  Sylvia ,  etc.  Nous  ne  saurions  lui 
faire  un  reproche  de  ces  omissions  qu'il  suffira  d'indiquer  pour 
les  voir  réparer  ,  car  le  nombre  considérable  des  ouvrages  cités 
et  consultés  par  cet  ornithologiste  Polonais  donne  la  mesure  de 
l'étendue  de  ses  connaissances  et  de  la  profondeur  de  ses  études 
en  histoire  naturelle. 

Cet  ouvrage ,  nous  le  disons  avec  conviction  ,  outre  son  carac- 
tère éminemment  national ,  fera  dans  la  science  un  beau  nom  à 
M.  Tyzenhauz,  que  nous  excitons  fermement  à  persévérer  dans 
son  honorable  tâche.  Et  nous  ne  serions  pas  étonné  ,  grâces  à  cet 
élan  qu'il  vient  d'imprimer  à  cette  partie  de  l'histoire  naturelle 
en  Pologne,  de  voir  ses  compatriotes ,  dont  l'intelligente  acti- 
vité ne  demande  qu'un  aliment ,  se  jeter  à  sa  suite  dans  l'étude 
de  l'ornithologie ,  et  lui  taire  faire  des  progrès  rapides.  C'est  au 
surplus  un  vœu  sincère  que  nous  formons  et  qui  sera  partagé  par 
tous  nos  collègues ,  comme  par  ceux  qui  auront  occasion  de  par- 
courir l'œuvre  si  consciencieuse  de  M.  Tyzenhauz. 

0.  DES  Murs. 


Catalogo  metodico,  etc.  —  Catalogue  méthodique  des  Cypri- 
nides  d'Europe  ,  suivi  de  remarques  sur  le  volume  1  7®  de  VHis- 
toire  naturelle  des  Poissons  ,  de  M.  Valenciennes;  par  le  prince 
Ch. -Lucien  Bonaparte.  —  In-4°.  Milan,  1845. 

Ce  catalogue ,  traité  avec  le  soin  ,  la  conscience  et  le  talent 
que  le  prince  Bonaparte  apporte  à  tous  ses  travaux ,  sera  d'une 
grande  utilité  aux  zoologistes,  et  il  serait  à  désirer  que  toutes  les 
familles  des  Poissons  fussent  ainsi  arrangées  dans  des  catalogues 
aussi  bien  faits.  Le  prince  Bonaparte  ne  s'est  pas  borné  à  ranger 
chaque  espèce  sous  son  nom  de  genre  ;  il  a  cité  le  principal  au- 
teur qui  a  le  mieux  décrit  ces  espèces ,  ainsi  que  l'ouvrage  où  se 
trouvent  ces  descriptions ,  et  il  a  donné  la  formule  dentaire  de 
toutes  les  espèces.  Nous  ne  pouvons  donner  qu'un  court  extrait 
de  cet  intéressant  travail  et  des  remarques  dont  il  est  suivi. 


ANALYSES    D'oUVftiGES    NOUVEAUX.  299 

Le  sarant  roologiste  divise  les  Cyprinides  d'Europe  en  deux 
sous-familles,  les  Cyprinini  et  \es  Leuciscini.  La  première  com- 
prend 7  genres,  et  la  seconde  13.  Dans  ces  20  genres  sont  ré- 
parties 12f)  espèces  propres  à  l'Europe. 

Viennent  ensuite  les  remarques  du  prince  ,  sur  le  i  7™'  volume 
de  M.  Valenciennes.  Ce  travail  élant  peu  susceptible  d'analyse , 
nous  le  donnons  presque  en  totalité. 

Je  me  réjouis  en  premier  lieu ,  dit  son  auteur,  de  ce  que,  dan» 
Tavertissementau  commencement  du  volume,  M.  Valenciennes  a 
soutenu  uneopinioncontraireàcelle  qui  voudraitdiviserultérieu- 
rement  le  genre  Leuciscus  de  Cuvier  ;  je  cite,  comme  devant  être 
respectés  autant  que  ce  genre  dans  leur  division,  \esMuscicapa, 
Motacilla  et  Turdus,  qu'aujourd'hui  nul  zoologiste exprimenté ne 
voudrait  laisser  dans  leur  intégrité  primitive.  Quel  est  ,  en  effet , 
le  naturaliste  qui  ne  distinguerait  aucune  diversité  générique 
entre  les  Goujons  et  les  Tanches ,  et  à  qui  il  vînt  dans  l'esprit  de 
réunir  aux  Leucisci  l'excellent  genre  Ahramis  de  son  immortel 
maître;  il  respecte  beaucoup  moins  les  genres Bhodeus,  Rhoxi- 
nus  et  Aspius  d'Agassiz  ,  et  beaucoup  moins  encore  mon  genre 
Scardinius  ,  que  je  m'applaudis  cependant  tous  les  jours  davan- 
tage d'avoir  établi. 

Je  passe  sous  silence  tout  ce  qu'il  dit  de  ses  espèces  du  genre 
Ahramis ,  parce  que  l'Italie  ne  les  possède  pas. 

Il  répète  plusieurs  fois  dans  son  livre  qu'à  la  fin  de  1822  les 
espèces  italiennes  des  Leuciscini  furent  classées  et  nommées 
dans  le  Musée  de  Paris  ;  mais  je  ne  juge  nullement  d'après  le 
même  volume  dans  quel  sens  cela  est  vrai. 

C'est  précisément  parce  qu'il  a  une  seule  série  de  dents  pha- 
ryngiennes ,  chose  encore  observée  par  M.  Valenciennes ,  que  le 
Leuciscus  rutilus  est  placé  dans  un  genre  différent  de  Very- 
throphthalmus  ^  lequel  en  a  deux.  Si  pourtaqkt  cette  observation 
très-juste  dévoile  une  erreur  d'Agassiz,  elle  encourage  en  même 
temps  les  règles  des  autres  qui  en  ont  perfectionné  les  idées. 

Je  crois  désormais  que  le  L.  erythrophthalmus  du  Milanais 
et  du  Piémont ,  c'est-à-dire  celui  de  ma  Faune ,  est  une  espèce 
distincte  ,  que  Heckel  a  déjà  appelée  Scardinius  hesperidicus  , 
mais  on  ne  le  trouve  pas  à  Rome. 

Les  exemplaires  que  j'ai  dit  lui  avoir  envoyés  de  Rome  (d'où  je 
pourrais  encore  lui  avoir  envoyé  un  Poisson  américain) ,  seront 


h 


300  REVUE   ZOOLOGIQDE.    {AoÛi   1845.) 

certainement  des  exemplaires  que  je  recevais  du  Piémont ,  si 
pourtant  ce  ne  sont  pas  des  exemplaires  de  Scardinius  scardafa. 
Mais  comment  expliquerons-nous  ,  d'autre  part ,  qu'il  enregistre 
à  mon  scardafa  ce  synonyme  de  Verythrophthalmus  ,  si,  immé- 
diatement après,  il  l'enregistre  lui-même  pour  bonne  espèce  ? 

Le  Leuc.  decipiens  (Agassiz),  vrai  Leuciscus ,  a  les  dents 
unisériales  ;  il  n'a  que  faire  avec  le  Se.  erythrophthalmus ,  ni 
avec  le  Se.  rubilio,  qu'il  soit  ou  non  une  bonne  espèce. 

11  se  trompe  beaucoup  quand ,  à  la  page  124  ,  il  croit  que  les 
variations  d'une  espèce  à  l'autre  sont  trop  grandes  pour  pouvoir 
en  juger  par  induction.  Je  puis,  par  exemple  ,  lui  assurer  que  le 
Se.  scardafa  est  semblable  par  les  dents  à  Verythrophthalmus. 
Je  ne  sais  ce  qu'il  entend  par  les  lacs  de  Venise ,  où  il  dit  qu'il 
se  trouve  ;  ce,  n'est  certainement  pas  dans  les  lagunes.  M.  Valen- 
ciennes  observe  très-bien  qu'il  ne  peut  pas  se  confondre  avec  le 
L,  ruhilio  {Leucos} ,  qui  n'est  pourtant  pas  congénère  du  dobula 
(Squalius). 

Le  L.  marrochius  (  Val.  )  est  une  confusion  inextricable.  Le 
marrochius  (Costa),  que  je  ne  connais  pas,  mais  que  d'après  la 
figure  je  pourrais  croire  le  Se,  scardafa  ,  est  un  Poisson  napoli- 
tain ,  qui  ne  se  trouve  certainement  pas  à  Turin ,  où  l'on  pêche, 
au  lieu  de  lui ,  le  Se.  hesperidicus  de  Heckel  (Scaverde).  Ce  qu'il 
dit  de  la  Faune  italienne  ,  relativement  à  ce  nom  Scaverde,  est 
totalement  inexact. 

Le  L,  scarpetta  (Val.) ,  du  lac  Trasiménique ,  n'est  autre  chose 
que  mon  Se.  scardafa.  On  l'appelle,  par  mépris  et  avec  d'autres 
noms  grossiers,  Scarpata  ,  Scarpettaccia;  je  ne  me  serais  ja- 
mais douté  de  ce  que  serait  le  Scarpetta.  Si  le  Squalius  albus 
lui  a  été  envoyé  de  Pérouse  sous  le  nom  de  Scarpata ,  ce  fut  cer- 
tainement par  erreur ,  carie  5g.  albus  est  appelé  uniquement 
alho  dans  le  Trasimène. 

Le  L.  lasca  (Costa)  est  une  espèce  mal  établie.  Mais  M.  Va- 
lenciennes  a  raison  d'avertir  que  le  nom  de  Lasca  est  générique  , 
le  vulgaire  le  donnant  à  beaucoup  de  Leuciscini. 

Le  L.  rutilus  (Val.)  (  Gardon  ) ,  est  certainement  un  Leucos., 
comme  cela  se  voit  encore  d'après  la  description;  et,  après  con- 
frontation faite,  je  ne  sais  pas  le  reconnaître  différent  du  Leucos 
iTUtilus  de  l'Europe  septentrionale  et  orientale. 


ANALYSES    DOUVRAGES   NODVEADX.  301 

Le  L.  aula  est  encore  un  Leucos  qui  vit  également  dans  le 
Piémont. 

L.  Fucini{hp.).  C'est  une  assertion  gratuite  et  certainement 
erronée  que  ce  Poisson  ait  été  déterminé  d'après  les  observations 
deSavigny.  Il  est  petit,  très-ressemblant  au  Leuc.  trasimenicus 
(  et  non  au  rutilus);  mais  le  Leuc.  trasimenicus  est  propre  au 
lac  de  Pérouse  ,  tandis  que  celui-là  semble  particulier  au  lac 
de  Fucino. 

Le  L.  roseus  (  Bn.  )  est  du  Piémont  et  non  de  la  Lombardie  ; 
bien  loin  d'être  détruite  par  l'action  de  l'alcool ,  sa  couleur  se 
maintient  toujours  ,  si  toutefois  elle  n'est  pas  produite  par  lui. 
C'est  à  tort  pourtant  que  M.  Valenciennes  lui  rapporte  le  pigo 
(  Leucos  pigus  )  de  couleur  obscure,  dont  les  individus  d'au- 
tomne ,  sinon  les  femelles  ,  s'appellent  encore  encobia  en  Lom- 
bardie. ÎSotez  ensuite  que  le  singulier  Carassius  qui  me  fut 
envoyé  de  Milan  pour  indigène  de  ses  lacs  ,  puis  reconnu  pour 
une  variété  du  C.  auratus  ,  ne  s'appelle  pas  Ancobia,  comme 
on  me  l'a  écrit  par  erreur.  Le  L.  pigus  pourtant  et  le  roseus  ne 
vivent  pas  dans  le  midi  de  l'Italie  ,  ni  en  Toscane  ni  à  Rome  ;  il 
convient  donc  de  dire  que  M.  Valenciennes  n'a  pas  fait  attention 
aux  figures  que  je  lui  envoyais  moi-même  dans  une  lettre  , 
quand  il  écrit  sur  le  roseus  ,  certainement  piémontais,  qui  lui 
fut  envoyé  de  Rome  d'où  il  pouvait  recevoir  des  objets  amé- 
ricains ou  chinois. 

Le  L.  rubella  (Bp.)  est  un  Leucos  de  Heckel ,  différent  de 
celui  que  nous  appelons  ainsi;  et  pour  cette  raison  il  devra 
changer  son  nom  pour  le  second.  Les  jeunes  du  Pigo  peu- 
vent ressembler  au  Poisson  romain  ,  mais  ne  sont  pas  cer- 
tainement identiques  avec  lui  ;  et  il  est  hors  de  doute  que 
les  exemplaires  de  Pentiand  et  de  Ricketts  fussent  de  petits 
Pigus  ,  d'autant  plus  que  M.  Valenciennes  ne  pouvait  les  con- 
fronter avec  les  figures  de  Salviani  et  de  Rondelet.  II  se 
trompe  encore  quand  il  dit  que  les  différents  noms  de  la  Rovella 
font  allusion  à  sa  couleur  rosée  ,  parce  qu'au  contraire  le  Pois- 
son est  noirâtre ,  ces  noms  se  rapportent  au  roux  dont  sont 
teintes  les  nageoires. 

Le  L.  Genei  (Val.),  prétendue  découverte  de  Savigny ,  n'est 
pas  mon  poisson  ,  mais  un  des  nouveaux  Leucos  Lombards  du 
docteur  De  Filippi  (  TroUo),  im  peu  modifié  par  la  compilation , 


à 


302  REVUE  zooLOGitDE.   {Août  1845.) 

pour  le  faire  cadrer  avec  celui  de  la  Faune  ,  qui  au  lieu  de  cela 
est  un  Chondrosioma  très-évidemment  (  Strigon  des  Vénitiens, 
Fressa  des  Piémontais ,  Stricc  des  Lombards) ,  type  du  genre 
Chondrorhynchus  de  Heckel  (  lequel  l'a  échangé  avec  mon  Ch. 
Sœtta) ,  poisson  très-bien  décrit  par  le  docteur  De  Filippi  sous  le 
nom  de  Chondrosioma  jaculum. 

Je  n'ai  rien  à  dire  touchant  les  Leucisci  Dobula  qui  sont  de 
vrais  Squalius  normaux  et  Jeses ,  appartenant  au  genre  Idus  de 
Heckel  ,  selon  mes  récentes  observations ,  qui  pourtant  se  rap- 
portent à  un  Cyprinoide  dont  la  nageoire  dorsale  est  placée  en 
arrière  des  ventrales  ,  puisque  ni  l'un  ni  l'autre  ne  sont  Italiens; 
mais  je  ne  peux  faire  moins  que  de  désapprouver  le  système  suivi 
pour  éclaircir  le  genre  Squalius  des  anciens,  que  M.  Falenciennes 
mêle  ainsi  avec  les  Leuciscini  des  autres  genres.  Nul  ne  doute , 
d'autre  part ,  que  le  Squalo  du  Tibre  et  le  Lasca  de  l'Arno  ne 
soient  la  même  espèce.  Plût  au  ciel  que  le  travail  de  l'auteur  sur 
les  Cyprins  d'Europe  fût  comme  celui  où  il  traite  des  espèces  de 
Mugils,  qui  lui  fait  tant  d'honneur,  et  qui  serait  digne  de  Cuvier  ! 

L.  squalius  B  p.  (toujours,  quoique  parla  on  entende  Squa- 
lius tyberinus  B  p.).  Mon  genre  Squalius  est  très-naturel  en  tant 
qu'il  se  compose,  non  de  toutes  les  espèces  que  Heckel  y  a  accu- 
mulées, mais  des  seuls  élégants  Leuciscini  à  deux  séries  de  dents 
pharyngiennes  et  à  bouche  entièrement  terminale. 

L.  albus  (B  p.)  à  présent  Squalius  albus.  L'auteur  aurait  pu 
enrichir  son  article  de  quelque  érudition  sur  ce  qui  regarde  VAlbo 
propre  au  lac  de  Perouse.  Une  preuve  évidente  de  la  rapidité 
avec  laquelle  il  a  écrit  (ceci  soit  dit  pour  sa  justification) ,  c'est 
qu'on  lit  à  la  page  193,  que  le  seul  exemplaire  qu'il  ait  vu  lui  fut 
envoyé  par  moi,  tandis  qu'à  la  page  127  lui-même  avait  dit  en 
avoir  reçu  un  autre  sous  le  nom  de  Scarpata. 

L.  Rubilio  et  non  Rubelio  (B  p.l.  Ce  n'est  pas  un  Squalius 
comme  les  précédents,  mais  un  vrai  Leucos  à  dents  unisériales, 
dont  l'auteur  ne  mentionne  nullement  la  localité. 

L.  Trasimenicus  (B  p.).  C'est  encore  un  Leucos  de  Heckel  à 
dents  unisériales  et  bouche  terminale,  dont  notre  auteur  aurait 
pu  dire  quelque  chose  de  plus. 

L.  cavedanus  (B  p.).  C'est  un  Squalius  tellement  typique  que 
plusieurs  bons  zoologistes  ne  veulent  pas  qu'il  soit  distinct  du 
Squalius  tyberinus.  Dans  ce  cas ,  pour  ceux  qui  adopteront  1« 


A'SUYSKS    b'()L\liA(;KS    >t)L'VK\UX  303 

îïenre  Squaiius  .  l'espèce  devra  <kie  appelée  Sqtiaiiiis  caveda- 
nus.  11  n'en  sera  pourtant  pus  ainsi  dans  la  nianièie  de  voir  des 
zoologistes  qui  ne  l'adoptent  pas,  et  qiii  alors  devront  l'appeler 
//.  squaiius  au  lieu  de  L-  cavedanus  Je  suis  rassuré  en  voyant 
que  cette  espèce,  qui  n'est  pas  celle  qu'on  trouve  aux  environs 
de  Rome  ,  soit  admise  par  M.  Valencienues  ;  puisqu'on  doute  tou- 
jours plus  si  l'élévation  du  corps  et  la  rétro  position  de  la  naireoire 
dorsale  peuvent  mériter  une  distinction  spécifique. 

L.  ryzda  i^Val.).  Sous  ce  nom  l'auteur  décrit  évidemment  le 
Pigo  ^  dont  il  vient  ainsi  confirmer  l'exi-tence  sans  le  voiUoir. 
Ceci  admis,  il  est  naturel  qu  il  ne  veuille  pas  qu'il  soit  éloigné 
du  L.  lioseus ;  m-d'is  mon  Chondrosloma  ryaela^  ou  pour  mieux 
dire  Ch.  soelta  ,  est  sans  aucun  doute  un  Chondrosloma  ,  type 
du  genre  6ViO«dror/iî/wc/m5d'Heckel,  qui  ayant  à  tort  appliqué  le 
nom  de  Soella  au  Chondosloma  Genei  y  l'appela  Ch.  nasicus: 
tandis  que  De  Filippi  le  rapporte  au  Ch.  nasus  ,  au  mépris  du 
nom  vulgaire,  de  l'élévation  du  corps,  et  du  nombre  différent  des 
dents,  qui  a  continué  d'être  presque  toujours  sept  d'une  part*, 
six  de  l'autre ,  et  quelquefois  sept  chez  l'un  et  l'autre.  J'aban- 
donne à  M.  Valencienues  la  figure  de  la  Faune  italienne, 
qui,  quoiqu'il  l'appelle  excellente ,  est  peut-être  la  pire  de  toi:t 
l'ouvrage  ;  mais  s'il  s'était  donné  la  peine  de  lire  ma  description  , 
il  ne  demanderait  plus  pourquoi  j'ai  comparé  ce  Poisson  au  Cy 
prinus  nasus.  Il  est  étrange  que  d'un  côté  on  me  dise  que  le 
Poisson  en  question  n'est  pas  du  genre  du  Nasus  ,  et  de  l'autre 
De  Filippi  l'y  réunit  spécifiquement.  Il  est  certain  néannioin^ 
que  le  Ch.  Soelta  appartient  à  ce  genre,  et  cette  espèce 
était  nouvelle  quand  je  la  publiai.  Il  est  également  certain  que 
je  Poisson  rapporté  d'une  manière  erronée  au  mien,  par  M.  Va- 
lenciennes,  est  un  Leucos  très-voisin  du  lioseus  et  de  son  sup 
posé  Genei^  mais  non  de  mon  Genei,,  qui  (je  ne  le  répéterai 
jamais  a-sez)  est  un  Chondrosloma ,  de  même  que  le  .\asus  et  le 
Soella. 

L.  lleegeri.  Je  me  confirme  toujours  davantage  dans  l'idée  d'é- 
lever ce  l'oisson  à  la  dignité  de  genre  sous  le  nom  de  IleegeriUs 
typus ,  parce  que  ,  au  tranchant  de  la  bouche  et  à  la  dentition  du 
Scardinius ,,  il  réunit  la  forme  de  corps  d'un  irès-svelte  Squa- 
iius ;  et  cela  soit  dit  pour  rclahlir  le  texlf  de  ma  Faune  estropié 
f)ar  M.  Valenciennes. 

Touie  Vm.  Année    184.').  20 


304  HKVDK   zo()i,()c;i(jUK.  {Août  18i.'>.) 

L.  altUS  B  p.  .  La  description  ne  met  pas  le  lecteur  dans  le 
cas  de  reconnaître  quel  est  le  Poisson  envoyé  à  M.  A^alenciennes, 
par  M.  le  comte  Borroriiëe.  Le  nom  vulgaire  de  Cavazzino  le 
rapporterait  au  Squalius  cavedanus,  mais  penchant  plutôt  à  le 
croire  un  des  trois  Leucos  nouveaux  du  docteur  De  Filippi,  un 
desquels  (le  Pagellus),  je  verrais  avec  déplaisir  céder  le  nom  à 
mon  L.  elalus^  non  altus. 

L.  Savignyi.  Attaqué  de  tous  les  côtés,  et  comme  espèce  et 
comme  genre  ,  mon  Telesies  Savignyi  pourra  difficilement  se 
soutenir.  Quant  à  Fespéce  ,  le  docteur  De  Filippi  la  veut  absolu- 
ment identique  à  mon  T.  mutieeîlus ,  ce  dont  je  ne  doute  pa» 
moi-même,  quant  aux  exemplaires  envoyés  à  M.  Valenciennes  , 
par  Savigny,  sous  le  nom  de  Cyprinus  aphya.  Le  genre  est  battu 
en  brèche,  tant  par  les  réunisseurs  ,  tels  que  M.  Valenciennes, 
que  par  les  subdiviseuns  ^  comme  M.  Jlecket  ;  la  récente  résipis- 
cence de  ce  dernier  ne  vaut  rien  ,  puisqu'elle  est  fondée  sur  une 
anouialie  des  dents  pharyngiennes,  qui  normalement  sont  dans 
les  Telesies  précisément  comme  dans  mes  Squalius  et  dans  mes 
Leucisci  (malheureusement  pas  ceux  de  M.  Heckel  ).  Leurs  dents 
au  nombre  de  5.  2  =  2.  5  dans  tous ,  sont  bisériales  dans  les  trois 
genres,  ce  que  j'ai  dit  des  Squalius  dans  une  Faune  ,  et  quoique 
M.  Valenciennes  encourage  en  partie  Terreur  que  je  confesse  ,  je 
persiste  toutefois  à  conserver  mon  genre  Telestes  ,  dans  son  inté- 
grité et  non  modifié  comme  le  veut  De  Filippi,  lequel  y  réunit 
des  Leucos  à  dents  unisériales. 

L.  mutieeîlus.  Ce  Poisson  ne  peut  pas  s'appeler  La sca  du  Ti- 
bre ,  à  Pérouse  .  puisqu'il  ne  vit  pas  du  tout  dans  le  fameux  fleuve 
romain.  On  donne  ce  nom  au  Squalius  lyberinus  pour  le  distin- 
guer du  Z«.  trasimenicus.  Les  autres  dénominations  vulgaires  du 
même  Poisson  sont  barbarement  estropiées.  Ici  devrait  suivre  ia 
description  que  l'auteur  annonce  du  Cyprinus  aphya  d'Agassiz, 
qui  est  encore  un  de  mes  Telestes. 

la.  sardella  (Val.).  Nom  imposé  aveuglément  au  supposé  Z. 
dobula ,  du  professeur  Costa  ,  qui  ressemble  tant  à  mon  Leuco& 
rubella. 

L.  cornes ,  L.  albidus  ,  L.  brutius ,  L.  vulturius.  Ce  sont  des 
espèces  de  Costa,  jusqu'alors  trop  obscures ,  pour  pouvoir  en 
porter  ici  un  jugement. 

L.  ochrodon.  C'est  maintenant  une  chose  reconnue  de  tous  les- 


ANMASRr»    l)"()UN  KAdKS    NUUVKAtX.  3(Jii 

^chfhyo  logis  les  que  VAsyiua  ochrodon  (  Agassi/  ;  ifest  autre 
chose  qu'un  Alburnus  coinuiuu  dont  les  dénis  sont  devenues 
jaunes.  Il  est  pouilant  vrai  que  j'ai  cru  encore  découvrir  quelque 
différence  dans  V Alburnus  que  je  péchais  à  Breslavia.  Je  ne 
sais  ensuite,  comment  le  nom  de  L.  ochrodon  peut  réclamer 
des  affinilés  avec  le  Cyprinus  alburnus. 

le  vrai  Alburnus  bipunctaius ^  non-seulement  ne  vit  pas  en 
Italie,  mais  je  ne  crois  pas  même  qu'il  se  pèche  dans  les  lacs  de 
1a  Suisse  ,  où  ce  nom  fut  donne  à  un  lout  antre  Poisson  (  Leucos 
pigtllus  B.  p.),  rtîmarquable  par  ses  dents  unisériales  à  chaque 
mâchoire,  excellente  espèce  que  je  reçus  de  M.  Valenciennes,par 
lequel  je  la  vois  avec  peine  abandonnée.  Je  ne  connais  pas  son 
Z.  Baldneri. 

L.  aspius.  Type  et  seule  espèce  européenne  du  genre  Aspius  , 
lel  qu'il  se  trouve  justement  restreint  par  Ileckel. 

L.  Alburnus.  V Alburnus  lucidus  [ll^cVeX)^  qui  aurait  pu  être 
appelé  plus  élégamment,  avec  Gesner,  /4 .  Ausonii.,  paraît  cer- 
tainement être  une  espèce  distincte,  quoique  Irès-voisine  de 
notre  A.  Albortlla.,  comme  je  le  soupçonnais,  et  comme  l'assure 
De  Filippi.  VAlborella  de  ce  zoologiste  n'est  heureusement  pas 
distinct  du  mien  ^  et  les  différences  qu'il  a  indiquées  provien- 
nent du  peu  d'exactitude  de  la  figure  de  la  Faune  italienne. 
Cette  espèce  se  trouve  tant  dans  ^ie  Piémont  que  dans  toute  la 
Lombardie.  J'ai  comparé  avec  beaucoup  de  so\nVAlburnus  de 
la  Seine  avec  ceux  du  Hhône ,  du  Belgio  et  des  fleuves  de  l'Alle- 
magne occidentale  et  méridionale ,  et  je  les  ai  tous  retrouvés 
parfaitement  semblables.  J'ai  pourtant  à  ajouter  deux  espèces 
vénitiennes  à  l'élégant  genre  dont  je  traite.  L'une  est  V Albur- 
nus avola  [h  p.),  qui  ne  doit  pas  être  confondue  avec  le  Leucos 
«fw/a  figuré  dans  la  Faune  italienne;  l'autre  espèce,  que  j'ap- 
pelle A.  strigio,  est  très-singulière  dans  sa  petitesse  par  la 
haute gibbosite  du  corps,  et  le  petit  nombt  e  des  rayons  de  son 
anale,  qui  permettraient  à  peine  d'en  faiie  un  Alburnus.  Le 
professeur  Savi  pourra  seul  nous  dire  quel  caractère  le  rapproche 
du  Leuciscus  cordilla,  auquel  j'aurais  rapporté  le  poisson  de  ma 
dernière  espèce,  si  je  ne  le  supposais  pas  toscan. 

Avant  de  terminer  la  revue  des  erreurs  commises  par  M.  Valen- 
^cieuues  relativement  aux  Lt'.ucisci  italiens,  je  proteste  de  nouveau 
•contre  l'exclusion  du  Pigus  du  catalogue  des  es[>èces ,  et  ceU 
<en  réponse  à  ce  qu'on  lit. aux  pages  377  et  378. 


306  REVUE  zooLOGiguE.   (Août   \S\b.) 

Chondrostoma  nasus.  11  ne  peut  pas  se  faire  que  M.  Vaîen- 
ciennes  l'ait  eu  du  Tibre,  puisqu'il  n'existe  aucun  Chondrostoma 
dans  ce  fleuve.  Trois  espèces  pourtant  vivent  dans  le  Pô,  où  je 
ne  puis  assurer  que  le  Nasus  n'ait  été  pcché  par  Saviç^ny. 

Ch.  rysela.  Je  ne  puis  que  répéter  ici  ce  que  j'ai  dit  autre 
part ,  c'est-à-dire  ne  pas  connaître  cette  espèce  et  n'avoir  jamais 
pu  trouver  le  nom.  àa  Rysela  dansGesner;  et  mon  ami  M.  Agassiz, 
que  j'ai  interrogé  à  cet  égard  ,  m'a  assuré  être  toujours  resté 
dans  le  plus  profond  silence  sur  cette  espèce. 

Ch.  seva.  (Val.)  Je  me  borne  à  répéter  ce  que  j'ai  dit  à  propos 
du  Leuciscus  rysela^  laissant  au  professeur  Gêné  déparier  de  ce 
Poisson  du  Pô  ,  qui ,  s'il  est  bien  décrit  par  M.  Valenciennes,  n'est 
ni  le  Ch.  soetta  ,  ni  le  Ch.  Genei^  desquels  il  n'a  pas  la  dentition, 
et  surtout  de  la  seconde,  duquel  il  aurait  la  légèreté  du  corps 
(sveltezza).  Que  M.  Valenciennes  ne  craigne  pas  qu'il  y  ait  la 
moindre  inversion  dans  le  manuscrit  de  la  Faune;  si  ma  figure 
du  Ch.  rysela.,  qii'W  a  roulu  louer,  est  au-dessous  de  la  critique, 
ma  description  est  telle  qu'elle  pourrait  faire  reconnaître  un 
Chondrostoma  à  un  aveugle.  Bien  loin  de  décrire  dans  mon 
Spelta  un  Leuciscus  pour  un  Chondrostoma  ,  je  suis  tombé  dans 
l'erreur  contraire  en  décrivant,  comme  je  l'ai  répété  à  satiété, 
le  Chondrostoma  Genei  pour  un  Leuciscus 

Quoique  je  me  sois  restreint  ici  à  parler  des  Poissons  italiens  , 
je  ne  prétends  pas  pour  cela  qu'on  doive  en  inférer  que  les  ar- 
ticles sur  les  Poissons  du  reste  de  l'Kurope ,  et  même  de  la  Seine 
elle-même,  soient  exempts  d  erreurs  ;  au  contraire  ,  je  pourrais 
en  relever  plusieurs  dès  à  présent ,  et  noter  d'importantes  omis- 
sions. Je  laisse  ce  travail  à  qui  mieux  que  moi  le  pourra  faire , 
c'est-à-dire  à  un  Mûller,  à  un  Agassiz  ,  et  surtout  à  un  Heckel , 
qui ,  non  moins  que  moi ,  dans  l'intérêt  de  la  science,  déplore- 
ront la  publication  d'un  volume  que  notre  savant  ami  devrait 
entièrement  refondre  ,  etc.,  etc. 


Description  des  Mollusques  terrestres  et  fluvialiles  du  Por- 
tugal, par  M.  Arthur  Morelet  ,  1  vol.  in-8°  de  1 1  G  pages  de 
texte,  avec  14  planches  coloriées,    Paris  1845. 

S*>us  ce  titre,  M.  Morelet,  savant  plein  de  zèle  et  d'instruc- 


ANAI.YSIS    U'OL'VIUGKS    NODVEATJX.  307 

lion,  a  réuni  les  résultats  de  ses  rerlierches  sur  les  mollusques 
terrestres  et  fluvialiles  du  Portugal  ,  à  la  suite  d'un  voyage  de 
quatre  mois  d'exploration. 

Ce  pays,  tout  à  fait  neuf  pour  les  conchyliologueSjdevaitfournir 
un  vaste  champ  à  des  observations  précieuses  pour  la  science 
que  l'auteur  cultive  avec  succès.  Kt,  en  effet,  son  livre  prouve 
qu'en  peu  de  temps  on  peut  faire  une  abondante  récolte.  Les 
amis  de  la  science  verront  donc  avec  plaisir  s'étendre  au  loin 
les  nouvelles  conquêtes  faites  au  profit  de  l'histoire  naturelle 
des  Mollusques. 

On  trouve  dans  l'introduction  i"  un  exposé  abrégé  de  la  na- 
ture physique  de  ce  royaume ,  dont  près  d'un  quart  du  sol  est 
privé  en  très  grande  partie  de  ces  animaux,  ainsi  que  quelques- 
unes  de  ses  rivières.  2»  Une  histoire  très-abrégée  de  la  conchylio- 
logie du  Portugal.  Aucun  naturaliste,  aucun  musée,  n'ont 
offert  à  l'auteur  de  collection  particulière  des  mollusques  ter- 
restres et  fluviatiles  du  pays,  seulement  il  a  pu  se  procurer 
chez  un  amateur  et  obtenir  dun  savant  deux  coquilles  fort 
rares  à  ce  qu'il  paraît,  puisqu'il  n'a  pu  les  retrouver  lui-même 
dans  ses  explorations  ;  ce  sont  la  Paludina  vivipara  et  VCJnio 
irolivichii.  Les  bibliothèques  du  Portugal  ne  lui  ont  fourni 
que  les  documents  suivants,  contenus  dans  un  ouvrage  ayant 
pour  titre  :  Spécimen  FACNiE  et  FLORiE  LUSiTANiCiE,  aut.  Domin. 
Yandelli  1797.  La  faune  de  cet  ouvrage  renferme  cette  seule 
indication.  1°  Mollusca  (  Limax  ater,  L.  agreslis  ).  2°  Testacea 
{Ifel  lapicida.  Hel.  nemoralis,  Hel.  decoUata ,  Hel  pomalia, 
Ilel.  albella ,  Hel.  grisea  ).  Parmi  ces  dernières,  les  trois  qui  ter- 
minent la  série  n'ont  pu  être  retrouvées  par  M.  Morelet.  3"  Un 
aperçu  sur  les  rapports  existant  entre  les  mollusques  du  Por- 
tugal et  ceux  de  la  France  et  des  îles  occidentales  de  l'Afrique. 
C'est  un  fait  assez  curieux  à  connaître  que  les  mollusques  du 
Portugal  se  rapprochent  plus  par  la  forme  de  ceux  du  littoral 
méditerranéen  de  la  France  et  de  l'Algérie  que  du  littoral  du 
n)idi  de  l'Espagne.  En  effet,  sur  77  espèces  propres  à  la  France, 
?8  seulement  se  trouvent  sur  le  littoral  de  l'Espagne.  Mais  on 
conçoit  que  la  comparaison  établie  avec  celles  de  cette  dernière 
localité  ne  suffit  p;«s  pour  obtenir  une  conclusion  rigoureuse  -f. 
car  on  ne  connaît  des  mollusques  de  l'Espagne  qu'une  porfioik 
seulement  du  littoral  voisin  de  la  France  et  de  l'Afrique. 


308  REVDE    ZOOLOGiyUK.     {AoÛt  iS%0.) 

Le  texte  comprend  la  citation  de  118  espèces  (  juste  aixiant 
que  dans  le  département  deTIIérault)  Sur  ce  nombre/?  se- 
trouvent  etapparliennent  au  littoral  méditerranéen  de  la  France; 
3  se  rattachent  spécialement  aux  îles  occidentales  de  l'Afrique  , 
et  38  ou  plutôt  40  (  2  sont  signalées,  mais  non  complètement- 
décrites  )  sont  tout  à  fait  nouvelles  et  particulières  au  royaume 
du  Portugal. 

Les  dernières  seules  se  font  connaître  par  de  bonnes  dia- 
çrnoses ,  d'utiles  renseignements,  et  par  des  figures  coloriées  qui 
ne  laissent  rien  à  désirer.  Au  nombre  de  ces.  espèces  nou» 
c-onjptons  8  Limaces  (dont  3  Arions  ).  ï  Parmacelle,  3  Ambreltes. 
7  Hélices,  2  Auricules,  1  Limnée.  3  Ancyles  .  4  Néritines  fort 
singulières,  1  Mélanie ,  4  Anodontes  et  4  Unios.  Après  avoir 
décrit  \a.  Parmacella  f^alenciennesii,  M.  Morelet  a  ajouté  à  la- 
suite  les  autres  espèces  du  genre,  telles  que  la  Parm-  OJivieri y 
Cuv.  P.palliolum,  Fev.  P.  Aleœandrina,Ehv.  Parm.  ambigua, 
Web  et  Bert.  P.  nov.  Spec.  de  l'Algérie,  et  enfin  P.  Mauritii 
[  en  supplément  à  la  page  !!<>)'  sur  lesquelles  il  fait  des  obser 
valions  intéressantes.  C'est  une  sorte  de  monographie  synop- 
tique de  ce  genre,  qui  compte  maintenant  sept  espèces  Parmt 
celles  qui  sont  propres  aux  îles  Occidentales  .  nous  trouvons 
la  Testacella  Maugei  { la  T.  fiaiioloidea  ne  vit  point  en  Por- 
tugal ) ,  VHelix  barbuLa  et  VAncylus  siriatus. 

Four  les  autres  espèces  déjà  connues,  l'auteur  s'est  abstenu 
d'en  donner  une  description  soit  générale  ,  soit  synoptique  ;  it 
s'est  contenté  de  citer  le  nom  de  son  auteur.  La  plupart  de 
celles  ci  ne  sont  suivies  que  de  l'habitat ,  les  autres  sont  ac- 
compagnées d'observations  judicieuses  et  de  renseignements 
utiles  à  connaître  et  qui  prouvent  que  l'auteur  a  beaucoup  vu 
et  beaucoup  comparé  Ainsi,  par  exemple,  en  parlant  des 
Auricules( section  des  Carychium)  y  genre  de  Mollusque  qui 
fréquente  plus  volontiers  le  voisinaiie  des  eaux  que  leur  milieu, 
M.  Morelet  fait  remarquer  que  ces  animaux  vivent  tantôt  sur  la 
terre,  tantôt  dans  l'eau  douce,  saumàtre  ou  salée.  En  effet, 
l'auteur  rapporte  qu'il  a  rencontré  V AuriciUa  myosotis  fixée 
aux  pierres  et  à  une  certaine  profondeur  ,  dans  le  ruisseau  de 
Dardenne,  près  de  Toulon,  également  en  Afrique  dans  l'eau 
salée  d'une  anse  sablonneuse  où  il  n'existe  pas  de  filet  d'eau 
♦louce.    Il  en  a  recueilli  une  nouvelle  espèce  en  Portugal,  d'ft- 


ANALYSKS    U  OUVRAGES    jNOUVKACX.  309 

bord  assez  loin  de  la  mer  et  ensuite  dans  les  lagunes  sauinatres 
des  environs  de  La^os.  Les  Carychium  sont  donc  des  Mollusques 
amphibies. 

On  sait  qu'il  n'existe  d'autre  caractère  pour  différencier 
VIfe/ix  lactea  de  Muller  de  VHel.  hispanica  de  Parlsch  ,  que  la 
coloration  du  péristonie.  En  effet.  Tune  Ta  d'un  noir  profond 
et  nettement  tranché  ,  tandis  qu'il  offre  ,  dans  la  seconde  ,  une 
nuance  plus  claire ,  qui  se  fond  sur  la  columelle  avec  le  ton 
général  du  test.  M.  Moreletne  voit  là  ,  et  avec  juste  raison,  lors 
même  que  ce  caractère  serait  constant ,  la  forme  étant  la  même 
8ur  toutes  les  deux,  qu'une  variation  du  tonde  couleur  due 
à  la  localité.  11  s'appuie  ,  pour  la  fusion  des  deux  espèces,  sur 
deux  autres  variétés  qui  forment  les  deux  extrêmes  de  la  colo- 
ration de  cette  coquille.  L'une,  qui  est  la  limite  dans  l'inten- 
sité des  couleurs  et  qui  vit  à  Gibraltar,  a  ses  fascies  mieux 
caractérisées  que  sur  Vhispamca  ;  \si  seconde  est  une  coquille 
d'Oran  ,  découverte  par  M.  Durieu ,  semblable  aux  trois  autres 
par  la  forme,  sans  fascies,  uniformément  blanche,  sans 
nuance  au  péristome  et  constante  dans  son  anomalie.  Amsi  en 
partant  de  celle-ci  ,  ajoutant  ensuite  celle  du  midi  de  la  France, 
celle  d'Espagne  ,  et  enfin  celle  de  Gibraltar,  on  obtient  le  pas- 
sage des  diverses  variétés  qui  sont  propres  à  VHelix  lactea  de 
Muller. 

M.  Morelet  s'est  convaincu  par  l'étude  de  l'animal,  et  en  faisant 
usage  de  la  loupe  ,  que  le  Pupa  angiica  Férussac  (  Turbo  sex 
denfalus,  Montagu  ),  devait  être  ramené  au  genre  Pupa  et  non 
aux  Carychium.  En  effet,  l'animal  observé  par  cet  auteur  était 
pourvu  de  4  tentacules ,  2  supérieurs  oculifères  et  3  infé- 
rieurs très-petits  ,  mais  parfaitement  distincts  sous  la  lentille, 
Si  cette  observation  venait  à  se  confirmer  par  l'étude  des 
autres  petites  espèces,  le  genre  Carychium  devrait  être  rayé  du 
nombre  des  genres,  conmie  la  remarque  de  M.  Morelet  tendrait 
à  le  faire  croire. 

En  traitant  de  la  Limnée  voyageuse  {  Limnea  peregra)  de 
Draparnaud  ,  l'auteur  fait  encore  remarquer  que  la  variété  qui 
vit  en  Portugal  ,  dans  les  nombreuses  fontaines  de  Cintra  ,  a  le 
sommet  de  la  spire  tellement  rongé,  qu'elle  ressemble  à  une 
néiitiiie.  Cette  circonstance  maladive,  dit  M.  Morelet,  se  re- 
trouve dans  les  fossés  de  l'abbaye  de  Cileaux  ,    en  Bourgogne. 


310  BEVUK   ZOOLUCIOUK.   [AolU  184»5.) 

On  sait  qu'elle  se  manifeste  stir  des  navicelles,  des  nérilines  ei 
et  d'autres  coquilles  fluviales.  Doit-elle  être  attribuée  à  une 
maladie  de  l'animal  ,  à  l'action  particulière  de  certaines  eaux  , 
aux  dépôts  vaseux  qui  forment  une  incrustation  solide  et  tenace 
sur  plusieurs  de  ces  coquilles ,  ou  bien  à  l'attaque  de  quelque 
animal  aquatique?  La  corrodation  de  la  spire  de  quelques  né- 
rites  fluviales  présente  souvent  des  enfoncements  nettement 
sculptés  et  qui  sembleraient  faire  pencher  vers  cette  dernière 
opinion.  Ce  qui  nous  paraîtrait  la  fortifier,  c'est  que  dans  notre 
propre  pays,  aux  environs  de  Nantes  ,  par  exemple,  il  existe 
selon  M.  Caillaud  ,  conservateur  du  cabinet  de  cette  ville  ,  des 
Cyclades  dont  le  test  est  perforé  de  la  même  façon  que  les  bi- 
valves marines  le  sont  par  les  Tritoninm  de  Muller  ,  les  Buc- 
cins ,  les  Pourpres,  etc.  D'autres  ont  les  valves  labourées  de 
laies  profondes,  comme  le  ferait  le  frottement  d'un  poinçon. 
11  y  a  donc,  dans  les  eaux  douces ,  des  animaux  destructeurs 
des  coquilles  couime  dans  la  mer.  Du  reste  ,  que  l'on  adopte 
l'une  ou  l'autre  de  ces  opinions  ,  ce  fait  doit  nécessairement 
attirer  l'attention  des  observateurs  afin  d'en  connaître  la  cause. 
S'il  appartient  à  un  animal,  ce  fait  serait  utile  à  constater  pour 
l'histoire  de  ses  mœurs  ;  mais  s'il  est  dû  à  une  autre  circon- 
stance, il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  se  livrer  à  sa  recherche. 

Une  autre  observation  de  M.  Morelet  a  trait  au  Cyclostomum 
truncalulum ,  de  Draparnaud  [TruneateUa  truncatulum) , 
qu'il  serait  plus  exact  de  ranger  sous  le  titre  générique  de 
Choristoma  ,  car  une  seule  espèce  connue  est  tronquée,  tandis 
que  les  autres  sont  entières.  Contrairement  à  l'opinion  admise 
par  M.  Michaud  ,  mais  conformément  au  doute  émis  par  Dra- 
parnaud et  rendu  affîrmatif  par  M.  Risso  ,  ce  Mollusque  n'est 
point  terrestie  et  par  conséquent  pulmoné,  mais  appartient 
aux  Peclinibranches,  puisqu'il  vit  dans  Peau  salée.  L'auteur  l'a 
recueilli  dans  les  Lagunes  qui  avoisinent  Lagos.  Il  vit  aussi  en 
France,  dans  les  étangs  salés  dEstarac  ,  près  de  Narhonne , 
avec  une  Syndosujye,  une  Paludineet  VOdoslomia  interstincta 
de  Fleming. 

iNous  avons  dit  plus  haut  que  deux  Mollusques  nouveaux  ne 
figuraient  point  dans  le  total  des  1 18  nommés  dans  le  catalogue; 
seulement  l'auteur  nous  paraît  les  avoir  suffisamment  signalés 
aux  recherches  des  naturalistes  et  des  voyageurs  futurs  dans  ce 


ANALYSKS    DOUVRAGKS    NOCVKAUX.  311 

royaume,  pour  qu'il  soit  facile  de  les  retrouver.  Telle  est  une 
sorte  de  Limace, de  la  section  des  Arions,  dont  elle  a  la  forme; 
son  dos  est  cylindracé  avec  l'extrémité  postérieure  arrondie  et 
terminée  par  un  pore  muqueux  ;  sa  cuirasse  petite  protège  des 
concrétions  calcaires  irrépjulières  et  nombreuses;  sa  cavité  bran- 
chiale est  un  peu  en  avant.  Celte  Limace  d'un  brun  enfumé  , 
ornée  de  deux  bandes  latérales  plus  claires,  est  remarquable 
par  son  plan  locomoteur  séparé  de  la  tête  par  une  solution  de 
continuité  ,  et  dont  le  côté  antérieur  forme  un  sac  dans  lequel 
la  tête  vient  s'engager  dans  sa  contraction  ;  ce  plan  est  orangé. 
Bien  que  ce  Mollusque  ait  été  écrasé  par  un  autre  corps  avant 
que  M,  Morelet  ait  pu  l'étudier  plus  amplement ,  nous  pensons 
que  ce  qui  précède  est  bien  suffisant  pour  le  faire  distinguer 
nettement  et  dès  ù  présent  de  toutes  les  Limaces  connues.  11 
pourra  sans  doute  donner  lieu  à  une  nouvelle  section  dans  le 
genre  Limace;  mais,  en  attendant,  nous  pensons  qu'il  serait 
utile  de  lui  donner  un  nom,  et  celui  de  l'auteur  de  la  découverte 
nous  paraît  lui  être  justement  acquis.  Nous  proposons  donc  de 
nounner  cette  espèceLimax  M orel et i.V auteur  l'arecueillie  aux 
environs  d'Abrantès,  de  l'autre  côté  du  Tage  ,  sur  les  murs  d'un 
jardin  circonscrit  par  la  petite  rivière  d'Alvega.  Tel  est  encore 
un  Planorbe  1res  petit ,  déprimé ,  caractérisé  par  une  série 
(VaiguiUons  qui  courvnve  sa  carène  et  recueilli  dans  les  eaux 
d'Azambuja.  L'auteur  a  eu  le  désagrément  de  le  perdre  pen- 
dant son  voyage,  et  sa  méuioire  ne  lui  a  pas  permis  d'en  donner 
une  description  plus  détaillée. 

Quelques  noms  nous  paraissent  avoir  été  fabriqués  con- 
trairement aux  règles  de  la  nomenclature,  nous  citerons  Vilelix 
Ponenlina  qu'il  eût  mieux  valu  nommer  Hel.  occidentalis , 
car  celui  imposé  par  l'auteur  n'est  pas  latin  ;  Neritina  Guadia- 
nensis  qu'il  est  indispensable  de  reuiplacer  par  celui  de  Nerila 
ou  Neritina  Anatù  ,  pour  le  même  motif.  —  U  existe  déjà  une 
JSeritina  violacea  dans  Gmelin,  coquille  que  Lamarck  a  eu  le 
tort  de  nommer  Ciepidularia  ,  nom  qui  doit  disparaître  ainsi 
que  celui  donné  par  M.  Morelet;  nous  proposons  de  lui  substi- 
tuer le  nom  i\e  Nerita  Moreleti.  Le  Parrnaceltd  Falenciennii 
devrait,  pour  être  plus  exact,  s'écriie  d'après  l'orthographe 
connue  Parmacella  ralenciennesii.  Ancylus  vitracens^  c'est 
probablement     ."/ncijlus   i'itreu.'<    que    l'auleur    n    voidu    dire. 


312  REVUE  zooLOGiguK.  (Août  1845.) 

lAmnea  Catalonica  nous  paraît  moins  propre  que  Limnea 
Golhalariica.  Mais  ce  sont  là  de  ces  erreurs  involontaires  dues 
sans  doute  à  une  trop  grande  précipitation  et  qu'une  nouvelle 
édition  fera  disparaître. 

Malgré  l'étendue  de  cet  article,  nous  n'avons  encore  donné 
qu'une  bien  faible  analyse  de  l'histoire  abrégée  des  Mollusques 
terrestres  et  fluviatiles  recueillis  en  Portugal  par  M.  Morelet  ; 
c'est  en  lisant  attentivement  l'ouvrage  qu'on  se  fera  une  juste 
idée  de  son  mérite  et  de  celui  de  l'auteur. 

C.  Récluz. 


Kfxhekches  sur  le  développement  et  les  métamorphoses  d'une 
ï)etite  Salicoque  d'eau  douce ,  (  Caridina  Desmarestii.  Joly  ) 
(flippolyte  Desmarestii.  Millet).  Par  M.  iN.  Jol\  ,  in-8«.  Tou- 
louse, 1843. 

Ce  travail  contient  dans  une  l'«  partie  ,  une  revue  critique  des 
opinions  émises  jusqu'à  ce  jour  sur  l'existence  ou  la  non  exis- 
tence d'une  métamorphose  chez  les  Crustacés  ;  les  observations 
de  l'auteur  le  font  pencher  pour  la  première  de  ces  opinions. 

L'espèce  qu'il  a  observée  à  l'état  adulte  et  dont  il  a  suivi  le 
développement ,  est  un  Décapode  Macroure  de  la  tribu  des  Sali- 
coques ,  qui  habite  les  eaux  douces  (Adour  et  (^anal  du  midi). 
Après  en  avoir  donné  une  description  détaillée,  l'auteur  est 
conduit  à  retirer  cette  espèce  du  genre  Hippulyle  dans  lequel 
jMillet  l'avait  placé  sous  le  nom  de//.  Desmarestii^  et  il  le  fait 
rentrer  dans  le  genre  Caridina^  tout  en  lui  conservant  la  même 
dénomination  spécifique.  Voisin  des  Pandales ,  il  s'en  distingue 
par  ses  deux  pattes  antérieures  qui  sont  didactyles,  au  lieu 
d'être  monodactyles  comme  chez  ceux-ci.  Il  se  distingue  des 
Hippolytes  parce  qu'il  n'a  pas  le  carpe  multi-articulé,  ni  la  main 
de  la  2«  paire  de  pattes  très- petite.  De  plus  les  Pandales  et  les 
Hippolytes  vivent  dans  les  eaux  de  la  mer. 

La  3«  partie  de  ce  travail  est  la  plus  importante;  elle  traite  du 
développement  de  l'œuf  et  des  métamorphoses  de  la  Caridina 
Desmarestii^  suivis  jour  par  jour.  Les  détails  en  sont  trop  im- 
portants pour  qu'il  soit  possible  d'en  donner  une  analyse  suc* 
cincte.  L'éclosion  se  fait  après  20  à  21  jours  d'incubation;  l'on 
voit  alors  le  chorion  se  déchirer,  et  l'embryon  sortir  brusque- 


ANALYSES    d'oDVRAGKS    NODVKADX.  313 

lïient,  encore  enveloppé  d'une  lunique  membraneuse  ,  transpa- 
rente, assez  élastique  pour  se  prêter  aux  mouvements  de  l'ani- 
mal ,  qui  la  brise  quelques  minutes  après  la  rupture  du  chorion. 

Pendant  le  développement,  tous  les  organes  qui  plus  lard 
occuperont  la  face  dorsale  du  corps  (yeux,  antennes,  etc.)  se 
forment  à  la  face  ventrale.  Les  appendices  conservent  encore, 
longtemps  après  leur  apparition,  une  ressemblance  frappante 
avec  ce  qu'ils  étaient  à  ce  premier  moment.  La  formation  de 
l'abdomen  est  de  beaucoup  antérieure  à  celle  des  mandibules, 
du  labre  et  des  antennes  ,  chez  VEcrevisse  elles  apparaissent  en 
même  temps.  Les  organes  manducaleurs  de  VEcrevisse  appa- 
raissent avant  ses  pattes  ambulatoires,  c'est  le  contraire  chez 
cette  Salicoque.  Tous  les  appendices  masticateurs  sont  au  com- 
plet dans  l'embryon  de  VEcrevisse  ^  il  n'y  en  a  que  trois  dans 
celui  de  la  Caridine.  Les  pattes  (ou  organes  qui  en  tiennent  lieu) 
sont  bifides  et  tout  à  fait  diflerentes  de  celles  de  l'adulte,  et  au 
nombre  de  3  paires  seulement:  chez  l'Écrevisse  il  y  en  a  5  paires, 
rt  enlièrement  formées  comme  chez  l'adulte.  Knunmot,  la 
Caridine  acquiert  un  grand  nombre  de  parties  nouvelles  et 
subit  des  modifications  assez  importantes,  pour  mériter  le  nom 
de  vraies  métamorphoses;  l'Écrevisse  au  contraire,  d'après 
Rathke  ,  naît  avec  la  forme  et  les  organes  qu'elle  aura  loute  sa 
vie,  sauf  ceux  de  la  génération. 

Un  4»  chapitre  est  consacré  à  la  description  de  la  larve  et  à 
sa  comparaison  avec  l'adulte,  il  en  résulte,  «  I"  que  les  3  paires  de 
pattes  bifides  de  l'animal  au  sortir  de  l'œuf  se  changent  plus  tard 
en  mâchoires  auxiliaires.  »  «  2"  Que  les  pattes  thoraciques,  dont 
l'apparition  est  plus  tardive  ,  commencent  elles-mêmes  à  être 
bifurquées  ;  »  «  3"  en'in  qvie  le  palpe  des  trois  paires  posté- 
rieures s'atrophie  par  les  progrès  de  Page,  tandis  que  celui  des 
pattes  didactyles  subsiste  jusqu'à  la  fin  de  la  vie  de  l'individu, 
comme  un  indice  du  mode  de  formation  identique  de  ses  organes 
locomoteurs.  » 

La  comparaison  des  organes  internes  de  l'adulte  à  ceux  de  la 
larve  est  faite  dans  une  5«  partie  de  ce  mémoire,  et  montre 
qu'au  sortir  de  l'œuf  celle-ci  n'a  pas  de  branchies  ,  ou  du  moins 
elles  ne  sont  que  rudimentaires  Elles  se  montrent  quand  il  a 
3  millim.  5  de  longueur,  sou»  forme  de  simples  lamelles  échan- 
créc'S  et  festonnées  ;  elles  arrivcTil  à  la  ff>rnie  compliquée  qu'elles 


3t4  RKVDK    ZOOLOGIOUK.     {JuÙt    1845  ) 

ont  plus  tard,  par  addition  successive  de  nouvelles  lames. 
L'animal  offre  déjà  une  si  çjrande  ressemblance  avec  l'adulte  que 
l'on  n'en  voit  encore  que  4  paires  au  lien  de  7.  Elles  sont  d'au- 
tant moins  développées  qu'elles  sont  situées  plus  en  arrière, 
et  la  dernière  patte  de  chaque  côté  en  est  tout  à  fait  dépourvue. 
Ainsi,  la  formation  des  pattes  ambulatoires  a  lieu  d'avant  en 
arrière  ,  et  s'accompagne  d'un  développement  proportionnel 
dans  la  partie  thoracique  de  l'animal.  La  première  mue  a  lieu 
3  jours  après  l'éclosion,  elle  diffère  principalement  de  la  mue 
de  l'adulte,  en  ce  que  l'animal  ne  quitte  sa  carapace  qu'après 
s'être  débarrassé  du  reste  de  ses  anciens  téguments.  Tous  les 
détails  précédents,  et  quelques  autres  nmins,  importants  que 
nous  avons  omis  volontairement,  semblent  suffisant»  à  M.  Joly 
pour  l'autoriser  à  conclure  que  sa  Corîdina  Desmareslii  passe, 
avant  d'arriver  à  l'âge  adulte,  par  une  série  de  modifications 
auxquelles  on  ne  peut  refuser  le  nom  de  vraies  métamorphoses. 
En  effet,  les  phénomènes  étudiés  plus  haut  se  rapportent  aux 
trois  modes  de  changements  que  comprend  l'opération  complexe 
appelée  métamorphose,  savoir  :  «  1»  Développement,  transfor- 
mation simple,  évolution,  que  subissent  les  antennes,  les  yeux 
<iui  de  sessiles  deviennent  [)édonculés. 

»  2°  Formation  de  nouvelles  parties  ;  branchies,  pattes  abdo- 
minales; pattes  thoraciques  vraies,  armure  stomacale,  etc.. 

»  3°  Disparition  de  parties  qui  existaient  d'abord,  atrophie 
des  palpes  situés  à  la  base  des  pieds  ambulatoires.  » 

11  y  a  donc  ici  tout  à  la  fois  destruction  ,  formation  et  modifi- 
cation, par  conséquent  vraie  métamorphose,  beaucoup  plus 
complète  que  celles  qu'éprouvent  les  insectes  orthoptères  , 
hémiptères  et  certains  névroptères.  (Ch.  Robin.) 


Faune  de  la  Nouvelle  Zélande  (Suite  etfin,  Voy.  p.  268). 

Supplément  aux  animaux  rayonnes  et  annélides ,  trouvés  à  la 
Nouvelle-Zélande,  décrits  par  M.  J.  E.  Gray,  esq. 

Famille  Flustradées. 

138.  Membranipora  pilosa.  .lohn's,  Brit.  Zooph.  (.  ?4 ,  f,  10^ 
12.  Nouv.-Zél.  sur  les  Fucus.  D' Sinclair. 


.WAI.YSKS   DOUVIU(;t>  NOL'VKAUX-  3|.'» 

139.  Menipea  cirrala.  Ellis,  Zooph.  t.  4,  f.  1.  Nouv.-Zél.  D-- 
Sinclair.  Tricellaria  de  Fleming  et  6Yj*'sm  Iricythara.  Laui. 
Pol.flex.  t.  :i,  f.  1,  appartiennent  à  ce  ^eni  e,  et  AJenipea  hyalœa, 
Lam.  Pol.  flex.  est  une  Catenicella. 

140.  Acamarchis  prismalica.  JNouv.-Zél.  D'.  Sinclair. 
Tolypier  d'un  brun  rougeatre,  avec  des  reflets  prismatiques. 

les  cellules  à  deux  rangées,  allongées;  cellule  à  ovaire  globu- 
leux ,  d'un  blanc  lisse. 

141.  Selbia  zelandica.  Gray.  Nouv.-Zél.  D'  Sinclair. 

Le  polypier  de  ce  nouveau  genre  est  rameux  ,  fourchu  ;  les 
cellules  sont  ovales .  alternes ,  formant  deux  rangées  sur  la  sur- 
face supérieure  de  la  fronde,  et  munies  chacune  d'un  poil  raide 
comme  une  soie  :  l'autre  surface  de  la  fronde  possède  un  sillon 
central  et  des  fossettes  divergentes.  II  ressemble  beaucoup  aux 
Cabera  et  Canda  de  Lamouroux,  deux  genres  très-mal  décrits 
et  figurés  par  cet  auteur  :  il  diffère  du  premier  en  n'ayant  que 
deux  rangées  de  cellules  au  lieu  de  quatre  ou  six.  et  du  g.  Canda 
par  ses  poils  libres  et  raides,  au  lieu  de  poils  épais  qui  vont  de 
branches  en  branches,  donnant  au  polypier  la  forme  d'un  ar- 
buste largement  résilié. 

\f\2.  Halophila  Johnstonœ.  Gray.  Nouv.-Zél.  Nèv.  W.  Yate. 

Polypier  sillonné,  droit,  couleur  de  corne;  ce  genre  est  cu- 
rieux à  cause  de  sa  consistance  cornée  ;  il  a  deux  séries  alternes 
de  cellules  coriacées,  semi-ovales,  toutes  placées  d'un  côté,  et 
formant  une  fronde  linéaire  continue.  11  diffère  du  g.  Selbia 
par  le  manque  de  soies  et  par  les  cellules  plus  séparées.  H  res- 
semble encore  plus  au  g.  Bicellaria,  mais  il  n'est  pas  calcaire, 
circiné,  ni  articulé.  Dédié  à  M"*®  Johnston. 

Famille  Cblleporidées 

143.  Elzerina  Blainmllii.  Lam.  Pol  flex.  123,  t.  2,f.  3.  Très- 
mauv&is.  lilain.  Man.  Actin.  Nouv.-Zél.  D' Sinclair. 

La  figure  de  Lamouroux  représente  très-incorrectement  cette 
espèce.  Les  cellules  sont  trop  nombreuses  et  d'une  forme  in- 
exacte. On  peut  le  décrire  ainsi  :  polypier  corné,  flexible,  ra- 
meux, fourchu,  subquadrangulaire  ,  non  articulé,  formé  de 
quatre  séries  de  cellules  ovales,  convexes ,  avec  la  bouche  oblon- 
gue  ,  rebordée  et  parsemée  de  soies  flexibles. 

144.  Margaretta  cereoides.  Gray.  Cellaria  cereoides.  Ellis, 


316  RFA'DK    ZOOLOGiyOE.     {j4oÛt    18i5.) 

Zooph.t.  5,  f.  G.  6\  hirsuta.  Lam.  Pol.  flex.  t.  2,  f.  4.  Noiiv.- 
Zël.  D"^  Sinclair. 

Fronde  subcylindrique  ,  cellules  blanches,  admirablement 
marquées  de  petites  taches  pel lucides  :  axe  brun  quand  il  est 
sec.  Ce  polypier  forme  un  genre  que  1  on  peut  caractériser 
ainsi:  Polypier  subcylindrique,  fourchu,  articulé,  coriace, 
pellucide ,  formé  de  quatre  ou  six  séries  de  cellules  ovales  ,  avec 
une  bouche  subcylindrique  ,  subtubulaire,  ayant  des  soies  allon- 
gées. Je  ne  vois  aucune  différence  entre  les  individus  rapportés 
de  la  Nouv.-Zélande ,  et  ceux  du  cap  de  Bonne  espérance  que 
j'ai  rieçTis  du  D'  Kraus.  On  dit  qu'on  le  trouve  aussi  dans  les 
mers  d'Europe.  Le  g.  Salicornaria  diffère  de  celui-ci  par  le 
manque  de  soies  et  par  les  cellules  qui  sont  hexagonales  avec 
uhe  bouche  enfoncée. 

Famille  Crissiadées. 

145.  Catenicella  bicuspis.  Gray.  Nouv.-Zél.  D'  Sinclair. 
Polypier  blanc  perlé  :  cellules  demi-ovales,   tronquées,  avec 

une  petite  pointe  comprimée  de  chaque  côté,  bouche  arrondie. 
Le  polypier  est  rameux,  fourchu,  circiné:  chaque  article  est 
formé  d'une  seule  cellule,  avec  toutes  les  bouches  placées  du 
même  côté  ;  l'article  où  se  bifurquent  les  branches  est  formé  de 
deux  cellules  réunies. 

146.  Emma  crystallina.  Gray.  Nouv.-Zél. 

Le  polypier  de  ce  nouveau  genre  est  circiné,  rameux,  fourchu, 
articulé  :  les  cellules  sonttoutesdumêmecôté,  placées  par  paire?, 
formant  un  article  cordiforme  frangé  sur  les  côtés ,  et  séparées 
l'une  de  l'autre  par  une  articulation  cylindrique  très-étroite.  Le 
polypier  est  vitreux,  et  presque  transparent. 

Famille  Sertulakiées. 

147.  Dynamene  bispinosa.  Gray.  Nouv.-Zél.  D»^  Sinclair. 
Polypier  mince,  rameux:  les  cellules  écartées,  petites,  par 

paire  ;  la  bouche  est  tubuleuse,  obliquement  tronquée,  terminée 
par  deux  petites  épines;  vésicule  large,  ovale,  oblongue,  avec 
«ne  petite  dent  de  chaque  côté  près  du  sommet;  voisine  de  la 
jD.  opercuJata. 

148.  D.  abietinoides.  Gray.  Nouv.-Zél.  D'  Sinclair, 
l^olyper  mince,  rameux,   branches  pinnées,  c©mj»rinaëés , 


AINALTStS    n'oUVHAGKS    ?<()l3VliADX.  317 

simples;  cellules  fermées,  subopposées,  ovales,  tabulaires,  ù 
bouche  denticulée  ;  vésicules  larges,  oblongues,  ovales,  avec  uti 
long  appendice  de  chaque  côté  de  la  bouche.  —  Ressemble  à  la 
D.  abielini^  mais  la  vésicule  avec  deux  longs  appendices  comme 
des  cornes,  et  la  bouche  des  cellules  dentée. 

149.  Serlularia  Johnstoni.  Nouv.-Zél.  D'  Sinclair. 
Polypier  mince,  rameux  ;  cellules  petites  ,  distantes,  alternes, 

tubulaires  ,  courtes,  obliques ,  avec  trois  ou  quatre  dents  autour 
de  la  bouche;  vésicules  larges,  oblongues,  renflées  transversa- 
lement, ridées.  Ressemble  à  la  Sertularia  rugosa.  Les  vési- 
cules rappellent  les  figures  des  cellules  de  cette  espèce  (Johns. 
Brit.  Zool.  t.  8,  f.  4  ,  6  ).  Les  vraies  cellules  n'auraient- elles  pas 
besoin  d'être  vérifiées? 

150.  Plumularia  Banksii.  Gray,  Baie  Dusky,  Nouv.  Zél.  Sir 
Jos.  Banks. 

Tige  composée ,  rameuse;  branches  simples,  opposées,  piti- 
nées,  unilatérales,  couibées:  cellules  fermées,  pressées,  enfornfie 
de  cloche,  dentées  à  la  bouche;  vésicules?  —  Voisin  de  P.  my^ 
riophyllum  (Johns.  Brit.  Zool.  145,  t.  2î),  f.  4  et  8),  mais  plus 
rameux. 

151.  Thuiaria  Zelandica,  Nouv.-Zél.  D'  Sinclair. 

n'un  brun  pâle,  droit,  branches  opposées  pinnées  :  cellules 
petites,  exactement  opposées,  triangulaires,  bouche  tronquée, 
avec  une  petite  dent  centrale.  —  Diffère  de  Th.  articulata 
{  Johns.  Brit.  Zool.  f.  3,  4  )  dans  la  forme  des  Cellules  II  n'y  a 
pas  de  vésicules  dans  mes  individus. 

Famille  Tdbuliporidées. 

152.  Tubulipora  patellata.  Lamx.  Hab.  la  Nouv.ZëL  D'  Sin- 
clair. 

Famille  Serpulidées. 

'S'i.  Spirorbis  Zelandica.  Gray.  Nouv.-Zél.  Ile  de  la  Grande- 
Barre  ,  .lur  la  Patella  Hookerii. 

Coquille  enroulée,  à  deux  ou  trois  tours,  s'agrandissant  rapi- 
dement :  le  deiTsier  avec  trois  stries  spirales,  l'arête  du  milieu 
étant  plus  forte. 

Famille  $P0KIGIA^ÉE8. 

154.  Spongia  Sinclairi.  Gray.  INouv.-Zél.D»  Sinclair. 
Rameuse,  branches  cylindriques,  fourchues;  sommets  coBi- 


318  KKvuK  /.ooLOGiyuE.   [Août  1845  ) 

ques,  jaunes,  surface  avec  des  sillons  subcylindriques se  rami- 
fiant, des  taches  sur  quelques-uns  ;  ostioles  petites ,  nombreuses, 
—  Var.  :  branches  allongées,  cylindriques,  libres.  — Var.  :  bran- 
ches courtes  ,  fourchues  plusieurs  fois  ;  sommets  s'anastomosa nt 
souvent. 

155.  Spongia  ramosa.  Gray.  Nouv.-Zél.  D"^  Sinclair. 

D'un  brun  pâle,  molle,  flexible,  rameuse;  branches  allon- 
gées subcylindriques,  molles,  d'une  texture  très-fine,  uni- 
forme, avec  quelques  petites  ostioles  parsemée-;  sur  une  ligne  de 
chaque  côté;  fibres  cornées  très-minces.  Var.  :  branches  modéré- 
ment allongées,  s'anastomosant  de  temps  en  temps.  Var.  :  bran- 
ches très  longues ,  libres. 

156.  Spongia  varia.  Gray.  Nouv.-Zél.  D-^  Sinclair. 

D'un  brun  pâle,  molle,  flexible,  rameuse;  branches  allongées, 
subcylindriques,  molles  ,  d'une  fine  texture,  avec  de  grandes 
ostioles  parsemées  ;  sommets  des  branches  subclaviformes,  quel- 
quefois réunis  les  uns  aux  autres,  comme  la  dernière,  mais 
d'une  plus  grande  taille,  d'une  texture  plus  lâche  ,  et  avec  de» 
ostioles  plus  grandes. 

SUR   les   coquilles  fossiles  de   la   Nouvelle-Zélande  , 
par  J.  K.  Gray,  esq. 

A  l'article  Pectunculus^yaï  parlé  de  quelques  coquilles  fossiles 
que  le  D"^  Sinclair  a  rapportées  du  cap  Est  de  d'île  du  Nord  :  depuis 
que  cette  notice  a  été  imprimée ,  le  D"^  Dieffenbach  m'a  montré 
quelques  individus  de  la  même  localité,  de  Parenga-Rengadans 
l'île  du  Nord,  de  Kawia  et  de  Waingaroa,  et  de  l'île  Chatham. 
Les  échantillons  du  cap  Est.  outre  les  Pectunculi  ^  rapportés  par 
le  D'  Sinclair,  contiennent  une  Natic  i^  quelques  fragments  d'un 
grand  Dentalium  ^  un  individu  de  Pyrula,  ressemblant  à  la  F 
Smithii,  mais  plu-^  petite,  plusieurs  individus  de  Fasus  et  d'An 
cillaria  avec  un  sommet  très-calleux  Tous  ces  indivîJus  les- 
semblent  tant  pour  la  forme,  l'état,  et  les  caraclères  de  leur 
gîte  ,  aux  coquilles  trouvées  à  Bognor  ,  en  Susscx,  qu'on  pour- 
rait facilement  les  prendre  pour  des  fossile-*  venant  de  cette  der- 
nière localité.  Les  échantillons  de  l'île  Chatham  consistent  en 
deux  valves  inférieures  d'une  grande  Osirea,  à  très-grande  im- 
pression, voisine  de  O.gigeanteaoaO.  expansa,  et  ayant  le  dépôt 
calcaire  du  muscle  abducteur  détruit  par  la  fossilisation,  de  la 


ANALYSES    DOUVKAGKS    NOOVBADX. 


•319 


même  manière  que  Pindividu  de  VO,  expansa,  figurée  par  M,  So- 
werby ,  t.  238  ,  f .  1  ;  et  en  plusieurs  échantillons  de  la  valve  con- 
vexe d'une  Gryphœa  renflée,  près  de  la  G»  columba.  Us  parais- 
sent appartenir  à  la  formation  du  sable  vert.  Les  échantillons 
Parenga-Kenga  sont  dans  un  conglomérat,  et  consistent  tous  en 
fragments  d'une  espèce  de  Turritella,  avec  les  tours  lisses,  fine- 
ment striés  en  spirale,  l'animal  remplit  la  cavité  du  dernier 
tour  de  la  coquille. 

Les  échantillons  de  Kawia  et  Waingaroa  consistent  en  une 
Ostrea  très-épaisse  et  très-lourde ,  trois  individus  de  Terebra- 
tula,  un  Pecten,  ressemblant  au  P.  japonica,  et  un  Spatangus. 
Ils  sont  dans  une  matrice  de  pierre  calcaire. 

En  terminant  la  publication  de  ce  trarail ,  nous  croyons  deroir  adresser  de  noureaa 
nos  remerciements  à  notre  ami  M.  Léou  Fairmaire ,  qai  a  bien  touIu  nous  donner  cette 
longue  traduction  G.  M. 


Annales  de  l'Académie  des  aspirants  naturalistes  ,  l®""  volume, 
1",  2«  et  3'  cahiers,  in-8^  Naples,  1843. 

Ces  Annales  contiennent  plusieurs  mémoires  intéressants  sur 
diverses  branches  des  sciences  naturelles  ,  ceux  qui  traitent  de 
la  Zoologie  sont  les  suivants  : 
1°    Note  sur  un  Diptère   nuisible  à  l'homme,    Flebotomus 

Papatasii.  Rond.  Ciniphes  molesta.   0.  Costa.  (Par  Joseph 

Costa.) 

Cette  note  est  écrite  pour  établir  quelques  différences  entre 
la  description  de  cet  animal  donnée  par  l'auteur  et  celle  donnée 
par  M.  C.  Rondani  de  Parme,  qui  écrivit  en  même  temps  que 
M.  Costa ,   sans  que  l'un    connût  les  travaux  de  l'autre. 
2°  Examen  de  deux  fragments  fossiles  trouvés  dans  le  Pla- 

centin  et  appartenant  à  des  corps  organiques  ;  par  Ach, 

Costa. 

Il  résulte  de  cet  examen  :  1°  Que  l'un  de  ces  fragments  appar- 
tient à  un  Ophidien  ,  mais  que  son  organisation  présente  plu- 
sieurs particularités  (elles  sont  décrites  dans  ce  mémoire)  qui 
ne  s'accordent  pas  avec  celle  des  Ophidiens  vivants,  surtout  en 
le  rapprochant  de  ceux  dont  il  a  les  dimensions,  c'est-à-dire  des 
Coluber  elaphis  ou  C.  trilineatus  ;  2®  quant  au  deuxième  frag- 
Totne  VIII,  Année  I84.S.  21 


32(f  REVDE  zoOLtxîiyoK.  {Août  1845.) 

ment ,  on  ne  peut  pas  assurer  à  quel  genre  d'animal  il  a  appar- 
tenu. 

3*  Exposition  sommaire  des  observations  recueillies  pendant 
Vannée  184?  sur  le  développement  et  V apparition  successive 
des  insectes  des  environs  de  Naples;  par  Ach.  Costa. 
Ce  travail ,  très-étendu ,  contient  un  grand  nombre  de  remar- 
ques intéressantes  sur  plusieurs  insectes  de  tous  les  ordres,  ce 
qui  le  rend  difficile  à  analyser.  L'auteur  termine  en  disant  que 
sans  pouvoir  rien  conclure  de  général ,  d'après  les  observations 
d'une  seule  année  ,  on  peut  du  moins  affirmer  que  pour  ce  qui 
regarde  les  Coléoptères,  chaque  mois  est  marqué  par  l'appari- 
tion prédominante  des    espèces   d'une   famille ,    à   l'exception 
toutefois  des  mois  du  printemps  pendant  lesquels  on  trouve  quel- 
ques insectes  de  toutes  les  races. 

4*  Insectes  recueillis  dans  les  environs  de  Palerme  pendant 
le  mois  de  décembre  ;  par  A.  Costa. 
Ce  catalogue  contient  la  description  d'une  espèce  nouvelle  de 
Coléoptères,  Pedœrus  filiformis  Costa,  et  d'un  HéiDiptère  égale- 
ment nouveau,  Pachymerus  rhombimacula  A.  Costa,  ainsi  que 
plusieurs  remarques  sur  différents  insectes. 
5o  Histoire  d^un  fœtus  monstrueux  accouché  par  une  femme 
de  26  ans ,  déjà  mère  de  trois  enfants  sains  et  bien  portants  , 
et  ne  pouvant  donner  pour  cause  d'un  si  étrange  événement 
qu'une  grande  frayeur  ;  par  Nicolas  Pasanisi. 
Cette  observation  est  précieuse  par  les  détails  anatomiques 
donnés  sur  le   fœtus  dont  il   s'agit,  et  qui   était  un  monstre 
Symélien.  Elle  est  suivie  d'un  rapport  étendu  fait  par  L.  Dorotea. 
6'    Considérations  physiologiques  sur  les  formes  primitives 
et  générales  des  êtres  organisés,  globules  et  vaisseaux  ;  par 
S.  Tommasi. 

Ce  mémoire  est  suivi  d'un  rapport  par  L.  Dorotea;  l'un  et 
Pautre  appartiennent  à  la  physiologie  philosophique  et  se  prê- 
tent peu  à  l'analyse. 

7^  Note  sur  VOmalisus  sanguinipennis  Dèjean;  par  Ach.  Cos- 
ta. Cette  note  a  pour  but  de  donner  une  description  détaillée 
et  exacte  de  cet  insecte  que  M.  Dejeàn  avait  désigné  seulement 
i>àr  un  nom  dans  son  catalogue.  (  Cù.  RoBiî*.) 


tsor.iif/ri:s  savantks.  321 

III.  SOCIÉTÉS  SAVAIVrES. 

Académie  royale  drs  sciences  de  Pauis. 

Séance  du  4  août  1845.  —  L'Académie  a  procédé  à  la  nomi- 
nalion  d'un  correspondant  dans  la  section  de  Zoologie  et  d'Ana- 
iomie  comparée,  en  remplacement  de  M.  Provençal.  Elle  a  élu 
M.  Muller,  de  Berlin  ,  savant  digne  ,*  sous  tous  les  rapports  ,  de 
cette  haute  distinction. 

On  se  rappelle  qu'à  la  précédente  élection  ,  la  section  avait 
formé  une  liste  composée  de  savants  s'occupant  plus  spéciale- 
ment de  Zoologie,  et  que  le  prince  Ch.  Lucien  Bonaparte  fut  élu. 
Cette  fois  elle  a  composé  sa  liste  avec  les  noms  des  savants  qui 
se  sont  plus  spécialement  occupés  d'Anatomie  comparée,  dans 
rinfention  formelle  d'appeler,  également  et  alternativement,  des 
zoologistes  et  des  anatomistes  pour  répondre  à  son  titre  de  Sec- 
tion de  Zoologie  et  d'Anatomie  comparée. 

Si  nous  sommes  bien  informé  de  ce  qui  s'est  passé  dans  le  sein 
du  comité  secret ,  il  a  été  convenu  que  la  liste  contiendrait  cette 
fois  des  noms  d'anatomistes ,  et  que  la  prochaine  serait  formée 
avec  des  zoologistes.  C'est  donc  à  tort  que  l'organe  d'un  anato- 
miste  qui  voudrait  se  poser  en  chef  d'école ,  a  dit  que  la  section 
n'avait  pas  voulu  admettre  de  zoologistes,  quel  que  pût  être 
leur  mérite  dans  cette  voie  aujourd'hui  surannée.  C'est  une  er- 
reur que  MM.  Duméril ,  Savigny,  de  Blainville  et  Is.  Geoffroy 
Saint-Hilaire ,  auraient  le  droit  de  prendre  pour  autre  chose, 
car  ils  s'occupent  tous  de  cette  zoologie ,  comme  les  Lamarck, 
les  Cuvier ,  les  Latreille,  etc.  ,  dont  les  travaux  ont  plus  fait 
pour  la  science  que  toutes  les  élucubrations  de  ces  soi-disant 
naturalistes  ,  qui  se  jettent  bien  vite  dans  l'observation  de 
la  structure  intime  des  êtres,  parce  qu'ils  ne  se  sentent  pas  ca- 
pables de  faire  de  la  bonne  zoologie. 

Nous  sommes  cependant  loin  de  professer  pour  les  études 
anatomiques  et  physiologiques  le  superbe  mépris  dont  ces  sa- 
vants d'hier  accablent  les  travaux  des  hommes  éminents  que 
nous  venons  de  nommer  ,  ou  de  ceux  qui  suivent  leurs  traces. 
Nous  savons  que  toutes  les  fois  qu'elles  ont  été  bien  faites,  les 
observations  anatomiques  et  physiologiques  sont  venues  confir- 
mer les  lois  naturelles  que  le  génie  suranné  de  ces  savants 
avait  trouvées  sans  le  secours  de  Vaiiatomie  intime;  mais  nou* 


322  KEVDE   ZOOLOGiyUE.    {^oût   1845.) 

croyons^  avec  tous  les  naturalistes  vraiment  dignes  de  ee  titre, 
que  si  la  Zoologie  est  appelée,  comme  les  autres  sciences,  à 
rendre  des  services  à  l'humanité  par  l'application  qu'on  en 
pourra  faire  à  ses  besoins ,  ce  n'est  pas  par  l'étude  de  la  struc- 
ture intime  de  quelques  êtres  inutiles,  inoffensifs,  encore  mal 
connus  et  mal  classés ,  mais  bien  au  moyen  de  travaux  faits 
par  des  savants  consciencieux  qui,  après  de  longues  et  pénibles 
recherches  ,  arriveront  à  la  connaissance  des  diverses  phases  de 
l'existence  des  animaux,  ainsi  que  de  leurs  mœurs  ,  au  moyen 
de  l'étude  bien  entendue  de  leurs  caractères  extérieurs  et  inté- 
rieurs ,  qui  se  traduisent  mutuellement  quand  ils  sont  bien 
observés. 

Si  l'Académie  venait  à  perdre  les  zoologistes  surannés  qui  lui 
restent ,  et  si  leurs  places  étaient  prises  pas  des  adeptes  de  la 
soi-disant  nouvelle  école,  ce  corps  illustre  perdrait  bientôt  la 
haute  position  qu'il  occupe  dans  le  monde  savant ,  et  serait 
exposé  à  voir  souvent  sa  section  admettre  comme  une  classe,  une 
famille  ou  une  espèce  nouvelle  ,  quelques  petits  vers  ou  sangsue» 
décrits  et  figurés  par  les  auteurs  les  plus  anciens;  il  pourrait 
même  voir  ces  singuliers  travaux  loués  à  outrance  dans  des  rap- 
ports très-favorabîes\,  ce  qui,  Dieu  merci ,  n'a  pas  encore  eu  lieu 
dans  son  sein. 

Séance  du  1 1  août,  —  M  Bory  de  Saint- Vincent  présente, 
au.  nom  de  M.  Carbonnel ,  un  mémoire  ayant  pour  titre  :  Sur 
IHuitre  des  côtes  de  France ,  sur  V amélioration  des  parcs  où 
on  Vélève,  et  sur  la  certitude  d'en  établir  à  volonté  des  bancs 
artificiels. 

«  L'auteur  commence  par  présenter  quelques  considérations 
sur  l'épuisement  progressif  des  bancs  d'huîtres  de  nos  côtes  et 
sur  la  nécessité  d'empêcher  la  destruction  totale  de  ces  Mollus- 
ques, objets  d'une  industrie  assez  importante,  au  moyen  de  me- 
sures législatives  du  genre  de  celles  qui  ont  été  prises  pour  la 
conservation  du  gibier.  11  fait  remarquer  d'ailleurs  que  la  con- 
sommation des  huîtres  tendant  à  s'accroître  constamment  et 
dans  un  rapport  qui  deviendra  plus  rapide  à  mesure  que  les 
chemins  de  fer  rendront  plus  faciles  et  plus  promptes  les  com- 
munications entre  les  côtes  et  l'intérieur  du  pays ,  il  ne  suffirait 
pas  de  régulariser  le  mode  d'exploitation  ,  et  qu'il  était  surtout 
désirable  de  trouver  les  moyens  de  favoriser  la  reproduction  sur 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  323 

d'anciens  bancs  ou  d'en  créer  de  nouveaux.  Pour  arriver  à  ce 
résultat  il  est  nécessaire  de  bien  étudier  les  habitudes  des  huîtres, 
de  connaître  les  lieux  où  elles  se  plaisent,  ainsi  que  les  circon- 
stances qui  aident  à  leur  prompt  développement.  L'auteur 
entre  à  ce  sujet  dans  des  détails  très  étendus,  et  en  tire  diverses 
inductions  dont  la  principale  est  qu'il  est  parvenu  à  établir  des 
bancs  artificiels  inépuisables.  Une  des  dernières  questions  qu'il 
examine  est  celle  qui  a  rapport  à  Tintroduclion  d'une  certaine 
proportion  d'eau  douce  dans  les  parcs  ,  introduction  qui  a  sou- 
vent été  présentée  comme  nuisible  à  ces  Mollusques  et  comme 
pouvant  même  ,  dans  certains  cas,  en  rendre  la  chair  malsaine. 
Les  observations  et  les  expériences  de  M.  Carbonnel  lui  ont 
prouvé  que  ces  assertions ,  et  surtout  la  dernière ,  étaient  sans 
fondement.  11  a  reconnu  de  plus  que  ,  pour  conserver  les  huîtres 
€n  santé ,  il  n'était  pas  nécessaire  de  renouveler  très-fréquem- 
ment l'eau  des  bassins  artificiels  dans  lesquels  on  les  fait  vivre. 
11  dit  avoir  établi  plusieurs  fois  à  Agen  de  ces  petits  bassins  d'ex- 
périence dans  lesquels  il  a  conservé  longtemps  des  huîtres  qui 
ne  perdaient  rien  de  leur  goût  délicat,  comme  ont  pu  s'en 
assurer  beaucoup   de  personnes  qui    en   ont  mangé  chez  lui. 

Nous  donnerons  le  mémoire  de  M.  Carbonnel  dans  la  cinquième 
livraison  du  Magasin  de  Zoologie. 

Séance  du  18  août.  — M.  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire  lit  une 
note  Sur  un  Bouc  à  mamelles  trèfi-développées  et  lactifères. 

«  Aristote  nous  a  transmis  quelques  détails  sur  un  bouc  qui 
vivait  à  Lemnos ,  et  dont  les  mamelles  sécrétaient  un  lait  assez 
abondant  pour  qu'on  en  fît  de  petits  fromages.  Ce  bouc  avait 
d'ailleurs  tous  les  attributs  de  son  sexe  ,  et  il  devint  père  d'un 
autre  individu  maie  que  l'on  dit  avoir  été  de  même  lactifère. 
La  Grèce  entière  s'occupa  de  ces  singularités  ,  dans  lesquelles 
on  vit,  sur  la  foi  d'un  oracle,  le  présage  d'une  prospérité  ex- 
traordinaire. 

»  Un  individu  présentant  la  même  anomalie,  un  autre  bouc  de 
Lemnos  ,  existe  en  ce  moment  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle.  Elle  l'a  reçu,  il  y  a  quelques  jours,  de  M.  Van 
Goppenael ,  qui,  ayant  eu  occasion  de  voir  ce  bouc  lactifère,  s'est 
empressé  de  l'acquérir  dans  l'intérêt  de  la  science,  et  de  l'offrir 
à  M.  Serres  pour  la  ménagerie  du  Muséum. 

»  C'est  un  individu  de  la  variété  sans  cornes ,  d'une  taille  con- 


324  REVUK  zooLO(;iouK.  {^oût  1845.) 

aidérable,  ayant  les  formes  et  exhalant  fortement  Todeiir  carac- 
téristique du  sexe  mâle  dans  son  espèce.  Le  pénis  ,  que  noud 
n'avons  pu  voir  toutefois  que  dans  son  fourreau ,  et  les  testicules, 
présentent  la  disposition  et  les  proportions  normales.  L'animal 
offre  donc  tous  les  caractères  extérieurs  du  mâle.  On  assure  qu'il 
a  été  employé  comme  étalon  avant  d  être  donné  à  la  ménagerie, 
et  cela  à  une  époque  où  il  avait  déjà  du  lait. 

»  Les  mamelles ,  au  nombre  de  deux  ,  sont  placées  immédiate- 
ment au  devant  des  bourses  ,  et  sont  pendantes  comme  dans  la 
chèvre  en  lactation.  On  peut  juger  de  l'énorme  développement 
de  ces  mamelles  par  une  figure  de  grandeur  naturelle  qui  a  été 
dessinée  par  M.  Florent  Prévost,  aide-nituraliste  au  Muséum, 
et  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Voici  d'ailleurs  les 
dimensions  des  mamelles,  et  aussi,  comme  terme  de  comparai- 
son, celles  des  bourses,  telles  que  j'ai  trouvé  ces  parties  lors 
de  l'arrivée  de  l'animal  à  la  ménagerie  : 

Circonférence  de  la  mamelle  droite 0™  ,  25. 

Longueur 0       tC. 

Circonférence  de  la  mamelle  gauche 0       19. 

Longueur 0       13. 

Circonférence  des  bourses .  .  0       29. 

Longueur 0       14. 

»  La  mamelle  droite  offre  ,  comme  on  le  voit,  un  développe- 
ment beaucoup  plus  considérable  que  la  mamelle  gauche. 

»  La  quantité  de  lait  donnée  par  ces  mamelles  est  variable 
d'un  jour  à  l'autre;  elle  va  de  {  litre  à  environ  2  décilitres. 
Les  Y  de  la  quantité  totale  sont  fournis  par  le  côté  droit.  Quand 
l'animal  est  trait ,  les  mamelles  ne  diminuent  que  peu  de  vo- 
lume. Le  tissu  de  la  glande  mammaire  est  remarquablement 
ferme  et  presque  dur.  Cette  particularité  paraît  exister  assez 
fréquemment  chez  les  mâles  lactifères,  ce  qui  n'avait  pas  échappé 
à  Aristote. 

»  Le  lait  du  bouc  de  la  ménagerie  a  l'apparence  du  lait  de 
chèvre  :  il  est  toutefois  beaucoup  plus  salé.  M.  Chevreul  a  bien 
voulu  se  charger  de  l'analyser,  et  le  résultat  de  son  examen  sera 
publié  plus  tard ,  comme  complément  de  cette  note. 

»  Le  bouc  n'est  pas  le  seul  animal  mâle  chez  lequel  la  sécré- 
tion du  lait  ait  été  observée.  Wartin  Schurig,  dans  sa  Syllepsilo- 


*  SOCIÉTÉS    SAVANTES.  325 

gie,  Haller,  dans  ses  Eleinenta  physiologiaî ,  ont  extrait  des 
ouvrages  et  recueils  du  xvi<',  du  xvii»  et  du  xviir  siècle,  des 
observations  analogues  faites  chez  le  chien ,  le  chat ,  le  taureau  , 
le  bélier.  Il  est  vrai  que  quelques-unes  de  ces  observations, 
rapportées  par  les  auteurs  d'une  manière  fort  succincte  ,  pour- 
raient bien  avoir  pour  sujets  non  de  véritables  mâles ,  mais  des 
individus  hermaphrodiliques,  essentiellement  femelles  en  réa- 
lité 

«  La  sécrétion  du  lait  a  été  aussi  plusieurs  fois  observée  chei 
l'homme  lui-même.  Aristote  en  cite  déjà  des  exemples,  et  plu- 
sieurs autres  ont  été  recueillis  par  les  modernes.  J'ai  rappelé  , 
dans  mon  histoire  générale  des  anomalies,  non  -  seulement 
ceux  que  citent  Schurig,  Ilaller^dans  leurs  ouvrages,  et  Schacher 
dans  une  dissertation  spéciale  ;  mais  aussi  un  autre  cas  beaucoup 
plus  remarquable,  dont  la  connaissance  estdue  à  M.  de  Humboldt. 
Celui-ci ,  recueilli  par  notre  illustre  confrère  dans  son  voyage 
aux  régions  équinoxiales  ,  a  pour  objet  un  homme  qui ,  non- 
seulement  était  lactifère,  mais  qui  avait  assez  de  lait  pour  avoir 
pu  nourrir  lui-même  son  enfant  pendant  cinq  mois.  Ce  sont, 
sans  nul  doute,  des  faits  de  ce  genre  ,  généralisés  par  la  crédu- 
lité et  l'exagération  des  voyageurs,  qui  ont  donné  lieu  à  cette 
absurde  assertion  de  l'un  d'entre  eux,  qu^au  Brésil,  ce  sont  les 
hommes  ,  et  non  les  femmes  ,  qui  allaitent  leurs  enfants. 

M.Dubreuil^  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Mont- 
pellier, adresse  un  travail  Sur  les  caractères  crâniens  des  habi- 
tants des  îles  Marquises.  Cet  intéressant  mémoire  est  renvoyé  à 
l'examen  d'une  commission. 

M.  Berthold  adresse  une  Note  sur  la  pairie  des  Cinixys.  La 
patrie  de  ce  genre  de  reptiles  est  encore  indéterminée  :  plusieurs 
auteurs  le  disent  africain  ,  les  autres  le  regardent  comme  origi- 
naire d'Amérique.  Cette  dernière  opinion  a  même  paru  préva- 
loir dans  ces  derniers  temps.  M.  Berthold ,  professeur  à  l'uni- 
versité de  Goettingen,  établit  par  un  fait  authentique,  que  l'une 
des  espèces,  au  moins,  le  Cinixys  homeana ,  habite  l'Afrique 
occidentale ,  particulièrement  le  Delta  du  Niger. 

Séance  du  25  août.  —  M.  Flourens  présente  les  résultats  de 
Nouvelles  expériences  sur  la  résorption  de  Vos.  Voici  les  con- 
clusions auxquelles  il  est  arrivé  : 

J'ai  [>rouvé  ,  par  de  précédentes  expériences  , 


I 


326  REVUE  zooLOGiyuE.   [Août  1845.) 

1»  Que  l'os  croît  en  longueur  par  lames  terminales  et  juxta- 
posées ; 

2°  Qu'il  croît  en  grosseur  par  lames  externes  et  superposées  ; 

3»  Que  le  canal  médullaire  croît  ou  s'agrandit  par  la  résorp- 
tion des  lames  intérieures  ,  des  lames  anciennes  de  l'os. 

«  Cette  résorption  intérieure  de  l'os  est  le  fait  sur  lequel  j'ap- 
pelle une  fois  encore  l'attention  des  physiologistes;  mes  nouvelles 
expériences  me  paraissent  le  démontrer  d'une  manière  com- 
plète. 

»  Duhamel  avait  placé  un  anneau  autour  du  tibia  d'un 
pigeon.  Au  bout  de  quelque  temps  l'anneau  ,  dont  il  avait  en- 
touré l'os,  se  trouva  dans  l'intérieur  de  l'os,  dans  le  canal  mé- 
dullaire. Comment  cela  s'était-il  fait?  Selon  Duhamel,  l'os  s'é- 
tait distendu,  il  s'était  rompu  dans  les  points  pressés  par  Pan- 
neau, et  ces  points  rompus  s'étaient  ensuite  rejoints  par  dessus 
l'anneau. 

»  J'ai  répété  bien  des  fois  l'expérience  de  Duhamel  ;  j'en  ai 
présenté  les  résultats  à  l'Académie  ,  et  j'ai  toujours  conclu ,  con- 
trairement à  Duhamel  ,  que  l'os  ne  se  distend  point,  qu'il  ne  se 
rompt  point ,  etc. 

»  En  un  mot,  Duhamel  explique  l'agrandissement  du  canal 
médullaire  par  l'extension  de  l'os,  et  je  l'ai  toujours  expliqué, 
avec  J.  Hunter,  par  la  résorption  de  l'os. 

»  Cependant  une  expérience  qui  a  pu  se  prêter  à  deux  inter- 
prétations si  différentes,  n'est  pas  l'expérience  qu'il  faut;  it 
faut  une  expérience  qui  décide ,  tranche  ;  je  crois  l'avoir 
trouvée. 

»  Au  lieu  d'un  anneau  qui  presse,  qui  résiste,  qui  peut  rompre 
l'os,  j'ai  employé  une  très-petite  lame  de  métal ,  de  platine 
(de  4  millimètres  de  long  sur  2  de  large) ,  si  mince  qu'elle  n'a- 
vait presque  pas  de  poids  (le  poids  d'ailleurs  ne  porterait  pas 
sur  l'os  ;  la  lame  n'est  pas  sur  le  tibia,  sur  l'os,  elle  est  au  devant 
de  l'os  ) ,  et  qui ,  d'ailleurs  ,  étant  isolée  ,  libre ,  ne  pouvait  offrir 
à  l'os  aucune  résistance. 

»  J'ai  placé  cette  lame  sous  le  périoste,  et  voici  ce  qui  est  arrivé. 
Les  pièces  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  suffisent  pour 
montrer  la  marche  du  fait  dans  tous  ses  progrès. 

»  La  pièce  n°  1  est  le  tibia  gauche  d'un  jeune  chien  (c'est  sur  les 
tibias  de  jeunes  chiens  que  toutes  ces  expériences  ont  été  faite») 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  327 

âgé  d'un  mois.  On  y  voit  le  périoste  incisé  ,  et  la  lame  de  platine 
placée  sous  le  périoste.  Cette  pièce  représente  Texpérience  qui 
vient  d'être  faite. 

»  La  pièce  n»  ?  est  le  tibia  droit  d'un  jeune  chien  du  même  âge 
que  le  précédent ,  opéré  de  même ,  et  tué  cinq  jours  après  l'expé- 
rience. Le  périoste  incisé  s'est  réuni,  et  recouvre  la  lame  de 
platine. 

»  Dans  la  pièce  n"  3  (pour  mieux  faire  voir  la  position  de  la 
lame ,  on  a  scié  l'os  en  long ,  dans  cette  pièce  comme  dans  les 
suivantes),  la  lame  est  déjà  recouverte  par  des  lames  osseuses. 

»  Ces  lames  osseuses  sont  plus  nombreuses  dans  la  pièce 
no  4. 

1»  La  lame  de  platine  est  au  milieu  des  couches  de  l'os  dans  les 
pièces  n"  5  et  6. 

»  Elle  est  presque  entièrement  dans  le  canal  médullaire ,  sur 
la  pièce  n°  7.  ' 

»  Elle  y  est  tout  à  fait  sur  la  pièce  n°  8. 

»  Pour  ces  2  dernières  pièces,  l'expérience  a  duré  trente-six 
jours;  elle  en  avait  duré  vingt  pour  les  pièces  5  et  6;  douze 
pour  la  pièce  4  ,  et  huit  pour  la  pièce  3. 

»  Ce  qui  arrive  à  l'anneau  arrive  donc  aussi  à  la  lame. 

»  La  lame  est ,  comme  l'anneau  ,  successivement  recouverte 
par  le  périoste  ,  par  des  lames  d'os  ,  par  des  lames  d'os  de  plus 
en  plus  nombreuses  ;  on  la  trouve  ,  enfin ,  dans  le  canal  médul- 
laire. 

«  Et  pourtant  la  lame  n'a  point  résisté ,  la  lame  n'a  rien  rompu. 
L'os  qui ,  primitivement,  était  sous  la  lame  ,  est  maintenant  sur 
la  lame.  C'est  qu'un  os  ancien  a  disparu  ,  et  qu'il  s'est  formé 
un  os  nouveau.  L'os  qui  existe  aujourd'hui  n'est  pas  celui  qui 
existait  quand  on  a  mis  la  lame  ,  il  s'est  formé  depuis  ;  et  l'os  qui 
existait  alors  n'est  plus ,  il  a  été  résorbé.  La  résorption  de  l'os  est 
donc  un  fait  démontré  ,  un  fait  certain. 

»  Buflbn  avait  donc  raison  quand  il  proclamait  le  moule,  la 
forme  ,  plus  invariable  que  la  substance. 

»  Cuvier  avait  raison  quand  il  définissait  la  vie  :  un  tourbillon . 

■  Leibnitz  a  pu  dire  que  notre  machine  est  dans  un  flux 
perpétuel. 

»  Tout,  dans  nos  organes,  se  renouvelle,  change,  s'écoule; 


328  REVUE  zooLOGiyuE.   {Août  1845.) 

€t,  considérée  sous  ce  point  de  vue  ,  la  vie  n'est  que  1»  mutation 
<;ontinuelle  de  la  matière. 

»  Je  me  borne  ici  à  cet  exposé  sommaire  de  mes  nouvelles 
études;  on  les  trouvera  plus  développées  dans  l'ouvrage  que  je 
fais  imprimer  en  ce  moment,  sous  le  titre  de  Théorie  expérjinen- 
tale  de  la  formation  des  os.  » 

51M.  Joly  et  Lavocat ,  de  Toulouse,  adressent  un  travail 
intitulé  :  Recherches  historiques  ^  zoologiques  ,  analomiques  et 
paléontologigues  sur  la  Girafe.  «  Ce  travail  est  divisé  en  quatre 
parties  : 

a  Dans  la  première  ,  qui  est  entièrement  historique  et  biblio- 
graphique ,  nous  nous  occupons  des  monuments  sur  lesquels 
la  Girafe  a  été  représentée,  et  nous  signalons:  1°  le  temple 
d'Hesmonthis ,  (Haute-Egypte),  où  son  image  a  été  découverte 
par  M.  Jomard  ;  2°  le  Typhonium  de  Dar-el-Wali  ,  près  de 
Calabsché  (Basse-Nubie),  où  elle  est  indiquée  par  MM.  Burckhardt, 
Beizoni  et  Gau;  3°  la  Mosaïque  de  Palestrine ,  où  on  la  trouve 
figurée  deux  fois;  4<»  enfin,  les  fresques  de  Poggio  Cajano  , 
palais  des  ducs  de  Médicis.  Après  avoir  ainsi  tracé  l'histoire 
monumentale  de  la  Girafe ,  nous  nous  occupons  de  son  histoire 
littéraire  et  bibliographique. 

«  Description  zoologique  de  la  Girafe.  La  2«  partie',  toute 
zoologique,  ne  pouvait,  on  le  concevra  facilement ,  renfermer 
beaucoup  de  détails  vraiment  neufs,  après  les  descriptions  si 
complètes  et  les  réflexions  si  éminemment  philosophiques  dont 
l'histoire  de  la  Girafe  a  été  l'objet  de  la  part  des  Goelhe,  des 
Cuvier,  des  E.  et  Is,  Geoffroy  St.-Hilaire ,  etc. 

«  Anatomie.  —  Comme  on  devait  s'y  attendre ,  cette  anatomie 
présente  de  nombreux  points  de  ressemblance  avec  celle  de 
nos  grands  animaux  ruminants  domestiques,  et  plus  encore 
avec  celle  des  Cerfs  Par  plusieurs  traits  de  son  organisation , 
la  Girafe  se  rapproche  même  beaucoup  des  Monodactyles  ou 
Solipèdes  ;  enfin,  par  quelques  autres,  elle  forme  un  animal  à 
part,  aussi  curieux  dans  sa  structure  que  singulier  dans  ses 
mœurs  ,  dans  sa  démarche  et  dans  tout  son  aspect  extérieur. 

«  Dans  cette  partie  de  notre  Mémoire,  nous  avons  fait  de 
nombreux  emprunts  aux  beaux  travaux  de  MM.  G.  Cuvier, 
Laurillard  ,  Duvernoy,  Is.  Geoffroy  St.-Hilaire,  Pander  et 
l>alton,    et   surtout  aux  deux  importantes    publications   dont 


MÉLANGES  ET  NODVELLES.  329 

M.  Kichard  Owen  a  enrichi  les  Transactions  de  la  société  zoulo- 
gique  de  Londres.  Ces  emprunts  devenaient  nécessaires  dans  un 
travail  que  nous  désirions  traiter  monographiqueinent;  ils  ne 
sont,  d'ailleurs  ,  que  la  reproduction  presque  toujours  exacte  de 
ce  que  nous  avons  vu  nous-mêmes,  eu  étudiant  Torganisation 
intérieure  de  la  Girafe ,  après  tous  ces  célèbres  analomistes. 

Après  ces  préliminaires  les  auteurs  passent  en  revue  la  splan- 
chnologie  ,  l'ostéologie  ,  les  appareils  ligamenteux,  le  système 
musculaire  et  le  système  nerveux  de  la  Girafe  et  présentent  des 
observations  très-intéressantes  sur  ces  divers  sujets. 

Ce  beau  mémoire  est  accompagné  de  10  planches  in-4o. 


IV.  MELANGES  ET  NOUVELLES. 

i 
Note  sur  la  découverte  faite  par  M.  Crespon  (de   Nîmes),  du 
mode  de  reproduction  de  VOscinis  oleœ. 

M.  Crespon ,  qui  étudie  sérieusement  la  Zoologie  depuis  une 
vingtaine  d'années ,  a  formé  une  collection  considérable  de  toutes 
les  classes  du  règne  animal ,  contenant  surtout  les  espèces  qui  se 
rencontrent  dans  le  midi  de  la  France. 

Il  a  publié  en  1840  une  Ornithologie  du  Gard,  ouvrage 
original ,  rempli  des  observations  directes  qu'il  a  faites  sur  les 
mœurs  des  oiseaux  du  midi  de  la  France. 

En  1844,  il  a  publié  sa  Faune  méridionale  y  dont  les  deux 
volumes  déjà  parus  comprennent  les  animaux  vertébrés.  Cet 
ouvrage  sur  lequel  M.  Gerbe  a  donné  un  article  dans  cette  Revue, 
1845,  p.  213  ,  contient  la  description  d'un  grand  nombre  d'es- 
pèces nouvelles  pour  l'Europe,  dont  plusieurs  étaient  mên.e  iné- 
dites .  et  il  y  a  surtout  de  nombreux  et  intéressants  détails  sur  le» 
mœurs  de  beaucoup  d'animaux.  Ces  détails  sont  écrits  avec  sim- 
plicité et  clarté  ;  l'auteur  n'a  pas  cherché  à  faire  des  morceaux 
de  style  et  de  littérature ,  mais  il  a  donné  ses  observations  per- 
sonnelles sur  les  animaux  qu'il  a  pu  étudier  à  force  de  soins  et 
de  persévérance  pendant  plusieurs  années  consécutives. 

Depuis  quelque  temps  ^  M.  Crespon  s'occupe  de  l'étude  des 
insectes  nuisibles  ii  l'agriculture.  On  trouve  des  articles  très-in- 
téressants de  lui  dans  les  journaux  de  la  localité,  et  il  a  été  sou- 


330  REVDR   ZOOLOGIQOE      {ÀOÛt  1845.) 

vent  consulté  par  les  agriculteurs  qui  lui  demandaient  des  moyeni 
de  destruction  contre  des  espèces  nuisibles  à  leurs  récoltes. 

Dernièrement  la  Société  d'Agriculture  du  Gard  l'a  chargé 
d'aller  au  Vigan  ,  dont  les  pommes  sont  si  renommées  ,  pour  y 
étudier  un  infecte  qui  nuit  considérablement  à  ces  fruits.  Depuis 
1 5  ans  ces  récoltes  manquaient  très-souvent  à  cause  de  la  présence 
de  Vffyponomeuta  padella,  dont  la  chenille  dévorait  les  feuilles 
des  arbres  à  leur  naissance  et  les  enveloppait  comme  d'un 
vaste  réseau  soyeux.  Il  a  étudié  les  diverses  phases  de  l'existence 
de  cet  insecte,  afin  de  chercher  le  moment  où  l'homme  pour- 
rait l'attaquer  avec  succès,  et  il  est  arrivé  à  recommander  des 
procédés  simples  et  peu  coûteux ,  qui  ont  été  mis  en  pratique 
par  un  grand  nombre  de  propriétaires  du  Vigan  ,  lesquels  ont 
obtenu  ,  depuis  ce  temps ,  des  récoltes  abondantes.  Le  rapport 
qu'il  a  fait  sur  cette  mission,  pour  être  soumis  au  préfet,  a  été 
inséré  dans  les  mémoires  de  la  société  du  Gard  ,  et  cette  société 
a  fait  les  frais  de  l'exploration  de  M.  Crespon. 

Questionné  de  tous  côtés ,  témoin  des  plaintes  que  les  pro- 
priétaires d'oliviers  élèvent  continuellement,  et  des  pertes  qu'ils 
éprouvent  dans  leurs  récoltes  d'huile  par  la  présence  de  VOscinis 
oleœ ,  M.  Crespon  s'est  livré  à  l'étude  des  mœurs  de  cet  insecte  ^ 
et  il  est  parvenu  à  découvrir  le  premier,  comment  il  se  reproduit 
d'une  année  à  l'autre. 

Dans  un  article  inséré  au  Courrier  du  Gard  et  dans  \dL  Gazette 
du  Bas-Languedoc ,  journaux  publiés  à  Nhnes,  et  dans  une  ré- 
ponse à  quelques  observations  critiques  de  M.Blaud,  de  Beaucaire, 
M.  Crespon  a  fait  connaître  le  fait  le  plus  essentiel  de  la  vie  de 
VOscinis  oleœ ,  le  séjour  d'un  grand  nombre  de  ses  pupes  dans 
la  terre  ,  au  pied  des  oliviers  où  elles  passent  l'hiver  et  la  ma- 
jeure partie  de  l'année  suivante ,  pour  se  transformer  en  mou- 
ches vers  la  fin  de  l'été  ,  au  moment  où  les  olives  sont  assez 
gro.sses  pour  recevoir  et  nourir  les  œufs  que  ces  mouches  vont 
pondre  sur  chaque  fruit.  Voici  la  lettre  que  M.  Crespon  a  adres- 
sée au  rédacteur  du  Courrier  du  Gard,  le  o  fév.  1845. 

Monsieur, 

En  réponse  à  l'article  sur  VOscinis  oleœ  que  j'ai  publié  dan* 
votre  journal  et  dans  la  Gazette  du  Bas- Languedoc  ^  M.  César 


MÉLANGES    ET    (NOUVELLES.  3Sl 

Blaud  ,  de  Beaucaire  ,  m'adresse  une  vive  réponse  qui  taxe  d*in- 
exactitude  tout  ce  que  j'ai  dit  relativement  à  cet  insecte. 

Je  veux  être  bref  autant  que  possible  dans  la  réponse  que  je 
dois  lui  faire  dans  l'intérêt  de  l'agriculture  comme  dans  le  mien. 

D'abord  ,  je  n'ai  pas  voulu  traiter  de  la  petite  chenille  qui  atta- 
que quelquefois  l'olive  et  en  détruit  l'amande,  et  dont  l'insecte 
parfait  est  un  lépidoptère  nocturne  de  la  famille  des  teignes  (  je 
passe  ici  sur  les  synonymies  et  les  dénominations  latines  de  cet 
insecte ,  puisqu'il  est  bien  connu)  ;  mais  je  ne  l'ai  pas  confondu 
avec  VOscinis  oleœ ,  comme  le  pense  M.  Blaud.  Toutefois,  j'ai 
dû  m'étonner  de  voir,  le  30  novembre  dernier,  dans  la  Revue  de 
Paris,  un  article  très-remarquable  qui  traitait  des  ravages  que 
cette  chenille  cause  à  nos  oliviers  et  des  moyens  de  la  détruire  ; 
je  pus  croire  alors  que  quelque  correspondant  du  midi  avait 
voulu  signaler  à  M.  Guérin-Méneville  le  seul  insecte  qui  fait  réel- 
lement tort  à  nos  oliviers ,  VOscinis,  d'autant  plus  que  l'écrit  du 
savant  entomologiste  paraissait  au  moment  même  où  une  riche 
récolte  s'anéantissait  par  les  ravages  des  larves  de  ÏOscinis  oleœ 
et  que  personne,  encore  cette  année ,  ne  s'était  plaint  des  maux 
causés  par  la  Tinea  olivella  dont  il  parle ,  et  qui ,  du  reste , 
ne  sont  jamais  bien  considérables.  Voilà  ce  que  j'ai  entendu  dire. 

M.  Blaud  doute  que  les  larves  de  VOscinis  descendent  à  terre 
pour  s'y  cacher  et  s'y  transformer  en  chrysalides.  Je  vais  tout  à 
l'heure  le  lui  prouver  d'une  manière  irrécusable. 

En  suivant  la  vie  de  VOscinis  oleœ  pendant  plusieurs  mois  con- 
sécutifs, j'ai ,  en  secouant  les  branches  des  oliviers,  reçu  dans 
un  parapluie  que  je  tenais  ouvert  et  renversé  au-dessous  des  ra- 
meaux ,  plusieurs  larves  ,  et  j'en  ai  trouvé  aussi  le  long  du  tronc 
des  oliviers  ;  or,  donc ,  il  y  en  a  qui  abandonnent  l'olive  pour  des- 
cendre à  terre. 

J'ai  ouvert  plusieurs  centaines  d'olives ,  j'ai  conservé  longtemps 
des  rameaux  d'oliviers  chargés  de  leurs  fruits ,  et  j'ai  trouvé  quel- 
quefois une  chrysalide  placée  entre  le  noyau  de  l'olive  et  son  épi- 
derme.  J'ai  vu  d'autres  fois  une  mouche  à  demi  sortie  par  le 
trou  de  l'olive.  Je  possède  encore  tous  ces  matériaux  dans  mon 
cabinet. 

Mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  cette  marche  soit  suivie  par 
tous  ces  insectes ,  et  c'est  ce  qui  rend  leur  vie  plus  difficile  à 
étudier. 


332  KtvuE  zooLOGiyuE.  [Août  18i5.) 

On  trouve  encore  dans  les  champs  ,  soit  sur  les  arbres,  soit  à 
terre,  assez  d'olives  qui  ont  été  oubliées  ;  on  peut  en  ouvrir  plu- 
sieurs ,  et  l'on  ne  verra  chez  les  unes  que  l'enveloppe  de  la  nym- 
phe, tandis  que  la  majeure  partie ,  malgré  leur  piqûre  ,  n'en 
renferme  aucune  trace.  Demander  comment  cet  insecte  peut  se 
transformer  en  mouche  tantôt  dans  l'olive ,  tantôt  dans  la  terre, 
c'est  demander  à  la  Providence  un  de  ces  mystères  qu'elle  cache 
à  notre  intelligence.  Mais  il  est  permis  de  penser  que  c'est  là  une 
prévoyance  pour  la  conservation  de  l'espèce. 

Pour  être  sûr  d'ailleurs  que  VOscinis  se  change  en  nymphe 
autre  part  que  dans  l'olive,  n'a-t-on  pas  vu  dans  toutes  les  mai- 
sons où  l'on  avait  déposé  des  olives,  après  la  cueillette ,  des  mil- 
liers de  chrysalides  sur  le  sol  auprès  de  ces  olives ,  ainsi  que 
beaucoup  de  mouches  que  la  fermentation  et  une  température 
plus  chaude  qui  régnait  dans  les  appartements  avaient  fait  éclore 
avant  le  temps? 

Mais  le  point  capital  de  la  question  doit  être  celui-ci  :  Quels 
sont  les  moyens  de  reproduction  que  VOscinis  se  ménage  pen- 
dant l'hiver? 

M.  Blaud  ne  le  dit  pas,  et  c'est  ce  que  je  me  suis  appliqué  à 
chercher  et  ce  que  j'ai  été  heureux  de  trouver. 

Je  répète  donc  qu'en  ce  moment  les  chrysalides  de  VOscinis 
oleœ ,  le  seul  germe  que  cet  insecte  ait  laissé  pour  ses  généra- 
tions futures,  sont  cachées  dans  la  terre  de  deux  à  cinq  centi- 
mètres de  profondeur.  Kt  pour  donner  plus  d'autorité  à  celte 
assertion,  j'ai  dû ,  pendant  les  cinq  jours  qui  viennent  de  s  écou- 
ler depuis  la  réfutation  de  M.  Blaud,  j'ai  dû,  dis-je ,  prier  des 
personnes  qui  s'occupent  spécialement  des  améliorations  que 
l'on  peut  apporter  à  notre  agriculture ,  et  parmi  lesquelles  se 
trouvent  des  entomologistes  distingués  ,  de  venir  avec  moi  dans 
les  olivettes  s'assurer  par  elles-mêmes  des  faits  que  j'avais  avan- 
cés. —  Au  nombre  de  celles  qui  ont  bien  voulu  m'accompagner, 
je  citerai  MM.  Liotard  père,  Edouard  Boyer,  pharmacien,  Adolphe 
Bruguière,  Margarot-Pauc ,  Viviers  (de  la  Bastide),  Mourgue , 
pharmacien,  Prophète  fils,  Boyer,  horticulteur,  et  Miller,  chef 
de  bataillon  au  26«  de  ligne.  Toutes  ces  personnes  m'ont  vu 
trouver  des  chrysalides  de  VOscinis ,  et  en  ont  ramassé  elles- 
mêmes. 

Quant  à  l'emploi  de  la  chaux  comme  remède,  il  est  bien  re- 


MPriNGtS    KT    INOITVKLLÉS.  5^3 

connu  par  tous  les  agriculteurs  qu'elle  améliore  la  terre  et  cjue, 
loin  de  brûler  les  petites  racines  des  oliviers,  comme  M.  Blaud 
le  prétend,  elle  ne  peut,  au  contraire,  que  faire  fructifier  ces 
arbres. 

Si  M.  Blaud  doutait  encore  de  l'existence  de  ces  chrysalides, 
et  même  de  quelques  larves  qui  n'ont  pas  encore  achevé  leur 
métamorphorse,  je  le  prierais  alors  de  s'en  assurer  par  lui-même^ 
ou  bien  de  venir  à  Nîmes,  où  j'aurais  l'honneur  de  lui  démontrer 
que  cela  n'est  point  une  fable,  mais  une  réalité  qui  doit  vivement 
attirer  l'attention  des  personnes  chargées  de  veiller  aux  soins  de 
notre  agriculture. 

M.  Blaud  désire  qu'un  concours  soit  établi  pour  aviser  aux 
moyens  de  destruction  à  employer  contre  cet  insecte  nuisible  ; 
j'ai  aussi  prié  M  le  président  de  la  Société  d'Agriculture  du  Gard 
de  vouloir  bien  nommer  une  commission  à  cet  effet,  ce  qu'il  m'a 
promis  de  faire  au  plus  tôt.  J.  Crespon. 

Nota.  Comme  on  le  voit ,  M.  Crespon  semble  affirmer  que  les 
ravages  faits  par  la  Tinea  olivella  ne  sont  jamais  bien  considé- 
rables. 11  n'en  est  pa>*  de  même  dans  d'autres  localités  ,  comme 
je  m'en  suis  assuré  pendant  ma  tournée,  et  M.  Crespon  ,  que  j'ai 
eu  l'honneur  de  voir  à  mon  passage  à  Nîmes,  partage  mon  opi- 
nion et  m'a  dit  qu'il  n'avait  entendu  s'occuper  que  de  ce  qu'il  a 
observé  dans  le  département  du  Gard.  Au  reste ,  dans  une  excur- 
sion que  j'ai  faite  avec  lui  près  de  Nîmes  ,  nous  avons  trouvé 
quelques  Tinea  olivella  voltigeant  dans  les  rameaux  d'oliviers 
que  nous  avions  agités  pour  voir  si  les  Oscinis  étaient  écloses. 

G.  M. 

Nous  avons  annoncé  (1844,  p.  367)  la  mise  en  vente  de  la 
belle  collection  d'Insectes  Coléoptères  de  M.  H.  Gory,  qui  con- 
tient ,  entre  autres  objets  précieux  ,  tous  les  types  des  Monogra- 
phies que  cet  entomologiste  a  publiées  sur  les  genres  Cetonia^ 
Buprestis ,  Clytus ,  etc.  Nous  croyons  devoir  informer  nos  lec- 
teurs de  la  résolution  prise  par  M.  Gory  de  céder  séparément  les 
diverses  familles.  Déjà  M.  le  baron  de  Chaudoir  est  devenu  pro- 
priétaire de  la  famille  des  Carabiques ,  et  des  entomologiste» 
de  divers  pays  ont  écrit  pour  s'entendre  avec  M.  Gory  au  sujet 
de  quelques  autres. 


3S4  HEVOB  zooLOGiQDE.   {^aàt  1845.) 

Voici  le  tableau  des  familles  qui  composent  cette  collection  , 
du  nombre  d'espèces  qu'elles  contiennent  et  de  leur  prix. 

PRIX. 

650  fr. 

1,000 

6,500 

1,000 

500 

1,100 

300 

5,500 

3,500 

2,500 

400 

400 

500 

250 

500 

100 

4,500 

1,000 

3,500 

3,500 

450 

100 


Un  de  nos  confrères  nous  prie  d'annoncer  qu'il  désire  céder 
une  magnifique  série  de  Coléoptères  hétéromères  ,  de  plus  de 
2,000  espèces,  formant  un  total  d'environ  3,500  individus  en 
bon  état  de  conservation.  Cette  collection  ,  qui  a  été  soigneuse- 
ment comparée  et  nommée  sur  celle  de  M.  Dejean  et  sur  les 
plus  importantes  de  la  capitale ,  renferme  un  grand  nombre  de 
genres  très-rares  et  qui  manquent  encore  à  bien  des  musées. 

S'adresser,  pour  les  conditions  et  de  plus  amples  renseigne- 
ments, au  bureau  de  la  Bévue  zoologique  (écrire  franco). 


FAMILLES. 

ESPÈCES. 

Hydrocanthares. 

416 

Brachélytres. 

655 

Sternoxes. 

1,984 

Malacodermes. 

512 

Térédiles. 

288 

Clavicornes. 

704 

Palpicornes. 

168 

Lamellicornes. 

2,672 

Cétoines. 

720 

Mélasomes. 

1,184 

Taxi  cornes. 

263 

Ténébrionites. 

236 

Helopiens. 

288 

Trachélides. 

160 

Véssicants. 

338 

Sténélytres. 

64 

Curculionites. 

2,736 

Xylophages. 

615 

Longicornes. 

1,554 

Chrysomelines. 

2,336 

Tri  mères. 

312 

Dimères. 

50 

S'adresser  (franco)  au 

bureau  de  la  j 

eaux-Arts,  4. 

Nouveau  membre  admis  dans  la  Société  Cuvierienne. 

N*»  299.  M.  Bonaventure  Gravina,  membre  de  diverses  sociétés 
savantes,  etc. 
Présenté  par  M.  Signorel. 


HUITIEME  ANNEE.  —  SEPTEMBRE  184S 


I.    TRAVAUX    IIVEDITS. 

Description  de  quelques  Mammifères  Américains  par  le  M.  !« 
Docteur  Pucheran. 

P  Cebus  versicolor,  Puch. — Dessus  et  côtés  delà  téle,jusques 
en  arrière  des  oreilles  ,  couverts  de  poils  blancs,  ainsi  que  le 
menton  et  la  partie  inférieure  du  cou.  Région  inter-apriculaire 
noirâtre  foncé  ^  et  la  tache  aussi  foncée ,  avance  pour  finir  en 
pointe  sur  le  blanc  du  vertex,  tandis  qu'elle  se  nuance  de  brun 
sur  la  région  supérieure  du  cou.  Le  milieu  du  dos  est  blond 
foncé  passant  au  roussâtre  sur  le  croupion ,  et  se  change  en  gris 
brun  foncé  sur  les  flancs.  Le  thorax,  l'abdomen  sont  roux  vif, 
ainsi  que  les  faces  interne  et  externe  des  quatre  membres  ;  les 
poils  qui  couvrent  les  mains  ,  en  avant  comme  en  arrière,  sont 
noirs.  La  queue  est ,  à  sa  racine,  de  la  teinte  du  croupion ,  elle 
devient  ensuite  gris  brun  foncé  dans  son  tiers  médian  et 
blond  très-clair  dans  son  tiers  terminal  (1). 

Cette  espèce,  originaire  de  Colombie  (Santa-Fé  de  Bogota)  est 
très- voisine  ônCehus  chrysopus,  Cuv. ,  dont  elle  se  distingue 

(1)  Paisquo  nous  sommes  à  parler  de  quelques  primates  ,  nous  saisirons  cette  occasion 
de  rectifier  Ici  l'assertion  que  nous  avons  émise  dans  notre  article  Cynocéphale  du  dic- 
tionnaire de  M.  d'Orbigny,  en  annonçant  que,  dans  son  beau  travail  de  1812,  sur  les  qua- 
drumanes, GeolTroy-Saint-Hilaire  avait  commencé  par  les  Hurleurs  la  série  des  singes 
platyrhlniens.  Ce  sont  les  Atèles  que  ce  savant  célèbre,  à  la  mémoire  vénérée  duquel 
nous  dédions  l'une  de  nos  espèces  d'Ouistiti,  mil  à  la  tète  des  Primates  américains.  Nous 
sommes  d'autant  plus  surpris  de  notre  lapsus  calami  a  ce  sujet  ,  que  les  notes  que 
nous  avions  prises  pour  ce  travail  étaient  très-étendues  et  très-circonstanciées.  Nous 
profilerons  de  la  même  occasion  pour  décliner  notre  responsabilité  de  la  fin  du  paragraphe 
relatif  aux  mœurs  de  l'Hamadryas  et  aux  exercices  que  les  bateleurs  d'Orient  lui  font  faire. 
L'écrivain  ,  qui,  sur  notre  dernière  épreuve,  se  livra,  à  notre  insu,  à  cette  addition, 
désirait  rendre  noire  style  plus  pittoresque.  C'est  dans  un  autre  but  que  nous  l'aurions 
dispensé  de  conclure  qne  l'hilarité  des  spectateurs  en  présence  des  scènes  dont  ils  sont 
témoins,  prouve  que  les  idées  de  pudeur  ne  sont  pas  les  mêmes  chez  ces  peuples  que 
chez  nous.  En  terminant  l'exposition  des  mœurs  du  Chacma  à  l'état  sauvage,  notre  trop 
bienveillant  correcteur  a  été  assez  malheureusement  inspiré  pour  nous  faire  écrire  le 
contraire  de  ce  que  nous  pensons,  en  prétendant  que  Kolbc,  dont  le  témoignage  est  assez 
souvent  équivoque  pour  mériter  confirmation  ,  peut ,  dans  la  circonstance  dont  il 
s'agit,  être  cru  sur  parole.  C'est  à  regret  que  nous  nous  voyons  obligé  d'occuper  les 
lecteurs  de  la  Revue  de  rectifications  qui  nous  sont  personnelles  :  mais  comme  notre 
nom  se  trouve  au  bas  de  l'article  en  question .  il  nous  semble  juslo  et  bonnète  de  ne  pas 
prendre  la  responsabilité  d'assertions  auxquelles  nous  sommes  totalement  étranger.  Nous 
3e3  rendons  à  leur  auteur,  qu'on  nous  dispensera  de  nommer. 

Tome  Vin.  Année  1845.  22 


336  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Septembre  1845.) 

au  premier  coup  d'œil  par  le  noir  de  sa  nuque  et  de  ses  quatre 
pattes. 

2° 'Hapale  Geoffroyi^  Pach.— Face  et  tète  en  entier  cou- 
vertes de  poils  blanchâtres,  devenant  plus  allongés  sur  sa  partie 
médiane  de  la  tète  et  formant  là  une  tache  longitudinale. 
Nuque  et  dessus  du  cou  roux  marron.  Dessus  du  dos  et  flancs, 
face  externe  de  la  moitié  supérieure  des  bras  et  des  cuisses, 
de  couleur  noire  ofî'rant  çà  et  là  des  espaces  occupés  par  des  poils 
blonds.  Queue  colorée  par  places  de  rouge  pourpré  et  de  noir  à 
sa  base  dans  une  très-petite  étendue,  noire  dans  le  reste. 

Cette  es{)èce  est  très-voisine  du  Simia  œdipus  dont  elle  se 
distingue  par  l'absence  de  sa  crinière  blanche,  parla  coloration 
différente  de  la  face  externe  du  bras  et  des  cuisses,  par  l'exis- 
tence du  rougeâtre  de  la  nuque  et  du  dessus  du  cou ,  par  la 
moindre  étendue  du  rouge  de  la  queue ,  dont  la  nuance  est 
différente  et  n'occupe  pas  dune  manière  uniforme  tout  le  pour- 
tour de  l'organe. 

3»  Hapale  Illigeri,  Puch.  —  Tête  noire,  ainsi  que  la  face  : 
lèvre  supérieure  couverte  de  poils  blancs.  Dessus  du  cou 
et  nuque,  membres  antérieurs  sur  leurs  faces  interne  et  externe 
(jusques  aux  mains)  ,  rougeâtres  ainsi  que  tout  le  dessous  du 
corps.  La  couleur  rousse  règne  sur  les  membres  postérieurs,  ainsi 
que  sur  la  partie  inférieure  de  la  queue  à  sa  base,  dans  quel- 
que pouces  d'étendue.  Les  quatre  mains  sont  noires  tiquetées 
de  roux,  assez  obscurément  en  avant,  mais  très-visiblement  en 
arrière 

Cette  espèce,  très-semblable  au  Midas  labratus^  Geoflf.  St.  H., 
s'en  distingue  par  la  coloration  différente  de  la  face  externe  des 
quatre  membres  et  du  dessus  du  cou.  Nous  la  croyons  origi- 
naire de  Colombie,  tandis  que  l'Ouistiti  de  Geoffroy  nous  est 
venu  de  Panama.  L'individu  que  nous  avons  décrit  a  vécu  quel- 
que temps  à  la  ménagerie  du  Muséum  :  il  nous  fut  donné  par 
M.  l'ingénieur  Courtine.  Par  les  désignations  spécifiques  que 
nous  avons  choisies,  nous  avons  voulu  rappeler  à  la  mémoire 
des  mammalogistes  les  deux  savants  célèbres  qui ,  les  premiers, 
ont  bien  apprécié  les  caractères  des  Ouistitis. 

4°  Sciurus  rufoniger.  Puch.  —  Roux  sur  les  flancs  ;  ligne 
noire  régnantsurla  partie  médiane  du  dos  bien  marquée,  surtout 
à  partir  de  l'intervalle  des  épaules  ,  et  régnant  jusques  à  la  base 


TRAVAUX     INÉDITS.  337 

<le  la  queue.  Menton   t^ris ,  ainsi  que   Tabdomen,  qui  devient 
un  peu  jaunâtre  tandis  que  la  poitrine  est  jaune.  Queue  distique,     Ky^L 
couverte  de  poils  alternativement  annelës  de  roux  et  de  noir  ,     i  .  i         ,^ 
avec  deux  pointes  blanches.  Taille  du  Guerlinjijuet.  (Ç^^^  ^  * 

Habite  la  Colombie  (Santa-Fë  de  Bogota).  -^ukt.  ) 

5"  Sciurus  chrysuros  Puch.  —Dos,  tête  ,  flancs  ,  membre  pré- 
sentant la  teinte  générale  du  Guerlinguet,  mais  plus  foncée; 
queue  ronde,  offrant  à  sa  base  la  coloration  du  dessus  du  corps, 
roux  doré  dans  le  reste  de  son  étendue.  La  gorge  est  jaunâtre, 
le  reste  des  parties  antérieures  offre  ,  mais  d'une  manière  très- 
effacée,  la  couleur  de  la  queue.  Dans  cette  espèce ,  intermédiaire 
par  sa  taille  entre  le  Guerlinguet  et  l'Écureuil  nain,  les  oreilles 
sont  si  petites  ,  qu'elles  ne  s'élèvent  que  de  quelques  lignes 
au-dessus  du  poil  du  reste  de  la  tète. 

Habite  la  Colombie  (Santa-Fé  de  Bogota). 


Desckiption  de  quelques  oiseaux  nouveaux  , 
par  M.  F.  de  Lapresnaye  , 

Fam.  CERTHlADyE.  —  S.  Fam.  Trogloditin^e.  Gen.  Thriotho- 
Rus  Vieillot. 

!•  T.  fasciato-ventrisJ — Thriot.  supra  obscure  brunneus,  re- 
migibus  tertiariis  fusco  vixconspicue  maculatis,  pileo  obscuriore , 
loris  et  macula  post-oculari  nigris,  vitta  superciliari  a  naribus  ad 
nucham  ,  mento ,  collo  antico  et  laterali  pectoreque  supremo  ni- 
veis;  pectore  abdomine  crissoque  vittis  irregularibus  nigro-fuscis 
et  albisfasciatis;  vittis  nigris  latioribuscauda  dorsi  concolore  sed 
nigro  fasciata;  alfe  tectricibus  inferis  albis  fusco-punctatis;  ros- 
trum  et  pedes  plumbei ,  illius  apice  et  tomiis  passidis.  Longit.  tota 
14  cent.  1/2.  Habitat  ad  Bogotam.  ; 

2°  T.  rufalbus.  —  Thriot.  supra  vivide  ferrugineus ,  cauda 
vittis  nigris  angustis  undulatis  et  distantibus  fasciata ,  vitta  su- 
perciliari et  post-oculare  nivea  nigro  marginata  ;  genis  albis 
nigro  variegatis  ;  remigibus  primariis,  duabus  prioribus  exceptis, 
remigibus  secundariis  et  tertiariis  lineis  nigris  angustis  et  dis- 
tantibus zonatis  ;  subtus  totus  niveus ,  hypochondriis  tibiisque 
rufescente-griseis,  subcaudalibus  albis,  maculis  aliquot  latis 
îransverse  notatis  ;  rostrum  corneum  (  mandibula  albicante) 
robustum  uti  in  thriothoro  longirostri  sed  brevius;  pedes  pal- 


338  REVUE  ZOOLOGIQUE.  [Septembre  1845.) 

lide  fuscescentes.  Longit   tota    1.3  cent.  12.  Habitat,  in  Mexico, 

3"  T.  leucotis. — Thriot.  supra  griseo-murinus ,  cauda  parum 
rufescente  vittis  nigris  latis  fere  rectis  striata  ;  remigibus  totis 
earumque  tectricibus  iisdem  vittis  sed  multo  angustioribns  et 
numerosissimis  zonatis  ;  vitta  angusta  superciliari  ;  linea  dorsi 
concolore  subtus  limbata  ;  gula,  genis  colloque  antico  albis,  pec- 
tore  rufescente  parum  tincto;  abdomine ,  ano  et  subcaudalibus 
rufescentibus,  unicoloribus  ;  rostrum  modicum,  pallide  corneum, 
mandibula  pallidiore;  pedes  plumbei.  Habitat  in  Colombia  aut 
Mexico. 

De  la  taille  du  Thriothore  à  long  bec  et  de  notre  T.  rufalbin, 
il  diffère  de  ce  dernier  par  sa  coloration  toute  différente  et  par 
son  bec  plus  faible.  Le  Troglodytes  (Thriothorus)  leuco-gastrade 
Gould ,  qui  a  tout  à  fait  le  même  fonds  de  coloration  dessus  et 
dessous ,  en  diffère  néanmoins  en  ce  que  de  toutes  les  plumes  de 
l'aile,  les  rémiges  tertiaires  seules  sont  barrées  de  noir,  mais  si 
faiblement  qu'on  à  peine  à  les  distinguer,  en  ce  que  les  joues, 
au  lieu  d'être  toutes  blanches  ,  sont  variées  de  brunâtre ,  et  en 
ce  que  ses  proportions  sont  d'un  quart  plus  faibles.  Il  est  du 
Mexique. 

4°  T.  maculipectus.  —  Thriot.  supra  rufescente-murinus , 
pileo  saturatius  rufo  ;  cauda  vittis  distantibus  nigris  striata ,  alis 
vittis  similibus  sed  multo  minoribus  et  obscurioribus ,  vix  con- 
spicuis  notatis  ;  vitta  superciliari  guttureque  niveis;  capitis  la- 
teribus ,  collo  antico ,  pectore  medioque  abdomine  et  flexura 
alae  albis ,  striis  et  maculis  nigris  notatis  ;  hypochondriis  ano- 
que  dorsi  concoloribus  ;  subcaudalibus  sordide  albis  nigro  fas- 
ciatis;  rostrum pedesque plumbei.  Longit.  tota  12 cent.  1/2.  Habit. 
Mexico. 

5°  T.  striatulus.  —  Thriot.  supra  umbrino-murinus ,  uni- 
color,  alis  totis  caudaque  nigro-fusco  dense  et  stricte  striatis, 
striis  caudae  angustissimis  et  irregularibus  ;  subtus  pallidior,  lae- 
viter  ochraceo  tinctus,  plumis  laevissime  et  vix  conspicue  fusco 
fimbriatis  ;  rostrum nigro-fuscum,  mandibula  basi  albicante  ;  lon- 
git. tota  12  cent.  Habit,  ad  Bogotam. 

Genus  Campylorhynchus,  Spix  (1824);  Gray,  List  of  gênera  ,  20  ; 
Picolaptes  Lesson. 

M.  Gray,  dans  sa  List  of  the  gênera  ofbirds,  ayant  cru  devoir 
restituer  comme  plus  ancien  le  nom  générique  de  Campylo- 


TRAVADX    INÉDITS.  339 

rfiynchus  Spix,  à  une  partie  des  espèces  désignées  par  M.  Lesson 
sous  celui  de  Picolaptes  (grimpic) ,  nous  croyons  devoir  nous- 
mèiiie  adopter  ce  changement  basé  sur  l'ancienneté ,  et  nous 
allons  décrire,  sous  le  nom  générique  de  Campylorhynchus, 
quelques-unes  de  ces  grandes  espèces  de  Thryothores  à  longue  "^ 
queue,  à  plumage  couvert  de  zones,  presque  généralement,  ayant 
pour  types  le  Grimpic  zone  {Picolaptes  zonatus  Lesson,  Centu- 
rie, pi.  70,  et  Traité,  p.  313),  ainsi  que  quelques  autres  espèces 
que  nous  avons  décrites  et  figurées  nous-même  sous  ce  nom  de 
Picolaptes,  dans  le  Magasin  de  zoologie, 

S°  C.  rufinucha. — Camp,  pileo  vittaque  per  oculos  transeunte 
atris,  nucha ,  collo  supero  dorsoque  supremo  et  medio  rufis,  sca- 
pularibusdorsoqueimostriisalbis  angustis  nigro  limbatisnotatis; 
alis  totis  maculis  fuscis  rufesçentibus  et  albis  variegatis  ;  cauda  ro- 
tundata  ,  rectricibus  totis  qualuor  mediis  exceptis,  vittis  albis  et 
nigris  zonatis  ;  ultiina  alba  latiore  fusco  terminata  ;  stria  lata 
superciliari ,  subtusque  totus  albus,  pectore  et  abdomine  punctis 
parvis  fuscis  sparsis  notatis  ;  rostrum  forte  elongatum  arcuatum 
plus  quam  in  Picolapte  zonato  Lessonii.  Longit.  tota  22  cent. 
Habit.  Mexico. 

W"  C.  brevirostris.  —  Camp,  rostro  breviore  quamvis  basi 
œque  lato,  inter  alias  distincta  hœc  species.  Supra  pileo  toto  nu- 
chaque  fusco-nigris ,  vitta  lata  postoculari  sordide  alba  ,  collo 
dorsoque  supremo  rufescente-fuscis  maculis  rotundatis  sordide 
albis,  notatis;  alis  caudaque  fusco  nigris  vittis  albido-rufescen- 
tibus  zonatis.  Subtus  gutture ,  collo  pectoreque  albidis,  maculis 
parvis  transversis  fuscis,  abdomine  anoque  pallide  rufesçentibus 
maculis  aliquot  fuscis  vix  conspicuis  notatis  ;  maxilla  cornea, 
mandibula  pallida  aut  flava,  pedibus  fuscescentibus.  Longit.  tota 
16  cent.  Hab.  ad  Bogotam. 

^^  C.  me  galop  ter  us,  —  Camp,  supra  subtusque  totus  fusco- 
nigricante  alboque  sordido  variegatus;  pileo  laleribusque  capitis 
striis  angustis  fuscis  et  rufesçentibus,  collo  iisdem  sed  latioribus 
et  albescentibus,  dorso,  alis  caudaque  vittis  latisaeque  coloratis 
distincta  hœc  species  Subtus  totus  albescens  maculis  fuscis  undi- 
que  notatus,  rostrum  magnum  ,  iraxilla  cornea ,  mandibula  pal- 
lida, pedibus  fnsçis.  Longit.  tota  21  cent.  Habit.  Mexico. 

Cette  espèce  ne  peut  être  confondue  avec  le  Grimpic  zone  de 

Lesson  du  même  pays  ;  car  outre  la  différence  de  coloration,  qui 


340  REVUE  zooLOGiQDE.   {Septembre  1845.) 

d'ailleurs  pourrait  être  attribuée  à  la  difïérence  d'âge,  il  s'en  dis- 
tingue par  des  proportions  plus  fortes  et  surtout  par  ses  ailes  beau- 
coup plus  longues. 

Nota.  Nous  possédons  plusieurs  individus  de  ce  genre  Cam- 
pylorhynque  différant  par  leur  coloration  du  Campyl.  i<colo- 
paceuSj  type  du  genre,  du  Campylorhynchus  zonatus ,  Lesson  , 
et  de  toutes  celles  que  nous  avons  décrites  ,  mais  ayant  presque 
les  mêmes  formes  et  proportions,  ce  qui  nous  fait  supposer  que 
ce  sont  des  jeunes  en  différentes  livrées ,  car  nous  pouvons  cer- 
tifier que  chez  quelques  espèces  la  couleur  des  ailes  est  dans  la 
première  livrée  de  teinte  plus  pâle  et  dépourvue  des  taches  ou 
bandes  foncées  de  l'âge  adulte  ;  mais  nous  n'avons  pu  recon- 
naître cette  différence,  que  sur  les  ailes  et  aussi  quant  à  la  cou- 
leur rousse  de  l'abdomen  commune  à  la  plupart  des  espèces  qui 
est  beaucoup  plus  pâle  chez  les  jeunes  Mais  nous  ne  pouvons 
affirmer  que  la  coloration  totalement  uniforme  gris  brunâtre  en 
dessus ,  blanc-jaunâtre  en  dessous,  comme  chez  les  individus 
rapportés  de  Guarayos,  par  M.  A.  d'Orbigny^  soit  une  livrée  de 
jeunesse  du  Campyl.  scolopaceus ,  comme  nous  l'indiquâmes 
dans  le  Synopsis  avium  Americae,  ou  qu'elle  en  constitue  peut- 
être  une  espèce  distincte.  Les  voyageurs  naturalistes  et  les  di- 
recteurs des  musées  public  ,  qui  reçoivent  souvent  un  grand 
nombre  d'individus  de  chaque  espèce,  sont  seuls  à  même  de  faire 
des  observations  certaines  et  de  donner  sur  les  différentes  livrées 
des  Campylorhynques  des  éclaircissements  positifs. 

Fam.  TURDID^.— S.fam.  For.MrcARiN^.  G.  R.  Cray,  List  of  gê- 
nera.— Genus  Thamnophilus. 

9°  T.  immaculatus . — Tham.  supra  subtusque  totus  intense 
ater ,  immaculatus,  rostro  pedibusque  ejusdem  coloris  (mas).  — 
Long,  tota  16  cent. 

T.  supra  subtusque  brunneo-cinnamomeus  ,  fronte ,  loris, 
gutture ,  genis  caudaque  totis  nigro-ardesiaceis  ;  rostro  pe- 
dibusque nigris,  mandibula  albicante  (fœmina  ).  Habit,  ad  Bo- 
gotam. 

Cette  nouvelle  espèce  se  distingue  parmi  celles  à  plumage  noir 
non-seulement  parce  qu'elle  n'offre  pas  la  moindre  tache  blanche 
à  l'extérieur,  mais  parce  que  ses  plumes  dorsales  n'en  offrent  pas 
le  moindre  vestige  intérieurement  à  leur  base. 


f  TRAVAUX    INÉDITS.  341 

Genus  Myioturdus.  Boie. 

10"  M.  fuscater. — Myiot.  supra  capitisque  lateribus  totusfus- 
cater,  pileo  nigro  ;  subtus  griseus,  gutture  medioque  abdomine 
albicantibus;  rostro  pedibusque  flavis,  maxilla  fusca.  Longit,  tota 
15  cent.  Habit,  ad  liogotam. 

Cette  espèce  très-voisine  de  taille  et  de  forme  du  Myioturdus 
colma,  en  diffère  principalement  par  un  bec  plus  faible  et  sensi- 
blement plus  court  et  par  une  coloration  noirâtre  et  grise  sans  la 
moindre  nuance  de  brun  ou  de  roux. 

^  Fam.  MUSCICAPID^.  S.  fam.  Muscicapin^. 

Genus  Tyrannula  ,  Swainson. 

11»  T.  icterophrys.  —  Tyr.  supra  viridi  olivacea  fronte, 
vitta  lata  superciliari ,  semi-torque  nuchali ,  corporisque  parte 
infera  tola  vivide  flavo-ranunculaceis  ;  loris,  genis,  lateribusque 
colli  et  pectoris  olivaceis  (rostro  lato,  forti ,  modice  compresso). 
Long,  tota  15  cent.  Habit,  ad  Bogotam. 

Cette  jolie  espèce  d'après  la  forme  élargie  et  robuste  de  son 
bec  se  rapproche  un  peu  des  Platyrhynques  et  surtout  du  Mus- 
cicapa  querula  de  WiWson  ,  pi.  13,  f.  3.  — Platyrhynque  ver- 
doyant, Plat,  virescens,  Vieillot.  Dict.,  vol.  27,  p.  22. 
Genus  Tyrannulus.  Vieillot. 

12"  T.  nigro-capillus.  — Tyr.  supra  olivaceus  ,  pileo  nu- 
chaque  nigris ,  superciliis  pallide  flavicantibus  ;  tectricibus  alae 
maculis  latisejusdem  coloris  terminatis,  duas  vittae  obliquas  for- 
mantibus;  remigibus  totis,  duabus  picoribus  exceptis,  flavo-mar- 
ginatis;  subtus  olivaceo-flavus ,  gutture  albicante ,  collo  antico 
et  laterali  pectoreque  viridi  colore  intermixtis.  Long,  tota  10  cent. 
Habit,  ad  Bogotam. 

Voisine  du  Tyranneau  huppé  de  Vieillot,  cette  jolie  espèce  en  dif- 
fère par  une  taille  un  peu  plus  forte,  par  l'absence  totale  de  jaune 
doré  sur  la  tète  et  la  distribution  des  couleurs. 

Fam.  PARiDiE.  G. — Genus  Hylophilus,  Temminck. 

13o  H.  semi-brunneus.  —  Hyl.  olivaceus ,  capite  ,  collo ,  dor- 
soque  summo  olivaceo-brunneis  ;  subtus  pallide  olivaceo-flaves- 
cens  ,  gutture ,  flexura  alœ  ,  medioque  abdomine  albescentibus  ; 
rostro  pallide  brunneo^  pedibus  plumbeis.  Habit,  ad  Bogotam, 
longit.  tota  11-12  cent. 

Voisine  de  VHylophile  oreillon  tacheté  de  Temnmick,  pi,  col., 


I 


342  REVDE  zooLOGiQDE.   {Septembre  1845.)f 

1  73-2,  cette  espèce  en  diffère  par  un  bec  notablement  plus  grand 
et  par  la  couleur  brune  qui  chez  elle  s'étend  sur  les  oreilles,  le 
cou  entier  et  le  haut  du  dos. 

l-i^  H,  flavipes.  —  Hyl.  supra  grisescente  olivaceus,  pileo 
parum  obscuriore,  subtus  pallide  ochraceo-flavescens  gutture 
albicante,  pectore  sordide  pallescente,  rostro  pallide  brunneo, 
pedibus  flavescentibus.  Longit.  tota  11-12  cent.  Habit,  ad  Bo- 
gotam. 

Notes  Ornituologiques  ,  par  le  D*^  G.  Hartlaub,  de  Brème. 

La  littérature  ornithologiqne  des  dernières  années  a  été  enri- 
chie par  deux  ouvrages  importants  destinés  à  donner  Ténuméra- 
tion  de  tous  les  genres  d'oiseaux  publiés  depuis  1752  (Mœhring) 
jusqu'à  nos  jours ,  savoir  la  «  List  of  the  gênera  of  birds  »  de 
M.  G.  R.  Gray  ,  et  le  «Nomenclator  zoologicus  »  de  M.  Agassiz. 
Ces  auteurs  ont  cherché  avec  un  grand  succès  à  rendre  leurs 
catalogues  respectifs  aussi  complets  que  possible.  Cependant 
mes  études  bibliologiques  .  m'ont  fait  rencontrer  quelques 
dénominations  génériques  ,  dont  l'existence  a  échappé  aux 
recherches  de  ces  savants  et  dont  la  reproduction  me  semble 
d'un  certain  intérêt  scientifique  ,  d'autant  plus  qu'il  s'agit  , 
comme  on  le  verra,  de  la  priorité.  Ces  genres  sont  les  suivants  : 

1.  JMyrmornis  ,  Genre  d'oiseaux  établi  par  J.  Hermann 
de  Strasbourg ,  dans  son  ouvrage  «  Tabulae  affinitatum  ani- 
malium,  Argentor  1783  »  p.  188,  pour  les  *  Fourmiliers  »>  de 
Buffon.  Ce  genre  serait  donc  contemporain  avec  le  genre  For- 
micarius,  créé  par  Boddaert  pour  les  mêmes  oiseaux. 

2.  Rhimamphus ,  genre  établi  par  M.  C.  S.  Rafinesque , 
dans  le  Journal  de  physique,  de  chimie,  d'histoire  naturelle  et 
des  arts,  par  M.  Blainville,  Paris  1819,  tome  88  ,  p.  417.  Sous 
la  description  de  l'espèce  donnée  comme  type  et  nommée  H.  ci- 
trinus  ^  je  crois  reconnaître  avec  certitude  la  Motacilla  œstiva 
des  auteurs,  et  par  conséquent  ce  genre  Rhimamphus  serait 
identique  avec  le  genre  Sylvicola  de  Swainson,  formé  en  1827. 

3.  Helmitheros j  Genre  publié  par  Rafinesque,  loco  citato. 
L'espèce  typique ,  H.  migratorius ,  Raf . ,  est  déclarée  par  ce  na- 
turaliste même  comme  identique  avec  la  Sylvia  vermivora  de 
Latham,  pour  laquelle  Swainson  et  Audubon  ont  créé  leurs 
genres  Vermivora  et  ffelinaea  (1827  et  1839).  Je  crois  devoir 


ANALYSES    DODVRAGES    NODVEADX.  343 

réclamer  la  priorité  pour  la  dénomination  de  ce  genre  et  du 
suivant,  en  faveur  de  Rafinesque ,  zoologiste  très-zélé,  Irès- 
productif  et  en  même  temps  singulièrement  infortuné  ,  car 
ses  travaux  scientifiques  sont  restés  en  partie  inconnus  au  monde 
savant ,  en  partie  ils  ont  éprouvé  le  sort  fatal  et  non  mérité 
d'être  oubliés  presque  par  tous  les  naturalistes. 

4.  Symphemia  ^  Genre  établi  par  Rafinesque,  1.  c,  pour  le 
Scolopax  semipalmata,  Gmel.  espèce  bien  connue  et  type  du 
genre  Catoptrophorus  de  Bonaparte  (18?8).  M.  Rafinesque  a 
nommé  cet  oiseau  S.  atlantica. 


II.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Annales  des  sciences  physiques  et  naturelles ,  d'agriculture  et 
d'industrie,  publiées  par  la  Société  royale  d'agriculture  ,  etc. , 
de  Lyon,  tome  VI  ,  1848  ,  grand  in-S®.  Lyon. 

Cette  utile  publication,  arrivée  à  son  sixième  volume,  contient 
une  foule  de  documents  importants  dus  à  des  hommes,  instruits  et 
zélés.  On  peut  dire  que  c'est  le  plus  beau  recueil  publié  par  une 
société  savante  en  France ,  car  chaque  volume  est  imprimé  dans 
un  format  grand  in-8"  sur  très-beau  papier  ,  et  accompagné  de 
nombreuses  planches,  souvent  coloriées  et  en  général  très-bien 
exécutées. 

L'importance  de  cette  société  ,  l'une  des  premières  de  nos  dé- 
partements, devient  tous  les  jours  plus  grande  par  la  publicité 
donnée  à  ses  travaux,  et  c'est  la  publication  périodique  de  ses  An- 
nales qui  a  puissamment  contribué  à  lui  assurer  une  place  émi- 
nente  dans  la  science  et  dans  l'industrie.  Nous  aurions  voulu 
donner  une  idée  complète  des  excellents  travaux  que  l'on  trouve 
dans  ce  recueil,  mais  le  plan  de  la  Revue  zoologique  ne  nous 
permet  de  parler  que  des  travaux  zoologiques  insérés  dans  ces 
annales.  Comme  les  observations  contenues  dans  les  cinq  pre- 
miers volumes  sont  déjà  bien  connues  des  savants  ,  nous  nous 
bornerons  à  indiquer  celles  que  l'on  trouve  dans  le  sixième,  plus 
récemment  publié. 

I .  Descriptions  et  figures  de  plusieurs  espèces  nouvelles  d* Oi- 
seaux-mouches ,  par  MM.  J.  Bourcier  et  E.  Mulsant. 

Les  espèces  décrites  avec  soin  par  ces  deux  naturalistes  sont  nu 
nombre  de  seize  ;  eu  voici  les  noms  ; 


I 


Au 

344  REVUE  zooLOGiQUE.  [Septembre  1845.  ) 

I.  Trochilus  Prunellii ,  ?..  T.  Geoffroy i  ,  3.  T.  Guimeti, 
4.  T.  Poortmanni,  5.  T.  Prevostii,  G.  T.  Chrysogaster,  7.  T. 
cyanotus  ,  8.  T.  viridig aster  ^  9.  T.  cyanifrons^  10.  T.  Zead- 
bateri  y  n.  T.fallax,  12.  T.  Riefferi ,  i5.  T.  cupripennis  ^ 
i4.T.  Goudoti  y  i5,  T.  anthophilus ,  16.  T.  Barroti.  —  On 
ne  connaît  pas  la  patrie  de  cinq  de  ces  espèces,  mais  toutes  les 
autres  proviennent  de  la  Colombie.  Six  de  ces  espèces  sont  repré- 
sentées dans  de  belles  planches  gravées  et  coloriées. 

2.  Description  de  quelques  Coléoptères  inédits^  par  M.  E.  Mul- 

sant. 

L'auteur  décrit  six  espèces  comme  nouvelles  ;  trois  appartien- 
nent à  la  France  et  trois  à  l'Algérie.  Voici  les  noms  de  ces  es- 
pèces : 

1.  Hydroporus  Aubei ,  de  la  Grande-Chartreuse  ;  2.  Apho- 
dius  paralielus,  de  Nîmes  ;  3.  Bolboceras  fissicornis ,  d'Alger. 
(C'est  \e  Bolboceras  Bocchus  d'Erichson ,  représenté  dans  le  Ma- 
gasin de  Zoologie,  1841 .  1ns.  pi.  7 1  ,  f.  1)  ;  4.  Geotrupes  denti- 
frons  ,  d'Alger.  (C'est  le  Geotrupes  Douei  Gory,  Mag.  zool.  , 
ibid.,  pi.  71,  f-  2);  5.  Stenidea  Troberti ,  d'Alger;  6.  Phytœcia 
flavescens  ,  des  environs  d'Hyères. 

3.  Rapport  sur  un  nouveau  procédé  d'échaudage  de  la  vigne  , 

pour  la  destruction  de  la  Pyrale  ,  par  M.  Sauzey. 
On  sait  qu'un  agriculteur  des  environs  de  Lyon  ,  M.  Raclet ,  a 
trouvé  un  moyen  aussi  efficace  que  peu  coûteux  de  faire  périr  les 
jeunes  chenilles  de  Pyrales  ,  qui  passent  rhiver  sous  les  écorces 
des  vignes.  Ce  moyen  consistait  à  verser  de  l'eau  bouilTànte  sur 
les  pieds  de  vignes  ,  laquelle  pénétrait  dans  toutes  les  fissures  et 
allait  rôtir  les  jeunes  larves.  Le  rapport  de  M.  Sauzey  est  destiné 
à  faire  connaître  à  la  Société  un  perfectionnement  de  cette  pra- 
tique. Le  nouveau  procédé  consiste  à  réduire  de  l'eau  en  vapeur 
et  à  projeter  celle-ci  sur  les  ceps  attaqués.  L'appareil  que  M.  Sau- 
zey signale  à  la  Société  consiste  en  un  cylindre  à  double  fond,  au 
centre  duquel  est  un  fourneau.  La  vapeur  produite  est  dirigée  sur 
les  ceps  à  la  volonté  de  1  ouvrier  ,  et  pénétrant  dans  les  plus  pe- 
tites cavités  de  l'écorce,  va  brûler  les  larves  jusque  dans  leurs  re- 
traites les  plus  cachées.  M.  Sauzey  a  fait  connaître  le  prix  de  l'ap- 
pareil ,  li.  dépense  en  combustible  et  en  eau  ,  ainsi  que  celle  de  la 
main-d'œuvre,  et  il  arrive  à  constater  une  économie  considé- 
rable. G.  M. 


AINALYStS    DOCVRAGKS    iMOUVEACX.  345 

Iconographie  ORNiTHOLOGiQUB,  nouveau  recueil  général  deplan- 
ches  peintes  d^oiseaux,  destiné  à  servir  de  suite  et  de  com- 
plément aux  planches  enluminées  de  Buflfon,  et  aux  planche» 
coloriées  de  MM.  Temminck  et  Laugier  de  Chartrouse;  par 
M.  0.  Des  Murs. 

La  première  livraison  de  cet  important  ouvrage  vient  de  pa- 
raître ;  elle  contient  six  planches  qui  représentent  :  1*^  VAquila 
Isidori ,  Des  Murs  ;  2°  le  Neomorpha  Gouldii,  Gray  ;  3°  le  Poe- 
phila  mirabilis,  MM.  Hombron  et  Jacquinot;  4o  La  Columha Ri- 
volii  ,  FI.  Prévost  ;  5°  La  Merganetta  chilensis  ,  Des  Murs  ; 
6"  et  la  Merganetta  colombiana  ,  Des  Murs.  La  deuxième  li- 
vraison paraîtra  au  mois  de  novembre,  et  les  autres  se  succé- 
deront sans  interruption.  <# 

L'auteur  de  cet  ouvrage,  bien  connu  par  les  excellents  travaux 
qu'il  a  déjà  donnés  à  l'Ornithologie,  et  par  la  manière  savante 
et  surtout  très-consciencieuse  dont  ces  travaux  sont  traités  .  doit 
inspirer  une  grande  confiance  aux  zoologistes.  Ils  seront  sûrs  de 
tarouver  dans  son  livre  des  notices  exactes  sur  les  oiseaux  nou- 
vellement découverts,  des  descriptions  complètes  ,  une  synony- 
mie sérieusement  établie  des  espèces  mal  connues  ,  et  d'excel- 
lentes figures.  G.  M. 


Knumération  dfes  insectes  Lépidoptères  delà  Belgique,  par  Edm. 
DE  Selys-Longchamps,  membre  de  plusieurs  académies  et  socié- 
tés savantes.  (Extrait  du  too^e  3  des  Mémoires  de  l'Académie 
Royale  des  sciences  de  Liège.) 

Sous  ce  titre,  l'auteur  publie  le  catalogue  des  Lépidoptères 
découverts  jusqu'à  ce  jour  en  Beliiique  ,  et  dont  le  nombre  s'é- 
lève à  102I,  non  compris  5o  espèces  environ  répandues  dans  les 
collections  sans  être  déterminées.  Voici  la  récapitulation  par  fa- 
milles de  celles  qui  le  sont ,  savoir  : 

Espèces. 

IPapilloiiidées.  36 

Nymphalidées,  89 

Hespéridées.  >3 

R.porl.   ...     88 


346  HEVDE  zooLOGiQUË.  (Septembre  1845.) 

Report.  ...  88 

Sphingidëes.  36 

Bombycidëes.        /^,_^           A^  104 

Noctuidées.            ;pl|  214 

iPhalénidées.            '  217 

Nocturnes.     ....   .  (Pyralidées.  61 

Tortricidées.  140 

(Crambidées.  36 

Tinéidëes.  io8 

Ptérophoridées.  17 


''  Total.    ...       1,021 

Ainsi  que  l'auteur  l'annonce  dans  sa  préface,  il  a  suivi  pour  la 
classification  des  sept  premières  familles  le  dernier  index  de 
M.  Boisduval ,  qui  ne  va  pas  au  delà  des  Phalénidées,  et  pour 
celle  des  cinq  dernières ,  qui  correspondent  aux  Microlé|)idop- 
tères  des  Allemands  ,  il  a  adopté  les  tribus  et  les  genres  que  j'y 
ai  établis  dans  l'histoire  des  Lépidoptères  de  France.  On  voit  d'a- 
près cela  que  la  partie  systématique  de  son  catalogue  ne  lui  ap- 
partenant pas  ,  nous  n'avons  rien  à  en  dire,  si  ce  n'est  que  pour 
régulariser  le  nom  des  familles  et  des  tribus,  il  a  adopté  la  ter- 
minaison idées  pour  les  premières,  et  la  terminaison  ina  pour  les 
secondes.  Quant  à  la  nomenclature  des  espèces  que  ce  catalogue 
renferme  ,  nous  l'avons  parcourue  avec  attention,  et  voici  les  ob- 
servations qu'elle  nous  a  donné  lieu  de  faire  :  uous  avons  remar- 
qué que  ces  espèces,  à  un  petit  nombre  près,  sont  les  mêmes  que 
celles  qu'où  trouve  dans  nos  départements  du  Nord  ,  de  l'Aisne, 
des  Ardennes  et  de  la  Meuse  ,  ce  qui  n*a  rien  d'étonnant ,  puisque 
ces  quatre  départements  sont  contigus  à  la  Belgique.  Mais  ce  qui 
nous  a  surpris,  c'est  de  voir  figurer  parmi  elles  :  i**  le  Polyorn- 
matus  helle ,  qui  est  une  espèce  du  centre  de  l'Allemagne  ; 
20  VFrebia  médusa^  propre  aux  montagnes  sous-alpines,  et 
qui  doit  être  bien  dépaysée  dans  une  contrée  où  les  collines  les 
p!us  élevées  qui  bordent  la  Meuse  n'excèdent  pas  i5o  mètres  de 
hauteur;  0°  la  Syntomis  phegea,  Zygenide  tout  à  fait  méridio- 
nale et  que  j'ai  trouvée  en  quantité  dans  les  environs  de  Rome  ; 
4*»  Vj^plecta  occulta  d'Autriche  ;  5°  VHeliothis  peltigera  du  midi 
de  la  France  ;  G°  enfin  la  Chrysoptera  concha  ,  Pluside  propre  à 
la  Suisse. 

D'un  autre  côté,  nous  n'avons  pas  été  moins  étonné  de  voir 


ANALYSES    d'oDVRAGES   IfODVEADX.  347 

que  le  G.  JVonagria,  dont  les  chenilles  vivent  dans  les  roteaux 
et  autres  plantes  fistuleuses  des  marais,  manquait  dans  le  cata- 
logue de  M.  de  Selys ,  bien  que  ces  plantes  doivent  être  plus  com- 
munes en  Belgique  que  dans  les  environs  de  Paris ,  où  l'on  trouve 
cependant  plusieurs  espèces  de  ce  genre  qui  s'en  nourrissent. 

Au  reste  ,  tout  porte  à  croire  que  quelques-unes  de  ces  espèces 
et  beaucoup  d'autres  viendront  augmenter  par  la  suite  la  liste  de 
celles  indiquées  par  l'auteur,  et  que  ces  augmentations  porteront 
principalement  sur  les  Microlépidoptcres  ,  famille  sans  doute 
aussi  négligée  en  Belgique  qu'en  France,  et  dont  les  amateurs^ 
finiront  par  s'occuper,  quand  il  ne  leur  restera  plus  de  grandes 
espèces  à  découvrir. 

M.  de  Selys  évalue  à  loo  le  nombre  des  Microlépidoptères  non 
encore  découverts  parmi  ceux  qui  existent  dans  son  pays;  je  crois 
(]uece  nombre  peut  être  doublé  d'après  relui  que  produit  la 
France.  Ce  qui,  joint  aux  80  non  déterminés  dans  la  collection  , 
porterait  à  i,3oo,  au  lieu  de  1,500  conune  il  le  dit ,  le  total  des 
Lépidoptères  de  la  Belgique. 

En  attendant,  ses  compatriotes  les  Lépidoptérophiles  doivent 
lui  savoir  bon  gré  de  leur  avoir  donné  une  Jiste  exacte  des  espèce» 
trouvées  jusqu'à  ce  jour  ;  elle  leur  servira  de  base,  soit  pour  cher- 
cher celles  qui  leur  manquent ,  soit  pour  en  découvnr  de  nou- 
velles. 

M.  de  Selys  annonce  que  le  catalogue  dont  nous  venons  de 
rendre  compte  n'est  que  le  prodrome  de  celui  qu'il  se  propose  de 
donner  plus  tard ,  et  qui  renfermera  des  détails  sur  les  mœurs 
des  espèces,  les  localités  où  elles  se  trouvent,  l'époque  de  leur  ap- 
parition, etc.  ;  nous  ne  pouvons  que  l'engager  à  réaliser  sa  pro- 
messe le  plus  tôt  possible. 

Quant  aux  espèces  présumées  nouvelles  et  aux  variétés  remar- 
quables dont  il  donne  la  description  dans  son  Catalogue ,  nous 
n'en  dirons  rien ,  attendu  qu'il  nous  faudrait  les  ravoir  sous  les 
yeux  pour  nous  prononcer  avec  cQirtitude  sur  chacune  d'elles; 
nous  nous  bornerons  à  rapporter  ici  les  noms  qu'il  leur  donne. 

ESPÈCES    NOUVELLES.  ^ 

^''  I .  Euholia  obliterata ,  intermédiaire  entre  la  Ligustraria  et 
la  Ferrugaria.  * 

2.  Anaitis  Donckieraria  ,  de  Selys. 


348  BEVUE  ZOOLOGIQUE.   {Septembre  1845.) 

3.  Éydrocampa  obscuraMs ,  deSelys. 

4.  Pterophorus  hemidactylus^'id. 


IS**  I.  Pieris  napi,  var.  nigro-venosa  ,  de  Selys,  intermédiaire 
entre  la  P,  napi  et  la  P.  Brioniœ.  1/auteur  a  remarqué  que  le 
mâle  de  la  P.  napi  a  une  odeur  très-forte  de  serpolet ,  et  s'é- 
tonne qu'aucun  entomologiste  n'ait  mentionné  ce  fait  qui  est 
constant. 

2.  Colias  Hyale ,  var.  Heliceoidea  ,  de  Selys,  Si  les  Hybrides, 
dit  il,  n'étaient  pas  si  rares,  on  pourrait  supposer  quecette  variété 
provient  de  VHyale  et  de  l'Edusa,  ou  ,  ce  qui  revient  au  même, 
de  VHyale  et  de  Y  Hélice. 

3.  Vanessa  urticœ,  var.  Ichnusioides ,  de  Selys,  se  rapproche 
de  VIchnusa  de  Corse. 

4.  Melitea  Athalia ,  var.  Navarina ,  de  Selys. 

5.  Melitea  Athalia.,  var.  Hysopa,  id. 

(i.  Licœna  Amyntas^  var.  Myrmidon,  Engram. 

7.  Zigœna  trifolii ,  var.  Minioides ,  de  Selys. 

8.  Bombyx  neustria ,  var.  Quercina ,  id. 

9.  Bombyx  neustria  ,  var.  Confluens,  id. 

10.  Catocala  sponsa ,  y nr.  Desiderata. 

1 1 .  Ephyra  punctularia,  var.  Hybridaria,  id. 

1  î.  Eupistheria  pulverulentaria ^  de  Selys,  prise  au  pied  de 
l'aqueduc  deCaserte,  près  de  Naples  ,  à  la  mi-mai.  M.  Boisduval, 
à  qui  l'auteur  l'a  fait  voir,  pense  qu'elle  constitue  une  espèce  nou- 
velle. 

10.  Lycœna  Arion,  var.  Aldrovandus,  de  Selys,  plus  grande 
que  Violas ,  intermédiaire  entre  V Arion  et  VErebus.  Prise  au 
pied  du  Vésuve  ,  près  de  Résina ,  au  commencement  de  mai ,  en 

|838.  (DUPONCHEL.) 


M 


m.  SOCIETES  SAVAIVTES. 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE  PARIS. 


Séance  du  V^  septembre  1845.— M.  Falenciennes  lit  de  Nou- 
velles observations  sur  les  feuillets  branchiaux  des  Mollusques 
acéphales  lamellibranches.  —  Cette  petite  note  portant  sur  un 


i 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  349 

fait  bien  connu  et  revu  ,  il  y  a  peu  de  temps,  par  M.  Duvernoy, 
a  été  considérée,  par  quelques  aniiset  ^llèj^uesdeM.Valenciennes, 
comme  renfermant  une  grande  découverte  qui  intéresse  les  prin- 
cipes mêmes  de  la  Zoologie.  Nous  nous  serions  arrêté  un  instant 
sur  ce  sujet  et  aous  aurions  cherché  la  valeur  réelle  de  l'ob- 
servation de  M.  Valenciennes  ,  si  nous  n'avions  pas  craint  de 
paraître  hostile  à  cet  auteur.  En  effet,  après  les  éloges  extra- 
ordinaires que  l'on  a  fait  donner  à  celte  note,  une  appréciation 
<'onsciencieuse  et  un  éloge  raisonnable,  ne  pourraient  que  faire 
ressortir  ce  qui  ressemble  à  une  cruelle  ironie  dans  cet  article, 
dont  il  est  difficile  de  deviner  la  vraie  signification. 

Quant  à  Vimmense  travail  sur  les  Mollusques  ,  dont  on  affirme 
que  M.  Valenciennes  s'occupe,  les  savants  n'en  avaient  jamais 
entendu  parler,  car  son  auteur  avait  évité  avec  un  soin  scrupu- 
leux d'en  compromettre  les  importants  résultats  par  la  com- 
munication de  notes  détachées.  Puisque  le  voile  est  déchiré  et 
que  l'auteur  s'est  décidé  à  rompre  un  si  prudent  silence  ,  il  faut 
espérer  que  le  monde  ne  sera  pas  privé  plus  longtemps  de  ces 
résultats  si  importants. 

Nous  devons  ajouter  que  le  rédacteur  a  commis  au  moins  une 
erreur ,  quand  il  imprime  que  c'est  à  M.  Valenciennes  que  l'on 
doit  la  création  d^une  collection  de  Mollusques  au  Muséum. 
L'auteur  a  sans  doute  oublié  la  coopération  de  l'illustre  Lamarck 
et  surtout  celle  de  M.  de  Blainville,  à  la  formation  et  à  la  direc- 
tion ,  pendant  3o  années  ,  de  cette  partie  importante  des  collec- 
tions zoologiques. 

M.  de  Quatrefdges  lit  des  Observations  sur  le  système  ner- 
veux et  sur  ihistologie  du  Banchiostome  (Costa)  ou  Amphioxus 
(  Yarrel  ).  Cet  animal  singulier  a  été  étudié  par  les  zoologistes  et 
les  anatomistes  les  plus  éminents,  et  les  travaux  de  MM.  MuUer, 
Retzius.  Kôlliker,  Costa  ,  Yarrel,  etc.,  ne  laissaient  que  peu  de 
«  hose  à  découvrir  sur  son  organisation.  M.  de  Quatrefages  a  ce- 
pendant su  trouver  matière  à  de  nouvelles  observations,  eC  son 
mémoire  offre  les  résultats  de  l'examen  qu'il  a  fait  du  système 
nerveux  et  de  la  structure  intime  des  divers  tissus  du  Brau- 
chiostome.  Cette  étude  a  conduit  l'auteur  à  la  confirmation  des 
vues  émises  par  les  célèbres  anatomistes  que  nous  avons  cités 
plus  haut.  Ayant  examiné  à  l'aide  du  microscope  les  parties 
squélétiques  de  cet  animal ,  il  a  vu  qu'elles  se  composaient  de 


350  REVUE  ZOOLOGIQUE.   {Septembre  1845.) 

deux  sortes  de  tissus  :  le  tissu  fibreux  et  le  tissu  celluleux  (i).  La 
peau  ,  vue  au  microscope  ,  lui  a  présenté  les  caractères  d'un  simple 
épithelium  recouvrant  une  couche  complètement  amorphe.  M.  de 
Quatrefages  n'a  pas  trouvé  à  cet  animal  de  tissu  cellulaire  pro- 
prement dit,  mais  bien  un  tissu  fort  singulier,  formé  en  partie 
de  cellules  à  parois  propres  très-distinctes,  et  en  partie  de  glo- 
bules ou  de  cellules  à  parois  non  distinctes ,  isolées  et  laissant 
entre  elles  des  lacunes  ramifiées.  La  plupart  des  fibres  muscu- 
1. lires,  examinées  de  la  même  manière  ,  ne  lui  ont  pas  présenté 
de  stries  transversales,  au  moins  dans  l'état  de  relâchement; 
enfin  les  derniers  ramuscules  nerveux ,  très-faciles  à  suivre ,  ne 
se  terminent  jamais  en  anses. 

Ces  observations  microscopiques,  en  complétant  l'histoire  de 
son  organisation ,  semblent  terminer  la  série  de  recherches  que 
l'on  peut  faire  sur  un  animal  :  à  moins  qu'un  micrographe  patient 
n'ait  l'idée  de  soumettre  à  un  excellent  microscope  quelques 
produits  de  ses  sécrétions,  de  sa  digestion  ,  etc.  Peut-être  trouve- 
rait-il dans  cette  étude  un  vaste  champ  de  découvertes  ,  qui  amè- 
neraient une  révolution  salutaire  dans  la  Zoologie,  en  la  retirant 
de  la  voie  surannée  où  l'ont  mise  ces  zoologistes  roiitmiers ,  qui 
consacrent  tout  leur  talent  à  l'étude  des  rapports  que  les  animaux 
ont  entre  eux  et  avec  le  reste  de  la  création ,  ou  des  différences 
qui  les  caractérisent,  pour  arriver  ainsi  à  un  arrangement  natu- 
rel ,  en  rap{)ort  avec  leur  organisation  extérieure  et  intérieure,  et 
surtout  avec  leurs  mœurs. 

Le  travail  de  M.  de  Quatrefages  est  renvoyé  à  l'exairten  de 
MM.  Milne-Edwards  et  Valenciennes. 

Séance  du  8  septembre.  —  M,  Bourgery  lit  un  Mémoire  sur 
les  nerfs  des  membranes  séreuses  en  général ,  et  sur  ceux  du 
péritoine  en  particulier  chez  Vhomme. 

Ce  travail  remarquable  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  commis- 
sion. En  attendant  le  rapport  nous  dirons  que  les  principales 
conclusions  que  l'on  peut  déduire  de  ce  beau  mémoire  ,  sont  : 

(1)  Nous  demanderons  à  l'auteur  s'il  entend  par  tissu  celluleux  la  décou?erte  d'un 
tissa  nouveau  (histologiquement  parlant  )  ou  si  ce  tissu  celluleux  ne  serait  pas  sim- 
plement le  tissu  cartilagineux  qui  ,  ainsi  qu'on  le  sait ,  est  formé  en  grande  partie  de 
cellules  ayant  un  aspect  tout  spécial,  et  d'autant  plus  rapprochées  les  unes  des  autres 
qu'on  les  étudie  chez  un  animal  plus  jeune  (le  têtard,  par  exemple)  et,  très-probable- 
ment, chez  les  Poissons  à  l'état  fœtal  et  chez  ceux  des  dernières  classes.  Ainsi  les  parties 
squélétiques  des  Chondroptérygiens  sont  formées  de  ce  tissu  cartilagineux ,  caractérisé 
par  ses  cellules  propres. 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  351 

1»  Que  les  membranes  séreuses ,  dans  lesquelles  on  n'a  jamais 
connu  de  nerfs  ,  et  que  tant  d^anatomistes  des  plus  distingués  en 
ont  supposé  complètement  dépourvues,  sont,  en  anatomie,  le 
tissu  qui  en  contient  le  plus. 

2"  Que  les  nervules  des  membranes  séreuses,  de  1/10  à  1/50  de 
millimètre  de  diamètre,  y  forment  un  canevas,  en  général  à 
plusieurs  plans  superposés,  partout  anastomoses  à  courtes  dis- 
tances, et  interceptant  de  petits  espaces  polyédriques  irréguliers 
qui  n'excèdent  guère  l/ô  à  1/10  de  millimètre. 

3"  Ces  nervules  sont  renfermés  dans  des  enveloppes  de  tissu 
ligamenteux  élastique  ,  qui  les  contiennent,  les  protègent ,  et, 
par  l'intrication  de  leurs  fibrilles  microscopiques,  déterminent 
leurs  jonctions  mutuelles ,  sans  solution  de  continuité  de  la  sub- 
stance nerveuse  ;  de  sorte  que  l'ensemble  offre  l'aspect  d'un 
simple  réseau  fibreux.  C'est  à  ce  canevas,  qui  forme  la  charpente 
de  la  membrane,  que  celle-ci  doit  son  reflet  nacré,  sa  résistance 
et  son  élasticité. 

40 Les  nerfs  d'originfe  sont  indifféremmen^e  deux  sortes,  gan- 
glionnaires et  cérébraux  spinaux.  L'espèce  de  nerfs  qui  s'épa- 
nouit dans  une  région  déterminée  d'une  membrane  séreuse  , 
dépend  de  ceux  de  la  paroi  sur  laquelle  elle  s'applique.  Ainsi 
les  nerfs  sont  fournis  par  les  rameaux  rachidiens  sur  les  parois 
musculaires  du  tronc,  par  les  plexus  extraviscéraux  sur  la 
paroi  rachidienne,'par  les  uns  et  les  autres  dans  les  espaces  in- 
termédiaires communs  ,  où  existent  les  deux  espèces  de  nerfs , 
et,  par  exemple,  dans  les  gouttières  dorsales  et  lombaires,  les 
médiastins,  le  diaphragme,  la  paroi  abdominale  antérieure  et  le 
contour  du  bassin. 

5®  L'aptitude  organique  des  membranes  séreuses  à  s'ap- 
proprier ou  absorber  toute  espèce  de  nerfs,  ce  que  l'on  pourrait 
appeler  en  quelque  sorte  leur  capacité  nerveuse,  est  telle, 
qu'aucun  nerf,  quel  qu'il  soit,  cérébro-spinal  ou  ganglionnaire, 
et  quelle  que  soit  sa  destination  ultérieure ,  ne  passe  au  voisi- 
nage ou  en  contact  d'une  membrane  séreuse  sans  lui  fournir  des 
filets.  Quand  des  nerfs  différents  sont  voisins  ,  ils  en  fournissent 
de  concert ,  mais  à  ce  que  j'ai  cru  reconnaître ,  sans  s'être  anas- 
tomosés avant  leur  entrée  dans  la  membrane. 

Nous  regrettons  que  l'espace  nous  manque  pour  reproduire 
d'autres  détails  donnés  par  l'auteur  sur  sa  belle  découverte;  du 
Tome  Vin.  Année  1845.  2 G 


352  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Septembre  1845.) 

reste  ils  sont  imprimés  dans  les  comptes  rendus  de  l'Académie 
des  sciences  et  dans  tous  les  journaux  scientifiques,  et  chacun 
pourra  les  y  consulter.  Nous  terminerons  en  disant  que  les 
observations  de  M.  Bourgery  sont  le  fruit  de  longues  études  et 
d'un  travail  de  plusieurs  années,  et  que  par  cela  même,  et  in- 
dépendamment de  la  belle  réputation  de  leur  auteur,  elles 
doivent  inspirer  une  grande  confiance  aux  anatomistes. 

M.  Chassaignac  présente  un  mémoire  ayant  pour  titre  :  De 
la  solidité  des  os ,  de  leur  mode  de  résistance  aux  violences 
extérieures. 

Parmi  les  conclusions  que  tire  l'auteur  des  recherches  expo- 
sées dans  son  mémoire ,  voici  celles  qui  se  rapportent  aux  chan- 
gements produits  par  l'âge. 

Trois  causes  ,  dit  M.  Chassaignac,  déterminent  la  friabilité  des 
os  dans  la  vieillesse. 

l**  La  résorption  intersticielle  du  tissu  osseux. 

2°  La  prédominance  relative  du  phosphate  calcaire  pendant 
un  certain  laps  de  temps. 

3°  Et  dans  une  période  encore  plus  extrême ,  la  résorption 
partielle  du  phosphate  calcaire  lui-même,  dernière  cause  qui 
n'avait  pas  encore  été  signalée. 

AI.  Owen  ,  en  présentant  à  l'Académie  un  fragment  de  mâ- 
choire fossile  appartenant  à  une  espèce  de  genre  Macaque ,  dé- 
pose la  note  suivante  qui  est  lue  par  M.  Flourens. 

«Une  petite  collection  de  restes  fossiles  de  mammifères  me  fut 
apportée ,  le  12  août  1845  ,  par  M.  Bail ,  qui  les  avait  lui-même 
pris  sur  place.  J'y  reconnus  les  débris  de  VElephas  primigenius, 
du  Rhinocéros  leptorhinos,  et  d'un  animal  appartenant  au 
genre  Bos  ;  mais  la  pièce  la  plus  intéressante  était  un  fragment 
de  mâchoire  avec  une  dent  molaire ,  que  M.  Bail  croyait  être 
une  dent  d'homme.  Cette  pièce ,  par  les  changements  de  texture 
qu'elle  avait  subis ,  par  sa  couleur ,  sa  propriété  de  happer  à  la 
langue ,  présentait  tous  les  caractères  qui  appartiennent  aux 
débris  fossiles  d'espèces  perdues  de  mammifères.  La  couche 
dans  laquelle  tous  ces  os  avaient  été  trouvés,  est  un  lit  d'un  sable 
jaunâtre  compris  entre  deux  lits  de  terre  à  briques.  C'est  une 
formation  d'eau  douce  qui  appartient  à  cette  division  du  terrain 
tertiaire  que  M.  Lyell  désigne  sous  le  nom  de  nouveau  pliocène; 
«lie  est  située  près  du  village  de  Gray's  Thurrock,  dans  le  comté 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  353 

d^Essex.  La  pièce  sur  laquelle  j'appelle  aujourd'hui  l'attentiou 
ile  rAcadémie  fut  prise  par  M.  Bail  lui-mèuiedans  la  couchesablon 
neuse  où  elle  se  trouvait  à  une  profondeur  de  15  pieds  au-des- 
sous du  niveau  actuel  du  sol.  Pour  ne  pas  abuser  des  moments 
de  l'Académie ,  je  supprimerai  le  détail  de  tous  les  caractères 
qui  prouvent  que  la  dent  molaire  n'a  pu  appartenir  ni  à  un  être 
humain  ,  comme  Pavait  pensé  M.  Bail ,  ni  à  un  carnassier  .  et  je 
ine  contenterai  de  dire  qu'une  comparaison  avec  les  pièces  ana- 
tomiques  conservées  dans  la  collection  llunterienne  de  Londres, 
montra  qu'elle  appartenait  à  un  animal  de  l'ordre  des  quadru- 
manes et  du  genre  Macaque.  C'est  la  pénultième  vraie  molaire 
supérieure  droite  ,  et  le  fragment  de  l'os  maxillaire  dans  lequel 
elle  est  encore  enchâssée  offre  la  base  de  l'apophyse  molaire  qui 
prend  naissance  à  4  lignes  environ  au-dessus  du  bord  libre  des 
alvéoles. 

J'ai  pu  depuis  ,  grâce  à  l'obligeance  de  mon  savant  collègue  , 
M.  le  professeur  de  Blainville,  comparer  cet  intéressant  fossile 
avec  les  pièces  conservées  dans  la  belle  galerie  d'anatomie  du 
Jardin-du-Roi ,  et  j'ai  confirmé  l'exactitude  de  la  détermination 
que  j'en  avais  faite  à  Londres.  Les  caractères  extérieurs  de  ce 
morceau ,  parfaitement  d'accord  avec  le  témoignage  de  M.  Bail , 
qui  l'a  pris  dans  sa  gangue,  établissent  donc  ce  fait ,  qu'il  exis 
tait  en  Angleterre,  des  animaux  du  genre  macaque,  à  l'époque 
où  y  vivaient  aussi  le  Mammouth  ,  des  Rhinocéros  tichorrynus 
et  îeptorhimis ,  et  autres  espèces  perdues  de  mammifères  ,  c'est- 
à-dire  à  l'époque  de  la  formation  du  nouveau  pliocène. 

Jusqu'à  présent,  les  restes  fossiles  de  quadrumanes  trouvés  en 
Europe  ,  l'avaient  été  dans  le  terrain  le  plus  ancien  P^ocène) , 
comme  àKyson  en  Sufifolk,  ou  dans  le  tertiaire  moyen  (le  Mio- 
cène), comme  à  Sansan,  département  du  Gers.  M.  Kaup  m'ap- 
prend que  des  restes  de  quadrumanes  ont  été  aussi  trouvés  dans 
les  sables  de  la  formation  miocène  d'Kppelsheim.  Le  Semnopi- 
thèque  fossile  associé  avec  l'Hexaprotodon  et  le  Sivatherium 
dans  les  dépôts  tertiaires  du  Swalik ,  appartient  probablement  à 
la  période  myocène  ;  mais  le  grand  singe  platyrrhinin,  dont  les 
débris  fossiles  ont  été  découverts  par  M.  Lund  dans  une  caverne 
calcaire  au  Brésil ,  peut  avoir  été  contemporain  du  Macaque  du 
nouveau  pliocène  du  comté  d'Essex. 

Le  rapprochement  des  faits  que  je  viens  de  rappeler,  confirme 


354  RF.vrJE  zooLCGiQDK.   (Septembre  1845  ) 

l'observation  qui  a  déjà  été  faite  sur  l'étroite  et  intéressante  cor- 
respondance qui  existe ,  pour  chacun*^  des  grandes  divisions  na- 
turelles du  globe  .  entre  la  faune  des  dernières  époques  tertiaires 
et  la  faune  actuelle,  correspondance  qui  montre  que,  pendant 
la  période  pliocène ,  les  lois  de  la  distribution  géographique  des 
mammifères  terrestres  étaient  déjà  ce  qu'elles  sont  aujourd'hui. 
Dans  les  remarques  que  j'ai  faites  sur  ce  sujet,  dans  le  rapport 
fait  en  1844  à  l'association  britannique,  j'ai  fait  voir  que  l'Eu- 
rope, l'Asie,  et  probablement  l'Afrique,  devaient,  pour  ce  qui 
concerne  la  distribution  géographique  des  mammifères,  être 
considérées  comme  une  grande  province  naturelle.  Maintenant, 
une  espèce  du  genre  Macaque  vit  et  se  propage ,  encore  aujour- 
d'hui ,  sur  le  rocher  de  Gibraltar  et  une  autre  est  originaire  du 
Japon ,  tandis  que  de  nombreux  genres  et  espères  de  singes 
Catharrhiniens  se  trouvent  dans  l'Asie  méridionale.  Nous  ne 
devons  pas  ,  d'après  cela ,  être  surpris  quand  il  nous  arrive  les 
preuves  que  des  quadrumanes  du  genre  Macaque ,  que  des  Pa- 
chydermes des  genres  Éléphant,  Rhinocéros,  Hippopotame, 
que  des  carnassiers  du  genre  Hyène  ,  aient  été  autrefois  ,  à  une 
époque  où  la  Grande-Bretagne  tenait  encore  à  la  terre  ferme , 
plus  largement  répandus  sur  le  continent  Europeo-Asiatique 
qu'ils  ne  le  sont  aujourd'hui. 

M.  Gannal  adresse  la  note  suivante  sur  un  procédé  qu'il  a 
imaginé  pour  la  conservation  des  objets  d'histoire  naturelle. 

J'ai  fait  établir ,  dit-il,  une  caisse  en  volige  de  sapin,  de  H 
millimètres  d'épaisseur ,  la  caisse  ayant  I  m.  50  de  longueur, 
1  m.  de  largeur  et  1  m.  de  hauteur.  Cette  caisse,  extrêmement 
légère  pour  son  volume  ,  est  entièrement  recouverte  de  papier 
collé  avec  la  colle  de  pâte.  Pour  poser  la  caisse  j'ai  fait  faire  un 
double  fond  en  tôle  mince,  avec  un  re|)prd  de  8  centimètres. 
Sur  le  fond  de  cette  plaque  de  tôle  j'étale  une  couche  de  3  cen- 
timètres de  sable  fin  ,  humide,  puis  je  pose  ma  caisse  et  je 
verse  du  sable  jusqu'à  ce  que  les  bords  du  double  fond  en 
soient  entièrement  recouverts.  L'ensemble  de  cet  appareil  re- 
pose sur  deux  petits  tréteaux  ,  et  au-dessous  du  milieu  du 
fond  de  fer ,  je  pose  le  fourneau  qui  servira  à  chauffer  l'ap- 
pareil . 

Lorsque  tout  est  ainsi  préparé ,  je  mets  dans  la  caisse  la  quan- 
tité d'animaux  ,  quadrupèdes ,  oiseaux  ,  insectes  que  je  purifie  , 


SOCIÉTÉS    SWAINTES.  355 

puis  je  pose  le  couvercle  ,  que  je  fixe  par  ûes  bandes  de  papier 
collé  à  la  colle  de  pâte. 

La  caisse  est  percée  de  trois  trous  ;  un  premier  à  la  partie  la- 
térale et  inférieure,  auquel  j'adapte  une  cornue  eu  verre  de  la 
capacité  de  deux  litres.  Cette  cornue ,  tubulée  ,  contient  environ 
1  kilogramme  de  verre  grossièrement  pilé;  un  tube  droit, 
adapté  à  la  tubulure ,  plonge  jusqu'à  3  centimètres  du  fond  de  la 
cornue,  qui ,  elle-même ,  est  fixée  dans  un  bain  de  sable  posé 
sur  un  fourneau. 

Sur  le  couvercle  je  fais  deux  trous ,  l'un  pour  fixer  un  thermo- 
mètre qui  plonge  pour  moitié  dans  la  caisse  ;  l'autre  trou  reste 
ouvert  pour  permettre  à  l'air  de  la  caisse  de  s'échapper  sans 
pression.  Tout  étant  bien  disposé  j'allume  le  feu  sous  le  double 
fond  en  fer  battu,  et,  lorsque  le  thermomètre  commencée 
monter,  je  chauffe  le  bain  de  sable. 

Quand  la  température  de  la  caisse  est  montée  à  40  degrés ,  je 
pousse  le  feu  du  bam  de  sable,  et  j'introduis  par  le  tube  droit, 
et  par  petites  portions ,  de  l'essence  de  térébenchine  ,  et  succes- 
sivement jusqu'à  ce  que  ,  dans  l'espace  d'une  heure  et  demie  ou 
deux  heures,  j'en  aie  distillé  le  volume  de  1  litre  à  1  litre  50, 
suivant  la  quantité  et  la  grosseur  des  objets  contenus  dans  la 
caisse.  J'ai  grand  soin  de  conduire  l'opération  de  manière  à  ce 
que  le  thermomètre  ne  dépasse  pas  70  degrés. 

Quand  je  juge  que  l'opération  est  terminée ,  ce  que  m'indique 
l'odeur  d'essence  qui  sort  par  le  trou  resté  ouvert ,  je  bouche , 
avec  des  bouchons  ordinaires,  le  trou  du  haut  et  celui  de  la 
cornue ,  que  je  retire  ,  ainsi  que  les  fourneaux ,  puis  je  laisse  la 
caisse  dans  le  même  état  pendant  48  heures.  Au  bout  de  ce 
temps ,  j'enlève  le  couvercle ,  je  retire  les  objets  et  je  puis  immé- 
diatement les  replacer  dans  les  armoires. 

On  conçoit  aisément  que  la  température  de  60  à  70  degrés  doit 
détruire  toutes  les  larves,  les  animalcules,  les  œufs  qui  sont 
dans  les  objets  préparés.  D'autre  part,  à  cette  température, 
les  pores  de  la  laine,  des  plumes,  du  poil ,  s'ouvrent  et  s'imprè- 
gnent d'essence  qui  y  reste  fixée  après  le  refroidissement ,  et 
suffit  pour  la  préserver  d'une  nouvelle  attaque.  D'ailleurs  la 
quantité  d'essence  est  si  faible ,  qu'il  est  absolument  impossible 
de  reconnaître  qu'un  oiseau,  un  papillon,  même  le  p^s  dé- 
licat, a  été  soumis  à  cette  opération. 


I 


356  REVUE  zooLOGiyuE.  {Septembre  1845.) 

Séance  du  15  septembre.  —  M.  Serres  lit  une  note  Sur  le 
monument  et  les  ossements  celtiques  découverts  à  Meudon  en 
juillet  1845. 

Après  avoir  fait  ressortir  tout  Tintérêt  qui  s'attache  aux  habi- 
tants primitifs  de  la  Gaule  ,  après  avoir  dit  que  la  race  gauloise 
s'était  toujours  montrée  à  la  hauteur  des  événements  contre  les- 
quels elle  avait  à  lutter,  malgré  les  vicissitudes  saiîs  nombre 
qu'elle  a  eues  à  subir,  après  avoir  enfin  dit  que  la  vraie  cause  de 
ces  résultats  doit  être  cherchée  dans  l'organisation  physique  de 
la  race  gauloise  même,  le  savant  académicien,  en  présentant  le 
plan  du  monument  celtique,  y  a  joint  la  description  qu'en  a  faite 
M.  le  docteur  Eugène  Robert,  géologue  de  l'expédition  scientifi- 
que du  nord  ,  auquel  en  est  due  la  découverte.  Indépendamment 
delà  description  du  monument,  poursuit  M.  Serres,  celle  de 
M.  Robert  offre  l'avantage ,  bien  rare  en  archéologie,  de  pré- 
senter un  aperçu  sur  les  ossements  humains  qui  l'environnaient , 
sur  les  ossements  des  animaux  qui  s'y  trouvaient  mélangés,  sur 
les  instruments  celtiques  qu'on  y  a  rencontrés,  ainsi  que  sur 
les  deux  ordres  de  poteries  qui  accompagnaient  tous  ces  débris. 

Cette  description  est  trop  étendue  pour  trouver  place  ici ,  mais 
elle  a  été  reproduite  en  entier  ,  à  cause  du  grand  intérêt  qu'elle 
présente,  dans  les  comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  II 
en  résulte  que  ce  monument,  formé  avec  plusieurs  grandes 
tables  de  grès  de  2  à  3  mètres  de  longueur  sur  1  mètre  1/2  de 
largeur,  pouvait  avoir  de  11  à  12  mètres  de  longueur  sur  5à6 
de  largeur  et  1  1/2  de  profondeur  ;  qu'il  contenait  de  150  à  200 
cadavres,  et  quil  remonte  aux  premiers  temps  des  Celtes. 
M.  Robert,  qui  possède  le  plus  beau  choix  possible  d'ossements 
trouvés  dans  ce  monument ,  y  a  reconnu  deux  types  distincts,  et 
les  observations  de  M.  Serres  viennent  confirmer  ces  vues.  Le 
savant  professeur  d'anthropologie  a  constaté  que  ces  deux  types 
de  la  race  gauloise  appartiennent  aux  Gais  et  aux  Kimrys.  Ils 
occupaient  des  rangs  différents  dans  le  monument.  Le  type  Gai 
était  situé  plus  profondément.  On  a  trouvé  des  os  appartenant 
aux  deux  sexes  et  à  des  enfants.  Il  y  avait  avec  ces  ossements 
humains,  beaucoup  d'ossements  d'animaux,  qiie  M.  Robert  rap- 
porte au  bœuf,  au  cerf,  à  la  chèvre,  au  sanglier,  au  porc,  au 
chien  ou  au  loup,  au  renard  ,  au  lièvre,  à  un  autre  petit  rongeur 
(peut-être  un  campagnol),  à  des  oiseaux  de  la  taille  du  merle  ,  etc. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  35T 

Il  y  a  trouvé  aussi  plusieurs  coquilles  de  mollusques  appar- 
tenant aux  espèces  que  l'on  trouve  encore  actuellement  vivantes. 
Quant  aux  objets  d'art  ou  d'industrie  trouvés  avec  ces  osse- 
ments ,  ce  sont  des  haches  en  silex  pyromaque  et  silex  meulière, 
des  silex  taillés  en  forme  de  dards  pour  des  lances  ou  des  jave- 
lots. Des  lames  étroites,  courbes  et  triangulaires  de  même  na- 
ture servant  de  couteaux  et  de  tranchants  de  flèches,  etc.,  etc.; 
tous  ces  objets  sont  bien  évidemment  des  témoignages  irrécu- 
sables de  l'origine  celtique  de  ce  monument. 

Beaucoup  de  ces  ossements  présentent  des  traces  de  galeries 
superficielles  qui  se  croisent  en  tous  sens ,  et  que  l'on  ne  peut 
mieux  comparer  qu'à  celles  dont  les  Scolytes  couvrent  les  bran- 
ches et  le  tronc  des  arbres  qu'ils  ont  envahis.  Ces  galeries  sem- 
blent avoir  été  creusées  par  des  larves  d'insectes  ou  par  des  An- 
nelides  du  genre  Nais ,  ou  bien  par  d'autres  vers  analogues  qui 
auraient  eu  la  propriété  de  dissoudre  les  substances  calcaires. 
M.  E.  Robert  continue  ses  recherches  sur  ce  fait  curieux. 

Séance  du  2?  septembre.  —  M.  Payen  lit  une  Troisième  note 
sur  les  altérations  des  pommes  de  terre.  Il  n'entre  pas  dans  le 
plan  de  notre  recueil  de  nous  occuper  des  intéressantes  observa- 
tions que  M.  Payen  a  faites  sur  ce  sujet ,  car  elles  appartiennent 
à  la  botanique  ;  nous  devons  dire  seulement ,  qu'à  la  fin  de  sa 
note  il  signale,  comme  une  des  causes  accessoires  de  la  destruction 
des  pommes  de  terre  ,  quelques  insectes  dont  M.  Rayer  a  envoyé 
les  dessins  à  la  société  royale  d'agriculture ,  et  que  cette  société 
nous  avait  chargé  de  déterminer  zoologiquement.  Nous  avons 
reconnu  que  l'un  de  ces  insectes  est  VIulus  (Blaniulus)  guttu- 
latus  des  auteurs  ,  petit  myriapode  qui  attaque  tous  les  fruits  et 
divers  produits  végétaux  ;  qu'un  autre  semble  être  la  larve  de  quel- 
que petit  coUoprèref u.ngico\e  {Cryptophagus ,  Mycetœa ,  Holo- 
para  mecus,  Trichopteryx ,  eic),  dont  les  nombreuses  espèces  vi- 
vent exclusivement  de  cryptogames ,  et  qu'enfin  le  troisième  ne 
peut  être  qu'un  coléoptère  Brachelytre  ,  venu  là  pour  se  nourrir 
des  insectes  qui  se  développent  dans  les  cryptogames. 

M.  le  docteur  Rayer,  avec  la  grande  habitude  qu'il  a  des  obser- 
vations délicates  et  microscopiques ,  a  trouvé  dans  les  pommes 
de  terre  malades,  plusieurs  autres  petits  vers  et  même  des 
insectes  parfaits ,  ainsi  que  deux  acarides.  11  a  bien  voulu  nous 


358  KEVUK  zooLOGiyuE.  {Septembre  i8i5.) 

comiiiLiniquer  ces  petits  animaux  pour  que  nous  cherchions  à  les 
déterminer,  et  nous  ferons  bientôt  connaître  le  résultat  de  nos 
recherches  à  leur  sujet.  En  attendant ,  et  pour  terminer,  nous 
devons  dire  ,  com.ue  nous  l'avons  déclaré  à  la  Société  Royale 
d'agriculture  ,  que  tous  ces  insectes  ne  sont  pas  la  cause  de  la 
maladie  des  pommes  de  terre  ,  mais  qu'ils  se  sont  développés  sur 
ces  tubercules  parce  que  ceux  ci  leur  ont  offert  un  sol  convena- 
blement approprié  à  leurs  mœurs  ,  et  garni  de  cryptogames  dont 
ils  se  nourrissent,  etc.  Nous  avons  désiré  donner  de  la  publicité 
à  cette  remarque  ,  pour  que  des  observateurs  peu  versés  dans 
l'étude  de  la  Zoologie  ne  s'empressent  pas  trop  d'attribuer  la  ma- 
ladie des  pommes  de  terre  à  la  présence  de  ces  insectes. 

M.  /.  Geoffroy-St.-Hilaire ,  lit,  au  nom  d'une  commission,  des 
Instructions  pour  le  voyage  de  M.  Félix  Darcet  au  Brésil  et 
au  Mexique. 

M.  Gruby  adresse  une  note  intitulée  :  Recherches  sur  les 
Acarus^  les  Annélides ,  les  Cryptogames  et  la  coloration 
noire  qui  constituent  la  maladie  épidémique  des  pommes  de 
terre. 

Ce  micrographe  a  trouvé,  comme  M.  Rayer  :  1°  des  Acarus 
qu'il  dit  avoir  beaucoup  d'analogie  avec  l'Acarus  de  la  gale  des 
animaux  ;  et  2°  des  vers  de  deux  sortes,  que  M.  Gruby  nomme 
des  Annélides. 

Quant  à  l'Acarus  que  M.  Gruby  trouve  analogue  aux  Acarus 
de  la  gale  des  animaux,  il  nous  semble,  par  cela  même,  ne  pas 
différer  de  celui  dont  M.  Rayer  a  fait  un  excellent  dessin,  et  que 
nous  avons  reconnu  appartenir  au  S. -G.  Glyciphagus  de  Hering. 
L'espèce  observée  par  M.  Rayer  est  très-voisine  du  Glyciphagus 
prunorum  de  Hering ,  mais  elle  s'en  distingue  par  les  ventouses 
de  ses  huit  pattes,  lesquelles  sont  beaucoup  plus  petites,  et  sur- 
tout par  l'absence  d'un  petit  appendice  caudal  qui  caractérise 
l'espèce  des  prunes.  Nous  nous  proposons  de  nommer  cette  nou- 
velle espèce  Glyciphagus  feculorum. 

Quant  aux  petits  vers  que  M.  Gruby  nomme  des  Annélides^ 
nous  ne  savons  à  quels  insectes  les  rapporter,  ne  les  ayant  pas 
vus.  Cependant  nous  devons  dire  que  ceux  qui  sont  visibles  à 
l'œil  nu  pourraient  bien  n'être  que  des  larves  de  quelques  très- 
petits  diptères,  semblables  à  celles  que  M.  Rayer  nous  a  adressées 


SOCIÉTÉS     SAVANTES.  359 

et  que  les  plus  petits,  les  iiiicroseopiques  ,  doivent  appartenir  à 
ce  groupe  immensément  nombreux  que  l'on  désigne  sous  le  nom 
d'animaux  microscopiques  ou  infusoires. 

Séance  du  29  septembre.  —  M.  Milne  Edwards  présente  un 
travail  de  son  aide  naturaliste  ayant  pour  titre  :  Recherches 
anatomiques  et  zoologiques  sur  l'organisation  des  insectes  et 
particulièrement  sur  leur  système  nerveux.  1"  partie:  Les  Co- 
léoptères], par  M.  E.  Blanchard. 

Ce  mémoire  est  accompagné  d'immenses  planches  sur  de 
grands  cartons  de  plus  d'un  mètre  carré  ,  et  que  e  savant  aca- 
démicien a  peine  à  soulever  pour  les  mettre  sur  le  bureau. 
Comme'nous  savons  que  ce  travail  a  été  fait  en  très-peu  de  temps, 
nous  n'osons  en  garantir,  comme  nous  le  voudrions  ,  toute 
l'excellence.  En  effet ,  de  retour  d'un  voyage  en  Sicile  depuis 
neuf  ou  dix  mois  à  peine,  comment  M.  E.  Blanchard  a-t-il  trouvé 
le  temps  de  faire  un  superbe  mémoire  sur  le  système  nerveux 
des  mollusques,  de  classer  et  déterminer  les  2,000  espèces  d'in- 
sectes qu'il  a  découvertes  en  Sicile,  d'aller  tous  les  jours  de  dix 
à  trois  heures  au  laboratoire  d'entomologie  du  muséum ,  pour  y 
classer  les  nombreuses  collections,  préparer  le  cours  de  son  pro- 
fesseur, organiser  et  nommer  les  collections  que  le  musée  royal 
envoie  aux  musées  des  départements,  et  de  faire  les  longues  re- 
cherches dont  on  présente  aujourd'hui  le  résultat.  Ceci  est  beau, 
très-beau,  merveilleux  même,  et  il  est  certain  que  ,  dans  le  cas 
où  la  commission  trouverait  quelques  portions  moins  remar- 
quables que  les  autres  dans  ce  mémoire  ,  elle  tiendra  compte  à 
son  auteur  de  la  rapidité  qu'il  a  dû  mettre  à  le  composer,  et  de 
la  peine  qu'il  a  dû  avoir  pour  trouver  le  temps  de  l'exécuter.  Du 
reste  nous  sommes  à  une  époque  où  la  valeur  n'attend  pas  le 
nombre  des  années ,  et  où  les  plus  grands  résultats  peuvent  être 
produits  par  les  plus  petites  causes  ,  comme  l'a  montré  VEcole 
physiologique.  —  Ce  travail  est  renvoyé,  je  crois,  à  l'examen  de 
MM.  Duméril ,  de  Blainville  et  I.-Geoffroy-St.-Hilaire. 


Société  entomologique  de  France. 
Séance  au  13  août  1845.  —M.  H.  Lucas  fait  passer  sous  les 
yeux  de  la  Société  une  boîte  renfermant  une  Éphippigère  vi- 
vante ,  que  cet  entomologiste  a  reçue  d'Algérie  ;  cette  espèce  qui 
est  nouvelle,  et  que  M.  H.  Lucas  nourrit  chez  Jui  depuis  trois  se- 


3t)0  RKVDE  ZOOLOGIQUE.   (Septembre  184a.; 

mailles,  porte  le  nom  de  Ephippigera  costaticollis ,  à  cause 
d'une  côle  en  saillie  très-prononcée  que  l'on  voit  de  chaque  côté 
du  corselet.  M.  H.  Lucas  a  fait  figurer  cette  espèce  ,  et  il  montre 
à  la  Société  une  planche  sur  laquelle  elle  est  représentée  avec 
quelques  autres  Éphippigères  nouvelles  que  l'auteur  a  nommées 
F.  pachygaster,  laticollis  et  nigro-marginata. 

—  M.  //.  Lucas  donne  de  nouveaux  détails  sur  les  divers 
changements  de  peau  que  subit  la  chenille  du  Bombyx  {Satur- 
nia)  cecropia ,  avant  de  se  changer  en  nymphe. 

—  !\1.  B.  Desmarest  lit  une  note  de  M.  /,  Bigot,  sur  les  dif- 
férences sexuelles  que  présente  la  Folucella  bombylans. 

—  M.  Guérin-Méneville  donne  lecture  de  la  note  suivante , 
relativement  à  la  mission  entomologique  qu'il  vient  d'accomplir  : 

a  Le  voyage  que  je  viens  de  faire  dans  le  midi  de  la  France  a 
été  motivé  par  la  mission  que  m'a  confiée  M.  le  ministre  de  l'agri- 
culture et  du  commerce.  Il  m'avait  chargé  d'aller  étudier  un 
insecte  qui  cause  de  grandes  pertes  aux  cultivateurs  des  environs 
de  Barbezieux  ,  en  faisant  tomber  un  sixième ,  un  cinquième  et 
quelquefois  un  quart  des  épis  de  blé  d'un  champ. 

»  Cet  insecte  est  VAgapanthia  marginella  des  auteurs ,  figu- 
rée par  Creutzer  sous  le  nom  de  Saperda  gracilis  ,  mais  dont  on 
ne  connaissait  pas  les  mœurs.  Voici  en  deux  mots  l'histoire  de 
cet  insecte. 

»  VJgapanthia  marginella  éclot  vers  le  milieu  de  juin  ,  au 
moment  où  les  blés  viennent  de  fleurir  et  où  leurs  épis  sont  bien 
sortis  de  la  gaîne  qui  les  enveloppait.  La  femelle  se  place  au  haut 
de  la  tige,  à  une  faible  distance  de  l'épi ,  la  tête  en  bas  :  elle 
ronge  la  tige  avec  ses  mandibules ,  y  pratique  un  petit  trou  au 
côté  opposé  au  vent  régnant,  avance  quelques  pas  çn  descen- 
dant et  introduit  un  œuf  dans  cette  ouverture. 

»  Au  bout  de  huit  à  quinze  jours,  l'œuf,  qui  est  descendu  par 
son  poids  ou  par  un  travail  de  la  végétation  jusqu'au  premier 
nœud  du  chaume  (  souvent  à  près  de  deux  pieds  du  point  où  il  a 
été  déposé),  éclot,  et  la  jeune  larve  se  nourrit  des  parois  ex- 
ternes du  chaume  ,  remonte  jusqu'à  l'épi ,  ronge  l'intérieur  à  un 
pouce  ou  deux  de  l'épi ,  et  affaiblit  considérablement  et  circulai- 
rement  plusieurs  points  de  la  tige  en  cet  endroif .  Quand  elle  a 
acquis  assez  de  force  ,  elle  descend  ,  ronge  et  traverse  le  premier 
nœud  ,  puis  le  second ,  le  troisième  et  ainsi  de  suite  ,  jusqu'à  ce 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  361 

qu'elle  soit  arrivée  au  dernier,  qui  précède  la  racine.  Arrivée  à 
cet  endroit ,  à  l'époque  de  la  moisson  ,  elle  a  acquis  tout  son  dé- 
veloppement, et  elle  attend  l'année  suivante  en  s'entourant  de 
détritus  ,  de  copeaux  qu'elle  fait  avec  ses  mandibules  et  dont 
elle  construit  des  bouchons  au-dessus  et  au-dessous  de  l'endroit 
où  elle  désire  rester  tranquille. 

»  Le  blé  arrivé  à  maturité  ,  tous  les  épis  dont  la  tige  est  rongée 
circulairement  en  dedans  par  la  jeune  larve ,  cassent  à  cet  endroit 
et  au  moindre  vent  ils  tombent  ;  la  tige  reste  droite  à  côté  de  tous 
les  épis  intacts  qui  se  sont  courbés  par  leur  poids  ,  et  l'on  appelle 
ces  tiges  des  aiguillons;  les  blés  qui  en  contiennent  sont  appelés 
hlés  aiguillonnés  ,  et  l'insecte  porte  le  nom  à^aiguillonnier. 

»  Cette  larve  passe  l'hiver  et  tout  le  printemps  suivant  dans 
son  tube;  elle  a  soin  de  remonter  assez  haut  pour  n'être  pas  in- 
commodée par  l'humidité  ,  mais  elle  a  besoin  que  le  chaume 
dans  lequel  elle  est  logée  tienne  à  la  terre.  Elle  ne  se  métamor- 
phose en  chrysalide  que  peu  de  jours  avant  sa  dernière  transfor- 
mation. 

»  Pour  sortir  d'un  chaume  qui  n'a  pas  été  coupé,  1  insecte 
parfait  perce  un  trou  sur  le  côté  du  tube  :  je  l'ai  vu  opérer,  ce  qui 
est  l'affaire  d'un  instant. 

j>  Ayant  enfermé  plusieurs  individus  dans  un  bocal,  ils  sont 
venus  ronger  le  bouchon  pour  chercher  à  sortir  Je  leur  donnais 
des  épis  de  blé  fleuri ,  et  je  les  ai  vus  souvent  manger  les 
étamines. 

»  Quand  on  en  laisse.plusieurs  dans  le  même  bocal ,  ils  se 
battent  et  se  coupent  surtout  les  antennes.  Si  l'on  expose  le  bocal 
au  soleil  ,  les  deux  sexes  se  réunissent  aussitôt.  Je  les  ai  vus  s'ac- 
coupler jusqu'à  douze  ou  quinze  fois  de  suite  ,  ce  qui  montre  que 
le  mâle  ne  laisse  pas  l'organe  fécondateur  dans  le  corps  de  la 
femelle. 

»  Je  prépare  un  mémoire  étendu  sur  l'histoire  naturelle  de 
cet  insecte  intéressant  ;  j'espère  que  la  connaissance  de  ses  mœurs 
montrera  que  les  moyens  que  je  propose  d'employer  pour  dimi- 
nuer sa  propagation  dans  nos  champs ,  sont  faciles  à  mettre  en 
pratique,  et  applicables  en  grand.  » 

—  M.  Guérin-Méneville  donne  des  détails  sur  les  ravages 
considérables  causés  à  la  vigne  dans  les  départements  de  l'Aude, 
des  Pyrénées-Orientales,  du  Gard  ,  de  l'Hérault,  etc.,  par  la  larve 


362  REVDE  zooLOGiQDE.  {Septembre  1845.) 

d'une  Âltica  verte,  que  l'on  a  rapportée  à  VJ.  oleracea.  L'au- 
teur fait  connaître  les  métamorphoses  de  cet  insecte  ;  il  dit  que 
la  larve  passe  l'hiver  dans  la  terre  au  pied  des  vignes,  que  ce 
n'est  qu'au  printemps  qu'elle  se  transforme  et  vient  faire  de 
grands  dégâts  dans  les  plantations  de  vignes ,  et  il  donne  quel- 
ques procédés  pour  diminuer  les  pertes  causées  à  nos  vignerons 
par  cet  insecte. 

—  M.  Guérin-Ménemlle  parle  des  insectes  qui  attaquent  l'o- 
livier, et  il  s'occupe  particulièrement  de  VOscinis  ou  Dacus  oleœ. 
L'auteur  semble  croire,  avec  M.  Grespon  ,  que  les  larves  de  cet 
insecte  passent  aussi  l'hiver  en  terre,  et  qu'elles  y  éprouvent  leurs 
métamorphoses.  En  effet,  il  a  vu  chez  M.  Grespon  ,  à  INîmes ,  des 
pupes  recueillies  au  pied  des  oliviers  et  en  terre  ,  par  ce  natura- 
liste ,  en  présence  d'une  commission  nommée  à  cet  effet  par  la 
Société  d'Histoire  naturelle  ,  etc.  du  Gard  ,  et  ces  coques  lui  ont 
paru  en  tout  semblables  aux  pupes  du  Dacus  oleœ.     r 

—  M.  Guérin-Méneville  parle  des  métamorphoses  des  Mor- 
delles,  que  l'on  ne  connaissait  jusqu'ici  qu'imparfaitement,  et  il 
fait  connaître  les  diverses  transformations  qu'éprouve  la  larve 
d'une  espèce  de  ce  genre,  qu'il  rapporte  avec  doute  à  la  Mordella 
aculeata.  Cette  larve  vit  dans  les  tiges  de  l'Euphorbe. 

—  M.  Guérin-Méneville  donne  de  nouveaux  détails  sur  des 
larves  qu'il  a  trouvées  dans  des  tiges  de  saule  qui  lui  avaient 
été  communiquées  par  M.  Blisson  ,  et  qu'il  avait  rapportées  avec 
doute  au  genre  Cecidomyia^  ainsi  que  sur  des  chrysalides  qu'il  avait 
rapportées  au  groupe  des  Chalcidites  ÇHevue  zoologique ^  1845  , 
pages  203  ei  237  ).  Aujourd'hui  il  peut  faire  savoir  que  ces  chry- 
salides appartiennent  bien  à  des  Ghalcidites  ;  elles  ont  éclos  pen- 
dant son  absence  ,  et  il  a  trouvé  plusieurs  individus  parfaits,  mais 
morts,  dans  le  bocal  renfermant  les  fragments  de  ces  écorces, 
qu'il  avait  isolés  parce  qu'ils  conti  naient  de  ces  chrysalides.  Si  le 
temps  le  lui  avait  permis  ,  il  aurait  fait  les  recherches  nécessaires 
pour  déterminer  les  deux  espèces  en  question.  En  terminant 
cette  communication,  M.  Guérin-Méneville  fait  remarquer  le 
rapport  qu'il  y  a  entre  celte  observation  et  celle  que  M.  Alexandre 
Brongniart  a  présentée  à  l'une  des  dernières  séances  de  la  So- 
ciété {Revue  zoologique ,  1845,  page  267  ). 

Séance  du  27  août  1845.  —  On  annonce  à  la  Société  la  mort 
de  trois  entomologistes  ;  deux  lui  appartiennent  comme  mem- 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  363 

bres,  MM.  le  comte  Lepelletier  de  Saint-Far geau  et  Alexis 
Tesseire ,  de  INice  et  un  autre  qui  lui  était  étranger,  M.  Meigen  , 
d'Augsbourg ,  le  célèbre  diptérologiste. 

—  M.  //.  Lucas  lit  une  nouvelle  noie  :  Sur  les  derniers  chan- 
gements de  la  chenille  du  Bombyx  (Saturnia)  cecropia. 

—  M.  Pierret  annonce  à  la  Société  qu'il  a  trouvé ,  le  1"  août 
dernier,  à  Lardy,  à  onze  lieues  de  Paris,  VAscalaphus  italicus; 
puis  il  donne  de  nombreux  détails  sur  les  Lépidoptères  qu'il  a 
recueillis  dans  la  même  localité  de  Lardy. 

—  M.  Duponchel  annonce  qu'il  y  a  près  de  quarante  ans , 
il  a  vu  prendre  par  M.  le  docteur  Bretonneau,  de  Tours, 
dans  les  carrés  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris , 
VAscalaphus  italicus  ,  et  que  le  même  insecte  a  été  trouvé ,  il  y 
a  six  ans  ,  près  de  Nemours,  par  M.  de  Villiers. 

—  M.  Pierret  donne  de  nouvelles  observations  relatives  aux 
f^anessa  levana  et  prorsa.  Cette  communication  sera  insérée  au 
Bulletin  de  la  Société. 

Séance  du  10  septembre  1845.  —  M.  Duponchel  lit  une  lettre 
de  M.  le  colonel  Goureau,  dans  laquelle  le  président  de  la  So- 
ciété donne  de  nombreux  détails  sur  l'entomologie  des  environs 
de  Cherbourg. 

—  M.  H^Lucas  fait  passer  sous  les  yeux  de  la  Société  un  Er- 
gates  faber  vivant ,  chez  lequel  les  élytres  sont  avortées  et  très- 
écartées  à  leur  base  ,  et  dont  le  côté  gauche  est  sensiblement 
plus  long  que  le  côté  droit  :  cet  avortement  s'est  présenté  égale- 
ment dans  les  organes  de  la  locomotion  de  ce  Longicorne. 

—  M.  H.  Lucas  donne  quelques  détails  sur  des  cocons  bissexuels 
de  ver  à  soie  Bombyx  [Sericaria)  mori,  qu'il  a  été  à  même 
d'obseri^er.  Le  premier  cocon  qu'il  a  étudié ,  et  qui  contenait 
deux  chrysalides,  lui  avait  été  donné  par  M.  Nivay  ,  qui  élève  à 
Alger  un  grand  nombre  de  vers  à  soie  ;  trois  autres  cocons ,  à 
peu  près  semblables,  lui  ont  été  communiqués  dernièrement  par 
M.  E.  Blanchard,  Dans  un  de  ces  derniers  cocons  ,  les  deux  chry- 
salides ont  pu  se  développer,  et  les  insectes  parfaits  sont  sortis 
librement  ;  dans  les  deux  autres  cocons,  les  papillons  ne  sont  pas 
sortis  .  et  M.  H.  Lucas  les  ayant  ouverts  ,  y  trouva  des  papillons 
mâles  et  femelles  ;  les  femelles  étaient  mortes  et  les  mâles  encore 
vivants  :  dans  un  de  ces  cocons,  l'auteur  a  trouvé  des  œufs,  mais 
non  fécondés. 


364  REVDE  zooLOGiQUE.   {Septembre  1845.) 

M.  Pierre^  dit  avoir  observé,  chez  M.  Ronsin,  garde  forestier 
à  Livry  ,  un  fait  à  peu  près  semblable  dans  le  Bombyx 
everia. 

M.  Duponchel  cite  également  un  fait  analogue  :  il  dit  que  les 
chenilles  de  la  Callimorpha  dominula,  lorsqu'elles  vont  se  trans- 
former en  chrysalides  ,  se  réunissent  et  qu'elles  forment  une 
coque  commune  ;  mais  cette  coque  n'est  pas  compacte  comme 
dans  les  exemples  cités  par  M.  H.  Lucas  ,  elle  est ,  au  contraire  , 
assez  lâche  et  son  tissu  est  peu  serré. 

Séance  du  24  septembre  1845.  —  M.  H.  Lucas,  continuant  ses 
observations  sur  les  divers  changements  de  peau  que  subit  la 
chenille  du  Bombyx  (  Saturnia  )  cecropia  aVant  de  se  métamor- 
phoser, communique  une  note  sur  la  maladie  qui  a  fait  périr  un 
grand  nombre  de  chenilles  de  ce  Bombyx  et  sur  les  cocons  qu'il 
a  obtenus.  Ces  diverses  notices  de  M.  H.  Lucas  sur  le  Bombyx 
{Saturnia)  cecropia^  seront  toutes  imprimées  dans  le  Bul- 
letin entomologique  du  3®  trimestre  des  Annales  de  la  Société 
pour  l'année  1845. 

—  M.  L,  Buquet  montre  à  la  Société  plusieurs  Coléoptères 
nouveaux  provenant  du  Brésil.  On  remarque  particulière- 
ment une  espèce  de  Butela  d'un  beau  vert  métallique  et  toute 
tomenteuse. 

—  M.  Guérin-Ménemlle  parle  à  la  Société  de  la  maladie  qui 
règne  depuis  quelque  temps  sur  les  pommes  de  terre.  Plusieurs 
personnes  ont  attribué  à  tort  cette  maladie  à  des  insectes ,  tandis 
qu'il  est  démontré  aujourd'hui  qu'elle  est  produite  par  une  ma- 
ladie de  la  plante,  causée  par  les  froids  qui  se  sont  fait  sentir  à  la  fin 
du  printemps  et  par  l'humidité  extraordinaire  de  l'année,  ce  qui 
a  favorisé  la  production  d'un  cryptogame  qui  se  développe 
<3n  grand  nombre  dans  chacune  des  cellules  de  la  pomme  de 
terre.  Les  insectes  et  les  larves  que  l'on  a  trouvés  dans  ces  tuber- 
cules gâtés  n'y  sont  venus  que  lorsque  la  pomme  de  terre  a  été 
en  partie  décomposée  par  les  champignons  ,  et  l'on  ne  peut  nul- 
lement les  regarder  comme  ayant  causé  la  maladie.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  on  rencontre  souvent  dans  les  pommes  de  terre  gâtées  le 
Blaniulus  guttulatus  et  quelques  autres  insectes  :  une  douzaine 
de  larves  ont  été  prises  dans  ces  tubercules  par  M.  Rayer,  qui  en 
■a  adressé  les  dessins  à  M.  Guérin-Méneville  ;  trois  de  ces  larves 
appartiennent  à  des  coléoptères;  l'une  probablement  à  une  espèce 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  365 

de  Cryptophagus  ou  d'un  groupe  voisin  de  ce  genre  ,  une  autre 
à  un  Taupin  ;  quelques-unes  se  rapportent  à  des  Diptères  ;  mais 
ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable ,  c'est  que  M.  Rayer  y  a  vu 
aussi  deux  espèces  d'Acarides ,  dont  Tune  est  très- voisine  des 
Sarcoptes ,  et  l'autre  peu  différente  des  Tyroglyphus  siro  et 
farinœ.  La  première  espèce  appartient  évidemment  au  sous- 
genre  Glyciphagus  de  Hering  (Nov.  act.  nat.  cur. ,  tome  XVIII , 
p.  619),  et  semble  très- voisine,  si  ce  n'est  pas  elle  ,  du  Gly^ 
i;iphagus  prunorum  de  cet  auteur. 

—  M.  Guérin-Méneville  montre  à  la  Société  des  os  prove- 
nant du  tombeau  celtique  que  M.  Eugène  Robert  a  découvert  ré- 
cemment à  Meudon  :  ces  os  pr»  sentent  à  leur  surface  des  sillons 
en  tout  semblables  à  ceux  que  l'on  voit  souvent  sur  le  bois  et  qui 
sont  produits  par  des  insectes.  M.  Guérin-Méneville  dit  qu'un 
grand  nombre  de  ces  os  de  Celtes  sont  creusés  de  la  même  ma- 
nière, et  que  quelques-uns  sont  perforés  de  part  en  part.  Qui  a  pu 
faire  ce  travail?  Pourquoi  des  insectes  seraient-ils  venus,  à  une 
profondeur  assez  grande,  percer  ces  os  ?  Et  dans  le  cas  probable 
où  ces  sillons  et  ces  trous  auraient  été  faits  par  des  insectes,  quels 
seraient  ces  insectes?  D'après  le  diamètre  des  sillons  ,  ce  ne  peut 
être  des  Apates  qui,  comme  l'a,  démontré  M.  E.  Desmarest, 
perforent  des  métaux  ,  et  à  plus  forte  raison  peuvent  percer  des 
os.  Les  traces  sont  aussi  trop  étroites  pour  que  l'on  puisse  croire 
qu'elles  ont  été  produites  par  des  Dermestes  :  mais  ne  seraient-ce 
pas  des  larves  de  Corynetes  qui  auraient  fait  ces  sillons  et  ces 
trous  ? 

—  M.  H.  Lucas  fait  connaître  deux  nouvelles  espèces  d'Ixodes^ 
qu'il  a  trouvées  sur  des  Reptiles  dans  la  Ménagerie  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle  de  Paris.  Voici  les  phrases  diagnostiques 
de  ces  deux  espèces. 

lœodes  pulchellus ,  Lucas.  I.  ovatus;  capite  palpisque  fusco 
rubescentibus  ;  thorace  (in  mare  maximo  ,  abdomen  superante, 
in  fœminâ  parvo)  flavo  cupreo ,  sat  fortiter  fusco  maculato  ;  vittis 
fusco  rubescentibus  ornato  ,  infrà  virescente,  transversim  fortiter 
rugoso,  val  vis  analibus  fusco -rubescentibus  ;  pedibus  sat  elonga- 
tis,  subfusco  rubescenti  tinctis  albicante  aurelatis.  Maie  ;  Long.  5 
mill.  Lat.  3  mill.  Femelle  :  Long.  5  1/2.  Lat.  3  1/4  mill.  Trouvé 
sur  une  espèce  de  Couleuvre  (  Spilotes  variabilis ,  Dam.  et  Bil.) 


I 


366  REVUE  zooLOGiQUE.  {Septembre  1845.) 

qui  provient  de  Cayenne  et  plus  récemment  sur  une  espèce  de 
Batracien. 

Ixodes  eœilipes  ,  Lucas.  I.  subo valus;  capite  ,  palpis  thorace- 
que  rubescentibus  ;  ultimosubtilissimè  punctato  fusco-rubescenti 
rnarginato  ;  corpore  subtilissimè  transversim  rugoso,  infrà  Isevi- 
gato  ,  flavo  cinerescente  plus  minùsve  fusco  seriato  ;  pedibus  exi- 
libus,  sat  elongatis,  testaceo-rubescentibus.  Long.  3  mill.  Lat. 
2  mill.  Cette  espèce  a  été  trouvée  sur  un  Lacer  ta  ocellata  qui  a 
été  pris  aux  environs  d'Alger  par  M.  Henri  Bertboud. 

(E.D.) 


IV.  MELANGES  ET  AOUVELLES. 

Note  sur  la  Monographie  du  genre  Ficumnus.  Tem.  pi.  col.  ; 
par  M.  F.  de  Lafresnaye. 

Dans  un  essai  de  Monographie  des  Picumnes^  Rev.  zool.  1845, 
page  1,  j'ai  omis  de  citer  VAsthenurus  rufiventris  (Bonap.) 
Proceedings,  1837,  page  120,  dont  voici  la  Diagnose  :  «  Fuscus 
subtus  cum  genis  rufis  :  pileo  nigro,  rubro  maculato  ;  »  on  recon- 
naît facilement  que  cette  espèce  doit  être  voisine  de  notre  Pi- 
cumnus  cinnamomeus ,  Rev.  zool.  ,  1845,  page  7,  mais  elle  en 
diffère  essentiellement  par  la  coloration  de  la  tête ,  noire  ponc- 
tuée de  rouge  ,  tandis  qu'elle  est  noire  avec  des  taches  linéaires 
jaunes  sur  le  vertex  et  des  taches  blanches  sur  la  nuque  chez 
notre  P.  cinnamomeus.  C'est  donc  une  dixième  espèce  à  ajouter 
à  notre  monographie  sous  le  nom  de  P.  rufiventris  (Bonap.) 
Proceedings,  1837,  p.  120  ;  il  est  du  Chili. 


Errata  du  n"  8, 


Pages  228,  lignes  19  ;  rayez  le  mot  surtout. 

—  292,     —     te,  17  et  \S,va\e\\es;  Visez  velelles, 

—  313,      —     37,  quand  il  ;  lisez  quand  cWe. 


HUITIÈME  ANNÉE.  —  OCTOBRE  1845 


I.  TRAVAUX  INEDITS. 


Descbiption  de  quelques  nouveaux  oiseaux  de  l'Inde,  par  M.  de 
Lafresnâyb. 

Fam.    TURDIDiE.  —  S.    fam.    Brachypodin^  ,    Sw.  —  Genus 
HiEMATORNis,  Swainson. 

l"  //.  chrysorrhoïdes.  —  Haemat.  supra  brunneo  -  griseus  , 
dorsi  et  colli  postici  plumis,  tectricibusque  alae  mediis  in  medio 
fuscis;  alis  caudaque  basi  ejusdem  coloris,  hac  apice  saturatiore, 
rectrice  quaque  macula  quadrala  alba  terminata  ,  duabus  mediis 
hoc  colore  tantummodo  marginatis,  capite  ,  nucha  guttureque, 
atris,  genis,  coUo  antico,  subtusque  totis  cinereo-albescentibus, 
subcaudalibus  autem  sanguineo-rubris,  rostro  pedibusque  nigris. 
Longit.  tota  21  cent.  Habit,  Macao. 

Maxime  afRnisTurdo  chrysorrheo,  haec  speciesdiffertabillo  ano 
rubro,non  aurantio-flavo,  cauda  longiore,  ejusque  maculistermi- 
nalibusalbis  majoribus  et  magisquadratis. 

Genus  Triciiophorus,  Temm.  pi.  col. 

2**  T.  caniceps.  —  Trie,  supra  olivaceus  ,  pileo  nuchaque 
intense  griseis;  alis  parum  brunneo  tinctis  ;  cauda  olivaceo- 
brunnea  ;  subtus  vivide  flavus  ;  gula  tota  alba  ,  genis  pallide 
griseis;  pedibus albido flavescentibus.  Longit.  tota  17  cent.  Habit, 
in  Indiis. 

Cette  espèce,  très- voisine  du  Trichophorus  flaveolus,  Gould, 
Proceedings,  1 836,  p  6,  en  diffère  par  une  taille  plus  petite,  par  la 
couleur  grise  de  sa  tête,  l'absence  de  huppe,  etc.  Ce  dernier  nous 
paraît  synonyme  de  la  Piegrièche  Brès  ,  Lanius  Brês,  Lesson  , 
Voyage  aux  Indes,  par  Bellanger,  Zool.  ois.  p.  25S. 

Genus  Trichixos,  Lesson,  Rev.  zool.  1 839,  167 . 

3°  T.  pyrropijga?  Les>.  ,  Rev.  Zool.  1839,  167.— Trich. 
corpore  supra  capitisque  lateribus  fusco-ardesiacis,  vitta  brevi 
super  oculari  superciliariforme  niveo-sericea  ,  dorso  imo ,  uro- 
pygio ,  caudaque  vivide  rufis  ,  hac  vitta  lata  nigra  cum  maculis 
rufis  apicalibus  terminata  ;  subtus  pallide  rufescens  ,  abdomine 
medio  albo,  collo  antico  et  pectore  supremo  griseo  ardesiacis  ; 
rostro  longo  ,  recto ,  compresso  ,  apice  subito  adunco  uncinatf 
Tome  VllI.  Année  1845.  24 


368  KEVDE  zooLOGiQUK.   [Octobrc  1845.) 

ilius  basi  aut  capistro  toto  setis  pilisque  rigidis  et  densis  prœ- 
dito ,  pedibus  lividis,  tarsis  brevibus,  sedvalidis,  ita  utdigiti 
hoc  postico  ungue  forti  munito.  Longit.  tota  19  cent.  Habit,  in 
Bengala. 

Quoique  nous  présumions  que  cet  individu ,  que  nous  possé- 
dons, soit  identique  avec  le  Trichixos  pyrropyga  de  Lesson,  il 
en  diffère  sous  quelques  rapports,  en  ce  qu'il  n'a  pas  comme  lui 
les  joues  noires,  elles  sont  de  la  même  teinte  que  le  dessus 
du  corps  ;  en  ce  qu'il  n'a  pas  le  dessous  roux  canelle  comme  la 
queue  ,  mais  roux  pâle  avec  le  milieu  blanc;  les  pieds  sont  bru- 
nâtres livides  et  non  couleur  de  chair.  Enfin  si  notre  oiseau 
n'est  pas  une  espèce  distincte ,  c'est  au  moins  une  livrée  différente» 
Il  sera  figuré  ainsi  que  le  Crinon  à  tête  grise  dans  le  Magasin 
de  Zoologie. 

4°  Gallinula  eurizonoïdes.  —  Gai.  capite  ,  colle ,  pectoreque 
totis  rufo-cinnamomeis ,  dorso,  alis  et  cauda  brunneo-olivaceis  ; 
ventre,  hypochondriis,  abdomine  ano  alisque  subtus  vittis  albiset 
nigris  zonatis ,  nigris  autem  latioribus  ;  rostrum  flavido-viride  ; 
pedesfusci.  Long,  tota  23  cent. 

Au  premier  abord  cette  espèce  paraît  être  identique  avec  la 
poule  d'eau  large  bande,  Gallinula  euri Zona Tem.,  col.  417  de 
Java  ,  mais  en  la  comparant  avec  elle,  elle  offre  les  différences 
suivantes. 

Au  lieu  d'avoir  comme  elle  toutes  les  couvertures  supérieures 
alaires  et  les  rémiges  zonées  de  noir  et  de  blenc  en-dessus,  elle  a 
toutes  ces  parties  du  même  brun  olivâtre  que  le  dos  ;  le  roux- 
cannelle  du  dessus  du  cou ,  au  lieu  de  se  fondre  insensiblement 
dans  la  nuance  du  dos,  se  termine  plus  brusquement  au  bas  du 
cou;  les  zones  blanches  ventrales,  au  lieu  d'être  égales  aux  noires 
sont  plus  étroites,  et  les  rémiges  n'ont  de  bandes  blanches  que 
sur  la  portion  cachée  de  leurs  barbes  internes.  —  L'espèce  est 
plus  forte ,  le  bec  plus  grand  ,  mais  les  tarses  paraissent  un  peu 
plus  courts  et  noirâtres  au  lieu  d'être  couleur  de  chair  ou  blanc 
jaunâtre.  Nous  sommes  d'autant  plus  portés  à  regarder  cette  es- 
pèce comme  distincte  de  la  Gallinula  eurizona,  que  dans  chaque 
continent  ou  portion  de  continent  on  rencontre  souvent  des 
groupes  d'espèces  qui ,  quoique  réellement  distinctes,  offrent 
entre  elles  un  système  de  coloration  des  plus  analogues.  Tels 
sont  dans  la  même  famille  ces  petits  Râles  Africains  à  plumage 


TRAVAUX    INÉDITS.  369 

mi-parti  roux  et  noir  strié  de  blanc  dont  le  Rallus  dimidiatus 
est  le  type. 

Observations  sur  le  Rollier  d'Angole  {Coracias  caudala.L.) 
par  M.  le  docteur  Pucheran. 

L'espèce  à  laquelle  nous  consacrons  cet  article  ,  est  une  de  cel- 
les que  les  hommes  les  plus  compétents  en  ornithologie  pensent 
devoir  être  rayée  du  Catalogue  des  êtres  créés.  Décrite  pour  la 
première  fois  par  Brisson,  en  1760  (Orn.  vol.  2  ,  p.  72 ,  n*'  3  , 
pi.  7  ,  fig.  1.)  d'après  un  individu  qui  avait  été  envoyé  de  la  côte 
d'Angole  à  Réaumur ,  elle  fut,  en  1766  ,  introduite  par  Linné 
dans  le  genre  Coracias^  sous  le  nom  de  Coracias  caudata, 
lorsque  ce  savant  célèbre  publia  lui-même  la  12*  édition  du  Sys- 
tema  naturœ.  Mais  comme  si  elle  était  destinée  à  n'être  que  dif- 
ficilement bien  comprise  et  bien  isolée  de  ses  congénères  ,  Linné 
lui  rapporta  la  pi.  327  du  troisième  volume  des  Glanures  d'Ed- 
wards ,  que  Gmelin  et  ses  successeurs  ont  si  justement  regardée 
comme  représentant  le  Coracias  senegalensis. 

Gmelin  et  Latbam  ne  méritent  aucune  critique,  relativement 
à  l'histoire  qu'ils  ont  donnée  de  notre  espèce ,  quoiqu'ils  eussent 
devant  les  yeux  l'exemple  de  Buffon ,  qui  dans  le  troisième  vo- 
lume de  la  partie  de  son  Histoire  naturelle  consacrée  aux  Oiseaux, 
a  considéré  le  Rollier  cuit  comme  étant  la  même  espèce  que  le 
Rollier  d''Angole.  C'était  évidenïment  trop  exagérer  l'impor- 
tance de  l'analogie  qu'ont  ces  deux  types  entre  eux ,  sous  le 
point  de  vue  de  la  coloration  de  quelques-unes  de  leurs  parties* 

Est  venue  ensuite  l'opinion  de  Vaillant ,  qui  dans  son  travail 
si  remarquable  sur  les  Rolliers  (1805) ,  annonce  (p.  105) ,  que  , 
après  avoir  examiné  le  Rollier  d'Angole  qui  a  servi  de  type  à 
Buffon ,  il  s'est  convaincu  que  ce  n'est  point  autre  chose  qu'un 
Rollier  d'Abyssinie  sur  lequel  ont  été  entés  une  tête  et  un  cou 
de  Rollier  de  Mindanao.  Le  jugement  de  Vaillant  a  entraîné  à  ce 
sujet  toutes  les  convictions  de  Cuvier  ,  qui  dans  les  deux  éditions 
du  Règne  animal ,  a  hautement  avancé  que  le  Coracias  caudata 
reposait  sur  un  individu  de  Cor.  abyssinica  ,  défiguré  par  l'ad- 
dition de  la  tête  du  Cor.  bengalensis  (Règ.  an.,  vol.  I  ,  lr«  éd., 
p.  401,  2'' éd..  p.  425). 

Les  assertions  de  ces  deux  grands  maîtres  ne  pouvaient  man- 
quer d'avoir  une  grande  influence  sur  les  déterminations  de  leurs 


370  RKVDE  zooLOGKjUE.   {Octobre  \S\5.) 

successeurs.  C'est  aussi  ce  qui  a  eu  lieu.  Il  est  bien  vrai  que  Daw- 
din  ,  dans  son  Traité  d'ornithologie  (t.  2,  p.  260),  Shaw  (Gen, 
zool.  7,  p.  394),  et  Latham  ont  pensé  autrement  que  leurs 
contemporains,  mais  à  l'époque  où  Daudin  a  écrit,  Vaillant 
n'avait  point  encore  formulé  contre  Buffon  le  jugement  ci-dessus 
énoncé  ,  jugement  que  Shaw  ne  connaissait  probablement  pas 
non  plus  en  1809.  Quant  à  Latham  ,  son  opinion  se  trouve  modi- 
fiée par  celles  des  deux  savants  français  :  loin  de  considérer  le 
Rollier  d'Angole  comme  une  espèce  bien  tranchée  ,  ainsi  qu'il 
l'avait  fait  dans  la  première  ëd  tion  du  General  Synopsis  of 
Birds,  il  le  regarde,  dans  la  seconde,  comme  pouvant  n'être 
qu'une  variété  d'âge  du  Cor.  Bengalensis. 

Quant  à  Vieillot  et  à  M.  Georges  Robert  Gray ,  leur  opinion 
est  on  ne  peut  plus  explicite.  Dans  le  29'  volume  du  Dictionnaire 
d'histoire  naturelle  (  article  Rollier  ) ,  Vieillot  se  rattache  (p.  430) , 
à  l'opinion  de  Vaillant,  et  plus  bas  (p.  433) ,  il  décrit  sous  le 
nom  de  Galgulus  caudatiis  ,  le  Coracias  abyssinica  de  Gmelin. 
Dans  l'Encyclopédie  (p.  869),  la  synonymie  qu'il  donne  est  tout 
aussi  significative  ,  et  sa  description  latine  reproduit  d'ensemble 
des  traits  caractéristiques  empruntés  aux  deux  espèces.  M.  G.-R. 
Gray,  enfin  ,  dans  le  quatorzième  fascicule  (juin  1845),  du  beau 
travail  qu'il  publie  en  ce  moment ,  a  réuni  Coracias  senegalen- 
sis  et  Cor.  abyssinica  à  Coracias  caudata ,  indiquant  ce  dernier 
nom  comme  devant  être  préféré,  attendu  qu'il  est  le  plus  ancien. 

Malgré  la  grande  importance  que  nous  attachons  aux  juge- 
ments portés  par  les  savants  célèbres  dont  nous  venons  de  rap- 
peler les  noms,  nous  pensons  que  le  Rollier  d'^Angole  [Coracias 
caudata  L,),  doit  reprendre  sa  place  en  ornithologie,  dans  le 
catalogue  des  espèces.  Que  Buffon  ait  été  trompé  ,  cela  se  peut , 
et  personne  plus  que  nous  n'ajoute  foi  et  confiance  aux  asser- 
tions de  Vaillant.  Mais ,  comme  nous  possédons  dans  le  Musée  de 
Paris  un  individu  reproduisant  d'une  manière  complète  les  traits 
de  la  figure  88  de  Buffon;  comme  cet  individu  est  dans  un  par- 
fait état  de  conservation  ;  comme  loin  d'être  venu  par  la  voie 
du  commerce  ,  il  a  été  envoyé  de  l'Afrique  australe  à  notre  col- 
lection nationale  par  la  Société  des  missions  protestantes  que 
personne ,  nous  l'espérons  du  moins ,  ne  soupçonnera  d'une  su- 
percherie ,  on  ne  s'étonnera  pas  que  nous  osions  émettre  une 
opinion  différente  de  celles  de  tant  de  zoologistes  éminents. 


TRAVAUX     IINKDITS.  371 

Pour  mettre  au  reste  les  Ornithologistes  en  mesure  de  se  pro- 
noncer ,  nous  nous  bornerons  à  copier  la  description  si  parfaite 
donnée  par  Brisson  (Ornilh.  vol.  2,  p.  72).  Sauf  une  petite  rec- 
tification que  nous  nous  sommes  permis  de  faire  ,  nous  pensons 
qu'il  est  trés-diffîcile  de  décrire  aussi  bien  ,  et  impossible  de  dé- 
crire mieux.  D'ailleurs  ,  nous  ne  devons  pas  oublier  que  le  tra- 
vail de  Brisson  a  servi  à  Linné  pour  établir  Tespèce  en  faveur  de 
laquelle  nous  demandons  le  droit  de  cité.  Voici  en  quels  termes 
s'exprime  Brisson  : 

«  Superne  ftilvus^  ad  olivaceum  inclinans  ,  inferne  cœruleo- 
»  beryllinus;  collo  inferiore  violaceo  :  rectricibus  lateralibus 
»  cœruleis ,  excepta  exlima  longissima  et  apice  nigricante. 

»  Il  est  à  peu  près  de  la  grosseur  d'un  geai...  les  parties  supé- 
»  rieures  de  la  tête  et  du  cou  sont  vertes.  La  partie  supérieure 
»  du  dos  et  les  plumes scapulaires sont  d'un  fauve  mêlé  de  vert, 
»  ou  plutôt  d'un  fauve  changeant  en  vert  d'olive ,  selon  les  diffé- 
»  rents  aspects  sous  lesquels  elles  se  présentent.  La  partie  infé- 
■»  rieuredu  dos,  le  croupion  et  les  petites  couvertures  du  dessus 
»  des  ailes  sont  d'un  beau  bleu.  Les  couvertures  du  dessus  de  la 
»  queue  sont  variées  de  bleu  et  d'aiguë  marine.  La  gorge , 
TD  la  partie  inférieure  du  cou  et  la  poitrine  sont  violeites  ,  et  cha- 
»  que  plume  de  la  gorge  et  de  la  partie  inférieure  du  cou  a 
»  dans  son  milieu  une  ligne  blanche  qui  s'étend  selon  la  lon- 
»  gueur  de  sa  tige.  Le  ventre  ,  les  côtés,  les  jambes ,  les  couver- 
»  tures  du  dessous  de  la  queue  et  celles  du  dessous  de  l'aile  sont 
»  d'un  bleu  d'aiguë  marine.  Les  grandes  couvertures  du  dessus 
»  de  l'aile  sont  variées  de  bleu ,  d'aiguë  marine  et  de  vert.  Les 
»  plumes  de  Taile  sont  d'un  bleu  d'aiguë  marine,  depuis  leur 
»  origine  ,  jusque  vers  la  moitié  de  leur  longueur  ;  le  reste  est 
»  en  dessus  d'un  bleu  très-foncé  du  côté  extérieur  et  noir  du  côté 
»  intérieur  ,  et  au  contraire,  en  dessous,  il  est  noir  du  côté  exté- 
»  rieur,  et  d'un  bleu  très-foncé  du  côté  intérieur  (1)  ;  de  plus,  la 
»  tige  de  chaque  plume  est  noire  dans  toute  sa  longueur.  La 
»  queue  est  composée  de  douze  plumes  :  les  deux  du  milieu  sont 
»  d'un  vert  sombre  ;  les  latérales  sont  d'un  bleu  d'aiguë  marine 
»  et  terminées  de  bleu  foncé  ,  excepté  la  plus  extérieure  de  cha- 
»  que  côté  ,  dont  la  partie  qui  excède  la  longueur  des  autres  est 

(1)  Notre  indiyidu  présente  du  noir  le  long  de  la  tige  ,  5ur  telle  luoitié  iiilerne  d« 
<îa  penne. 


b 


372  RKVUK  zooLOGionK.  {Octobre  1845.) 

»  noire.  La  tige  de  chaque  plume  est  de  cette  dernière  couleur 

»  dans  toute  sa  longueur,  etc » 

Les  dimensions  de  l'individu  sur  lequel  nous  avons  constaté 
Pexistence  des  caractères  indiqués  ci-dessus  ,  sont  les  suivantes  : 

1°  Du  bout  du  bec  à  l'extrémité  des  pennes  médianes  de  la 

queue  (en  ligne  droite)  (i) 0,26 

20  Longueur  des  pennes  médianes  de  la  queue  (mesurées 

en  dessus) 0,>i 

30  Longueur  de   la   partie  excédante  des  pennes  caudales 

externes 0,95 

4°  Longueur  de  la  partie  nue  du  tarse  (jusqu'aux  doigts.  .  .    0,02 

50  Longueur  du  doigt  médius  (l'ongle  y  compris) 0,03 

6°  externe  (l'ongle  y  compris) o,025 

70  interne  (l'ongle  y  compris) 0,0i8 

80  du  pouce  (l'ongle  y  compris) 0,014 

90  Longueur  du  bec  (depuis  la  commissure  jusqu'à  la  pointe).    0,032 

.tflo  Longueur  de  l'aile 0,17 

Présentement ,  si  nous  comparons  cette  espèce  avec  le  Rollier 
d'Abyssinie  ,  indépendamment  de  celles  qui  sont  fournies  par  la 
coloration  différente  de  la  gorge ,  de  la  partie  inférieure  du  cou 
et  du  thorax ,  nous  trouvons  les  différences  suivantes  : 

1°  La  teinte  du  dessus  de  la  tête  et  de  la  région  dorsale  est  plus 
olivâtre ,  plus  nuancée  de  vert-pré  dans  le  Coracias  caudata. 
Les  couvertures  supérieures  de  la  queue,  au  lieu  d'être  bleues  , 
sont  variées  de  bleu  et  d'aiguë  marine  ,  mais  cette  dernière  teinte 
est  prédominante. 

2°  Dans  le  Coracias  caudata ,  en  dessus ,  les  pennes  de  l'aile 
dans  la  dernière  moitié  de  leur  longueur ,  sont  d'un  bleu  très- 
foncé  en  dehors,  et  noires  en  dedans.  Dans  le  Cor.  abyssinica  , 
le  côté  interne  de  la  penne  présente  du  bleu  foncé  tout  le  long 
de  la  tige.  Dans  le  Cor,  abyssinica,  les  pennes  médianes  de  la 
queue  sont  plus  foncées ,  plus  brunes  que  dans  le  Cor.  caudata , 
et  les  pennes  latérales  ne  sont  pas  ,  comme  dans  cette  dernière 
espèce  (sauf  la  tache  bleue  de  l'extrémité)  de  couleur  unifor- 
mément aiguë  marine. 

Il  est  impossible  ,  enfin,  de  confondre  le  Rollier  d'Angole  avec 
le  Cor.  bengalensis,  car,  indépendamment  du  mode  de  colora- 
tion différente  présenté  par  les  ailes  et  la  queue  ,  le  bec  de  l'es- 
pèce indienne  est  plus  fort  et  plus  développé  que  celui  de  l'es- 
pèce africaine. 

(1)  Notre  exemplaire  est  monté  à  tète  tournée  à  gauclw ,  lorsqu'on  a  les  parties  infé- 
rieures par  derant  soi. 


TUWAUX     INKDITS.  373 

11  nous  semble  dès  lors  utile  et  nécessaire  de  réintégrer  dans 
le  système  ornithologique,  Tespèce  méconnue  par  Vaillant,  Cu- 
vier,  Vieillot  et  M.  G.-R.  Gray  ,  et  d'établir  comme  il  suit,  sy- 
nonymie. 

r  Rollier  d'Angole. 

Coracias  caudata ,  L.  (12«  éd.,  vol.  1  p.  160,  n»  6). 

Coracias  caudata ,  Cm  (I  ,  p.  380  ,  n»  6). 

Coracias  caudata  ,  Lath.  (  Index  ,  p.  69 ,  n°  3). 

Galgulusangolensis,Briss.(Ornith.  2, p.  72,  n»  3,  pi.  7,f.  1). 

Le  Rollier  d'Angole ,  Buff.  3 ,  p.  144  ,  eul.  88. 

LongtailedRoller,Lath.(l'«éd.1,p.409,et2'éd.3,p.74. 

Rollier  d'Angole,  Daudin  (Ornith.  vol.  2  ,  p.  260 j. 

Coracias  angolensis ,  Shaw  (Gén.  zool.  7  ,  p.  394  ,  pi,  51  , 
2®  Rollier  d'Abyssinie. 

Coracias  abyssinica  ,  Gm.    1  ,  p.  379  ,  n®  7). 

Coracias  abyssinica,  Lath.  (Index,  p.  169,  n*  5). 

Rollier  d'Abyssinie  ,  Buff.  3  ,  p.  143,  eul.  626. 

Abyssinian  Roller  ,  Lath.  (l"* éd.  1 ,  p.  408,  et  2''  éd.  3,  p.  76). 

Rollier  à  longs  brins  d'Afrique,  Vaill.  (Roll.  pi.  25). 

Coracias  abyssinica,  Daud.  (Ornith.  2 ,  p.  260  ,  5). 

Galgulus  caudatus ,  Vieill.  (Dict.  t.  29  ,  p.  433. 
Maintenant ,  le  Coracias  senegalensis  de  Gmelin ,  reposant 
sur  l'individu  de  la  planche  enluminée  de  Buffon  qui  porte  le 
nP  326  ,  doit-il  être  considéré  comme  une  espèce  distincte ,  ou 
simplement  comme  une  variété  du  Corac.  abyssinica ,  comme 
le  prétendent  les  auteurs  et  entre  autres  Shavtr,  qui  les  décrit  l'un 
et  l'autre  sous  le  nom  commun  de  Coracias  albifrons?  Là-des- 
sus, notre  opinion  est  bien  loin  dêlre  arrêtée  :  les  individus  du 
Sénégal  que  nous  avons  vus  jusqu'ici  ne  présentant  point  le 
caractère  différentiel  signalé  par  Buffon  ,  et  ceux  qui  ont  partagé 
son  opinion  ,  et  ressemblant  par  cela  même  à  l'espèce  du  nord-est 
de  l'Afrique ,  on  nous  pardonnera  ,  nous  l'espérons  du  moins ,  la 
réserve  que  nous  nous  permettons  de  garder  à  ce  sujet. 


Description  de  trois  espèces  nouvelles  du  genre  Picus ,  Linné  , 

par  M.  Alfred  Malherbe. 
1.  ^.  ( Leuconotopicus )  Stricklandi.  —  Fœm.  —  Supra  fusco- 
nigro  ,  dorso  albo  striato  ;  regione  parotico  et  supra  oculos , 
colla  ivfra  ,  albis  ;  gutture,  pectore  et  abdomine  albis ,  fusco- 


374  REVDE  zooLOGiQOE.   {Octobve  1845.) 

nigro  striolatis  ;  alis  longissimis  caudœ  ferè  œqualibus. 

Bec  presque  droit ,  brun  de  corne',  front  brun  roussâtre  ;  bande 
sourcillère  blanche  ;  vertex  .  occiput ,  tectrices  alaires  d'un  brun 
de  suie,  sans  taches;  de  chaque  coté  de  l'occiput,  un  demi- 
collier  d'un  blanc  pur  ;  dos  et  croupion  rayés  de  bandes  transver- 
sales blanches  et  brunes;  tectrices  caudales  supérieures  d'un 
brun  de  suie  plus  foncé  ,  rémiges  d'un  brun  de  suie  plus  clair  ; 
les  primaires  portent  sur  leur  rebord  externe  de  petites  taches 
blanches  de  forme  carrée ,  et  de  larges  taches  blanches  arrondies 
sur  leur  partie  interne ,  tandis  que  les  rémiges  secondaires  n'ont 
de  taches  blanches  que  sur  leur  partie  interne  ;  côtés  de  la  tête 
brun  de  suie  avec  un  espace  blanc  sale  à  la  région  parotidée  ; 
toutes  les  parties  inférieures  blanches  avec  des  mèches  longitu- 
dinales d'un  brun  foncé  sur  la  gorge  et  la  poitrine ,  et  des  bandes 
transversales  d'un  brun  moins  , foncé  sur  l'abdomen.  Les 
deux  rectrices  extérieures  de  chaque  côté  sont  d'un  blanc  sale 
avec  des  bandes  transversales  d'un  brun  roussâtre.  La  troisième 
rectrice  n'a  de  blanc  que  sur  son  rebord  extérieur  ;  les  autres 
rectrices  sont  d'un  brun  foncé. 

Ce  Pic  a  cela  de  remarquable  que  la  queue  ne  dépasse  presque 
pas  les  ailes  ployées,  qui  sont  d'une  longueur  extraordinaire 
pour  la  taille  de  l'oiseau. 

Long,  tôt.,  16  cent.,  8  mil.  —  Du  bec  ,  depuis  l'angle  ,  2  cent., 
1  mil .  —  De  l'aile  ployée ,  1 1  cent.  6  mil.  —  De  la  queue  ,  6  cent. 
—  De  la  partie  de  la  queue  excédant  les  ailes  ployées,  2  mil.  seu- 
lement. —  Du  tarse ,  1  cent.  8  mil. 

Le  sujet  que  je  possède  et  le  seul  que  j'aie  encore  vu  de  cette 
espèce  ,  a  été  rapporté  du  Mexique  et  m'a  été  gracieusement  offert 
pendant  mon  dernier  séjour  à  Londres  ,  par  le  savant  ornitholo- 
giste M.  H.  E.  Strickland ,  auquel  j'ai  voulu  le  dédier. 
2.  P.  (Leuconotopicus)  Jakdinii.  —  Masc.  jun.?  —  Corpore  toto 

supra  nigerrimo ,  vertice  coccineo  variegato  ;  ter  go  cinereo 

striato  ,  gutlure ,  pectore  et  abdomine  albo-fusco. 

Mâle  jeune?  —  Bec  presque  droit ,  front  et  occiput  d'un  noir 
profond  ,  vertex  varié  de  rouge  vif,  bande  sourciliaire  blan- 
châtre ,  tectrices  alaires  noires  ;  rémiges  noires;  les  primaires 
ont  quelques  taches  blanches  sur  chaque  rebord  ,  et  les  secon- 
daires n'en  ont  que  sur  le  rebord  interne.  Les  deux  rectrices 
externes  de  chaque  côté  ,  d'un  blanc  sale  avec  des  taches  noires  j 


TRAVAUX    INÉDITS.  375 

la  troisième  rectrice  noire  dans  sa  partie  interne  et  blanche  avec 
des  taches  noires  dans  la  partie  externe.  Les  autres  rectrices  in- 
termédiaires noires  ;  couvertures  inférieures  des  ailes  d'un  blanc 
sale  ;  toutes  les  parties  mférieures  ,  les  côtés  du  cou  et  la  tête 
d'un  gris  roussâtre  avec  une  moustache  noire  et  étroite,  à  partir 
de  la  mandibule  inférieure  jusqu'au  bas  du  cou;  quelques 
mèches  noires  de  chaque  côté  de  la  poitrine. 

Le  sujet  que  je  possède  m'a  été  donné  par  M.  Strickland,  je 
crois  que  c'est  un  jeune  mâle  en  mue.  La  queue  ne  me  paraît 
pas  avoir  acquis  tout  son  développement. 

Long,  tôt.,  16  cent.  8  mil.  —  Du  bec  depuis  l'ongle,  2  cent. 
3  mil.  —  De  l'aile  ployée  ,  10  cent.  —  De  la  queue,  5  cent.  —  De 
la  partie  de  queue  excédant  les  ailes  ployées,  1  cent.  6  mil. — 
Du  tarse  ,  1  cent.  7  mil.  —  Du  Mexique. 

3.  P.  (Leuconotopicus  )  Numidicus  (Dendrocopus  Swains  ;  Picus . 
G.  R.  Gray).  —  Leuc.  masc.  ad.  —  Non  cristatus,  pileo  toto, 
dorso  ,  uropygio^  nigris  ;  fascia  occipitis ,  abdomine  .  cris- 
soque  coccineis;  capite  ad  latera ,  macula  utrinque  ad  colli 
postici  latera  scapularibusque  pure  albis  ;  corpore  subtus 
albo  ut  plurimum  sordide  sufo  lavato  ;  vitta  utrinque  versus 
colli  latera  ducta  nigra  ;  duplici  cingula  pectoris  nigro  coc- 
cineoque  iincta.  —  Fœm.  —  Mari  simillima  nisi  absque 
fascia occipitali coccinea.  Picus  Numidicus  (Malherbe ,  1842, 
Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Metz  ,  vol.  2  ,  p.  242  ). 
Le  pic  Numide  remplace  dans  le  nord  de  l'Afrique  le  Major 
(  Linn.)  ou  Épeiche ,  avec  lequel  il  a  beaucoup  de  rapports,  et 
plusieurs  sujets  que  je  possède  dans  ma  collection  m'ont  été  en- 
voyés en  1842  de  la  province  de  Bône,  où  ils  paraissent  peu 
nombreux.  La  description  que  j'en  ai  publiée  à  cette  époque  ne 
me  paraissant  pas  encore  assez  complète ,  je  crois  devoir  la  re- 
produire avec  quelques  additions. 

Mâle  adulte.  —  Bec  généralement  plus  long  que  celui  du 
Major  Linn.  ) ,  droit  et  d'un  brun  de  corne  ;  bande  frontale  de 
six  millimètres  environ  de  large  ,  d'un  blanc  plus  ou  moins  pur; 
une  étroite  moustache  noire  partant  de  l'angle  du  bec ,  s'étend 
de  chaque  côté  du  cou;  puis,  se  bifurquant,  l'une  des  raies 
noires  sépare ,  aux  trois  quarts  de  sa  longueur ,  la  plaque  blanche 
qui  couvre  toutlecôtédes  joues  jusqu'au-dessus  de  l'œil,  et  elle  va 
rejoindre  la  large  bande  d'un  noir  bleuâtre  qui  règne  derrière  le 


370  HtvuK  ZOOLOGIQUE.    {Octobrc  iS^Ô.) 

cou  et  se  confond  avec  lenoii'  bleuâtre  du  dos  ,  tandis  que  la  se- 
conde raie  noire  s'avance  de  chaque  côté  de  la  poitrine  en  s'é- 
largissant  et  forme  un  large  hausse-col  noir ,  non  interrompu , 
d'environ  vingt  millimètres  de  hauteur  chez  les  mâles  et  de  dix 
millimètres  chez  une  femelle.  Ce  noir  est  recouvert  d'un  hausse- 
col  cramoisi  ayant  un  peu  moins  d'étendue  en  largeur ,  quelques 
plumes  noires  descendant  plus  bas  que  le  rouge.  Tête  et  dos 
noirs;  à  l'occiput,  une  bande  étroite  d'un  rouge  vif,  composée 
de  plumes  d'un  cendré  noirâtre  à  leur  base  et  rouges  vers  leur 
extrémité. 

Devant  du  cou ,  épigastre  et  flancs  d'un  blanc  plus  ou  moins 
sale  ;  ventre  et  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un  cra- 
moisi plus  vif  que  chez  le  Pic  épeiche  ;  cette  couleur  s'étend  sur 
le  milieu  du  ventre,  et  s'avance  quelquefois  chez  les  mâles 
jusqu'à  deux  centimètres  du  ceinturon  rouge  de  la  poitrine.  Le 
blanc  qui  se  trouve  sur  la  partie  latérale  du  cou,  occupe  une 
étendue  bien  moindre  que  chez  l'Épeiche  ;  le  blanc  des  scapu- 
laires ,  des  moyennes  couvertures  et  les  taches  blanches  des  ré- 
miges ont  aussi  moins  d'étendue. 

Les  pennes  latérales  de  la  queue ,  y  compris  leur  extrémité  , 
étaient  dans  un  mâle,  d'un  cendré  brun  avec  de  légères  bandes 
transversales  d'un  brun  pâle,  et  dans  d'autres  sujets  des  deux 
sexes ,  d'un  blanc  roussâtre  avec  des  bandes  noirâtres ,  comme 
cela  arrive  souvent ,  au  reste  ,  chez  le  Major: 

La  femelle.  —  Diffère  du  mâle  par  l'absence  de  rouge  à  l'oc- 
ciput. 

Les  Pics  numides  mâles  m'ont  offert  14  millimètres  de  moins, 
en  longueur,  que  le  Pic  épeiche  ;  sur  des  sujets  femelles,  cette 
différence  s'élevait  jusqu'à  35  millimètres  ;  mais  je  doute  qu'elle 
soit  toujours  aussi  grande,  parce  que  les  deux  sexes,  dans  les  Pics 
et  dans  le  Major  surtout,  sont  ordinairement  de  même  dimen- 
sion. 

Les  jeunes.  —  Un  mâle  presque  adulte  que  je  possède ,  a 
deux  plumes  rouges  sur  le  sommet  de  la  tête ,  avec  la  bande 
rouge  à  l'occiput;  c'est  un  plumage  de  transition  et  qui  prouve 
que  dans  cette  espèce,  comme  dans  l'Épeiche ,  le  jeune  a  tout  le 
sommet  de  la  tête  rouge  ;  dans  cet  état ,  l'occiput  doit  être  noir. 

On  reçoit  quelquefois  de  l'Algérie  des  Pics  ayant  les  parties 
inférieures  d'un  brun  noirâtre  ;  mais  cette  couleur  provient  de 


TRAVAUX    INÉDITS. 


377 


l'habitude  qu'ont  ces  oiseaux  de  grimper  le  long  des  troncs  de 
chênes-liéges  dont  l'écorce  est  charbonnée ,  lorsque,  à  l'autonine, 
les  Arabes  mettent  le  feu  aux  broussailles. 


Longueur  totale 

—  de  l'aile  ployée.   .   .   . 

—  du  bec  depuis  l'angle. 

—  de  la  queue 

—  de  la  partie  de  queue 

dépassant  les  ailes 
ployëes 

—  du  tarse 


3  Mâles. 

cent.  mil.       cent.  mil. 

24     2  et  24  5 

13        et  13  2 

3    2  et    3  4 

9     »  et     î)  7 


4     »  » 

2     2  et     1 


1  Femelle. 

cent.  mil. 

23  2 

12  2 

3  I 

9  » 


3     8 


J'ai  vu  au  Muséum  de  Paris  un  exemplaire  du  Pic  numide , 
sous  le  nom  de  Ficus  Jaballa.  L'auteur  de  cette  dénomination  , 
que  je  présume  être  l'honorable  M.  Le  Vaillant ,  membre  de  la 
commission  scientifique  de  l'Algérie,  ignorait  très-probablement 
que  j'eusse  antérieurement  publié  la  description  de  la  même  es- 
pèce sous  le  nom  de  Numidicus. 

Ce  Pic  se  trouve  aussi  dans  la  belle  collection  de  M.  le  prince 
d'Essling. 

{La  suite  au  numéro  prochain). 


Monographie  du  genre  Ligule  ,  Ligula ,  par  C.-A.  Recluz  ,  phar- 
macien à  Vaugirard. 
l''  partie. 
Dans  nos  études  sur  les  coquilles  des  mers  de  la  France ,  nous 
avons  été  amené  à  nous  rendre  compte  du  classement  de  plu- 
sieurs espèces.  L'examen  attentif  de  leur  charnière  et  les  carac- 
tères particuliers  qu'elles  ont  offerts  à  notre  observation ,  nous 
ont  déterminé  à  proposer  plusieurs  genres  nouveaux.  Parmi  ces 
genres, celui  des  Syndosmyes  a  paru,  à  un  savant  conchyliologue 
anglais,  ne  pouvoir  être  adopté ,  par  le  motif  que  les  espèces 
qui  le  composent ,  doivent  représenter  le  genre  Ligule  de  Mon- 
tagu.  Bien  que  l'opinion  de  ce  conchyliologue  fût  tout  à  fait  con- 
fidentielle et  quoique  convaincu  qu'elle  était  erronée  ,  nous 
n'avons  pas  cru  cependant  inutile  de  la  discuter.  Si  nos  argu- 
ments paraissent  décisifs,  nous  nous  applaudirons  d'avoir  éclairé 
une  question  qui  semble  n'avoir  pas  été  bien  comprise  des  con- 


378  RKVUE  zooLOGiQDE.  [Octobvc   iS45.) 

chyliologues  ;  dans  Iç  cas  contraire,  on  nous  saura  gré,  nous 
osons  du  moins  l'espérer ,  d'avoir  provoqué  une  discussion  qui 
ne  peut  être  sans  profit  pour  la  science. 

Nous  avons  jugé  nécessaire  d'ajouter  quelques  notes  qui  paraî- 
tront peut-être  superflues  aux  uns,  et  de  quelque  utilité,  pour  le 
sujet  que  nous  traitons,  aux  autres.  En  cela,  nous  avons  été 
guidé  ,  d'un  côté ,  par  le  désir  d'étayer  notre  raisonnement  de 
certaines  preuves,  et  de  l'autre,  par  celui  de  faire  connaître 
quelques  rectifications  de  nomenclature ,  appuyées  sur  la  con- 
naissance approfondie  que  nous  avons  faite  de  quelques  espèces 
encore  peu  répandues. 

Partageant  l'opinion  des  savants  qui  veulent  qu'on  n'annule 
jamais  un  genre  décrit  par  son  auteur,  sans  lui  laisser  un  re- 
présentant pris  dans  l'espèce  qui  se  rapproche  le  plus  des  carac- 
tères génériques  de  ce  même  genre ,  parce  que  c'est  un  juste 
hommage  à  rendre  aux  travaux  de  nos  prédécesseurs ,  nous  avons 
voulu  rechercher  laquelle  des  espèces  de  Ligules  de  Montagu , 
se  rapportait  le  mieux  à  la  description  donnée  par  cet  auteur. 
Cette  recherche  faite  pour  la  deuxième  fois  ,  d'abord  lors  de  l'in- 
stitution de  nos  Syndosmyes,  et  aujourd'hui ,  pour  répondre  à 
l'objection  du  savant  anglais,  nous  ayant  conduit  par  deux  voies 
différentes  à  la  même  conclusion,  nous  avons  dû  en  publier  le 
résultat.  Il  justifie  ,  nous  le  pensons  ,  la  création  du  genre  Syn- 
dosmye ,  et  démontre  que  le  genre  de  Montagu ,  quoique  démem- 
bré avec  raison,  n'est  point  annulé  pour  cela,  qu'il  existe  encore , 
mais  qu'il  doit  être  rectifié  dans  ses  caractères. 

Montagu ,  traitant  de  sa  Mya  distorta  ,  dans  ses  Testacea  bri- 
tannica,  t.  1 ,  p.  42 ,  (1803),  s'exprime  ainsi,  après  la  descrip- 
tion de  cette  coquille. 

«  Quoique  cette  espèce  et  les  deux  précédentes  {Mya  pubescens 
et  Mya  prœtenuis) ,  n'appartiennent  peut-être  pas  au  genre 
Mya ,  elles  ne  peuvent  cependant  pas  être  classées  plus  convena- 
blement dans  aucun  autre  des  genres  de  Linné.  Le  docteur  Pul- 
teney  nous  apprend  que  si  le  docteur  Solander  eût  assez  vécu 
pour  terminer  la  description  systématique  du  cabinet  de  Port- 
land  ,  il  avait  l'intention  de  constituer  un  nouveau  genre ,  dans 
lequel  devaient  être  compris  les  Mya  pubescens ,  prœtenuis  ,  le 
SolenbuUatus  ^  et  d'autres  coquilles  de  ce  cabinet.  Si  ce  nouveau 
genre  eût  été  formé  ,  il  n'y  a  aucun  doute  que  cette  espèce  [Mya 


TRAVAUX    INKDITS.  579 

distorta)  n'y  eût  été  placée  ;  malgré  cela ,  nous  ne  nous  croyons 
pas  autorisé  à  faire  une  telle  addition  pour  une  ou  deux  espèces 
purement  locales.  » 

Dans  le  supplément  à  cet  ouvrage  (  1808) ,  Montagu  revient  à 
un  autre  sentiment,  et  constitue  avec  ces  espèces  et  quelques  au- 
tres nouvellement  découvertes,  un  genre  qu'il  nomme  Ligula. 
Voici  les  motifs  qu'il  en  donne. 

«  On  a  déjà  remarqué  ailleurs  (à  la  description  de  \a.Mya  diS' 
torta)  que  ce  fut  l'intention  du  docteur  Solander ,  s'il  eût  vécu , 
de  former  un  genre  nouveau  de  ce  groupe  (  Family)  de  coquil- 
les qui ,  divisées  entre  les  genres  Mya  et  Mactra  ,  ne  se  rappor- 
tent ni  à  l'un  ni  à  l'autre  ,  selon  le  système  de  classification  ré- 
sultant de  la  structure  de  la  charnière.  Le  Docteur  Petiver  (Gazo- 
phylacium,  t.  94,  fig.  4,  Mya  prœlenuis  ^  cardine  cochleato 
porrectiore  ) ,  a  judicieusement  dénommé  une  des  espèces  char- 
nière en  cuiller  (Shell  white^  Spoon-hinge) ,  par  le  motif  que 
la  dent  étant  concave,  ressemble  un  peu  à  un  cuilleron.  Dans 
une  autre  circonstance  _,  nous  n'avons  pas  cru  qu'il  fût  nécessaire 
de  former  un  nouveau  genre  pour  le  petit  nombre  de  coquilles 
d'Angleterre  considérées  alors  comme  appartenant  véritable- 
ment à  ce  groupe  (Family);  mais,  depuis  lors,  une  étude  plus 
minutieuse  de  la  structure  des  charnières  et  par  suite  de  nouvel- 
les découvertes,  nous  avons  été  convaincu  du  classement  im- 
propre de  plusieurs  espèces  avec  d'autres  genres ,  ce  qui  a  dû 
nous  amener  à  les  classer  plus  convenablement  par  elles-mêmes , 
et. à  mettre  ce  nouveau  genre  près  des  Myes.  C'est  ce  que  nous 
faisons  ici,  et  nous  demandons  que  les  coquilles  suivantes  soient, 
selon  notre  première  classification ,  rapportées  dans  ce  nouveau 
genre ,  savoir  :  Mya  prœtenuis ,  pubescens  ,  distorta;  auxquelles 
nous  joignons  les  nouvelles  et  intéressantes  espèces  Mactra  com- 
pressa, tenuis,  Boysii  et  prismatica.  » 

Les  caractères  qu'il  donne  à  ce  genre  sont  les  suivants  : 

«  Genre  Ligula.  —  Coquille  bivalve  ,  équivalve  ;  charnière 
pourvue  d'une  grande  dent  sur  chaque  valve  projetée  en  dedans 
(  projecting  inwards),  et  pourvue  d'un  creux  ou  cavité  pour  re- 
cevoir le  ligament  cartilagineux  \  sur  quelques  espèces,  une  pe- 
tite dent  droite.  » 

La  réunion  des  coquilles  comprises  par  Montagu  dans  ce  genre,  a 
dû  paraître  peu  homogène  aux  auteurs  qui  se  sont  occupés ,  après 


380  RKVDK  ZOOLOGIQUE.   (Octobre  1845.) 

lui ,  du  classement  de  ces  mêmes  dépouilles  de  mollusques.  En 
eflFet ,  la  forme  donnée  à  cette  description  générique  ,  démontre 
à  l'instant  même  que  l'auteur  a  voulu  joindre  ensemble  deux 
groupes  distincts  par  la  constitution  de  leur  charnière  :  l'un  pour- 
vu d'uncuilleron  seulement ,  et  l'autre ,  d'un  cuilleron  accompa- 
gné d'une  petite  dent  (cardinale)  droite.  Mais  si,  sans  nous  arrêter 
à  la  phrase  de  Montagu ,  nous  analysons  avec  soin  la  charnière  de 
chacune  des  espèces  réparties  dans  ce  genre ,  nous  arrivons  à  y 
découvrir  quatre  groupes  distincts,  savoir  : 

!«'  groupe.  Charnière  pourvue  d'un  cuilleron  horizontal  va- 
riable dans  ses  dimensions  et  sa  manière  d'être ,  selon  les  es- 
pèces, large  ou  étroit ,  bien  creux  ou  à  cavité  superficielle , 
linéaire,  oblong  ou  triangulaire^  faisant  corps  avec  le  bord  car- 
dinal ou  un  peu  détaché  de  ce  bord ,  et  dont  le  creux  est  dirigé , 
presque  toujours ,  vers  le  haut.  Point  de  dents  subapiciales  ni 
latérales.  Ex.  Mya  pubescens^  distorta ,  Montagu. 

On  conçoit  que,  parla  position  particulière  et  la  conformation 
du  cuilleron  de  ces  espèces ,  la  description  des  caractères  du 
genre  Ligule  ne  pouvait  s'appliquer  à  celles-ci ,  et  que ,  donnant 
lieu  à  une  exception  trop  grande ,  Leach  a  eu  raison  de  les 
prendre  pour  types  d'un  genre  nouveau  ,  puisque  aucun  autre 
connu  ne  présentait  un  cuilleron  ayant  une  pareille  direction. 

Ce  groupe  constitue  maintenant  le  genre  Thracie,  Leach. 

2*  groupe.  Charnière  formée  par  un  cuilleron  détaché  du  bord 
cardinal  par  ses  côtés,  dirigé  obliquement  en  avant  vers  l'inté- 
rieur des  valves.  Point  de  dents  subapiciales  ni  latérales.  Ex. 
Mya  prœtenuis. 

Ce  groupe  est  donc  pour  nous  le  type  du  genre  Ligule. 

Il  est  évident  que  c'est  à  cette  espèce  que  se  rapporte  principa- 
lement la  première  partie  des  caractères  génériques  des  Ligules, 
comme  nous  le  démontrera  la  suite  de  ce  mémoire. 

3^  groupe.  Charnière  ayant  un  cuilleron  juxta-posé  sur  le  bord 
cardinal  ou  creusé  dans  son  épaisseur;  une  dent  subapiciale  sur 
une  valve  ,  et  deux  sur  l'autre.  Point  de  dents  latérales.  Ex. 
Mactra  compressa,  Montagu.  11  ressort,  ce  nous  semble,  de 
ces  caractères ,  que  c'est  plus  spécialement  à  ce  groupe  qu'au 
suivant,  que  doit  s'appliquer  la  2«  partie  delà  description  du 
genre  de  notre  auteur,  comme  cette  partie  de  la  description  géné- 
rique le  prouve  :  asur  quelques  espèces ,  une  petite  dent  droite.  » 


à 


TKAVAUX    liXÉDITS.  38 1 

4«  groupe.  Charnière  composée  d'un  cuilleron  juxta-posé  sur 
le  bord  cardinal  ou  creusé  dans  son  épaisseur;  une  dent  subapi- 
ciale  sur  une  valve ,  et  deux  sur  l'autre  ,  accompagnée  de  deux 
dents  latérales.  Ex.  Mactra  tennis.  Boysii.prismatica,  Montagu. 

Nous  ne  voyons  pas  en  quoi  les  caractères  de  la  charnière  de 
ce  groupe,  peuvent  se  rapporter  à  la  première  et  à  la  deuxième  par- 
tie de  la  caractéristique  des  Ligules  de  Montagu,  et  dès  lors  servir 
de  base  pour  représenter  le  genre.  C'est  donc  avec  raison  que  nous 
en  avons  réuni  les  espèces  sous  le  titre  générique  de  Syndosmya. 

D'après  ces  caractères ,  donnant  naissance  à  quatre  sections 
bien  tranchées,  il  n'est  pas  étonnant  que  jusqu'à  présent,  les 
conchyliologues  n'aient  pas  été  d'accord  sur  ce  que  l'on  doit  en- 
tendre par  Ligule ,  on  plutôt  sur  les  espèces  qui  doivent  être  plus 
particulièrement  attachées  à  ce  genre;  delà,lesopinionssuivantes: 

1"  M.  Deshayes  ,  dans  ses  Annotations  à  la  nouvelle  édition  de 
V Histoire  naturelle  des  animaux  sans  vertèbres  de  Lamarck , 
pense  qu'il  faut  ranger  dans  les  Ligules  la  Lutraria  compressa^ 
Lamk.,  et  sa  variété  Lutraria  piperata  ,  ainsi  que  quelques  au- 
tres coquilles  de  la  2«  section  des  Lutraires  de  cet  auteur. 

On  a  vu  plus  haut  (3^  groupe)  de  quelle  nature  pouvait  être 
l'affinité  delà  Lutraria  compressa  avec  les  Ligules,  et  nous 
avons  fait  connaître  (Monographie  du  G.  Lavignon)  celle  des 
autres  espèces  de  Lutraires  de  la  2®  section ,  dont  aucune  n'ap- 
partient aux  Ligules. 

2°  M.  Gray,  directeur  du  Muséum  d'hist.  nat.  de  Londres ,  et 
zoologiste  distingué,  veut  que  les  Ligula  tenuis,  Boysii  ^prisma- 
tica  et  autres  congénériques ,  composent  le  genre  Ligule  de 
Montagu.  M.  Philippi,  savant  conchyliologue  prussien,  dans  son 
Supplément  ou  Deuxième  partie  de  son  J^numeratio,  sive  Fauna 
molluscorumutriusque  Siciliœ,  partage  le  sentiment  de  M.  Gray. 
C'est  ce  qui  ressort  de  la  phrase  suivante,  extraite  du  vol.  2, 
p.  8.  «  G.  Erycina  Lamarck  (!)  Deshayes.  —  G.  Ligula  Mon- 
tagu 1808) ,  quantum  absque  inspectione  speciminum  judicare 
possum{i),  idem  genus  mihi  essevidetur{VA).  A  coup  sûr,  on 

(1)  Cependant,  M.  Philippt  a  recueilli  et  décrit  plusieurs  espèces  de  Ligules  de  Mon- 
tagu ,  par  exemple:  Thr.  pubescens ,  Phil.  (Ligula  pubescens ,  Montagu),  Scrobicu^ 
laria  piperata  Pbil.  {Ligula  compressa  Mont.).  En  outre,  il  est  Indubitable  que  M.  Phi- 
lippi a  dû  connaître  la  Li^u/a  prcetenuts  Montagu,  puisque  ,  en  traitant  de  sa  Thracia 
p/iaseohna,  il  ajoute  :  c  obs.  Mya  prœtenuis  Mont.,  p.  41.  Valde  affinis  sed  extre- 
mitas  postica  angustior  et  cardo  alienus  dente  cochleariformi  Se-  instructus.  Enu« 
meratio ,  vol.  2,  p.  16  ,  sub  ,  n**  3).  Nous  ferons  remarquer  que  ,  sous  le  nom  de  Scro- 
bicularia   tennis  .  M.  Philippi  décrit  et  figure  une  Syndosmye. 


382  REVDE  zooLOGiQDE.   [Octobve  1845.) 

ne  se  serait  pas  douté  que  les  Ligules  de  Montagu  eussent  la  moin- 
dre analogie  avec  les  Érycines  de  Lamarck.  Pour  comprendre 
l'erreur  dans  laquelle  est  tombé  M.  Philippi,  il  faut  dire  que, 
s'appuyant  sur  une  opinion  proposée  par  M.  Deshayes,  mais  que  ce 
savant  a  abandonnée  depuis  ,  et  qui  avait  pour  but  de  prendre 
pour  type  des  Érycines  de  Lamarck  la  Tellina pusilla de  cet  au- 
teur, laquelle  est  une  espèce  fossile  de  Syndosmye,  sans  recher- 
cher si  cette  opinion  de  M.  Deshayes  était  fondée  ,  a  classé  sous 
ce  titre  de  Lamarck  les  espèces  de  Syndosmyes  qu'il  avait  recueil- 
lies en  Sicile.  Par  la  composition  des  caractères  de  la  charnière 
du  4^  groupe  ci-dessus .  on  pourra  s'assurer  si  l'opinion  de  ces 
deux  naturalistes  est  fondée.  En  consultant  notre  monographie 
des  Érycines,  on  verra  également  si  les  espèces  de  ce  genre 
de  Lamarck  ont  la  moindre  analogie  avec  les  Ligules  de 
Montagu. 

Lamarck ,  Turton  ,  MM  Macgillivray,  Fleming  et  autres  sa- 
vants conchyliologues  ,  peu  satisfaits  sans  doute  de  la  singulière 
composition  de  ce  genre  Ligule,  ne  l'ont  pas  adopté  et  en  ont  ré- 
parti les  espèces  dans  d'autres.  Mais  ,  à  part  une ,  l'association 
qu'ils  ont  fait  subir  aux  autres  n'est  pas  plus  satisfaisante.  Les 
trois  premiers  les  ont  placées  dans  les  Anatines  et  les  Amphi- 
desmes  ,  dont  elles  sont  bien  distinctes  ;  M.  Fleming  leur  enlève 
le  nom  de  Ligule  pour  les  couvrir  de  celui  d'Amphidesme.  Puis- 
que ce' changement  n'apportait  aucune  amélioration  ,  autant  va- 
lait-il accepter  le  genre  de  Montagu. 

Si  ces  classements  n'ont  pas  reçu  l'approbation  des  auteurs , 
d'autres  savants  ont  essayé  avec  plus  de  succès  de  porter  la 
lumière  dans  l'appréciation  des  caractères  des  coquilles  de 
Ligule. 

Leach  ,  le  premier,  comprit  parfaitement  bien  que  les  Ligula 
pubescens  et  distorta  devaient  être  séparées  des  autres  Ligules, 
parce  que  les  caractères  de  forme  et  de  position  du  cuilleron 
sur  la  coquille  ne  correspondaient  en  aucune  façon  à  ceux  que 
l'auteur  attribuait  à  son  genre,  c'est  pourquoi  il  les  réunit  sous 
le  nom  de  Thracie  ,  admis  par  tous  les  auteurs.  Il  comprit  aussi 
que  la  conformation  et  la  position  du  cuilleron  dans  les  Ligula 
compressa,  Boysii,  tennis  et  prismatica  ,  accompagné^  non 
pas  seulement  d'une  dent,  mais  d'une  sur  une  valve  ,  de  deux 
sur  l'autre  ,  et ,  sur  le  plus  grand  nombre,  de  dents  latérales  non 


TRAVADx  iNKurib,  ivî^.  383 

mentionnées  dans  la  caractéristique  de  iMonlagu,  ne  permettaient 
pas  de  Jes  laisser  plus  longtemps  associées  aux  Ligules  ,  et  en 
composa  son  genre  Abra, 

Bien  que  ce  nouveau  genre  de  Leach  n'ait  pas  été  adopté  ,  il 
ne  faudrait  pas  en  conclure  que  les  conchylioîogues  aient  voulu 
considérer  les  espèces  qui  en  faisaient  partie  comme  représen- 
tant les  véritables  Ligules ,  après  l'exclusion  de  celles  formant  le 
genre  Thracie  ;  car  ce  serait  encore  une  erreur.  Les  véritables 
motifs  de  cette  non-acceptation  sont  :  l^que  Leach  n'en  a  publié 
les  caractères  autrement  que  dans  un  manuscrit  conservé  pro- 
bablement dans  quelque  endroit  secret  du  Musée  de  Londres; 
2°  et  ensuite,  parce  qu'il  y  associait  deux  groupes  génériques, 
distincts  par  les  coquilles  et  les  animaux.  Ainsi ,  par  exemple, 
Lamarckqui  a  mentionné  pour  la  première  fois  ce  nom  d^Ahra  , 
classe  une  des  espèces  dans  la  seconde  section  de  ses  Lutraires , 
et  les  autres  dans  ses  Amphidesmes. 

Cuvier  n'adopta  pas  ce  même  genre  Abra ,  et  ne  crut  pas  que 
la  Ligula  compressa  fût  le  type  du  genre  Ligule  de  Montagu  ; 
au  contraire,  il  la  fit  servir  de  type  à  ses  Lavignons.  Ce  genre  de 
Cuvier,  caractérisé  par  la  coquille ,  et  au  moyen  de  quelques 
particularités  remarquables  de  l'animal,  particularités  qui  le  rap- 
prochent des  Tellines,  circonscrit  dans  des  limites  plus  exactes  , 
méritait  d'être  adopté.  Ce  qui  justifie  encore  que  la  Ligula  com- 
pressa ne  devait  pas  être  inféodée  invariablement  au  genre  de 
Montagu ,  c'est  que  ,  depuis  la  publication  du  supplément  de 
l'ouvrage  de  cet  auteur,  d'autres  l'en  ont  séparée.  De  ce  nombre 
sont  ;  1"  Schumacher,  qui  peu  de  temps  ou  en  même  temps  que 
Cuvier,  proposa  le  nom  générique  de  Scrobicularia  pour  classer 
cette  coquille  de  Montagu.  Ce  genre  a  été  adopté  par  M.  Phi- 
lippi  ;  mais  la  dénomination  ne  saurait  être  reçue  par  les  motifs 
que  nous  avons  Tait  connaître  ailleurs.  2®  Turton  proposa  à  son 
tour,  et  dans  le  même  but ,  le  nom  de  Listera.  3"  Partisans  des 
droitsde  Cuvier,  M.  A.  dOrbigny  et  Nous  avons  adopté  le  nom  de 
Lavignon  ,  que  nous  avons  rendu  en  latin  par  Lavigno  ;  de  leur 
côté ,  xMAI.  Potiez  et  Michaud  ont  nommé  le  genre  Lavignontis. 
Quelle  que  soit  celle  de  ces  dénominations  qu'on  préférera  par 
la  suite,  il  nous  paraît  certain  que  la  Ligula  compressa  de  Mon- 
tagu ne  peut  servir  de  type  au  genre  de  ce  dernier  auteur. 

Les  Ligula  L'oysii  ,  tenuis  et  prismatica  ayant  ,  comme  nous 
Tome  VIII.   Année  184 5.  25 


384  REVDK  zooLOGiguE.  {Octobre  1845.) 

l'avons  vu  plus  haut ,  la  charnière  plus  compliquée  que  toutes  les 
autres  espèces  de  Ligules  rassemblées  par  Montagu  dans  son 
genre  ,  nous  avonsdii  les  en  extraire  ainsi  que  des  Ahra^  et  les 
grouper  sous  un  titre  nouveau,  celui  des  Syndosmya. 

Quant  à  la  Ligula  prœtenuis ,  nous  ne  sachions  pas  que  Leach 
ait  songé  un  seul  instant  à  la  détacher  du  genre  Ligule.  Ne  se- 
rait-ce pas  parce  quMl  la  considérait  comme  possédant,  seule  et 
mieux  qu'aucune  autre,  le  caractère  principal  du  genre,  la  dent, 
creuse  ou  cuilleron  faisant  saillie  à  l'intérieur  des  valves?  Ce 
qui  vient  encore  nous  confirmer  dans  cette  opinion ,  c'est  que  : 
l'»  Montagu  l'ayant  placée  en  tête  de  son  genre,  semble  avoir  voulu 
la  mettre  ainsi  plus  en  relief  que  les  autres  ,  dans  le  but  de  faire 
comprendre  qu'il  la  prenait  pour  type  de  ses  Ligules  ;  2°  et  en- 
suite, la  périphrase  suivante,  inscrite  par  l'auteur  dans  le» 
préambules  de  son  genre.  «  Le  docteur  Petiver  a  heureusement 
dénommé  une  des  espèces  charnière  en  cuiller  ;  »  et ,  véritable- 
ment, aucune  autre  n'a  la  dent  en  cuilleron  correspondant  mieux 
à  cette  expression  de  charnière  en  Spoonshaped  inventée  par 
le  savant  pharmacien  et  auteur  du  Gazophylacium  naturœ  et 
artis  ,  que  la  Chama  prœtenuis  de  Petiver  (Zf^w^a  prœtenuis 
Montagu).  En  effet ,  cette  dent  s'étend  plus  à  l'intérieur  des 
valves  ,  et  se  détache  mieux  du  bord  cardinal  que  sur  aucune 
autre  Ligule,  et,  en  cela,  justifie  parfaitement  l'expression  dont 
on  s'est  servi  pour  la  caractériser. 

En  résumé  ,  il  nous  paraît  résulter  de  ce  qui  précède  :  l®  que 
dans  l'état  actuel  de  la  Conchyliologie  ,  le  genre  Ligule  de  Mon- 
tagu devait  être  réformé  aprèsexamen  ;  2° qu'en  voulant  conser- 
ver un  genre  Ligule  ,  il  était  nécessaire  de  prendre  pour  type, 
après  l'avoir  démembré,  l'espèce  la  plus  en  rapport  avec  la  pre- 
mière partie  de  la  caractéristique  de  Montagu ,  et  non  de  la  se- 
conde, qui  est  moins  importante.  En  admettant  ces  conclusions  , 
il  devient  hors  de  doute  que  ,  comme  parmi  les  espèces  de 
Ligules ,  les  unes  ont  servi  à  former  les  genres  Thracie  et  Lavi- 
gnon ,  on  ne  pouvait  opter  qu'entre  la  Ligula  prcptenuis  et  celles 
dont  nous  avons  formé  le  genre  Syndosmye.  Or,  nos  Syndosrayes 
s'éloignent  tellement  des  caractères  du  genre  Ligule,  qu'elles  ne 
pourraient  en  aucun  cas  le  représenter  à  la  pensée,  tandis  que  la 
Ligula  prœtenmn  rappellera  toujours  non-seulement.le  princi- 
pal caractère  de  ce  genre ,  mais  encore  qu'elle  lui  a  servi  de  type. 


ANALYSES    DOUVRAGES    ÎSOCVEADX.  385 

C'était^  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  l'opinion  de  Leach,  autant 
qu'on  peut  en  juger  par  le  silence  qu'il  a  gardé  sur  cette  espèce, 
en  isolant  les  autres  ;  et  c'est  aussi  la  nôtre  ;  3°  Enfin .  qu'en 
adoptant  une  opinion  contraire  à  celle  qui  découle  naturelle- 
ment de  l'exposition  des  faits,  MM  Cray  et  Philippi  n'avaient 
probablement  pas  étudié  suffîsamiiient  la  question,  et  s'étaient 
plutôt  détermin<  s  à  ce  choix  d'une  façon  en  quelque  sorte  arbi- 
traire ,  que  par  des  motifs  appuyés  sur  des  preuves. 

Ce  genre  ne  se  compose  jusqu'à  présent  que  des  Ligula  prœ- 
tennis,  Montagu  [Chama  prœtenuis  Petiver) ,  Mya  declivis 
Mont  {^nalina  declivis  Turton),  et  de  VAnatina  oblonga,  Phi- 
lippi. 

(La  suite  auprochain  numéro.) 


II.   ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Anatomie  de  V Ampullaria  urceus  et  sur  le  genre  Lanistes 
(Montfort)  ,  par  le  docteur  F. -H.  Troschel.  (  Archiv  fiir  Na- 
turgeschichte,  vonW.  F.  Erichson.  Berlin,  1845,  p.  197.) 

On  sait  que  les  Ampulîaires  vivent  dans  les  fleuves  des  pays 
chauds,  et  que.  dans  la  saison  chaude,  pendant  laquelle  ces 
fleuves  sont  tout  à  fait  desséchés,  elles  restent  enfermées  des 
mois  entiers  dans  la  vase  endurcie  ,  sans  avoir  une  goutte  d'eau. 
Pourtant  elles  continuent  de  vivre  enfermées  dans  leur  coquille 
qui  est  munie  d'un  opercule. 

Elles  doivent  cette  propriété  à  ce  qu'elles  jouissent  d'une 
double  respiration  ,  branchiale  et  pulmonaire;  ce  qui  a  déjà  été 
démontré  par  MM.  d'Orbigny  et  Quoy  et  Gaymard. 

I.  Notions  anatomiques.  —  1"  Tentacules  ;  pédicule  oculaire. 
—  A  la  tête  on  trouve  une  masse  musculaire  ayant  à  son  centre 
une  ouverture  qui  conduit  dans  la  bouche.  De  chaque  côté  s'é- 
tend un  prolongement  conique  dont  la  pointe  paraît  être  un  peu 
mobile  ;  quelques  naturalistes  regardent  ces  pointes  comme  une 
paire  de  tentacules  ;  chacune  d'elles ,  en  eff'et ,  reçoit  son  nerf  du 
ganglion  supérieur  de  la  commissure  buccale.  Derrière  ces  pro- 
longements sont  situés  les  palpes  véritables,  recevant  aussi  leur 
nerf  du  même  ganglion.  Ils  sont  coniques,  pointus,  rétractiles, 
mais  ne  se  reployent  pas  en  doigt  de  gant.  A  la  base  de  chacun 
de  ces  palpes  on  trouve  un  tubercule  arrondi ,  pins  volumineux. 


386  REVUE  ZOOLOGIQUE.   [Octobve  1845.  ) 

supportant  un  œil  noir,  couvert  par  la  peau.  A  côté  et  en  dehorîf 
du  palpe  gauche  est  situé  un  appendice  musculaire  ,  dont  les 
bords  aplatis  sont  repliés  vers  le  haut,  de  manière  à  se  toucher 
presque  :  c'est  là  le  tube  respiratoire  contracté.  Ce  tube  respira- 
toire manque  complètement  à  quelques  espèces  de  l'Amérique 
du  Sud.  (D'Orbigny.) 

Du  côté  droit,  au  point  qui  correspond  à  celui-ci ,  il  n'y  a  pas 
de  tube  respiratoire,  mais  une  large  échancrure  peu  profonde, 
qui  peut  être  considérée  comme  une  indication  d'un  tube  ;  l'anus 
s'ouvre  directement  sur  cette  échancrure  que  Guilding  consi- 
dère comme  chargée  de  l'introduction  de  l'eau  et  de  l'expulsion 
des  excréments.  Au  côté  droit,  dans  la  cavité  branchiale  est  un 
organe  ayant  la  forme  d'un  appendice  musculaire  creusé  d'une 
rigole  enveloppant  un  cordon  blanc  qui  est  le  pénis.  Les  organes 
de  la  génération  étant  peu  développés ,  l'auteur  ne  s'en  occupe 
pas  davantage. 

2"  Cavité  branchiale  et  branchies.  —  Transversalement  au- 
dessus  de  la  tète  ,  se  voit  le  bord  libre  du  manteau  ;  il  correspond 
en  même  temps  au  bord  libre  de  la  coquille,  et  limite  en  haut 
rentrée  de  la  cavité  branchiale,  qui  est  une  large  ouverture  entre 
la  tète  et  le  bord  précédent  du  manteau.  Au  fond  de  la  cavité 
branchiale  ,  à  partir  de  la  base  du  pénis ,  est  étendu  transver- 
salement de  droite  à  gauche  un  seul  feuillet  branchial.  Il  est 
formé  de  lamelles  foliacées. 

3  "  Cavité  pulmonaire.  —  Du  côté  gauche ,  au  plafond  de  la 
cavité  branchiale ,  au-dessus  du  tube  respiratoire  gauche ,  existe 
uïie  grande  ouverture  entourée  d'un  bourrelet  membraneux. 
Cette  ouverture  conduit  dans  une  large  cavité  qu'on  trouve  dans 
le  plafond  de  la  cavité  branchiale.  Devant  cette  ouverture  existe 
une  épaisse  valvule  musculeuse ,  presque  triangulaire,  qui  sert 
évidemment  à  fermer  l'ouverture.  Son  bord  libre  est  garni  d'une 
rangée  de  petites  folioles  fines  qui  lui  donnent  un  peu  l'aspect 
d'une  branchie  ;  aussi  Quoy  et  Gaymard  l'ont  appelé  2*  branchie 
rudimentaire.  La  cavité  même  dans  laquelle  conduit  cette  ou- 
verture est  peu  profonde  ,  mais  presque  aussi  longue  et  aussi 
large  que  la  cavité  branchiale.  Sur  ses  parois  supérieure  et  infé- 
rieure se  ramifient  des  vaisseaux,  comme  dans  la  cavité  pulmo- 
naire des  Lynnées  :  c'est  la  cavité  pulmonaire. 

4o  Péricarde ,  cœur  et  vaisseaux.  —  Au  côté  gauche  de  l'ani" 


ANALYSES    d'oUVRAGES   NODVEADX.  387 

mal ,  derrière  et  à  côté  de  la  cavité  branchiale  ,  au-dessus  d'un 
large  œsophage  ,  est  situé  \c péricarde.  Il  renferme  le  cœur,  qui 
est  fixé  seulement  sur  ses  deux  extrémités:  l°à  l'oreillette  par  un 
conduit  court  et  étroit;  2^  à  l'aorte,  qui  se  détache  de  sa  pointe. 

Dans  l'oreillette  se  déchai-gent  deux  troncs  veineux  principaux. 
L'un  fait  presque  tout  le  tour  de  la  cavité  branchiale ,  il  est  très- 
large  ;  et  immédiatement  au-dessous  de  lui  se  trouve  la  branchie 
dont  il  reçoit  tous  les  vaisseaux.  C'est  par  conséquent  la  veine 
branchiale.  Néanmoins  il  reçoit  en  outre  des  vaisseaux  des  parois 
supérieure  et  inférieure  de  la  cavité  pulmonaire. 

La  paroi  inférieure  de  la  cavité  pulmonaire  est  traversée  par 
un  gros  tronc,  dans  lequel  se  réunissent  les  vaisseaux  volumi- 
neux qui  rampent  dans  cette  paroi.  C'est  la  veine  pulmonaire. 
Elle  va  s'ouvrir  dans  l'oreillette,  à  côté  de  la  veine  branchiale. 
Les  vaisseaux  qui  s'abouchent  dans  la  veine  pulmonaire  ont  aussi 
des  communications  immédiates  avec  la  veine  branchiale  ,  de 
sorte  que  la  veine  branchiale  se  laisse  remplir  par  l'air  soufflé 
dans  la  veine  pulmonaire.  Une  fente  conduit  de  l'oreillette  dans 
le  ventricule;  elle  est  munie  de  deux  valvules  saillantes  dans  le 
ventricule,  qui  empêchent  au  sang  de  rentrer  dans  l'oreillette  au 
moment  de  la  systole  ventriculaire  ;  elles  empêchent  même  le 
reflux  de  l'air  qu'on  pousse  dans  le  ventricule. 

L'aorte  se  bifurque  presque  immédiatement  après  sa  nais- 
sance ;  ses  deux  branches  se  dirigent  en  sens  inverse  ;  de  sorte 
qu'elles  figurent  un  large  vaisseau  transversal,  communiquant 
avec  le  cœur  par  un  canal  très-court.  A  l'origine  de  ce  canal  se 
trouve  une  valvule  qui  empêche  la  rentrée  du  sang  dans  le  cœur. 
La  branche  de  Paorte  qui  se  dirige  à  droite  se  renfle  en  une 
vésicule  assez  consistante  qui  est  aussi  renfermée  dans  le  péri- 
carde ;  sa  paroi  interne  est  lisse  en  bas  et  mamelonnée  vers  le 
haut.  Ses  fonctions  sont  inconnues.  Les  branches  de  l'aorte  ne 
peuvent  pas  être  poursuivies  très-loin. 

5"  Hein.  Cet  organe  est  situé  dans  la  cavité  branchiale  tout 
près  du  cœur,  à  côté  de  la  veine  branchiale  dont  il  reçoit  im- 
médiatement un  grand  nombre  de  petits  vaisseaux. 

L'auteur  ne  dit  pas  si  ces  vaisseaux  portent  le  sang  artériel  de 
la  veine  branchiale  dans  l'organe,  dans  ce  cas  ils  représenteraient 
des  artères  ;  ou  bien  s'ils  versent  dans  la  veine  branchiale  du 
sang  veineux  venant  de  l'organe  en  question .  La  première  opinion 


388  RKVDE  zooLOGiQUE.  {Octobre  1845.) 

semble  la  plus  probable  ,  si  l'on  se  rappelle  que,  d'après  Trevira- 
nus,  chez  les  Limax  et  Hélix,  une  partie  du  sang  des  veines  pul- 
monaires, avant  d'atteindre  l'oreillette ,  va  gagner  l'organe  sécré- 
teur de  l'acide  urique  [saccus  calcareus) .  Ces  faits  méritent  d'être 
rapprochés  de  celui  qui  a  été  signalé  par  Bojanus  dans  les  Acé- 
phales testacés ;  chez  eux ,  en  effet,  tout  le  sang  veineux  arrive 
aux  branchies  ;  mais ,  avant  d'y  arriver  il  traverse  un  organe 
creux  situé  près  de  l'oreillette  ;  puis  au  sortir  de  cet  organe  ,  le 
sang  va  en  très-grande  partie  aux  branchies ,  mais  cependant  une 
très-  petite  portion  va  directement  à  l'oreillette  sans  aller  aux 
branchies.  Cet  organe  creux  que  Bojanus  regardait  comme  un 
poumon  est  considéré  maintenant  comme  un  rein  ,  parce  qu'il 
est  muni  d'un  conduit  excréteur. 

Le  rein  des  Ampullaires  est  traversé  dans  le  sens  de  sa  lon- 
gueur par  un  conduit ,  à  la  face  interne  duquel  sont  soudées 
beaucoup  de  lamelles  régulières.  L'auteur  de  ce  mémoire  dit 
qu'il  est  très  facile  de  poursuivre  le  conduit  excréteur  de  cet  or- 
gane ,  à  cause  de  la  grosseur  de  l'animal  ;  il  chemine  le  long  du 
rectum  et  s'ouvre  à  côté  de  l'anus  ;  mais  il  ne  dit  pas  si  ce  con- 
duit excréteur  fait  suite  à  celui  qui  traverse  le  centre  de  l'or- 
gane. Cuvier  considère  cet  organe  comme  organe  muqueux,  mais 
on  y  a  nouvellement  démontré  la  présence  de  l'acide  urique  ;  il 
doit  donc  être  considéré  comme  un  rein.  Troschel  est  porté  à 
croire  qu'il  secrète  le  mucus  qui  enduit  les  Gastéropodes ,  mais 
que  ce  mucus  est  identique  par  sa  composition  chimique  à  l'urine 
des  autres  animaux. 

6°  Système  nerveux.  Il  est  très-développé.  De  chaque  côté  de 
la  masse  buccale  se  trouve  un  ganglion  principal  ;  par  en  haut 
ils  sont  unis  entre  eux  au  moyen  d'un  gros  cordon  qui  passe  par- 
dessus la  masse  buccale.  En  bas  ces  ganglions  communiquent , 
par  deux  gros  et  plusieurs  petits  filets  ,  avec  deux  ganglions  vo- 
lumineux situés  près  l'un  de  l'autre  sous  le  pharynx.  Ces  deux 
derniers  ganglions  communiquent  entre  eux  par  de  nombreux 
filets.  Ces  quatre  ganglions  et  leurs  filets  de  communication  for- 
ment le  premier  anneau  pharyngien.  Un  deuxième  anneau  ner- 
veux exi'ste  autour  du  pharynx ,  au  niveau  des  glandes  salivaires  ; 
il  communique  au-dessous  du  pharynx  avec  des  nerfs  qui  pro- 
viennent de  l'anneau  pharyngien  le  plus  antérieur. 

Les  ganglions  supérieurs  du  premier  anneau  donnent  chacun 


ANALYSES   d'oDVHAGKS    ^OL■VEAUX.  389 

trois  filets  :  un  pour  le  tentacule  antérieur,  un  pour  le  tentacule 
postérieui-,  et  le  troisième  pour  l'œil.  Des  ganglions- inférieurs  du 
premier  anneau  pharyngien  part  de  chaque  côté  en  arrière  un 
filet  nerveux.  Ces  filets ,  celui  de  droite  comme  celui  de  gauche, 
peuvent  être  suivis  dans  l'épaisseur  de  la  couche  musculaire  qui 
limite  en  bas  la  cavité  du  corps,  et  aboutissent  à  un  ganglion 
situé  près  du  cœur.  Le  nerf  de  gauche  donne  dans  ce  trajet  un 
filet  au  tube  respiratoire,  et  un  à  la  valvule  qui  ferme  la  cavité 
pulmonaire.  D'autres  filets  insignifiants  s'en  détachent  çà  et  là  ; 
il  en  est  de  même  à  droite.  Enfin  il  naît  encore  du  ganglion  in- 
férieur droit  de  l'anse  pharyngienne  un  gros  nerf,  dont  une 
branche  va  dans  l'organe  qui  loge  le  pénis ,  et  l'autre  se  perd  à 
la  base  du  pénis  même. 

7»  Masse  buccale  et  langue.  Derrière  l'ouverture  extérieure 
de  la  bouche  est  située  la  masse  buccale  charnue  (masse  charnue 
de  Cuvier).  En  avant  et  au  dessus  d'elle  est  située  une  mâchoire 
cornée  d'une  grosseur  remarquable.  La  forme  de  cette  mâchoire 
s'écarte  complètement  de  celle  de  la  plupart  des  Gastéropodes 
pulmonés  munis  de  mâchoire ,  et  rappelle  davantage  celle  des 
Gastéropodes  turbines  (Trochoïdes). 

La  présence  de  cette  mâchoire  chez  les  Ampullaires  les  éloigne 
beaucoup  des  Paludines  et  des  Valvées  ,  qui  n'ont  que  deux  mâ- 
choires rudimentaires  latérales  microscopiques,  composées  par 
de  petites  écailles. 

Au-dessous  de  cette  mâchoire  est  située  la  partie  antérieure  de 
ce  qu'on  appelle  la  langue.  Elle  existe  chez  tous  les  Mollusques 
céphalés  et  manque  chez  les  Acéphales.  Ici ,  comme  chez  tous  les 
Mollusques  où  elle  existe ,  elle  repose  sur  deux  cartilages  mobiles 
placés  l'un  à  côté  de  l'autre;  ils  sont  unis  entre  eux  par  une  mem- 
brane et  par  beaucoup  de  muscles. 

La  langue  est  très-grosse  chez  les  Ampullaires ,  et  se  rapproche 
pour  sa  forme  et  son  armure  de  celle  des  Paludines  ;  mais  elle 
diffère  beaucoup  de  celle  des  Pulmonés.  Sa  surface  est  munie  de 
dents  aplaties,  placées  en  séries  transversales  et  longitudinales 
très-régulières.  Chaque  série  transversale  est  tellement  identique 
à  celle  qui  la  suit  ou  la  précède,  qu'il  suffît  d'en  connaître  une 
pour  avoir  une  idée  de  toute  la  langue.  Chaque  série  transversale 
est  formée  de  sept  plaques  dentaires  pointues  ,  de  sorte  que 
l'ensemble    de   la   langue   présente  sept    séries   longitudinales 


390  REVUE  ZOOLOGIQUE.   {Octobrc  1845.) 

de  plaques  dentaires.  Celle  du  milieu  (plaque  moyenne)  est 
la  plus  large  ;  elle  appuie  par  son  extrémité  postérieure  sur 
la  portion  membraneuse  de  la  langue ,  et  elle  est  recourbée  de 
telle  sorte  que  son  bord  supérieur  libre  est  dirigé  en  bas.  Ce  bord 
présente  une  grosse  pointe  moyenne  et  de  chaque  côté  deux  plus 
petites.  A  droite  et  à  gauche  de  la  plaque  moyenne,  s'en  trouvent 
deux  autres  ( plaques  intermédiaires)  ;  elles  sont  plus  étroites,  se 
recourbent  de  même  en  arrière  ,  mais  en  même  temps  aussi  en 
dedans  ;  elles  ont  également  vers  leur  bord  libre  trois  saillies 
arrondies  ,  dont  la  moyenne  est  la  plus  grosse ,  et  la  plus  exté- 
rieure la  plus  petite.  Les  deux  séries  les  plus  externes  (  plaques 
latérales)  sont  plus  étroites  ;  elles  sont  couchées  presque  trans- 
versalement, de  manière  que  la  plus  externe  couvre  en  grande 
partie  celle  qui  est  à  son  côté  interne ,  et  celle-ci  couvre  en  par- 
tie la  plaque  intermédiaire  sa  voisine  ;  leur  pointe  est  obtuse  et 
recourbée  en  arrière. 

8°  Intestins.  Derrière  la  masse  buccale ,  qui  renferme  l'or- 
gane masticateur  dont  il  vient  d'être  question,  se  trouve  l'œso- 
phage. 11  est  étroit  d'abord  ,  très-large  ensuite,  et  forme  deux 
dilatations  avant  d'arriver  à  l'estomac.  Derrière  la  masse  buccale, 
à  Torigine  de  l'œsophage ,  s'abouchent  les  deux  glandes  salivaires, 
par  des  conduits  excréteurs  très-courts.  L'estomac  estsphérique, 
mince,  mais  résistant.  L'intestin  s'en  détache  près  de  l'endroit  où 
s'abouche  l'œsophage,  de  là  il  forme  de  nombreuses  circonvo- 
lutions dans  le  foie  ,  s'élargit  pour  former  le  rectum  ,  qui  suit  le 
trajet  de  la  branchie  et  s'ouvre  dans  l'anus  à  côté  du  pénis.  L'in- 
testin et  l'estomac  adhèrent  fortement  au  foie  ,  au  moyen  des 
nombreux  canaux  biliaires  que  ce  dernier  leur  envoie. 

II.  Classification.  Cuvier  s'est  surtout  servi  des  modifications 
des  organes  respiratoires  pour  classer  les  Gastéropodes.  D'après 
cela ,  on  devrait  considérer  les  Ampullaires  comme  faisant  la 
transition  entre  les  Gastéropodes  pulmonés  et  les  Pectinibran- 
ches ,  puisqu'elles  respirent  à  la  fois  par  des  poumons  et  par  des 
branchies.  D'autre  part,  le  reste  de  leur  organisation  les  rap- 
proche des  Pectinibranches.  Ainsi ,  ils  ont  un  opercule ,  les 
sexes  séparés ,  et  leurs  parties  buccales  s'éloignent  tout  à  fait  du 
type  des  Gastéropodes  pulmonés  ,  tandis  qu'elles  se  rapprochent 
davantage  de  celles  des  Paludines. 

Parmi  les  Gastéropodes  pulmonés,  il  y  a  aussi  une  forme  de 


ANALYSES    d'oDVRAGES    NODVEATIX.  391 

transition  ,  ce  sont  les  Cyclostomes  ;  il  est  vrai  qu'ils  n'ont  que 
des  poumons  et  pas  de  branchies  ;  mais  ils  ont  aussi  un  oper- 
cule ,  les  sexes  séparés ,  et  leurs  parties  buccale^  ressemblent  à 
celles  des  Pectinibranches.  Rang,  dans  son  Manuel ,  séparait  les 
Hélicines  et  les  Cyclostomes  comme  ordre  particulier ,  Pulmonés 
operculés  (  Férussac  ) ,  et  d'Orbigny,  reconnaissant  l'affinité  des 
Ampullaires  et  des  Cyclostomes  ,  mettait  les  Ampullaires  parmi 
les  Pulmonés. 

Le  genre  Cyclostome  trouble  les  idées  qu'on  se  fait  des  Pulmo- 
nés et  des  Pectinibranches,  car  il  a  les  poumons  des  premiers  , 
mais  déjà  modifiés ,  puisque  la  forme  de  son  ouverture  se  rap- 
proche de  celle  de  la  cavité  branchiale  des  Pectinibranches  ;  pour 
tout  le  reste,  au  contraire,  il  appartient  aux  Pectinibranches. 
Les  Ampullaires,  de  leur  côté,  à  cause  de  leurs  poumons  et  de 
leurs  branchies  réunis ,  troublent  la  distinction  tranchée  des  Pec- 
tinibranches et  des  Pulmonés ,  puisqu'elles  ont  les  poumons  de 
ces  derniers  et  l'organisation  des  premiers  pour  tous  les  autres 
organes. 

Ces  raisons  rendent  indispensable  la  réunion  des  Cyclostomes 
et  des  Ampullaires  en  Un  sous-ordre  particulier,  qui  sera  placé 
entre  les  Pulmonés  et  les  Pectinibranches.  Pour  ne  pas  créer  de 
noms  nouveaux,  Troschel  leur  laisse  la  dénomination  de  Férus- 
sac  : 

Sub  ordo.  Pulmonata  operculata. 

Tous  ont  une  respiration  aérienne  dans  une  cavité  pulmonaire 
particulière  ;  coquille  contournée  ,  operculée  ;  parties  buccales 
disposées  d'après  le  type  des  Pectinibranches. 
Familiœ. 

1.  CyclostomiD;E.  Ils  vivent  sur  terre;  respiration  purement 
aérienne  ;  sexes  séparés  ;  possèdent  deux  tentacules,  à  la  base  et 
en  dehors  desquels  se  trouvent  les  yeux.  Elle  renferme  les  genres 
Cyclostoma  (Lam.)  ;  Steganotoma  (Troschel)  ;  Pupina  (Vign.)  ; 
Ilelicina  (Lam.). 

2.  Ampullacerid^e.  Ils  vivent  dans  l'eau;  respiration  pure- 
ment aérienne  ;  hermaphrodites  ;  pas  de  tentacules  ;  les  yeux  ne 
sont  pas  pédoncules.  Cette  famille  ne  renferme  que  le  genre 
AmpuUacera  (Quoy).  Cette  famille  est  douteuse ,  l'hermaphro- 
disme les  éloigne  de  cet  ordre  ;  l'opercule  les  place  ici.  Quoy  et 
Gaimard  ne  font  pas  mention  des  organes  buccaux. 


392  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Octobve  1845.) 

3.  Ampullariad^.  Vivent  dans  l'eau  ;  respiration  à  la  fois  pul- 
monaire et  branchiale  ;  sexes  séparés  ;  quatre  tentacules  ;  les 
yeux  sont  à  la  base  et  en  dehors  du  tentacule  postérieur.  Genre 
Ampullaria  (Lam.). 

III.  Sur  le  genre  Lanistes  (Montf'ort).  Parmi  les  Ampullaires 
envoyées  de  la  Mozambique  par  Peters ,  on  en  trouve  une  con- 
tournée à  gauche.  Les  dissections  qu'en  a  faites  Peters  montrent 
une  différence  anatomique  qui  doit  la  séparer  des  Ampullaires 
vraies.  Elle  a  bien  des  poumons  et  une  branchie  faits  d'après  le 
même  type;  mais  la  branchie ,  au  lieu  de  s'étendre  transversale- 
ment au  fond  de  la  cavité  branchiale ,  comme  chez  les  Ampul- 
laires, se  dirige  d'avant  en  arrière,  adhérant  au  milieu  de  la 
paroi  supérieure  de  la  cavité  branchiale.  L'entrée  dans  la  ca- 
vité pulmonaire  est  à  gauche ,  comme  dans  l'Ampullaire  ,  quoi 
que ,  d'après  le  contournement  de  la  coquille  vers  la  gauche  , 
on  devrait  la  soupçonner  à  droite. 

La  langue  est  composée  de  sept  séries  longitudinales  de  plaques 
dentaires ,  dont  la  moyenne  et  les  intermédiaires  sont  crénelées, 
quoique  un  peu  différentes  de  celles  de  l'Ampullaire  ;  mais  cha- 
cune des  quatre  plaques  latérales  se  termine  par  deux  pointes  , 
dont  l'interne  est  plus  petite  que  l'externe.  Ces  détails  peuvent 
suffire  pour  démontrer  ici  la  nécessité  d'une  division  générique. 

Cette  nouvelle  espèce  de  Peters  est  contournée  à  gauche  et  a 
un  opercule  corné. 

VAmpullaria  guina/ica  (Lam.j,  pareillement  contournée  à 
gauche,  est  très-semblable  à  VAmpullaria  carinata  Lam.  (  La- 
nistes carinata  Montfort) ,  par  sa  spirale  moins  allongée;  de 
sorte  que  ces  trois  espèces  doivent  évidemment  appartenir  à  un 
même  genre.  Le  nom  de  Lanistes  leur  appartient  naturellement, 
et  Troschel  croit  devoir  y  placer  toutes  les  Ampullaires  tournées 
à  gauche  ;  de  sorte  que  le  genre  Lanistes  se  rapporte  au  genre 
Ampullaria  comme  le  genre  Physa  au  genre  Lymneus.  Au 
genre  Lanistes   Montf.)  appartiennent  les  espèces  suivantes  : 

1.  Lanistes  carinata,  Montf.  Ampullaria  carinata,  Lam., 
Deshayes,  t.  VIII,  p.  536.  Lanistes  carinata,  Montf.,  Con- 
chyl.  11.  —  Elle  se  distingue  par  ses  trois  carènes  ;  l'une  est  rap- 
prochée du  large  et  profond  ombilic  ;  la  deuxième  suit  le  milieu 
des  contours ,  mais  se  perd  presque  tout  à  fait  sur  la  dernière  ;  la 
troisième  n'est  visible  que  sur  les  contours  de  la  spire ,  et  est 


ANALYSES    d'oDVRAGES   NOUVEAUX.  393 

proche  du  raphé.  Cette  espèce  a  la  spire  la  moins  étendue  de 
toutes,  et  Tombilic  le  plus  large.  Son  diamètre  transversal  sur- 
passe de  beaucoup  le  diamètre  longitudinal.  Habite  l'Egypte  dans 
le  Nil. 

2.  Lanistes  nilotica,  Troschel.  AmpuUaria  nilotica,  Swain- 
son,  Zool.  111.  Sec.  ser.,  Vol.  I,  PI.  38,  Fig.  2.  —  Elle  est  très- 
voisine  de  la  précédente ,  à  cause  de  son  ombilic  ouvert,  pour- 
tant un  peu  plus  étroit ,  dont  le  bord  est ,  dit-on ,  obtusément 
caréné.  Aucune  carène  n'est  accusée  au  dehors.  Le  diamètre 
transversal ,  d'après  la  figure,  ne  dépasse  pas  beaucoup  le  dia- 
mètre longitudinal.  L'embouchure  occupe  les  trois  quarts  de  la  co- 
quille. Elle  est  d'un  vert  olive.  Habite  le  Nil. 

3.  Lanistes  guinaica,  Troschel.  Ampullaria  guinaica,  Lam., 
Desh.,  t.  VIII  ^  p.  535.  —  Elle  n'a  pas  trace  de  carène.  Son  om- 
bilic ,  quoique  encore  grand ,  est  un  peu  plus  étroit  que  dans 
l'espèce  précédente  ,  et  la  spire  est  plus  allongée  ,  de  sorte  que 
l'embouchure  occupe  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  la  coquille  ; 
cette  dernière  est  largement  arrondie  à  sa  base.  L'opercule  a , 
comme  dans  les  autres  espèces,  exactement  la  forme  de  l'em- 
bouchure ;  il  est  chargé  de  stries  concentriques  à  la  columelle  ; 
il  est  mince  ,  d'aspect  corné ,  transparent.  Le  diamètre  longitu- 
dinal atteint  de  près  le  diamètre  transversal. 

Couleur  verdâtre ,  avec  une  large  bande  brune  peu  marquée 
sur  le  milieu  des  contours.  A  la  loupe  on  voit  que  la  coquille  est 
parsemée  de  petits  points  saillants.  Grandeur,  1  pouce  1/2.  Habite 
la  Guinée  ,  d'après  Chemnitz  et  Lamarck. 

4.  Lanistes  subcarinata  ,  Troschel.  Ampullaria  subcarinata^ 
Swainson,  Zool.  111.  Sec.  ser.,  t.  l,  p.  38  ,  fig.  1.  —  Diffère  des 
autres  par  sa  forme  sphérique  ;  sa  bouche  arrondie,  peu  courbée 
à  la  base  ,  qui  occupe  plus  des  trois  quarts  de  la  longueur  de  la 
coquille.  Ombilic  plissé,  étroit ,  et  plusieurs  lignes  brunes  étroites 
sur  lé  milieu  des  contours.  Habite  le  Congo. 

5.  Lanistes  ovum  ,  Peters.  Nov,  sp.  —  Spire  très-allongée ,  de 
sorte  que  le  diamètre  transversal  égale  à  peine  les  quatre  cin- 
quièmes du  diamètre  longitudinal.  Elle  est  à  peu  près  oviforme. 
Ombilic  plus  étroit  que  dans  l'espèce  précédente  ;  néanmoins  il 
est  encore  très  ouvert.  Du  reste,  la  coquille  est  tout  à  fait  sans 
carène ,  lisse  et  brillante.  Opercule  un  peu  plus  étroit  que  dans 
la  Guinaica.  Couleur  d'un  vert  olive,  sans  bandes.  Grandeur,, 


394  REVUB  zooLOGiQDE.   {Octobve  1845,) 

1  pouce  3/4.  Habite  Mozambique.  Découverte   par  le  docteur 
Peters. 

6.  Lanistes  intort  a  ,  Troschel.  Amyullaria  intor  t  a,  Lam.^ 
Desh.,  t.  VIII,  p.  541.  —  Elle  diffère  de  la  précédente  par  ses 
bandes  évidentes  et  son  moindre  volume.  Longueur  9  lignes. 
Patrie  inconnue.  Africaine  probablement. 

7.  Lanistes  purpurea,  Troschel.  Ampullaria  purpurea 
(Jonas)  Wiegm.  Archiv.,  1839,  p.  342,  pi.  x,  fig.  1.  Bulimus 
iristis  (Jay)  Catal.  et.  New-York,  1839, pi.  7,  fig.  1,  p.  121.— C'est 
celle  dont  la  spire  est  la  plus  allongée  ,  de  sorte  que  la  largeur 
est  à  la  longueur  :  :  2  :  3.  Sa  forme  est  semblable  à  celle  des 
Bulimus.  L'ombilic  est  très-petit  et  se  restreint  à  une  fente  étroite. 
Pas  de  carène.  Opercule  plus  étroit  que  dans  le  L-  ovum.  Cou- 
leur brune ,  pourprée  à  l'intérieur  de  l'embouchure.  Longue  de 
plus  de  2  pouces.  Habite  Madagascar.  (Ch.  R.) 


III.  SOCIETES  SAVANTES. 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE   PARIS. 

Séance  du  6  octobre  1845.  —M.  Muller,  en  remerciant  l'A- 
cadémie, qui  l'a  nommé  correspondant ,  adresse  l'extrait  d'un 
mémoire  sur  les  différences  fondamentales  qu'il  a  trouvées  dans 
la  structure  du  larynx  de  divers  genres  et  familles  d'oiseaux  de 
l'ordre  des  passereaux  ou  oiseaux  chanteurs ,  observations  qui 
ont  un  intérêt  varié  sous  les  points  de  vue  anatomique  ,  physio- 
logique et  zoologique.  La  classification  des  passereaux  n'étant 
pas  encore  basée  sur  la  connaissance  des  familles  naturelles  et 
des  caractères  anatomiques  des  genres  ,  les  différences  typiques 
de  l'organe  de  la  voix  ,  dont  je  donne  connaissance  ,  pourront 
servir  à  établir  les  vraies  familles  et  leurs  affinités  naturelles. 

M.  P^ogt  adresse  quelques  Observations  sur  l'embryologie  des 
Actéons.  —  Il  a  vu  l'accouplement  de  ces  mollusques  ;  il  a  as- 
sisté à  leur  ponte  ,  et  a  suivi  d'heure  en  heure  les  changements 
qu'éprouve  l'œuf  pendant  la  durée  d  un  mois.  Après  avoir  indi- 
qué la  forme  des  divers  organes  à  mesure  de  leur  apparition  , 
M.  Vogt  dit  que  ,  presque  trente  jours  après  la  ponte  ,  ces  em- 
bryons n'ont  pas  encore  de  cœur.  Ceci  est  souligné  avec  soin 
dans  la  communication. 

M.  Vogt  a  vu  la  ponte  d'une  Balane  qu'il  avait  placée  vivante 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  395 

dans  un  bocal  plein  d'eau  de  mer.  Cet  animal  a  pondu  ,80us  ses 
yeux  ,  une  quantité  prodigieuse  de  petits  qui  sortaient  avec  le  jet 
d'eau  que  la  Balane  poussait  dans  le  moment  de  chaque  expi- 
ration. Les  jeunes  Balanes  avaient  un  seul  œil  frontal  et  trois 
paires  de  pattes  à  rames  natatoires,  dont  les  deux  dernières 
paires  étaient  divisées  chacune  en  deux  branches.  Elles  ressem- 
blaient entièrement  à  des  Crustacés  du  prenre  Cyclope. 

Séance  du  13  octobre.  —  M.  /.  Geoffroy  Saint-HUaire  lit 
un  Rapport  sur  un  ouvrage  de  M  M.  Joly  et  Lavocat ,  intitulé  : 
Recherches  historiques,  anatomiques  et  paléontologiques  sur  la 
Girafe. 

Comme  nous  avons  donné  une  idée  de  cet  important  ouvrage 
dans  un  précédent  numéro  de  cette  Revue ,  nous  nous  borne- 
rons à  dire  que  le  rapport  du  savant  académicien  est  favorable 
et  fait  réloge  du  travail  des  deux  naturalistes  de  Toulouse. 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  fait  ressortir,  avec  tout  le  talent  qu'on 
lui  connaît ,  l'importance  et  la  valeur  des  travaux  qui  ont  été 
soumis  à  son  examen. 

M.  Guérin-Méneville  lit  une  Note  sur  les  Acariens ,  les  Myria» 
podes,  les  Insectes  et  les  Helminthes  observés  jusquHci  dans  les 
pommes  de  terre  malades. 

Nous  avons  été  chargé  ,  par  la  Société  royale  et  centrale  d'a- 
griculture d'étudier  les  animaux  que  M.  le  docteur  Rayer  a 
trouvés  dans  les  pommes  de  terre  malades  ,  afin  de  rendre  plus 
complets  les  documents  que  M.  le  ministre  du  commerce  et  de 
l'agriculture  a  demandés  à  cette  Société  relativement  à  la  mala- 
die qui  règne  cette  année  sur  les  pommes  de  terre.  Nous  pensons 
que  la  présence  de  ces  animaux  n'est  que  la  conséquence  de 
l'altération  des  pommes  de  terre  et  non  sa  cause  :  ils  se  sont  dé- 
veloppés dans  ces  tubercules  parce  que  ceux-ci  et  la  plante  en- 
tière ,  rendus  malades  par  les  froids  du  printemps  et  l'humidité 
constante  qui  a  régné  cette  année  ,  leur  ont  offert  un  sol  conve- 
nablement approprié  à  leuis  mœurs ,  un  sol  garni  de  crypto- 
games dont  ils  se  nourrissent ,  présentant  un  connnentement 
de  fermentation  propre  à  faciliter  le  développement  de  leurs 
germes,  etc. 

■Les  Acarides  appartiennent  à  deux  genres  distincts  et  forment 
deux  espèces  nouvelles  que  nous  nommons  Glyciphagus  fecu- 
lorum  et  Tyroglyphus  feculœ.  Nous  les  avons  établies  d'après 
les  dessins  de  M.  Rayer  que  nous  croyons  très-exacts. 


396  lŒvuE  ZOOLOGIQUE.   {Octobve  1845.) 

Nous  avons  déterminé  un  Myriapode,  VIulus  (Blaniulus)  gui- 
tulalus  ,  un  Coléoptère  brachélytre  du  genre  Calodera  ,  une 
larve  de  Brachélytre  ,  une  larve  de  Coléoplère  fongicole  encore 
inconnue,  un  Trichopteryx  rugulosa ^  une  \aLi\e  de  Taupin  , 
découverte  par  M.  Royer,  inspecteur  d'agriculture  ;  un  Diptère 
nouveau  ,  la  Limosina  Payenii  ,  deux  larves  de  iMuscides  ,  une 
larve  de  diptère  ,  peut  être  d'une  Tipulaire  ,  et  un  Helminthe 
du  genre  Rhàbditis  qui  ,  d'après  les  dessins  de  M.  le  docteur 
Kayer,  doit  former  une  espèce  nouvelle  que  nous  nommons 
Bhabditis  feculorum. 

Séance  du  20  octobre.  —  M.  Coste  lit  la  première  partie  d'un 
mémoire  ayant  pour  titre:  Recherches  sur  les  premières  modifi- 
cations de  la  matière  organique  et  sur  la  formation  des  cellules. 

C'est  un  travail  très-important  à  nos  yeux ,  car  il  tend  à 
mettre  un  terme  à  cet  esprit  aventureux  qui  guide  certains  na- 
turalistes de  notre  époque,  et  leur  iàit  découvrir ,  sans  le  se- 
cours de  l'observation  directe,  de  ces  lois  naturelles  qui  fe- 
raient la  gloire  d'un  savant ,  si  elles  étaient  le  fruit  de  re- 
cherches consciencieuses  et  par  conséquent  l'expr-ession  de  la 
vérité. 

Nous  ne  savons  comment  qualifier  ces  hommes  hardis  qui 
croient  avoir  du  génie  quand  ils  ont  une  idée  extraordinaire,  à 
l'aide  de  laquelle  ils  viennent  imperturbablement  expliquer  les 
phénomènes  les  plus  cachés  de  la  vie  des  êtres.  Beaucoup ,  il  est 
vrai ,  sont  mus  par  un  esprit  de  charlatanisme  qui  les  pousse  à 
produire  de  l'effet  à  tout  prix  ,  et  ils  arrivent  promptement  à 
une  position  qu'on  ne  peut  plus  leur  retirer ,  quand  on  reconnaît 
qu'ils  ont  trompé  le  public  savant.  D'autres,  non  moins  nom- 
breux ,  surtout  en  Allemagne  ,  et  qui  sont  probablement  de 
bonne  foi ,  appliquent  à  un  règne  une  loi  naturelle  bien  consta- 
tée dans  un  autre  ,  et  partent  de  là  pour  asseoir  une  théorie 
nouvelle  très-générale  surtout ,  à  l'aide  de  laquelle  ils  expli- 
quent avec  la  plus  grande  facilité  des  choses  que  l'on  regardait 
comme  les  secrets  de  la  nature.  Nous  pensons  que  cette  classe 
de  savants  est  plus  à  plaindre  qu'à  blâmer,  car  il  est  évident 
que  ces  hommes  ont  travaillé  sous  l'influence  d'une  surexcitation 
cérébrale,  et  que  ce  qu'ils  croient  du  génie  est,  chez  eux ,  un  état 
du  cerveau  qui  peut  être  considéré  comme  intermédiaire  entre 
la  santé  et  la  maladie. 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  397 

C'est  une  de  ces  conceptions  dites  ingénieuses  que  M.  Coste 
s'est  attaché  à  vérifier  ;  il  a  prouvé  par  le  raisonnement  et  sur- 
tout à  l'aide  de  l'observation  ,  que  la  théorie  allemande,  dont  le 
caractère  fondamental  consiste  dans  la  succession  de  quatre  pé- 
riodes distinctes  qui  devraient  toujours  composer  l'évolution 
de  chaque  cellule  animale,  n'est  pas  confirmée  par  l'observation. 
Il  démontre  que  lorsqu'on  cherche  les  faits  qui  servent  de  base  à 
une  théorie  si  radicalement  exclusive  ,  on  éprouve  le  double 
étonnement  de  ne  rencontrer  dans  les  auteurs  qui  l'ont  conçue 
aucun  exemple  dont  on  ne  puisse  sérieusement  contester  la  va- 
leur, et  de  ne  point  trouver  dans  la  nature  ces  preuves  abon- 
dantes qui  font  prévaloir  un  système  ou  laissent  du  moins  sub- 
sister sa  formule  ,  comme  la  fidèle  expression  de  la  plus  nom- 
breuse catégorie. 

Il  nous  est  impossible  ,  à  cause  de  l'espace  limité  dont  nou» 
pouvons  disposer  dans  cette  Revue  .  de  reproduire  le  travail  de 
M,  Coste,  travail  rempli  de  sagesse  scientifique  ,  appuyé  sur  des 
observations  directes,  et  exposé  avec  une  grande  clarté  ;  nous  ren- 
voyons donc  nos  lecteurs  aux  comptes  rendus  de  l'Académie  des 
sciences  ,  dans  lesquels  la  première  partie  de  ce  mémoire  a  été 
insérée  en  entier. 

M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire  présente  ,  au  nom  de  M.  le 
docteur  Pucheran^  aide-naturaliste  de  Zoologie  au  Muséum,  un 
mémoire  sur  les  caractères  généraux  des  mammifères  aqua- 
tiques. 

Dans  ce  travail ,  l'auteur,  après  avoir  exposé  les  résultats 
auxquels  sont  arrivés  sur  le  même  sujet  MM.  de  Blainville  et 
Isid.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  présente  un  tableau  très-détaillé 
des  observations  générales  qui  lui  sont  propres  sur  le  nombre 
des  doigts ,  le  pelage  et  autres  dépendances  du  système  cutané. 
1)  réserve  pour  des  communications  ultérieures  l'exposition  des 
notions  qu'il  a  recueillies  sur  l'état  du  squelette,  de  l'encéphale 
et  des  organes  des  sens  chez  ces  mammifères  palmipèdes. 

Le  mémoire  de  M.Pucheran  est  renvoyé  à  l'examen  de  MM.Du- 
méril,  de  Blainville  et  Isid.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

M.  Strauss  adresse  une  réclamation  au  sujet  d^un  mémoire 
sur  le  système  nerveux  des  Insectes,  présenté  dans  la  séance  pré- 
cédente par  M.  Milne-Edwards. 

Séance  du  27  octobre.  —  M.  Blanchard  répond  aux  observa- 


398  RKVDE  zooLOGiQDE.  [Octobre  1844.) 

lions  que  M.  Strauss  a  faites  sur  son  travail.  On  sait  que  les 
adeptes  de  l'école  physiologique  répondent  toujours. 

M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire  en  présentant ,  au  nom  de 
l'auteur,  M.  Desmurs,  la  première  livraison  de  l'/cowo^rap/iie  Or- 
nithologique,  ou  Nouveau  recueil  de  planches  peintes  d'oiseaux 
pour  servir  de  suite  et  de  complément  aux  planches  enluminées 
de  Buffon,  et  aux  planches  coloriées  de  MM.  Temminck  et 
Laugier,  donne  une  idée  du  but  et  du  plan  de  ce  bel  ouvrage , 
dont  nous  avons  entretenu  nos  lecteurs  dans  un  précédent  nu- 
méro ,  en  leur  en  adressant  le  prospectus. 

Cette  première  livraison  montre  que  l'auteur  veut  tenir  ses 
promesses  et  même  aller  au  delà.  Du  reste  on  sait  que  M.  Des- 
murs est  un  naturaliste  aussi  consciencieux  que  savant  ;  qu'il  ne 
fait  pas  cet  ouvrage  dans  un  but  de  spéculation  de  librairie ,  ce 
qui  est  une  garantie  pour  le  public  savant. 

Errata. 

P.  335 ,  1.  8  ;  au  lieu  de ,  la  tache  aussi  foncée  ,  avance;  lisez  : 
la  tache  ainsi  formée  s''avance. 

—  1.  19;  au  lieu  de,  Cuv.,  lisez  :  Fr.  Cuv. 

—  1.  24  ;  au  lieu  de,  Platyrhiniens ,  lisez  :  Platyrhinins. 
1.  33;  au  lieu  de .,  chez  ces  peuples,  Visez:  dans  ces 

contrées. 
P.  336,  1.  4  ;  au  lieu  de  ,  blanchâtre ,  lisez  :  blancs. 

—  1.  7  ;  effacez  bras  et 

—  1.13;  effacez  du  bras ,  et 

—  1.  14;  au  lieu  de  ,  rougeâtre ,  lisez  :  rou:^  marron. 

—  1.  27;  au  lieu  de,  labratus,  lisez  :  labiatus. 
P.  337  ,1.   1  ;  au  lieu  de  ,  gris  ,  lisez  :  gris  jaunâtre. 

—  1.  1  et  2  ;  effacez  qui  devient  un  peu  jaunâtre. 

—  1.  4  ;  au  lieu  de,  avec  deux ,  lisez  :  avec  leurs. 

—  1 .  9  ;  au  lieu  de ,  jaunâtre ,  lisez  :  blanc  jaunâtre. 

—  1.  1 0  ;  au  lieu  de,  antérieures,  lisez  :  inférieur  s. 
P.  365,1.  33;  fuscomaculato ;  Msex  :  fusco-maculato , 

—  1.  36  ;  rubescenti ,  lisez  :  rubescente.  — aurelatis.,  lisez  : 

annulatis. 
P.  366,  1.  ^',  rubescentibus,']\sez:rubescentibus, — rubescenti, 
lisez  :  rubescente. 

—  1.  6;  seriato,  lisez  :  tincto. 


HUITIBMB  AXVMÉB.  —  NOVEMBRE  184S 


TRAVAUX  II\EDITS. 


Description  de  sept  espèces  nouvelles  du  genre  Ptcu^,  Linné  ^ 
par  M.  Alfred  Malherbe. 

1.  P.  (  Chloropicus)  Pyrrhog aster.  —  Fœmina?  —  Fronte , 
vertice,  occipite  et  caudanigris  ;  pectore ,  epigaslrio  medio  , 
ventre  medio  ,  uropygioque ,  sanguineo  rubris  ;  hypochon- 
driis,  crissoque  olivaceo-fusco ,  albido  striato  tergo  ,  tectri- 
cibusque  olivaceo  nigricante. 

J'ai  vu  au  Muséum  britannique  un  sujet  monté  de  cette  espèce 
provenant  de  l'Afrique  méridionale  et  que  je  crois  nouvelle;  ce 
Pic  m'a  paru  être  une  femelle. 

Bec  droit ,  brun  jaunâtre  de  corne  ,  pieds  bruns ,  tout  le  dessus 
de  la  tête  noir;  du  haut  de  l'œil  descend  une  bande  blanche  qui 
va  en  serpentant  jusque  sur  les  flancs  ;  derrière  l'œil  et  de  chaque 
côté  du  menton  partent  des  traits  noirs  qui  sont  séparés  par  une 
moustache  blanche  et  qui  se  réunissent  de  chaque  côté  du  cou, 
puis  forment  au  devant  un  cercle  noir  qui  borde  le  blanc  du 
menton  et  du  cou.  La  poitrine ,  tout  le  milieu  de  l'épigastre  et 
du  ventre  ainsi  que  le  croupion  sont  d'un  beau  rouge.  Les  flancs 
et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un  brun  olivâtre 
foncé  ,  varié  de  blanc  pur ,  queue  noire  ;  dos  et  couvertures  des 
ailes  d'un  brun  olivâtre ,  avec  quelques  légères  taches  cendrées 
sur  les  tectrices  ;  rémiges  brunes  avec  des  taches  blanches  assez 
étroites  sur  le  rebord  externe  qui  est  olivâtre  dans  les  rémiges 
secondaires ,  et  de  grandes  taches  blanches  sur  le  bord  interne 
qui  est  brun. 

Long,  tôt.,  21  cent.  3  mill.  —  Du  bec  ,  depuis  l'angle,  3  cent. 
2  mill.  — De  l'aile,  II  cent.  7  mill.  —  De  la  queue,  8  cent. 
—  De  la  partie  de  queue  excédant  les  ailes,  3  cent.  —  Du  tarse, 
1  cent.  9  mill.- 

Il  existe  dans  la  collection  de  l'université  d'Upsal ,  en  Suède  , 

un  Pic  non  décrit  jusqu'à  ce  jour  ,  et  que  je  crois  être  le  mâle  de 

mon pyrrhogasier,  d'après  la  description  et  le  dessin  que  M.  Sun- 

devall ,  directeur  du  Muséum  de  Stockholm  ,  a  eu  l'obligeance 

Tome  VIU.  Année  1845.  26 


400  REVUE  zooLOGiQOE.  [Novcmbre  18i5.) 

de  me  transmettre.  Ce  Pic  ,  recueilli  à  Sierra  Leone,  en  1794, 
par  M.  Afzelius ,  diffère  de  la  description  que  j'ai  donnée  ,  en  ce 
qu'il  a  le  sommet  de  la  tête  rouge. 

2.  P.  (Brachypternopicus)  Rubropygialis. — Yœm.--Pileo  toto  , 
nucha,  caudaque  nigerrimis,  pileo  rufo-albo  parvulum 
striato  ;  tectricibus  olivaceis  ;  auchenio ,  ter  go  olivaceù , 

rubro-aurantio  saturatis;  uropygio  cinnamomeOy  pectore , 

abdomine  nigris ,  albo-rufo  maculatis. 

Bec  noir  ,  mandibule  supérieure  légèrement  recourbée  ;  pieds 
noirs,  front ,  vertex  ,  occiput  et  huppe  d'un  noir  profond  ,  mais 
les  plumes  de  la  tête  ayant  dans  leur  milieu  une  fine  raie  longi- 
tudinale d'un  blanc  roussâtre  ;  dos  olive ,  lavé  de  rouge  orangé 
et  croupion  d'un  rouge  vif;  couvertures  supérieures  de  la  queue 
et  queue  d'un  noir  profond;  tectrices  alaires  olivâtres;  rémiges 
primaires  noires  ,  rémiges  secondaires  olivâtres  à  leur  partie  ex- 
terne et  noires  dans  leur  partie  interne  et  à  leur  extrémité  ;  quel- 
ques larges  taches  blanches  sur  le  rebord  externe  de  toutes  les 
rémiges  ;  rebord  du  poignet  de  l'œil  noir  ;  menton ,  gorge  et 
côtés  de  la  tête  cendrés  ;  mais  après  l'œil ,  une  large  bande  noire 
descend  jusqu'à  l'aile  ;  de  l'angle  du  bec  part  une  moustache 
noire  qui  est  séparée  de  la  bande  noire  ci-dessus  par  une  bande 
d'un  cendré  blanchâtre ,  au  milieu  de  la  gorge  descend  une 
étroite  bande  noire.  Lapoitrine  et  toutes  les  parties  inférieures  sont 
tapirées  de  noir  profond  et  de  blanc  roussâtre  ,  variant  de  place 
sur  les  plumes. 

Long.  tôt.  d'une  femelle  montée,  21  cent.  6  mill.  —  Du  bec 
depuis  l'angle  ,  3  cent. — De  l'aile  ,  12  cent.  7  mill. — Delà  queue, 
9  cent.  —  De  la  partie  de  queue  dépassant  les  ailes,  3  cent. — 
Du  tarse ,  2  cent. 

Ce  Pic  a  quelque  rapport  avec  le  Tiga  ,  mais  il  est  plus  petit. 
J'ai  vu  un  sujet  femelle  de  cette  espèce ,  que  je  Vrois  nouvelle , 
dans  le  Muséum  Britannique,  il  provenait  du  Bengale. 

Le  mâle  a  probablement  le  front ,  le  vertex  et  l'occiput  rouges. 
3.  P.  (  Chloropicus )  Kirkii. — Masc.  —  Fronte,  vertice,  occi- 

pite  et  uropygio  cinnamomeis  ;  nucha  flavo  circum  margi- 

nata;  gutturefusco ,  albo  striato;  cor  pore  toto  subtus  viridi- 

fusco,  albo-rufo  transversim  striato ,  interscapulio ,  tergo, 

olivaceo-aurato  ,  rubro  parvulum  striolatis. 

Mâle.  —  Bec  droit;  front ,  vertex  ,  occiput ,  croupion  et  cou- 


TRAVAUX    INEDITS.  40t 

vertures supérieures  delà  queue  (i'un  rouge  vif;  occiput  et  côtés 
de  la  nuque  bordés  de  jaune  ;  région  parotidée  d'un  brun  sans 
taches;  gorge  brune  avec  des  mèches  blanches,  une  très-étroite 
moustache  noire  part  de  la  mandibule  inférieure  et  se  dessine 
sur  la  teinte  blanchâtre  qui  s'étend  jusqu'au-dessous  de  l'œil. 

Toutes  les  parties  inférieures  d'un  vert  brun  ,  chaque  plume 
ayant  dans  son  milieu  une  bande  transversale  d'un  blanc  rous- 
sâtre  ;  dos  et  parties  supérieures  d'un  olive  à  reflets  dorés;  le  dos 
rayé  longitudinalement  de  quelques  mèches  rouges;  ailes  d'un 
brun  foncé  ;  presque  toutes  les  rémiges  olivâtres  sur  leur  rebord 
externe ,  et  brunes  intérieurement ,  avec  des  taches  blanches  ; 
couvertures  inférieures  des  ailes  blanches  ,  et  sur  le  brun  cendré 
du  dessous  des  rémiges ,  on  voit  de  grandes  taches  blanches,  sur 
les  tectrices  petites  des  ailes,  se  trouvent  une  douzaine  environ  de 
petites  taches  d'un  jaune  rougeâtre  et  plusieurs  taches  rouges; 
queue  brune  ,  les  rectrices  du  milieu  d'un  brun  noirâtre. 

Un  sujet,  que  je  crois  plus  jeune,  avait  seulement  des  taches 
jaunâtres,  sans  rouge  sur  les  petites  tectrices,  et  les  trois  pre- 
mières rectrices  de  chaque  côté  de  la  queue  avec  des  taches  rous- 
sâtres  sur  leur  rebord  interne. 

Long,  tôt.,  18  cent.  5  mill.  —  Du  bec  depuis  l'angle ,  2  cent. 
5  mill.  et  2  cent.  6  mill.  —  De  l'aile  ,  9  cent.  1  mill.  et  9  cent. 
5  mill.  —  De  la  queue,  6  cent.  3  mill.  et  6  cent.  8  mill.— De  la 
partie  de  la  queue  excédant  les  ailes,  2  cent.  4  mill. — Du 
tarse,  1  cent.  5  mill. 

J'ai  vu  au  Muséum  Britannique  deux  exemplaires  de  cette  es- 
pèce ,  et  je  crois  que  ce  sont  deux  mâles  ;  ils  ont  été  envoyés  de 
Tobago  par  M.    Kirk ,    amateur    zélé    et   instruit.    Je    leur   ai 
donné  son  nom,  sur  la  demande  de  M.  Strickland. 
4.  P.  (  Chloropicus  )   Rufoviridis.  —  Fœm.  —  Front  e  et  ver  tic  e 

nigris,  rufo  punctulatis  ;  occipite ,   gutture  fuscis,   nigro 

punctulatis ,  pectore  et  abdomine^  transversim,  nigro,  rufo- 

viridi  etolivaceo  slriatis  ;  cauda  nigra  ;  dorso  et  teciricibus 

alarum  viridi-olivaceo  fuscis. 

Voici  la  description  de  deux  sujets  que  j'ai  vus  au  Muséum 
Britannique,  et  qui  sont,  je  crois,  des  femelles  de  cette  nou- 
velle espèce  provenant  de  l'Amérique  méridionale. 

Fem.  —  Mandibule  supérieure  légèrement  courbe  ;  front  et 
vertex  noii-s  avec  de  très-petits  points  d'un  rouge  marron,  tous 


402  HhvuE  ZOOLOGIQUE.  {Novembrc  1845.) 

les  côtés  de  la  tète  et  du  cou  ,  l'occiput ,  la  gorge  et  le  devant  du 
cou  d'un  roux  marron  pointillé  de  noir  ;  poitrine  et  parties  infé- 
rieures rayées  de  noir  ,  de  roux  verdâtre  et  de  vert  jaunâtre  ,' 
chaque  plume  ayant  trois  bandes  noirâtres  séparées  par  deux 
bandes  d'un  roux  verdâtre  clair  et  étant  frangée  de  vert  jau- 
nâtre ;  dos  et  couvertures  des  ailes  vert  olive  foncé.  Les  rémiges 
primaires  brunes  avec  le  rebord  externe  olive  et  des  taches  d'un 
blanc  roussâtre  des  deux  côtés.  Les  rémiges  secondaires ,  qui 
sont  couleur  olive  sur  leur  rebord  externe  et  brunes  sur  leur 
interne,  n'ont  de  taches  blanchâtres  que  sur  cette  dernière 
partie.  Queue  noire;  tiges  des  rectrices  en  dessus  d'un  brun 
rougeâtre  à  leur  base  et  noires  dans  le  reste  ;  tiges  des  rec- 
trices et  des  rémiges  d'un  jaune  blanchâtre  en  dessous  ,  cou- 
vertures inférieures  des  ailes  d'un  blanc  roussâtre. 

Long,  tôt.,  17  cent,  et  18  cent.  5  mill.  — Du  bec  depuis 
l'angle,  1  cent.  9  mill.  —  De  l'aile,  10  cent.  —  De  la  queue, 
6  cent.  9  mill.  et  7  cent.  2  mill.  —  De  la  partie  de  la  queue 
dépassant  les  ailes,  2  cent.  2  mill.  et  2  cent.  7  millim. — Du 
tarse  ,  1  cent.  5  mill. 

5,  P.  (Chloropicus)XANTHODERUs.  — Masc.  —  Fronte ,  vertice, 
occipite,  vittaque  malari  coccineis;  interscapulio ,  tergo  et 
alarum  tectricibus  virescenti-fuscis  ;  uropygio   viridi-oli- 
vaceo;  corpore  subtus  fuse  o-vir  esc  ente.  —  Fœm.  —  Fronte 
et  vertice  fusco-nigro  ;  occipite  coccineo. 
Le  mâle  de  cette  espèce  qui  a  quelque  rapport  avec  le  Nepau- 
lensis  (I) ,  avait  le  bec  brun  ,  tandis  que  chez  la  femelle  il  était 
en  partie  bleuâtre  foncé  et  jaune  de  corne  dans  le  milieu  de  la 
mandibule  inférieure  ;    front ,   vertex ,    occiput  et  moustaches 
rouges;  de  l'occiput  part  une  bande  jaune  verdâtre  qui  descend 
jusqu'au  dos  ;  joues,  côtés  du  cou,  et  toutes  les  parties  infé- 
rieures d'un  brun  verdâtre;  mais  le  menton  et  le  devant  du  cou 
sont  variés  de  blanc  cendré  ;   sur  les  côtés  de  la  poitrine  ,  ainsi 
que  sur  les  flancs  et  sur  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
existent  aussi  des  taches  d'un  blanc  cendré  ;  tectrices  et  dos  d'un 
vert  foncé  ,  chaque  plume  étant  finement  lisérée  de  cendré;  ré- 

(1)  Non  avec  le  P.  Nepaulensis  de  la  planche  31  ,  fig.  i  des  illustrations  de  zoologie 
indienne,  qui  est  représenté  sous  des  couleurs  inexactes  ,  imais  arec  le  véritable  Nepau- 
lensis que  M.  Terdou  (Madras  Journal,  avril  1840,  p.  214,  n.  211)  décrit  bien  tout  en 
l'indiquant,  avec  doute  ,  il  est  vrai ,  soit  comme  un  P.  Mentalis  ,  soit  comme  un  Jeune 
Chlorolophu$  (  Viellot  ). 


TRAVA.DX    IINÉDITS.  408 

miges  brunes  avec  quelques  taches  blanches  sur  leur  rebord  ex- 
terne. Les  rémiges  primaires  ont  leur  rebord  externe  d'un  rouge 
brun  ,  bordé  d'oIivàtre,  et  sur  leur  partie  interne  qui  est  brune  , 
on  voit  de  grandes  taches  blanches;  croupion  vert  olive  ;  queue 
d'un  brun  noirâtre  ,  lavé  d'olivâtre  dans  le  haut  des  rectrices. 

La  femelle  a  le  front  et  le  vertex  d'un  noirâtre  qui  s'étend 
vers  le  rouge  de  l'occiput  en  forme  triangulaire  ,  point  de  mous* 
taches. 

Deux  sujets  mâle  et  femelle  ont  été  rapportés  de  Madras  et 
donnés  au  Muséum  britannique  par  M.  Hodgson  auquel  la  faune 
de  l'Inde  doit  déjà  tant  de  découvertes. 

La  Femelle. 


Long,  tôt 

—  Du  bec  depuis  l'angle. 

—  De  l'aile 

—  De  la  queue 

—  De  la  partie  de  queue 

excédant    les    ailes. 

—  Du  tarse 


Le  Mâle.  | 

cent. 

mill. 

25 

5 

2 

5 

11 

7 

8 

5 

4 

» 

1 

7 

cent,  mill. 

24  6 

2  5 

n  7 

8  » 

3  8 
1  7 


Dimensions  des  exemplaires  en  peau  du  Muséum  britannique. 
6.  P.  (Chrysoptilopicus)  Smithii. — Masc, — Fronte  coccinea],  ni- 
groque  chalybeo  punctulata  ;  vertice ,  occipite ,  nucha  cris- 
tata  et  vitta  malari  coccineis;  auchenio,  tergo  virescen- 
tihus,  albo-olivaceo  maculatis ,  gutture  ^  pectore  nigris  , 
alboflavo  maculatis ,  cauda  nigro-olivaceo ,  fusco  (iaves- 
cente  transversim  maculata. 

Voici  la  description  d'un  sujet  mâle  que  j'ai  vu  dans  la  collec- 
tion du  Muséum  britannique  à  Londres.  Bec  noir  et  droit  ;  pieds 
d'un  noir  bleuâtre ,  front  pointillé  de  rouge  vif  et  de  noir 
bleuâtre;  vertex  ,  occiput,  huppe  et  moustaches  d'un  rouge  vif 
pur.  L'œil  entouré  d'un  cercle  finement  pointillé  de  noir  et  de 
blanc  ;  au-dessous  de  l'œil ,  part  une  bande  blanche  qui  s'é- 
largit en  descendant  sur  le  côté  du  cou  dans  la  moitié  de  sa  lon- 
gueur, et  qui  est  surmontée  d'une  ligne  noire  entourant  le 
rouge  delà  tête;  gorge,  cou  et  poitrine  noirs ,  chaque  plume 
étant  entourée  d'un  cercle  blanc  jaunâtre  et  ayant  au  milieu  une 
tache  de  même  couleur.  Le  reste  des  parties  inférieures  d'un 
blanc  verdâtre  avec  des  mèches  longitudinales  noires  ;  dos  et 


I 


404  REVUE  zooLOGiQDE,   {Novembre  18i5.) 

tectrices  alaires  d'un  vert  pâle  ,  chaque  plume  ayant  plusieurs 
taches  d'un  blanc  olivâtre  ;  ailes  brunes  ;  rebord  externe  oli- 
vâtre, avec  de  petites  taches  d'un  blanc  jaunâtre;  rebord  in- 
terne brun  avec  de  grandes  taches  blanches.  Les  dernières  ré- 
miges secondaires  sont  rayées  transversalement  de  blanc  jaunâtre 
sur  un  fond  brun  olivâtre  ;  croupion  d'un  vert  plus  clair ,  rayé 
transversalement  de  brun  verdâtre  et  de  cendré  jaunâtre. 

Tiges  des  rémiges  jaunes  en  dessus  et  en  dessous;  queue  d'un 
brun  olivâtre  rayé  de  brun  jaunâtre  clair  ;  tiges  des  rectrices 
d'un  jaune  doré  très-vif  en  dessiis  et  pâle  en  dessous  ;  couver- 
tures inférieures  des  ailes  d'un  blanc-jaunâtre  clair  ;  rectrices 
rayées  inférieurement  de  bandes  brunes  transversales  sur  un 
fond  chamois ,  passant  au  jaunâtre  vers  le  rebord  externe  des 
pennes. 

Dimensions  d'un  mâle  monté.  Long,  tôt.,  23  cent.  —  Du  bec 
depuis  l'angle ,  3  cent.  —  De  l'aile ,  12  cent. —  Du  tarse  ,  2  cent, 
—  De  la  queue,  7  cent.  7  mill.  —  De  la  partie  de  queue  excé- 
dant les  ailes  ,  3  cent. 

Ce  pic  se  trouve  dans  l'Afrique  méridionale. 
7.  P.  (Brachyternopicus)  Chrysonotus  (Lesson  ). —  Masc.  ad. — 
Fronte ,  vertice  et  occipite  coccineis  ;  ter  go  et  alarum  tectri- 
cibus  flavo-aurantio ,  cinnamomeo  striatis  ;  gutture ,  pectore 
nigerrimis  ,,albo  striolatis;  cauda  nigerrima  ,  uropygio 
nigro.  —  Fœmina.  —  Mari  simillima  ,  eœceptis  fronte  ver- 
ticeque  nigris^  albo  variegatis.  — Jun.  —  Ter  go  et  alarum 
tectricibus  flavo-aurantio  sed  absque  cinnamomeo.  —  Picus 
chrysonotus.,  Lesson  ornith.,  p.  220;  et  compl.  à  BufFon , 
vol.  9,  p.  304.  La  jeune  femeWe. — Brachypternopicus  punc- 
ticollis.  L'adulte  Malherbe.  —  Brachypternus  (Strickland; 
G.  R.  Gray  ).  Brachylophus  Swains. 

Ce  Pic  ,  longtemps  confondu  avec  le  Bengalensis  auquel  il 
ressemble  beaucoup  dans  le  jeune  âge ,  est  assez  répandu  au 
Bengale  et  probablement  dans  toute  l'Inde.  M.  Lesson,  qui  le 
premier  l'a  fait  connaître ,  le  décrit  ainsi  :  «  Dos  et  parties  su- 
»  périeures  des  ailes  jaunes  ;  front  et  gorge  noirs ,  avec  des 
»  flammèches  blanches.  L'occiput  et  la  huppe  rouge  de  feu  :  le 
5»  dessous  du  corps  blanc  avec  des  stries  brunes ,  queue  noire,  p 
Mais  cette  description  ne  peut  .s'appliquer  qu'à  quelques  sujets 
femelles  en  livrée  de  jeune  âge.  C'est  par  ce  motif  qu'en  exa- 


ï 


TRAVAUX    INÉDITS.  405 

minant,  dans  la  collection  du  Muséum  britannique  et  dans  celle 
de  la  société  zoologique  de  Londres  ,  plusieurs  sujets  adultes  de 
cette  espèce,  j'avais  cru  pouvoir  les  regarder  comme  constituant 
une  nouvelle  espèce  non  décrite  que  j'avais  nommée  Puncti- 
collis.  Depuis  peu,  j'en  ai  acquis  cinq  autres  sujets  qui  forment 
le  passage  de  la  livrée  du  jeune  âge  à  l'âge  adulte  dans  les  deux 
sexes  ,  et  je  me  suis  convaincu ,  malgré  la  dissemblance  qui  exis- 
tait ,  que  tous  ces  oiseaux  étaient  des  Pics  chrysonotes  ,  dont  on 
n'avait  encore  décrit  que  la  jeune  femelle ,  très-diflfé rente  de 
l'adulte  et  du  mâle. 

Maie  adulte.  —  Bec  brun  de  corne  et  pointu;  mandibule  su- 
périeure légèrement  recourbée  ;  mandibule  inférieure  échancrée 
en  dessous  dans  plus  de  la  moitié  de  sa  longueur  et  formant  alors 
un  angle  saillant  pour  aller  rejoindre  la  mandibule  supérieure" 
à  son  extrémité;  pieds  bruns;  front,  vertex ,  occiput  et  huppe 
d'un  rouge  sang ,  la  base  des  plumes  étant  noire.  Une  bande 
sourciliaire  blanche  s'étend  jusque  près  de  l'occiput  ;  au-dessous 
de  cette  bande  ;  et  à  partir  de  l'œil ,  règne  une  bande  d'un  noir 
profond ,  varié  de  quelques  stries  blanches  sur  la  région  paro- 
tidée  ,  laquelle  va  se  réunir  à  la  large  bande  noire  qui  couvre  la 
nuque  ;  puis  une  seconde  bande  blanche ,  qui  commence  à  la 
base  de  la  mandibule  supérieure ,  descend  sur  le  côté  du  cou  et 
contournant  l'aile ,  va  se  fondre  avec  les  écailles  blanches  qui 
couvrent  les  parties  inférieures.  Le  dos  et  les  tectrices  alaires 
sont  d'un  jaune  orangé  lavé  de  rouge  vif.  Les  plumes  de  ces 
parties  sont  olivâtres  à  leur  base  avec  an  petit  point  orangé  pâle 
au  milieu  ,  puis  lavées  de  jaune  orangé  ,  et  terminées  d'un  rouge 
à  reflets  qui  borde  aussi  la  moitié  de  la  plume.  Croupion  noir 
lavé  d'olivâtre  ;  queue  noire  ;  gorge ,  devant  du  cou  et  poitrine 
d'un  noir  profond  avec  de  nombreux  petits  points  noirs  trian- 
gulaires. Le  reste  des  parties  inférieures  d'un  blanc  plus  ou 
moins  roussâtre ,  avec  une  large  bordure  noire  autour  de  chaque 
plume  ;  rémiges  primaires  d'un  brun  foncé  lavé  d'olivâtre  sur  le 
rebord  externe  de  quelques  pennes  ,  et  portant  des  taches  d'un 
blanc  roussâtre.  Des  deux  côtés  de  la  tige  ,  rémiges  secondaires 
olivâtres  sur  leur  rebord  externe ,  et  d'un  brun  foncé  avec  des 
taches  blanches  sur  leur  rebord  interne  ;  petites  tectrices  alaires 
d'un  jaune  olivâtre  avec  des  taches  lancéolées  d'un  blanc  jaunâtre  j 
moyennes  et  grandes  tectrices  terminées  et  entourées  de  rouge. 


4-06  REVDK  zooroGiQUE.  [Novcmhrc  1845.) 

Femelle  adulte.  —  Diffère  du  mâle  en  ce  qu'elle  a  tout  le  front 
et  le  vertex  d'un  noir  profond  parsemé  de  petits  points  blancs 
lancéolés.  L'occiput  et  la  huppe ,  le  dos,  ainsi  que  les  autres  par- 
ties, sont  comme  chez  le  mâle. 

Jeunes.  —  Tout  le  devant  du  cou  d'un  noir  profond  sur  lequel 
on  voit  à  peine  quelques  points  roux.  Le  blanc  des  taches  du 
menton  ,  de  la  poitrine,  des  flancs  et  de  l'abdomen  ainsi  que  des 
couvertures  inférieures  des  ailes,  est  d'un  roux  plus  ou  moins 
vif;  le  dos  et  les  tectrices  claires  sont  d'un  jaune  orange,  mais 
sans  que  le  rouge  ait  encore  paru. 

C'est  dans  cette  livrée  qu'on  l'a  souvent  confondu  avec  le  P. 
Bengalensis. 

Plusieurs  des  sujets  que  je  possède  dans  ma  collection  pro- 
viennent des  montages  des  Nilgeries. 

Long,  tôt.,  29  cent.,  et  jusqu'à  31  cent.  —  Du  bec  depuis 
l'angle,  3  cent.  6  mill.  à  4  mill.  —  De  l'aile,  12  cent.  8  mill. 
à  15  cent.  —  De  la  queue,  9  cent,  à  10  cent.  — De  la  partie 
de  queue  dépassant  les  ailes,  4  cent.  2  mill.  à  5  cent.  3  mill. 
—  Du  tarse,  2  cent. 


Description  de  trois  nouvelles  espèces  d'oiseaux , 
Par  M.  Hartlaub. 

1.  Muscicapa  (Muscicapula,  Blyth.)  tricolor,  Corpore  supra , 
alis  caudaque  nitide  nigris,  tergo,  uropygio  corporeque  subtus 
ex  aurantiaco  flavis,  pectore  laetius  tincto;  superciliis,  macula 
aise  médise  longitudinali ,  subcaudalibus  et  tectricibus  aise  inter- 
njs  pure  albis;  rostro  et  pedibus  nigris.  —  Matacca?  —  Long. 
4»  8'"- 

2.  Ilyphantornis  flavigula.  —  Corpore  supra  ,  alis  caudaque 
pallide  flavescente  olivaceis  ;  fronte  magis  flave^cente ,  super- 
ciliis corporeque  inferîore  toto  citrino  flavis  ;  stria  breviuscula  a 
basi  maxillae  per  oculum  ducta  nigerrima  ;  rostro  nigro,  pedibus 
fuscis.  —  Accra,  Côte-d'Or,  —  Long.  5"  5"'. 

Cette  espèce  doit  être  placée  dans  le  système  tout  près  du 
H.  Guerini  Gray.  {Ploceus  melanotis,  Guérin.) 

3.  H.  modestus.  Supra  obsolète  brunnescens,  plumarummar- 
gine  pallidiore,  pileo  et  nucha  ex  olivaceo  flavidis,  plumulis 
omnibus  medio    fuscescentibus  ;   (ectricibus   alœ  remigibusque 


TRAVAUX    INÉDITS.  407 

margine  exlerno  angustius,  interno  versus  basin  late  flavo  lii^i- 
batis ,  rectricibus  supra  dorso  concoloribus,  subtus  flavidis,  mar- 
gine flavescentibus,  mento,  gutture  et  cruribus  dilute  citrino- 
flavis,  corpore  inferiore  reliquo  pallide  brunnescente ,  medio 
albido ,  rostro  robusto  pedibusque  brunneis ,  mandibula  palli- 
diore.  —  Sénégambie  ,  Abyssinie.  —  Long.  5"  1/2  rostr.  à  fr.  8"\ 
J*ajoule  une  notice  synonymique.  Dans  mon  catalogue  des 
oiseaux  du  musée  de  Brème  (1844) ,  j'ai  décrit  comme  nouvelle 
une  belle  et  curieuse  espèce  de  Zoothera,  sous  la  dénomination 
de  Z.  meîanoleuca.  Je  ne  savais  pas  alors  que  cette  espèce  était 
bien  décrite  en  1842  par  M.  Blyth  dans  le  Journal  of  the  Asiat. 
soc.  of  Bengal,  XI,  p.  882,  et  nommée  Turdus  Wardii  Terdon. 
Ce  dernier  naturaliste  l'a  figurée  tout  récemment  dans  la  pre- 
mière livraison  de  ses  Illustrations  of  Indian  Ornitbology,  pi.  8. 
L'exemplaire  décrit  par  Blyth  provenait  de  Mysore.  Cependant 
ce  n'est  pas  un  Turdus,  mais  une  véritable  Zoothera,  caractérisée 
par  son  bec  allongé,  grêle,  par  la  queue  très-courte,  etc. 
Une  troisième  espèce  de  ce  genre  c'est  le  Myiothera  Andro- 
medcBy  Tem.  dont  Phabitus  externe  est  tout  à  fait  semblable  à 
celui  de  Zoothera  Wardii. 


Monographie  du  genre  Ligule,  Ligula,  par  C.-A.  Recluz  , 
pharmacien  à  Vaugirard. 

2tne  partie. 

En  discutant  de  la  valeur  du  genre  Ligule  et  de  sa  composi- 
tion ,  nous  sommes  arrivé  à  le  trouver  formé  de  quatre  groupes 
bien  distincts,  dont  trois  constituent  maintenant  des  genres  par- 
faitement homogènes.  Un  seul ,  représenté,  par  une  espèce  indé- 
pendante de  toutes  celles  avec  lesquelles  Montagu  Pavait  réunie, 
nous  a  paru  jouir  des  caractères  les  plus  propres  à  continuer  le 
genre  Ligule.  Cette  espèce,  que  Leach  n'a  pas  séparée  de  ce  der- 
nier, a  été,  cependant,  transportée  dans  un  genre  Anatine  de  la 
façon  de  Turton  ,  mais  qui  n'a  pas  de  rapport  avec  ce  que  l'on 
entend  aujourd'hui  par  ce  même  nom  ;  néanmois  M.Macgillivray 
{MolL  Aberdeen)  a  suivi  le  même  sentiment.  M.  Fleming  {Bri- 
tish  animais)  a  choisi  un  autre  classement  en  comprenant  cette 
coquille  de  Montagu,  dans  les  Amphidesnies ,  auxquelles  elle 


408  REVUE  zooLOGiQDE.  {Novembre  1845.) 

est  autant  étrangère  que  toutes  celles  qu'il  y  a  réunies;  enfin, 
M.  Gould  l'a  rangée  dernièrement  dans  le  genre  Cochlodesma 
de  M.  Couthouy. 

Avant  de  décrire  le  nouveau  genre  Ligule,  c'est-à-dire,  ce 
genre  de  Montagu  réformé  d'après  lés  caractères  des  coquilles 
qui  doivent  lui  servir  de  type  ,  nous  pensons  qu'il  n'est  pas  hors 
de  propos  de  démontrer  en  quoi  celles-ci  diffèrent  des  Anatines, 
des  Amphidesmes  et  des  Cochlodesmes. 

La  Chama  prœtenuis^  Petiver,  qui  est  la  même  espèce  que  la 
Ligula  prœtenuisde  Montagu,  est  une  coquille  équivalve,  subé- 
quilatérale,  transverse,  ovale-oblongue ,  mince,  à  peine  bail- 
lante au  coté  antérieur;  recouverte,  dans  l'état  de  vie,  d'un 
épiderme  mince  et  chagriné ,  à  crochets  peu  saillants ,  petits  , 
aigus  et  très-entiers.  Sa  charnière  est  formée  par  une  seule  dent 
sur  chaque  valve  ,  oblongue  ou  ovale ,  semblable  ,  en  forme  de 
cuilleron,  saillant  obliquement  en  avant  et  à  l'intérieur  des 
valves  ;  sans  trace  de  lame ,  ni  de  côte  au-dessous. 

Les  valves  de  cette  coquille  sont  retenues  par  deux  ligaments  : 
l'un  interne,  cartilagineux,  fixé  dans  les  cuillerons;  l'autre  exter 
ne, très-étroit  et  fibreux,  placé  sur  lamarge  cardinale  extérieure 
et  postérieure.  Elle  a  deux  impressions  musculaires  dissimilai- 
res :  V antérieure  oblongue,  oblique,  étroite  ,  arquée,  atténuée 
au  sommet  et  écartée  du  cuilleron  ;  la  postérieure  arrondie,  rap- 
prochée de  la  charnière.  Son  excavation  palléale  est  oblongue, 
arrondie  en  avant,  horizontale  ;  Vangle  palléal  est  triangulaire, 
allongé  et  aigu. 

Les  véritables  Anatines ,  celles  que  l'on  s'accorde  à  considérer 
maintenant  comme  devant  appartenir  à  ce  genre  et  seules  le 
composer,  ont  pour  limites  les  caractères  suivants  :  coquille 
transversale  ,  oblongue  ou  ovale,  subéquivalve ,  inéquilatérale  , 
très-mince ,  fragile  ,  vitrée,  rude  au  toucher ,  très-baillante  au 
côté  postérieur,  ayant  les  crochets  protubérants  et  fendus.  Sa 
charnière  est  formée  par  une  dent  en  cuilleron  ovale  ou  oblong, 
obliquant  fortement  en  avant,  semblable  sur  chaque  valve, 
soutenue  par  une  lame  mince,  falciforme,  disposée  en  arc-bou- 
tant ,  prolongée  en  dedans  du  centre  des  valves  et  dont  le 
tranchant  est  opposé  l'un  à  l'autre  ;  une  seconde  lamelle  ou 
costule  linéaire ,  souvent  obsolète,  faisant  toujours  peu  de  saillie, 
borde,  à  l'intérieur,  la  partie  postérieure  de  la  fente  des  som- 


TRAVAUX    INÉDITS.  409 

mets ,  et  se  prolonge  plus  ou  moins  sur  le  disque  des  valves. 
Ligament  double,  l'un  interne  cartilagicux ,  reçu  dans  les 
cuillerons,  l'autre  externe  et  très-mince  ;  quelquefois  en  avant 
des  cuillerons ,  on  trouve  un  osselet  changeant  de  forme,  selon 
les  espèces ,  soutenu  par  le  ligament  cartilagineux.  Impression 
musculaires,  similaires,  ovales,  Tantërieure  ordinairement  plus 
éloignée  des  crochets  que  la  postérieure.  Excavation  palléale 
très-superficielle ,  souvent  effacée ,  très-profonde ,  horisontale  et 
arrondie  en  avant.  Vangle  palléal  allongé  et  étroit  (l). 

En  présence  de  caractères  aussi  tranchés  ,  est-il  possible  de 
confondre  dans  un  même  genre  la  Ligula  prœtenuis  et  les 
Anatines?  Ne  doutant  pas  de  la  réponse  de  nos  lecteurs  ,  nous 
allons  établir  la  même  comparaison  avec  les  véritables  Amphi- 
desmes  ,  c'est-à-dire,  avec  celles  que  nous  croyons  devoir  seules 
appartenir  à  ce  genre ,  d'après  les  limites  posées  dans  notre  dis- 
cussion relative  à  l'établissement  du  genre  Syndosmye. 

Les  Amphidesmes  ont  une  cogue7/c  orbiculaire  ou  transversale, 
à  crochets  peu  saillants,  munie  d'un  faible  pli  vers  le  côté  pos- 
térieur ,  Lunule  lancéolée  étroite ,  profonde.  Leur  charnière  se 
compose  de  deux  dents  cardinales ,  saillantes,  presque  parallèles 
et  lamelleuses,  sur  chaque  valve  :  L'antérieure  sur  la  valve  droite 
et  la  postérieure  sur  la  valve  gauche,  ordinairement  plus  petites 
ou  obsolètes;  d'une  fossette  très-allongée,  obliquant  fortement  en 
arrière,  creusée  sur  un  bord  cardinal  très-calleux  ,  très-saillant 
en  dessous  et  sur  le  bord  médian  inférieur  ;  enfin ,  de  deux  dents 
latérales ,  robustes,  voisines  des  cardinales ,  sur  chaque  valve  : 
celles  de  la  droite  dédoublées  pour  recevoir  les  dents  correspon- 
dantes et  simples  delà  valve  g&uche. Ligament  double  •■  L'interne 
très-épais,  cartilagineux  remplissant  la  cavité  de  chaque  fossette;  à 
y  externe  linéaire,  s'étendent  des  crochets  derrière  les  dents  laté-. 
raies  postérieures.  Impressions  musculaires  similaires ,  ovales- 
oblongues,  verticales  :  la  postérieure  rarement  ou  à  peine  un 

(1)  Nous  ne  rapportons  à  ce  genre  que  les  espèces  suiTantes: 

a  Espèces  pourvues  d'un  osselet  connu ,  tricuspide  ou  en  forme  de  deux  arcs  réunis 
par  les  extrémités. 
Anatina  truncata  L&m.  Anat.papyracea,  Gould. 

b.  Espèces  dépourvues  d'osselet  ou  doat  celui-ci  est  encore  inconnu. 
Anatina  Lanterna  et  subrostrala  (Anat.  Olor.  Valenc.)  Lam.  ,  elliptica.  Beck  (ex  fide 
Petit).  Anat.  Ueutaudt ,  Miltre  ,   Anat.  prismatica ,  Sowerby  ,  etc.   Les  autres  espèces 
décrites  nous  sont  inconnues,  à  l'exception  d'une  du  Brésil  et  dont  le  nom  nous  échappe 
(Col.  de  U.  Petit). 


410  REVUE  ZOOLOGIQUE.  (Novembre  1845.  ) 

peu  plus  allongée.  Excavation  palléale  bien  empreinte,  ovale- 
oblongue ,  dirigée  obliquement  et  en  avant  sur  le  centre  des 
valves  qu'elle  atteint,  où  elle  s'arrondit  et  devient  plus  large  qu'à 
son  départ.  Angle palléal  trigone  et  presque  aigu  (1).  Quelques- 
unes  ont  le  corselet  bien  marqué  ,  d'autres  l'ont  effacé. 

Comment  introduire  la  Ligula  prœtenuis  dans  un  genre  dont 
les  caractères  sont  si  différents?  Passons  à  l'examen  des  carac- 
tères génériques  du  Cochlodesma. 

M.  Gou\d  {Invertebrate  ofMassachussets,  p.  49)  nous  paraît 
vouloir  introduire  la  Ligula  prœtenuis  dans  le  genre  Cochlo- 
desma de  M.  Gouthouy,  d'après  la  phrase  suivante,  extraite  de 
son  ouvrage  :  a  Cette  espèce  {Cochlodesma  Leana ,  Anatina 
Leana^  Conrad)  très-comprimée,  ressemble  à  la  Mya  (Cochlo- 
desma) prœtenuis  de  Pennaut  Ligula  prœtenuis,  Montagu),  mais 
en  diffère  en  ce  qu'elle  est  plus  arrondie  ,  moins  convexe,  moins 
étroite  au  côté  postérieur  et  qu'elle  n'a  aucune  trace  d'épiderme 
granuleux  ou  chagriné,  comme  cette  coquille  ».  M.  Gould  aurait 
pu  ajouter  qu'elle  en  diffère  encore  génériquement,  comme  nous 
allons  le  démontrer  ,  par  l'analyse  des  caractères  des  Cochlodes- 
mes  pris  sur  l'espèce  même  que  M.  Gould  a  décrite  sous  ce  nom 
générique. 

Les  CocHLODESMES  Ont  pour  caractère  une  coquille  transverse, 
équivalve,  subéquilatérale ,  baillante  antérieurement ,  mince  , 

(1)  De  toutes  les  coquilles  biralres ,  décrites  sous  le  nom  d'Amphidesme,  nous  ne  rappor- 
tons à  ce  genre  que  les  espèces  suivantes  -• 

1°  Amphidesma  rettcuiofum Sowerby, Gen.  of  shells,  fig.  2  (Tellina  reticulata,  Linné, 
Syst.  nac.  12,  p.  1119,  n°  63,  Maton  et  Rack.  Lin.  tr.  8,  p.  54  t,l,  fig.  9  (benè).— Rumph.  Mus. 
pi.  43,  f.  E.  Chemnitz  Conch.  6, 1. 12,  f.  118  (benè)  :  Tellina  proficua  Pulteney,  Dort.  cat. 
p. 29,  lab.  5,  f.  4  (nonvidi)  Montagu,  Test.lirit.,  p.l67.  Encycl.  méth.,  t.  299,  t.  21).— 2°  Amph. 
variegatum,  Lamk.  An.  a.  vert.,  5,  p.  491,  n°  1  (Sowerby.  Gen.  of  shells ,  fig.  1,  (benè) 
et  Conch.  illust.  g.  Tellina,  Encyclopéd.  méth.  t.  291,  f.  3).  —  3°  Amphid.  roseum  So- 
werby, Proceed.  (1832)  p.  199  et  Conch.  illustr .  fig.  1.  —  4°  Amph.  pulchrum  Sowerby, 
Proceed.  ibid.  p.  67  et  Conch.  ill.  f.  2  et  2  a.— S'»  Amph.\paUidum,  Sowerby,  ibid.  p.  199 
et  Conch.  ill.  f.  3.  —  6°  Amph.  australe,  Sowerb.  Ibid.  p.  200  et  Conch.  illustr.  f.  4.  — 
7°  Amph.  purpurascens  Sowerby,  l.  c.  p.  199  et  Conch.  illustr.  t.  S5.  —  8"  Amph.  lœve, 
Sowerby,  l.  c.  p.  199  et  Conch.  ill.  f.  6.  —  9°  Amph.  punctatum  Sowerby,  l.  c.  p.  200  et 
Conch.  illust.  t.  7.  —  Var.  B.  Encycl.  méth.  t.  292,  f.  4  (benè).— 10°  Amph.  formosum  So- 
werby, /.  c.  p.  199et  C'onc/i.îV/.  f.  8.-11»  Amph.  /en^icu/ore  Sowerby,  i.c.  p.  200 et  Conch. 
ill.  f.  9.  — 12°  Amph.  rupium,  Sowerby,  L  c.  p.  199  et  Conch.  ill.  f.  10—13°  Amph.  de- 
cisa,  Conrad,  Journ.  Acad,  nat.  se.  vol.  7,  p.  239  (vidi).—  14°  Amph  ?  achatina  (Tellina 
ac/io<tnaChemn.ll,t.200,f.  19.^7,  19S8.  Amph.  variegata,  nas.B.  Lk).— Les  Amphidesma 
solidum  Gray  (hab.  Arica  ex  fide  Jay),  Amph.  ellipticum,  Sovi^erby  Proceedings  (1832) 
p.  200  et  Amphidesma  corrugatum  Sow.  l.  c.  p.  200,  nous  étant  inconnues,  nous  ne  les 
citons  ici  qu'avec  réserve.  Mais  il  faut  en  exclure  avec  certitude  les  Amphidesma  com 
pressum. ,  Boyssii,  tenue  et  prismaticum  que  M.  Sowerby  veut  y  introduire  et  dont  il  loue 
l'afTinité  avec  les  nôtres  (Voyez  Gen.  of  shells,  art.  Amphidesma),  et  que  M.  Sowerby  ju- 
nior, Conch.  illustrations,  se  propose  de  faire  figurer  dans  ce  genre,  ainsi  que  le  témoigne 
la  table  des  espèces  donnée  en  tète  de  ses  Conch.  illustrations. 


TRAVAUX    INÉDITS.  411 

fragile,  subpel lucide,  à  crochets  fendus  légèrement  et  peu  sail- 
lants. Charnière  pourvue  d'un  cuilleron  vertical ,  semblable  sur 
chaque  valve,  adhérant  à  une  callosité  qui  borde  la  marge  car- 
dinale postérieure,  et  soutenu  par  une  côte  obtuse,  forte,  cou- 
rant obliquement  du  côté  postérieur;  une  costule  linéaire  anté- 
rieure subverticale  part  des  crochets ,  passe  sous  les  cuillerons 
et  se.  prolonge ,  en  obliquant  un  peu  postérieurement ,  vers  le 
centre  des  valves.  Ligament  double  :  l'interne  cartilagineux, 
adhérant  aux  cuillerons  ;  l'externe  très-mince  et  fibreux  ;  aucune 
trace  d'osselet.  Impressions  musculaires  dissimilaires  :  l'anté- 
rieure très-oblique ,  oblongue-réni forme;  la  postérieure  sub- 
trigone,  tronquée  antérieurement.  Excavation  palléale  oblon- 
gue ,  arrondie  en  avant  ;  angle  du  manteau  oblong ,  triangu- 
laire (1). 

Il  résulte  de  ces  caractères  que  le  genre  Cochlodesme  diffère 
du  genre  Ligule  réformé  par  ses  crochets  fendus,  son  cuilleron 
vertical  soudé  avec  la  callosité  bordant  la  marge  cardinale  pos- 
térieure ,  ses  deux  côtés  obliques ,  ses  impressions  musculaires  et 
palléale  et  par  l'angle  de  celle-ci.  Il  est  indubitable,  au  moins 
pour  nous  ,  que  cette  fente  des  crochets  dans  les  Anatines ,  Péri- 
plomes  et  Cochlodesmes ,  ne  doit  pas  seulement  servir  à  donner 
de  l'élasticité  aux  valves  ;  qu'elle  tient  soit  à  l'organisation  de 
l'habitant  de  ces  coquilles ,  soit  à  des  mœurs  autres  que  chez 
ceux  dont  les  coquilles  ont  des  crochets  entiers.  Quelle  qu'en 
soit  l'explication,  les  Ligules  diffèrent  trop  des  Cochlodesmes 
pour  qu'il  soit  possible  de  les  réunir  dans  un  même  genre.  Ces 
dernières  ont  certainement  plus  d'affinité  avec  certaines  Anatines 
moins  fortement  baillantes  postérieurement  que  les  autres  et 
également  avec  quelques  Périplomes  équîvalves  ;  cependant  la 
position  de  leur  cuilleron  ,  leurs  crochets  non  échanchrés  en 
dedans  ,  la  forme  de  la  côte  postérieure ,  celle  des  impressions 
et  l'absence  d'osselet  les  distinguent  parfaitement. 

Des  trois  espèces  dont  nous  composons  notre  genre  Ligule ,  il 
en  est  une  sur  laquelle  nous  devons  donner  quelques  explica- 
tions.  Deux  réunissent ,  pour  nous  ,  toutes  les  conditions  né- 


(1)  La  seule  espèce  de  ce  genre  qui  nous  soit  connue  est  la  suivante  : 

Cochlodesma  Leana  Couthouy,  Bouton  ,  Journal  Nat.  history,  2  p.  170.— Gould,  Inver- 

tebr.  of  Matsachussetts,  p.  49  ng.  89-30  benè.  Anadna  Leana,  Conrad,  Journal  acad.nat. 

sciences,  6  p.  S63,  t.  11,  f.  11. 


412  REVUE  zooLOGiQDE.   (Novembre  1845.) 

cessaires  ,  telles  sont  la  Ligula  prœtenuis  de  Montagu  et  VAna- 
tina  oblonga  de  M.  Philippi.  Ëa  première  dous  est  connue  eu 
nature,  nous  la  possédons  des  côtes  d'Angleterre;  la  seconde 
a  pour  nous  le  même  degré  de  certitude.  Quant  à  la  troisième  , 
elle  ne  nous  est  connue  que  par  la  figure  2  de  la  planche  1  de 
Montagu ,  et  par  ce  qu'en  disent  Turton  et  M.  Macgillivray. 
Le  premier  en  donne  la  description  suivante  :  «  Anatina  decli- 
vis  5  coquille  presque  d'un  pouce  de  long  (25  mill.  et  1/3) 
et  un  pouce  et  demi  de  large  (37  mill.) ,  plate,  rude  au  toucher  , 
d'une  couleur  assez  obcure  au  côté  tronqué  {postérieur).  Elle 
ressemble  beaucoup  aux  jeunes  coquilles  de  VAnatina  puhes- 
cens  (Turton.  —  Thracia  pubescens  Leach)  ;  mais  elle  en 
diffère  par  ses  dents  ovales,  élancées,  s'étendant  en  avant  et 
privées  d'aucune  adhérence  latérale.  —  Montagu  a  donné  une 
bonne  figure  de  cette  coquille  ,  mais  sa  description  est  celle  de 
la  Mya  prœtenuis  ;  car  Montagu  dit  :  cette  coquille  n'est  pas 
tronquée. —  Turton,  Brit.  biv.  p.  47,  n°  4.  » 

Cette  description  correspond  exactement  avec  la  figure  pu- 
bliée par  Montagu  et  les  caractères  de  l'une  et  de  l'autre  appar- 
tiennent bien  positivement  au  genre  Ligule  tel  que  nous  le  circon- 
scrivons. Il  en  est  de  même  de'  la  description  que  M.  Macgilli- 
vray donne  de  la  même  espèce.  Mais  ce  qui  nous  conduit  à  par- 
ler ici  de  cette  Ligula  declivis  c'est  la  connaissance  que  nous 
avons  acquise  d'une  espèce  voisine  par  ses  caractères  extérieurs, 
figurée  dans  un  ouvrage  récemment  publié  en  Angleterre , 
nous  voulons  parler  de  la  Thracia  declivis  de  M.  G.  B.  Sowerby, 
fiurée  par  M.  Thorpe,  in  British  marine  Conchology,  p.  42.  Cette 
figure  ,  donnée  par  M.  Thorpe  dans  son  ouvrage  ,  se  rapporte 
exactement  à  une  Thracia  declivis  envoyée  d'Angleterre  à 
M.  Petit  de  la  Saussaie  par  M.  Bean,  de  Scarborough,  en  plusieurs 
exemplaires  ,  et  appartenant  parfaitement  au  genre  Thracie  des 
auteurs  modernes.  Cette  Thracia  declivis  de  MM.  Sowerby, 
Thorpe  et  Bean  a  tant  de  rapports  avec  V Amphidesma  phaseo- 
lina  Lamk  [Thracia phaseolina,  Kiener),  que,  sans  un  examen 
attentif,  on  pourrait  à  l'instant  les  confondre.  Cependant  on 
remarque  que  la  Th.  declivis  de  ces  trois  conchyliologues  d'An- 
gleterre est  :  1»  proportionnellement  un  peu  moins  grande  ; 
2°  plus  convexe  à  sa  marge  dorsale  antérieure  ;  3°  plus  inclinée 
à  la  marge  dorsale  postérieure  ,  et  la  troncature  de  ce  côté  plus 


TRAVAUX    I!SÉ1>ITS.  413 

nettement  prononcée  ;  4»  que  la  coquille  est  équivalve  et  non 
très-inéquivalve  ,  bien  que  la  valve  gauche  soit  un  peu  plus 
courte  que  la  valve  droite,  mais  ni  l'un  ni  l'autre  ne  se  dépassent 
point  an  bord  inférieur  ou  ventral  ;  5°  que  cette  coquille  est 
très-baillante  au  côté  antérieur  (au  lieu  d'être  presque  close), 
ainsi  qu'au  côté  postérieur  ;  6<»  que  les  cnillerons  sont  sensible- 
ment plus  saillants  en  dedans  des  valves  ;  7"  enfin  que  la  valve 
droite  est  pourvue  ,  en  avant  du  cuilleron ,  d'une  dent  en 
crochet  semisphérique  ,  dont  la  moitié  supérieure  ,  lorsque  les 
valves  sont  rapprochées,  vient  border  la  marge  antérieure  du 
cuilleron  de  la  valve  gauche.  Cette  dent  n'est  pas  mobile  mais 
fixe.  Cette  dent  manque  sur  la  Th.  phaséoline. 

Il  est  évident  que  ces  caractères  sont  tout  à  fait  opposés  à 
ceux  que  Turton  donne  à  son  Anatina  decUvis  ,  et  à  ceux  que 
M.  Thorpe  a  tracés  de  sa  Thracia  declivis  ,  en  voici  la 
preuve  : 

«  Thracia  declivis  (Turton,  £rit.  biv.^  p.  47.  Mya  declivis^ 
Mont.  Test.  Brit.,  t.  1,  f.  2.  Amphidesma  déclive^  Fleming). 
Coquille  ovale  oblongue  ,  un  peu  comprimée,  anguleuse,  tron- 
quée et  baillante  au  côté  le  plus  antérieur  (postérieur,  Blainv.) , 
blanche,  finement  chagrinée,  large  et  arrondie  postérieurement 
(antérieurement).  —  l-I  1/2  Torbay.  »  —  Elle  diffère  de  la 
T.  pubescens^  par  des  dents  grandes,  ovales  et  saillantes,  qui 
s'étendent  en  avant  et  n'ont  aucun  point  d'attache  sur  les  côtés 
(avec  le  bord  cardinal).  Thorpe,  p.  42. 

M.  Thorpe  aurait-il  fait  figurer  la  Thr.  declivis  de  M.  Sow^erby 
et  décrit  sous  ce  nom  V Anatina  declivis  de  Turton?  ou  bien  ces 
deux  coquilles  semblables  par  la  forme  extérieure  ne  différe- 
raient-elles que  par  la  charnière?  C'est  probablement  ce  qui  doit 
'être.  C'est  de  la  coquille  de  Turton  qu'il  s'agit  dans  notre  mono- 
graphie, et  c'est  pour  éviter  tout  reproche  en  même  temps  que 
pour  prévenir  toute  confusion,  que  nous  avons  dû  parler  ici  de 
la  Thr,  declivis  (I)de  MM.  Sowerby  et  Beau. 

Avant  de  passer  aux  caractères  du  genre  et  des  espèces,  nous 
tenons  à  dire  un  mot  sur  la  différence  que  nous  faisons  entre 

(1)  Ce  nom  de  Declivis  a  été  primitivement  imposé  par  Donovan  à  V Anatina  Myali» 
Lamk,  c'estdonc  i  celle-ci  qu'il  faut  le  restituer.  Cela  fait,  le  nom  de  l'espèce  de  MM.  So- 
werby et  Bean  doit  être  changé,  pour  éviter  toute  confusion  dans  la  nomenclature  des 
espèces  de  ce  genre,  en  celui  de  Thracia  Beaniana,  en  faveur  de  M.  Bean,  dont  les  re- 
cherches et  découvertes  ont  enrichi  le  catalogue  des  Mollusques  d'Angleterre. 


414  REVD8  zooLOGiQDE.  {Novembre  1845.) 

la  Ligula  distorta  de  Montagu  et  VAnaiina  disiorla  de  Turlon 
vivant  toutes  les  deux  sur  les  côtes  d'Angleterre  et  de  Norwége 
(cabinet  de  MM.  Deshayes  et  Petit  de  la  Saussaie).  On  va  voir 
dans  quel  but  nous  faisons  mention  ici  de  ces  différences. 

La  Ligula  distorta  de  Montagu,  est  une  coquille  oblongue  , 
très-inëquilatérale,  transverse,  à  cuillerons  horizontaux  et 
juxta-posés  sur  le  bord  cardinal;  celle  de  Turton  est  ovale- 
arrondie ,  subéquilatérale  ,  peu  transverse,  à  cuillerons  verticaux 
et  n'ayant  aucune  adhérence  avec  la  marge  cardinale  supérieure 
des  valves.  La  première  est  identique  avec  la  Thr.  corbuloides 
Kiener,  variété  étroite  en  longueur  etbisinueuseàlamarge  infé- 
rieure ,  des  côtes  de  l'île  d'Hyères  (1  ).  L'autre  est  une  espèce  dif- 
férente dont  le  nom  doit  être  changé  en  celui  de  Thracia  Tur- 
toniana,  en  faveur  du  savant  auteur  de  sa  découverte. 

Pour  ceux  qui  ne  possèdent  pas  l'ouvrage  de  Montagu ,  il  est 
utile  de  faire  observer,  par  rapport  à  ce  que  nous  avons  dit  dans 
la  première  partie ,  que  c'est  avec  raison  que  les  caractères  du 
genre  Ligule  de  Montagu  ne  se  rapportent  pas  à  sa  Ligula  dis- 
torta ,  puisque  ses  cuillerons  sont  juxta-posés  suv  le  bord  dor- 
sal postérieur.  Pour  ceux  qui  n'ont  que  l'ouvrage  de  Turton,  nous 
tenons  à  leur  faire  observer  que ,  quoique  Vanatina  distorta 
de  cet  auteur  ait  les  cuillerons  saillants  à  l'intérieur  des  valves 
et  que  ce  caractère  soit  en  contradiction  avec  ce  que  nous  avons 
dit  plus  haut,  cette  espèce  étant  différente  de  celle  de  Montagu, 
et  inconnue  à  ce  savant  conchyliologue ,  il  n'a  pu,  par  consé- 
quent ,  la  comprendre  dans  les  caractères  de  son  genre.  Nous 
avions  cru  inutile  de  donner  cette  explication ,  dans  la  première 
partie  de  cette  monographie  ,  mais  après  avoir  réfléchi  aux 
conséquences  qu'on  pouvait  tirer  de  la  figure  de  Vanatina  dis- 
torta de  Turton,  en  l'absence  de  celle  de  Montagu,  figure  à  la- 
quelle Turtona  donné  le  même  nom,  nous  avons  jugé  nécessaire 
de  faire  cette  remarque. 

Genre  Ligule.  IJgula  Nobis,  partim  Montagu,  Test.  Brit.sup- 
plém.,p.  22,  non  Gray,nec  Philippi.  Anatinœ  species,  Turton, 
Brit.  biv..  Macgillivray.  Moll.  Aberdenshire.  Philippi  Enume- 
ratio  sive  Fauna  molluscorum. 

(1)  Nous  possédons,  de  cette  côte,  un  individu  tellement  identique  avec  la  coquille  fi- 
gurée par  Montagu,  qu'on  serait  toutafait  disposé  à  croire  qu'elle  a  dû  servir  de  modèle 
a  l'auteur  de  la  figure  des  Testacea  britanmca. 


TRAVAUX    INÉDITS.  415 

Caractères  génériques. — Animal  inconnu. — Coquille  libre, 
ëquivalve,  ordinairement  inéquilatérale  ,  transversale,  ovale- 
oblonçjue,  plus  grande  et  arrondie  en  avant ,  atténuée  en  arrière, 
peu  bâillante.  Crochets  petits  et  entiers.  Charnière  formée,  sur 
chaque  valve,  d'une  dent  ou  cuilleron  ovale  ou  oblong,  égal, 
obliquant  fortement  à  l'intérieur  des  valves.  Ligament  double  : 
Vinterne  cartilagineux,  fixé  dans  les  cuillerons;  V externe  Vi- 
néaire  et  fibreux.  Deux  impressions  musculaires  '.V  antérieure 
oblongue  ,  un  peu  oblique,  étroite,  arquée  ;  ]a  postérieure  petite 
et  arrondie.  Excavation  palléale  profonde  ,  oblongue  ,  obtusé- 
ment  arrondie  antérieurement,  axecVangle  du  manteau  allongé, 
triangulaire  et  aigu  postérieurement. 

Characteres generi.  —  Animal  ignotum. — Testa  libéra,  bi val- 
vis  ,  aequivalvis  ,  plerumque  inacquivalvis ,  transversalis ,-  ovato- 
oblonga,  antice  major,  rotunda,  postice  sensim  attenuata,  parum 
hiante.  Apices mmuii ,  acuti,  integerrimi.  Cardo  dens  cardina- 
lis  cochleariformis  in  utraque  valvula  aequalis,  antrorsnm  obli- 
que porrectus,  constat.  Ligamentum  duplex:  internum  carti- 
lagineum,  cochlearibus  affîxum;  externum  lineare,  fibrosum  , 
minimum.  Impressiones  musculares  duœ  :  antica  elongata ,  ar- 
cuata,  angusta,  parum  obliqua  ;posftca  parva,  rotundata.  Sinus 
palliaris  oh\ongus ,  antice  obtuse-rotundatus,  cum  angulo  pal- 
lii  elongato,  triangulari ,  postice  acuto. 

Les  Ligules  connues  jusqu'à  présent  sont  toutes  transversale- 
ment oblongues  ,  très- déprimées  ,  dilatées  en  avant ,  rétrécies 
en  arrière,  très-minces  ,  fragiles  ,  d'une  taille  au-dessous  de  la 
moyenne,  à  peines  bâillantes  soit  en  avant  soit  en  arrière,  et 
recouvertes  dans  l'état  de  vie  d'un  épiderme  très-mince.  La  sur- 
face des  valves,  sur  les  espèces  vivantes,  est  chagrinée  de  petites 
rugosités  qui  les  rendent  rudes  au  toucher  ;  une  espèce  fossile 
paraît  en  être  totalement  privée. 

Ces  coquilles  vivent  dans  les  régions  profondes ,  et  ne  sont 
apportées  sur  la  côte  qu'à  la  suite  des  tempêtes  ;  on  se  les  pro- 
cure ordinairement  de  la  pêche ,  sur  les  côtes  d'Angleterre  et  en 
Ecosse  où  elles  paraissent  assez  communes  ;  elles  sont  plus  rares 
sur  celles  de  France,  où,  jusqu'à  présent,  une  seule  a  été 
trouvée. 

Comme  nous  l'avons  dit  précédemment  ,  nous  avons  con- 
servé à  ce  genre  le  nom  de  Ligule  ,  par  respect  pour  la  mémoire 
Tome  Vin.  Année  1845.  27 


4-16  REvuK  ZOOLOGIQUE,   {Novembre  1845.) 

de  Montagu,  dont  nous  avons  appris  à  estimer  les  ouvrages  scien- 
tifiques ,  et  parce  que  l'espèce  type  de  son  ancien  genre  Ligule 
est  la  seule  ,  à  nos  yeux ,  qui  ait  des  rapports  évidents  avec  la 
partie  la  plus  essentielle  de  la  description  du  genre  de  ce  savant 
naturaliste.  En  outre  ,  nous  avons  cru  devoir  en  agir  ainsi  à 
l'exemple  de  M.  Sowerby ,  qui ,  du  genre  Amphidesme  de  La- 
marck,  s'est  servi  de  l'espèce  typique  pour  en  constituer  un 
autre  sous  le  même  nom  ,  mais  en  le  limitant  d'après  les  ca- 
ractères de  la  charnière  de  VAmph.  variegata  ,  Lamk. 

1.  LiGULA  PR^TENUis.  Montagu  ,  Test.  brit.  suppl.  ,  p.  22.  — 
Testa  ovato-oblonga ,  valde  compressa,  lœvissime  rugosa, 
exalbida,  pellucida,  tenuissima,  concentrice  tenuiter  striata  ; 
utroque  latere  rotundato  :  postico  longiore ,  altenuato  ,  cum 
margine  super o  parum  arcuato  ;  dentibus  ellipticis  ,  te- 
nuibus. 

Chama  prœtenuis  ,  Petiver,  Gazophylacium ,  t.  91 ,  fig.  4, 
benè. 

Mya  prœtenuis,  Monidigu,  Test,  brit..,  P-  41,  figura  eœclusa. 
Maton  et  Rackett,  Lin.  trans.  8 ,  p.  37.  Turton,  British  fauna, 
p.  147.  Donovan,  Brit.  shells..,  5,  tab.  176,  optimè.  Wood,  Gen. 
conch.,  p.  91,  t.  24,  fig.  7-9,  benè.  Pulteney,  Dorset  catal.,  t.  4, 
f.  7  {non  vidi).  Pennant,  Brit.  ZooL,  éd.  2  (1812),  t.  4,  p.  160, 
t.  50,  f.  1.  Turton,  Conch.  Dictionary,  p.  101.  De  Gerville,  Coq. 
Manche,  in  Soc.  lin.  Calvados,  t.  2  (1825). 

Anatina  prœtenuis  Turton ,  Brit.  bivalves ,  p.  48 ,  t.  4  ,  f.  4  , 
oplimè.  Macgillivray,  il/oZL  Aberdeen. ,  p.  294. 

Amphidesmaprœtenue,  Fleming',  Brit.  Animais,  p.  432. 

Habitant  les  régions  profondes  des  côtes  de  Torbay  (Turton), 
d'Aberdeen  (  Macgillivray  )  ,  de  Granville  (  de  Gerville  ).  Rare 
dans  cette  dernière.  Dimensions  :  hauteur  ,  25  mill.  ,  largeur  , 
37  1/2  millimètres.  Convex.,  5  mill. 

2.  LïGULA  DECLivis.  —  Tcsta  ovato-oblonga ,  compressa,  alba, 
lœvissime  rudi,  tenui;  latere  postico  breviore,  angulato,  trun- 
cato.  Mante,  cum  margine  supero  fere  recto  ;  dentibus  ova- 
tis ,  crassis. 

Mya  declivis ,  Montagu ,  Test,  brit.,  t.  1 ,  f.  2,  optimè.  Wood  , 
Gen.  conch.,  p.  93,  t.  18,  f.  3.  Turton,  Conch.  Dictionary , 
p.  98. 

Anatina  declivis,  Turton,  Brit.  6îv.,  p.  47  et  54. 


TRAVAUX    INÉDITS.  4-17 

Amphidesma  déclive^  Fleming,  Brit.  Animais,  p.  432. 

Anatina  truncata^  Macgillivray,  MoU.  Aberdeen^p.  295, 
Synon.  Linneano  (pro  Laniarckiano)  excluso  ;  non  Laink ,  nec 
Turton. 

Hab.  Les  mêmes  localités  que  la  précédente,  en  Angleterre. 
Altit. ,  24  mill. ,  Lat.  37  1/2  mill.  Convex.,  6  mill.  Selon  Turton, 
cette  espèce  ressemble  presque  aux  jeunes  individus  de  la  Thr. 
pubescens,  Leach  ,  mais  en  diffère  par  la  forme  de  ses  cuillerons 
obliques ,  saillants  en  dedans  des  valves  et  détachés  par  leurs 
cotés  du  bord  cardinal ,  tandis  que  la  Thracia  pubescens  a  ses 
cuillerons  placés  horizontalement  et  juxtaposés  sur  la  marge 
cardinale  postérieure.  La  Ligula  declivis  diffère  de  la  Ligula 
prœtenuis,  par  ses  dents  plus  épaisses,  par  son  côté  postérieur  , 
anguleux  et  décidément  tronqué  ,  et  en  outre  par  la  marge  su- 
périeure de  ce  côté  dirigée  obliquement  en  une  ligne  presque 
droite. 

3.  Ligula  oblonga.  —  Testa  ovato-oblonga,  compressa,  te- 
nuif  lœvi,  fragili ,  œquilatera,  antice  vix  hiante,  postice  an- 
gustata ,  subtruncata ,  cum  margine  supero  oblique  subrecto  ; 
dentibus  ovatis ,  latiusculis. 

Anatina  oblonga.  Philippi,  En.  moll.  sicil.  vol.  1,  p.  8,  t.  1, 
f.  4  et  vol.  2,  p.  7. 

Hab  Fossile  dans  le  calcaire  de  Palerme  (Sicile)  où  M.  Phi- 
lippi en  a  fait  la  découverte.  Alt.  22  mill.,  lat.  36  mill.  Convex., 
10  mill.  Cette  espèce  diffère  de  la  Ligula  declivis,  par  ses  di- 
mensions ,  par  son  côté  postérieur  moins  tronqué,  moins  angu- 
leux, nullement  rugueux  à  sa  surface,  ainsi  que  sur  toutes  les 
autres  parties  externes  de  ses  valves  ;  par  ses  dents  plus  arron- 
dies ;  et  enfin  ,  parce  qu'elle  est  équilatérale  et  non  inéquilaté- 
rale.  M.  Philippi  dit  que  son  impression  musculaire  postérieure 
est  ovale ,  tandis  que  sur  la  figure  elle  est  représentée  orbicu- 
laire  comme  sur  toutes  les  autres  espèces  du  genre. 


418  RKVDE  ZOOLOGIQUE.   {Novembrc  1845.) 

II.   ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Recherches  zoologiques  et  anatomiques  sur  les  Alcioyes^  par  le 
Docteur  A.  Krohn.  {Jrchiv  fur  Naturgeschichte  von,  ^N.  F. 
Erichson,  Berlin  ,  1845,  p.  171.) 

Le  genre  Alciopa[ku.à.  et  M.  Edw.i  très-voisin  des  PAî/Z/o- 
doces  (Savig.)  reuferme  jusqu'à  présent  trois  espèces  : 

1°  A.  Reynaudn  (Aud.  et  M.  E.)  qui  a  servi  à  établir  le  genre. 

2»  A.  candida  (Délie  Chiaje) ,  découverte  par  Délie  Chiaje. 

3*  A,  lepidota  (Krohn),  découverte  l'année  dernière  par 
l'auteur  de  ce  mémoire  et  non  encore  décrite.  Cet  Annélide 
forme  le  passage  aux  Phyllodoces ,  car  il  réunit  les  caractères 
des  deux  genres  ;  ses  caractères  doivent  faire  modifier  ce  qui  a 
été  écrit  sur  le  genre  Alciope. 

Caractères  génériques  des  Alciopes .  Corps  hyalin  s'amoin- 
drissantà  partir  du  milieu  ,  en  s'approchant  des  deux  extré- 
mités ,  mais  moins  en  avant  qu'en  arrière.  Tête  portant  deux 
yeux  latéraux,  saillants  en  dehors  ,  très-développés  ,  d'un  rouge 
jaunâtre. 

Antennes  au  nombre  de  cinq,  situées  à  la  face  supérieure  et 
antérieure  de  la  tête;  deux  paires  sont  situées  l'une  derrière 
l'autre,  et  derrière  elles  une  antenne  impaire  repose  sur  le 
milieu  du  sommet  de  la  tête  (Tentacules  de  quelques  auteurs). 
Tentacules  au  nombre  de  quatre  de  chaque  côté  ;  attachés  à 
l'anneau  le  plus  antérieur  du  corps  immédiatement  derrière  la 
tête  ( arrhes  tentaculaires  des  auteurs).  Ils  sont  bien  différents 
des  antennes,  par  leur  grandeur  et  leur  position;  différents, 
mais  peut-être  analogues  des  cirres  proprement  dits ,  qui 
accompagnent  les  tubercules  pédieux. 

Bouche  située  au-dessous  de  la  tête,  derrière  et  au-dessous  des 
antennes,  en  avant  des  tentacules.  Pharynx  en  forme  de  trompe, 
élargi  en  avant,  protractile,  manquant  de  mâchoire ,  et  muni  à 
la  circonférence  de  son  embouchure  de  papilles  coniques. 

Il  existe  de  chaque  côté  du  corps,  une  série  de  tubercules 
pédieux  ou  pattes  rudimentaires  ;  munis  de  soies ,  portés  par  les 
anneaux  du  corps.  Chaque  segment  ou  anneau  porte  sur  cha- 
cun de  ses  côtés  un  tubercule  pédieux,  muni  à  son  sommet  d'un 
faisceau  de  soies,  ou    arêtes  sétiformes,  étalées   en  éventail  et 


ANALYSES    d' OUVRAGES  NOUVEAUX.  419 

un  seul  acicule.  Chaque  tubercule  pédieux  est  accompagné 
de  deux  cirres  ayant  la  forme  de  feuille  ;  le  supérieur  qui 
est  le  plus  gros,  est  fixé  par  une  base  étroite  au  tubercule 
pédieux,  il  est  libre  dans  le  reste  de  son  étendue;  l'inférieur  est 
fixé  au  pied  par  son  bord  supérieur,  il  n'a  de  libre  que  son  bord 
inférieur  et  sa  pointe. 

Entre  chaque  deux  tubercules  pédieux  ;  et  derrière  eux, 
existe  une  élévation  arrondie  en  forme  de  mamelon ,  le  pi  s 
souvent  de  couleur  obscure ,  ou  d'un  brun  noirâtre ,  ou  rou- 
geâtre,  ou  d'un  jaune  soufre,  qui  repose  sur  une  tige  très- 
courte. 

Ces  élévations  contiennent  un  appareil  glandulaire  qui  sé- 
crète un  liquide  jaune  brunâtre,  visqueux,  se  délayant  facile- 
ment dans  l'eau  qu'il  colore.  Par  conséquent,  il  est  démontré 
par  là,  que  l'opinion  de  MM.  Audouin  et  M.  Edwards,  qui  consi- 
dèrent ces  organes  comme  des  branchies  (Appendice  branchial 
vésical)  est  tout  à  fait  erronée.  Si  l'on  compare  ces  caractères 
iz;énériques  à  ceux  des  Phyllodoces ,  ils  restent  comme  caractères 
propres  aux  Alciopes  : 

Le  plus  grand  développement  des  yeux,  leur  position  latérale, 
les  glandes  noires  de  la  peau,  et  enfin,  peut-être  aussi  la  grande 
transparence  de  la  substance  du  corps. 

1.  Alciopa  Reynaudii  (Aud.  et  M.  E.  . 

Elle  se  distingue  par  sa  forme  plus  ramassée.  Les  segments  ou 
anneaux  sont  plus  larges  que  longs.  L'anneau  postérieur  finit 
par  une  pointe  un  peu  obtuse. 

La  tête  fait  une  saillie  un  peu  arrondie  au-dessus  de  la  bouche 
et  entre  les  yeux,  qui  sont  médiocrement  développés  (1/4 
millim.),  de  sorte  que  la  largeur  de  toute  la  tête  est  à  peu  près 
à  celle  du  segment  moyen,  comme  1  '  I  1/2. 

Les  antennes  paires  sont  courtes ,  attachées  à  la  face  anté- 
rieure de  la  saillie  de  la  tête,  assez  fortement  écartées  latérale- 
ment de  la  ligne  médiane,  ainsi  que  les  yeux,  contre  lesquels  elles 
sont  appuyées.  Vantenne  impaire  est  placée  sur  le  milieu  de  la 
face  supérieure  de  la  saillie  de  la  tête,  elle  est  peu  développée  ; 
Andouin  et  M.  Edwards  l'ont  omise.  La  distance  qui  sépare  les 
yeux,  espace  que  la  bouche  occupe,  est  plus  grande  que  dans  les 
espèces  suivantes. 

Tentacules T^\\xs  grands  que  les  antennes;  cependant  leur  peu 


420  HEVDE  zooi.oGiQUE.   (Novembre  1845.) 

de  volume  absolu  empêche  de  distinguer  facilement  dans  quels 
rapports  ils  se  trouvent  avec  l'anneau  le  plus  antérieur.  Quoi 
qu'il  en  soit,  les  tentacules  de  la  paire  la  plus  antérieure  sont 
plus  gros  que  les  autres ,  et  font  saillie  en  dehors  à  la  face 
inférieure  des  yeux. 

La  bouche  renferme  une  trompe  très-courte  (  5  millim.) 
L'embouchure  de  celle-ci  est  munie  de  deux  papilles  très- 
longues  et  très-fortes;  situées  latéralement  vis-à-vis  l'une  de 
l'autre,  à  base  très-forte,  terminées  en  forme  d'alêne.  Elles 
servent  probablement  à  saisir  la  proie. 

Sur  l'animal  vivant  on  aperçoit  à  la  face  ventrale  de  chaque 
segment  antérieur,  une  bande  de  cils  s'agitant  vivement. 

Les  tubercules  pédieux  et  leurs  soies  sont  médiocrement 
développés ,  très-rapprochés  de  la  face  ventrale  du  corps  , 
laquelle  est  un  peu  aplatie.  Le  cirre  supérieur  en  forme  d'alêne 
a  sa  pointe  dirigée  en  haut.  La  pointe  du  cirre  inférieur  dépasse 
à  peine  le  tubercule  pédieux.  —  Longueur  totale,  10  à  13  cen- 
timètres. Très-commune  sur  les  côtes  de  la  Sicile. 
2.  Alciopa  candida  (Délie  Chiaje.). 

Elle  se  distingue  par  ses  anneaux  plus  nombreux  et  plus 
étroits,  d'où  résulte  une  plus  grande  longueur  du  corps  et 
une  forme  plus  élancée.  Les  anneaux  sont  presque  aussi  longs 
que  larges;  l'anneau  terminal,  obtusément  pointu,  se  prolonge 
souvent  sous  forme  d'un  appendice  filiforme,  noirâtre  (cirre 
anal)  qui  chez  quelques  individus,  paraît  remplacé  par  deux 
cirres  plus  courts.  Les  yeux  sont  une  fois  plus  gros  que  dans 
l'espèce  précédente  1/2  millim.),  très-rapprochés  l'un  de  l'autre, 
au  lieu  d'être  écartés  comme  dans  la  précédente.  La  tête  en- 
tière est  environ  aussi  large  que  les  segments  du  milieu  du  corps. 

Position,  grandeur  et  forme  des  antennes  et  tentacules  com- 
me dans  VA.  Reynaudii. 

La  bouche  forme  une  fente  allongée;  la  trompe  est  très- 
longue  quand  elle  est  étendue  en  avant  (13  à  27  millim).  Les 
papilles  en  forme  d'alêne  de  son  embouchure ,  sont  aussi  plus 
longues  et  plus  fortes. 

Les  anneaux  antérieurs  qui  manquent  de  tubercules  pédieux 
et  portent  les  tentacules,  sont  aussi  pourvus  de  rangées  de  cils 
vibratiles. 


JINALYSBS   d'ouvrages    NOUVEAUX.  421 

Souvent  on  trouve  des  individus  chez  lesquels  chaque  glande 
noire  s'unit  avec  celle  du  côté  opposé ,  au  moyen  d'une  portion 
qui  parcourt  transversalement  la  partie  dorsale  de  l'anneau, 
ce  qui  leur  donne  un  aspect  très-réguliérement  annelé  de  noir. 

Elle  est  aussi  fréquente  que  la  précédente. 

Certains  individus  ont  une  longueur  plus  considérable,  des 
yeux  plus  grands  ;  la  partie  antérieure  du  corps  moins  élancée, 
analogue  à  celle  de  VA.  Beynaudii;  les  tubercules  pédieux  et 
les  glandes  noires  rapprochées  de  la  face  ventrale  comme  dans 
cette  dernière  espèce  ;  tout  le  reste  est  semblable  à  VA.  candida. 
Est-ce  une  espèce  particulière,  une  variété  ?  11  est  plus  probable 
que  ce  sont  des  individus  de  VA.  candida  elle-même,  qui  sont 
tout  à  fait  arrivés  à  l'âge  adulte. 

3.  Alciopa  lepidota  (Krohn). 

Corps  cylindrique  ,  long  de  10  cent,  environ.  Anneaux  nom- 
breux ,  ayant  les  proportions  qu'ils  ont  dans  l'espèce  précédente. 

La  tête  avec  les  yeux  est  plus  grande  que  dans  celle-ci. 

Cette  espèce  se  distingue  surtout  des  deux  autres  par  un  dé- 
veloppement beaucoup  plus  considérable  des  antennes,  tenta- 
cules, tubercules  pédieux  et  de  leurs  cirres. 

Les  antennes  paires  sont  situées  sur  la  ligne  médiane,  très- 
rapprochées  l'une  de  l'autre ,  insérées  sur  un  renflement  allongé 
situé  près  de  la  bouche.  Vantenne  impaire  occupe  sa  place 
ordinaire.  Les  tentacules  sont  très-gros  ,  très-rapprochés  les  uns 
des  autres.  Ceux  de  la  paire  postérieure  et  en  même  temps 
supérieure,  se  distinguent  par  une  plus  grande  longueur  et  une 
plus  grande  force,  ils  ont  Smillim.  1/2  de  long.  Les  trois  autres 
paires  sont  à  peu  près  égales  entre  elles.  La  trompe  est  plus 
courte  que  dans  VA.  candida,  l'auteur  n'a  pas  pu  voir  ses  deux 
papilles  servant  à  la  préhension. 

hes  cirres  supérieurs  sont  très-grands;  ils  représentent  des 
plaques  en  forme  de  disque  ,  avec  une  base  étroite  reposant  sur 
le  tubercule  pédieux  correspondant.  Ces  plaques  sont  dirigées 
horizontalement  en  arrière ,  imbriquées  comme  des  écailles, 
couvrent  le  dos  en  ne  laissant  de  libre  qu'une  portion  étroite 
au  milieu  du  corps;  elles  se  détachent  facilement. 

Les  cirres  inférieurs  sont  plus  petits  que  ses  supérieurs ,  et 
semblables  à  ceux  des  autres  espèces,  mais  leur  pointe  fait  une 


^22  REVUE  zooLOGiQUE.  {Novembrc  1845.) 

saillie  assez  considérable  en  dehors  du  tubercule  pëdieux.  Le» 
glandes  noires  représentent  un  bourrelet  transversal ,  s'étendenfc 
de  la  face  dorsale  à  la  face  ventrale ,  leurs  deux  bouts  sont 
renflés,  arrondis. 

Cette  espèce  n'est  pas  aussi  transparente  que  les  autres  ,  elle 
est  partout  finement  tachetée  de  noir  brunâtre. 

Elle  est  rare.  Habifce  les  côtes  de  Messine. 

Cette  espèce  ressemble  beaucoup  aux  Phyllodoces  ,  elle  en 
aurait  tout  à  fait  la  forme  si  l'on  supposait  ses  yeux  moins  déve- 
loppés et  repoussés  davantage  vers  le  sommet  de  la  tête. 

Notions  anatomiques  sur  les  Alcioyes. 

1°  Peau  et  glandes  noires.  La  peau  sécrète  un  mucus  transpa- 
i^ent  abondant.  Plus  le  liquide  brun  contenu  dans  les  glandes 
noires,  en  est  expulsé  ,  plus  elles  se  décolorent,  ce  qui  porterait 
à  croire  qu'il  est  sécrété  par  un  appareil  glandulaire  situé  sous 
la  peau  ou  dans  son  épaisseur  et  versé  dans  ces  renflements  ou 
glandes  noires. 

2°  Enveloppe  fibreuse  et  appareil  musculaire  des  tubercules 
pédieux.  Les  Alciopes  rampent  assez  vite.  Les  cirres  aident  pro- 
bablement les  tubercules  pédieux  pour  la  natation. 

Les  fibres  musculaires  forment  deux  couches;  l'une  est  sous- 
cutanée,  elle  est  formée  de  fibres  longitudinales  disposées  en 
trois  bandes  laissant  des  lacunes  entre  elles  ;  la  bande  la  plus 
remarquable  est  située  sur  le  dos  qu'elle  couvre  ;  elle  envoie 
des  prolongements  latéraux  jusqu'aux  tubercules  pédieux.  Les 
deux  autres  bandes  sont  plus  étroites ,  elles  suivent  longitudi- 
nalement  la  face  ventrale ,  séparées  seulement  l'une  de  l'autre 
par  un  espace  étroit ,  qui  est  rempli  par  le  cordon  nerveux  gan- 
glionnaire. La  deuxième  couche  de  muscles  est  composée  de 
fibres  circulaires;  ces  fibres  sont  étendues  d'une  manière  égale 
entourant  tout  le  corps  sans  interruption.  Les  faisceaux  muscu- 
laires pour  le  mouvement  des  tubercules  pédieux  et  de  leurs 
faisceaux  de  soies,  comme  chez  les  autres  Annélides,  remplissent 
la  grande  lacune  existant  de  chaque  côté  entre  les  bandes  muscu- 
laires du  dos  et  du  ventre. 

3°  Pharynx  et  tube  digestif.  Le  paragraphe  précédent  est 
tellement  obscur,  la  description  des  couches  musculaires  faite 
avec  si  peu  d'ordre,  qu'il  est  diflicile  de  savoir  laquelle  des  deux 


AiSALYSES  d'oovrages  inodvkadx.  423 

couches  est  la  plus  superficielle;  cependant  l'auteur  a  peut-être 
été  encore  moins  clair  dans  ce  chapitre  ;  voilà  néanmoins  ce  que 
l'on  peut  en  extraire  de  plus  certain. 

L'auteur  semble  faire  entendre,  sans  le  dire  d'une  manière 
précise,  que  la  trompe  est  formée  par  la  membrane  du  pharynx 
qui  se  renverserait  au  dehors.  Ainsi  il  dit  :  Le  pharynx  est-il 
retenu  dans  le  corps  ,  on  trouve  chez  VA.  candida  entre  la 
bouche  et  le  pharynx  une  espèce  de  vestibule,  semblable  à  celui 
qui  existe  chez  les  autres  Annélides  munis  d  une  trompe  pro- 
tractile.  Ce  vestibule  a  des  parois  plus  minces  que  celles  du  pha- 
rynx, lesquelles  semblent  formées  de  deux  couches,  Tune  circu- 
laire, l'autre  longitudinale.  Le  vestibule  sert  à  recevoir  les  deux 
organes  en  forme  de  papille,  indiqués  plus  haut  comme  insérées  à 
l'embouchure  de  la  trompe.  Le  pharynx  fait-il  saillie,  il  renverse 
sur  elle-même  la  paroi  du  vestibule ,  de  sorte  que  sa  surface 
interne  est  dirigée  en  dehors  et  ses  plis  transversaux  s'effacent. 
11  n'existe  aucun  muscle  pour  la  protraction  et  la  rétraction  du 
pharynx,  mais  elle  est  effectuée  par  les  fibres  musculaires  de  sa 
paroi. 

Le  tube  digestif  fait  suite  au  pharynx ,  il  commence  vers  le 
treizième  ou  le  quinzième  anneau  du  corps.  Il  remplit  tellement 
la  cavité  du  corps,  qu'il  vient  s'appliquer  contre  la  face  interne 
de  l'enveloppe  musculaire.  Il  est  partagé  en  autant  de  chambres 
qu'il  y  a  d'anneaux,  par  des  cloisons  qui  dépendent  des  anneaux 
et  font  saillie  dans  son  intérieur.  Ces  cloisons  sont  percées  à 
leur  centre,  d'une  ouverture  qui  laisse  passer  le  tube  digestif. 
Le  diamètre  de  cette  ouverture  est  variable,  parce  que  les  cloi- 
sons renferment  des  fibres  circulaires ,  accumulées  autour  de 
l'ouverture,  de  manière  à  représenter  un  vrai  sphincter,  dont 
la  contraction  va  peut-être  assez  loin  pour  oblitérer  le  tube 
digestif,  et  séparer  ses  chambres  les  unes  des  autres.  Vers  le 
milieu  de  chaque  segment,  l'intestin  est  muni  d'une  paire  de 
dilatations  très- étroites,  qui  s'étendent  dans  les  tiges  creuses  des 
glandes  noires.  La  face  interne  de  l'intestin  est  tapissée  d'un 
epilhelium  à  lamelles  polygonales. 

40  Faisseaux  et  système  nerveux.  Le  système  vasculaire  a 
deux  troncs  principaux  ,  un  dorsal  et  un  abdominal  ,  ce  dernier 
un  peu  plus  large,  longe  la  face  inférieure  de  l'intestin.  Le 
sang  est  incolore  ,   transparent. 


4i4  REVUE  zooLOGiQUE.   {Novcmbre  1845.) 

Les  ganglions  céphaliques  nerveux  sont  réunis  par  un  cordon 
transversal  volumineux.  Leur  volume  est  toujours  proportionné 
à  celui  des  yeux ,  qui  sont  supportés  presque  immédiatement 
par  ces  ganglions.  Tout  près  des  yeux  naît  la  commissure 
pharyngienne ,  de  là  elle  descend  le  long  de  chacun  des  côtés  du 
vestibule  et  s'enfonce  dans  le  ganglion  le  plus  antérieur  du  cor- 
don abdominal,  qui  est  aussi  le  plus  gros.  Les  nerfs  des  an- 
tennes et  des  tentacules  paraissent  se  détacher  du  ganglion 
céphalique.  Chez  VAL  lepidota  les  tentacules  paraissent  recevoir 
leurs  nerfs  d'un  renflement  ganglionnaire ,  que  présente  cha- 
cune des  branches  de  la  commissure  pharyngienne  ,  vers  son 
milieu.  A  partir  du  troisième  anneau  ,  le  nombre  des  ganglions 
du  cordon  nerveux  paraît  s'accorder  avec  celui  des  anneaux. 

5°  Feuœ.  Les  yeux  des  Alciopes  sont  déjà  très-bien  organisés. 
L'œil  est  sphérique ,  la  face  antérieure  est  cependant  un  peu 
aplatie  et  supporte  une  cornée  convexe.  La  sclérotique  se  con- 
tinue avec  la  membrane  qui  enveloppe  le  ganglion  céphalique  ; 
elle  s'épaissit  un  peu  au  voisinage  de  la  cornée,  ici  elle  est 
tapissée  d'une  couche  de  pigment  qui  a  le  brillant  de  l'argent  et 
entoure  la  cornée  comme  un  anneau.  La  structure  microscopique 
de  ce  pigment  est  analogue  à  celle  du  pigment  des  Poissons.  La 
rétine ,  avec  un  pigment  d'un  rouge  orangé  qui  la  sépare  de  la 
sclérotique,  forme  la  deuxième  des  membranes  de  l'œil.  Elle 
est  plus  épaisse  en  arrière  qu'en  avant  ;  elle  s'étend  depuis  le 
ganglion  céphalique  jusqu'au  bord  de  la  face  antérieure  de 
l'œil.  Elle  est  formée  de  fibres  parallèles ,  dirigées  d'arrière  en 
avant ,  qui  forment  une  première  couche  extérieure  ;  mais  en 
outre  on  voit  une  multitude  de  petites  fibres ,  verticalement 
placées  par  rapport  aux  premières,  pour  former  une  deuxième 
couche  ou  couche  interne.  Avec  un  grossissement  convenable  on 
voit  que  cespetites  fibres  verticales  tournent  leur  bout  libre  vers 
le  corps  vitré ,  de  manière  à  représenter  comme  une  mosaïque 
de  petites  pointes.  Elles  sont  plus  longues  en  arrière  ,  là  où  la 
rétine  est  plus  épaisse ,  qu'en  avant  où  cette  membrane  est 
plus  mince.  Le  raccourcissement  se  fait  graduellement.  Outre 
cela  on  observe  que  le  pigment  rougeâtre  est  réparti  entre  les 
petites  fibres  verticales  de  la  couche  interne,  de  manière  à  en- 
tourer la  partie  moyenne  de  chaque  fibre ,  et  représente  par 
conséquent  une  mince  couche    pigmenteuse  percée  en  forme 


ANALYSES    D  OUVRAGES    NODVEADX.  4*25 

de  réseau  pour  le  passage  des  fibres  nerveuses.  Du  pigment  est 
en  outre  étendu  uniformément  entre  la  première  couche  de  la 
rétine  et  la  sclérotique  jusqu'à  la  cornée  ,  mais  cette  lame 
de  pigment  n'est  pas  disposée  en  réseau  comme  l'autre.  L'auteur 
croit  pouvoir  admettre  que  les  fibres  dressées  sont  formées  par 
les  extrémités  infléchies  des  fibres  longitudinales  de  la  couche 
externe  de  la  rétine,  mais  il  n'a  pas  réussi  à  le  démontrer  d'une 
manière  directe. 

Le  cristallin  est  sphérique  ,  formé  de  couches  concentriques 
dont  les  plus  denses  sont  au  centre.  Sa  moitié  postérieure  est 
enfoncée  dans  un  corps  vitré  considérable. 

6°  Génération.  Les  sexes  sont  séparés.  Les  œufs  et  les 
zoospermes  se  développent  librement  dans  la  cavité  du  corps, 
sans  qu'il  soit  besoin  pour  cela  d'organes  particuliers;  ces  phé- 
nomènes se  passent  vers  les  limites  des  chambres  du  tube 
digestif.  Les  œufs  sont  groupés  en  tas  à  l'intérieur  de  chaque 
anneau. 

Chez  les  mâles  les  zoospermes  se  développent  dans  des 
vésicules  ou  agrégations  de  cellules  ,  comme  dans  tous  les  autres 
animaux  ;  elles  sont  rondes  et  de  différentes  grosseurs.  On  en 
trouve  dans  chaque  segment ,  et  elles  remplissent  souvent  la 
cavité  des  tubercules  pédieux  et  l'intérieur  des  pédoncules  des 
glandes  noires.  On  distingue  aux  spermatozoïdes  une  partie 
renflée  et  une  queue. 

Chez  les  mâles  des  deux  premières  espèces  ,  l'auteur  a  trouvé  , 
directement  sous  la  peau  et  de  chaque  côté  de  la  face  ventrale, 
des  glandes  particulières.  Chaque  anneau  en  possède  une  paire, 
à  l'exception  peut-être  des  derniers.  Les  plus  grosses  corres- 
pondent aux  anneaux  du  milieu,  elles  diminuent  graduellement 
en  allant  vers  les  extrémités.  Chaque  glande  paraît  être  com- 
posée de  petits  sacs  en  cœcum  ,  s'abouchant  dans  un  conduit 
excréteur.  Le  conduit  se  rend  au  segment  situé  en  avant,  en  se 
dirigeant  vers  les  glandes  noires  elles-mêmes  ,  et  s'ouvre  pro- 
bablement à  côté  d'elles,  en  dehors. 

On  ne  peut  faire  que  des  suppositions  sur  l'utilité  de  ces 
glandes  et  sur  les  endroits  par  lesquels  les  œufs  et  les  spermato- 
zoïdes sont  versés  au  dehors.  (Ch.  R.) 


426  HEVUE  zooLOGigDE.  (Novembre  1845.) 

Essai  monographique  sur  les  Clérites,  insectes  coléoptères,  par 
M.  le  Marquis  Maxiniilien  Spinola.  Gênes,  1844.  (2  vol.  in-8, 
avec  planches  coloriées.)  (1). 

C'est  sous  ce  titre  modeste  que  notre  savant  collègue ,  auquel 
l'Entomologie  est  redevable  de  tant  de  travaux  remarquables  sur 
divers  ordres  d'insectes ,  vient  de  publier  un  ouvrage  d'autant 
plus  important  que  cette  famille  n'était  qu'imparfaitement  con- 
nue avant  lui.  L'auteur  fait  précéder  son  travail  par  des  consi- 
dérations générales  où ,  s'élevant  contre  la  méthode  fondée  sur 
le  nombre  d'articles  des  tarses ,  qui  a  servi  jusqu'à  présent  à 
diviser  l'ordre  des  Coléoptères,  il  propose  une  classification  toute 
nouvelle  de  cet  ordre ,  et  dont  nous  croyons  intéressant  de  pré- 
senter le  tableau. 

A.  Pouvant  renverser  leur  abdomen  sur  le  dos  de  leur  avant- 

corps,  au  point  de  mettre  leurs  extrémités  opposées  en  con- 
tact immédiat 1"  tribu.  Brachélytres. 

AA.  Ne  pouvant  pas  renverser  leur  abdomen  au-dessus  de  leur 
avant-corps. 

B.  Pouvant  rouler  leur  corps  en  boule ,   moyennant  la  flexion 

de  l'arrière-corps  au-dessous  de  l'avant- 
corps 2»  tribu.  Sphérimorphes. 

BB.  Ne  pouvant  pas  se  rouler  en  boule. 

C.  Pouvant  poser  leur  face  inférieure  sur  le  terrain  au  moyen 

des  loges  pectorales  qui  servent  de  retraite  aux  pattes  con- 
tractées  3°  tribu.  Byrrhiens. 

ce.  Posant  nécessairement  sur  leurs  pattes. 

D.  Pouvant  redresser  leur  avant-corps  contre  le  dos  de  l'arrière- 

corps 4e  tribu.  Elatérites. 

DD.  Ne  pouvant  pas  renverser  leur  avant-corps  sur  le  dos  de 
l'arrière-corps. 

E.  Ayant  leurs  tarses  munis  d'appendices 

libres 5«  tribu.  Appendicitarses. 

EE.  Dépourvus  d'appendices  tarsiens. 

F.  Tarses  munis  de  brosses  en  dessous.  6®  tribu.  Scopitarses. 
FF.  Tarses  dépourvus  de  brosses  en-dessous. 

(t)  Cette  notice  a  été,  imprimée  dans  le  dernier  numéro  de  184S  des  Annales  de  la 
Société  eutomologique  de  France.  Le  temps  nous  ayant  manqué  pour  faire  une  analyse 
de  l'ouvrage  de  M.  Spinola,  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  reproduire  celle-ci, 
due  à  M.  Audlnet  Serville  ,  qui ,  mieux  que  nous ,  était  capable  de  bien  faire  ce  tra- 
vail. (G.  M.). 


ANALYSES    d'oUVRAGES    NOUVEAUX.  427 

G.  Galette  palpiforme. 

n.  Pattes  propres  pour  la  marche.    .     .     .     7«  tribu.  Adëphages. 

HH.  Pattes  natatoires 8«  tribu.  Hydrocanthares. 

GG.  Galette  de  la  forme  ordinaire.  —  Toutes  les  autres  tribus  du. 
même  ordre. 

Sans  vouloir  suivre  l'auteur  dans  toutes  ses  vues,  je  me  per- 
mettrai seulement  de  faire  une  observation  sur  la  première 
tribu  ,  celle  des  Brachéîytres  ;  c'est  que  certains  genres  tels  que 
les  Omaliums^  les  Micropeplus  et  les  Proteinus^  qui  sont  rangés 
par  tous  les  auteurs  dans  cette  tribu  et  qui  ne  me  paraissent  pas 
pouvoir  en  être  détachés,  ayant  la  majeure  partie  de  l'abdomen 
couverte  par  les  élytres,  ne  semblent  pas  en  état  d'opérer  le 
mouvement  dont  M.  Spinola  donne  la  faculté  à  cette  tribu  pour 
unique  caractère.  Quant  à  la  deuxième  tribu ,  celle  des  Sphéri- 
morphes,  j'ignore  de  quels  Coléoptères  l'auteur  la  compose;  je 
n'en  vois  point  qui  puissent  se  rouler  en  boule,  faculté  dont  les 
Chrysides  parmi  les  Hyménoptères  et  les  Armadilles  dans  les 
Crustacés ,  nous  offrent  des  exemples ,  à  moins  que  M.  Spinola 
n'ait  eu  en  vue  le  genre  Gloharia  de  Latreille,  qui  est  un  Hydro- 
philien ,  ou  celui  d'Agathidium  d'Illiger,  qui  fait  partie  des  Cla- 
vipalpes,  ces  deux  genres  pouvant  à  la  rigueur  courber  leur  corps 
en-dessous. 

Venons  maintenant  à  la  tribu  qui  doit  nous  occuper  spéciale- 
ment, et  dont  la  famille  des  Clérites  fait  partie,  à  savoir  la  cin- 
quième, celle  des  Appendicitarses.  L'auteur  définit  ainsi  le  ca- 
ractère sur  lequel  elle  est  établie ,  c'est-à-dire  des  appendices 
aux  tarses  :  «  Un  appendice,  dit-il  ,  est  un  corps  charnu  et  mus- 
»  culaire ,  couvert  d'une  membrane  glabre  et  transparente , 
»  attaché  à  la  face  inférieure  d'un  article  tarsal.  »  (page  10.) 
M.  Spinola  ajoute  que  les  Coléoptères  qui  possèdent  ces  im- 
portants auxiliaires  forment  une  tribu  très-naturelle  (idem).  Il 
dit  en  outre  (  page  2  ,  ligne  1 1  )  qu'un  caractère  pour  la  forma- 
tion d'une  tribu  doit  être  exclusif.  Il  résulte  de  là  qu'il  semble 
que  tous  les  Coléoptères  pourvus  d'appendices  aux  tarses  tels  que 
l'auteur  les  définit,  doivent  être  rangés  dans  cette  tribu.  Cepen- 
dant il  y  a  plusieurs  genres  d'Élatérites,  tels  que  les  Pericallus 
et  les  Tetralobus  ^Encyclopédie  méthodique,  tome  X,  page  594), 
que  M.  Spinola  ne  place  point  dans  les  Appendicitarses  et  que 
leurs  autres  caractères  d'ailleurs  rangent   parmi  les  Klatérites, 


428  REvuK  ZOOLOGIQUE.   (Novembrc  1845.) 

tels  que  M.  Spinola  les  conçoit  lui-même  ,  lesquels  sont  pourvus 
de  ces  appendices  au  degré  le  plus  ëininent.  Je  dirai  aussi 
que  je  connais  beaucoup  de  genres  de  Buprestites  qui ,  consi- 
dérés, il  est  vrai,  dans  l'état  de  dessiccation,  n'offrent  point 
trace  d'appendices ,  ce  qui  me  fait  douter  que  dans  l'état  de 
vie  ils  puissent  en  avoir  de  semblables  à  ceux  que  l'auteur  leur 
attribue. 

Après  ces  observations  préliminaires  que  ma  conscience  me 
dicte  et  que  je  prie  M.  Spinola  de  me  pardonner,  nous  allons 
faire  connaître  la  manière  dont  l'auteur  divise  la  tribu  des 
Appendicitarses  : 

A.  Sans  appendice  au  dernier  article  des  tarses. 

B.  Prosternum  prolongé  en   pointe  au-dessous  du  mésoster- 

num  1"^«  fam.  Buprestites. 

BB.   Prosternum    non    prolongé   au-dessous   du  mésoster- 
num  2«  fam.  Clérites. 

AA.   Un  appendice  au  dernier  article  des 

tarses 3«  fam.  Cébrionites. 

11  résulte  de  ce  tableau  que  les  Cébrionites  sont  séparés  des 

Buprestites  par  les  Clérites,  ce  qui  me  paraît  contraire  à  l'ordre 

naturel ,  car  l'ensemble  des  caractères  me  semble  rapprocher  les 

Cébrionites  des  É latérites  et  par  conséquent  des  Buprestites,  ainsi 

que  l'ont  senti  tous  les  méthodistes. 

M.  Spinola  subdivise  ensuite  la  famille  des  Clérites  en  quatre 

sous-familles  de  la  manière  suivante  : 

A.  Prothorax  formé  de  deux  pièces  soulement ,  une  supérieure 

ou  tergum,  l'autre  inférieure  ou  prosternum. 

B.  Elytres  ayant  leurs  bords  extérieurs  subparallèles  et  collés 

contre  les  côtés  de  l'abdomen  dans  le  repos. 

C.  Yeux  à  réseau,  échancrésen  avant.  Antennes  insérées  au-de- 

vant des  yeux. 

Première  sous-famille. — Clérites-Cléroides. — Cette  sous-fa- 
mille est  la  plus  nombreuse  des  quatre,  elle  comprend  39  genres 
dont  18  nouveaux. 

1.  Cylidrus,  Lat.,  typ.  Clerus  cyaneus,  Fab.  ;  2.  Denops 
Stèv.,  typ.  Tillus  albofasciatus.^  Charp.  ;  3.  Tillus,  Oliv.,  typ 
Tillus  elongatus  ;  4.  *  Perylipus^  Spin.  ;  5.  Callitheres.,  Dej. 
typ.  Jodamus  acutipennis,  Delap.  ;  6.  Priocera ,  Kirb. ,  typ. 
Priocera  variegata,  Kirb.;  7.  Axina,  Kirb.,  typ.  Axina  ana 


ANALYSES    d'oDVRAGBS    NOUVEAUX.  429 

lis,  Kirb.  ;  8.  *  Stenocylidrus ,  Spin. ,  lyp.  Tillus  azureus , 
Klug.  ;  9.  *  Systenoderes,  Spin.;  10.  Colyphus,  Dup.  ;  11.  Cy- 
matodera,  Hop.,  typ.  Cymatodera  Hopei ,  Delap.;  12.  Xylo^ 
tretus,  Guér. ,  typ.  Xylotretus  viridis,  Guér.  ;  13.  *  Tillicera, 
Spin.;  14.  Tenerus,  Delap.,  typ.  Tenerus  prœustus,De\.;  15. 

*  SerrigeTy  Spin.;  16.  Omadius,  Delap.,  typ.  Omadius  indiens, 
Delap.  ;  17.  Stigmatium,  Gray. ,  typ.  Stigmatium  cicindeloides^ 
Delap.;  18.  Thanasimus,  Lat. ,  typ.  Cierus  formicarius,  Fab.; 
19.  Natalis,  Delap.,  typ.  Notoxus  porcatus ,  Fab.  ;  Thanero- 
clerus,  Westw, ,  typ.  Cierus  Buquetii,  Lefebv.;  21.  Trogoden- 
dron,  Guér.,  typ.  Trichodes  fasciculatus ,  Schon.;  22.  iVo- 
loxus,  Fab. ,  typ.  Notoxus  mollis,  Fab.  ;  23.  *  Olesterus ,  Spin. , 
9A.*  Scrobiger,  Spin.,  typ.  Cierus  splendidus,  Newm.  ;  25. 
Cierus,  Fab.;  2G,*  Chalcicler  us,  Spin. ,  typ,  Cierus  pulcher, 
Newm.;  27.  * Yliotis,  Spin.,  typ.  Cierus  fatuus,  Newm.;  28. 

*  Zenithicola;  29.  *  Tarsostenus ,  Spin.,  typ.  Cierus  univitta- 
tus,  Ross.  ;  30.  *Fburiphora,  Spin.  ;  31.  Trichodes,  Fab.,  typ., 
Trichodes  apiarius,  Fab.;  32.  * Aulicus,  Spin.,  typ.,  Cleru 
instahilis,  Newm.  ;  32.  his,  ^  Muisca,  Spin.  ;  33.  *  Platyclerus, 
Spin.,  typ.  Cierus  planatus,  Delap.  ;  34.  Phloiocopus,  Guér., 
typ.  Phloiocopus  tricolor,  Guér.  ;  35.  Enoplium ,  Latr. ,  typ. 
Tillus  serraticorne,  Fab.;  36.  *  PeZomwm ,  Spin. ,  typ.  ^no- 
plium  viridipenne,  Kirb.  ;  37.  *  Apolopha,  Spin. ,  38.  *  Mono- 
phylla,  Spin. 

ce.  Yeux  sans  échancrure  visibles  à  Tœil  nu ,  ou  bien  échan- 
crés  à  leur  bord  interne ,  et  alors  les  antennes  étant  insérées 
entre  les  yeux.  0 

Deuxième  sous-famille.  —  Clérites-Hydnccéroides.  —  Elle 
se  compose  de  huit  genres;  trois  nouveaux. 

39.  Phyllobœnus ,  Dej.;40.  Epiphlœus,  Dej.;  41  *  Ploca- 
mocera, Spin.;  42.  lchnea,De\ap. , typ. Ichnea Lycoïdes,  l>e\&p.; 
43.  Evenus,  Delap.,  typ.  Evenus  filiformis ,  Delap.  ;  44.  *  Le- 
midia,  Spin.,  typ.  Hydnocera  nitens,  ^ewm.;  4S.*  Ellipo- 
foma,  Spin.;  46.  hydnocera,  Newm.,  typ.  Cierus  humer alis ., 
Germ. 

BB.  Elytres  dilatées  latéralement  ;  leurs  bords  extérieurs  plus 
ou  moins  distants  des  côtés  de  l'abdomen. 

Troisième  sous- famille.  —  Clérites-  Platynoptéroides.  — 
Trois  genres  seulement  forment  cette  sous-famille. 


430  KEvuK  zooLOGiQDE.  (Novcmhre  1845.) 

47.  Erymanthus^  Klug.;  48.  Platynoptera  ^  Delap,,  typ. 
Platynoptera  Goryi,  Delap.,  49.  Pyticera,  Dup. 

AA.  Prothorax  composé  de  quatre  pièces  distinctes ,  dont  une 
supérieure  (tergum)  et  trois  inférieures ,  savoir  :  deux  épister- 
nums  latéraux  et  un  prosternum  médian. 

Quatrième  sous- famille.  —  Clérites-Corynétoïdes.  —  Neuf 
genres  se  placent  ici,  dont  cinq  sont  dus  à  M.  Spinola. 

50.  * Hyparus^  Spin.;  51.  *  Lebasiella^  Spin.;  52.  *  Ortho- 
pleura jSpin.^  typ.  Corynetes  sanguinicolUs ,  Fab.;  53.  6^/ia- 
nessa, Perty.,  typ.  Chariessa  ramicomis ,  Perty.;  54.  Notos- 
/enws,  Dej.;  55.  Corynetes,  Payk.,  typ.  Corynetes  violaceus ^ 
Payk.  Selon  M.  Spinola  ,  alors  il  faudrait  rejeter  toute  la  syno- 
nymie de  Fauteur  suédois ,  qui  se  rapporte  à  la  Necrobia  vio- 
lacea.  56.  iVecroôM,  Latr.,  typ.  Dermestes  violaceus  ^  Linn.,  ou 
Corynetes  violaceus,  Fab.,  en  rejetant  le  synonyme  dePaykull, 
si  l'on  adopte  l'opinion  de  M.  Spinola.  57-  *  Opetiopalpus , 
Spin.,  typ.  Corynetes  scutellaris ,  Panz.;  58.  *  Paratenetus , 
Spin. 

Nous  ferons  observer  au  sujet  de  ce  tableau  que  M.  Spinola  , 
qui  a  blâmé  ce  qu'on  apelle  la  méthode  tarsienne  ,  l'a  pourtant 
conservée  jusqu'à  un  certain  point  dans  la  classification  de  ses 
Clérites,  car  les  douze  premiers  genres  et  le  43"'  sont  pentamères, 
les  26«,  77"  et  28«  hétéromères  ,  et  tous  les  autres  tétramères 
avec  un  cinquième  article  plus  ou  moins  avorté. 

Dans  un  supplément  de  cinquante-cinq  pages ,  l'auteur  donne 
des  éclaircissements ,  des  changements  de  noms,  des  rectifi- 
cations et  \me  sorte  de  concordance  avec  un  ouvrage  du  docteur 
Klug  sur  les  Clérites,  publié  à  Berlin  en  1842  ,  mais  dont  M.  Spi- 
nola n'était  plus  à  temps  de  profiter ,  le  travail  de  ce  dernier 
étant  déjà  en  voie  d'impression  lorsqu'il  est  parvenu  à  se  pro- 
curer celui  de  M.  Klug.  Dans  ce  supplément  l'auteur  donne  les 
caractères  de  deux  genres  assez  voisins  des  Clérites  :  celui  de 
Dupontiella ,  Spin.,  ne  contenant  qu'une  seule  espèce  [D.  ich— 
neumonoides  ,  pi.  XII ,  fig.  4.),  et  ceux  d'un  second  genre  (Eu- 
rypus  ,  Kirb.)  placé  par  Latreille  et  Dejean  parmi  les  Clérites, 
mais  qui  en  est  banni  par  M.  Spinola  parce  qu'il  manque  d'ap- 
pendices aux  tarses  et  que  notre  auteur  le  croirait  mieux  à  sa 
place  dans  les  Hétéromères,  entre  les  Sparedrus  et  les  Lagria. 

Du  reste,  en  lisant  attentivement  cet  ouvrage  on  reconnaît  la 


SOCrÉtÉS  SAVAINTES.  431 

conviction  et  la  bonne  foi  avec  lesquelles  le  savant  auteur  émet 
ses  idées ,  et  le  soin  infini  qu'il  apporte  dans  ses  descriptions  des 
genres  et  des  espèces.  Cette  monographie  est  imprimée  avec  un 
luxe  typographique  remarquable  et  enrichie  de  47  planches 
coloriées  fort  élégamment,  dessinées  sous  les  yeux  de  M.  Spinola 
lui-même  par  un  de  ses  fils.  On  trouve  dans  le  texte  la  descrip- 
tion de  235  espèces ,  dont  plus  de  la  moitié  sont  nouvelles  ou  tout 
au  moins  décrites  pour  la  première  fois.  Presque  toutes  sont 
figurées  et  réparties  dans  59  genres  dont  23  nouveaux.  La  pre- 
mière sous-famille  en  renferme  à  elle  seule  39,  tandis  que  les 
trois  autres  réunies  n'en  comprennent  que  20. 

M.  Spinola  ayant  acquis  tous  les  Coléoptères  térédiles  de  la 
collection  Dejean  ,  a  été  à  même  de  donner  la  description  des 
espèces  mentionnées  au  catalogue  de  ce  dernier  qui  rentrent 
dans  la  famille  des  Clérites,  et  dont  une  très-grande  quantité 
n'étaient  là  signalées  que  par  de  simples  noms  spécifiques  sans 
aucune  description.  Il  serait  bien  à  désirer  que  les  entomolo- 
gistes en  possession  des  autres  familles  suivissent  le  bon  exem- 
ple donné  par  le  savant  Génois.  (Audinet  Serville.) 


III.  SOCIETES  SAVAIVTES. 

ag&dÉmie  royale  des  sciences  i)E  PÀnis. 

Séance  du  ^novembre  1845.— M.  F ar c happ e adv esse ^  pour  le 
concours  de  physiologie  expérimentale  ,  un  travail  intitulé  :  Du 
cœur ,  de  sa  structure  et  de  ses  mouvements. 

Parmi  les  résultats  importants  du  travail  de  M.  Parchappe, 
nous  signalerons  seulement  les  deux  suivants  en  laissant  parler 
l'auteur  ;  voici  comment  il  s'exprime  : 

«  En  m'appuyant  principalement  sur  le  résultat  de  mes  expé- 
rimentations et  de  l'observation  directe  des  faits  sur  l'animal 
vivant,  je  crois  pouvoir  établir  solidement  ces  deux  assertions  : 

«  1"  Que  dans  le  cœur  vivant ,  tant  que  la  circulation  n'est  pas 
notablement  troublée  ,  les  oreillettes  se  contractent  dans  toute 
l'étendue  de  leurs  parois  ,  se  vident  complètement  de  sang,  et 
ont,  dès  lors,  pour  rôle  physiologique,  comme  l'avaient  admivs 
Harvey  et  Haller ,  de  chasser  effectivement  le  sang  de  leur  cavité 
dans  la  cavité  ventriculaire  ; 

TomeVni.  Année  f845.  28 


^32  RE\DE  zooLOGiQUE.  [Novembre  1845.) 

«  2°  Que,  dans  les  mêmes  conditions  d'intégrité  de  la  circula- 
tion ,  les  ventricules  se  contractent  jusqu'à  l'effacement  de  leur 
cavité,  de  manière  à  se  vider  complètement  de  sang. 

«  L'étude  que  j'ai  faite  de  la  conformation  du  cœur  dans  un 
assez  bon  nombre  d'espèces  animales,  m'a  conduit  à  reconnaître 
que  le  rôle  actif  des  appareils  valvulaires ,  prédominant  chez 
I  homme,  se  restreint  graduellement  à  mesure  qu'on  descend 
l'échelle  des  animaux  vertébrés,  pour  disparaître  complètement 
dans  les  espèces  inférieures.  » 

M.  Moullet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  mémoire 
ayant  pour  titre  :  Des  êtres  en  général  et  de  Vêlre  organisé  en 
•particulier ,  considéré  sous  le  rapport  de  ses  fonctions  physio- 
logiques. 

Renvoyé  à  l'examen  de  MM.  Duméril ,  de  Blain ville  et  Flou- 
rens. 

Séance  du  10  novembre. — MM.  Brullé  et  Hugueny  adressent 
un  travail  ayant  pour  titre  :  Expériences  sur  le  développement 
des  os.  Ce  mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  de  MM.  Magendie  et 
Serres. 

M.  Defrance  adresse  une  Notice  sur  une  coquille  d'Orthoce- 
ratite.  Ce  vénérable  doyen  des  conchyliologistes  a  observé  cette 
grande  espèce  de  fossile  dans  l'épaisseur  d'une  table  de  marbre. 
L'un  des  individus  a  un  mètre  de  long  sur  une  largeur  de  24  mil 
limètres  au  milieu.  Un  autre  pouvait  avoir  4  pieds  de  longueur. 
On  ne  sait  d'où  provient  la  plaque  de  marbre  dans  laquelle 
M.  Defrance  a  observé  ces  deux  beaux  échantillons. 

Séance  du  17  novembre.  —  M.  Brachet  envoie  des  Considéra- 
tions sur  le  système  nerveux  ganglionnaire.  Ce  travail  est  ren- 
voyé à  la  section  de  médecine  et  de  chirurgie. 

M.  Guyon  envoie  un  mémoire  intitulé  :  Invasion  de  Criquets 
et  d''^dipodes  en  Algérie  en  1845.  M.  Guyon  a  observé  que  les 
jeunes  Criquets  provenant  des  œufs  pondus  par  des  insectes  par- 
faits, qui  sont  arrivés  par  nuages  il  y  a  quelques  mois,  ont  fait 
plus  de  ravages  que  ces  Criquets  eux-mêmes.  Ces  larves  subissent 
cinq  mues  avant  de  prendre  des  ailes. 

M.  Guyon  a  remarqué ,  parmi  ces  Criquets  ,  une  autre  espèce 
plus  petite  ,  qu'il  croit  devoir  rapporter  à  V Acrydium  mœstum 
Serville. 

M.  Guyon  indique  plusieurs  moyens  de  destruction  plus  ou 


J 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  433 

moins  faciles  ù  mettre  eu  pratique.  Il  signale  lapparitiun  par 
troupes  immenses ,  d'une  .Edipode  allant  du  sud  au  nord,  et 
dont  la  ville  d'Alger  et  les  environs  étaient  jonchés  du  19  au 
22  juillet  1845.  Cet  orthoptère  est  encore  plus  vorace  que  le 
Criquet ,  et  il  a  paru  dans  des  contrées  où  ce  dernier  ne  s'était 
pas  montré.  On  en  voit  tous  les  ans  à  Alger,  mais  seulement  à 
l'état  isolé.  M.  Guyon  a  remarqué  que  ces  insectes  s'attaquent  de 
préférence  aux  végétaux  cultivés,  surtout  aux  céréales  et  aux 
plantes  potagères. 

Séance  du  24  novembre.  —  M.  Léon  Dufour  lit  un  travail 
ayant  pour  titre  :  Sur  les  galles  du  Verbascum  et  de  la  Scro- 
phularia,  et  sur  des  insectes  qui  les  habitent,  pour  servir  à 
l' histoire  du  parasitisme  et  de  Vinstinct  de  ces  animaux. 

Dans  ce  mémoire  ,  le  célèbre  et  véritable  entomologiste ,  dont 
les  travaux  font  tant  d'honneur  à  notre  pays ,  vient  ajouter  de 
nouveaux  faits  à  ceux  que  la  science  possède  déjà  ,  tendant  tou- 
jours à  prouver  que  la  plupart  des  larves  d'insectes  sont  déci- 
mées par  d'autres  larves  parasites;  comme  si,  dans  le  but  des 
harmonies  de  la  nature,  une  loi  de  destruction  devait  contreba- 
lancer une  loi  de  production,  comme  si  la  mort  était  l'antago- 
nisme de  la  vie. 

Le  parasitisme,  considéré  de  haut,  semble  donc  un  correctif 
pour  équilibrer  les  races  ou  les  espèces.  L'histoire  des  galles  et 
de  leurs  hôtes  ,  tant  légitimes  qu'usurpateurs,  est  appelée  à  for- 
mer un  des  épisodes  les  plus  curieux ,  les  plus  piquants  de  la 
science  entomologique.  Des  investigations  dirigées  avec  une 
intelligente  patience  vers  cette  étude  ,  mettront  en  relief  des 
faits  si  extraordinaires,  que  des  esprits  peu  sérieux,  préoc- 
cupés ou  superficiels,  pourraient  les  prendre  pour  le  roman  de 
la  science.  Voici  un  spécimen  de  ces  curieuses  superpositions 
d'existences  ,  de  ces  inévitables  dépendances. 

La  première  cause  de  l'intéressant  travail  de  M.  Léon  Dufour, 
est  un  petit  diptère  du  genre  Cécidomie,  qui  dépose  son  œuf 
dans  un  bouton  à  fleur  du  Ferbascum  pulverulenlum  et  de  la 
Scrophularia  canina.  Cette  piqûre  produit  une  intumescence  , 
une  petite  galle  qui  sert  de  nourriture  et  d'abri  à  la  larve  de  ce 
diptère,  auquel  M.  Léon  Dufour  donne  le  nom  de  Cecidomia 
verbasci.  Quoique  placée  dans  une  espèce  de  boîte  fermée  her- 
métiquement ,  cette  larve  n'est  pas  encore  à  l'abri  des  attaques 


434  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Novcmbre  1845.) 

de  trois  cruels  ennemis,  pour  lesquels  sa  propriété  et  sa  vîé 
devienTient  des  conditions  d'existence ,  et  ces  trois  parasites ,  que 
M.  Léon  Dufour  nomme  Misocampus  nigricornis ,  Bulophus 
verbasci  et  Stomoctea  pallipes,  parviennent  toujours  à  s'em- 
parer de  leur  victime  ou  de  sa  demeure. 

Le  Misocampe  est  invariablement  destiné  à  vivre,  dans  ses  pre- 
miers états,  aux  dépens  de  la  larve  de  la  Cécidomie ,  pendant 
qu'elle  s'accroît  et  existe  encore,  mais  il  finit  par  la  faire  périr  ; 
il  est  l'assassin.  L'Eulophe  n'en  veut  qu'aux  provisions  de 
bouche  de  cette  même  Cécidomie  ;  il  est  le  voleur. 

Enfin  le  rôle  de  la  Stomoctée  n'est  pas  encore  bien  déterminé; 
mais  M.  Léon  Dufour  a  trouvé  cet  insecte  dans  des  boîtes  qui  ne 
contenaient  que  de  ces  galles,  produites  par  la  Cécidomie. 

11  résulte  de  ces  faits  curieux,  exposés  par  l'auteur  avec  cette 
clarté  et  ce  charme ,  qui  ont  rendu  si  célèbres  les  travaux  des 
Réaumur ,  des  Degéer,  des  Latreille  ,  etc,  que  le  fondateur  de  la 
galle  se  trouve  dans  l'affreuse  alternative,  ou  d'être  dévoré  par 
son  parasite  direct,  le  Misocampe,  ou  de  mourir  d'inanition  par 
la  voracité  de  son  parasite  indirect  l'Eulophe. 

Nous  ne  suivrons  pas  M.  Léon  Dufour  dans  son  intéressant 
travail ,  qui  a  le  double  mérite  de  contenir  des  faits  scientifiques 
très-importants,  et  d'être  exposé  de  manière  à  intéresser  vive- 
ment les  personnes  les  plus  étrangères  à  la  science. 

M.  Deahayes  adresse  un  Mémoire  sur  la  Clavagelle.  Voici 
la  lettre  dans  laquelle  l'auteur  donne  une  idée  de  son  travail  : 

«  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie ,  pour  être  soumis  à 
son  jugement ,  un  Mémoire  anatomique  sur  un  genre  de  Mol- 
lusques acéphales,  créé  par  Lamarck,  et  inscrit  dans  les  mé- 
thodes de  cet  illustre  naturaliste,  sous  le  nom  de  Clavagelle. 
Déjà  un  zoologiste  anglais  .  qui  jouit  en  Europe  d'une  réputa- 
tion acquise  par  d  importants  travaux,  M.  Owen  ,  s'est  occupé,  il 
y  a  quelques  années  .  de  l'anatomie  de  l'animal  de  ce  genre  cu- 
rieux. J'aurais  renoncé  à  entreprendre  un  semblable  travail , 
après  celui  de  M.  Owen,  si  je  n'avais  entrevu  la  possibilité  d'a- 
jouter quelques  observations  nouvelles  sur  l'animal  de  deux 
espèces,  et  de  compléter  les  descriptions  du  naturaliste  anglais 
par  quelques  faits  de  détail  échappés  à  son  investigation.  Enfin, 
profitant  des  moyens  d'exécution  que  le  gouvernement  a  mis 
entre  mes  mains  ,  pour  les  travaux  dont  je  suis  chargé  dans   la 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  435 

€oinmtssioa  scientifique  d'Algérie  ,  j'ai  fait  dessiner,  d'aj)rèa  un 
sçrand  nombre  de  croquis  ,  et  par  un  artiste  d'un  grand  mérite  » 
M.  Thiolat ,  les  quatre  planches  jointes  au  Mémoire.  Aidés  de  ces 
dessins,  les  zoologistes  pourront  se  faire  une  idée  plus  exacte 
d'un  animal  dont  la  connaissance  est  importante  pour  assurer, 
d'une  manière  définitive,  la  classification  et  les  rapports  des 
genres  singuliers  que  Lamarck  a  rassemblés,  avec  tant  de  saga^ 
cité ,  dans  les  premières  familles  des  Mollusques  conchifères. 

»  Les  recherches  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Acadé- 
mie conduisent,  à  ce  qu'il  me  semble,  à  cette  conséquence, 
que  le  genre  Clavagelle  a ,  en  effet ,  la  plus  grande  analogie  avec 
celui  des  Arrosoirs,  d'un  côté,  et  celui  des  Gastrochènes  de 
l'autre.  Mais  si  ces  trois  genres  doivent  constituer  une  famille 
naturelle,  ils  s'éloignent  déjà  ,  par  des  changements  assez  consi- 
dérables dans  l'organisation  ,  des  genres  de  la  famille  suivante, 
contenant  les  Tarets  ,  les  Pholades  et  les  Térédines.   » 

Ce  travail  est  renvoyé  à  MM.  De  Brainville ,  Milne  Edwards  et 
Yalenciennes. 

M.  Serres  présente,  au  nom  de  MM.  Maher  et  Ed.  Payen,  de 
Brest,  une  Observation  sur  la  transformation  ganglionnaire 
des  nerfs  de  la  vie  animale  et  de  la  vie  organique. 

Cette  observation  est  relative  à  un  forçat  du  bagne  de  Brest, 
âgé  de  26  ans  ,  et  mort  à  la  suite  d'une  fièvre  typhoïde.  Chez  ce 
sujet,  les  nerfs  altérés  présentent  un  accroissement  considérable 
de  .volume  qui  peut  être  rapporté  à  deux  formes  différentes  :  ou 
bien  ils  offrent  de  distance  en  distance  des  renflements  isolés 
très-forts  qui  leur  donnent  l'aspect  d'un  chapelet;  ou  bien  ces 
renflements  agglomérés,  emboîtés  les  uns  dans  les  autres,  en- 
vahissent la  totalité  du  nerf,  et  font  de  celui-ci  un  énorme 
cordon  à  surface  inégale,  bosselée  et  anfractueuse.  Dans  ces  der- 
nières conditions  se  trouvent  les  nerfs  sciatique ,  crural ,  pneu- 
mogastrique ,  etc.  Dans  les  premières ,  le  grand  sympathique  et 
quelques  nerfs  de  la  vie  de  relation. 

M  Natallis  Guillot  adresse  une  note  sur  un  réservoir  parti- 
culier que  présente  iappareil  de  la  circulation  des  Haies. 
L'auteur  signale  un  vaste  réservoir  lacuneux  ,  situé  entre  la  co- 
lonne vertébrale  et  le  canal  digestif,  placé  dans  le  péritoine  et 
occupant,  lorsqu'il  est  distendu,  à  peu  près  le  tiers  de  la  cavité- 
abdominale  chez  les  Raies  adultes. 


436  RKvuK  zooLOGiQUE.   {Novembre  1845.) 

Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  dans  le  prochain  numéro  ,  en 
faisant  connaître  des  observations  faites  en  même  temps  par 
M.  Ch.  Robin. 

M.  Duvcrnoy  fait  hommage  à  l'Académie  ,  de  la  part  de 
M.  Siebold,  professeur  à  Erlangen,  de  deux  mémoires  imprimés  : 

t»  L'un  ayant  pour  titre  :  Sur  les  limites  à  établir  entre  le 
règne  animal  et  le  règne  végétal  (De  finibus  inter  Regnum 
animale  et  vegetabile  constituendis). 

2"  L'autre  sur  les  spermatozoïdes  des  Locustaires. 

Tous  les  savants  qui  ont  suivi  depuis  15  ans  les  progrès  de  la 
Zoologie ,  ne  peuvent  ignorer  qu'une  partie  notable  de  ces  pro- 
grès est  due  à  M.  Siebold  ;  surtout  ceux  concernant  les  animaux 
sans  vertèbres.  Il  suffira  de  rappeler  en  ce  moment  ses  mé- 
moires : 

1  ^  Sur  la  génération  et  les  métamorphoses  de  la  Médusa  aurita. 

2°  Sur  les  spermatozoïdes  des  animaux  sans  vertèbres  et  plus 
particulièrement. 

3°  Sur  le  réservoir  séminal  chez  les  femelles  des  insectes ,  qu'il 
a  distingué  de  la  vésicule  copulative. 

4**  Sur  la  génération  singulière  du  Cyclops  Castor  ,  dont  le 
mâle  colle  sur  la  vulve  de  la  femelle  un  flacon  rempli  de  sper- 
matozoïdes que  l'eau  fait  éclater. 

ô*»  Sur  un  organe  problématique  découvert  chez  les  Mollusques 
bivalves ,  que  MM.  Eydoux  et  Souleyet  déterminaient ,  durant 
leur  voyage  autour  du  monde,  chez  les  Gastéropodes  Hétéro- 
podes,  comme  leur  organe  de  l'ouïe. 

6"  Sur  l'organe  de  l'ouïe  et  du  chant  des  Orthoptères. 

7»  Sur  la  génération  des  Syngnates. 

Le  premier  des  deux  mémoires  offerts  à  l'Académie  ren- 
ferme l'observation  d'un  Epithelium  à  cils  vibratiles  recouvrant 
les  spores  de  la  Faucheria  clavata  et  faisant  enfin  comprendre 
les  mouvements  singuliers  de  ces  spores. 

«  La  découverte  de  cet  Epithelium  (ainsi  s'exprime  M.  Siebold 
»  dans  la  lettre  qu'il  a  écrite  à  M.  Duvernoy  )  a  excité  le  plus  vif 
»  intérêt  parmi  les  naturalistes.  Elle  a  fait  naître  chez  plusieurs 
»  d'entre  eux  des  doutes  sur  l'existence  des  limites  réelles 
»  entre  les  deux  règnes  animal  et  végétal. 

»  A  mon  avis,  ajoute  M.  Siebold,  cette  observation  prouverait 
>  seulement  que  ces  organes  vibratiles  n'appartiennent   pas 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  437 

»  exclusivement  au  règne  animal.  Mais  on  aurait  tort  d'en  con- 
»  dure  qu^un  animal  peut  se  transformer  en  végétal  et  récipro- 
»  quement.  » 

M.  Siebold  ,  qui  cite  M.  Unger  comme  ayant  traité  ce  sujet 
intéressant,  paraît  n'avoir  pas  connu  ,  au  moment  de  la  publica- 
tion de  ce  mémoire,  qui  date  de  1844,1e  travail  important  de 
M.  Thuret  sur  le  même  sujet,  travail  qui  a  déjà  paru  en  1843 
dans  la  partie  botanique  des  Annales  des  sciences  naturelles  , 
sous  le  titre  de  Mouvements  des  spores  des  algues  par  des  cils 
vibratiles.  Mais  il  y  a  des  différences  dans  les  observations  de 
MM.  Unger  et  Siebold  d'un  côté  ,  et  celles  de  MM.  Thuret  et 
Decaisne  de  l'autre  ,  qui  donnent  quelque  intérêt  à  celles  de 
M.  Siebold. 

La  forme  singulière  des  Spermatozoïdes  des  Locustaires  , 
parvenus  dans  le  réservoir  séminal  de  la  femelle  (décrite  en 
détail  et  représentée  par  des  figures  dans  le  mémoire  deM.  Sie- 
bold), est  une  des  plus  curieuses  découvertes  qui  ait  été  faite  sur 
ce  sujet. 

M.  Siebold  a  suivi ,  en  premier  lieu ,  le  développement  dos 
spermatozoïdes  dans  le  testicule  ou  la  glande  spermagène  du 
mâle  ,  où  il  les  a  vus  se  former  dans  des  capsules  primaires  ou 
génératrices  ,  remplir  ensuite  les  capsules  secondaires  ,  renfer- 
mant les  premières.  Ces  spermatozoïdes  ont  une  partie  cylindri- 
drique  qu'on  peut  déterminer  comme  leur  corps,  puis  un  appen- 
dice caudal  très-long  et  très-grêle  ;  l'autre  extrémité  est  attachée 
dans  l'angle  rentrant  des  deux  petits  appendices  reunis  comme  un 
double  chevron.  Dans  le  réservoir  séminal  de  la  femelle  ou 
trouve  ces  mêmes  spermatozoïdes  attachés  les  uns  aux  autres  par 
cet  appendice  anguleux  en  double  série,  et  formant  un  corps  pen- 
niforme ,  ayant  une  apparence  de  tige  avec  deux  séries  de  bar- 
bules. 

Ce  corps  penniforme  est  même  enfermé  dans  un  flacon  sphé- 
rique  avec  un  appendice  canal iculé. 

Sans  doute  qu'au  bout  de  très-peu  de  temps  le  flacon  se  détruit 
et  laisse  le  corps  penniforme  à  nu,  que  plus  tard  encore  et  au 
moment  où  la  fécondation  doit  s'effectuer,  les  spermatozoïdes  se 
désagrègent.  M.  Duvemoy  ajoute  qu'il  a  eu  l'occasion  de  leiâ  ob- 
server hors  de  leur  flacon ,  mais  encore  agrégés  en  corps  penni- 
formes  dans  le  réservoir  séminal  d'une  femelle  de   la  grande- 


438  KEVUK  zooLOGiQDK.   (Noveiubve  1845.) 

Sauterelle  verte,  recueillie  sur  la  montagne  de  Saint-Odile  dam; 
les  Vosges ,  le  30  août  de  cette  année.  M.  Siebold  avait  déjà  com- 
muniqué pour  la  première  fois  ses  observations  détaillées  à  la 
réunion  des  naturalistes  allemands  à  Mayence  ,  le  22  sept.  1840. 
Elles  ont  paru  plus  tard  avec  deux  planches,  dans  le  t.  xxi,  p.  1  . 
des  Acta  acad.  natur.  curios. 

En  1843,  M.  Dujardin  a  fait  connaître  ces  agrégations  penni-* 
formes  de  i-permatozoïdes  dans  le  Sphodrus  terricola,  espèce  de 
de  la  grande  famille  des  carabiques,  et  dans  la  Cigale  de  VOrne 
(Voir  son  Nouveau  manuel  de  V observateur  au  microscope ^ 
pt  xi,fig.  18  et  19  . 

M.  Bory  de  Saint- Fincent  présente  un  Mémoire  sur  l'an- 
thropologie de  l'Afrique  française,  publié  dans  les  comptes 
rendus  de  l'Académie  des  sciences  et  réimprimé,  avec  des  fi- 
gures coloriées  ,  dans  le  Magasin  de  Zoologie,  d'Anatomie 
comparée  et  de  Paléontologie  j  publié  par  M.  Guérin-MéneviUe. 


SOCIÉTÉ    ENTOMOLOGI,QUE  DE  FRANCE. 

Séance  du  8  octobre  1845.  — Il  est  donné  lecture  d'une  lettre 
de  M.  le  baron  Walckenaér  dans  laquelle  il  critique  quelques-uns 
des  faits  rapportés  par  M.  H.  Lucas,  dans  son  mémoire  publié 
dans  les  Annales  de  la  Société,  sur  le  Scyîodes  longipes. 

Après  cette  communication  M.  H.  Lucas  lit  une  note  dans  la- 
quelle il  répond  à  M.  Walckenaër,  en  maintenant  tout  ce  qu'il  a 
dit  antérieurement  sur  le  même  sujet. 

—  11  est  donné  lecture  d'une  lettre  de  M.  Leprieur  dans 
laquelle  cet  entomologiste  rapporte  quelques  faits  relatifs  aux 
insectes  qui  se  trouvent  dans  les  marais  salants  des  environs  de 
Dieuze. 

—  M.  Guérin  Méneville  expose  les  caractères  d'un  nouveau 
genre  de  Cicindélètes^  découvert  dans  le  Texas,  par  M.  Pilate. 
Cet  insecte  est  très-intéressant  en  ce  qu'il  réunit  les  caractères 
de  deux  groupes  assez  éloignés  l'un  de  l'autre ,  les  Manticorides 
et  les  Cicindélides.  En  efîet,  sa  forme  générale,  l'organisation  de 
sa  bouche  et  surtout  la  forme  de  son  labre,  qui  est  transversal  et 
armé  de  trois  dents  au  milieu  ,  le  rapprochent  beaucoup  des 
genres  A mblycheila  et  Ornas;  mais  il  en  est  séparé  par  un  ca- 
ractère très-important  ,  la  grandeur  des  yeux  ,  ce  qui,  joint  à  sobs 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  439 

faciès,  leferait  placer  près  des  Z^romica.L'au  leur  nomme  ce  genre 
Vromochorus  et\\  lui  assigne  les  caractères  suivants  .Labre  trans- 
versal ,  ne  recouvrant  que  la  base  des  mandibules  ;  palpes  égaux 
en  longueur,  terminés  par  un  article  un  peu  renflé  et  arrondi 
au  bout  :  les  labiaux  appliqués  sur  la  bouche  et  non  pendantSy 
ayant  leur  troisième  article  plus  grand  et  plus  épais  que  les 
autres;  menton  fortement échancré  avec  une  forte  dent  conique 
au  milieu  de  cette  échancrure;  yeux  très-grands ,  saillants;  les 
trois  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  des  mâles  légère- 
ment dilatés ,  garnis  en  dessous  de  brosses  de  poils  très-serrés 
et  simples  ;  élytres  en  ovale  très-allongé,  ne  recouvrant  pas 
d'ailes.  L'espèce  unique ,  type  de  ce  genre ,  a  reçu  le  nom  de 
Dromochorus  Pilatei. 

—  Le  même  membre  présente  une  belle  espèce  de  Fulgora 
provenant  de  Java  ;  il  la  désigne  sous  le  nom  de  F.  cyanirostris 
et  en  donne  la  description  abrégée  suivante  :  F-  fronte  rostrato 
adscendente ,  thoracis  fere  duplo  longitudine,  subcompresso  , 
cyaneo;  capile^  corporepedibusque  flavo  ferrugineis ;  hemelytris 
flavo-viridibus^apice  obscurioribus,  maculis  quinque  cœruleis; 
alis  subhyalinis ,  pallide  cyaneo-viridibus,  basi  cyaneo  macu- 
latis. 

—  M.  Guérin-Méneville  présente  un  petit  Lucanide  très-re- 
marquable par  le  développement  extraordinaire  des  trois  feuil- 
lets qui  terminent  ses  antennes.  L'auteur  en  fait  un  genre  nou- 
veau qu'il  caractérise  ainsi  :  Genre  Ptilophyllum,  Corps  oblong 
convexe,  mandibules  parallèles,  comprimées  latéralement, 
multidentées  au  bout,  avec  une  forte  pointe  relevée  vers  Vextré- 
mitéet  une  autre  moins  saillante  et  latérale  vers  la  base; palpes 
filiformes  ,  les  labiaux  insérés  très-près  l'un  de  Vautre,  ayant 
le  troisième  article  beaucoup  plus  long  que  les  deux  premiers 
réunis  ;  lèvre  inférieure  triangulaire  aussi  longue  que  large  ; 
yeux  grands ,  entiers,  antennes  terminées  par  trois  feuillets 
filiformes,  plus  longs  que  toute  l'antenne,  couverts  de  poils 
nombreux  et  assez  longs.  L'espèce  type  Ptilophyllum  Godeyi 
Guér.,  a  été  trouvée  à  la  Nouvelle-Zélande  par  M.  le  docteur  Thou- 
roude. 

—  M.  r.  Signoret  parle  d'une  nouvelle  espèce  de  Salurnia 
trouvée  à  Port-Natal  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  S.  Cam- 
piona. 


440  KEVUE  ZOOLOGIQUE.  (  Novemhve  1845.) 

—  M.  L.  Buquet  montre  plusieurs  Lépidoptères  et  une  Fulgore 
d'espèces  nouvelles  qui  proviennent  de  Java  et  de  la  Chine. 

—  On  lit  un  mémoire  de  M-  Blisson  contenant  l'histoire  des 
métamorphoses  de  plusieurs  espèces  de  Coléoptères  et  en  parti- 
culier des  Steatoderus  ferrugineus  ,  Agrypnus  varius  et 
Silpha  ohscura.  Ce  travail  est  accompagné  de  dessins  faits  avec 
beaucoup  de  soins  par  l'auteur  même  du  mémoire. 

—  Une  seconde  notice  de  M.  Blisson,  contenant  l'histoire  des 
mœurs  des  chenilles  des  Sésies ,  et  également  accompagnée  de 
planches  coloriées  avec  soin,  est  communiquée  à  la  Société.  Après 
avoir  passé  en  revue  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  des  mœurs 
des  Sésies  ,  M.  Blisson  donne  de  nombreux  et  importants  détails 
sur  les  chenilles  des  Sesia  mutillœformis ,  nomadœformis  ,ves- 
piformis^  tipuliformis,  apiformis,  asiliformis,  etc. 

Après  cette  lecture,  M.  Pierret  donne  aussi  quelques  détails 
sur  les  chenilles  des  Sésies,  particulièrement  sur  celles  des  Sesia 
bembœsiformis  et  asiliformis. 

—  11  est  donné  lecture  d'un  travail  de  M.  Edmond  Caillette 
Lhervilliers,  ayant  pour  titre  :  De  Vutilité  de  V entomologie  sous 
les  points  de  vue  1°  de  V économie  de  la  nature  ;  2°  de  l'économie 
domestique  et  des  arts^  et  3"  de  la  philosophie. 

—  M.  If.  Lucas  lit  une  notice  contenant  la  description  d'une 
nouvelle  espèce  d'Iule  {lulus  albolineatus),  rencontrée  dans  les 
environs  de  Toulon. 

Séance  du  22  octobre  1845.  —  Il  est  donné  lecture  d'une  note 
de  M.  B.  WolfsMT  M.  Melchior  Neuwyler  que  la  société  a  perdu 
il  y  a  quelques  mois. 

—  M.  Guérin  Méneville  présente  à  la  société  un  grand  Ichneu- 
monide  de  la  Nouvelle-Orléans,  parasite  du  Bombyx  cecropiaet 
qui  est  éclos  chez  lui  il  y  a  quelques  jours  ;  il  tient  cet  insecte  de 
M.  Salle. 

—  Le  même  membre  donne  des  détails  sur  la  communication 
qu'il  a  faite  à  l'Institut  relativement  aux  insectes  qui  se  trouvent 
dans  les  pommes  de  terre  attaquées  par  la  maladie  qui  règne  ac- 
tuellement sur  ces  plantes.  {Foir  le  résumé  des  séances  de  VA- 
cadémie  des  Sciences.  Bévue  1845,  p.  395). 

—  M.  Guérin- Méneville  annonce  que  les  métamorphoses  de 
VElater  varius ,  dont  M.  Blisson  a  donné-la  description  dans  la 
dernière  séance  de  la  société,  ont  été  indiquées  par  De  Géer  ^ 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  4'^t 

mais  il  pense  que  le  travail  de  notre  collègue  ne  doit  pas  moins 
être  publié  ,  comme  plus  complet  et  plus  exact  que  celui  de  De 
Géer. 

Séance  du  12  novembre  1845.  —  M.  Léon  Du  four,  membre 
honoraire  ,  donne  lecture  de  plusieurs  mémoires  importants 
sur  diverses  branches  de  Tentomologie.  Nous  allons  dire  quelques 
mots  de  ces  notices,  que  l'auteur  a  présentées  dans  l'ordre 
suivant  : 

U  Note  sur  les  métamorphoses  et  le  genre  de  vie  des  Baris 
picinus  et  cuprirostris.  La  larve  du  Baris  picinus  est  principa- 
lement décrite  avec  soin,  et  l'auteur  montre  qu'elle  vit,  ainsi 
que  Pinsecte  parfait ,  dans  les  vieilles  tiges  de  choux. 

2»  Histoire  des  métamorphoses  de  la  Ceria  conopsoides. 
M.  Léon  Dufour  décrit,  sous  les  points  de  vue  zoologique  et  ana- 
tomique  ,  la  larve  et  la  pupe  de  ce  Syrphide,  qu'il  a  découvert 
dans  la  matière  exsudée  des  ulcères  des  troncs  d'orme ,  et  il  en 
donne  de  bonnes  figures. 

3<*  Histoire  des  métamorphoses  du  Rhynchomyia  columbina. 
L'auteur  décrit  la  larve  et  la  pupe  de  cet  insecte,  qu'il  a  décou- 
verte dans  la  vermoulure  de  vieilles  souches  de  pin  maritime; 
il  donne  quelques  détails  sur  l'insecte  parfait. 

4°  Histoire  des  métamorphoses  de  V Apodotomella  impressi- 
frons.  M.  Léon  Dufour  fait  connaître  ,  sous  ce  nom  à'' Apodoto- 
mella (  Type  impressifrons)j  un  nouveau  genre  de  diptères, 
qu'il  a  trouvé  aux  environs  de  Saint-Sever,  dans  la  pourriture 
de  l'ulcère  de  l'ormeau ,  et  il  complète  son  histoire  naturelle 
en  donnant  des  détails  sur  la  larve  ,  la  pupe  et  l'insecte  parfait  , 
qu'il  décrit  soigneusement  et  dont  il  fait  connaître  les  mœurs. 

Et  5"  Histoire  des  métamorphoses  de  la  Drosophila  pallipes. 
C'est  encore  dans  le  magma  de  l'ulcère  de  l'ormeau  que  vit 
cette  larve  de  Diptère;  l'auteur  décrit  la  larve,  la  pupe  et  l'in- 
secte parfait,  qui  n'était  pas  encore  connu  des  entomolo- 
gistes. 

—  11  est  donné  lecture  d'un  long  mémoire  de  M.  Boger  de 
Fonscolombe  ,  intitulé  :  Ichneumonologie  provençale,  ou  Cata- 
logue des  Ichneumonides  qui  se  trouvent  aux  environs  d'Aix  ,  et 
description  des  espèces  inédites.  L'auteur  passe  en  revue  les 
nombreuses  espèces  d'Ichneumons  qui  se  rencontrent  dans  le 
midi  de  la  France;  il  ne  fait  qu'indiquer  les  espèces  décrites  an- 


442  RbvDE  zooLOGiQDii.  {Novembre    1845.) 

térieurement   par  Gravenhorst   et  il    donne  la  description  de 
celles ,  en  grand  nombre  ,  qu'il  regarde  comme  nouvelles. 

—  On  lit  une  note  de  M.  le  colonel  Goureau^  ayant  pour  titre  : 
Mémoire  pour  servir  à  l'histon-e  des  Diptères  dont  les  larves 
minent  les  feuilles  des  plantes.  L'auteur  donne  des  détails  sur 
les  larves  qui  vivent  :  1«*  sur  les  feuilles  du  chèvre-feuille  des 
buissons  (c'est-à-dire  celle  du  Fhytomyza  obscurella);  2°  sur 
les  feuilles  de  Luzerne  (larves  de  VOpomyza  nigripes,  etc.); 
et  3°  sur  les  feuilles  de  l'Iris  des  marais  ;  puis  il  parle ,  en  termi- 
nant ,  de  quelques  parasites  qui  vivent  aux  dépens  des  larves 
qu'il  décrit. 

—  M.  Berce  lit  la  traduction  d'une  note  italienne  de  M.  Lu- 
ciani ,  dans  laquelle  l'auteur  donne  de  nombreux  détails  de 
mœurs  sur  les  Euméniens;  le  Fesperus  luridus;  le  Cebrio 
gigas;  le  Buprestis  festiva  et  le  Brentus  italiens. 

—  M.  Guérin-Méneville  annonce  que  M.  Duvernoy,  profes' 
seur  au  collège  de  France  ,  lui  a  remis  un  individu  de  VAsca- 
laphus  italiens,  qu'un  de  ses  amis  a  trouvé  à  Hérimoncourt , 
non  loin  de  Montbelliard,  département  du  Doubs.  L'auteur 
donne  quelques  détails  sur  cette  capture  ,  et  il  termine  sa  com- 
munication en  faisant  remarquer  que  V Ascalaphus  que  M.  Pier- 
ret  a  pris  dernièrement  à  Lardy ,  et  dont  il  a  parlé  à  la  Société  , 
n'est  pas  V Italiens ,  mais  bien  VA.  longicornis  Linné,  espèce 
qui  n'avait  jamais  été  signalée  dans  nos  environs  ,  ni  même  dans 
le  centre  de  la  France. 

—  Le  même  membre  annonce  à  la  Société  qu'il  s'occupe  en  ce 
moment  de  recueillir  tout  ce  qui  a  été  publié  sur  les  animaux 
articulés  qui  se  trouvent  en  Abyssinie  ;  il  se  propose  de  donner  ce 
travail  dans  l'ouvrage  que  M.  Lefebvre  va  faire  paraître  sur  ce  pays. 
M.  Guérin  Méneville  s'est  occupé  d'abord  du  genre  Anthia;  il  a 
constaté  l'existence  de  plus  de  quarante  espèces  de  ce  genre ,  tan- 
dis que  Dejean  en  connaissait  dix-sept ,  M.  Lequien  vingt  et  une  et 
M.  Gory  vingt-quatre  ,  et  il  donne  à  ce  sujet  quelques  détails  qui 
seront  insérés  dans  le  Bulletin  de  la  Société. 

—  M.  Guérin-Méneville  montre  à  la  Société  une  larve  de 
hanneton  qui  renfermait  deux  helminthes  de  plus  d'un  pied  de 
long ,  et  il  dit  que  l'agriculteur  qui  a  apporté  ces  vers  à  M.  Poi- 
teau  a  affirmé  les  avoir  vus  sortir  par  la  bouche  de  la  larve  dans 
laquelle  ils  se   trouvaient,  et   il   a   assuré    que    l'on   rencontre 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  443 

souvent  des  larves  de  hannetons  ainsi  attaquées  par  ce   parasite, 

—  M,  Amyot  donne  des  détails  de  mœurs  intéressants  sur  les 
Géorisses. 

Séance  du  26  novembre  1845.  —  M.  Léon  Fairmaire  met  sous 
les  yeux  de  la  Société  une  variété  fort  remarquable  de  la  Cicin- 
dela  trisignata  :  plusieurs  individus  de  cette  variété  ont  été  pris 
devant  lui  par  M.  Daire,  jeune  entomologiste  bordelais,  sur  les 
plages  sablonneuses  du  bassin  d'Arcachon,  à  la  pointe  de  l'Ai- 
guillon. Cette  Cicindèle  a  le  faciès  de  quelques  espèces  améri- 
caines, et  il  serait  fort  difficile  de  la  rapporter  au  type,  si  Tonne 
voyait  les  passages  qui  les  rattachent. 

Séance  du  10  décembre  1845. — M.  Serville  présente ,  au  nom 
de  M.  Falberot  fils,  d'Alger,  un  grand  dessin  représentant 
V Acridiun^  peregrinum  Oliv. ,  et  quelques  unes  de  ses  variétés , 
observées  dans  nos  possessions  du  nord  de  l'Afrique.  M.  Valberot 
donne  également  quelques  détails  sur  les  changements  de  peau 
(au  nombre  de  cinq)  qu'éprouve  cet  Acridium  :  l'auteur  dit  que 
chez  certains  individus ,  le  premier  changement  de  peau  eut  lieu 
le  18  juin ,  cinq  jours  après  l'éclosion  ;  le  deuxième  le  24  ;  le  troi- 
sième le  2  juillet ,  et  que  le  1 1  du  même  mois  l'insecte  éprouva 
une  quatrième  mue  et  apparut  sous  la  forme  de  nymphe  ;  enfin 
le  dernier  changement ,  c'est-à-dire  la  transformation  de  l'état 
de  nymphe  en  celui  d'insecte  parfait ,  s'effectua  le  28  juillet. 

—  M.  Guérin  Méneville  lit  une  note  sur  le  genre  Margus  des 
collections  et  des  catalogues.  Dans  Tune  des  précédentes  séances  , 
à  l'occasion  de  la  présentation  de  quelques  insectes  trouvés  par 
M.  Thorel  dans  la  racine  de  Squine ,  l'auieur  présenta  une  syno- 
nymie du  genre  Margus,  pour  montrer  que  le  seul  insecte  qui 
le  compose  jusqu'à  ce  jour ,  avait  été  désigné  par  trois  noms 
génériques ,  et  qu'il  devait  conserver  la  dénomination  de  Sténe  , 
que  lui  avait  imposée  Stephens.  Depuis,  M.  Guérin  Méneville  ,  en 
consultant  ses  notes,  a  vu  qu'il  se  trompait,  et  que  le  nom  de 
Stène  ne  pouvait  être  définitivement  adopté,  car  il  a  trouvé  que 
Mac-Leay,  dans  ses  Annulosa  javanica  ^  avait  parfaitement 
caractérisé  et  décrit  ce  genre  sous  le  nom  de  Triholium  :  son 
nom  spécifique  Ferrw^inews  Fabricius  ,  ne  peut  même  rester, 
car  Mac-Leay  montre  que  Herbst  a  décrit  l'espèce  sous  le  nom  de 
Colydium  castaneum.  Il  en  résulte  donc  que  ce  petit  insecte 
cosmopolite  ,  si  commun  dans  les  collections,  et  désigné  par  le 


444  RKVDE  ZOOLOGIQUE.   {Novcmbre  1845.) 

nom  de  Margus  ferrugineus ,  doit  prendre  légitimement  la 
dénomination  de  Tribolium  castaneum  ,  à  moins  qu'on  ne  dé- 
couvre qu'il  a  été  caractérisé  et  nommé  par  quelque  autre  auteur. 
— M.  E.  Blanchard  parle  à  la  société  de  l'affinité  que  présentent 
entre  eux  certains  groupes  de  coléoptères,  et  il  propose  en  par- 
ticulier de  rapprocher  les  Buprestides  des  Longicornes.  D'après 
l'auteur,  de  nombreux  caractères  anatomiques,  particulière- 
ment ceux  relatifs  au  système  nerveux ,  tendraient  à  rapprocher 
les  Buprestides  des  Longicornes  ,  et  à  les  éloigner  au  contraire 
des  Élatérides.  A  l'appui  de  son  opinion ,  M.  E.  Blanchard 
montre  à  la  société  un  Buprestide  qui  ressemble  beaucoup  à 
une  espèce  de  Callidium.  L'auteur  se  propose  de  présenter 
bientôt  une  notice  sur  ce  sujet  intéressant. 

—  M.  le  docteur  Boisduval  lit  une  notice  sur  les  travaux  ento- 
mologiques  de  M.  le  comte  Dejean. 

—  La  société  procède  à  la  nomination  d'un  membre  honoraire; 
M.  Audinel  Serville  est  élu  à  la  grande  majorité  des  suffrages. 

E.  D. 

IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES 

M.  RoNDANi  de  Parme  nous  écrit  ce  qui  suit  : 

J'ai  vu  mentionné  dans  la  Revue  Zoologique  votre  travail  sur 
les  Insectes  qui  sont  nuisibles  à  Votive;  et  il  m'a  semblé  que  vous 
n'avez  pas  eu  connaissance  d'une  autre  espèce  qui  altère  les 
feuilles  de  l'arbre  même  ,  en  rongeant  leur  parenchyme  et  y 
produisant  des  excroissances  ou  nodosités. 

Cette  espèce  est  un  petit  Diptère  qui  a  été  décrit  dans  le  fasci  - 
cule  L I  de  la  Bibliothèque  Italienne,  par  M.  Angelini  de  Vérone, 
sous  le  nom  de  Corethra  oleœ. 

Je  vous  donne  l'extrait  du  mémoire  d  Angelini,  au  moins  pour 
ce  qu'il  y  a  de  plus  important  à  connaître,  afin  que  vous  puis- 
siez ,  quand  il  vous  plaira ,  publier  une  note ,  comme  supplé- 
ment à  votre  mémoire. 

D'après  les  observations  et  descriptions  d'^w^eZim ,  que  je 
rapporte  ici ,  vous  verrez  clairement  que  l'insecte  qu'il  décrit 
n'est  pas  un  Corethra  ni  un  Tanypus,  comme  il  le  soupçonnait, 
mais  appartient  certainement  à  la  famille  des  Cecidomies ,  et 
l'on  serait  plutôt  porté  à  croire  qu'il  devrait  faire  partie  de  mon 
genre  Phytophaga,  à  cause  de  quelques  caractères  organiques 


MJÉL4NGBS    ET    NOUVELLES.  445 

'qui  lui  sont  attribués  et  à  cause  de  la  manière  dont  il  passe  la 
première  époque  de  sa  vie ,  c'est-à-dire  tout  à  fait  analogue  à 
celle  de  la  Phytophaga  salicina  ;  mais  on  ne  peut  pas  en  être 
certain  ,  parce  que,  dans  la  description  ,  le  nombre  des  articles 
antennaires  n'a  pas  été  indiqué.  Malgré  ce  doute  ,  je  donnerai 
néanmoins  à  cet  Insecte  le  nom  de  Cecidomya  oleœ  [Corethra 
oleœ  Angelini)  Genus  Phytophaga.  Rond. 

Angelini  donne  ensuite  la  description  suivante  de  Tanimal 
dans  les  trois  périodes  de  sa  vie. 

«  L'œuf  est  déposé  par  la  femelle  pendant  le  mois  de  Mai;  à 
peine  la  larve  ressemblant  à  un  petit  ver  en  est-elle  née  ,  qu'elle 
s'insinue  dans  Tépaisseur  de  la  feuille,  et  se  creuse  ,  entre  les 
deux  feuillets  de  son  épidémie,  un  petit  canalicule  incurvé ,  dont 
la  longueur  n'excède  pas  trois  millimètres  ;  c'est  ordinairement 
près  de  la  nervure  médiane  de  la  feuille  même  qu'il  creuse  ce 
canalicule,  et  au  printemps  suivant,  il  n'est  plus  visible  que  par 
une  nodosité  qui  s'y  montre.  Les  larves  passent  l'hiver  à  l'inté- 
rieur de  ces  excroissances ,  qui  sont  alors  au  nombre  de  trois  ou 
quatre  par  feuille  ,  et  à  l'approche  de  l'été  ,  elles  subissent  leurs 
transformations  et  sortent  insectes  parfaits  au  mois  de  mai.  En 
automne  ,  la  larve  est  à  peine  visible  à  l'œil  nu  :  elle  est  d'un 
jaune  pâle  ,  à  plusieurs  anneaux  ,  apode  ;  aux  chaleurs  du  prin- 
temps ,  elle  prend  peu  à  peu  de  l'accroissement ,  qui  atteint  son 
maximum  au  mois  de  mai,  et  alors  elle  est  quatre  fois  plus 
grande  qu  elle  ne  l'était  en  hiver. 

A  l'état  de  Nymphe  ou  chrysalide,  elle  a  au  plus  deux  milli- 
mètres de  longueur  ,  et  elle  est  un  peu  brillante  ;  l'enveloppe 
qui  l'entoure  étant  déchirée  ,  on  voit  au  microscope  que  les 
divers  membres  qui  échappent  à  l'œil  nu  sont  déjà  formés  ;  on 
distingue  les  jambes,  les  rudiments  des  ailes  ,  la  tête ,  le  thorax , 
les  segments  de  l'abdomen ,  etc.  Les  jambes  et  les  ailes  sont 
ployées  en  faisceaux  sous  le  thorax.  L'abdomen  paraît  jaunâtre 
avec  des  incisures  noirâtres. 

Le  Corethra  sort  en  mai  en  perçant  la  nodosité  au-dessous 
de  la  feuille  ,  avec  la  tête  dirigée  en  avant,  les  ailes  et  les  an- 
tennes repliées  comme  dans  la  Nymphe ,  et  contractant  et  allon- 
geant les  anneaux  de  l'abdomen,  il  se  pousse  hors  de  sa  cellule  , 
et  laisse  à  l'orifice  percée  de  son  étui ,  une  pellicule  blanchâtre. 
Lorsqu'il  se  trouve  dehors  avec  la  plus  grande  partie  du  corps, 


4i6  REVUE  zoOLOGiQUE.  Novemhve  (1845.) 

il  n'abandonne  pas  son  trou  de  sortie  avant  d'avoir  d'abord 
développé  les  membres  qui  servent  à  la  locomotion.  Sa  Ion- 
gueur,  de  la  tête  à  l'anus,  est  de  deux  millimètres.  Corps  dWorïgé 
et  plutôt  délié.  Fet^a:  noirs,  grands,  occupant  la  plus  grande 
partie  de  la  tête ,  et  se  touchant  à  la  partie  supérieure.  Antennes 
plus  longues  que  le  corps ,  filiformes  ,  formées  d'articles  ovoïdes , 
aplatis,  poilus,  enfilés  à  quelque  distance  l'un  de  l'autre;  elles 
sont  situées  sur  la  tête  ,  dans  une  cavité  entre  les  yeux, 

La  tête  est  blanchâtre  ;  en  forme  de  museau  ;  Thorax  et  abdo- 
men bruns.  Balanciers  capités,  longs,  découverts  et  blancs;  Jam- 
bes pâles,  longues  une  fois  et  demi  comme  le  corps,  les  antérieures 
situées  près  de  la  tête.  Ailes  placées  horizontalement  sur  le 
corps,  diaphanes,  ciliées  de  poils  noirs,  avec  deux  nervures  lon- 
gitudinales un  peu  brunes ,  et  une  tache  rousse  peu  élevée  à 
la  côte.  Anus  acuminé  chez  la  femelle  ,  laquelle,  au  moyen  d'un 
oviducte  blanc  et  dur  ,  dépose  des  œufs  sphériques  et  blancs.  » 


M.  GouDOT,  rue  Guy-Labrosse  ,  n»  9,  sur  le  point  de  quitter 
Paris  ,  nous  prie  d'annoncer  qu'il  désire  céder  la  collection  d'in- 
sectes de  son  voyage  en  Amérique,  qu'il  s'était  réservée.  Elle  se 
compose  de  1,200  espèces  de  Coléoptères,  11  d'Arachnides,  .39 
de  Myriapodes,  un  Péripate ,  19  de  Suceurs  et  Parasites,  217 
d'Hémiptères  et  48  d'Homoptères.  Toutes  les  espèces  portent  l'indi- 
cation très-exacte  de  la  localité  où  elles  ont  été  prises  et  d'autres 
renseignements  intéressants,  d'une  grande  utilité  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  publier  ces  documents  avec  un  grand 
nombre  de  ces  espèces  qui  sont  encore  nouvelles. 

On  peut  prendre  chaque  ordre  séparément.  Le  prix  est  de 
50  fr.  par  cent. 

Errata  du  n°  10  de  la  Revue  Zoologique. 
P.   372  lisjne  10,  au  lieu  de  0,95;  lisez  0,095. 


Avis  IMPORTANT.  MM,  Ics  Membres  de  la  Société  Ciiviérienne  sont 
priés  de  faire  parvenir  prompteinent  leur  cotisation  pour  l'an- 
née 1846,  afin  de  mettre  le  Directeur  de  la  Bévue  Zoologique  en 
mesure  de  connaître,  au  commencement  de  cette  année,  le 
nombre  positif  des  Membres  de  la  Société. 


HUITIÈME  ANNÉB.  —  DÉOEMBaS  1845 


I.  TRAVAUX  INEDITS. 


MOTICE  sur  Tespèce  de  Passereau  nommée  Poëphila  mirabilii 
dans  l'Atlas  du  Voyage  au  Pôle  Sud  et  dans  VOcéanie,  pi.  22, 
Oiseaux  ;  par  M.  0.  Des  Murs. 

Lorsque  nous  avons  publié  dans  la  \^  livraison  (parue  en  no- 
vembre dernier)  de  notre  Iconographie  ornithologique^  la  belle 
espèce  de  Passereau  nommée  par  MM,  Hombron  et  Jacquinot 
Poëphila  mirabilis,  nous  ne  l'avons  fait  que  sur  la  communica- 
tion officieuse  que  nous  devions  des  deux  exemplaires  figurés  à 
ces  savants  voyageurs,  et  dans  l'ignorance  complète  que  la  des- 
cription de  ces  oiseaux  eût  été  faite  antérieurement  :  et  cela  avec 
d'autant  plus  d'apparence  de  raison  que  nous  devions  nous  en 
rapporter  naturellement  à  la  vigilance  de  ces  deux  naturalistes; 
que  d'ailleurs  nous  n'avions  pas  encore  reçu  de  Londres  le  \o- 
]ume  des  ProceedingsZ. S.,  etc.,  \S4i,  quine  nous  est  arrivé  qu'en 
décembre  de  cette  année  ;  et  qu'enfin  en  consultant  les  livraisons 
des  Birds  of  Ausiralia  nous  ne  nous  étions  occupé  que  des  di- 
verses espèces  de  Poëphiles  qui  y  sont  représentés,  ne  pensant 
pas  que  le  même  Oiseau  incomplet  eiit  pu  être  figuré  dans  cet 
ouvrage  comme  une  espèce  A'*Amadina. 

Aujourd'hui  que  nous  avons  été  à  même  de  comparer  l'une  et 
l'autre  description,  l'une  et  l'autre  figure,  noils  croyons  néces- 
saire, en  publiant  notre  découverte  un  peu  tardive,  d'ajouter  à 
notre  article  une  notice  rectificative,  et  de  prévenir  nos  sous- 
cripteurs à  V Iconographie  ornithologique,  qu'ils  recevront  avec 
la  7*  livraison  cette  même  notice  destinée  à  remplacer  notre  ar- 
ticle descriptif  de  la  planche  3. 

Il  est  en  effet  impossible  de  ne  pas  reconnaître  la  femelle  de 
notre  Oiseau  dans  une  espèce  d''Amadina  communiquée  à  la 
Société  zoologique  de  Londres,  le  23  janvier  1844,  par  l'infatigable 
M.  Gould  avec  la  dénomination  de  Gouldiœ ,  et  dont  il  a  donné 
la  caractéristique  spécifique  en  ces  termes  : 

yJm.  fronte ,  loris,  plumis  auricularibus  et  gulâ  splendidè 
niffris  ;  nota  ab  oculis  circnm  occiput  et  per  latera  colli  iev. 
dente,  ex  œrugineviridi^gradaVtm  cum  flavido-viridi  eorporis 
Tome  VIII.   Année    1845.  29 


448  nEWt  zoo  LOGIQUE.  {Décembre  1845.) 

superioris  se  commiscente  ;  fasciâ  per  pectus  laid,  lucide  lila- 
cino-purpurea  ;  corpore  inferiori  serino. 

Comme  on  le  voit  c'est  le  même  plumage,  ce  sont  les  mêmes 
teintes  principales  que  dans  la  fig.  2  de  notre  pi.  3.  Toute  la 
différence  consiste  dans  l'absence,  chez  l'oiseau  de  M.  Gould.de 
la  teinte  bleu  clair  qui  est  remplacée  derrière  la  nuque  par  une 
teinte  d'un  beau  vert-de  gris,  et  qui  manque  totalement  à  la  li- 
sière de  la  plaque  noire  qui  garnit  les  joues  et  la  gorge,  ainsi 
qu'au  croupion  et  aux  couvertures  de  la  queue  qui  sont  olivâtres  ; 
enfin  dans  l'égalité  desrectrices  qui  sont  d'un  brun  fauve  au  lieu 
d'être  noires,  et  manquent  des  deux  rectrices  allongées  mé- 
dianes, caractère  assigné  par  M.  Gould  à  son  genre  Po'éphila. 

Aussi  l'absence  de  ce  caractère  capital  suffit-elle  pour  expli- 
quer la  différence  de  dénomination  générique  assignée  par  ces 
divers  Ornithologistes  à  un  Oiseau  évidemment  de  la  même  es- 
pèce, mais  jeune  chez  M.  Gould,  qui  l'a  figuré  dans  la  V^  plan- 
:;he  de  sa  15®  livraison,  parue  en  juin  1844,  de  ses  Birds  of 
Australia^  et  adulte  chez  MM.  Hombron  et  Jacquinot. 

Seulement  c'est  à  M.  Gould  qu'est  due  la  découverte  de  la 
jeune  femelle  terminant  sa  livrée  d'adulte,  qu'il  a  considérée  à 
tort  comme  un  mâle,  et  qu'il  a  en  conséquence  classée  dans  le 
genre  Amadina^  avec  le  nom  spécifique  de  Gouldiœ ,  qu'il  lui 
a  donné  en  mémoire  de  madame  Gould  sa  femme,  dont  la  perte 
sera  si  longtemps  regrettable  pour  la  science  à  laquelle  elle  a 
rendu  tant  de  services  par  l'élégance  et  la  facilité  de  son  pin- 
ceau, de  même  que  par  la  grâce  et  le  naturel  de  son  crayon  ; 
tandis  que  c'est  à  MM.  Hombron  et  Jacquinot  que  l'on  doit 
la  découverte  du  mâle  ,  dont  ils  ont  publié  la  figure  en  août  1 845 
dans  leur  Voyage  au  Pôle  Sud,  et  par  suite  la  véritable  classifi- 
cation de  l'espèce  qu'ils  ont  rapportée  au  genre  Poephila  (Gould) 
avec  la  spécifique  mirabilis. 

Il  y  a  donc  lieu  d'opérer  ici  une  simplification  par  suite  d« 
l'identité  de  Amadina  Gouldiœ  avec  Po'éphila  mirabilis. 

Or  nous  croyons  rester  dans  les  termes  de  la  justice  et  de  la 
vérité  en  donnant  à  l'espèce  le  nom  de  Poëphila  (Hombron  et 
Jacquinot)  Gouldiœ  (Gould).  C'est  la  seule  manière  d'éviter  toute 
confusion  de  synonymie,  ainsi  que  nous  l'observe  d'ailleurs  fort 
judicieusement  notre  savant  collègue  M.  de  Lafresnaye,  dans  une 
lettre  que  nous  recevons  de  lui  à  ce  sujet. 


TRAVAUX    INEDITS.  449 

Notes  «ur  une  espèce  de  Perruche  nouvelle,  par  M.  0.  Des  Murs. 

Conurus  Phaéton.—  Viridi  supernè  oUvacco,  subtùs  cinereo , 
genis  ac  loro  lœté-virescentibus  ;  superciliis  uropygioque  fusco 
coccineis  ;  fronte  nigro  ;  alula  cœlestè  cœrulea;  remigibus  et 
rectricibus  externe  pallidè-cœruleis ,  interne  nigris  ;  rosira 
corneo-cœrulescente,  pedibus  nigris. 

Longit. — 275  millim. 

Habit.— in  Tahiti  1ns. 

La  découverte  de  cette  jolie  Perruche  est  due  à  M.  J.  de  Ma- 
rolles,  lieutenant  de  vaisseau  de  la  marine  royale,  qui  l'a  rap- 
portée en  1844  de  Tahiti  et  lui  a  donné  le  nom  de  Phaëton,  du 
port  Phaëton  (isthme  de  Taravao)  dans  les  environs  duquel 
il  l'a  tuée. 


Mélanges  ornithologiuues  par  F.  de  Lafresnaye. 
Sur  le  genre  Tataré  de  M.  Lesson  (Traité  d'orn.,  p.  317). 

M.  Lesson,  après  avoir  décrit  sous  le  nom  de  Sitelle  otataré ^ 
dans  le  voyage  de  la  Coquille,  p.  666  pi.  20 ,  f.  2  ,  un  oiseau 
particulier  à  Otahiti ,  et  que  les  habitants  nomment  otataré  y  en 
forma,  dans  son  traité  d'ornithologie,  p.  317  ,  un  genre  nou- 
veau sous  le  nom  de  Tataré  y  et  l'y  nomma  Tatare  oidi- 
tiensis. 

M.  Gray,  dans  sa  List  of  gênera^  éd.  II,  p.  24  ,  adoptant  ce 
genre  ,  donne  pour  synonyme  à  l'espèce  type  le  Turdus  longi- 
roslris  de  Gmel.  Oriolus  musœ  Forster,  Drawings  ,  55  ,  et  le 
ThriothoruslusciniuSy  Thriothore  rossignol Qaoy  et  Gaym.  As- 
trolabe, Ois.  p.  202,  pi.  5,  f.  2.  11  nomme  l'espèce  Tatare  lon- 
girostris,  comme  nom  spécifique  le  plus  ancien. 

Tout  en  reconnaissant  que  c'est  à  bon  droit  que  M.  Gray,  se 
fondant  sur  la  description  de  Gmelin  et  Latham  ,  et  le  dessin  de 
Forster  à  Londres,  a  restitué  à  cet  oiseau  son  nom  primitif  de 
longirostris  Latham,  nous  pensons  que  c'est  à  tort  qu'il  lui 
réunit  \eThriothore  rossignol,  Thryothorus  luscinius  deQnoy 
et  Gaym  ;  x;ar  ce  dernier  est  un  oiseau  de  l'archipel  des  Ma- 
riannes  ,  particulier  à  l'île  Guam  ,  où  il  a  été  recueilli  deux  fois 
par  les  voyageurs  de  la  Coquille  et  de  V Astrolabe,  tandis  que  le 
Tataré  est  particulier  à  Otahiti ,  et  habite  par  conséquent  à  une 
•rnorme  distance  de  l'autre.  Pe  plus  ,  en  comparant  les  deux  oi- 


450  KFA'tJK  zooi-OGiQUE.  {Décembre  1815.) 

9eaux ,  on  reconnaît  prompteinent  leur  différence  spécifique,  car 
le  Thriolhore  rossignol  a  le  bec  beaucoup  plus  long  et  plus  ar- 
qué, l'aile  plus  courte  ,  et  son  plumage  diffère  en  ce  que  tout  le 
dessus  est  d'une  couleur  uniforme,  brunâtre,  enfumée  et  non 
mélangée  de  jaune  clair,  et  que  le  dessons  ,  quoique  d'un  blan- 
châtre légèrement  teint  de  jaunâtre  ,  n'offre  pas  cette  teinte 
soufrée  ou  jaune-serin  pâle  du  Tataré  d'Otahiti.  Enfin  il  est  im- 
possible, en  comparant  ces  deux  oiseaux  que  nous  possédons,  de 
ne  pas  reconnaître  que,  tout  en  différant  spécifiquement,  ils  doi- 
vent être  rapprochés  génériquement ,  mais  placés  sinon  dans  le 
genre  Thriolhore  ,  au  moins  bien  près  de  lui ,  car,  au  rapport 
de  MM.  Quoy  et  Gaym.,  le  Thryothore  rossignol ,  habitant  des 
roseaux  et  des  bambous  dans  les  lieux  humides,  où  il  fait  en- 
tendre un  chant  élevé  et  sonore ,  rappelle  tout  à  fait  les  mœurs 
des  Thryothores,  et  quant  aux  habitude  du  Tataré  ,  M.  Lesson 
n'en  a  donné  aucuns  détails.  Nous  pensons  néanmoins ,  d'après 
ses  formes  analogues  à  celles  des  Thryothores  et  des  Fauvettes  de 
roseaux ,  que  c'est  plutôt  un  oiseau  de  roseaux  qu'un  grimpeur 
d'arbres  et  de  forêts  comme  les  Sitelles,  groupe  où  on  le  place 
généralement. 

D'autre  part,  M.  Lesson  a  décrit  dans  la  Revue  ZOoL,  1842  , 
p.  210,  sous  le  nom  de  Tataré  fuscus  ,  un  oiseau  d'Otahiti, 
comme  le  Tataré  longirostris^  et  que  nous  croyons  de  même  es- 
pèce ,  quoique  différant  essentiellement  de  coloration  ;  il  le 
décrit  ainsi  :  «  rostro  et  pedibus  plumbeis,  corpore  supra,  alis 
eaudaque  brunneo-rufls ,  olivaceo  infra.  » 

Nous  possédons,  outre  le  Tataré  longirostris^  un  autre  oiseau 
d'Otahiti,  qui  lui  est  entièrement  conforme  dans  toutes  ses  pro- 
portions ,  mais  dont  la  couleur  uniforme  d'un  sombre  noirâtre, 
parait  tout  à  fait  analogue  à  celle  du  Tataré  fuscus  ,  décrit  par 
M.  Lesson,  Revue  zool.^  1842  ,  p.  210.  Seulement,  au  lieu  d'a- 
voir le  dessous  olivâtre  comme  ce  dernier,  il  l'a  du  même  brun 
noirâtre  enfumé  que  tout  le  dessus,  avec  un  léger  reflet  olive  , 
mais  peu  sensible  sur  le  devant  du  cou  et  de  la  poitrine  ;  au 
menton  seulement  existe  une  tache  transversale  d'un  jaune  pâle. 

Il  n'est  pas  douteux ,  d'après  ces  rapports,  que  notre  individu 
tout  brun ,  à  tache  jaune  pâle  au  menton,  ne  soit  le  même  oiseau 
que  le  Talare  fuscus  de  H.  Lesson  ,  n'ayant  conservé  de  la  cou- 
leur inférieure  olive  de  celui-ci  qu'un  très-léger  reflet,  et  de  la 


TRAVAUX    INÉDITS.  451 

couleur  jaune-seï  in  pale  du  Tatare  /orif/iroi/m' qu'une  tache  gut- 
turale au  menton.  On  peut  en  conclure  naturellement  que  le 
Tatare  fuscus  et  le  Tatare  longiroslhs  sont  le  même  oiseau 
sous  deux  livrées  difiërentes  ,  une  brune  noirâtre  et  l'autre  serin 
pâle.  Notre  individu  est  dans  la  livrée  brune;  celui  décrit  par 
M.  Lesson  était  le  passage  de  celle-ci  à  la  jaune.  Quant  à  pro- 
noncer sur  celle  de  ces  deux  livrées  qui  appartient  à  l'adulte,  ou 
à  un  sexe  différent ,  nous  ne  pouvons  le  faire ,  nos  individus 
brun  et  jaune  étant  aussi  bien  conformés  l'un  que  l'autre.  Les 
voyages  fréquents  aujourd'hui  à  Otahiti  ne  peuvent  nous  laisser 
longtemps  dans  cette  incertitude. 

Il  résulte  donc  de  ces  observations  que  i°  on  doit  retrancher 
de  la  synonymie  du  Tatare  longiroslris  de  Gray  (Gen.  of  birds), 
le  Thryothorus  luscinius  (Quoy  et  Gaymard)  qui  constitue  une 
autre  espèce  bien  positivement ,  soit  un  Thryothore  ,  soit  un 
Tatare;  2°  que  l'on  doit  ajoutera  cette  synonymie  le  Tatare 
fuscus  (  Less.  )  qui  n'est  qu'une  livrée  particulière  du  Tatare 
longirostris. 
Sur  le  Ptilogonys  nitens  de  Swamson ,  Hypotyme  luisant ,  nob. 

Lorsqu'un  genre  basé  sur  de  bons  caractères ,  ne  renferme 
qu'une  seule  espèce  type ,  il  est  intéressant ,  lorsqu'on  vient 
à  y  en  ajouter  quelques  autres,  de  reconnaître  si  elles  réunis- 
sent véritablement  ces  caractères.  Le  genre  Hypotyme  de  Tem- 
minck ,  Ptilogonys  antérieurement  de  Swainson,  outre  Ja  briè- 
veté remarquable  de  ses  tarses ,  celle  de  son  bec  presque 
triangulaire,  la  longueur  de  sa  queue  à  rectrices  élargies  et  ar- 
rondies à  leur  extrémité  intérieure ,  ce  qui  la  rend  presque 
fourchue,  se  distingue  encore  parmi  tous  les  muscicapidées  du 
nouveau  monde  par  le  caractère  exclusif  de  la  première  penne 
de  l'aile  très-courte  ou  bâtarde,  caractère  qui  ne  lui  est  commun, 
au  milieu  des  innombrables  genres  de  cette  famille  en  Amérique, 
qu'avec  le  genre  Myadestes  de  Swainson. 

L'Hypotime  luisant  nob. ,  Ptilogonys  nitens  Swainson,  classif. 
part.  5,  n"  16  ,  réunit  tous  ces  caractères  au  plus  haut  degré  de 
similitude ,  et  quoique  dans  son  plumage  ,  d'un  noir  bleu  lui- 
sant uniforme ,  il  n'offre  au  premier  abord  aucun  rapport  appa- 
rent avec  celui  de  V Hypotyme  cul  d'or  ,  si  on  vient  à  soulever 
î>on  aile  ,  on  la  voit  traversée  en  dessous  par  une  large  bande 
blanche ,  médiane  ,  ne  régnant  que  sur  les  barbes  internes  , 


452  HEVCE  zooLOGiQDK.  {Décembre  1845.) 

caractère  de  coloration  qui  lui  est  commun  avec  l'espèce  type. 
Cette  espèce,  habitante  du  Mexique,  comme  la  première  connue , 
à  plumage  noir  bleu  luisant  uniforme  ,  sauf  la  bande  inférieure 
de  l'aile,  a  la  tête  ornée  d'une  jolie  huppe  pointue.  La  femelle 
est,  d'après  Swainson,  d'un  gris  uniforme  avec  la  huppe  seulement 
noirâtre.  Nous  possédons  les  deux  sexes  ;  celle-ci,  chez  notre  in- 
dividu ,  a  en  outre  toutes  les  tectrices  de  l'aile,  et  même  les  ré- 
miges, finement  liserées  de  blanc,  ainsi  que  la  rectrice  la  plus 
extérieure  ;  les  sous-caudales  blanches  sont  grises  dans  leur  mi- 
lieu ;  la  huppe  ,  les  rémiges  et  les  rectrices  sont  noirâtres.  Nous 
ne  pouvons  décider  si  cet  individu  est  plutôt  une  femelle  qu'un 
jeune  mâle,  ayant  un  troisième  individu  varié  de  noir  et  de  gris. 
Sa  longueur  totale  est  de  21  centimètres. 


Description  d'une  nouvelle  espèce  du  genre  Macronyx ,  par 
M.  le  vicomte  L.  De  Taruagon. 

Macronyx  Ameliœ ,  taille  généralement  plus  petite  que  celle 
de  V Alouette  sentinelle  de  Le  Vaillant. 

Parties  sup.  Une  bande  d'un  blanc  mêlé  de  rose  passe  au- 
dessus  des  yeux  et  vient  se  fondre  vers  l'occiput  avec  la  couleur 
des  plumes  de  la  tête  et  du  dos ,  lesquelles ,  y  compris  les  cou- 
vertures de  la  queue  et  des  ailes  ,  sont  noires  dans  leur  milieu , 
plus  ou  moins  frangées  de  roux ,  de  roux  clair  et  de  blanc  ;  le 
poignet  de  l'aile  est  légèrement  teint  de  rose.  Les  grandes  pennes 
sont  d'un  brun  noir  ;  les  petites  terminées  de  blanc  avec  un  très- 
faible  liséré  roux.  Les  rectrices  supérieures  noires,  terminées 
d'un  peu  de  blanc;  l'avant-dernière  latérale,  noire  ,  avec  une 
tache  blanche  à  son  extrémité  ;  la  dernière  entièrement  blanche. 
Elles  portent  toutes  les  mêmes  teintes  inférieurement. 

Parties  inf.  Gorge  d'un  rouge  vif ,  rehaussé  par  un  collier  de 
plumes  noires ,  liserées  de  blanc  et  de  rose  qui  descend  sur  la 
poitrine  et  y  forme  une  large  bande  tapirée  de  noir  et  de  blanc. 
Tout  le  dessous  du  corps  est  d'un  rose  assez  vif,  les  flancs  lavés 
de  rose  ;  les  couvertures  sous-caudales  d'un  blanc  sale ,  légère- 
ment teint  de  rose.  Les  cuisses  blanches;  le  bec,  les  pieds,  les 
ongles  ont  à  peu  près  les  mêmes  dimensions  que  chez  l'espèce 
fype ,  que  nous  avons  citée  plus  haut.  Cet  oiseau  vient  du  port 
Natal  où  il  est  extrêmement  rare.  Nous  le  ferons  figurer  inces- 
samment, 


ANALYSES  U  OUVKAGtS  NOOVBACX.  453 

11.  ANALYSES  D'OUVRAGES  NOUVEAUX. 

Statistique  physique  et  économique  de  Vile  de  Capri.  (Extrait 
des  Exercices  académiques  des  aspirants  naturalistes.  Volumell. 
première  partie.)  ISaples  1 840  ,  in-S». 

Géologie  par  Pascal  la  Gava.  Aucun  fossile  n'est  noté  dans  la 
description  des  terrains;  ce  n'est  qu'à  Texplication  delà  planche  I , 
que  l'on  trouve  l'indication  des  fossiles  suivants  ;  ce  sont  : 

1.  Un  aiguillon  de  Cidarite  qui  paraît  appartenir  à  la 
C.  baculosa.  (Lamk.)  et  plusieurs  autres  appartenant  à  l'espèce 
commune. 

2.  Un  morceau  de  rayon  d'Ophiure. 

3.  Un  corps  cylindrique  qui  ressemble  au  siphon  du  Solen 
strigillatus. 

5.  Un  fossile  organique  de  genre  douteux  qui  se  rapproche  du 
Conularia. 

().  Un  morceau  de  Polypier  qui  peut  être  rapporté  au  Madre- 
pora  favosites. 

Zoologie.  —  Les  Mammifères  sont  peu  nombreux.  —  La 
tanpe  {Talpa  Europea),  le  rat  des  toits  y  manquent  tota- 
lement , ainsi  que  le  lièvre  {Lepus  timidus)^  et  tous  les  Carnivores 
des  genres  Canis,  Felis,  Afttsfeirt,  etc.  à  l'état  sauvage.  Les  oiseaux 
sont  plus  nombreux,  les  auteurs  décrivent  une  variété  de  Saxi- 
cola  Stapazina. 

Les  Reptiles ,  les  Poissons  n'offrent  rien  de  particulier,  ils  sont 
peu  nombreux. 

Quelques  espèces  nouvelles  de  Mollusques  ont  été  décrites  par 
M.  A.  Costa ,  ce  sont  la  Doris  tenera.  —  La  Tritonia  acumi- 
nata  ,  celte  dernière  diffère  de  la  Tr.  elegans  de  Savigny,  par 
la  forme  et  la  grandeur  des  branchies;  dans  l'espèce  nouvelle, 
elles  se  teVminent  en  pointe  en  arrière  ;  elle  diffère  par  la  cou- 
leur et  l'absence  de  tubercules  de  la  Tr.  rubra  de  Ruppel. 
Ils  décrivent  aussi  une  espèce  de  FusuSy  sous  le  nom  de  F,  lineo- 
latus.  Us  décrivent  également  plusieurs  espèces  nouvelles  de 
Crustacés  qu'ils  nomment  Ebalia  elegans^  Maya  ambigua , 
Idotea  atrata  :  Fhyllosoma  parthenopœum. 

Parmi  les  Arachnides,  ils  décrivent  deux  espèces  :  ce  sonli 
VObisium  megachelum  et  le  Phalangium  spinipes. 


454  REVUE  ZOOLOGIQUE.  {Décembre  18*5.) 

Parmi  les  Lépidoptères ,  ils  ont  découvert  plusieurs  espèces  : 
ce  sont  les  Phidonia  plumbeolata ,  —  ^cophora  pavoniella.— 
Pterophorus  flaveodactylus. 

La  partie  des  Articulés  a  été  traitée  par  M.  Ant.  Amary,  qui 
a  découvert  les  espèces  précédentes.  (Cn.  Kobin  ) 


Cours  élémentaire  d'histoire  naturelle  ,  à  l'usage  des  établisse- 
ments de  S.  M.  l'Impératrice ,  par  MM.  Ménétriés  et  Loustan- 
NAU.  1'°  partie,  Zoologie.  (Saint  Pétersbourg  1844,  in-8°,  fig.) 
Cette  première  partie  du  cours  de  ces  deux  naturalistes  forme 
un  petit  volume  in-8**de  144  pages.  Appelés  à  professer  l'histoire 
naturelle  dans  les  établissements  de  demoiselles  nobles,  que 
S.  M.  l'Impératrice  de  Russie  honore  de  sa  haute  protection ,  ils 
ont  été  conduits  à  rédiger  leur  ouvrage  en  langue  française. 

Dans  l'intention  de  simplifier  le  système  autant  que  possible  , 
MM.  Ménétriés  et  Loustannau  ont  apporté  quelques  modifications 
dans  la  classification ,  et  leur  travail  est  surtout  destiné  à  servir 
de  canevas  au  professeur  qui  peut  toujours  s'étendre  sur  les 
mœurs,  usages,  utilité,  etc.,  des  objets  qu'il  fait  connaître  à  ses 
élèves ,  ou  bien  de  guide  à  ceux-ci ,  afin  de  les  aider  à  classer  les 
faits  dont  on  les  entretient. 

Chaque  grande  division  est  précédée  d'un  tableau  synoptique 
semblable  à  ceux  de  la  Zoologie  analytique  de  M.  Duméril ,  sauf 
quelques  modifications  motivées  par  le  but  de  l'ouvrage  ou  par 
les  travaux  des  auteurs.  Ainsi  les  Myriapodes  ont  été  placés  parmi 
les  Crustacés;  les  Cirrhopodes  forment  un  nouvel  ordre; les  Mol- 
lusques et  Phytozoaires  ont  été  mieux  caractérisés  ,  etc. 

Les  Vertébrés  ont  été  traités  avec  plus  de  détail  à  cause  de  leur 
plus  grande  utilité,  et  parce  qu'ils  sont  plus  à  la  portée  des  élèves 
et  plus  faciles  à  observer  pour  des  commençants.  Les  auteurs 
ont  cherché ,  dans  ce  manuel ,  qui  tient  le  milieu  entre  un  livre 
purement  populaire  et  un  traité  ou  un  livre  classique  d'une  por- 
tée plus  élevée ,  à  relever  de  ces  erreurs  plus  ou  moins  accrédi- 
tées et  que  Ton  retrouve  dans  les  livres  donnés  aux  enfants;  en- 
fin l'un  d'eux ,  M.  Ménétriés ,  ayant  été  à  même ,  dans  se» 
voyages  ,  d'étudier  sur  les  lieux  un  grand  nombre  d'ahimaux , 
sous  les  points  de  vue  de  leurs  mœurs,  de  leur  utilité,  elc.  ,  a 
mis  dans  cet  ouvrage  plusieurs  notes  intéressantes  sur  des  sujet» 
aeufs  ou  peu  connus.  Kn  résumé,  ce  petit  livje,  écrit  avec 


ANALYSES    d'oDVRAGRS    NOUVEAUX.  4Ô.J 

beaucoup  d'ordre  et  de  clarté,  ne  peut  qu'être  très-utile  aux 
progrès  de  l'histoire  naturelle,  en  rendant  l'étude  de  cette 
«cience  agréable ,  et  en  en  répandant  le  goût  parmi  les  élèves 
qui,  plus  tard,  pourront  perfectionner  leur  éducation  scienti- 
fique en  se  servant  des  ouvrages  plus  développés  que  la  science 
possède.  (G.  M.). 


Études  anatomiques  sur  un  Agneau  bimale  du  genre  Synotut, 
par  Mr  N.  Joly. 

Bien  que  les  monstruosités  doubles  rendent  la  naissance  plus 
difficile,  il  est  rare  de  leur  voir  lui  opposer  des  difficultés  insur- 
montables ;  cependant  la  brebis  qui  portait  l'individu  tératolo- 
gique  dont  il  s'agit  est  morte  24  heures  après  le  début  de  la 
parturition  ,  sans  pouvoir  l'achever. 

Une  face  complète  d'un  côté  de  la  bête ,  et  de  l'autre  ses  deux 
oreilles  très-rapprochées  et  comme  confondues,  jointes  à  deux 
corps  intimement  unis  au-dessus  d'un  ombilic  commun,  doivent 
nécessairement  faire  placer  ce  monstre  dans  le  genre  Synotus 
de  M'  .    Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Les  principales  particularités  anatomiques  qu'il  a  présentées 
sont:  1°  l'existence  de  3  colonnes  vertébrales  ,  opposées  par 
leurs  faces  antérieures ,  ax/ec  chacune  1 3  paires  de  côtes  allant 
se  réunir,  non  pas  à  un  sternum  commun  formé  par  la  soudure 
de  ces  deux  os  ;  mais  chaque  sternum  était  séparé  en  2  moitiés 
sur  la  ligne  médiane,  et  chacune  de  ces  moitiés  était  unie  avec 
la  moitié  homologue  du  même  os  de  l'autre  individu.  De  même 
pour  le  crâne  et  la  face  ,  une  des  moitiés  appartenait  à  l'un  des 
individus  et  l'autre  à  l'autre  ;  cependant  ce  crâne  et  cette  face 
étaient  réguliers.  Chaque  fosse  postérieure  du  crâne  était  percée 
d'un  trou  occipital ,  lesquels  étaient  séparés  l'un  de  l'autre  par 
les  os  d'une  face  rudimentaire. 

2°  11  y  avait  2  moelles  épinières  ,  2  protubérances  annulaires, 
2  cervelets,  mais  un  cerveau  unique ,  évidemment  formé  par  la 
réunion  des  éléments  de  deux  cerveaux ,  appartenant  en  propre 
à  chaque  individu. 

3°  L'estomac  était  composé  d'une  panse  et  d'un  bonnet  pour 
chaque  individu  ;  les  deux  bonnets  s'ouvraient  dans  un  feuillet 
commun,  lequel  se  continuait  avec  une  caillette  trèg-ample , 


456  REVUE  zoOLOGiQDE.  [Décembre  1845.) 

CÊfaleinent  commune.  Le  pylore  s'ouvrait  dans  un  seul  duodénum 
qui  se  continuait  avec  un  jéjunum  unique.  Celui-ci  se  dilatait 
vers  sa  terminaison  pour  se  diviser  en  2  iléons,  se  rendant  à 
2  cœcums ,  et  le  reste  de  l'intestin  était  normal. 

i°  Un  conduit  particulier  faisait  communiquer  ensemble  les 
2  aortes. 

5**  Il  y  avait  4  poumons ,  2  trachées ,  2  larynx  complets  s'ou- 
vrant  dans  un  pharynx  commun  ;  une  seule  langue  complète , 
une  autre  rudimentaire. 

6°  Tous  les  organes  du  sujet  placé  à  gauche  de  l'axe  d'union 
étaient  plus  développés  que  ceux  du  sujet  droit. 

(Ch.  Robin.) 

Bibliothèque  Conchyliologique  ,  par  M.  le  Docteur  Chenu.  — 
2'"^  série,  t.  1". 

Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres.  —  Partie 
conchyliologique.  (Un  fort  volume  grand  in-S»  orné  de  43  plan- 
ches.— Paris  ,  Franck  ,  libraire  ,  rue  Richelieu  ,  69,  prix  ;  30  fr.) 

Cette  utile  entreprise  se  poursuit  avec  la  plus  grande  activité , 
et  M.  Chenu  n'épargne  ni  peines  ni  sacrifices  pour  continuer  de 
lui  donner  l'importance  qui  lui  a  mérité  un  si  bon  accueil  du 
public  savant. 

Le  gros  volume  que  nous  avons  sous  les  yeux  nous  semble  être 
l'un  des  plus  intéressants  de  la  collection  ,  car  il  contient  les  tra- 
vaux des  conchyliologistes  les  plus  éminents  de  l'Angleterre  ; 
travaux  répandus  dans  un  recueil  fort  rare ,  composé  d'un  grand 
nombre  de  volumes  in-4°,  contenant  des  mémoines  sur  tous  les 
sujets  de  l'histoire  naturelle.  En  effet,  M.  Chenu  a  renfermé 
dans  ce  beau  volume  tout  ce  qui  a  paru  de  mémoires  conchylio- 
logiques  dans  les  dix-huit  premiers  volumes  des  Transactions  de 
la  Société  Linnéenne  de  Londres,  publiés  de  1791  à  1835.  Ces 
travaux  forment  trente-sept  mémoires  fort  importants ,  dus  à 
MM.  Hoy,  Humphrey ,  G.  Maton,  Adams ,  Martin,  J.  Latham, 
F.  Buchannan,  G.  Shaw  ,  W.  Wood,  G.  Montagu,  W.  Pilkington, 
Matton  et  Rackett,  J.  Soverby,  Marryat,  Revett  Sheppard , 
Brettingham  Soverby,  John  Hogg,  Lansdown  Guilding,  W. 
Sharp  Mac-Legy,  J.-G.  Jeffreys,  et  Robert  Gardner.  Parmi  ces 
travaux ,  on  en  remarque  de  fort  importants ,  tels  que  le  Précis 
historique  sur  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  Testacéologie , 


ANALYSES    DOUVRAGRS    HODVEAU.X.  457 

le  Catalogue  descriptif  des  Teslacés  de  la  Grande-Bretagne  , 
par  MM.  Maton  et  Rackett.  Les  Observations  sur  la  charnière 
des  coquilles  bivalves  d'Angleterre,  par  W.  Wood  et  beaucoup 
d'autres  non  moins  utiles. 

Toutes  les  figures  qui  accompagnent  ces  divers  travaux,  ont 
été  reproduites  avec  une  grande  exactitude  dans  43  planches 
parfaitement  lithographies,  et  ce  volume  aura  d'autant  plus  de 
prix  aux  yeux  des  conchyliologistes  qui  s'occupent  des  mollus- 
ques d'Europe,  qu'il  contient  beaucoup  de  travaux  sur  la  con- 
chyliologie de  cette  contrée.  En  résumé,  nous  pensons  que  cet 
ouvrage  doit  figurer  dans  la  bibliothèque  de  tous  les  amateurs 
qui  veulent  classer  scientifiquement  leur  collection.  Ils  auront 
ainsi ,  à  l'aide  d'une  dépense  minime  de  30  francs,  les  mémoires 
répandus  dans  un  ouvrage  qu'ils  ne  sauraient  se  procurera  au- 
cun prix ,  et  que  l'on  ne  trouve  que  dans  une  ou  deux  grande» 
bibliothèques,  dans  les  principales  capitales  de  l'Europe.  (G.  M.) 


Traité  pratique  des  arbres  résineux  conifères  à  grandes  di- 
mensions, que  l'on  peut  cultiver  dans  les  climats  tempérés.  Par 
M.  le  Marquis  de  Chambray,  maréchal  de  camp  d'artillerie,  mem- 
bre corr.  de  l'Acad.  Roy.  des  sciences  et  belles-lettres  de  Prusse 
et  de  la  Soc.  Roy.  et  centr.  d'Agriculture  de  France.  (1  vol.  très- 
grand  in-8°  avec  planches  in-4°.  Paris  1845.  Prix  12  fr.  —  Pillet. 
— Bouchard  Huzard,  libr.). 

Si  le  bel  ouvrage  de  M.  le  marquis  de  Chambray  n'avait  pas 
contenu  des  observations  très-intéressantes  sur  les  animaux  qui 
nuisent  aux  diverses  espèces  de  sapins  dont  il  traite,  le  plan  de 
la  Revue  Zoologique  ne  nous  aurait  pas  permis  de  l'annoncer  à 
nos  lecteurs  ;  mais  les  notions  zoologiques  abondent  dans  ce 
livre,  et  elles  ont  été  obtenues  par  des  recherches  longtemps  con- 
tinuées d'un  homme  très-instruit  et  plein  de  zèle,  ce  qui  leur 
donne  beaucoup  de  valeur. 

L'ouvrage  de  M.  le  marquis  de  Chambray  est  le  fruit  d'un  tra- 
vail long  et  persévérant,  et  il  sera  certainement  apprécié  comme 
il  le  mérite  par  les  savants  qui  s'occupent  de  sylviculture.  L'au- 
teur a  consacré  un  chapitre  à  chacune  des  espèces  d'arbres  dont 
il  traite,  et  les  matières  de  chaque  chapitre  sont  classées  ainsi 


458  REVUE  zooLOGiQUE.  (Décembre  1845.  ) 

qu'il  suit  :  1.  Noms  de  l'espèce.  2.  Boutons  et  sève.  3.  Feuilles  et 
fleurs.  4.  Graines  et  semis  naturels.  5.  Mode  de  végétation.  6.  Cli- 
mat, exposition,  terrain.  /.  Création  d'une  futaie.  8.  Aménage- 
ment, exploitation  et  reproduction.  9.  Qualités  et  usages  du 
bois;  produits  divers.  10.  Accidents,  maladies,  animaux  nui- 
sibles. 

C'est  cette  dernière  partie  de  chaque  chapitre  que  nous  avons 
lue  avec  un  vif  intérêt.  Nous  y  avons  trouvé  des  observations  bien 
faites  et  d'une  haute  importance,  relatives  aux  Mammifères,  aux 
Oiseaux  et  surtout  aux  Insectes  qui  nuisent  gravement  aux  sapi- 
nières. Au  sujet  du  sapin  argenté,  M.  de  Chambray  indique  une 
chenille  qui  nuit  beaucoup  en  s'introduisant  dans  l'intérieur  des 
feuilles,  qu'elle  creuse  entièrement,  ce  qui  les  fait  périr.  Ces  che- 
nilles d'un  vert  de  prairie,  ont  0,007  de  long,  et  une  grosseur 
telle  que,  si  on  ne  les  trouvait  dans  l'intérieur  des  feuilles,  on 
ne  croirait  pas  qu'elles  pussent  y  être  contenues.  Elles  y  entrent 
par  un  trou  qu'elles  font  au-dessous  des  feuilles,  près  de  l'endroit 
où  elles  sont  fixées  au  bois,  et  elles  commencent  toujours  leurs 
ravages  par  les  cimes  des  sapins,  dans  les  portions  aérées  et  qui 
reçoivent  les  rayons  du  soleil.  Quinze  jours  après  avoir  constaté 
la  présence  de  ces  chenilles,  M,  de  Chambray  vit  leur  nombre 
diminuer,  et  le  1^'  août  il  n'y  en  avait  plus. 

M.  de  Chambray  n'a  pu  déterminer  l'espèce  d'insecte  produite 
par  ces  chenilles,  car  il  n'a  pu  les  élever  jusqu'à  leur  état  parfait. 
Copendant  il  présume  qu'elles  donnent  de  petits  papillons  gris 
qu'il  avait  vus  en  innombrables  quantités  voltiger  autour  de  ses 
arbres  l'année  précédente,  et  nous  croyons  qu'il  ne  se  trompe 
pas.  Il  est  certain  que  ces  chenilles,  lorsqu'elles  quittent  les 
feuilles  des  arbres,  au  commencement  d'août,  descendent  à  terre, 
s'y  cachent  pour  passer  l'hiver  et  qu'elles  se  transforment  en 
papillons  au  printemps  suivant.  Espérons  que  M.  de  Chambray 
complétera  cette  observation  intéressante  et  que  la  connaissance 
complète  des  mœurs  de  ces  insectes  lui  donnera  le  moyen  d'en 
débarrasser  ses  sapinières.  (G. -M.) 


SOCIÉTÉS    S\VA!>«TES.  45î> 

III.   SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 

Séance  du  1"  décembre  1845.  —  M.  Duméril,  après  la  lec- 
ture du  procès-verbal ,  fixe  Pattention  sur  la  notice  descriptive 
d'anatomie  comparée  communique'e  à  l'Académie  par  M.  Natali* 
Guillot ,  relative  au  réservoir  particulier  observé  dans  l'appareil 
de  la  circulation  des  Raies.  Ce  fait  réel ,  facile  à  constater,  n'a 
pas  dû  ,  par  cela  même  ,  être  renvoyé  à  l'examen  dune  commis- 
sion ;  aussi  cette  description  a-t-elle  été  imprimée  dans  le  der- 
nier numéro  du  compte  rendu  des  séances. 

Cependant ,  comme  l'auteur  de  celte  notice  intéressante  a 
dit  que  les  particularités  qu'il  indique  paraissent  avoir  échappé 
à  l'observation  ,  M.  Duméril  croit  devoir  rappeler  que  dans  un 
de  ses  mémoires  sur  l'organisation  des  Lamproies,  publié  en 
Ï807,p.  144,  il  a  dit:  «  Que  chez  ces  animaux,  les  veines  forment 
»  des  sinus  analogues  à  ceux  de  la  dure-mère  et  de  la  colonne 

»  vertébrale  chez  les  mammifères  ; que  le  plus  souvent  les 

»  artères  baignent  dans  ces  sinus  ,  comme  cela  se  voit  pour  l'ar- 
»  tère  branchiale ,  et  dans  les  deux  grands  sinus  qui  régnent 
»  sous  l'échiné  et  qui  accompagnent  l'aorte.  » 

M.  Milne  Edwards  dit  que  la  disposition  anatomique observée 
par  M.  Guillot,  n'avait  été  signalée  ni  par  Monro  ni  par  Cuvier, 
ni  par  Stannius,  ni  (à  sa  connaissance  du  moins)  par  aucun  au- 
tre naturaliste,  et  que  par  conséquent  la  découverte  du  fait  en 
question  lui  paraît  appartenir  à  M.  Natalis  Guillot.  Les  cavités 
veineuses  trouvés  par  cet  anatomiste  chez  les  Raies ,  ont  peut- 
être  quelque  analogie  avec  les  sinus  dont  l'existence  a  été  signa- 
lée chez  la  Lamproie  par  M.  Duméril ,  mais  diffèrent  notable- 
ment de  ce  que  l'on  désigne  ordinairement  sous  le  nom  de  sinus 
chez  les  animaux  supérieurs  ;  ce  ne  sont  pas  de  simples  dilata- 
tions d'une  veine ,  mais  bien  des  systèmes  de  lacunes  en  com- 
munication directe  avec  les  vaisseaux  proprement  dits. 
M.  Edwards  ajoute  que,  «  pendant  que  M.  INatalis  Guillot  s'occu- 
pait de  ses  recherches  sur  l'appareil  de  la  circulation  chez  les 
Raies,  M.  Robin  était  arrivé  de  son  côté  à  des  résultats  analo- 
gues ,  et  que  ce  jeune  anatomiste  avait  en  outre  constaté  l'exis- 
tence de  cavités  veineuses  de  même  nature  chez  les  Squales.  » 


460  REVDK  zooLOGiguE.   [Décembre  1845.) 

M.  Flourens  lit  un  passage  d'une  lettre  de  M.  Pappenheim  , 
sur  les  nerfs  du  péritoine  ,  dans  lequel  cet  anatomiste  réclame 
la  priorité  relativement  à  la  découverte  de  nerfs  dans  cet  or- 
£;ane.  Cette  lettre  est  renvoyée  à  la  commission  qui  doit  examiner 
le  mémoire  de  M.  Bourgery. 

M.  Flourens  communique  une  lettre  de  M.  Savigny  au  mi- 
nistre de  l'instruction  publique.  Le  célèbre  zoologiste  ,  étant  au- 
jourd'hui dans  un  état  de  santé  assez  satifaisant  pour  reprendre 
des  travaux  longtemps  interrompus  par  une  cruelle  maladie,  et 
notamment  ceux  qui  étaient  destinés  au  grand  ouvrage  sur 
l'Egypte,  demande  au  gouvernement  l'autorisation  et  les  moyens 
de  combler  la  lacune  qui  existe  dans  les  parties  de  cet  ouvrage 
dont  la  rédaction  lui  avait  été  confiée. 

MM.  Lebert  et  Robin  présentent  une  note  sur  la  disposition 
anatomique  des  organes  de  la  génération  chez  les  mollusques 
du  genre  Patelle. 

Séance  du  8  décembre.  —  M.  Flourens  présente  le  résultat 
à!' expériences  sur  la  résorption  et  la  reproduction  successives 
des  têtes  des  os.  Le  savant  physiologiste  cherche  à  expliquer 
comment  se  fait  l'écartement  des  têtes  des  os ,  pendant  leur  ac- 
croissement en  longueur. 

Après  avoir  exposé  les  nombreuses  expériences  qu'il  a  faites  , 
et  montré  une  série  de  pièces  conservées  dans  l'alcool ,  M.  Flou- 
rens termine  ainsi  cette  intéressante  communication  : 

«  Les  expériences  que  je  viens  de  rapporter  prouvent  : 

»  1°  Que  les  têtes  des  os  changent  continuellement  pendant 
l'accroissement  des  os  en  longueur. 

»  20  Que  le  périoste  résorbe  l'os  tout  comme  la  membrane 
médullaire. 

»  3°  (Ce  que  j'avais  prouvé  par  mes  précédentes  expériences) 
que  la  membrane  médullaire  produit  l'os  tout  comme  le  pé- 
rioste. » 

M.  Dujardin  lit  un  mémoire  sur  le  développement  des  mé- 
duses et  des  polypes  hydraires. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'examen  de  MM.  Duméril ,  Flourens 
et  Milne  Edwards. 

M.  Flourens  présente,  au  noni  de  M.  Erdle^  la  première  li- 
vraison d'un  ouvrage  ayant  pour  titre:  Développement  de 
V Homme  cl  du  Poulet  dans  lœuf.  Le  savant  académicien  fait 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  461 

remarquer  que  cet  ouvrage  ,  qui  est  accompagné  de  trèa-belle» 
ligures  ,  paraît  devoir  renfermer  un  grand  nombre  de  faits  nou- 
veaux. 

M.  Jiobin  adresse  un  travail  sur  le  système  veineux  des  pois- 
sons cartilagineux. 

«  L'Académie  se  rappelle,  dit  M.  Milne  Edwards  en  présentant  ce 
travail ,  que  dans  une  des  dernières  séances  ,  M.  Natalis  Guillot  a 
appelé  l'attention  des  anatomistes  sur  un  système  de  cavités  cel- 
lulaires ou  de  lacunes  qui,  chez  la  Raie,  communique  directe- 
ment avec  les  sinus  veineux  mentionnés  par  Monro  ,  ainsi  qu'a- 
vec les  veines  caves ,  et  reçoivent  le  sang  de  divers  organes. 
M.  Robin  qui ,  de  son  côté  ,  s'occupait  de  recherches  analogues , 
m'a  prié  de  présenter  à  l'Académie  les  principaux  résultats  de 
son    travail.   Il  décrit  avec  plus  de  détail  que  ne  l'avait  fait 
M.  Guillot,  les  rapports  de  ces  cavités  et  des  sinus  de  Monro 
avec  les  troncs  veineux  d'alentour,  et  signale  quelques  disposi- 
tions qui  avaient  échappé  à  cet  observateur.  11  fait  connaître 
aussi  la  présence  et  la  structure  de  ce  système  de  cavités  vei- 
neuses chez  les  squales  ,  et  parmi  les  faits  qu'il  signale,  je  cite- 
rai l'existence  d'un  grand  sinus  veineux  qui ,  bien  distinct  de  la 
cavité  décrite  par  Monro  sous  le  nom  de  veine  jugulaire  interne, 
s'avance  dans  la  tète  des  Raies  et  des  Squales  jusque  dans  le  voi- 
sinage des  fosses  nasales  ,  de  chaque  côté  des  branchies,  et  com- 
munique  avec  les  cavités  orbitaires.  Le  liquide  qui  remplit  le 
fond  de  l'orbite,  et  qui  baigne  les  muscles  de  l'œil ,  passe  ainsi 
librement  dans  le  système  veineux;  et,  si  le  sang  ne  pénètre  pas 
dans  la  cavité  orbitaire,  comme  chez  les  Mollusques  céphalo- 
podes, cela  ne  tient  qu'à  la  présence  d'un  petit  repli  membra- 
neux faisant  fonction  de  valvule.  Mais  le  résultat  le  plus  impor- 
tant est  relatif  aux  vaisseaux  que  différents  anatomistes  et  que 
M.  Robin  lui-même  avaient  considérés  jusqu'ici  comme  consti- 
tuant, avec  les  chylifères,  un  système  lymphatique.  Il  s'est  as- 
suré que  ,  dans  l'état  normal ,  ces  vaisseaux  contiennent  du  sang, 
ctn«  sont  réellement  autre  chose  que  des  veines.  » 

M.  Robin  adresse  également  à  l'Académie  une  Note  sur  une 

espèce  particulière  de  glande  de  lapeau  de  l'homme.  Ces  glandes 

se  trouvent  au  creux  de  l'aisselle  et  au  pli  de  l'aine,  et  différent 

des  glandes  sudorifères  par  plusieurs  caractères. 

Séance  du   15  décembre.  —  M.  Z^uvernoî/ fait  hommage  du 


462  RF.vLiK  /.ooLOGiQUE.  {Décembre  1845.) 

t.  8«  de  la  nouvelle  édition  des  Leçons  d''Anatomie  comparée 
qu'il  a  publiées  en  collaboration  avec  Guvier.  En  présentant  ce 
volume,  M.  Duvernoy  a  lu  une  notice  destinée  à  faire  ressortir 
les  parties  nouvelles  et  plus  importantes  de  son  travail  et  les  ad- 
ditions qu'il  a  faites  au  texte  de  la  première  édition.  Nous  don- 
nerons cette  notice  en  rendant  compte  de  l'importante  publica- 
tion dont  elle  donne  ujie  excellente  idée,  surtout  en  ce  qui  con- 
cerne les  progrès  que  l'anatomie  comparée  a  faits  jusqu'à  ce  jour, 
progrès  dont  M.  Duvernoy  s'est  tenu  au  courant,  avec  le  zèle  et 
l'ardeur  de  la  jeunesse,  et  auxquels  il  a  contribué  pour  une  large 
part,  comme  le  reconnaissent  les  savants  consciencieux  de  tous 
les  pays. 

A  la  suite  de  cette  lecture,  M.  Serres  a  présenté  quelques  re- 
marques sur  les  progrès  de  l'anatomie  comparée  depuis  la  mort  de 
Cuvier.  Une  discussion  intéressante  s'est  élevée,  à  cette  occasion, 
entre  lui  et  M.  Flourens;  le  savant  secrétaire  s'est  montré  dévoué 
à  l'amitié  en  rendant  justice  aux  intentions  de  M.  Duvernoy  et  à 
la  valeur  sérieuse  et  incontestée  de  ses  travaux. 

Séance  du  22  décembre.  —  M.  Caste  lit  la  suite  de  ses  Re- 
cherches sur  les  premières  modifications  de  la  matière  orga- 
nique et  sur  la  formation  des  cellules. 

Développement  des  sphères  organiques.  — M.  Coste,  dans  cette 
suite  au  travail  dont  nous  avons  annoncé  la  première  partie, 
montre  que  les  exemples  les  plus  propres  à  fournir  les  moyens 
de  résoudre  le  difficile  problème  de  la  formation  des  cellules 
doivent  naturellement  se  rencontrer  là  où  la  matière  subit  cette 
première  élaboration  qui  prépare  les  matériaux  du  nouvel  indi- 
vidu. C'est  aussi  dans  les  métamorphoses  du  Vitellus  qu'il  faut 
aller  chercher  les  bases  d'une  solution  et  l'on  y  voit  les  faits  se  dé- 
velopper avec  un  tel  caractère  d'évidence,  que  chacun  peut  les 
vérifier  à  son  tour. 

Nous  reviendrons  sur  cet  intéressant  travail  quand  il  sera  ter- 
miné. 

M.  Bourgery  répond  à  la  réclamation  de  M.  Papenheim  au 
sujet  des  nerfs,  etc. 

M.  M.  Edwards  présente  un  travail  de  M.  Blanchard  intitulé  : 
Observations  sur  l'organisation  d^un  type  de  la  classe  des 
Arachnides,  le  genre  Galéode. 

I.'auletir   cherche  à  prouver,  dans  ce  mémoire,  que  les  Ga- 


iOClFTÉS    SAVANTES.  463 

léodessont  des  Plilébentérés  (1  ).  II  décrit  et  fignr«  le  canal  intes- 
tinal qui  est  pourvu,  comme  dans  beaucoup  d'autres  Arachnides, 
de  cœcums  qui  sont  plus  allonges  et  vont  mcme  jusque  dans  la 
base  des  pattes  chez  les  Galéodes. 

Outre  ces  observations,  le  jeune  anatomiste  décrit  le  système 
nerveux  delà  Galéodes  Barbara,  Luc,  et  il  arrive  à  un  résultat 
intéressant,  la  démonstration  rigoureuse  de  l'idée  de  Latreille 
qui  a  considéré  les  pinces  comme  représentant  les  antennes  des 
Insectes.  En  suivant  d'autres  nerfs  partant  du  ganglion  sous- 
œsophagien,  il  a  reconnu  que  les  petites  pièces  qui  se  trouvent 
sous  la  lèvre  supérieure  et  dont  la  paire  inférieure  porte  les  pal- 
pes, sont  les  mandibules  et  les  mâchoires. 

Séance  du  29  décembre. — M.  Bory  de  Saint- P^incent  prend 
la  parole  en  ces  termes  :  Je  disais,  dans  une  notice  que  je  lus  il 
y  a  quelque  temps  touchant  l'anthropologie  de  l'Afrique  fran- 
çaise, que  o  les  hordes  Vandales  et  Gothes,  descendant  du  Nord, 
y  vinrent  augmenter  la  confusion  de  l'hybridilé,  et  que  d'elles 
s'étaient  transmis  dans  certaines  tribus  de  l'Intérieur  des  che- 
veux blonds,  mêmes  rouges  et  jusqu'à  des  yeux  bleus.  »  Je 
trouve  au  nombre  des  nouveautés  signalées  dans  le  dernier 
compte  rendu  de  nos  séances,  une  communication  dont  l'auteni- 
annonce  «  qu'il  a  profité  d'une  expédition  faite  récemment  pour 
recueillir  des  renseignements  sur  les  variétés  de  l'espèce  hu- 
maine déjà  signalées  par  les  voyageurs  Peyssonel,  Bruce  et 
Shaw,  »  il  eût  pu  ajouter  etc.,  etc.,  etc.  Quoi  qu'il  en  soit  «  il  est 
certain,  continue  M.  Guyon,  que  l'on  trouve  dans  les  Aurès  des 
hommes  à  la  peau  blanche,  aux  yeux  bleus  et  aux  cheveux 
blonds.  »  Attachant  à  un  pareil  témoignage,  qui  confirme  ce  que 
yen  avais  précédemment  publié,  la  valeur  qu'ilmérite,  j'en  viens 
encore  donner  de  non  moins  positifs  en  présentant  à  l'Académie 
quelques-uns  des  portraits  que  je  fis  faire  il  y  a  bientôt  quatre 
ans,  et  qui  sont  du  nombre  de  ceux  qu'on  grave  pour  la  publi- 
cation de  la  commission  scientifique  que  j'eus  l'honneur  de  pré- 
sider. 

Les  dessins  que  M.  Bory  de  Saint- Vincent  présente  sont  exa- 
minés avec  empressement  par  ses   confrères.    Ils   offrent  évi- 

(1)  Nous  trouvons  dans  ua  grand  journal  scientifique  que  le  Phlébentérisme  tst 
«l'aiitunt  plus  développé  et  manifeste .  que  la  respiration  est  pins  imparfaite.  Cette  bellr 
loi  9«  tronverait  q>ielque  peu  contrariée  par  le  travail  que  non-»  annonçons,  car  Ton  sait 
«|ii*  .  «hpj!  les  Galéodes,  les  organes  respirntoiies  «ont  rrés-déTelojip^s. 

Tome  VîlL   Anncp  ]^Vk  ."0 


464  REVUE  zooLOGiQDE.   {Décembre  1845.) 

demment  les  preuves  de  ce  qu'il  avance,  représentant  des  têtes 
qui  offrqnt  tout  à  fait  le  type  septentrional. 

Société  entomologique  de  France. 

Séance  du  24  décembre  1845.— M.  Guérin-Ménemlle  dépose 
sur  le  bureau  un  mémoire  de  M.  Edouard  Perris,  intitulé  : 
Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  VAnaspis  maculata  Fourcroy,  et 
du  Tillus  unifasciatus  Fabricius,  ainsi  que  des  notes  sur  les 
Lygistoptems  sanguineus  et  Megatoma  serra. 

Ce  travail  sera  lu  dans  la  prochaine  séance  de  la  Société. 

—  Il  est  procédé  au  renouvellement  annuel  des  membres  du 
bureau  et  de  la  commission  de  publication  pour  Tannée  1846. 

Ont  été  nommés  membres  du  bureau  :  Président,  M.  Guérin- 
3/eweu^7/e,•  Vice-président,  M.  Reiche  ;  Secrétaire,  M.  £.  Desma- 
rest;  Secrétaire  adjoint,  M.  Al.Pierret;  Trésorier,  M.  L.  Buquet; 
Trésorier  adjoint,  M.  L.  Fairmaire,  et  archiviste,  M.  Voue,  en 
remplacement  de  M.  Duponchel  démissionnaire. 

Ont  été  nommés  membres  de  la  commission  de  publication 
MM.  Lucas,  Bouvin,  Cordier,  Amyot  et  Deyrolle.      (E.  D.) 


IV.  MÉLANGES  ET  NOUVELLES. 

Bruits  produits  par  les  Insectes. 

Dans  la  quinzième  session  de  l'association  britannique  pour 
l'avancement  des  sciences,  tenue  à  Cambridge  en  juin  1845, 
M.  Bail  a  présenté  de  nouvelles  observations  sur  un  fait  qu'il 
avait  annoncé  il  y  a  deux  ans.  Voici  ce  fait  :  Lorsque  la  Corixa 
afjinis  Lin.  est  suspendue  dans  l'eau,  à  environ  quatre  pou- 
ces au-dessous  de  sa  surface  ,  elle  fait  entendre  trois  sons 
courts,  puis  aussitôt  un  son  prolongé  comme  celui  du  criquet. 
Il  paraîtrait  qu'on  entend  plus  particulièrement  ces  sons  le  soir 
et  la  nuit ,  qu'ils  sont  tellement  forts,  qu'on  peut  les  entendre 
dans  une  chambre  voisine  et  qu'ils  persistent  ainsi  pendant  toute 
la  durée  de  la  nuit.  M.  Bail  dit  que  le  temps  ne  lui  a  pas  permis 
de  faire  des  observations  plus  précises,  mais  il  a  pensé  que  le 
sujet  était  assez  curieux  pour  mériter  l'attention  des  entomo- 
logistes. 

I^'ouveau  membre  admis  dans  la  Société  Cuvierienne. 
300.  M.  ScHiNZ,  président  de  la  société  d'histoire  naturelle,  etc. 
à  Zurich.— Présenté  par  M.  Guérin-Ménéville. 


TABLES    ALPHABETIQUES 

POUR    l'année   1845. 


I.    TABLE  DES  MATIERES. 


Ao.idémie  des  aspirants  natura- 
listes de  Naples  i843.  3t9 
Académie  royale  des  sciences  de 
Paris.  16,  tt-,  102,  I5»,  198,  216,  264, 
321,  348,  394,  431- 
Acarus,  Annélides,  etc.  Gruby.      358 
Acariens,  Myriapodes, Insectes  et 
Helminthes   observés   dans  les 
poajmes  de  terre  malades.  Gué- 
rin-Méneville.  395 
Acridium  peregrinum. Lucas.  204,  236 

266. 
Acridium  peregrinum  (métam.). 

Vacherol.  443 

Acridium migratorium.Levaillant.'  i60 
Actéon,  Eolide,  Vénilie,  Caliio- 
pée,  Tergipe,  etc.  (obs.  anal, 
et  physiol.).  Souleyet.  16 

Actéons  (embryologie).  Vogt.  394 
Actinies  (traité  sur  les).  Contarini.  io2 
Acapanthia  marginella.  Guérin- 

Méneville.  360 

Agneau  bimale.  Joly.  4r>5 

Agneau  dcrodyme.  Joly.  75 

Agromyza  aeneoventris.  Rondani.    238 
Agrypnus  varius  (métamorphose 
du).  Blisson.  440 


Aigle  (sur  le  g.).  Desmurs. 

Alciopes  (zool.  et  anat.)  Krohn. 

Altises  sur  le  Colza.  Bourdin. 

Américains  Joways.  Jacquinot. 

Amidon  (action  du  tissu  pancréa- 
liquesurr).  Lasseigne. 

Ampullaria  et  Lanistes  (anat.). 
Troschel. 

Anatomie  artificielle.  Sardaillon. 

Anatomie  comparée.  Duvernoy. 

Animalcules  parasites  des  folli- 
cules sébacés  et  des  follicules 
des  poils  de  la  peau  de  l'homme 
et  du  chien.  Gruby. 

Animaux  vertébrés  de  la  Sibérie 
occidentale.  Brandt. 

Annales  des  sciences  physiques  et 
nauirelles  ,  d'agriculture  et 
d'industrie  ,  de  Lyon  i843.  342 

Anthia.  Guérin-Ménevillc.  285 

Anthocharis  belia  et  ausonia. 
Pierret,  eic  203,  235 

Anthropologie  de  l'Afr.  française. 
Bory  deSi.-Vincent.      22i,  438,463 

Apodoiomella    iinpressifrons.  L. 

Du  four.  44 1 

Archives  d'histoire  naliirolU'.  i28 


200 


385 
218 


102 
189 


Ascalaphus   italicus.  Guérin-Mé- 

neville.  ii.! 

Ascalaphus  (sur  un).  Pierrot,  etc.  3(..i 

Barisfmélam.  des).  i.éonDufour.  41 1 
Baloccra  rubus  (métam.  du).   E. 

Blanchard  et  Guérin-Méneville.  7  7 
Bezoardique  (acide).  Wohgcr.  2j» 
Bibliothèque      conchyliologique. 

Chenu.  254,  4;.(.' 

Bombyx  dryophaga.  Becker.  260 

Bombyx    cecropia     (  chenilles  ). 

Lucas.  266,  270,  300,  363,  3(j4 

Bombyx  cecropia  (parasite).  Gué- 

rin-Méneville.  440 

Bombyx  mori.  Lucas,  etc.  3G3 

Bostrichus  Thorelii.  Guérin-Méne- 

ville.  110 

Bouc  à  mamelles  trés-développées 
et  lactilères.  L  Geoffroy  Saint- 
Hilaire.  3:v2 

Brac'hyaspistes  velatus.  Chevrolat.    îih 
Brancliiostome  (syst.  nerveux  du). 

De  Quatrefages.  iAu 

Bruchuspandanius.  E.Blanchard.    7  7 
Bruits  des  insectes.  Bail.  4(.4 

Bulimus  calédoniens.  Petit  de  la 

Saussaye.  53 

Bulletin  de  l'Académie  des  aspi- 
rants naturalistes  de  Naples 
1845.  29:. 

Buprestidesel  Longicornes  (rapp. 
entre  les).  E.  Blanchard.  444 

Calmar  commun  (mécanisme  de 
la  fécondation  du).  Robin  cl 
Lobert.  232 

Campylorhvnchus.De  Lafresnaye.  âsx 

Campylus.Lepaige.  lo; 

Caraous  auratus  (monstrueux). 
H.  Lucas.  23 . 

Caractères  anthropologiques.  Jac- 
quinot. 

Catalogue  de  la  faune  entom.  de 
Reggio,  Carigliano. 

Catalogue  méthodique  des  Cypri- 
nides  d'Europe,  et  remarques 
sur  le  17'  vol.  de  l'hisl.  nat.  des 

goissons  de   M.  Valenciennes. 
onaparte. 
Cebus  versicolor.  Pucheran. 
Ceidomyia.  Guér.-Mcneville.  237,  362 
Cerin  conopsoirles  fmélam  \  Léon 
Dufour  44 


26y 
28; 


29« 
33.'i 


4  66 


TABLE    DES    MÀTIÈRKS. 


Ceiiforhynchus  (métam.)-  Guérin- 
Méneville.  uoi 

r.halcidite  (sur  un).  Guérin-Méne- 
ville.  203 

Chinois  el  indigènes  brésiliens 
(ressemblance  dans  la  confor- 
mation physique).  Au|J!Uste  de 
Saint-Hilaire.  261 

Chrysomélines  porte  -  fourreau. 
Chevrolat.  267 

Cicindela  (nouv.).  Chevrolat.  95 

Cicindela  trisignata  (var.).  L.  Fair- 
maire.  443 

rinixys  (patrie  des).  Berthold.         325 

Classification  des  mam.  I.  Geof- 
froy Saint-Hilaire.  264 

Clavagelle.  Deshayes.  434 

Clériies  (nionogr.j-  Spinola.  206,  238, 

4S6 

Cloportides  de  Strasbourg.  Lere- 

boullet.  74 

Clolho  Durandii.  H.  Lucas.  202 

Clythra  nouv.  H.  Lucas.  I20 

Clytus  Macaumensis.  Chevrolat.  98 
Cœur  (struct.    et   mouv.).    Par- 

chappe.  431 

Coléoptères  d'Abyssinie.  Guérin- 

Méneville.  441 

Coléoptères  de  Chine.  Chevrolat.  95 
Coléoptères  de  France.  Mulsant.  344 
Coléoptères  (mœurs  de  quelques). 

Lucciani.  442 

Coléoptères  subpentamères  phy- 
tophages. Lacordaire.  112 
Coléoptères  de  la  Squine.  Guér.- 

Méneville.  iio 

Collections  zool.  et  bot.  faites  en 

Abyssinie  par  M.  Lefebvre.  75 

Composition  segmentaire  des  Co- 
léoptères. L.  Dufour.  237 
Compsocephalus  (n.  g.).  Reiche.     n9 
Conservation  des  objets  d'histoire 

naturelle.  Gannal.  354 

Conurus  phaeton.  Desmurs.  449 

Coptops  annulata.  Chevrolat.  66 

(Coquilles  fossiles  et  Polypiers  de 

Sicile.  Calcara.  280 

Coquilles  nouv.  Philippi.  153 

Coquilles  nouv.  Duval.  2ii 

(kirbeilles  et  Lucines   (  organ-  ). 

Valenciennes.  218 

Cordons  nerveux,  Tavignot.  i6 

Corethra  olese.  Angelini.  444 

Corps  organisés.  Tommasi.  320 

Coua  (nouv.  esp.)  Pucberan.  5i 

Cours  d'hisi.  nai.  Mènétriés.  454 

Crânes  des  habitants  des  îles  Mar- 
quises. Dubreuil.  325 
Criquets  voyageurs.  Levaillant.      i60 
Cryptocephàlus  (nouv.  espèces). 

H.  Lucas.  125 

Cucullia  blatlariae.  Abicot.  108 

Curciilio   frumentarius.    Giiérin- 

Meneville.  78 

Cygne  Bewick.  Gerbe.  244 


Développement  deî'homrue  el  du 

poulet  dans  l'œuf.  Erdle  466 

Dia  (g.  de  coléopt.).  E.  Blanchard.  77 
DicœumLeclancherii.  Lafresnaye.  94 
Diptères  qui  rongent  les  feuilles 

des  plantes.  Goureau.  442 

Dorcasornus    (n,    esp.  ).  Guérin- 

Méneville.  286 

Dromochorus  (n.  genre).  Guérin- 

Méneville.  438 

Drosophila  pallipes.  L.  Dufour.       44i 

Echassiers  de  Madag.  Pucheran.  277 
Eleuthérie.  Van  Beneden.  172 

Entomologie  de  Cherbourg.  Gou- 
reau. 363 
Entomologie  de  Taïti.  E.   Blan- 
chard. 110 
Entomologie  (prix   d').  Guérin- 

Méneville.  iio 

Entomol.  (l'utilitéde  r)Goureau.      78 
—  Caillette  Lhervilliers.  440 

Eolis(anat.).Hankock  etEmbleton.  79 
Ephippigera  costalicoUis. U.Lucas.  359 
Ergales  laber.  H.  Lucas.  363 

Erodius  el  Tenty ria.  E.  Blanchard,  i  lO 
Errata.         176,  206,  366,  398,  446,  473 
Etres  (des)  sous  le  rapport  physio- 
logique. Moullet.  432 
Essence  de  térébenthine  (action 

physiolog.  de  1').  Bouchardat.      223 
Eupodes  et  Cycliques.  Lacordaire.  112 

Falco  Isidori.  Desmurs.  175  bit,  208 
Falco  Isidori.  Lafresnaye.  209 

Faune  de  la  Nouvelle  Zélande, 
traduite  en  français  par  M.  L. 
Fairmaire.  Animaux  articulés, 
par  MM.  Ad.  White  et  Ed.  Dou- 
bleday.  Crustacea.  99,  146.  - 
Myriapoda.  147.  —  Arachnida. 
148. — Insecta,  Coleoptera.  149, 
ii9,~Orlhop(era.  I9i.  —  Neu- 
roptera.   192.—  Hymenoptera. 

193.  —  Homopiera.  193.  —  Ue- 
miptera.    193.  —  Lepidoptera. 

194,  258.— Diptera.  262 — Apha- 
niptera.  263.— Supplément  aux 
Rayonnes  el  Annélides.  3i4 

Faune  méridionale.  Crespon.  213 

Faune  omit,  des  environs  de  Pa- 
ris lobs.  relatives  à  la).  Gerbe.    25 1 
Fécondation  du  Calmar  commun. 

Robin  et  Lebert.  233 

Figulus  striatus  (met.).  E.  Blan- 
chard. 77,  110 
Flebotomus  papatasii.  Costa.  3i9 
Fluides  nourriciers.  M.  Edwards.  219 
Fœtus  humain  monstr.  Pasanisi.  320 
Forficules  des  Deux-Siciles.  Costa.  29t 
Fossiles  de  Sansan.  C.  Prévost.  221 
Fossile  du  Placentin.  A.  Costa.  319 
Fulgora  cyanirostris.  Guérin-Mé- 

nevilie.  439 

Furnarius  roseus.  Lafresnaye.  10 


TABLE    DES     MAliÈRKS. 


4G7 


Vialbalcyrbynclius  leucotiK.  De*- 
murs.  'J07 

Galles  du  Verbascum  et  de  lu 
Scropbularia  et  des  insectes  qui 
les  habitent.  L.  Dufour.  433 

Galéodes  (anal.)-  Blanchard.  462 

Gallinula  eurigonoides.  Lafres- 
naye.  368 

Garrulus  (genre  et  esp.  nouvO. 
Harllaub.  52 

Géologie  et  paléontologie  du  dé- 
pôt lacustre  de  Sansan.  Larlel.      74 

Georisets  (mœurs  des).  Ainyot.       443 

Girafe   (anal.).  Joly  el  Lavocat.  325, 
328. 

Glande  de  la  peau  de  l'homme 
(espèce  de).  Hobin. 

GlareolaGeoffroyi  Pucheran.  51 

Graisse.  Boussingaull.  Milne  Ed- 
wards. 2J9 

Hœmatorius  chrysorroides.    La- 

fresnaye-  367 

Haliœlus  voclferoides.  Desmurs. 

175  bù. 
Hapale  (n.  esp.).  Pucheran.  336 

Hélices  (monogr.).  Pfeiffer.  79 

Hélices  nouvelles.  Leguillou.  187 

Helminthes  de  la  larve  du  han- 
neton. Guérin-Méneville.  442 
Helmithcres.  Harllaub.  342 
Hémiptères  de  France.  Amyol.  78 
Heteropaipus.  L  Buquet.  108 
Homme    (histoire   natur.  de    1). 

Jacquinot.  20i 

Huiires  de  France.  Carbonnel.  322 
Hylesinus  crenatus.  Guérin-Méne- 
ville. 203 
Hylophilus  (n.  esp.).  Lafresnaye.  34i 
Hyménoptères  et  Névroplères  nou- 
veaux. Boyer  de  Fonscolombe.  109 
Hémiplères-hétéropléres    de  Si 

cile  et  de  Palerme.  A.  Costa.       293 
Hyphantorius  Ilavigula  et  modes- 
tus.  Harllaub.  406 

Ichneumologie  provençale.  Boyer 

de  Fonscolombe.  44i 

Iconographie   du    régne  animal. 

Guérin-Méneville.  43,  80,  474 

Iconographieornithologique.  Des- 
murs. 398,  345 
Indiens  loways.  Jacquinot,  Serres.  202 
Insectes  de  Java.  L.  Buquet.  44o 
Insectes  de  Naples.  A.  Costa.  320 
Insectes  de  Palerme.  A.  Costa.  320 
Insectes  des  marais  salants.  Le- 

prieur.  438 

Insectes  d'Afrique.  Guérin-Méne- 
ville. 283 
Insecte  du  Saule.  Brongniart.  267 
Insectes  des  pommes  de  terre.  364 
Insecte  fossile.  E.  Desmarest.  203 
Insectes  nuisibles.  Guérin-Méne- 
ville.                                      110,457 


Insectes  (anal).  Blanchard.  ssy 

Id.  Slraus.  297 

Insectes  d'Algérie.  H.  Lucas.  120 

Instinct  et  intelligence  des  ani- 
maux. FlourensT  202 
lulus  nouveau  H.  Lucas.  440 
Ixodes  nouv.  H.  Lucas.           268,  365 

Lamproie    (anal.).    Tommasi    el 

Marlino.  289 

Langelandia  (surle).  Cordier.  237 
Larynx  chez  les  oiseaux.  Muller.  394 
LépidoptéresdeBelgique.DeSelys 

Longchamps.  S4S 

Lépidopi.  d'Europe  (calai.).  Du- 

ponchel.  197 

Lépidopi.  du  Brésil.  Becker.  270 

Lépidopi.  elOrihopl.  du  Muséum. 

Marchai.  i6S 

Lépidopi.  nouv.  Costa.  286 

Lèvre  inférieure  (caractères  de  la) 

chez  les  insectes.  E  Blanchard.  237 
Ligula  (monogr.).  Recluz.  377,  407 
Liquide   céphalo-rachidien.  Lon- 

gel.  MO 

Longicornes  et  Bupreslides  (rap- 
port entre  les).  E.  Blanchard.      444 
Lucanus  cervus  (monstr.;.  E.  Des- 
marest. 269 
Lucina  tigerina.  Duvernoy.  218 
Lucines  et  Corbeilles  (org.).  Va- 

lenciennes.  218 

Lucines  (sur  les).  Deshayes.  220 

Macaque  fossile.  Owen.  3S2 

Malacobdella.   Guérin-Méneville. 

200,  216,  248 
Macronyx  (n.  esp).  De  Terragon.  4ii2 
Mammifères  américains.  Pucbe- 

rari.  33S 

Mammifères  aquatiques.   Puche- 

ran.  397 

Mammifères  (classif.).  I.  Geofl'roy 

Sainl-Hilaire.  ei 

Margus  (sur  le  g.).  Guérin-Méne- 
ville. 443 
Matière  organique.  Cosie.  396 
Méduses  et  Polypes.  Dujardin.       460 
Mélanges  ornilhologiques.  DeLa- 

Iresnaye.  i,  10,  81,  113,  448 

Meloloniha    vulgaris    (var.).    H. 

Lucas.  236 

Membracides  nouveaux.  L.  Fair- 

maire.  i09 

Mesiies  unicolor.  Desmurs.  176  bis 
Microgasler  globatus.  Goureau.  7  7 
MicropoKon  (n.  esp.).  Lafresnaye.  179 
Mission entomol.  Guer.Méneville.  238 
Moll  isques     acéphales    bivalves 

lamellibranches   (,sysl.  nerv.). 

Duvern.>y.  76 

Moll.  acéphales   lamellibranches 

(sur  les).  Valenciennes.  348 

Moll.  bivalves  (anal.).  Blanchard.  77 
Moll.   brachiopodcs  (appareil  d« 


468 


TABLK    DES    MATIÈKKS 


la  circul.).  Owen;  lOG 

Moll.   (appareil    de   la   (.-ircui.  )• 

Miliie  Edwards.  103 

Moll,    (organes    de   la    circul.)- 

Souleyet.  103 

Moll,    phlébentérés     (réponse). 

Souleyet.  43 

Moll.  phlébentérés  (sur  l'anat.  et 

ta  pbysiol.  des) .  Réponse  à  M. 

Souleyet  par  M.  deQuatrefages.  43 
Mol!,  (circul.).  Pouchet.  74 

Moll,   terr.  et  fluv.  du  Portugal. 

Morelel.  306 

Moluris    n.   esp.).  Guérin-Mene- 

ville.  286 

Monstres.  Joly.  106 

.Monomma  (n.  esp.).  Guéri n-Mé- 

ueviile.  286 

Mordelles  (métam.}.  Guérin-Mé- 

neville.  362 

Muscicapa  'nouv.).  Harllaub.  406 

Myioturdus  (n.  esp.).  Lafresnaye,  341 
Myodaires  des  environs  de  Paris 

Robineau  Desvoidy.  108 

Myrmornis.  Hartlaub.  342 

Nasalis  larvatus.  Hombron  et  Jac- 
quinot.  265 

Nerfs  de  la  vie  animale  et  delà  vie 
organique  (transf,  ganglionaire 
des).  Maberet  Payen.  435 

Nerfs  des  membranes  séreuses. 
Bourgery.  350 

Nerfs  du  péritoine.  Pappenheim. 

Nevroptères  et  hyménoptères  nou- 
veaux. Boyer  de  Fonscoiombe.    109 

Nocliluca  tiniinnabulum.  Costa.      294 

Notes  ornithol.  Hartlaub.  341 

Nyctophanes  candellaria-  Gou- 
reau.  77 

OEdipodes  en  Algérie.  Guyon.        432 
Oiseaux  (comparaison  des  œufs 
avec  les  squelettes  ).  De  Lafres- 
naye. 180,  239 
Oiseaux  de  Madagascar.  Pucbe- 

rau.  49 

Ouvrage  d'Egypte.  Savigny.  460 

Oiseaux  d'Europe  (revue  critique 

sur  les).  Schlegel.  n 

Oiseaux  de  l'Inde.  Lafresnaye.  367 
Oiseaux    mouches.    Bourcier    et 

Mulsant,  343 

Oiseaux    nouveaux.    De    Lafres- 
naye. 93,  179  337 
Id         Desmurs.  i75  bis,  207 
Ornitologia    powsezchna   Tyzeu- 

banza.  295 

Ortbocératile.  Defrance.  432 

Orthoptères   et  Lépidoptères  du 
Muséum    (rectiliraiions  .   Mar- 
chai, 163 
Ortyx  Perroliana.  Desmurs,             207 
Os  (dévelop.  ).  Brullé  et  Mugue- 
ney,                                             432 


Os  du  tombeau  celtique  de  Meu- 

dori,  Guérin-Méneville-  36.5 

Os  (résorption).  Flourens.  325 

Os  (solidité  des).  Cbassaiguac.  352 
Oscinis  oleae.  Crespon.  329 

Id.  Guérin-Méiyeviile.      362 

Ossements    celtiques    de    Meu- 

don.  Serres  et  Robert.  35o 

Osnysmia     (  n.     esp.  j,    Parsu- 
daki.  95,  253 

Paludina  Michaudii.  Duval.  2U 

Papiliolavinius(son  identité  avec 
le  Nymphalis  sleneles).  Mar- 
chai. i7:> 
Patelle  (générât.),  Lebert  et  Ro- 
bin. 
Pedionome.  Desmurs.                    274 
Pericrocotus    cinereus.    Lafres- 
naye. 94 
Petromizon  marinus.  Costa.           292 
Photographie  (application  à  l'é- 
tude des  races  humaines).  Ser- 
res.                                                   265 
Phymatodesthoracicus.H.  Lucas.  237 
Picumnus    (  monogr.  \    Lafres- 
naye.                                       1,  111 
Picus  (  n,  esp.  ).  Malherbe.      373 ,  399 
Pleurotoma  (n.  esp.  ).  Duval.         212 
Podurelles  (  obs,  sur  un  Mém.  de 

M.  Nicolet).  Bourlet.  62 

Podurelles  (sur  les).  H.  Lucas.  174 
Pœphila  mirabilis.  Desmurs,  447 

Polycleis  (n,  esp,),  Guérin-Mé- 

neville.  286 

Polypiers  et  Coquilles  fossiles  de 

Sicile.  Calcara.  280 

Polypiers  fossiles,  (iconog.  des), 

Michelin.  159 

Pommes  de  terre.  Payen,  357 

Psittacus.  (n.  esp.).  Desmurs.  207,  449 
Ptilogonys  nitens.  De  Lafresnaye,  45i 
PtilophylluM  (^  n,  genre).  Guérin- 

Méneville.  439 

Pyrrhula  (n,  esp.),  Pucheran,         52 

Race  américaine  (sur  la).  Serres.  264 
Id.         Lund.  201 

Races  océaniennes  et  américai- 
nes. Flourens.  265 
Raies  (circul.),  Duméril.                459 
fd.            Gui  Ilot.                  435 
Id.            Milne-Edwards,    459 
Raphidie  (nymphe).  Guér.-Mén,    205 
Recherches  zool.  faites  pendant 
un    voyage    en    Sicile.    Milne 
Edwards.  69 
Règne  animal   et  règne    végétal 

(  limites  entre).  Siebold.  436 

Reptiles  (organis.  ).  Martino.  287 
Rhimamphus  (  n.  esp.  ).  Hartlaub.  342 
Rhizostoine  bleu  (  œufs  ;.  ïom- 

masi.  393 

Rhynchomyia  ('met.).  L.  Dufour.  44i 
Rutéle  nouvelle.  Buquct.  364 


TABLE    DES    >I()MS    l)  AUTEURS. 


469 


Rollier  d'Angole.  IMiclieran.  369 

Salicoque  d'eau  douce-  Joly.  3ri 

Salive  (son  action  sur  l'arnidon). 

Lasseigne.  *2«7  'iOO 

Saturnia  Catiipiona.  Signoret.  439 
Satiierelles  d'Algérie.  Guyon.  202 
Scissirosiruiu  Pagei.  De  Lafres- 

naye.  93 

Sciurus  (  n.  csp.  ).  Pucheran.  336 

Scytodes  longipes.  Walckenaër  et 

Lucas.  438 

Sésies(mélam.).BIisson.  440 

Siipha  obscura  (met. ).  Blisson.      440 
Société  entoinologique  de  France 
(séances).  77,  io8,  202,  235,  266, 
359,438,464. 
Société  philomatique.  224 

Société  d'agriculture.  Zool.  appli- 
quée. Guerin-Méneville.  i60 
Spermatozoïdes  des  Locustaires. 

Siebold.  436 

Statistique  de  l'ile  de  Capri.  453 

Steatoderus  ferrugineus  i^mét.  ). 

Blisson.  440 

Stene  ferruginea.  Guérin-Ménev.  no 
Sympathique  chez  l'homme  et  les 
rnammiléres  (  mem.  sur  l'extré- 
mité   céphalique    du    grand). 
Bourgery.  159 

Symphemia.Hartlâub.  343 

Synhydre(surleg.).VanBeneden.  173 
Synoius.  Joly.  455 

Système  veineux  des  poissons  car- 
tilagineux. Robin.  461 
Système  nerveux  gangl.  Brachet.  4;i2 

Tableau  synopt.  de  la  classif.  pa- 
rallélique  des  inamm.  de  M.  Is. 
Geoffroy  Saint-Hilaire.   Payer.  103 

Talaeporia  (  sur  le  g.  ).  Guénée.         78 


Taiare  fsur  le  g.).  De  L«irrosnayo.  449 
ïefflus(n.  esp.  .  Guérin-Menev.  28". 
Tenlyria  et  Eiodius.  Blanchard.  110 
Thamnophilus.  (  n.  esp.  ).  De  La- 

fresnaye.  **" 

Thrioihorus  fn.  esp.).  Lafresn  as7 
Traité  des  arbres  résineux.    De 

Chambray.  *57 

Travaux  de  la  Société  enlom  de 

Fr.  pour  1844.  Desmaresi.  109 
Triboliumcasianeum.  Guér.-Mén.  443 
Trichixos  pyrropyga.  De  Lafresn.  :^,67 
Tricl)Ophorus  (n.  esp.)-  Lafresn.  367 
Tyrannula(n.  esp.).  Lafresnaye.  34i 

Urine  des  animaux  herbivores 
(analyse).  Boussingault.  264 

Vaisseaux  lymphatiques  chez  les 

poissons.  Robin.  224 

Vanessa  prorsa  et  levana.  Pierret.  36:i 
Vers  ( classif.  ).  Lereboullet.  54 

Vignes  (échaudage  des).  Sauzey.  344 
Vignes  (insectes  des).Guérin-Mén.  36i 

Volucella  bombylans.  Bigot.  360 

Voyage  de  la  Vénus.  Tessan.  59 

Xyloperiha  minuta.  Guérin-Mé- 
neville.  »io 

Xenistum  Valenciennaei  ou  Ma- 
lacobdella  grossa.  Rapport  sur 
un  travail  de  M.  E.  Blanchard. 
Milne  Edwards.  261 

Xenistum  Valenciennaei  (obs.  sur 
le).  E.Blanchard.  I9» 

Xenistum  Valenciennaei  (sur  le). 
Guérin-Méneville.  ioo 

Zoospermes  du  triton  (structure 
et  mouvements  des).  Poucbet.  198 


Jl.  TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS. 


Abicol.  Gucullia  blatlariae.  1O8 

Amyot.  Hémiptères  de  France.  78 

—     Mœurs  des  Gerris.  443 

AngeHni.  Corethra  oleae.  444 

Bail.  Bruits  des  Insectes.  464 

Becker.  Bombyx  dryophaga.  269 

—  Lépidoptères  du  Brésil.  270 
Berthold.  Patrie  des  Cinixys.  325 
Bigot.  Volucella  bombylans.  360 
Blanchard  vli)-  Anal.  desMoil.  77 

—  Anat.  des  Galéodes. 

—  Anihocharis    belia    cl    au- 
sonia.  236 

—  Brucbuspandanius  esp.n.).  77 

—  Lévro  iofer.  des  Insectes.  237 
~    ymoniologie  deTaïti.  no 

Erodius  et  Tentyria.  110 


~    Xenistum     Valenciennaei 

(Malacobdella  grossa).  199 

—  Figulus  striatus.  77,110 

—  Rapport  entre  les  Bupresti- 
des  et  les  Longicornes.         444 

—  Surleg.  Dia.  77 

—  Batocera  rubus.  77 
Blisson.  Métam.  des  Sésies.            44o 

—  Métam.  des  Steatoderus  fer- 
rugineus,  Agrypnus  varius 

et  Siipha  obscura.  440 

Boisduval.    Anthocharis  belia  et 

ausonia.  235 

—  Notice  sur  M.  Dejean.  44* 
Bonaparte.  Cyprinides  d'Europe, 

et  remarques  sur  le  I7c  vol. 
de  l'Hist.  nat.  des  Poissons 
de  M.  Valenciennes.  2»8 


470 


tAble  des  noms  d  autkurs. 


Bory  de  Sainl-Viuceril.  Anthropo- 
logie derAfriquefrariç.'2'ii,  463 

Bouchardat.  Effets  physiologiques 
de  la  vapeur  d'essence  de 
térébenthine.  223 

BourcieretMulsant. Oiseaux  mou- 
ches. 343 

Bourdin.  Allise  du  Colza.  109 

Bourgery.  Extrémité  céphalique 
du  grand  sympathique  de 
l'homme  et  des    mammif.  159 

—  Nerfs  des  membranes  sé- 
reuses. 350 

Bouriet.  Obs.    critiques   sur   les 

podurelles.  62 

Boussingaull.  Anal,  de  l'urine  des 

herbivores.  264 

—  Formation  de  la  graisse.  2i9 
Boyer  de  Fonscolombe.  Ichneu- 

mologie  provençale.  44i 

—  Hymen,  si  Névr.  nouveaux.  109 
Brachel.  Système  nerveux  pangi.  432 
Brandi.    Considérations   sur    les 

Vertébrés  de  la  Sibérie 
occidentale.  189 

Brongniart  ^^Alex.).  Insecte   du 

saule.  267 

Brullé  et  Hugueny.  Développe- 
ment des  os.  432 

Buquet.  Heleropaipus.  io8 

—  Insectes  de  Java.  440 

—  Rutela  du  Brésil.  363 


Caillette  Lhervilliers.  Utilité  de 
l'Entomologie. 

Calcara.  Coquilles  fossiles  et  vi- 
vantes, et  Polypiers  de  Si- 
cile. Analyse. 

Carbonnel.  De  l'Huître  des  côtes 
de  France. 

Chassaignac.  Solidité  des  os,  etc. 

Chenu.  Bibl.  conchyliol.  254, 

Chevrolat.  Chrysomélines  porte- 
fourreaux. 

—  Coléoptères  de  Chine. 
Costa  (A.\  Animal  de  la  Janthine. 

—  ForficulesdesDeux-Siciles. 

—  Fossile  du  Placentin. 

—  Hémipt.-Hétér.  de  Sicile. 

—  Insectes  de  Naples. 

—  Insectes  de  Palerme. 

—  Insectes  du  printemps. 

—  Satyrus  belzebul  et  Ornix 
columbœpennella. 

Costa  (O.-G.).  Flebotomus  papa- 
tasii. 

—  Nocthluca  tintinnabulum. 

—  Petroraizon  marinus. 
Coste.  Modification  de  la  matière 

organique.  396, 

Contarini.  Traité  des  Actinies. 
Cordier.  Langelandia  anophthal- 

raus. 
Corigliano.  Catal.  de  la  Faune  en- 
tom.  de  Reggio. 


440 


Creipon.  Faune  méridionale  (ver- 
tébrés). 2i:? 

—  Oscinis  oleœ.  »29 

Defrance.  Coquille  d'Orlhocera- 

tite.  432 

Deshayes.  Organis.  des  Lucines.    220 

—  Sur  la  Clavagelle.  434 
Desraaresl(Eug.).  Anal,  des  séan- 
ces de  la  Société  entom.  de 
France.  77,  I08,  202,  235,  266, 
359,  438,  464. 

—  Lucanus  cervus  (monstr).  269 

—  Résumé  des  travaux  de  la 
Soc.  entom.de  Fr.  1844.        loy 

—  Traces  d'insectes  fossiles.     203 
Desmurs  Iconographie  orniiholo- 

gique.  345 

—  Oiseaux  nouv.  208,  175  bis,  207 

—  Pœphila  mirabilis  347 

—  Sur  le  Falco  Isidori.  20» 

—  Sur  le  g- Aquila.  27i 

—  Sur  le  g.  Pedionomus.  274 

—  Cornurus  phaeton.  440 
Dubreuil.  Crâne  des  habitants  des 

Marquises.  325 

Dufour  I  Léon).  Composition  seg- 
mentaire  des  larves  de 
Coléoptères.  237 

—  Galles  du  Vabascum  et  de 
la  Scropbularia  ,  et  insec- 
tes qui  les  habitent.  is 

—-  ^Métamorphoses  des  Baris  ,, 
Ceria  conopsoides,  Rhyn- 
chomyia  columbina,  Apo-^ 
dotomella  impressifrons  et 
Drosophila  pailipes.  441 

Dujardin,  Développement  des  Mé- 
duses et  des  Polypes  hy- 
draires. 
Duméril.  Circul.  des  Raies.  459 

Duponcbel.  Anthocbaris  belia  et 

ausonia.  236 

—  Catalogue  méthodique  des 
Lépidoptères  d'Europe.        19T 

Duval.  Coq,  nouvelles.  2ii 

Duvernoy.  Obs.  sur  l'organis.  des 

Lucines  et  des  Corbeilles.     2i8 

—  Anatomie     comparée      de 

G.  Cuvier.  46» 

—  Syst.  nerv.  des  Moll.  acé- 
phales bivalves  lamellibran- 
ches. 7* 

Edwards    (Milne).    Circul.    des 

Raies.  -isg 

—  Fluides  nourriciers.  2i9 

—  Circulation  desMoUusques.  103 

—  Xenistum  '  Valenciennaei 
(Malacobdella  grossa).  261 

—  Système  nerv  des  insectes.  35» 

—  Zoologie  de  la  Sicile.  69 
Eichlhal.  Races    océaniennes  et 

américaines.  205 

Embleton  et  Hankock.  Anal,  des 


TAHI.K    1>KS    NOMS    i)  AUTEURS. 


47! 


Coli5.  79 

saillie.   Dévelou.  de  I'Iioiiuih^,  et 

du  poulet  dans  l'œuf.  Ado 

Ericbson.  Archives  d'Hibl.  nal.        128 

Fairniaire.  Memliracides  nouv.        io9 

—  Trad.  dune  faune  de  la 
Nouvelle-Zélande.  99,  H6, 
?47,  149,  189,  191,  l9'i,  193, 
191,  2.S8,  'ib'i,  2(;s,  3i4. 

—  Variété  de  la  Cicindela  Iri- 
signala.  443 

Flouren.s.  De  l'Instinct  et  de  l'In- 
telligence des  animaux.        202 

—  Résorption  et  reproduc- 
tion des  os.  325  el  460 

—  Sur   l'Anatomie    comparée 

de  G,  Cuvier.  462 

Gannal.  Conservation  des  objets 

d'hist.  nat.  G54 

Geoffroy-Sainl-Hilaire  (Is.).  Clas- 

sificaiiondesMamm.  6(,  103,2G4 

—  Sur  la  Girafe.  395 

—  Sur  ricon.  ornitliologique.    898 

—  Sur  un  Bouc  à  mamelles 
irés-développées  et  lacti- 
léres.  323 

Gerbe.  Obs.  pour  une  Faune  or- 

nithol.  de  Paris.  251 

—  Cygne  Bewick.  244 
Goureau.  Diptères  dont  les  larves 

mangent  les  feuilles  des 
plantes.  442 

—  Entomologie  de  Cherbourg.  363 

—  Microgasler  globatus.  77 

—  Nyctophanes  candellaria.        77 

—  Utilité  de  l'Entomologie.  78 
Gray  Faune  de  la  N.-Zélande.  3i4 
Gruby.  Animalcules  parasites  des 

follicules  sébacés  et  des  fol- 
licules des  poils  de  l'homme 
et  du  chien.  102 

—  Maladie    des    pommes    de 

terre.  358 

Guénée.  Sur  le  g.  Talaeporia.  78 

Guérin-Méneville.  Acariens,  My- 
riapodes, Insectes,  Hel- 
minthes des  pommes  de 
terre  malades.  364,  395 

—  Batocera  rubus.  77 

—  Cecidorayia  du  saule.  362 

—  Chalcidite  nouveau.  203 

—  Col.  nouv.  de  laSquine.       iio 

—  Concours  sur  les  insectes 
nuisibles.  iio 

—  Dromochorus  (g.  de  Col.\    438 

—  Entoui.  de  l'Abyssinie.  442 

—  Fulgora  cyanirostris.  439 

—  Helminthe  du  hanneton.       442 

—  Ichneumonidesparasitesdu 
Ceutorhynchus  sulcicollis.   205 

—  Icon.  du  règne  animal  48, 80,  474 

—  Insectes  de  la  vigne.  36 1 

—  lusecies   des    pommes    de 


terre  malades.  36i 

—  Insectes  d'Alriquf.  uaS 

—  Méiatu.  des  Mordelles.  362 

—  Métain.  du  Ceutorhynchus 
sulcicollis.  20.S 

—  Mission  entomologique.         238 

—  Hylesinus  crenatus.  200 

—  Nymphe  de  Raphidie.  205 

—  Oscinis  oleaî.  302 

—  Os  de  Celles  percés  par  de» 
insectes.  365 

—  Parasite  du  Bombyx  ce- 
cropia.  440 

—  Prix  d'Entomoi.  appliquée.  110 

—  Ptilophyllum  (n.  genre.  ).      43» 

—  Rap.  sur  les  ins.nuisibles.     I60 

—  Agapaiithiamarginella.  360 

—  Ascalaphus  italicus.  442 

—  Curculio  fruaienlarius.  78 

—  Margus  (Thbolium),  443 

—  Malacobdella  grossa  fXe- 
nisiuin  Valenciennœi.  Bi.).  200, 
243. 

—  Sur  une  Cecidomyia.  237 
Guillot.  Circulation  des  Raies.  43S 
Guyon.iEdipodes,  d'Algérie.  202,  432 

Hankock  et  Embleton.  Anal,  des 

Eolis.  79 

Hartlaub.  Muscicapa  et  Hypban- 

tornis.  409 

—  Garrulus  Brandtii.  52 

—  G.  Myrmornis,  Rbimam- 
phus,  Helraitheros  et  Sym- 
phemia.  342 

Hugueny  et  Brullé.  Dével.  des  os.  432 

Jacquinot.  Américains  loways.  202, 265 

—  Caracl.  anthropologiques.    266 

—  Hist.  nal'  de  I  homme.  201 
Joly.  Agneau  derodyme.  75 

—  Agneau  bimale. 

—  Caradrina  Desmaresii.  312 

—  Monstruosités.  i06 
Joly  el  Lavocal.  Sur  la  Girafe.  328 

Krohn.  Sur  les  Alciopes.  4i8 

Lacordaire.  Col.  subpentamères.    112 
LafresnayeC de). Comparaison  des 
œub  des  biseaux  avec  leurs 
squelettes.  239,  I80 

—  burnarius  roseus.  10 

—  Hœmaiorius  chrysorrhoï- 
des.  Trichophorus  caniceps. 
Trichixos  pj  rropyga  et  Gal- 
linulaeurizonoïdes.  367 

—  Mélanges  ornithologiques.        1 
10,81,  113,449. 

—  Micropogon  nouv.  179 

—  Picumnus.  1,  111,  366 

—  Plilogonys  nitens.  451 

—  Sur  le  g.  Tatare.  449 

—  Oiseaux  nouveaux.  93,  337 
Larlet.  Dépôt  lacustre.  74 


472 


TiVBl.K    DKS    ^()MS    D  AUTKURS. 


Lassaignft.  Obs.  sur  l'aclioii  de  la 
salive  sur  le  lissu  pancréa- 
tique, l'aniidon  cl  la  fé- 
cule. 200,  217 
Lavocat  et  Joly.  Sur  la  Girafe-  328 
Lebert  et  Robin  (Ch.).  Féconda- 
lion  du  Calmar  commun.       233 

—  Génération  des  Patelles.        460 
Leguillou.  Nouvelle  espèce  d'Hé- 
lix. 187 

Lepaige.  Campylus.  los 

Lcprieur.  Insectes  des  marais  sa- 
lants. 438 
Lereboullet.  Cloporlides.  74 

—  Class.  des  Vers.  54 
Levaillant.  Sauterelles  d'Algérie,  itjo 
Longet.  Soustraction  du  liquide 

céphalo-rachidien,  etc.         220 
Lucas    {  H.  ).  Acridium    peregri- 

num.  204,  236,  266 

—  Carabus  (monst.).  236 

—  Bombyx  cecropia.  266,  270,  360 
362,  364. 

—  Clotho  Durandii. 

—  Cocons  bissexuels  du  Bom- 
byx mori. 

—  Coléoptères  d'Algérie. 

—  Ephippigére  d'Algérie. 
-    Ergates  faber. 

—  lulus  albolineatus. 

—  Ixodes  nouveaux.  268 

—  Phymatodes  ihoracicus. 


202 


363 
120 
359 
363 
440 
365 
237 

—  Podurelles.  174 
--    Scytodes  longipes.                438 

—  Variétés  de  Melolontha  vul- 
garis.  235 

Lucciani.  Mœurs  des  Euméniens 

et  de  quelques  Coléoptères.  442 

Lund.  Antiquité  de  la  race  amé- 
ricaine. 201 

Maher  et  Payen  de  Brest.  Trans- 
formation ganglionaire  des 
nerfs  de  la  vie  animale  et 
de  la  vie  organique  435 

Marchai.  Identité  des  Papilio  la- 
vinius  et  Nymphalis  ste- 
neles.  175 

—  Notes  rectificatives  sur  la 
nomenclature  de  quelques 
Orthoptères  et  Lépidoptè- 
res du  Muséum  de  Paris.      163 

Malherbe.  Picus  nouv.  373,  399 

Martino  et  Tommasi.  Anatomie  de 

la  Lamproie.  '^89 

—  Organisation  des  Reptiles.  287 
Ménétriés.  Cours  d'h.  nat.  454 
Michelin.  Polypiers   fossiles   de 

France.  159 
Morelet.  Mol.    terr.    et  fluv.   du 

Portugal  306 
Moullet.  Physiologie  des  êtres  or- 
ganises. 432 
Muller.  Larynx  chez  les  oiseaux.  T>i)i 
Mulsanl.  Coléoptères  de  France.  344 


Mulsanl    et     Bourcier. 
Mouches. 


Oiseaux 


34;; 


Nicole/.  Podurelles.  Obs.  criti- 
ques, par  l'abbé  Bourlet.        62 

Owen  Circul.  des  Brachiopodes.     106 

Pappenheim.  Nerfs  du  péritoine. 

Parchappe.  Du  Cœur,  de  sa  struc- 
ture et  de  ses  mouvements.  43i 

Parsudaki.  Ornysmia.  95,  253 

Payer.  Class.  des  mam.'  de  M.  J. 

Geofiroy-Saint-Hilaire.  6i 

Payen.  Pommes  de  terre.  357 

Payen  de  Brest  et  Maher.  Trans- 
formation ganglionaire  des 
nerfs  de  la  vie  animale  et 
de  la  vie  organique.  435 

Petit  de  la  Saussaye.  Bulimus  ca- 

ledonicus.  53 

Pfeiffer.  Hélices.  79 

Philippi.  Fig.  etdescr.  decoquilles 

nouv.  ou  peu  connues.  153 

Pierret.  Anthocharis  belia  et  au- 

sonia  et  Ascalaphus.     202,  363 

—  Bombyx  dryophaga.  269 

—  Vanessa  levana  et  prorsa.  363 
Pouchet.  Circul.  des  Mollusques.      74 

—  Zoospermes  du  Triton.  198 
Prévost.  Fossiles  de  Sansan.  22 1 
Pucheran.  Car.  des  Mam.  aquat.    397 

—  Mam.  américains.  335 

—  Oiseaux  de  Madagascar.  49,  277 

—  RoUier  d'Angole.  369 

Qualrefages.  Phlébenlérés.  43 

—  Branchiostome.  349 

Récluz.  Anal,  du  travail  de  M-  Mo- 
relet sur  les  Moll.  terr.  et 
fluv.  du  Portugal  306 

—  Monogr.  du  g.  Ligule.  377,  407 
Reiche.  Corapsocephalus.  iiy 
Richard,  Collections,  zoolog.  d'A- 

byssinie.  75 

Roijin.  Espèce  de  glande  de  la 

peau  de  Ihomme.  ■'oi 

—  Système  veineux  des  pois- 
sons cartilagineux.  461 

—  Vaisseaux    lyniphat-    chez 

les  poissons.  224 

Robin  (Ch.)ei  Lebert.  Féconda- 
tion du  Calmar  commun.      233 

—  Génération  des  Patelles.  460 
Robineau-Desvoidy.    Myodaires 

des  environs  de  Paris.  108 

Rondani.  Agrouiyza  aeneoventris.  238 

—  Mœurs  de|laCorelhra  oleae.  444 
Roussel.  Obs.  critiques  sur  les  re- 
cherches zool.  faites  pen- 
dant un  voyage  en  Sicile,par 

M.  Milne-Edwards.  69 

Saiiit-Hilaire  (  Auguste  de  ).  Coii- 
fonuation  physique  des  Chi- 


TABLE    DES    .NOMS     D  ADTEDRS. 


\7:\ 


nois  cl  indigènes  brésiliens.  264 
Sardaillon.  Analoinie  arlificieile.  2i8 
Sauzey.  Echaudage  des  vignes.  344 
Savigny.  Ouvrage  sur  l'Egypte.  460 
Schlegel.  Revue   critique  sur  les 

oiseaux  d'Europe.  il 

Selys  Longchanips.  Sur  les  Lépi- 

doplèics  de  Belgique.  345 

Serres.  Ra  js  liuinaines.  2  6 

—  Rac  jrinericaine.  264 

—  SurJcs  loways.  202 

—  'icnib.celiiqùe  de  Meudon.  356 
SiebolJ.  Limites  entre   le   régne 

r.nimal  et  le  régne  végétal.    436 

■•■-   Spermatozoïdes  des  Locus- 

taires.  436 

Signoret(V.).  SaturniaCampiona.  439 

Souleyet.  Phlébentérés.  16 

—  Circulation  chez  les  Moll.  103 
Spinola.  Monographie  des  Ciérites.  426 
Straus.    Système     nerveux     des 

insectes.  397 

Tavignot.  Greffe  des  cordons  ner- 
veux. 16 
Terragon  (de\  Macronyx.                452 
Tessan  (de).  Voyage  de  la  Vénus.       59 


Tommasi.  Forme  des  corps  orga- 
nisés. 320 

—  OEuTs  du  Rhizostonie  bleu.  293 
Tommasi  et  Martino.  Ânat.  de  la 

Lamproie  28s» 

—  Organisation  des  reptiles.  287 
Troschel-  Anal,  des  Anipullaria  et 

Lanistes.  38:» 

Tyzenhauza.  Ornilhol.  générale.     295 

Vacherot   Métam.  de    l'Acridium 

peregrinum.  443 

Valenciennes.  Organ.  desLucines 

et  des  Corbeilles.    221,  219,  218 

—  Sur  les  Moll.  acéphales  la- 
mellibranches. 348 

—  Hisi.  nat.  desPoissons,t.  17.  298 
Vanbeneden.  Sur  le  g.  Eleuthérie.  172 

—  Sur  les  Synhydres.  173 
Vogt.  Embryologie  des  Actéons.  394 
White  et   Doubleday.  Faune   de 

la  Nouvelle-Zélande.  Tra- 
duction de  M.  L.  Fairmaire. 
99,  146,  147,  148,  149,  189, 
191,  192,  192,  192,  192,  I9i, 
258,  262,  263. 
Wohier.  Sur  l'acide  bézoardiquc    2i8 


FIN    DES    TABLKS. 


ERRATA. 

Par  une  négligence  de  l'imprimerie,  les  pages  175  et  176  se  trouvent 
répétées  deux  fois  dans  ce  volume  :  la  première  fois  à  la  fin  du  n"  d'avril , 
et  la  seconde  au  commencement  du  n"  de  mai. 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  FAIN  ET  THUNOT 
Rue  Racine ,  is ,  près  de  l'Odéon. 


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BAISSE   i:(>^SII>^:llABLK    DE    PKIX 

L'ICONOGRAPHIE  DU  HÈGNE  ANIMAL  DE  ClJVIER  , 

ou  Représentation ,  d'après  nature,  de  l'une  des  espèces  les  plus  remar- 
quables et  souvent  non  encore  figurées ,  de  chaque  genre  d'Animaux  ; 
avec  un  texte  descriptif  mis  au  courant  de  la  science. 

OUVRAGE   POUVANT   SERVIR   D'aTLAS   A   TOUS   LES    TRAITÉS  DE   ZOOLOGIE. 

Par  F.-E,  GUÉRIN-MÉNEVILLE. 

En  baissant  le  prix  de  mon  ouvrage  de  près  de  moitié,  j'ai  voulu 
donner  une  nouvelle  preuve  du  désir  que  j'ai  toujours  eu  de  contribuer 
aux  progrès  de  la  science  à  laquelle  m'initièrent  mes  illustres  maîtres, 
Cuvier  et  Latreille. 

L'utilité  de  mon  Iconographie  est  suffisamment  constatée  par  les  six 
rapports  qui  ont  été  faits  à  son  sujet  à  l'Académie  des  sciences ,  par 
MM.  Frédéric  Cuvier,  Bory  de  Saint -Vincent,  Georges  Cuvier, 
L  Geoffroy  Saint-Hilaire  ,  Duméril  et  Flourens,  ainsi  que  par  un 
article  étendu  publié  à  son  sujet  dans  le  Moniteur  universel  du  1 1  juin 
1845.  Tous  les  savants  qui  cultivent  sérieusement  la  Zoologie,  ou  quel- 
ques-unes de  ses  branches,  ont  rendu  justice  à  mon  travail,  et  ils  en 
ont  fait  le  meilleur  éloge  que  puisse  ambitionner  un  auteur,  en  le  pla- 
çant dans  leur  bibliothèque,  et  surtout  en  déclarant  qu'ils  s'en  servent 
souvent.  C'est,  du  reste,  ce  qui  est  établi  par  l'illustre  M.  Duméril, 
dans  le  rapport  qu'il  a  fait  sur  cet  ouvrage ,  le  21  novembre  1842,  quand 
il  invite  l'Académie  des  sciences  à  exprimer  à  l'auteur  le  désir  de  voir 
bientôt  publier  ce  texte  explicatif  qui  fera  mieux  apprécier  encore 
toute  l  utilité  de  cette  Iconographie  du  Règne  animal  de  Cuvier,  ou- 
vrage adopté  comme  guide  par  les  naturalistes  de  toutes  les  nations. 

Pour  que  les  diverses  parties  de  mon  ouvrage  puissent  être  acquises 
par  les  Zoologistes  qui  s'occupent  plus  spécialement  de  telle  ou  telle 
classe  d'Animaux,  je  l'ai  divisé  en  sections  que  l'on  peut  acquérir  sépa- 
rément. Voici  le  tableau  de  ces  divisions  : 

Xi'ICOM-OGRAPHlX:  BU  RÈGNE  AlfflMAX.   se  compof^e  de 
trois  forts  volumes    in- S''  (6,200  figures  en  4^0  planches  formant 
deux  volumes,  plus  un  fort  volume  de  texte.) 
t)_;      1^1.  ,  ,    (  Fiff.  noires,    i6ofr.aif1ieude3oo fr. 

Frix  de  1  ouvraare  complet    \      ^       1     •>       /  ;; 

"  '^        {    —  coloriées,  400         —  700 

Prix  du  texte  complet,  vendu  séparément      -i^iv. 

On  vend  séparément  les  sections  suivantes  (avec  leur  texte)  • 

Mammifères 53pl  ,  fig.  noires,  i6fr  ;  rc»l.  4"  fr. 

Oiseaux no  —  uo       —     48 

Reptiles.       3o  —  Jt2       —     32 

Poissons .    .     :>o  —  '-^0       —     4^ 

Mollusques  et  Zoophytes.     G  3  —  ?•«       —     4^ 

Annëlides     .    .    .     \ 

Crustacés     ...    J    ....      :'(>  —  a"       —     4^ 

Arachnides.    .    .    ) 

Insectes m  —  60       —    1 14 

On  vend  au.ssi  le  texte  des  insecte.s  séparément.  18  fr. 

r,e  texte  des  Insectes  contient  la  description  de  près  de  800  espèces 
ii)édite:s  et  rie  heaiimiip  de  genres  nouveaux. 


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